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17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 23:50

Il s'agit d'une baie située au nord du transept, fenêtre nord,  à trois lancettes et tympan de sept ajours, réalisée au milieu du XVIe siècle et consacrée à la Vie de saint Jean-Baptiste. La verrière a été restaurée en 1912 par le peintre-verrier parisien Marcel Delon, comme indiqué par l'inscription RESTAURÉ EN 1912 PAR M. DELON.  

Hauteur 4 mètres, largeur 2,01 mètres.

Les lancettes sont divisées en une base en grisaille puis en trois registres, créant neuf panneaux .ou scènes. Le fond est bleu ciel, les vêtements jaune ou rouge, plus rarement bleu soutenu. Le vert est de façon générale reservé à l'arrière fond (tenture ou verdure).

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Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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I. REGISTRE INFÉRIEUR.

1. Naissance du saint.

Rappel préalable. Selon les évangiles (Luc, 1), Jean-Baptiste est le cousin du Christ. Il est né six mois avant lui; Sa mère Elisabeth, "d'entre les filles d'Aaron",  est la cousine de Marie, et sa grossesse tardive et inespérée est une grâce de Dieu. Son père Zacharie est un prêtre juif "sacrificateur, de la classe d'Abia".

Cette scène est considérée comme la "naissance du saint" par Françoise Gatouillat et Michel Hérold. Mais celui-ci est absent, et on ne voit qu'une femme alitée ( a priori Elisabeth) à laquelle une autre femme (soit sa cousine Marie, soit une servante ou une sage-femme) propose un plat. On voit dans ce plat du raisin et des fruits ressemblant à des pommes ou des oranges, alors que c'est un "brouet" (un potage) qui est servi à la femme après l'accouchement. 

Les deux femmes ont les cheveux couverts par un voile bien particulier (et qui m'intrigue à chaque fois que je le rencontre) car il laisse la grande partie de la tête non couverte, qu'il rassemble les cheveux à l'arrière de la nuque en passant devant cette dernière, et autorise les boucles blandes à retomber sur les épaules et le dos. 

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 Élisabeth après la naissance de Jean-Baptiste, détail de la Naissance de saint Jean-Baptiste du maître de Villalcazar de Sirga, musée diocésain de Saragosse.

 

5 Du temps d'Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur, nommé Zacharie, de la classe d'Abia; sa femme était d'entre les filles d'Aaron, et s'appelait Élisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d'une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur.  Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Élisabeth était stérile; et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge. Or, pendant qu'il s'acquittait de ses fonctions devant Dieu, selon le tour de sa classe, il fut appelé par le sort, d'après la règle du sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir le parfum. Toute la multitude du peuple était dehors en prière, à l'heure du parfum. Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l'autel des parfums. Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s'empara de lui. Mais l'ange lui dit: Ne crains point, Zacharie; car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère; il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu; il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les coeurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. Zacharie dit à l'ange: A quoi reconnaîtrai-je cela? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.  L'ange lui répondit: Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu; j'ai été envoyé pour te parler, et pour t'annoncer cette bonne nouvelle. Et voici, tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps. Cependant, le peuple attendait Zacharie, s'étonnant de ce qu'il restait si longtemps dans le temple. Quand il sortit, il ne put leur parler, et ils comprirent qu'il avait eu une vision dans le temple; il leur faisait des signes, et il resta muet. Lorsque ses jours de service furent écoulés, il s'en alla chez lui. Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, devint enceinte. Elle se cacha pendant cinq mois, disant: C'est la grâce que le Seigneur m'a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour ôter mon opprobre parmi les hommes. Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.  L'ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?  L'ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n'est impossible à Dieu. Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta.Dans ce même temps, Marie se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. Dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint Esprit. Elle s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni. Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.

[...]

56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle. Le temps où Élisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils.

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5 Du temps d'Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur, nommé Zacharie, de la classe d'Abia; sa femme était d'entre les filles d'Aaron, et s'appelait Élisabeth.

6 Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d'une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur.

7 Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Élisabeth était stérile; et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge.

8 Or, pendant qu'il s'acquittait de ses fonctions devant Dieu, selon le tour de sa classe, il fut appelé par le sort,

9 d'après la règle du sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir le parfum.

10 Toute la multitude du peuple était dehors en prière, à l'heure du parfum.

11 Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l'autel des parfums.

12 Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s'empara de lui.

13 Mais l'ange lui dit: Ne crains point, Zacharie; car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.

14 Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.

15 Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère;

16 il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu;

17 il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les coeurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.

18 Zacharie dit à l'ange: A quoi reconnaîtrai-je cela? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.

19 L'ange lui répondit: Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu; j'ai été envoyé pour te parler, et pour t'annoncer cette bonne nouvelle.

20 Et voici, tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps.

21 Cependant, le peuple attendait Zacharie, s'étonnant de ce qu'il restait si longtemps dans le temple.

22 Quand il sortit, il ne put leur parler, et ils comprirent qu'il avait eu une vision dans le temple; il leur faisait des signes, et il resta muet.

23 Lorsque ses jours de service furent écoulés, il s'en alla chez lui.

24 Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, devint enceinte. Elle se cacha pendant cinq mois, disant:

25 C'est la grâce que le Seigneur m'a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour ôter mon opprobre parmi les hommes.

26 Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.

28 L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi.

29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.

30 L'ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.

31 Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.

32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.

33 Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin.

34 Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?

35 L'ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.

36 Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.

37 Car rien n'est impossible à Dieu.

38 Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta.

39 Dans ce même temps, Marie se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.

40 Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth.

41 Dès qu'Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint Esprit.

42 Elle s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni.

43 Comment m'est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi?

44 Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein.

45 Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.

46 Et Marie dit: Mon âme exalte le Seigneur,

47 Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur,

48 Parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,

49 Parce que le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est saint,

50 Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge Sur ceux qui le craignent.

51 Il a déployé la force de son bras; Il a dispersé ceux qui avaient dans le coeur des pensées orgueilleuses.

52 Il a renversé les puissants de leurs trônes, Et il a élevé les humbles.

53 Il a rassasié de biens les affamés, Et il a renvoyé les riches à vide.

54 Il a secouru Israël, son serviteur, Et il s'est souvenu de sa miséricorde, -

55 Comme il l'avait dit à nos pères, -Envers Abraham et sa postérité pour toujours.

56 Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez elle.

57 Le temps où Élisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils.

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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2. Le premier bain.

Cette scène est intéressante à plus d'un titre. D'une part, comme la précédente, elle crée un lien avec les autres saintes Nativités,  celle du Christ, et surtout celle de la Vierge. D'autre part, elle montre un rite de purification. Par ailleurs, elle préfigure le baptème par l'eau. Ces associations sont bien conscientes dans l'esprit de l'artiste, puisqu'il a figuré un agneau qui tente de monter dans le bassin. Cet agneau, animal qui sert d'attribut d'identification à Jean-Baptiste, fait allusion au Christ qui le suit.

Selon la légende dorée, la Vierge serait restée auprès d'Elisabeth : " La Sainte Vierge demeura donc avec sa cousine pendant trois mois, elle la servait : ce fut elle qui de ses saintes mains reçut l’enfant venant au monde, d'après le témoignage de l’Histoire scholastique *, et qui remplit avec les plus grands soins l’office de garder l’enfant." On peut donc imaginer qu'elle est représentée ici.

 

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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3. Circoncision.

La circoncision de Jean, rituelle pour tout enfant juif, n'aurait pas à être illustrée, mais c'est à son occasion que Jean reçoit son nom dans l'évangile de Luc, que son père Zacharie est guéri de sa mutité, et qu'il prophétise un grand avenir à son fils :

 

Luc, 1:58-79 Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait fait éclater envers elle sa miséricorde, et ils se réjouirent avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole, et dit: Non, il sera appelé Jean. Ils lui dirent: Il n'y a dans ta parenté personne qui soit appelé de ce nom. Et ils firent des signes à son père pour savoir comment il voulait qu'on l'appelle. Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit: Jean est son nom. Et tous furent dans l'étonnement. Au même instant, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu. La crainte s'empara de tous les habitants d'alentour, et, dans toutes les montagnes de la Judée, on s'entretenait de toutes ces choses. Tous ceux qui les apprirent les gardèrent dans leur coeur, en disant: Que sera donc cet enfant? Et la main du Seigneur était avec lui. Zacharie, son père, fut rempli du Saint Esprit, et il prophétisa, en ces mots:

Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, De ce qu'il a visité et racheté son peuple,

 Et nous a suscité un puissant Sauveur Dans la maison de David, son serviteur,

 Comme il l'avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens, -

 Un Sauveur qui nous délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent!

 C'est ainsi qu'il manifeste sa miséricorde envers nos pères, Et se souvient de sa sainte alliance,

Selon le serment par lequel il avait juré à Abraham, notre père,

 De nous permettre, après que nous serions délivrés de la main de nos ennemis, De le servir sans crainte,

En marchant devant lui dans la sainteté et dans la justice tous les jours de notre vie.

 Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut; Car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer ses voies,

 Afin de donner à son peuple la connaissance du salut Par le pardon de ses péchés,

Grâce aux entrailles de la miséricorde de notre Dieu, En vertu de laquelle le soleil levant nous a visités d'en haut,

Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, Pour diriger nos pas dans le chemin de la paix.

 

La tête de Jean-Baptiste enfant est moderne.

 

 

 

 

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Deuxième registre. 

1. La Prédication

Elle s'étend sur deux lancettes.

Remarquée l'inscription de restauration  MD 1912.

 

La scène s'interprète selon le texte de l'évangile de Luc :  

-la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il alla dans tout le pays des environs de Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés,  selon ce qui est écrit dans le livre des paroles d'Ésaïe, le prophète: 

C'est la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.  Toute vallée sera comblée, Toute montagne et toute colline seront abaissées; Ce qui est tortueux sera redressé, Et les chemins raboteux seront aplanis. Et toute chair verra le salut de Dieu.

Ancre Il disait donc à ceux qui venaient en foule pour être baptisés par lui: 

Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir?  Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu.

 La foule l'interrogeait, disant: Que devons-nous donc faire? Il leur répondit: 

— Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même.

 Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent: Maître, que devons-nous faire?  Il leur répondit: 

N'exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné.

 Des soldats aussi lui demandèrent: Et nous, que devons-nous faire? Il leur répondit:

Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde.

 Comme le peuple était dans l'attente, et que tous se demandaient en eux-même si Jean n'était pas le Christ, il leur dit à tous: 

Moi, je vous baptise d'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu. Il a son van à la main; il nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point.

C'est ainsi que Jean annonçait la bonne nouvelle au peuple, en lui adressant encore beaucoup d'autres exhortations. Mais Hérode le tétrarque, étant repris par Jean au sujet d'Hérodias, femme de son frère, et pour toutes les mauvaises actions qu'il avait commises, ajouta encore à toutes les autres celle d'enfermer Jean dans la prison."

 


Dans ce panneau, Jean-Baptiste, appuyé à une barrière, lève l'index vers le ciel, dans un geste qui lui est presque un attribut tant il a été peint par Léonard de Vinci et de nombreux autres peintres. La foule de ses disciples (dont un roi) est assise et l'écoute . Mais sur l'autre lancette, des auditeurs debouts, à moitiè cachés derrière un poteau, sont contrariés de s'entendre traités de "race de vipères" et s'offusquent de ses propos.  

 


 

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Baie n°3, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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un prophète dont Dieu lui-même prophétise ? Tous les prophètes avaient. prophétisé de J.-C. au lieu que Jean ne prophétisa pas seulement de J.-C., mais les autres prophètes prophétisèrent de lui : tous ont été les porteurs de la parole, mais lui, c'est la voix elle-même. Autant la voix approche de la parole, sans cependant être la parole, autant Jean approche de J.-C. sans cependant être J.-C. » D'après saint Ambroise, la gloire de saint Jean se tire de cinq causes, savoir de ses parents, de ses mœurs, de ses miracles, des dons qu'il a reçus et de sa prédication. D'après le même Père, la gloire qu'il reçoit de ses parents est manifeste par cinq caractères : Voici ce que dit saint Ambroise : «L'éloge est parfait, quand il comprend; comme dans saint Jean, une naissance distinguée, une conduite intègre, un ministère sacerdotal, l’obéissance à la loi, et la preuve d'oeuvres pleines de justice. » 2° Les miracles : Il y en eut avant sa conception, comme l’annonciation de l’ange, la désignation de son nom, et la perte de la parole dans son père il y en eut dans sa conception, celle-ci fut surnaturelle ; sa sanctification dès le sein de sa mère, et le don de prophétie dont il fut rempli. Il y en eut dès sa naissance, savoir : le don de prophétie accordé à son père et à sa ère, puisque sa mère sut son nom, et que le père prononça un cantique : la langue du père déliée ; le Saint-Esprit qui le remplit. Sur ces paroles de l’Evangile : « Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit », saint Ambroise s'exprime ainsi : « Regardez Jean: Quelle puissance dans son nom ! Ce nom rend la parole à un muet, le dévouement à un (156) père; au peuple un prêtre. Tout à l’heure, cette langue était muette, ce père était stérile, ce prêtre était sans fonctions ; mais aussitôt que Jean est né, à l’instant, le père est prophète, ce pontife recouvre l’usage de la parole, son affection peut s'épancher sur son fils, le prêtre est reconnu par les fonctions qu'il remplit. » 3° Les mœurs. Sa vie fut d'une sainteté éminente. Voici comme en parle saint Chrysostome : « A côté de la vie de saint Jean, toutes les autres paraissent coupables: car de même que quand vous voyez un vêtement blanc, vous dites : ce vêtement est assez blanc, mais si vous le mettez à côté de la neige, il commence à vous paraître pâle, quoique vraiment il n'en soit pas ainsi, de même à comparaison de saint Jean, quelque homme que ce fût paraissait immonde. »

Il reçut trois témoignages de sa sainteté. Le premier fut rendu par ceux qui sont au-dessus du ciel, c'est-à-dire par la Trinité . elle-même: 1° Par le Père qui l’appelle Ange. Malachie dit (III) : « Voilà que j'envoie mon ange qui préparera ma voie devant ma face. » Ange est, un nom qui désigne le ministère, mais qui n'explique pas la nature de l’ange. Or, si saint Jean est appelé ange, c'est pour marquer le ministère qu'il a rempli, parce qu'il paraît avoir exercé le ministère de tous les anges. Il remplit celui des Séraphins : car séraphin veut dire ardent, parce qu'ils nous rendent ardents et qu'ils brûlent plus que d'autres d'amour pour Dieu'; c'est pourquoi il est dit de Jean : « Elle s'est élevé :comme un feu, et ses paroles brûlaient comme un flambeau ardent » (Ecclés., XLVIII), « car il est venu avec l’esprit et la vertu d'Elie. » 2° Il remplit le (157) ministère des Chérubins, car chérubins veut dire plénitude de science: or, Jean est appelé Lucifer ou étoile du matin, parce qu'il fut le terme de la nuit de l’ignorance, et le commencement de la lumière de la grâce. 3° Il remplit le ministère des Thrônes qui ont pour mission de juger, et il est dit de Jean qu'il reprenait Hérode en disant : « Il ne vous est pas permis d'avoir pour femme celle de votre frère. » 4° Il remplit le ministère des Dominations qui nous enseignent à gouverner ceux qui nous sont sujets ; or, Jean était aimé de ses inférieurs, et les rois le craignaient. 5° Il remplit l’office des Principautés qui nous apprennent à respecter nos supérieurs et Jean disait eu parlant de lui-même : « Celui qui tire son origine de la terre est de la terre, et ses paroles tiennent de la terre » ; et en parlant de J.-C., il ajoute : « celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous. » Il dit encore : « Je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure. » 6° Il remplit l’office des Puissances qui sont chargées d'éloigner les puissances de l’air et du vice, lesquelles ne purent jamais nuire à sa sainteté. Il les repoussait aussi loin de nous, lorsqu'il nous disposait au baptême de la pénitence. 7° Il remplit l’office des Vertus par lesquelles s'opèrent les miracles : or, saint Jean montra en sa personne de grandes merveilles, comme manger du miel sauvage et des sauterelles, se couvrir de peau de chameau, et autres semblables. 8° Il remplit l’office des Archanges, en révélant des mystères auxquels on ne savait atteindre, comme, par exemple, ce qui regarde notre rédemption lorsqu'il disait : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés (158) du monde. » 9° Il remplit l’office des Anges : quand il annonçait des choses moins relevées, comme celles qui ont trait aux moeurs ; par exemple : « Faites pénitence » ; ou bien: « N'usez point de violence ni de fraude envers personne (Luc, III). » Le second témoignage lui fut rendu par le Fils, comme on lit dans saint Mathieu (II), où J.-C. le recommande souvent d'une manière étonnante, comme quand il dit entre autres choses: « Parmi les enfants des hommes, il n'y en a pas de plus grand que Jean-Baptiste. » « Ces paroles, dit saint Pierre Damien, renferment l’éloge de saint Jean; proférées qu'elles sont par celui qui a posé les fondements de la terre, qui fait mouvoir les astres et qui a créé tous les éléments. » Le troisième témoignage lui fut rendu par le Saint-Esprit, lorsqu'il dit par la bouche de son père Zacharie : « Et toi, enfant, tu seras appelé le prophète du Très Haut. » — Le second témoignage de sainteté lui fut rendis par les anges et les esprits célestes. Au premier chapitre de saint Luc, l’ange témoigne pour lui une grande considération quand il montre : 1° sa dignité par rapport à Dieu : « Il sera, dit-il, grand devant le Seigneur. » 2° Sa sainteté propre, lorsqu'il ajoute : « Il ne boira pas de vin ni de liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit-Saint. dès le ventre de sa mère. » 3° Les grands services qu'il rendra au prochain : « Et il convertira beaucoup des enfants d'Israël. » Le troisième témoignage de sainteté lui fut rendu par ceux qui sont au-dessous du ciel, c'est-à-dire, les hommes, témoin son père, ses voisins, et ceux qui disaient : « Que pensez-vous que sera cet enfant? »

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Quatrièmement, la glose de saint Jean se tire des dons qu'il a reçus dans le sein de sa mère, à sa naissance, dans sa vie et à sa mort. Dans le sein de sa mère, il fut avantagé de trois dons admirables de la grâce : 1° De la grâce par laquelle il fut sanctifié dès ce moment ; puisqu'il fut saint avant que d'être né, selon ces paroles de Jérémie (I) : « Je vous ai connu avant que je vous eusse formé dans les entrailles de votre mère. » 2° De la grâce d'être prophète, quand, par son tressaillement dans le sein d'Elisabeth, il connut que Dieu était devant lui. C'est pour cela que saint Chrysostome, qui veut montrer que Jean-Baptiste a été plus que prophète, dit : « Un prophète mérite par la sainteté de sa vie et de sa foi de recevoir une prophétie; riais est-ce que c'est l’ordinaire d'être prophète avant d'être homme ? » C'était une coutume d'oindre les prophètes; et ce fut quand la Sainte Vierge salua Élisabeth que J.-C. sacra en qualité de prophète Jean dans les entrailles de sa mère, selon ces paroles de saint Chrysostome : « J.-C. fit saluer Elisabeth par Marie afin que sa parole sortie du sein de sa mère, séjour du Seigneur, et reçue par l’ouïe d'Elisabeth, descendit à Jean qui ainsi serait sacré prophète. » 3° Il fut avantagé de la grâce par laquelle il mérita pour sa mère de recevoir l’esprit de prophétie. Et saint Chrysostome, qui voulait montrer que saint Jean fut plus qu'un prophète, dit : « Quel est celui des prophètes, qui tout prophète qu'il fût, ait pu faire un prophète ? » Hélie sacra bien Elisée comme prophète, mais il ne lui conféra pas la grâce de prophétiser. Jean cependant n'étant encore que dans le sein de sa mère (160) donna à sa mère la science de pénétrer dans les secrets de Dieu ; il lui ouvrit la bouche et elle confessa reconnaître la dignité de celui dont elle ne voyait pas la personne, quand elle dit : « D'où me vient ce bonheur que la mère de mon Seigneur me vienne visiter? » Il reçut trois sortes de grâces, au moment de sa naissance : elle fut miraculeuse, sainte et accompagnée de joie. En tant que miraculeuse, le défaut d'impuissance est levé; en tant que sainte, disparaît la peine de la coulpe; en tant que accompagnée de joie, elle fut exempte des pleurs de la misère. Selon Me Guillaume d'Auxerre, trois motifs font célébrer la naissance de saint Jean : 1° sa sanctification dans le sein de sa mère; 2° la dignité de son ministère, puisque ce fut comme une étoile du matin qui nous annonça la première les joies éternelles; 3° la joie qui l’accompagna : car l’ange avait dit : « Il y en aura beaucoup qui se réjouiront lors de sa naissance. » C'est donc pour cela qu'il est juste que nous nous réjouissions pareillement en ce jour. Dans le cours de sa vie, il reçut de même grand nombre de faveurs et la preuve qu'elles furent des plus grandes et de différentes sortes, c'est qu'il réunit toutes les perfections. En effet il fut prophète quand il dit : « Celui qui doit venir après moi est plus grand que moi. » Il fut plus que prophète quand il montra le Christ du doigt; il fut apôtre, car il fut envoyé de Dieu; apôtre et prophète c'est tout un. Aussi il est dit de lui : « Il y eut un homme envoyé de Dieu qui se nommait Jean. » Il fut martyr, parce qu'il souffrit la mort pour la justice; il fut confesseur, parce qu'il confessa et ne nia pas ; (161) il fut vierge, et c'est en raison de sa virginité qu'il est appelé ange dans Malachie (II) : « Voici que j'envoie mon ange. » En sortant du monde il reçut trois faveurs : d'abord il fut un martyr invaincu. Il acquit alors la palme du martyre ; il fut envoyé comme un messager précieux, car il apporta à ceux qui étaient dans les limbes une nouvelle précieuse, la venue de J.-C. et leur rédemption ; sa fin glorieuse est honorée par tous ceux qui étaient descendus dans les limbes et c'est l’objet spécial d'une glorieuse solennité dans l’Église.

Cinquièmement, la gloire de saint Jean se tire de sa prédication. L'ange en expose quatre motifs quand il dit : « Il convertira plusieurs des enfants d'Israël au, Seigneur leur Dieu ; et il marchera devant lui dans l’esprit et la vertu d'Elie, pour réunir les cours des pères avec leurs enfants, pour rappeler les incrédules à la prudence des justes, et pour préparer au Seigneur un peuple parfait. » Il touche quatre points, savoir le fruit, l’ordre, la vertu et la fin, d'après le texte lui-même. La prédication de saint Jean fut triplement recommandable. Elle fut en effet fervente, efficace et prudente. C'est la ferveur qui lui faisait dire : « Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère à venir ? Faites donc de dignes fruits de pénitence. (Luc, III.) Or, cette ferveur était enflammée parla charité, parce qu'il était une lumière ardente; et c'est lui qui dit en la personne d'Isaïe (XLIX) : « Il a rendu ma bouche comme une épée perçante. » Cette ferveur tirait son origine de la vérité, car il était une lampe ardente. C'est à ce propos qu'Il est dit dans saint Jean (162) (V) : « Vous avez envoyé à Jean; et il a rendu témoignage à la vérité. » Cette ferveur était dirigée par le discernement ou la science : voilà pourquoi en parlant à la foule, aux publicains et aux soldats, il enseignait la loi, selon l’état de chacun. Cette ferveur était ferme et constante, puisque sa prédication le mena à perdre la vie. Telles sont les quatre qualités du zèle, d'après saint Bernard : « Que votre zèle, dit-il, soit enflammé par la charité, formé par la vérité, régi par la science et affermi par la constance. » 2° Il prêcha avec efficace, puisque beaucoup se convertirent à ses prédications. Il prêcha  en parole et ne varia jamais dans son enseignement. Il prêcha par l’exemple, car sa vie fut sainte ; il prêcha et convertit par ses mérites et ses prières ferventes. 3° Il prêcha avec prudence ; et la prudence de sa prédication consista en trois points : 1° en ce qu'il usa de menaces afin d'effrayer les méchants; c'est alors qu'il disait : « Déjà la cognée est à la racine de l’arbre » ; 2° en usant de promesses, pour gagner les bons, quand il dit: «Faites pénitence : car le royaume des cieux approche » ; 3° en usant de tempéraments pour attirer peu à peu les faibles à la perfection. Aussi à la foule et aux soldats, il imposait de légères. obligations afin qu'ensuite il les amenât à s'en imposer de plus sérieuses ; à la foule, il conseillait les oeuvres de miséricorde ; aux publicains, il recommandait de ne pas désirer le bien d'autrui ; aux soldats de n'user de violence envers personne, de ne pas calomnier et de se contenter de leur paie.

Saint Jean l’Evangéliste mourut à pareil jour; mais (163) l’Eglise célèbre sa fête; trois jours après la naissance de J.-C. parce . qu'alors eut lieu la dédicace de son église; et la solennité de la naissance de saint Jean-Baptiste conserva sa place par la raison qu'elle fut déclarée un jour de joie par l’ange. Il ne faut pourtant pas prétendre que l’Evangéliste ait fait place au Baptiste, comme l’inférieur au supérieur; car il ne convient pas de discuter quel est le plus grand des deux : et ceci fut divinement prouvé par un exemple. On lit qu'il y avait deux docteurs en théologie dont l’un préférait saint Jean-Baptiste et l’autre saint Jean l’évangéliste. Ou fixa donc un jour pour une discussion solennelle. Chacun. n'avait d'autre soin que de trouver des autorités et des raisons puissantes en faveur du saint qu'il jugeait supérieur. Or, le jour de la dispute étant proche, chacun des saints apparut à son champion et lui dit : « Nous sommes bien d'accord dans le ciel, ne dispute pas à notre sujet sur la terre. » Alors ils se communiquèrent chacun sa vision, en firent part à tout le peuple et bénirent Dieu. — Paul, qui a écrit l’Histoire des Lombards, diacre de l’Eglise de Rome et moine du mont Cassin, devait une fois faire la consécration du cierge, mais il fut pris d'un enrouement qui l’empêcha de chanter ; afin de recouvrer sa voix qui était fort belle, il composa en l’honneur de saint Jean-Baptiste l'hymne Ut queant laxis resonare fibris mira gestorum famuli tuorum, au commencement de laquelle il demande que sa voix lui soit rendue comme elle l’avait été à Zacharie. En ce jour quelques personnes ramassent de tous côtés les os d'animaux morts pour les brûler : il y en a deux raisons, (164) rapportées par Jean Beleth * : la première vient d'une ancienne pratique : il y a certains animaux appelés dragons, qui volent dans l’air, nagent dans les eaux et courent sur la terre. Quelquefois quand ils sont dans les airs, ils incitent à la luxure en jetant du sperme dans les puits et les rivières; il y avait alors dans l’année grande mortalité. Afin de se préserver, on inventa un remède qui fut de faire des os des animaux un feu dont la fumée mettait ces monstres en fuite; et parce que c'était, dans le temps, une coutume générale, elle s'observe encore en certains lieux. La seconde raison est pour rappeler que les os de saint Jean furent brûlés à Sébaste par les infidèles. On porte aussi des torches brûlantes, parce que saint Jean fut une torche brûlante et ardente ; on fait aussi tourner une roue parce que le soleil à cette époque commence à prendre son déclin, pour rappeler le témoignage que Jean rendit à J.-C. quand il dit : « Il faut qu'il croisse, et moi que je diminue.» Cette parole est encore vérifiée, selon saint Augustin, à leur nativité et à leur mort : car à la nativité de saint Jean-Baptiste les jours commencent à décroître, et à la Nativité de J.-C. ils commencent à croître, d'après ce vers : Solstitium decimo Christum praeit atque Joannem **. Il en fut ainsi à leur mort. Le corps de J.-C. fut élevé sur la croix et celui de saint Jean fut privé de son chef.

Paul rapporte dans l’Histoire des Lombards que Rocharith

 

* Cap. CXXXVII.

** Dix jours avant le solstice, arrivent la Nativité du Sauveur et celle de saint Jean.

 

165

 

roi des Lombards, fut enseveli avec beaucoup d'ornements précieux auprès d'une église de saint Jean-Baptiste. Or, quelqu'un, poussé par la cupidité, ouvrit de nuit le tombeau et emporta tout. Saint Jean apparut au voleur et lui dit : «Quelle a été ton audace de toucher à un dépôt qui  m’était confié? tu ne pourras plus désormais entrer dans mon église. » Et il en fut ainsi; car chaque fois que le larron voulait entrer en cette église, il était frappé à la gorge comme par un vigoureux athlète et il était jeté aussitôt à la renverse *.

 

 

 

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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Baptème du Christ.

remarquez :

La colombe, signe de la participation de Dieu le Père

L'ange qui tient la tunique

Les nimbes en éllipse pleine (comme depuis Massacio, début XVe)

La peau de bête (jaune) sous le manteau rouge.

Le texte de l'évangile de Luc est celui-ci :

 Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit,  et le Saint Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j'ai mis toute mon affection.

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Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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TROISIÈME REGISTRE.

 

1. Décollation.

 

 

Remarquez le parallélisme entre le geste de Jean-Baptiste baptisant le Christ et celui du bourreau levant son épée. S'il n'est pas fortuit, il peut suggérer que Jean reçoit ici le baptème par le sang.

Rappel : Marc 6:14-

Le roi Hérode [Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de Pérée ] entendit parler de Jésus, car sa réputation se répandait partout. On disait de Jésus:

---C'est Jean-Baptiste qui est ressuscité d'entre les morts! C'est pour cela qu'il détient le pouvoir de faire des miracles.

D'autres disaient:
---C'est Elie.
D'autres encore:
---C'est un prophète comme il y en avait autrefois.

De son côté, Hérode, qui entendait tout cela, se disait:
---C'est celui que j'ai fait décapiter, c'est Jean, et il est ressuscité!

 En effet, Hérode lui-même avait fait arrêter Jean, l'avait fait enchaîner et jeter en prison, à cause d'Hérodiade, la femme de Philippe, son demi-frère, qu'il avait épousée. Car Jean disait à Hérode:

---Tu n'as pas le droit de prendre la femme de ton frère!

 Hérodiade, furieuse contre lui, cherchait à le faire mourir, mais elle n'y parvenait pas, car Hérode craignait Jean. Il savait que c'était un homme juste et saint. Il le protégeait donc. Quand il l'entendait parler, il en restait fort perplexe. Et pourtant, il aimait l'entendre. Un jour cependant, Hérodiade trouva une occasion favorable, lors de l'anniversaire d'Hérode. Celui-ci organisa ce jour-là une grande fête à laquelle il invita les hauts dignitaires de sa cour, les officiers supérieurs et les notables de la Galilée. Au cours du banquet, la fille d'Hérodiade [ La tradition retient le nom de Salomé] entra dans la salle: elle dansa, Hérode et ses invités étaient sous son charme. Le roi dit alors à la jeune fille:

   ---Demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai.

 Il alla même jusqu'à lui faire ce serment:

—Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c'est la moitié de mon royaume.

 Elle sortit pour prendre conseil auprès de sa mère:
---Que vais-je lui demander?
---La tête de Jean-Baptiste, lui répondit celle-ci.

 Aussitôt la jeune fille se hâta de retourner auprès du roi pour lui exprimer son vœu en ces termes:
---Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean-Baptiste.

Le roi en fut consterné, mais à cause de son serment, et de ses invités, il ne voulut pas le lui refuser. Il envoya donc aussitôt un garde en lui ordonnant de rapporter la tête de Jean. Celui-ci s'en alla décapiter Jean dans la prison. Il apporta la tête sur un plat et la remit à la jeune fille, et celle-ci la donna à sa mère. Lorsque les disciples de Jean apprirent ce qui s'était passé, ils vinrent prendre son corps pour l'ensevelir dans un tombeau.

Nous assistons donc ici à la décollation de Jean par le bourreau, mais celui-ci rengaine son épée, et  la tête est déjà sur le plateau, entre les mains de Salomé et d'Hérodiate. Les trois lancettes représentent une seule scène. 

 

 

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

2. Festin d'Hérode sur deux lancettes.

Présence de verre marbré.

Sur cette lancette, la jeune et jolie Salomé amène sur un plateau la tête de Jean à sa mère Hérodiate, qui assouvit sa haine en plantant un couteau dans l'œil du saint. 

Au bout de la table, Hérode, devant un plat d'or contenant peut-être un agneau, lève l'index . Il ne semble pas content content.

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Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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TYMPAN.

 

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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Ajour supérieur :

Les armoiries (restaurées) de Boutteville d'argent à cinq fusées de gueules en fasce sont tenues par un guerrier  dans une couronne de feuillage. 

 

 

 

Tympan, verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Tympan, verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

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Quatre ajours centraux : armoiries portées par des anges (patrons retournés) : alliance Boutteville, Kerimerc'h, (en partie refaites), Coëtquenan (modernes) et Du Chastel répétées (celle de gauche est ancienne). Anges jouant de la flûte sur les ajours latéraux (patron retournés). 

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Tympan, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

Tympan, Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile.

SOURCES ET LIENS.

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 21:38

PRÉSENTATION.

Datation : Milieu du XVIe et 1910.

Quatre lancettes divisées en trois registres ne respectant pas la partition par panneaux. Tympan à 9 ajours et 4 écoinçons. Haut de 5,30 m et large de 2,52 m. 

Puet-être réalisé dans l'atelier Le Sodec de Quimper.

Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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REGISTRE INFÉRIEUR.

 

Registre inférieur, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Registre inférieur, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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1. Entrée dans Jérusalem.

 

Entrée dans Jérusalem

Entrée dans Jérusalem

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2. Résurrection de Lazare.

 

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Résurrection de Lazare

Résurrection de Lazare

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3. Agonie au Jardin des Oliviers.

Agonie au Jardin des Oliviers.

Agonie au Jardin des Oliviers.

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Agonie au Jardin des Oliviers.

Agonie au Jardin des Oliviers.

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4. Arrestation au Jardin des Oliviers .

Arrestation au Jardin des Oliviers

Arrestation au Jardin des Oliviers

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DEUXIÉME REGISTRE 

Deuxième registre,  Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Deuxième registre, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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1. Comparution devant Caïphe.

 

Comparaison devant Caïphe,  Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Comparaison devant Caïphe, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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2. Flagellation.

 

Flagellation, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Flagellation, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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Flagellation (détail), Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Flagellation (détail), Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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3. Couronnement d'épines.

Couronnement d'épines, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Couronnement d'épines, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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Couronnement d'épines, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile
Couronnement d'épines, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Couronnement d'épines, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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4. Comparution devant Pilate.

Comparution devant Pilate, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Comparution devant Pilate, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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TROISIÉME REGISTRE.

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Registre supérieur, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Registre supérieur, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

1. Portement de la Croix.

Portement de la Croix, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Portement de la Croix, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

2. Crucifixion.

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Crucifixion,  Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Crucifixion, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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3. Mise au tombeau.

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Mise au tombeau, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Mise au tombeau, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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4. Résurrection.

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Résurrection, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Résurrection, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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TYMPAN.

 

Tympan, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Tympan, Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

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SOURCES ET LIENS.

GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005,  Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes 2005.

 Inventaire Général des monuments et richesse artistiques de la France. Commission Régionale de Bretagne. Finistère, Canton de Carhaix-Plouguer , 2 Tomes imp Nationale 1969, p. 49.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 10:57

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët (56), associé à la Passion et au collège apostolique. Verrière de la baie 4. Un vitrail du XVe siècle.

Voir :

I. Les chapelles du Faouët :

a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :

b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe

​c. Chapelle Saint-Sébastien :

II. L'iconographie de l'Arbre de Jessé sur ce blog :


Bas-relief :

vitraux :

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

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PRÉSENTATION.

http://www.lavieb-aile.com/article-l-arbre-de-jesse-de-la-chapelle-saint-fiacre-a-le-faouet-118466434.html

Je donne à nouveau ici à lire un article publié sur ce blog en mai 2013, mais en remplaçant les photographies pour tenter de gagner en définition d'image, et en l'enrichissant  de nouvelles photographies.

 

      Classement MH depuis 1862

   Cette verrière qui occupe la baie 4 dans le bras sud du transept mesure 4,45m de haut et 1,96m de large ; elle se compose de quatre lancettes trilobées et d'un tympan de 5 ajours et écoinçons. Elle est datée du troisième quart du XVe et du milieu du XVIe siècle. Elle a été (peu) restaurée en 1910-1917 par la maison Delon de Paris.

 

  Elle est consacrée à un Arbre de Jessé dont l'originalité est d'une part de culminer dans une Passion (et non en une Vierge à l'Enfant), et d'autre part, de se voir encadrée  par les douze apôtres. On ignore si cette disposition date, comme je le pense, de l'origine du vitrail, estimée vers 1480, ou si elle a été introduite au milieu du XVIe siècle, lorsque le personnage de Jessé a été remplacé. Or, cette association, si elle ne relève pas des impératifs ou des hasards des restaurateurs, mais répond à un programme délibéré du commanditaire, est pleine de sens sur le plan théologique.

  Sa date de création en fait le premier vitrail de l'Arbre de Jessé conservé en Bretagne

  Une autre particularité est de comporter, parmi les noms de rois perchés sur l'Arbre, des noms inhabituels et qui n'appartiennnent pas aux successeurs de David sur le trône de Juda.

  Ces bizarreries vont me conduire sur des pistes originales et à une nouvelle lecture interprétative. Disons déjà qu'un point commun circule à travers les différents panneaux pour les assembler en un seul thème. Lequel ?

      Classement MH depuis 1862

   Cette verrière qui occupe la baie 4 dans le bras sud du transept mesure 4,45m de haut et 1,96m de large ; elle se compose de quatre lancettes trilobées et d'un tympan de 5 ajours et écoinçons. Elle est datée du troisième quart du XVe et du milieu du XVIe siècle. Elle a été (peu) restaurée en 1910-1917 par la maison Delon de Paris.

 

  Elle est consacrée à un Arbre de Jessé dont l'originalité est d'une part de culminer dans une Passion (et non en une Vierge à l'Enfant), et d'autre part, de se voir encadré de chaque coté, par les douze apôtres. On ignore si cette disposition date, comme je le pense, de l'origine du vitrail, estimée vers 1480, ou si elle a été introduite au milieu du XVIe siècle, lorsque le personnage de Jessé a été remplacé. Or, cette association, si elle ne relève pas des impératifs ou des hasards des restaurateurs, mais répond à un programme délibéré du commanditaire, est pleine de sens sur le plan théologique.

  Sa date de création en fait le premier vitrail de l'Arbre de Jessé conservé en Bretagne

  Une autre particularité est de comporter, parmi les noms de rois perchés sur l'Arbre, des noms inhabituels et qui n'appartiennnent pas aux successeurs de David sur le trône de Juda.

  Ces bizarreries vont me conduire sur des pistes originales et à une nouvelle lecture interprétative. Disons déjà qu'un point commun circule à travers les différents panneaux pour les assembler en un seul thème. Lequel ?

Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Les trois registres.

 

Registre inférieur, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Registre inférieur, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Registre moyen, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Registre moyen, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tympan.

 

Tympan, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tympan, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

 

En raison de sa disposition appparemment composite, je l'étudierai lancette par lancette

 

I. Lancette médiane.

 

Registre inférieur. Panneau 1b. Jessé.

  C'est ce panneau, ou du moins la figure de Jessé, qui a été restaurée au cours du XVIe siècle. C'est l'époque où est survenu un changement de la représentation de Jessé,  désormais volontiers représenté assis plutôt que couché comme à Saint-Denis ou Chartres au XIIe siècle. Mis à part la cathèdre monumentale et cette attitude, les autres éléments sont fidèles au shéma habituel, la main sous la joue dans la posture de méditation ou de songe, la barbe, le bonnet juif à oreillettes, le dais tenu par deux anges, le livre qui a provoqué sa rêverie, et l'arbre dont le tronc émerge du dos de l'ancêtre.

  Les  manches témoignent de la mode des crevés installée dès le début du XVIe siècle.

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Jessé,  Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Jessé, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Jessé,  Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Jessé, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Registre médian, panneau 2b, rois de Juda et prophètes.

Les trois panneaux suivants ont en commun leur fond bleu et leur encadrement par des carreaux rectangulaires blanc. Les couleurs employées seront le rouge, le jaune, le vert, le ponceau, et le marron sombre de saint Jean. Une partie importante, et de proportion croissante en s'élevant, est laissée en blanc pour les mains, les visages, les phylactères, le manteau de la Vierge et le corps du Christ. Elle sont traitées en grisaille et rehaussés, avec sobriété, de jaune d'argent. Ce blanc dessiné de grisaille me semble, par son dépouillement qui culmine avec la nudité de Jésus, posséder une valeur spirituelle, voire même une valeur allégorique.

      Quatre personnages sont visibles, dont les noms nous sont donnés par des phylactères : SALAMON* ,  AMINADAB. et  IACOB. Deux tiennent des livres, et deux autres font un geste de comput digital ou de désignation.

* même orthographe sur le vitrail de Confort-Meilars.

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Salomon, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Salomon, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Salomon, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Salomon, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Aminadab,  Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Aminadab, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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registre supérieur, panneau 3b , Rois, Marie et Jean.

Sur ce panneau apparaît en partie basse les têtes de deux autres personnages, et trois phylactères ; un seul est facile à lire, qui donne le nom de ZOROBABEL. Je crois lire sur celui de gauche BONI (ou BODI)... et sur celui de droite ROBOAS .

  L'arbre, après s'être confondu avec Zorobabel, de divise en trois branches qui le transforment en un calvaire dont les croisillons à culots supportent Marie et Jean, alors que le fût central s'élève encore.

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Zorobabel, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Zorobabel, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Zorobabel, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Zorobabel, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur panneau 2c, Crucifixion.

Dans cet ultime panneau, le Christ au nimbe crucifère rouge et or est crucifié : la Croix est composée de deux branches mal ébranchées pour rappeler clairement leur nature végétale, lavirga (verge, tige) de Jessé ne conduisant pas ici à la Vierge (virgo), mais à la virga crucis*, la tige de la croixLe titulus et son inscription INRI occupe le fleuron central de la lancette. 

* supposuit quoque humerum arce foederis dei in qua est virga crucis qui floruit in apostolis. : Pierre de Celle Liber II, Epistola LXXX.

Deux anges recueillent dans trois calices le Précieux Sang qui s'écoulent des plaies des mains et du thorax, selon un shéma très courant sur nos calvaires bretons.

 Le fait qu'un Arbre de Jessé se termine par une Passion, et non par une Vierge à l'Enfant, est rare. On le retrouve en Bretagne à Kerfeunten (Quimper) et à Confort-Meilars :

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunteun :

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de Confort-Meilars.

 Ce vitrail n'est donc pas consacré au culte marial de la conception virginale (sur le jeu de mot virga/virgo qui découle de citations du prophète Isaïe) et à l'Incarnation, mais à la Rédemption par un Christ libérateur vainqueur de la Mort par le mystère de la Passion, si je me permets de m'aventurer sur des brisées théologiques en vrai amateur.

 

Passion,  Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Passion, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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II Lancette gauche.

        A la différence de la lancette médiane et de son encadrement de carreaux blancs, celle-ci, comme la lancette droite, est encadrée par les fûts polygonaux d'un décor architectural délimitant des niches. Le fond de chacune d'elle est alternativement vert, jaune-or et bordeaux, évitant le bleu qui est ainsi réservé au fond de la lancette médiane. Les robes des apôtres se partagent les couleurs restantes, en fonction du fond : bleu, jaune, rouge, vert. Là encore, une proportion importante est laissée en blanc : mains et visages, livres, nimbes, attributs, robes ou tuniques. Le jaune d'argent est rare, mais sans-doute n'a-t-il pas résisté à la corrosion du temps qui passe.

Registre inférieur : panneau 1a, 2 apôtres, Pierre et Paul.

Pierre et la clef, Paul et l'épée.

 

Apôtres Pierre et Paul. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Pierre et Paul. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Apôtres Pierre et Paul. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Pierre et Paul. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Registre médian, panneau 2a, apôtres Matthias et Simon.

Matthias (ou Matthieu, ou Jude Thaddée) avec la hallebarde, Simon et la scie.

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Apôtres Mathias et Simon. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Mathias et Simon. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur, panneau 3a, 2 apôtres ? et Barthélémy.

 Barthélémy avec le couteau avec lequel il fut écorché vif. L'apôtre imberbe correspond habituellement à Jean, mais celui-ci est représenté ailleurs. Il tient ici un volumen (ou une hampe). Je suis  surpris par sa robe bleue doublée d'hermines et ses manches aux revers ornées de pierreries. Peut-être Philippe.

Apôtres Philippe ? et Barthélemy. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Philippe ? et Barthélemy. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Apôtres Philippe ? et Barthélemy. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Philippe ? et Barthélemy. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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III. Lancette droite.

Registre inférieur, panneau 1c, les  apôtres André et Jacques le Majeur.

André avec la croix en X, Jacques le Majeur avec le chapeau de pèlerin et le bourdon.

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Apôtres  André et Jacques le Majeur. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres André et Jacques le Majeur. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Apôtres  André et Jacques le Majeur. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres André et Jacques le Majeur. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

                        

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Registre médian, panneau 2c, les apôtres Jacques et Matthieu.

Jacques le Mineur avec le bâton de foulon, Matthieu avec la pique.

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Apôtres  Jacques le Mineur et Matthieu. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Jacques le Mineur et Matthieu. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Apôtres  Jacques le Mineur et Matthieu. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Apôtres Jacques le Mineur et Matthieu. Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur, panneau 3c, les apôtres Jean et Thomas.

Jean avec le calice d'où sort un serpent/dragon, Thomas avec l'équerre. (ou Jude Thaddée).

Les apôtres Jean et Thomas,  Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Les apôtres Jean et Thomas, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Les apôtres Jean et Thomas,  Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Les apôtres Jean et Thomas, Arbre de Jessé, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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IV. Tympan.

  Dans les mouchettes, quatre anges porteurs des instruments de la Passion. Dans les écoinçons deux anges thuriféraires

Dans le soufflet se trouvent les armoiries (restaurées) mi-parti de Boutteville et du Chastel.

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Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie 4, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Mon analyse.

   En 1861, les visiteurs de la Société Polymathique du Morbihan  avaient déchiffré sur les panneaux 2b et 3b "Jacob, Salomon, Aminadab, Moïz, Zorobabel, etc...". Cette lecture m'aide à déchiffrer à mon tour les inscriptions et à découvrir en effet ces noms sur ce panneau et celui du dessus. (Un doute persiste néanmoins pour Moïse, ou des lecteurs plus récents ont hésité avec Loth, et où je lisais BOCH ; fions-nous à la lecture de nos prédécesseurs).

  Or, on s'attend à trouver ici quelques-uns de douze ou quatorze rois de Juda cités dans la généalogie de Jésus par Matthieu 1,4 et qui fréquentent les autres arbres de Jessé : Jessé-David-Salomon-Roboam-Abia-Asa-Josaphat-Joram-Ozias-Joatham-Achaz-Ezéchias-Manassé-Amon-Josias-Jéchonias. Non, pas de roi David avec sa harpe, pas de couronne, pas de sceptre, mais des hommes aux bonnets hébreux qui tiennent des livres, dressent l'index comme en énonçant une sentence, comptent sur leurs doigts à la mode antique dans l'exposé d'un raisonnement : leurs noms, leurs vêtements et leurs postures les désignent non pas comme des rois de Juda descendant de Jessé, mais comme des Prophètes, dans un projet iconographique de typologie biblique. Ces personnages ne sont pas les ancêtres généalogiques du Christ, ils en sont les précurseurs, les figures préfiguratrices, les types.

  Le nom que je ne parviens pas à lire (que je lis BONIAS et que les autres auteurs ne me fournissent pas) pourrait être alors (cela me conviendrait !) Jonas. 

 Certes, parmi les quatre noms lisibles avec certitude, Jacob (un léger doute), Salomon, Aminadab et Zorobabel, trois sont des descendants de Jessé et de son fils David et des ancêtres attitrés de Jésus. Rien n'oblige à une lecture différente de celle proposée jusqu'à présent et à renoncer à voir là  la représentation conventionnelle d' un Arbre de Jessé avec Jessé endormi et six des rois de Juda conduisant à Marie et à son Fils.

Mais l'absence de David ?

Mais l'absence de sceptres et de couronnes ?

Mais les apôtres dans les lancettes latérales ?

Mais la crucifixion remplaçant la Vierge à l'Enfant ?

Mais Jacob ?

  

 

  Remarquons maintenant le fil conducteur qui relie toutes les scènes : il s'agit du livre, ou, plus précisément, des Écritures. Partez du livre que tient Jessé, et voyez comme le tronc de l'arbre issu de son dos  est dessiné comme un phylactère enroulé dont la spirale monte au dessus du pavillon et porte bientôt des lettres noires ; voyez comme il se transforme en branches qu'il semble recouvrir de ces plis. Ici, ce n'est pas un arbre de bois, mais un arbre de parchemin, c'est le texte écrit et lu qui fait souche, qui se déploie, qui engendre, qui fructifie, qui se ramifie, qui envoie les titulus comme des satellites. Il s'incarne littéralement dans le corps de Salomon, puis dans celui de Zorobabel, avant de s'achever dans le Verbe incarné, Jésus.

  Pendant que le livre de Jessé se déploie ainsi, notez que le premier prophète (ou roi, si vous voulez) tient également un livre ; et Salomon également (on peut imaginer qu'il s'agit du le Cantique des Cantiques) ; et le "roi" Bonias/Jonas assis avec sa robe mauve aussi. 

  De chaque coté, les apôtres ne servent qu'à cela, à témoigner des Écritures, comme sur les porches des églises où ils tiennent les volumen des articles du Credo apostolique. Mais ici, ce sont ces livres qu'ils tiennent soigneusement qui  font d'eux les porte-paroles inspirés qui lisent clairement désormais comment les prophètes de l'Ancien Testament annonçaient le Christ. Car dans chaque niche, on trouve un livre, parfois deux.

 Je propose donc d'opérer un changement radical de regard porté sur cet Arbre de Jessé. Cessons d'y voir un arbre symbole de transmission généalogique, voyons-y un arbre de la Révélation, de la parole divine exprimée comme une sève par la bouche des prophètes et de la Tradition et transmise de génération en génération, avant de s' incarner en Verbe vivant.  C'est un arbre de feuilles, de livres, de mots et de cantiques ; de sa racine naît un rejeton.

 C'est aussi le sens allégorique que je propose de voir dans ce cheminement du blanc engrisaillé : le blanc des chairs est celui des visages qui parlent et des mains qui tiennent les livres ; celui des doigts qui scandent les paroles ; celui du réseau des branches d'arbre parallèle au réseau des phylactères. Tout ce blanc est celui de la page de papier zébré des lignes noirs de l'encre, tout ce blanc est parole et écriture, bouche pour parler, yeux pour lire, mains pour dire et pour écrire, avant de se transformer une première fois dans le manteau immaculé de la Vierge, en qui le Verbe s'est fait chair, puis une deuxième et ultime fois dans le corps dénudé du Serviteur Souffrant dans la pâleur glacée de son agonie.

  

  1. Salomon.

Si donc cet arbre est celui de la circulation et de la croissance de la parole divine jusqu'à sa réalisation, il importe peu que les personnages de l'axe central respectent la filiation énoncée par Matthieu dans sa généalogie ; notre grille de lecture ne doit pas être généalogique, mais typologique, basée sur ce travail d'exégèse que les Pères de l'Église ont développé pour démontrer que Dieu parlait par les prophètes pour annoncer le Messie. Salomon, dés lors, n'est plus là comme fils de David, petit-fils de Jessé, mais comme figure du Christ : sa sagesse préfigure celle du Christ, la gloire de son règne préfigure celui du Christ, le Temple qu'il a bâti préfigure l'Église. 

Pour comprendre cette nouvelle grille de lecture, il faut savoir que les Écritures peuvent faire l'objet de trois niveaux de lecture,: littéral, figuré et typologique. La lecture typologique va s'attacher à reconnaître dans les personnages ou les citations de l'Ancien Testament l'annonce du Nouveau Testament.

   Pour reprendre les termes de Jean-Noël Guinot, l'exégèse patristique a coutume de distinguer deux sortes de prophéties : celles (prophéties messianiques directes) qui visent directement le Christ ou une réalité messianique, et celles qui reçoivent dans l'histoire de l'Ancien Testament une première réalisation, avant de trouver avec le Christ dans le Nouveau Testament leur accomplissement définitif.

Cette première réalisation, toujours incomplète ou inférieure à la seconde, en est considérée comme le « type » ou « figure » ; Non que la prophétie s'accomplisse deux fois : la figure n'est qu'une image imparfaite de la réalité neo-testamentaire « l'antitype » —qui constitue à proprement le seul véritable terme de la prophétie.( voir H de Lubac, Typologie et allégorisme 1947).

 Nous avons vu comment nous pouvons comprendre la présence de Salomon non comme une référence historique ou généalogique, mais comme du pré-texte, une écriture prophétique de l'avènement du Christ. Cela est-il valide pour les autres personnages du vitrail ?

2. Zorobabel.

  C'est le personnage situé directement en dessous de l'étage neo-testamentaire de la Passion, sur un axe médian où s'alignent Jessé / Salomon / Zorobabel / Le Christ.

  Ce n'est guère surprenant lorsque l'on sait que ce descendant de David et de Salomon a été considéré dans la lecture typologique comme la préfiguration du Christ.

 [ Rappel Wikipédia article Zorobabel: Selon le Livre d'Esdras, lorsque Cyrus II eut rendu la liberté aux Juifs, Zorobabel se mit à la tête de ceux qui habitaient la province de Babylone pour les ramener en Judée. Sept mois après avoir quitté la Chaldée, le grand prêtre Josué souhaitant rétablir le culte public,Zorobabel l'aida à dresser un autel pour offrir des sacrifices au Seigneur. Dès la seconde année, il commença à assembler des matériaux pour rebâtir leSecond Temple de Jérusalem. Mais les fondements sortaient à peine de terre que les Samaritains, dont on avait refusé les offres suspectes, firent tant par leurs intrigues auprès des ministres d'Artaxerxès qu'ils provoquèrent l'interruption des travaux.

Selon le Livre d'Aggée, quelques années plus tard, Zorobabel, excité par les prophètes Aggée et Zacharie, encouragea le peuple, qui reprit la construction du Temple avec plus d'ardeur que la première fois.Darius Ier ayant accordé sa protection aux Juifs l'ouvrage ne fut plus interrompu ; Zorobabel eut la consolation de le voir achever et d'assister à la dédicace du temple, qui fut faite quatre ans après qu'on eut recommencé à y travailler.

Dans le Livre de Zacharie, le Dieu d'Israël adresse un message à Zorobabel : il déclare que Zorobabel a déjà posé les fondements du Second Temple de Jérusalem, et qu'il l'achèvera également. De plus, il exhorte le peuple à se réjouir et à féliciter Zorobabel.]

Dans l'histoire du peuple juif, Zorobabel suffit à évoquer la fin de l'exil à Babylone et le retour glorieux sur la terre de Juda, tout comme celui de Moïse évoque la sortie d'Égypte et la fin de l'esclavage. Héros de la restauration nationale, qui s'affirme par la reconstruction du Temple et la victoire sur les ennemis, Zorobabel est aussi le chef en qui se cristallise l'espérance messianique (Agg. 2,23 et Zach 6,12-13)

Dés lors, il était naturel que l'exégèse patristique retînt Zorobabel comme une figure du Christ, et l'ère nouvelle qu'il inaugure, comme une préfiguration des réalités néo-testamentaires. Libérateur comparable à Moïse, chef et conducteur du peuple comme lui, Zorobabel offre donc à l'exégète l'occasion de parallélismes commodes entre la sortie de l'Égypte et le retour d'exil de Babylone, entre la libération d'un peuple captif et celle d'une humanité prisonnière du péché, entre la reconstitution matérielle de Jérusalem et la rénovation spirituelle opérée par le Christ. (J.N. Guinot, 1984).

 Saint Jérôme s'est exprimé explicitement au sujet de Zorobabel comme type du Christ.

 

 

3.  Jacob

 Jacob renvoie à la prophétie de Balaam Orietur stella ex jacob, Une étoile sortira de Jacob. Mais Jacob peut aussi renvoyer à l'échelle de Jacob, figure de l'Ascension (Speculum Humanae salvationis).
 

4.  Aminabad ou Abinabad :

Il figure parmi les descendants de David ancêtres du Christ dans la liste de Matthieu.
Moïse mais je n'ai pas découvert d'interprétation typologique.

Sur le plafond de la chapelle Sixtine par Michel-Ange où les ancêtres du Christ sont représentés à coté des Prophètes et des Sibylles, Aminabad cotoie Jonas.

5. Moïse.

Si le personnage qui compte sur ses doigts est bien, comme cela a été lu en 1861, Moïse, sa présence ne pose pas de problème, comme premier prophète du peuple hébreu, mais aussi parce que, comme nous l'avons vu à propos de Zorobabel, son rôle de libérateur de l'oppression égyptienne ou de guide vers la Terre Promise préfigure le Christ rédempteur. (comme Ezéchias, Cyrus, Zorobabel ou Josué ).

 Sur le vitrail de l'Arbre de Jessé de Chartres, il appartient à la liste des Prophètes.

En iconographie, face à un personnage de l'Ancien testament comptant sur ses doigts, on pense aussi au prophète Daniel.


6. Jonas
  Malgré mon incertitude sur sa présence sur ce vitrail je vais montrer néanmoins pourquoi sa présence serait possible. Cela illustrera aussi la raison de la présence de Salomon. En effet, Ionas ou Jonas par l'épisode du ventre de la baleine préfigure la mise au tombeau puis de la résurrection du Christ :

Matthieu 12,38-42 (Louis Ségond) :

   Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent: Maître, nous voudrions te voir faire un miracle. Il leur répondit: Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il y a ici plus que Jonas. La reine du Midi se lèvera, au jour du jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu'elle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici, il y a ici plus que Salomon. 

Cette typologie est illustrée dans la Biblia Pauperum : Jonas / Mise au tombeau / Joseph dans le puits. 

Si cette analyse incite à accorder une place importante aux Prophètes, on peut mieux comprendre la place des Apôtres dans les lancettes latérales en tenant compte de la tradition iconographique du Credo prophétique et apostolique : Le Credo apostolique et prophétique.

Voir, dans le même sens, le vitrail de l'arbre de Jessé de Chartres : Le vitrail de l'arbre de Jessé de la cathédrale de Chartres.

 

Conclusion.

  Peut-être parce qu'il est le plus ancien vitrail d'Arbre de Jessé conservé en Bretagne, l'Arbre de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët impose une lecture différente des Arbre du XVIe siècle, lesquels sont consacrés, sinon à la Maternologie, du moins au culte marial de la conception virginal, à l'Incarnation, voire, comme cela a pu être discuté, à l'Immaculée Conception, et qui ne comportent que deux prophètes, Isaïe et Jérémie, puisqu'ils sont construits sur la citation d'Isaïe 11,1 Egredietur virga de radice Iesse, et flos de radice eius ascendet.

  Ici, cette citation n'apparaît pas, et Isaïe ne figure pas parmi les personnages. Au lieu d'être encadré, comme à Saint-Denis et à Chartres, par des Prophètes, l'Arbre est ici encadré par les douze apôtres, mais les références à l'Ancien Testament sont placés dans la lancette centrale, en lieu et place des douze rois de Juda. 

  Enfin, c'est sur la virga crucis, le bois de la croix, que la tige de Jessé trouve son apogée et sa finalité. Sa fleur, son fleuron, flos, n'est plus l'Enfant mais le Christ en croix, libérant en nouveau Moïse, nouveau Salomon et nouveau Zorobabel l'humanité de la faute d'Adam.

 

Liens et sources :

— Françoise Gatouillat et Michel Hérold, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes 2005.

— Inventaire Général des monuments et richesse artistiques de la France. Commission Régionale de Bretagne. Finistère, Canton de Carhaix-Plouguer 2 Tomes imp Nationale 1969, p. 49.

—  Inventaire régional, culture.gouv.fr., enquête 1969, Dufief Denise ; Quillivic Claude.

— Bull de la Société Polymathique du Morbihan, Vannes 1861 page 23.    

—  Adolphe Joanne Itinéraire général de la France: Bretagne, 1867 p.502.

— Jules Corblet  Étude iconographique sur l'arbre de Jessé  (sur la présence des apôtres dans les Arbres de Jessé)

Le_Commentaire_sur_Aggee_de_saint_Jerome_memoire_de_Master_

— Jean-Noël Guinot L'exégèse de Théodoret de Cyr

— Jean-Noël Guinot La cristallisation d’un différend : Zorobabel dans I’exégèse de Théodore de Mopsueste et de Théodoret de Cyr Augustinianum Volume 24, Issue 3, December 1984 Pages 527-547

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 19:45

Rochers de Crozon. Pointe de Raguenes / Lamm Saoz.

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Pour miss caillou, natur-ailement

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Suite de :

​Les pétroglyphes de l'Aber.

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Les plus riches cités, les plus beaux paysages,

Ne contiennent jamais l'attrait mystérieux

De ceux que le hasard fait avec les nuages.

Charles Baudelaire, Le Voyage.

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Une estampe chinoise  Shanshui ( 山水, montagne-eau).

Une estampe chinoise Shanshui ( 山水, montagne-eau).

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Rochers de Crozon.

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Rochers de Crozon.

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Rochers de Crozon.

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Rochers de Crozon.

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Rochers de Crozon.

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Étonnants voyageurs, quelles nobles histoires

Nous lisons dans vos yeux, profonds comme les mers !

Ouvrez-nous les écrins de vos riches mémoires, 

Ces bijoux merveilleux faits d'astres et d'éthers.

Charles Baudelaire, Le Voyage.

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Rochers de Crozon.

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Lamm Saoz

Lamm Saoz

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Lamm Saoz

Lamm Saoz

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Published by jean-yves cordier - dans Crozon
15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 13:09

Les papillons décrits dans le Theatrum insectorum de Thomas Moffet : II. Les Chenilles.

Voir :

Les papillons décrits dans le Theatrum insectorum de Thomas Moffet (1634) et dans son édition anglaise par Edward Topsell (1658).

 

LES CHENILLES.

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Ce seront plus de 50 espèces de chenilles qui seront présentées :

LIVRE DEUX.

Préface. page 177.

By the clew of Daedalus we are at last got out of the Camps of winged horsemen; where should I relate with how many stings the Infects of the lower ranks have assaulted me, how much they have troubled my brain, my right hand, my eyes, whilest I accurately dissected and observed all their parts,

 truly I should either faint in rehearsing the wounds, or what I was resolved in my minde to finish, I should not be able to do. 

Wherefore, what valiant souldiers are wont to do, whilest the wound is yet fresh and hot, we will break forth into both Armies, and with better undertakings, so far as may be, strive to overcome them. 

Thou O great God, who in the Inventory of these smallest Creatures, makest the most excellent understandings to stand amazed and stupid; give me strength, that as by thy goodness I have mustered those Insects that fly, by the same I may be enabled to draw forth all those Foot-forces that want wings; so that in all my labour, I may seem to have no other end than to seek thy glory, to advance learning, and nothing that concerns my own particular, but that I may finde thee in these thy works. 

Go to therefore bold Atheist, who art ignorant of God and the Divine Perfection: endure, if thou canst, the biting of the Spider Phalangium, or of the Scorpion; abide the pain of the Worm Scolopendra; swallow down the Pine-tree Catterpiller, contend with Worms, despise with Herod, biting Lice, so much as thou art able, at last thou shalt finde that there is no foot Souldier so mean in this Army, that will not quickly overcome all the forces of thy body and minde, and will make thy foul mouth to confess, by their ministry, that there is a God. Thus then I draw forth my Regiments, so I muster the Souldiers.

 
  • Le ver à soie du chapitre I.

  •  21 chenilles glabres du chapitre II.

  • Près de 30 chenilles "hirsutes et velues" du chapitre III

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Chapitre I : De Erucis earumque differentiis & nominatim de Seribus & Bombycibus. De la chenille du Ver à soie.

page 179-181.

 

Wee thought fit to place in the Front, Catterpillers, the devourers of Egypt: because they are most different in their kindes, and also some of them are excellent for their use and worth. It is no fond conceit to main∣tain * that Catterpillers had their name in Latine from devouring, for they eat up leaves, boughs, flowers, fruits; which also may be observed in the Peach. Ovidcalled these Field-worms:

Field-worms that weave their hoary thred on boughs, we finde

That they with painted Butterflies do change their kinde.

The Greeks call a Catterpiller 〈 in non-Latin alphabet , from the waving and vaulting motion, when it creeps, whereby it lifts up and contracts it self. The Hebrews call it Ghazam,because it sheareth the fruits of the earth, as Kimhi saith on Joel the first. The Italians call it Rugaverme, and Bruche, for so saith Marcellus Virgilius upon Dioscorides. In our times, saith he, our whole Countrey cals all kindes of Catterpillers Bruchi. The Spaniards call them Oruga; the French, Chenille, Chatte∣peleuse; the English, by the name of Catterpillers; but the Northern people call the hairy Cat∣terpillers Oubuts; the Southern call them Palmer-worms; in the Poles language, a Catterpiller is called Rup hausenka; in the German Tongue Ein Raup;in Low Dutch, Ruype; in Sclavonish, Gasienica; the Pesants call them Certris, and Cedebroa.

I should be endless if I should add all kindes of Catterpillers; for some feel rough, others * soft, some have horns, (and that either in their head or in their tail); some are without horns; some have many feet, some fewer, but none have above sixteen feet. Most of them move swiftly in a waving posture; yet others there are that go even and slowly. Some do yearly change their old skin, and others do not. Some are changed into Aurelia's fixed above the earth, whence are bred your ordinary Butterflies, others are transformed under the earth, and become Glow-worms. Also some of their Aurelia's are smooth and equal; some again are hairy and wrinkled, pointed at the ends, sharp; some (namely of the harder kinde) naked, but others (namely of the tenderest) are covered with moss or silken down. The most of them are bred of the eggs of Butter-flies, and are changed into Aurelia's: some are bred on the leaves of trees, of the proper seed left there in the web in Autumn; or of the dew or air shut up in it, and corrupting there, as Vine-fretters. Some again feed on leaves, some on flowers, and some on fruits. We, to express both kindes of Catterpillers, shall divide them into those that are bred from other things; and those that are bred from their own kinde alone. Such as are bred from other things, again, are either smooth or hairy; as also those are that proceed from their own kindes. Amongst the smooth Catter∣pillers, the Silkworm deservedly challengeth the first place.

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Page 180.

 

"A worm that to a Fly transformed is, and then: 

Transformed back once more is made a worm agen;

Twice it both dies and lives an•w, is wafted ore

By Charon twice unto the Elizian sh•re.

Its successor is left half living and half dead,

Which after spins silk robes for those are finely bred.

Find thred this Silk-worm makes, why doth she labour thus?

It is not for her self she labours, but for us.

Her fleece was formerly an ornament for Kings,

But this prodigious age confusion brings:

So prodigal of silks, that the vile rabble, clowns,

Oyster-wives, herb-women, shine in silk suits and gowns:

Nothing more common now for all than silk attire,

Which wastes and burns mens hearts with continual fire

"In which words, though our divine Poet, who was more clear than the ancient Bards, doth something touch upon the Silk-worms, and paint them forth, yet he doth not describe them •o fully, that it may suffice for the History of them. For Silk-worms are smooth Catterpillers almost of a milky colour, with small black eyes, and as you see, with a so ked mouth. The snow white ones are bred of Butterflies eggs, which growing by degrees into little worms, produce Silk-worms of the same colour with Butterflies. And that I may not repeat this again, let it suffice that I have once said it; the Butterfly is almost alwaies of the same colour with its Catterpillar. That Butterfly forsaking its Aurelia, as many eggs as it leaves, or seeds (if you will) like to eggs, they become so many Silk-worms afterwards; which, if you cherish them, when they are fostered by the Suns heat, and full fed with Mulberry leaves, they will repay a reward worth your cost and care, namely a silken fleece. They breed first in May, in which moneth and the two following moneths, they devour a multitude of leaves, and in eating as it were by sucking, they harden: when they are grown up with plenty of nourishment, being be∣come able, they spin a most fine web out of themselves, like to a Spiders web. Then against cold weather, they grow rough with hair, and make themselves new thick coats for Winter, by the sharpness of their clawes, pulling the down of their skins into fleeces: then they thicken and close it, carding it with their feet, then they draw it out amongst the boughs, and make it small as with a comb: lastly they take hold of this web, and wrap their body in it, making a round nest. Then men take them, and put them in earthen vessels, and feed them with bran, and so there spring up seathers of their kinde; which, so soon as they are prepared with, they are set to perform other tasks. But the spinning work they began, growes pliable by moisture, and is spun into threds on a smal spindle. Some women do use to draw it forth into yarn, and then they weave it. Pamphila the daughter of Latous was the first that was reported to have woven in the Island of Co. Also Pliny reports that Silk-worms are bred in that Island, Plin. lib. 11. cap.23. the flowers of the Cypress, Turpentine, Ash, Oake-trees, being beaten down to the ground by showres, whence they receive life. Though women were the first inventers of this Art, yet men are not ashamed to wear these garments for lightness in Summer. The customes of men are so far degenerate from Arms, that their very cloathes are grown burthen∣some. The thinner and softer the leaves are they feed upon, the finer Silk these Silk-worms make: wherefore amongst the people of Seres in Scythia, the most soft garments are made; which we call silken, as Marcellinus witnesseth, lib. Hist. 23. In India also and in Aegypt there is great plenty and use of them, and are brought from thence to the Spaniards and Italians, being the greatest cause of wantonness amongst mortals. So often as I consider, that some ten thou∣sands of Silk-worms labouring continually night and day, can hardly make three ounces of Silk, so often do I condemn the excessive profusion and luxuriousness of men in such costly things who defile with dirt, Silks and Velvets, that were formerly the ornaments of Kings, and make no more reckoning of them now, than of an old tattered cloak, as if they were ashamed to esteem better of an honourable thing than of a base, and were wholly bent upon waste. The Greeks call this Catterpiller  in non-Latin alphabet , and Bombyx, which name is become Latine. The Italians call it Bigatto; the Spaniards, Guafano della seda; the French, Ver à Soye; the Ger∣mans, *Ein Seyde worme; the English, Silk-worm. Amongst whom a Silken habit is so much loved and valued, that they despise their own Wool, (which compared with Silk, is not con∣temptible, and is the most profitable and the greatest merchandise of the Kingdome.) But time will make them forgoe this wantonness, when they shall observe that their moneys are treasured up in Italy at that time, when they stand in need of it for their private or publick af∣fairs. This is a pleasant thing and worthy to be noted, that the head of the Silk-worm, makes the tail of the Butterfly in that golden coloured Metamorphosis, and the tail the head; which al∣so happeneth in all other Catterpillars that are changed into an Aurelia. "

 

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Fig. 1 et 2 : chrysalide et imago du Bombyx du Murier ou Ver à soie, identifié par  Linné S.N. page 499 comme son Bombyx Mori

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page 181

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— page 182.

 

Chapitre II : De reliquis glabris Erucis. Des autres chenilles glabres.

 Moffet présente 21 chenilles glabres. L'intérêt est de voir apparaître un début de dénomination, contrastant avec l'absence de noms propres dans le chapitre consacré aux imagos.

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Toutes les autres chenilles glabres sont vertes, ou jaunes, ou rouges, ou sombres, ou de couleurs variées.

 

 

 

 

Les cinq chenilles vertes.

1. On reconnaît parfaitement sur l'illustration le Sphinx ligustri Linnaeus, 1758 , notre Sphinx du Troène. Identifié par  Linné S.N. p. 489. 

 

 La principale parmi les chenilles vertes est celle qui se suspend sur le Troène. Un cercle entoure sa face, et toutes ses pattes, et elle a une corne tournée en arrière vers la queue. Elle est noire et rouge, des points sont tracés sur ses cotés qui sont à moitié violets et à moitié blancs. les petits points sont rouges, mais tout le corps apparaît vert.

 

Merret la nommera "Ligustrina"  : Celle du Troène. 

2. Merret la nommera Sambicina : Celle du Sureau (Sambuco) :

 Celle du Sureau ne diffère pas beaucoup de la précédente, mais elle est  aussi entièrement vert , mais les points sont très blancs, et elle a de petits points comme du lait. Elle se nourrit principalement de Sureau rouge.

 3. Lactucariam : Celle de la Laitue .

 

La troisième, qui est entièrement verte, se transforme quand vient l'automne en  noirâtre ; elle se nourrit sur les tendres herbes du portager, spécialement sur la laitue, aussi nous la nommons Lactucariam ["la Chenille de la Laitue"]

 

 

 

 

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http://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:16.2?rgn=div2;view=fulltext

page 183

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Les 5 chenilles vertes, (suite)

 

4. Mespilaria : du Néflier

La quatrième sur le Néflier est plus petite, toute verte,  sa chrysalide elle-même est couleur gris-cendré, tout aspergée des taches noires.

 

5. Quercina : du Chêne, et d'autres arbres.

La cinquième est la plus petite de toutes, elle mène son fil sur les arbres (les Chênes en particulier), et en descend sur la tête de ceux qui passent et s'emmêle sur leurs chapeaux et leurs vêtements. Cette toute petite et très notable créature [animalculum] se remarque en été, un peu partout ;  lorsqu'on arrive en automne,  elle s'enroule elle-même dans une sorte de toile, et s'enferme dans une couverture verte et rouge. Elle meurt en hiver. Elle a dix pattes, comme toutes celles que nous avons vues.

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Les  chenilles jaunes.  Linné Fauna suecica p. 168  identifie la première comme la chenille du Séneçon, Tyria jacobaeae ou Goutte de sang 

Nous les appelons les jaunâtres, car elles sont jaunes presque entièrement. Les figures qui sont représentées, sont exemptes de noir, seulement couvertes de jaune pâle, et ainsi ces figures sont peintesElles vivent sur les feuilles tendres, en particulier sur le Tilleul. 

 

— fig. 10 : Vinula Cerura vinula, ou Grande Queue fourchue (Notodontinae), Identifié par Linné S.N p. 499 comme Bombyx vinula. Déjà identifiée en 1710 par J. Ray Hist. ins. page 153.

Vinula est le suivant dans l'ordre ; et c'est l'une des chenilles les plus délicates, et belle au delà de ce que l'on peut imaginer. Nous l'avons trouvé sur le Saule en train de se nourrir goulûment  ;  ses lèvres et sa bouche  sont d'un jaune pâle, les yeux sont de feu , le front est violet , les pattes et le bas du corps vert, la queue est fourchue , plus noire que le raisin , tout le corps entier est ponctué comme par un épais et sombre vin rouge, qui passe en diagonale du cou jusqu'à la queue, une ligne plus blanc l'ornant à merveille. 

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— Les 2  chenilles brunes (fuscae) nommées Porcellus

La grande et la petite chenille dite Porcellus

Fig. 13 :Chenille de  Deilephila elpenor, ou Grand Sphinx de la Vigne. Identifiée comme Sphinx elpenor par Linné S.N. page 491

 

La chenille nommée Porcellus est noire, brune, surtout la grande, mais la petite possède des anneaux blancs.Souvent, on les trouve sur les feuilles de trèfle des marais et elles les dévore avec une rapidité remarquable. 

— Dix chenilles de couleur variée

 Trois différentes couleurs sont principalement observées: la première a une face bleuâtre, et les yeux très noirs, la peau vers l'extérieur du dos est grise, parsemée de beaucoup  de taches noires et jaunes: il se transforme en une chrysalide d'un marron  lumineux  garni une petite membrane blanche ; elle aime les Choux et toutes sortes de Navets.

La seconde y la tête les pattes  et la queue très noirs, quadrillés de jaune; les quadrillages qui sont peints sur eux intérieurement, se distinguent par des canaux alternativement  noir et gris tracés en longueur. Elle aime le Fenouil , l'Aneth, et le Cumin.

 

 

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Page 184.

Dix chenilles de couleur variée (suite).

 

-n°3 : 3 figures, la chenille et deux chrysalides.  La troisième est verte sur fond blanc, bossue comme il va?  car elle a seulement six pattes de chaque côtés, comme toutes ... (en grec). Elle se transforme en une chrysalide piquetée de mouchetures foncées. Elle se nourrit sur les  Oliviers.

-La quatrième se nourrit de l'Estragon et ressemble à une Vipère tachetée ; elle va toujours avec la tête dressée, et inclinée sur sa poitrine . Elle aime les Joncs, et les plantes qui croissent dans les rivières.

-Si vous peignez les anneaux [costas] descendant de la cinquième espèce en rouge, il y aura peu de choses dans l'image qui ne soit pas en accord avec la vérité.

-n°6 : deux figures, chenille et chrysalide. Pour la sixième, peignez en ocre ce  que vous voyez blanc. Toutes ? [ utraque = Des deux cotés ] se plaisent sur le Peuplier noir, et s'y nourrissent goulûment.

-Les stries de la septième doivent être peintes en blanc, tout le reste du corps est gris-sombre. Elle se transforme en une chrysalide  de couleur rouge clair.

-n° 8 : quatre figures : imago, chenille, (oeuf ??), chrysalide ;  La huitième semble de couleur de la fumée, avec des ondulations noires ; elle donne un cocon [thecam] rouge et noir, d'où sort une Phalène pulvérulente.

- n° 9 : deux figures, chenille et chrysalide :  La neuvième est variée, et mérite à juste titre notre considération : les ronds de ses incisions sont verts ; la corne de sa queue est recourbée vers l'arrière, et elle est d'un bleu brillant ; en dessous elle est ornée de taches rouges. La partie entre les incisures est gris cendre. Enfin, une chrysalide est associée, d'une couleur de feuille morte de vigne [xerampelina]  telle que nous la trouvons sur la voie publique. Elle se plait dans les champs de Renoncules. 

n° 10 : deux figures, chenille et chrysalide La dixième est vert-noir [glauconigra] : ce qui est blanc ici représente le vert glauque de l'animal. Elle se métamorphose en une chrysalide spiralée,  bleu pâle, aux spires  rougissantes  [subrubentibus] : par quoi elle se rapproche de la forme d'une coquille de Buccin.  

 

 

 

 

 

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page 185.

 

- Sur la  Solanum Sylvestris (que les Italiens nomment Belladonna) [Atropa belladonna ou Morelle Noire ou Belle-Dame] vient une chenille glabre de couleur verte et jaune, elle a une corne sur l'avant de la tête [et elle est] aussi longue qu'un doigt, ce que relate Cardanus qui l'a vu souvent.

Sans-doute Acherontia atropos ou Sphinx à tête de Mort 

Cardanus : Girolamo Cardano, 1501-1576, médecin nè à Pavie et ayant exercé à Rome. Auteur de De substilitate. La Belladone est un poison rentrant alors dans la composition d'onguent.

 

 

Chapitre III : De Erucis hirsutis atque pilosis. Des chenilles hirsutes et velues.

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La chenille processionnaire du Pin Thaumetopoea pityocampa  

 

"Les Pityocampes, c'est à dire, les chenilles du Pin et Epicéas, sont aussi fines qu'un petit doigt humain, et aussi long que la largeur de trois doigts. Ils ont onze incisions entre la tête et la queue, et ils ont 16 pattes comme les autres chenilles, précisément trois sur les deux cotés de la tête, quatre sur les deux cotés du milieu du corps, et une de chaque coté de la queue : mais la premières sont en crochet et petites, avec lesquelles elles trouvent leur chemin, et les autres sont plus larges et dentelées comme des scies, afin de mieux s'accrocher aux branches. La tête est comme celle des fourmis, le reste est semblable aux autres chenilles. Elles sont couvertes de poils et complètement entourées d'épines pointues ; les poils des cotés sont blancs et brillent dans le dos ; la partie médiane est ornée de points comme des yeux : les épines étant rasées, il y a une peau noire en dessous, leurs poils très fins, qui piquent plus vivement qu'une aiguille, et causent une grande douleur, un échauffement, de la fièvre, des fourmillements, et un malaise général. Le poison rentre subitement sans aucun sens de la blessure, et est transporté de part près des intestins. Elles tissent une toile fine comme les araignées, dessinant et disposant leur filet avec leurs pattes antérieures. Durant la nuit elles rentrent à l'intérieur, comme sous une tente, où elles échappent au froid et au vents. La matière dont est faite cette tente est si solide et si fine, qu' elles ne sont menacées ni par les plus forts vents, ni par les pluies ; et elles sont si spacieuses qu'un millier de chenilles peuvent y trouver place. Elles font leur toiles dans les petites touffes d' aiguilles de Pins et d'Épicéas, où elles ne vivent pas en solitaires comme les autres, mais en colonies. Moyen par lequel elles étendent leur course, elles tissent et transportent leur toile avec elles. Et dans la journée, seulement s'il fait beau, les plus grandes accompagnant les plus petites par troupes, et ayant dénudé l'arbre de ses aiguilles, car elles le dévastent totalement, elles travaillent durement au tissage. Seulement ce fléau des Pins et Épicéas n'atteint pas les autres conifères. Sur le Mont Athos, dans les Bois du Trentin, et dans les Alpes, elles abondent, en raison de la quantité de nourriture qu'elles y trouvent, comme en atteste Matthiolus. Ce sont vraiment les créatures les plus venimeuses, que vous les touchiez superficiellement avec les mains, ou qu'elles vous atteignent par voie interne. Elles sont considérées de longue date comme du poison, puisque Ulpian interprétant la loi Cornélienne De Sicariis concernant les meurtriers privés réclame contre eux qu'ils soient punis en leur donnant à boire une Processionnaire du Pin. Sect. Alium . ff. ad. Leg. Corn. De fic.

Signes de blessure par Processionnaire du Pin et traitement. 

Ancre "Lorsqu'on a léché une chenille, la douleur affecte sévèrement la bouche et le palais ; le corps de la langue et l'estomac sont fortement enflammés par le poison corrosif : aussi ils entraînent une terrible douleur, alors qu'au début cela ressemblait à une plaisante sensation de picotement. Un fort échauffement s'ensuit, ainsi qu'une répugnance à l'égard de la nourriture, et un désir incessant, mais infructueux de vomir. A la longue, si les soins ne sont pas donnés, la brûlure s'étend à tout le corps et l'estomac devient aussi ulcéré que par l'arsenic. Dioscoride. Aetius, Pline. Celse. Galien. Item II simpl. c.5. Et Avicenne Fos. Cap. 25. C'est pourquoi Aetius et Aegineta tiennent comme dangereux de servir les repas sous les Pins, ou de se reposer dessous, car, attirées peut-être par la viande ou le les vapeurs de bouillon, ou par le bruit des hommes, ces chenilles du Pins pourraient tomber sur la viande, ou laisser tomber leur semence, qui est aussi dangereuse qu'elles-mêmes. Ceux qui sont atteint par de tels maux devront utiliser les traitements en vigueur contre les Cantharides, car les mêmes moyens les soigneront : c'est à dire l'huile de Coing, appelée melinum oleum, qui doit être bue deux ou trois fois, pour déclencher le vomissement, comme l'a prescrit Dioscoride dans Aetius. Elles sont générées, ou plutôt régénérées, comme le Convolvulus, par la nourriture d'automne laissée dans la toile sur certaines aiguilles, ou du Convolvulus lui-même corrompu, comme le pense Scaliger."

Commentaires :

Matthiolus : voir Mattioli, Pietro Andrea dans la traduction française : - Les Commentaires de M.P. André Matthiole,... sur les six livres de la matière médicinale de Pedacius Dioscoride,... traduits de latin en françois par M. Antoine Du Pinet... augmentez... d'un Traité de chymie en abrégé... par un docteur en médecine. Derniere édition Lyon : J.-B. de Ville, 1680. Moffet s'inspire du Livre II chapitre LV page 164 :

"Quant aux Chenilles des Pins, les vallées d'Ananie et de Fleme auprès de trente en sont toutes garnies parce qu'il y a force Pins. Elles font leurs nids aux cimes des branches des Pins, où on les voit par milliers, velues et roussâtres, avec plusieurs petites peaux dont elles sont enveloppées et revêtues. L'Hiver elles se cachent en ces petites peaux, et échappent par ce moyen la rigueur de l'Hiver. Leurs nids sont grands, et en peuvent tenir mille. Les pellicules dont elles sont enveloppées semblent à de fins draps de soie : mais elles sont plus subtiles. Elles sont fort bonnes à étancher le sang, étant appliquées : Voilà donc quant aux chenilles des Pins. "

 

Ailleurs, Moffet recopie Matthiolus :: Livre VI chapitre II page 496 : 

« Soudain qu'on a avalé des chenilles de Pin, il s'ensuit une grande douleur en la bouche, et au palais : et sent-on une inflammation véhémente en la lange, au ventre et en l'estomac. On a d'ailleurs, une douleur indicible des intestins : de sorte qu'il semble au patient qu'on lui ronge les boyaux. Tout son corps est en chaleur : et sent une anxiété intolérable. On y doit pourvoir avec les mêmes remèdes dont on use contre les Cantharides. Toute fois, au lieu d'huile d'olive simple, et d'huile de racine de Flambe, il faudra user d'huile de Pommes de Coing. 

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–Ulpianus in Lex Cornelia De sicariis et veneficis. (Loi Cornélienne contre les assassins et les empoisonneurs) : 3. Alio senatus consulto effectum est, ut pigmentarii, si cui temere cicutam salamandram aconitum pituocampas aut bubrostim mandragoram et id, quod lustramenti causa dederit cantharidas, poena teneantur huius legis. .Les Lois Cornéliennes ont été promulguées par Cornelius Sylla. http://droitromain.upmf-grenoble.fr/Leges/cornelia_sicariis.gr.html

 

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Page 186

"Venons en maintenant aux Promeneuses. 

Nous les nommons promeneuses, car elles n'ont pas de maison ou de nourriture établies : de fait elles font tout capricieusement, marchant comme des pèlerins, et comme les souris, elles se nourrissent toujours d'autres viandes. 

C'est pourquoi les anglais les nomment Palmer-worm –ver pèlerin– précisément en raison de leur vie errante, parce qu'ils n'ont pas d'habitat fixe, bien qu'en raison de leurs poils ils les nomment Bear-worms, « ver-ours ».Ils ne seront pas attaché à une sorte de plante ou de fleur, mais ils passent dessus hardiment, et goûtent de toutes les plantes et arbres, et se nourrissent là où cela leur plaît.

La première avec ses points blancs que vous voyez sur les cotés, doit être comme ceci en réalité : tout le corps est noir, tous les poils doivent être jaunes, mais tout le dessus du dos doit être blanc, excepté ces trois rangées qui poussent sur le cou près de la tête, car elles ont la même couleur que les poils du ventre. De la chrysalide sort le papillon que vous voyez, dont nous avons décrit précédemment la forme et la couleur.

La seconde, si vous faites le cou et le ventre, et les poils qui y poussent, en jaune, vous n'avez rien à faire d'autre. La surface semble sombre, les œufs sont pâles. Nous présentons le papillon qui i en résulte dans le précédent livre.

La troisième est, pour tout le corps et les poils, jaune sombre, mais les points de chaque coté sont faits obliquement dans chaque incision, la tête est rouge clair, et il est orné par une certaine fourche jaune."

La quatrième a le ventre et la partie inférieure couverts de poils, le dos et la partie supérieure jaune à brun, et une double ligne fourchue sur la face ressemble à la couleur  du lait mélangé à l'eau.

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— Page 187.

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-n°5.

La cinquième a la face d'une couleur marron clair [spadiceus] , les cotés du ventre couverts de poils blancs [canescentia], un corps très petit,  varié avec des petits points jaunâtres, comme des gouttelettes [gutillis], et au dessus, en forme de pois ;  des poils jaunes en sortent,  comme de petits rayons. Ils sont droits, et poussent plus drus vers le milieu. Elle fait des dégâts aux herbes et aux grains. 

-n°6. Lasiocampa quercus, la Minime à bandes jaunes, identifiée par Linné S.N. page 498

La sixième est de couleur blanche si les segments n'étaient pas envahis de taches noires et jaunes ici ou là. Des poils au dessus et au dessous.  ....

 

-n°7. Orgyia antiqua ?

La septième a une peau noire,  elle a quelques poils de couleur sale, mais j'ai l'habitude de l'appeler "le Pinceau" [Peniculum], parce que des deux cotés de la tête et aussi sur la croupe se dressent des plumets de poils noir de corbeau.  Mais ceux que vous voyez dressés en touffes sur le dos sont aussi blancs que le lait . Les autres sont sombres  .

 

-n°8. 

La huitième est gris-souris, et sur son dos sept points  lui répondent

 

-n°9.

La neuvième est d'une couleur étrange et rare . Les segments sont peintes avec des couleurs dont chacune est différente de l'autre, et pourtant mélangées les unes aux autres, alors qu'un clou d'argent  orne  joliment chacun.   

n° 10. Deux figures : chrysalide et chenille. 

La dixième appartient aux prouesses de la capricieuse nature, non moins élégant qu'elle est rare. Elle est  striée de lignes noires, vertes, bleues, jaunes et de douces nervures, splendidement rehaussé par des gouttes d'or.  Elle a des poils très soyeux, d'une verdeur la plus plaisante et la plus admirable. Le cocon est violet renforcé par une petite membrane. 

-n°11 

Supposez que les découpures blanches de la onzième sont vert-prairie  et peignez la peau et la pilosité à moitié vert.

 

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Page 188.

 

-n°12

 La Chenille du Noisetier est d'un vert-pâle sauf sur les taches acuminées noires. Elle a une corne à l'extrémité du dos. Elle se nourrit spécialement sur les feuilles du Noisetier, aussi nous la nommons Corylaria.

-n°13. Orgyia antiqua ?

La magnifique délicatesse  de la Nature resplendit dans celle-ci, à laquelle Elle donne le visage d'un  Maure ou d'un Égyptien , mais Elle leur donne un vêtement qui est de couleurs changeantes, brillant en diverses œuvres d'art ; sur le front les poils sont tissés comme en mèches noueuses, et ressemblent à des antennes: un aspect analogue se trouve à l'extrémité de son dos. La peau est comme l'arc-en-ciel, et brille en cercles  profondément illuminés  de pourpre, qui la nature a scellé sur les cotés  comme de larges crampons; les poils qui se dressent sur la peau, resplendissent comme le soleil, et éblouissent nos yeux comme la lumière  (?).

-n°14 et 15 . La première est identifiée comme Malacosoma neustria la Livrée, par Geoffroy Ins. page 114 mais non par Linné S.N. page 500 qui lui donne le nom de Neustria. La Neustrie correspond au nord-ouest de la France, et inclut la Normandie.

Nous avons reçu ces deux de Neustrie et de Normandie, la première a la tête de couleur bleue, et le corps strié de lignes rouge, blanche et grise. les poils sont beaux avec une brillante couleur dorée.

La seconde roulée sur elle-même est comme un oursin. La tête est noire, le corps est ponctué de petits points bleus. Les poils ressemblent à un lustrage couleur safran.

-n°16.

Celle-ci abîme les bourgeons des poiriers. Elle a la tête sombre, le corps  noir orné de sillons rouges et blancs. Elle a au milieu comme des épaules (?), et presque à l'arrière du dos, surgissent de petits renflements ou tubercules bleuâtres, parsemées de taches blanches. Les œufs d'où elles naissent sont de couleur brun clair, ce qui est aussi la couleur de la chrysalide et des poils. Nous en avons vus une autre du même genre, mais avec seulement un renflement sur le dos.

-n°17.

 

Nous vous recommandons de peindre en jaune la partie du dos à l'arrière de la tête, ici en blanc, et le reste blanc comme un Lys. Le ventre est jaune  cendre, ornée de points, et quadrillé au milieu.

-n°18 Chenille de l'Ortie 

Si vous peignez légèrement  les pattes de la Chenille de l'Ortie avec un jaune pâle, la figure sera proche de la réalité. Elle a des poils dressés drus et droits comme des épines, qui vous blessent par  un léger contact, entraînant un d'abord une démangeaison plaisante,  mais vénéneuse et ensuite une douleur difficile à supporter. Certains soutiennent qu'elle est plus vénéneuse que la Pityocampe ou Chenille du Pin.

 

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—Page 189 :

 

 

- Figure n° 1 : brassica.  Chenille de Pieris brassicaria. la Piéride du Chou Identifiée par  Linné S.N. p.759. 

Sur le Chou, se nourrit une chenille à tête bleu azur, au corps marqué de deux rameaux linéaires  jaunes de chaque coté ; entre lesquels une plage grisâtre semble ponctuée de quelques grains noirs. Les poils ont la couleur de la chrysalide, qui est gris-cendre.

— Sepiarias. Nous proposons ici deux chenilles des haies.

-n°2.

 La plus grande a une face couleur jaune-safran, mais le triangle que vous voyez à l'emplacement du nez est couleur de lis [Lilliasceret]. Le corps est varié avec des taches blanches, jaunes, rouges  et noires réparties sans ordre . Les poils qui se dressent sont jaunâtres. Elle dévore les feuilles des haies et dénude les frondaisons. Enfin elle se transforme en une boule de soie dans un cocon  grège semblable à un sarcophage.  

-n°3

La plus petite a une face et tout le corps  bleuté, excepté qu'elle a des points noirs et blancs. Ses poils sont de la même couleur que la première. 

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Celles qui ont moins de poils sont : la Mangeuse de Géranium [Geranivora] ; la chenille du Jacobaea  ;  la Vergette [Antennula] ; les Hérissonnes [Echinus]  ; la Chenille de la Ronce [Rubicula]  ; et cette bestiole cornue [Cornuta] que les allemands nomment Horneworm. 

 

-n°4. Celle qui circule sur les Géraniums. [Geranicolae]. Il s'agit de la chenille du Petit Paon de Nuit Saturnia pavonia, identifiée par John Ray en 1710 dans son Historia insectorum page 147  (Eruca viridi, rarius pilosa, tuberculis fulvis seu rubentibus in medii annulis Geranicola Mouffeti page 189). Linné dans Fauna suecica signale cette référence en indiquant la page 180 de Mouffet -et non 189 comme l'indique  John Ray-, et cette erreur est reproduite par Geoffroy et par Esper. 

Nous avons défini avec précision ici la forme et la taille de la chenille du Géranium, et  allons l'expliquer : vous devrez faire en couleur rouille les taches blanches qui ornent les anneaux noirs, et peindre le ventre et les pattes , ainsi que les segments entre les anneaux, en vert-poireau. 

Camerarius l'a envoyé à Penny avec cette indication ; "Une grande chenille, ne se nourrissant que sur les herbes des champs, et qui s'en prend principalement au Géranium des marais Geranio palustris.

 

-n°5. La Vergette (Antennula) . Orgya antiqua ?

Le corps de la Vergette est varié : de la tête jusqu'au troisième segment, vous pourriez dire qu'elle est barbouillée de craie, sur les cinq suivants en noir-fumée, et sur les trois derniers avec de la céruse. Les petites verges sont faites de poils qui semblent collés ensemble ; et une autre, tout à l'arrière, est dressée comme une crête. Quatre touffes sur le dos sont aussi faits de poils, qui poussent comme des dents en ordre croissant. 

-n°6. La Chenille du Séneçon de Jacobée Tyria jacobaeae La Goutte-de-sang  

La Chenille de la Jacobée ou du grand  Séneçon a la tête et les pattes d'une couleur violet pâle, le ventre vert pâle, le crps d'un vert désagréable, et orné de points noirs, jaune et flamme [orange]. La couleur des poils suit celle du ventre.  

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page 190.

— J'ai observé deux sortes de chenilles hérissonnes, l'une d'un gris bleuté, l'autre d'un blanc cassé. 

 

-n°1 Deux figures, chenille et chrysalide. 

La première de ces hérissonnes a un corps quadrillé par un mélange de noir et de jaune. Les épines apparaissent jaunes. Quand l'automne arrive, elle se transforme en une chrysalide couleur cendre.

 


-n° 2.

La seconde est parfaitement semblable à un hérisson ; la moitié du dos, à savoir la première partie, est noire sur fond jaune, l'autre moitié est blanche sur fond  jaune, elle porte des épines très pointues et épaisses, de couleur grisâtre.


-n°3.

La Nature a peint la Chenille de la Ronce en noir cendre avec sur les deux côtés  trois crêtes d'une couleur jaune pâle: les poils sont très fins, et tout à fait noirs.

 

-n°4  

Il y a aussi la chenille à corne, qui a beaucoup de points verts sur un fond jaune, les poils dressés sur le milieu du dos sont gris-blanc, mais la corne est crénelée et rouge. 

 

-n° 5 à 12. Peut-être la Cucullie du Bouillon-Blanc, la Cucullie de la Scrophulaire, l'Acherontia atropos, le Sphinx de l'Euphorbe Hyles euphorbiae, (figure n°10) ...

 

Il existe de nombreuses variétés de chenilles sur le Bouillon-blanc ( Verbascum), le Lupin, la Scrophulaire, la Morelle Douce-amère, la Belladone (Solanum), l'Aulne, l'Orme et l'Euphorbe (Tithymallo) ; et presque chaque plante possède sa chenille qui la dévore. Pour ne pas être lassant, je ne les décrirai pas en détail, et elles sont déjà assez connues.

-Pas de figure : Cossus cossus, le Cossus Gâte-bois, identifié par Linné S.N. page 504

Linné indique que la chenille ici décrite est illustrée à la page 196 du Theatrum de Moffet, figure 1 (verticale) sous le nom de Spondyle .   En effet, (comparer avec une photo de cette chenille sur le site lepinet.fr)

Je n'ai jamais eu la chance d'observer la chenille puante de  Gessner, qu'il décrit par ces mots, dont j'ai la transcription :

Elle est, écrit-il, semblable à toutes les  chenilles à cornes, mais elle en diffère  par sa couleur et par sa corne. J'en ai pris une qui grimpait sur un mur à la fin août de l'année 1550. Elle émettait une odeur si nauséabonde qu'on était convaincu qu'elle était vénéneuse. Elle dressait colèreusemnt sa tête et gardait ses deux pattes antérieures levées. J'ai pensé qu'elle était aveugle. Elle était longue et épaisse comme le doigt. Quelques poils étaient implantés sur les cotés et sur le dos , lequel était noirâtre. La couleur de son ventre et des cotés était rougeâtre sur un fond jaune. Tout le corps se distinguait par 14 segments distincts, et chacun portait un sillon unique sur le dos. Sa tête était noire, et  (coriace, dure) [duriusculum] . Sa bouche était fourchue et dentelée, comme en dents de scie, si bien que lorsque'elle attrapait quelque chose avec, elle le mordait.  Elle marchait sur seize pattes, comme le font la plupart des chenilles. Sans (aucun) doute elle est vénéneuse. Vergerus pensait que c'était une Chenille du Pin, une Pityocampe, et d'autres la considérait comme un scolopendre. Mais elle n'a pas le nombre de pattes des Scolopendres. Je pouvais à peine supporter son odeur tandis que je la décrivais, et je n'allais pas infester deux chambres [poèles = hypocausta] avec son épouvantable puanteur, c'était plus que je ne pouvais tolérer ? " Voilà ce que Gessner a noté.

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page 191.

- Fin du chapitre II.

- Chapitre III. De ortu, generatione, alimento, & Metamorphosi  Erucarum

Of the original, breeding, nourishment, and change of Catterpillars.

Dear book, the faithfull witnesse of my pain,

Let not the purple red thy fair cheeks stain,

Whilest I in tables paint the rude worms race,

And such as change their skins into a case.

For these by Gods wise hand created are;

Which in small things is wonderful and rare,

And more to be admired in Worms, than Whales,

Or Elephants, Leviathan with scales,

Arm'd as with harnesse• strong as iron bars,

And roars like thunder terrible in wars;

Who drinks the sea, and s•ews it up again,

Compar'd with worms, will be admir'd in vain.

So I shall begin with our Poet, who observed a divine power in Catterpillers from their Original; which whilest divers Authors have diversly expressed, I know not into how greatPage  1040darkness they have cast us. Aristot. 5. Hist. 19. writes, that they begin from green leaves of herbs, as from Cabbage, or Radish: namely by a seed like Millet left there in Autumn, whence little Worms proceed. From these Worms in three daies space Catterpillers breed at the end of the Spring; which being augmented and nourished sufficiently, they leave off moving, and at the beginning of Autumn they change their form and life for an Aurelia. Pliny saith that dew thickned by heat of the Sun, is left upon the leaves, whence he derives all kindes of Catterpil∣lers, to whom Arnoldus agrees: others say they all come from Butterflies; which so soon as they come forth of their A•reliae, they thrust forth (above or beneath the leaves hard by) some eggs (the barbarous call them Turds) and these are greater or less, according to their bodies (some of these have blew shels, some yellow, some white or black, green or red) in fourteen daies they are hatched by heat of the Sun, and the shell breaking, they thrust forth small Catterpillers like very small Worms, but coloured: at first beginning they are very hungry, and do nothing but devour leaves and flowers, especially of those herbs and plants where they were left in eggs. But I should maintain that they are not bred only one way, but all these waies: for though Ari∣stotles doctrine seems to some not acute enough, that the Cabbage little Worm grows to be a Catterpiller; yet it is not against reason; for as nature from an egg, so from a worm she pro∣duceth a more perfect living creature, as perfecting, not as corrupting. For though the worm be not that it was before, (as is clear to sense) yet as much as can be perceived, it is both what it was, and is now somewhat more, for a Worm doth not dye that a Catterpiller may be bred: but adds a greater magnitude to its former body and feet, colour, wings; so life remaining, it gets other parts, and other offices: so the off-spring of man (I use Scaligers words) after some daies at first of a man in posse, is made a man actually; you must understand its generation, in which time the intellective soul doth not yet act, but it bears the same proportion to a man that shall be, as a Worm doth to a Catterpiller or Bee. So alsoPennius derided the opinion of Pliny, when he writ that Catterpillers were bred of dew, yet all Philosophers with one con∣sent agree, that the more imperfect small creatures are bred of dew. And not without cause. For the Sun by heating acts, being like the form, and the humour is like the matter. The Suns heat is different from the fire, for it gives life, or it preserves the souls in their likeness. For the dew hath the proportion and softness of the air, where Theophrastus alledgeth the affect of softness (in his Book of Plants) as proper for generating air. Also nothing is more nourishing than dew, by which alone some little creatures live: which also the divine Poet said; How much doth dew lay up in the night! Therefore as it is humour, it is the matter, as it is thin, it enters, as it is drawn by the Sun, and concocted, it is the fitter for generation; for the preparation of the form carries the matter along with it, and these going together it fals out that a living, creature is generated. And it is not only an off-spring of dew, but the daughter of Butterflies, as we said, and as experience testifieth: and the greatest part of Catterpillers come from them, besides the Cabbage and Vine-fretters, few are bred otherwise. For these that the Greeks call in non-Latin alphabet , are made of dew, or a humour shut up in webs and putrefying, especially when the wind is East, and the air warm, that hastneth corruption. For then such a mighty army of them breaks forth in our Countrey, that we cannot truly say or think so many could be bred any way but from corruption. They are all gluttonous devourers of herbs and trees: whence Philip the Parasite boasts of himself inAthenaeus in his Pythago ist, for feeding on Thyme and Pot-herbs, I am a Catterpiller. Martial speaks to the same purpose, One garden will hardly feed a Catterpiller. When their time of eating is over, they wander up and down here and there hungry, and by degrees growing lean with hun∣ger, some within, some above the earth, seek for a fit place, where they are transformed into an Aurelia covered with a Membrane, and hanging by a thred, or into a bare case; if this happen in the midst of Summer, after 24 daies the shell breaking, a Butterfly presently flies out: but if Autumn be well spent, the Aurelia lasts all the Winter, and shuts out nothing till the heat of the Spring. Yet all Catterpillers are not changed into Aurelia's, but some are contracted (as Vine-fretters) and corrupt, from whom oft-times three blackish eggs fall, that are the mothers of Flies or Cantharides: when your Butter-flies copulate very late, they bring forth eggs (even untill the next Spring) that have life, (if you take diligent care of them) as it is usual in Silk-worms, whose eggs are sold commonly amongst the Spaniards by ounces, and pounds. Theophrastus distinguisheth the transformation of these Catterpillers rightly in these words, in his second of Plants: First, of a Catterpiller is made an Aurelia, and of this a Butterfly, then of that a Catterpiller again. But whether this Aurelian Chryfallis be a living creature or not, we shall dispute when we come to speak of Insects without feet.

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Page 192.

CHAPITRE V.

De Qualitate & usu Erucarum earumque Antipharmacis. 

De la qualité et de l'utilisation des Chenilles, et des Remèdes. 

ALL Catterpillers have a burning quality and pilling of the skin, and raising of blisters. The most deadly is the Pine Catterpiller, yet they are all venomous, but least of all those that are smooth and without hair. The daughter of Caelius secundus, being at Basil (saith Gesner) when she had devoured some Cabbage Catterpillers in the garden, after much vomiting, her bel∣ly swelled, the swelling troubled her many years, and no cure would be found for it.William Tur∣ner a Divine and a learned Physician, the happy father of one Peter who was born to give physick to Physick it self, prescribed a purging porion for a noble Woman ofEngland, by the help whereof she vomited up a hury Catterpiller, which being swallowed by negligence, had long afflicted her with cruel torments: yet we may remember (saith Marcellus Virgilius) that there are beasts in the sea of the same names, and called Catterpillers, and are far from being poy∣son: and amongst those men that live by the sea side, are the last dish at their tables. We have shewed remedies against the mischievous and venomous ones before, in the Histories of Can∣tharides, Buprestis, and Pityocampes, for they admit of, and require the same cure. If you would have your garden or trees free from them, what webs you see hang on the naked boughs you must sweep off in Winter; for if you let them remain till the Spring, they will breed before you can remove them. In a short space they devour all green things, and consume the flowers: some anoint their trees with the gall of a green Lizard, or of a Bull, which as it is commonly reported, they cannot endure. The Countreymen use to stisle them with some brimstone and straw set a fire under the trees. The earth dug up under the root of the great bearing mast tree, if it be strewed in a garden, drives away Catterpillers, saith Hildegard. I should pass over the Remedy Columella hath prescribed, as a shameless delusion ofDemocritus, did not Pliny and almost all the rest approve of it, who meddle with husbandry: the words are these:

But if against this plague no Art prevail,

The Trojan Arts will do't, when others fail.

A woman barefoot with her hair untied,

And naked breasts must walk as if she cried,

And after Venus sports she must surround

Ten times, the garden beds and orchard ground.

When she hath done, 'tis wonderful to see,

The Catterpillers fall off from the tree,

As fast as drops of rain, when with a crook,

For Acorns or Apples the tree is shook.

They touch not Plants that are besprinkled with Wine. Theophrast. They presently dye with the smoke of the herb Psora. Aetius. Hence it appears (saith Silvius) that the vulgarly called Scabious, is not Psora. The Cabbage is free from Catterpillers, if it be fenced with Vetches. The Worms found in Fullers Teasels, make them fall if they but touch the Cabbage Catterpillers. Pliny. Strew your Cabbage with Nitre, or salt earth, whilest it hath lost but three leaves, or strew it with ashes, and by the saltness of it, it will drive away Catterpillers.Geopon. Palladius in this matter prefers the Fig-tree ashes. If Crabs or river Crevish, were hanged up and exposed to the Sun for ten daies, they will drive Catterpillers from Pot herbs.Cardan out of Palladius. Others wet the seeds just before they set them, in the bloud of a Catterpiller, or the juice of Marjoram, to free them from Catterpillers. A sea Onion set or hung in a garden, hinders the Catterpillers from breeding. Some sow Mints, others Vetches, others Wormwood about their gardens to drive away Catterpillers. Some not without cause, have Coleworts and Garlick leaves in ther gardens, by the fume whereof spread every way the Catterpillers fall down. Palladius, where any man may easily read of many remedies against them. If a Horse devour them, swel∣lings arise, the skin of him grows dry and hard, his eyes hollow, saith Herocles, and he prescribes this remedy: You must take the sharpest Vinegar and Nitre three quarters of a pint, Vitriol a fourth part; mingle them and anoint the Horses body, be careful that it enter not into his eyes. Now we shall speak of the use of them in Physick, and in the Common-wealth. The Catterpillers web and covering (like to silk) being drank stops a womans courses. Math. If it be burnt and put into the nostrils, it stops bleeding at the nose. The Catterpiller feeding on Privet, doth not only in a strange manner allure the Carp, if it be put on the hook for a bait, but also the dung of it put into the nostrils, presently helps the falling sickness in women, that proceeds from the Matrix, as I was told by a Midwife that was very experienced, and worthy to be believed. The Catterpillers that are upon Spurges (in the opinion of Hippocrates) are very good for purulent wombs, especially if they be dried in the Sun, with the double weight of dunghil Worms, and adding a little Anniseed, bringing them into powder, and infusing them in the best white Wine, and so giving them to drink. But heaviness following in the belly with numbness, let the Pa∣tient drink a little water and honey after it. Hippocrat. lib. de superfoet. prescribes those ordina∣ry Catterpillers that are in troops to be given in drink against the Quinsey. Dioscor. lib. 1. cap. 90. But unless they do profit by their secret quality, I think they are to be rejected for their open quality, especially in that disease. The Germans know that the hairy Catterpiller dried and pow∣dered, stops the flux of the belly.Nicander also useth them to procure sleep: for so he writes. And Jeremy Martius thus translates him:

Stamp but with oyl those Worms that eat the leaves,

Whose backs are painted with a greenish hue,

Anoint your body with't, and whilest that cleaves,

You shall with gentle sleep bid cares adieu.

There are in prickly and hairy plants, such as the Nettle is, some downy and hairy Catter∣pillers, by tradition are held to cure children, when they cannot swallow their meat for straight∣ness

of their jaws. A Catterpiller that lives on Pot-herbs being bruised and anointed where a Serpent hath stung, is very good. Avicen. If you rub a rotten tooth often with a Cabbage Catterpiller, it will soon fall out of it self, saith the same Author. Catterpillers mingled with Oyl, drive away Serpents. Dioscor. If you anoint your hands or other parts with the same Oyl, it will keep them from being hurt by Wasps or Hornets. Aetius. Pliny citeth many superstitious things from the opinion of Magicians concerning the vertue of Catterpillers; which because I see they are cast forth of the Schools of Divines, and I in my judgement do secretly disavow them, I will not repeat them here. They are meat also for divers Birds that we eat, and are useful for us, as namely Choughs, Starlings, Peacocks, Hens, Thrushes, to say nothing of Trouts, Robbin∣red-brests, Tenches, Carps, Pikes, which are easily deceived by a Catterpillar bait. And if you desire to know the waies of deceiving them; see Terentinus in Geopon. who is there (that I may not overpass the Physick of the soul given by Catterpillers) that hath not sung of Gods mer∣cies shewed to the wandring Israelites, when all Egypt swarm'd and was even drowned with the deluge of them? Also amongst the Romans there was twice in one Summer such a cloud of Catterpillers, Anno 1570. that put them in great fear, for they left no green thing in their fields, but devoured all. Though the fruitfulness of the next year did blot out the memory of this grie∣vous punishment, yet we may not doubt but it put many of them in minde to lead better lives. God grant that we may escape by being corrected in the punishment of other men. Let us think no creature of God to be contemptible, for God can, if he please, make the smallest the greatest judgement.

 

[Illustration]
Le premier de la Urchin. Catterpillers hath un corps à damiers, varié avec du noir et jaune; les poils épineux semblent jaune, quand il se transforme en une Au couleur cendrée | tomne vient Aurelia.
La seconde est parfaitement comme un Urchin, la moitié du dos, à savoir le premier semestre, est noir de jaune, ce dernier est blanc du jaune, elle n'a piqûres très forte et épaisse, de couleur grisâtre.
Nature a peint la cendrée Catterpiller ronce noire, sur les deux côtés avec trois crêtes d'une couleur jaune pâle: les poils sont ve | ry mince, et tout à fait noir.

SOURCES ET LIENS.

MOFFET (Thomas), 1634, Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. London: Thomas Cotes pour Benjamin Allen, 1634. 

Ancre http://biodiversitylibrary.org/item/123182#page/11/mode/1up

— MOFFET,(Thomas), 1657 The Theater of Insects, in   The history of four-footed beasts and serpents describing at large their true and lively figure, their several names, conditions, kinds, virtues ... countries of their breed, their love and hatred to mankind, and the wonderful work by Edward Topsell ; whereunto is now added, The theater of insects, or, Lesser living creatures ... by T. Muffet ​

Ancre https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/958/mode/2up

Ancre Texte en ligne : http://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:16.2?rgn=div2;view=fulltext

— Identification des chenilles :

http://www.european-lepidopteres.fr/Galerie-Chenilles-Heterocere.html

 — GEOFFROY (Etienne-Louis), 1762, Histoire abrégée des insectes, vol. 2. 

— JONSTONUS (Joannes), 1650-1653, Historiae naturalis de quadrupetibus libri : cum aeneis figuris; [Historiae naturalis de serpentibus libri II ; Historiae naturalis de insectis libri III ; Historiae naturalis de exanguibus aquaticis libri IV ; Historiae naturalis de piscibus et cetis libri V ; Historiae naturalis de avibus libri VI] Francofurti ad Moenum :Impensis haeredum Math: Meriani, MDCL-MDCLIII

http://www.biodiversitylibrary.org/item/150732#page/58/mode/1up

Voir aussi Edition de 1657 Schipper, Amstelodami 

— LINNÉ (Carl) 1758 Systema naturae Dixième édition :

http://www.biodiversitylibrary.org/page/727383#page/513/mode/1up

LINNÉ, 1 746, Fauna suecica,

http://biodiversitylibrary.org/item/129804#page/302/mode/1up

— LINNÉ (Carl) 1767 Systema naturae Douxième édition

http://www.biodiversitylibrary.org/page/25848844#page/256/mode/1up

RAY (John), 1710, Historia insectorum.

http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/10430#/summary

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 12:03

Les papillons décrits dans le Theatrum insectorum de Thomas Moffet (1634) et dans son édition anglaise par Edward Topsell (1658).

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Dans le cadre de mes recherches sur l'histoire des noms des papillons (mes 89 articles de zoonymies des rhopalocères), de leur iconographie (mes articles sur Joris Hoefnagel puis sur Claude Aubriet ), sur leurs collectionneurs et descripteurs (Aldrovandi, Petiver, Geoffroy, Engramelle, Godart, Oberthür ), sur leur signification symbolique et leur présence dans l'art, j'ai accumulé plusieurs centaines d'articles accessibles sur ce blog en utilisant le bouton "recherche" ou en consultant cette liste :

Tous mes articles sur les papillons

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Cet article vient compléter ce travail. Mais son ampleur m'impose de me contenter d'une esquisse. Le texte latin a été rapidement traduit en anglais (1658), sans difficulté (mais pas toujours sans infidélité) à une époque où les lettrés maniaient facilement le latin. Mais le Theatrum insectorum n'a jamais été traduit en français. Je tente maladroitement cet exercice ici, pour la partie traitant des Papillons, mais les difficultés rencontrées et non surmontées sont telles que ma copie n'obtiendra même pas la moyenne. Incitera-t-elle un amateur à me corriger ?

De même, George Thomson a donné des chapitres consacrés au Papillons du Théâtre des Insectes une remarquable édition en anglais en 2000 et 2012, mais l'étude du Theatrum de Moffet avec l'identification précise des espèces de Lépidoptères et de leurs chenilles n'avait pas encore été proposée en français.

Enfin, mon but a été aussi de mettre ces identifications et ces travaux à la disposition des internautes (la publication de Thomson en 2000, tirée a 500 exemplaires numérotées, n'autorise pas la consultation par prêt entre bibliothèques).

Je compte sur votre indulgence.

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PRÉSENTATION.

 

a) Abrégé biographique et bibliographique.

Voir Dictionary of National Biography, 1885-1900, Volume 38 par Sidney Lee

 

Thomas Moffet (1552-1604), dit aussi Moufet ou Muffet, est un médecin et naturaliste anglais de conviction protestante, né vers 1552 à Londres et mort le 5 juin 1604 à Wilton dans le Wiltshire.  C' est un fervent adepte des doctrines de Paracelse (1493-1541), qui ne se résument pas à leurs aspects ésotériques (théorie des signatures, alchimie, astronomie), mais qui mettent à l'honneur  l'examen direct de la nature (plantes, minéraux, animaux) et l'expérimentation, en tournant le dos à la compilation des textes antiques. Après des études à Trinity College de Cambridge avec  Peter Turner, Timothy Bright, et Thomas Penny, qui se sont tous distingués dans la science médicale, il a voyagé à l'étranger, il a assisté à des conférences médicales de Félix Plater et de Zwinger (acquis à la médecine de Paracelse après s'y être opposé),  a obtenu  en 1579 son doctorat de médecine à Bâle, ville où il fit imprimé ses deux recueils de thèses: l'un de 32 pages  intitulée   De Anodinis Medicamentis, (1578), une critique de l'antiparacelscisme trop formel de Thomas Erastus,   et l' autre de 24 pages en mai 1578  De Venis Mesaraicis Obstrvctis ipsarvmqve ita affectarum Curationeavec une dédicace à  Pientissimo et Clarissimo viro Thomas Penny.

Après avoir obtenu son diplôme, et avoir exercé à Francfort,  Thomas Moffet se rend en 1580 en Italie et en Espagne et y étudie l'anatomie des vers à soie, et l'entomologie. Il est ensuite à Nuremberg et à Francfort. Il rentre définitivement  en Angleterre en 1582, et en 1588 il exerce la médecine d'abord à Ipswich et ensuite à Londres. Le 22 décembre 1588, il a été admis en tant que candidat du College of Physicians, puis est devenu membre. En 1589 il a été nommé à un comité responsable de l'élaboration de la Pharmacopoeia Londinensis (1618) pour le College of Physicians,  l'Ordre des médecins.

Je dois maintenant présenter Thomas Penny, l'ami et confrère de Moffet.

Médecin anglais  passionné par l'histoire naturelle, Thomas Penny (c. 1532-1588) commença à étudier la botanique avant de se tourner vers l’entomologie. Il fit plusieurs longs voyages sur le continent et rencontra à Zurich le monstre d'érudition et professeur d'histoire naturelle Conrad Gessner  en 1565, peu de temps avant la mort de ce dernier. Il obtint de lui un certain nombre d’illustrations et de notes manuscrites sur les insectes. Il étudia la physiologie des plantes à Orléans avec Natalis Caperon, il visita Montpellier en 1566 et se lia d'amitié avec Matthias de L'Obel qui y avait obtenu son diplome de médecin. Il alla ensuite à Paris ; il rencontra Jean Bauhin, qui s'installa à Lyon en 1563. Il se rendit aussi à Majorque

 

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 Il retourna en Angleterre où il commence à exercer la médecine à Londres. Il devint un proche ami de Thomas Moffet (1553-1604) : ils avaient tous deux étudié à Cambridge et s’intéressaient aux insectes.  Penny consacra ses quinze dernières années à accumuler des observations qui seront reprises dans le Theatrum Insectorum de Thomas Moffet. Penny reçevait également diverses contributions et illustrations de ses correspondants en Europe comme Matthias de L'Obel (Lobelius) Charles de l'Écluse ou Clusius (1525-1609) qui l’informe sur les abeilles, Jean Bauhin (1541-1613) qui explique l’origine des scorpions à la fois par la reproduction sexuelle et la génération spontanée, et Joachim Camerarius le Jeune (1534-1598) qui lui envoie une illustration de coléoptère et avait reçu de Penny de nombreuses plantes. La mort l’empêcha de mener à bien son projet d’écrire une Histoire naturelle des insectes et il laissa ses notes à Moffet. 

Thomas Moffet et Thomas Penny résidaient à Lime Street parmi les  maisons de commerçants aisés et appartenaient à la communauté scientifique, éprise de recherches et de collections en botanique et zoologie, dont cette rue était l'épicentre à l'est de Londres, allant de Fenchurch Street au sud à Leadenhall Street au nord. Penny y possédait un "Jardin sec", ou Hortus siccus, c'est à dire une collection de spécimens botaniques de plantes séchées entre des feuilles de papier, selon la mode lancée par Luca Ghini dans le premier jardin botanique d'Europe, celui de Pise.

Luca Ghini et son herbier ou hortus siccus, publié en 1544.

 

Il y conservait aussi   sa collection d'insectes et de dessins ou illustrations en couleurs d'insectes. Moffet y était fier de son "Entrepôt d'insectes", où il conservait ses spécimens les plus rares, comme le criquet africain que Pieter Quickelberg lui adressa d'Anvers. 

[Quickelberg ? Oui, le fils du médecin Samuel Quickelberg (1529-1567), bibliothécaire du banquier Anton Fugger, collectionneur en tous genres, celui qui organisa le travail de rédaction des luxueux manuscrits de musique du duc de Bavière : les Motets de Cipriano de Rore et les  Psaumes pénitentiels de Roland de Lassus  enluminés par  Hans Mielich...le prédécesseur de Joris Hoefnagel à Munich. Le monde dans lequel nous évoluons ici est tissé de liens étroits, aussi étroits que ceux qui rapprochent la communauté anversoise en exil en raison de son protestantisme avec les protestants de Londres.]

Ils avaient comme voisins à Lime Street James Cole, gendre de Matthias de l'Obel et, comme  neveu d'Abraham Ortelius (un ami d'Hoefnagel), héritier de ses collections. James Cole possédait deux cabinets de curiosité. Charles de l'Ecluse, qui avait résidé dans ce quartier, mais vivait maintenant à Vienne,  adressait à Penny des  illustrations d'une Mante religieuse de Grèce, ou de magnifiques papillons.... L'apothicaire James (Jacob?) Garret  faisait venir des plantes et des remèdes des Indes de l'Est et de l'Ouest,, Matthias de L'Obel avait connu Penny lors d'un bref séjour à Montpellier.

Si Lime Street était bien connu comme le site de l'une des grandes communautés intellectuelles de l'Angleterre, la plupart des membres de cette communauté étaient pas vraiment anglais. Les hommes éminents de la communauté, y compris Mathias de L'Obel, James Cole, et James Garret étaient tous des «étrangers», ou les immigrants à l'Angleterre (Harkness 2007: 21), avec un important contingent protestant flamand qui avait fui les persécutions religieuses et le sac d'Anvers par les Espagnols. Bien qu' ils ont fait d'importantes contributions à la communauté qu'ils étaient encore traités comme des étrangers par quelques Anglais dédaigneux comme l'anglais chirurgien-barbier John Gerard (Harkness 2007: 17). Malgré le souhait de nombreux Londoniens pour une science «anglaise», la communauté scientifique dans son ensemble a été de plus en plus cosmopolite (Harkness 2007: 18). 

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La République des Lettres et Lime Street.

Toute cette communauté de Lime Street vivait dans une effervescence de curiosité et d'échanges et était intégrée à un vaste réseau national et européen, la République des Lettres, une "confédération lâche de chercheurs et d'intellectuels qui ont enjambé le continent européen et se sont même  propagé aussi loin que l'Asie, l'Afrique et du Nouveau Monde" (Datson, 2006). Voici le lien vers une carte interactive des membres de cette République des Lettres : 

https://www.zeemaps.com/map?group=224572&add=1​

Ainsi, c'est de Moscou que le chirurgien Edward Elmer adressa à Penny  une mouche à ailes dorées, puis à Moffet un Scarabeidé de Russie. "Bauchinus"  adressa à Penny une expérience faite à Paris sur le Basilic , une forme de scorpion (Caspar Bauchinus, 1560-1624  plus connu sous le nom de Bauhin, et son frère Jean. Bauhin est l'auteur d'un Theatri Botanici, ou Pinax). Des dessins ou des spécimens parvinrent de Normandie, d'Italie, d'Espagne, de Genève, de Guinée, d'Afrique, du cap Saint-Augustin en Inde 

Parmi les correspondants de Thomas Penny, citons Sir Edmund Knyvet, d'Ashwellthorpe, dans le Norfolk, et son fils Thomas (1539-1618), qui possédaient un musée privée où ils amassaient leurs collections. Leur bibliothèque était riche de quelques 1400 livres et 7 manuscrits, d' architecture, de géographie, mais surtout de botanique et de médecine, ainsi que des livres illustrés d'histoire naturelle. Selon J. Neri, pour Knyvet comme pour Aldrovandi, Penny et Moffet,  les interrelations entre les images et les spécimens étaient centrales pour la compréhension du monde des insectes.

La Liste des Auteurs cités dans le Theatrum occupe trois pages, soit plus de 400 noms.

 

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L'édition du Theatrum insectorum.

Le Theatrum insectorum de Thomas Moffet est le premier livre d'entomologie publié en Angleterre, et le second livre publié en Europe sur ce sujet après De animalibus insectis libri septem d'Ulisse Aldrovandi en 1602.  Il pourrait être plus juste de l' attribuer à Thomas Penny.

 

Partiellement compilé à partir des écrits d'Edouard Wotton, de Conrad Gessner et de Thomas Penny, le traité abondamment illustré de Moffet était le meilleur ouvrage du genre au moment de sa parution : il a analysé systématiquement les habitudes, l'habitat, l'élevage et de l'importance économique des insectes, et a établi un nouveau niveau de précision dans l'étude des invertébrés. Le travail a une histoire complexe. Lorsque le suisse Conrad Gessner est mort à Zurich en 1565, il a laissé dans ses papiers un livre inachevé sur les insectes, qui a été finalement vendu à son assistant le médecin anglais Thomas Penny. Penny a également acquis les notes entomologiques de Edward Wotton, et avait fait progresser l'ensemble  en combinant les informations de Gessner et Wotton avant sa mort dans le manuscrit de 1589. A sa mort, Penny passa le manuscrit et ses propres notes à son voisin et ami Thomas Moffet. Mais la nièce de Penny aurait maltraité le précieux texte, et dilapidé les lettres, imposant à Moffet un gros travail de reconstitution. Dans sa préface, il déclare avoir rédigé la partie historique, avoir fourni 150 illustrations inconnues de Penny et de Gessner ;  il se targue aussi d'avoir introduit la méthode et l'art oratoire qui manquait à Penny, d'avoir corrigé toutes les grossièretés de style, les centaines de tautologies et les détails triviaux. Parmi ceux-ci figurent peut-être les indications de date et de lieux de capture, qui nous seraient si précieuses. qui en acheva la rédaction et fit gravé un frontispice  (datée de 1589)  par William Rogers. L'ensemble fut probablement prêt à être imprimé vers 1589 (ce qui en ferait effectivement le premier traité d'entomologie). Les démarches débutèrent pour en obtenir l'impression à La Haye, mais elles ne purent aboutir, sans-doute en raison de la faiblesse du marché londonien pour les ouvrages de sciences naturelles.

Il a obtenu la permission de l'imprimer à la Haye le 24 mai 1590, et a écrit une dédicace élaborée à la reine, mais des retards suivirent . Lorsque Jacques Ier monte sur le trône anglais, Moffet lui a écrit une nouvelle dédicace . 

Les occupations de Moffet ne lui laissèrent pas le temps disponible, car  son patron, William Herbert, 3e —ou 4e— comte de Pembroke, fut nommé membre du Parlement. Moffet le suivit à Wilton en 1592 comme second médecin du comte. En 1599, il  dédicaça à la comtesse un poème sur les vers à soie, The Silke Worms and theirs Flies, combinant ainsi  de réelles aptitudes littéraires  avec ses intérêts pour l'histoire naturelle    A la mort de Thomas Moffet, l'ouvrage était toujours sous sa forme manuscrite. Le manuscrit est resté dans la famille de Moffet pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que Darnell, le pharmacien de Moffet le vende  à Sir Theodore Turquet de Mayerne, un médecin huguenot établi à Londres en 1611, qui le publia en 1634. Pour réduire les coûts, les bonnes illustrations gravées furent remplacées par 580 médiocres gravures sur bois (sans les références numérotées du manuscrit) et sans le frontispice gravé de Rogers.

 

Un manuscrit conservé.

Le manuscrit original en latin avec ses 1200 folios, ses 500 dessins aquarellés et les deux dédicaces adressées respectivement à Elizabeth et James I, est conservé par la British Library dans la collection Sloane Ms 4014 . Il a été consulté par George Thomson (2000, 2012) pour son édition critique du De papilionibus.

 

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Premiere publication en latin en 1634.

Thomas Moffet Insectorvm sive minimorum animalium theatrvm : olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaqve Pennio inchoatum / tandem Tho. Movfeti Londinâtis operâ sumptibusq[uae] maximis concinnatum, auctum, perfectum: et ad vivum expressis iconibus suprà quingentis illustratum. Londini : Ex officinâ typographicâ Thom. Cotes. Et venales extant apud Benjam. Allen, in diverticulo, quod anglicé dicitur Popes-head Alley.1634.

L'imprimatur (page 326) en a été délivré le 4 décembre 1633 : folio 2v "Recensui hunc tractatum, ... quo minùs cum utilitate publicâ imprimantur, ità tamen, ut si non intra septem menses proximè sequentes typis mandentur, haec licentia sit omnino irrita. Ex aedibus Lambithanis 4. Decem. 1633. Guliel. Bray."

 

Il existe trois versions successives, ou concommitante selon Thomson :

-celle éditée par Benjamin Allen (avec la mention citée supra). La page 46 y est indiquée "52" par erreur. Benjamin est un libraire londonien établi à Pope's head Alley qualifié ici de "diverticulo", un deverticulum étant un "chemin écarté" . Son enseigne serait The Flower de Luce, ou celle de The Crown. Actif de 1632 à 1637, en 1645, .

-celle éditée par William Hope avec la mention "Guiliel. Hope, ad insigne Chirothecae, prope regium Excambium", 1634. Son enseigne tire son nom d'une chirothéque, nom médiéval du gant, encore utilisé pour les gants épiscopaux. Cette librairie se situait "près du Change royal".  L'erreur de pagination signalée supra est corrigée, sauf sur l'exemplaire de Glasgow.

-une troisième, plus rare, sans nom de libraire, avec la seule mention de l'imprimeur Thomas Cotes.

 

 

Thomas Cotes (mort en 1641) était un imprimeur  londonien  surtout connu pour l'impression de la deuxième édition des pièces de Shakespeare de 1632. Il fut un  important éditeur de textes du théâtre anglais de la Renaissance, et de poésie (édition par John Benson  des poèmes de Shakespeare en 1640). A partir de 1635, il était associé  avec son frère Richard Cotes . Leur boutique se situait dans le Barbican à Aldersgate Street. Ses compétences en histoire naturelle sont donc minimes.

L'ouvrage contient :

  • Le frontispice
  • 9 pages de dédicace (Epistola) de Théodore de Mayerne à Guilhelmo Paddy (Sir William Paddy, médecin du roi Jacques Ier).
  • un Index des titres des chapitres.
  • 4 pages d'introduction (Praefacio)
  • 3 pages donnant la liste des auteurs cités.
  • 326 pages de texte et gravures,
  • et 4 pages de gravures complémentaires (dont 4 papillons).

 


 

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Edition en anglais en 1658 par E. Topsell.

Une traduction anglaise par John Rowland fut publiée en 1658 par E. Cotes à la suite de la seconde édition d'une compilation des écrits de Conrad Gessner sur les serpents et les dragons, par Edward Topsell . C'est donc sous le titre de The History of four-footed Beasts and Serpents : whereunto is now added the Theater of Insects by Thomas Muffet en trois volumes, qu'il faut chercher le Theater of Insects qui forme  le troisième tome. Cela explique que je l'ai longtemps cherché en vain.

On ne sait pas grand-chose du traducteur, John Rowland. C'était un médecin, puisque la page de titre indique  “J.R. M.D.”. On ne lui connaît pas de compositions originales, mais on le  considère comme  le traducteur de deux autres traités, An History of the Wonderful Things of Nature et  An History of the Constancy of Nature, tous les deux du naturaliste John Johnston,  et tous les deux imprimés parJohn Streater en 1657. Dans l'épître dédicatoire adressée à Edward Montagu, deuxième comte de Manchester, qui introduit l'ouvrage précédent, Rowland rapporte qu'il "était  étudiant  à l' Eaton Collegde, " and that I once hade the happinesse to be domestick Servant unto your Honours Noble Father” .

Le traducteur de Moffett John Rowland reste obscure. Lui aussi était un médecin:  L'histoire de la page de titre lui enregistre comme «JR  MD" Rowland est pas connu pour avoir écrit des compositions originales, mais il l'a fait traduire deux traités plus,  Une histoire de la merveilleuse choses de la nature  et  Une Histoire de la constance de la nature, à la fois par le naturaliste polonais John Johnston, tant imprimé par John Streater en 1657. 

 

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Le frontispice initial (1589) par William Rogers (1545-1610). 

Le titre est inscrit dans un médaillon central entouré par quatre portraits. CONRAD GESNERVS tient le haut du pavé. THOMAS PENNIVS ANG. est à droite, l'index en marque-page dans un livre. Le médecin et naturaliste britannique EDOARDVS WOTTONVS (Oxford,1492-1555) est à gauche. C'est, selon M.A. Salmon, le premier qui étudia scientifiquement les insectes, et il est l'auteur du livre IX de De differentis animalium (1552). Enfin THOMAS MOFFETVS ANGL. est, modestement,  en bas.

Outre l'architecture à colonnes et fronton, on peut décrire de nombreuses allusions à l'entomologie. En haut, deux ruches entourées d'abeilles  (de ces ruches sortent des fleurs, Fritillaires et Lis martagon peut-être) Deux têtes de chien encadrant le portrait de Gessner ; une chenille de Sphingidae, et un papillon de nuit. A peine plus bas, deux chrysalides, celle de droite laissant s'échapper l'imago. 

Dans le tiers inférieur, deux chenilles grimpent le long des parois; Celle de droite, velue, évoque celle des Acronictinae, et, pourquoi pas, celle de Moma alpium.

Enfin, si nous traçons une ligne entre ces deux chenilles, nous découvrirons à gauche un papillon, dans le cadre du titre une sauterelle, et à droite une araignée suspendue à son fil. 

Une petite énigme : à qui sont les armoiries placées à gauche ? A Jacques Ier ?

Janice Neri 2011 a mis en évidence le fait que, sur ce frontispice, les ruches à fleurs du coin supérieur proviennent directement des vases de fleurs du recueil de gravures de Jacob Hoefnagel paru en 1592 sous le nom d'Archetypa studiaque  et qui diffusent les peintures de son père l'enlumineur anversois Joris Hoefnagel. Celui-ci est le premier à dessiner la nature, et plus particulièrement les insectes, avec une fidélité scrupuleuse et presque microscopique à l'égard du modèle naturel, et on a pu parler à son sujet de "naturalisme scientifique", contrastant avec les à peu près des illustrations antérieures, contaminées par la croyance en des créatures fabuleuses et l'incapacité à faire la part de l'imagination et de la fantaisie. C'est aussi des Archetypa d'Hoefnagel que proviennent le papillon, la sauterelle et l'araignée. 

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British Library Sloane Ms 4014 fol. 3

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Le frontispice de 1634.

Le titre précédent (Insectorum Theatrum ) devient Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum, le Théâtre des Insectes ou Plus Petits Animaux.

Il n'est pas indifférent que l'ouvrage soit qualifié de Théâtre. Cela fait éventuellement référence au théâtre élisabéthain (puis jacobéen et caroléen) avec sa production foisonnante (plus de 1500 pièces) et aux principaux dramaturges comme Shakespeare, Ben Jonson ou John Fletcher. Ou bien  à "The Theatre",  première salle de théâtre de Londres construite en 1567, et qui sera suivie en 1599 par le Théâtre du Globe. Mais il signifie surtout deux choses :

a) que la Nature est une scène où tous les acteurs méritent d'être l'objet de notre curiosité, y compris les plus petits.

b) que l'ambition des auteurs est de pratiquer une science qui ne se contente pas de compiler les textes de l'Antiquité, ni seulement de collectionner et de classer les espèces vivantes, mais qui souhaite les montrer, les exposer comme des entités dont chacune mérite d'être examinée. La valeur du spécimen réel prime sur la citation d'un auteur antique, et ce spécimen devient un objet de science communicable par l'illustration qui en est faite, pour peu que celle-ci soit fidèle à son modèle. C'était là le Credo des naturalistes de la communauté de Lime Street  : ils croyaient en la valeur de preuves empiriques, de l'observation, du  travail sur le terrain, mais par dessus tout en la valeur du spécimen ou de l'équivalent médiatisable de celui-ci, l'illustration scientifique. La démonstration  ne pouvait se dispenser de la monstration.

Ce titre est suivi de la mention "olim ab", inversion de l'adverbe ab olim "autrefois ; de longue tradition" et qui précède la liste des auteurs qui ont nourri ce Théâtre de leurs travaux, Edoardo Wottono, Conrado Gesnero et Thomas Pennio. Inchoatum ("en commençant").

Je traduis par : "Théâtre des Insectes ou plus petits animaux, Débuté autrefois par E. Wotton, C. Gessner et T. Penny ..."

Tandem Tho. Moffet Londinatis operam sumptibusque ; maximis concinnatum, auctum, perfectum ; et ad vivum expressis iconibus quingentis illustratum

..."Et enfin [achevé] par les soins et les dépenses de Thomas Moffet de Londres [qui l' a ] assemblé, augmenté et  perfectionné ; et  a présenté ces insectes sous leur vivante expression par  plus de 500 illustrations ".

Sous ce titre, l'illustration place au centre, dans un cadre à part, la ruche de paille tressée en forme de pain de sucre, qui tient ici  une place emblématique pour l'entomologie. Sept abeilles sont figurées autour d'une abeille centrale.

Autour du cadre courent onze formes animales dont un scorpion et une araignée, qui font alors partie des "insectes". Les lépidoptères sont mis en valeur avec une chenille, décrite page 184 comme chenille du peuplier noir,  et un papillon adulte, identique au neuvième des Petits papillons diurnes de la page 106 ; la "chenille" du bas est le scolopendre illustré au chapitre VIII du Livre II page 199 .


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Réception.

 Les jugements sur l'œuvre de Moffet furent parfois sévères. Martin Lister (1638-1712) écrira à John Ray (1627-1705) en 1667 :

«  De lui [Moffet], on aurait pu s'attendre à ce que tout soit brillant et parfait, car il a eu des contributions de si grands assistants, de si grands noms comme Wotton, Gesner, de l’Écluse, Penny, Knivett, Bruer et d'autres. En fait, tout le Theatrum est composé avec une telle confusion, un tel manque d'ordre, que Moffet semble n'être qu'un très pauvre compilateur des matériaux réunis par d'autres, en faveur desquels il n'exprime aucune gratitude. En réalité, il était presque totalement ignorant du sujet, ce qui ressort d'une façon cruelle. »

Pourtant, Jonston compilera ses gravures avec celle de son prédécesseur Aldrovandi sous forme de planches . James Petiver recherchera et notera les références correspondants aux insectes de ses collections dans son Musée et son Gazophylacii, de même que John Ray en 1710 dans son Historia insectorum, et Linné dans sa Fauna suecica puis son Systema Naturae de 1758. En France, Geoffroy reprendra ces références dans son Histoire abrégée des insectes de 1762, à Vienne Denis & Schiffermüller citeront son Theatrum pour leur Catalogue de 1775, mais on peut abréger cette liste et dire qu'aucun naturaliste entomologiste n'a négliger de confronter ses travaux et ses spécimens aux gravures de Moffet.

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La place des papillons dans le Theatrum insectorum.

Cet ouvrage est formé de deux Livres, dont le premier comporte 29 chapitres et le second 42 chapitres.  Les papillons occupent le chapitre 14, De papilionibus, du livre I, dans les pages 87 à 107. Les chenilles sont traitées à part, dans les cinq premiers chapitres du Livre II, pages 179-193.

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Le chapitre XIIII De papilionibus débute par un paragraphe philologique qui mentionne le nom des papillons dans douze langues différentes, et cite ensuite, selon l'usage établi, divers auteurs de l'Antiquité.

Les descriptions débutent page 89 par les Phalènes (41 au total) et, en premier par les 18 Grands Phalènes ( Maxima Phalena) de la collection de Thomas Moffet. On en suit l'énumération par les séries Primo, Secunda, Tertia, etc... au début du paragraphe descriptif qui les concerne. Les Diurnes viennent ensuite, classés aussi en trois formats. On trouve ainsi :

  • 41 "Phalaena" = Papillons de Nuit : 18 Grands, 17 Moyens, 6 Petits.

  • 38 "Diurnae papiliones" = Papillons de Jour : 15 Grands, 13 Moyens, 10 Petits.

...soit une collection de 79 espèces.

Le décompte de George Tompson est différent, puisqu'il recense 82 "formes", correspondant à 56 de nos espèces : 30 hétérocères, 25 rhopalocères, 1 espèce non identifiée. Il note que parmi ces 56 espèces, 5 seulement n'appartiennent pas (ou plus) à la faune actuelle de Grande Bretagne : deux nocturnes (Saturnia pyri et Eucharia festiva) et trois diurnes (Parnassius apollo, Iphiclides podalires et un papillon américain, Papilio glaucus)

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J'emprunte les planches au site Biodiversity Heritage Library, et à l'édition latine, mais je citerai, ou je consulterai le texte anglais de la version de 1658 mise en ligne par archive.org. et Earl English Book. J'ai remplacé ce texte par ma traduction en français lorsque j'en ai eu le courage ou le temps. J'ai souvent traduit alae exteriores par "ailes antérieures" et alae interiores ou intima par "ailes postérieures" et, de façon plus discutable, scapulum (traduit en anglais par shoulders) par "thorax".

Les identifications d'espèces sont celles qui ont été proposées dans la littérature, notamment par Petiver et Ray, puis par Linné en 1758, Geoffroy en 1762,  et par Thomson en 2000 . Les noms scientifiques et les noms vernaculaires sont —bien-sûr—  les noms actuels.

Outils :

http://biodiversitylibrary.org/item/123182#page/11/mode/1up

https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/958/mode/2up

 

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LES 18  GRANDES PHALÉNES.

 

Page 89.

Ligne 12 : Phalaenae omnes sunt vel admodum magnae,  vel exiguae  : "Les phalènes sont soit très grandes soit très petites". 

-n°1  Acherontia atropos (Linnaeus, 1758) Sphinx à tête de mort. Identifié par G. Thomson. Vue dorsale et vue ventrale. 

 

Le ventre et l'intérieur des ailes des plus grandes Phalènes sont entièrement de couleur sable. Les yeux apparaissent bleus, la tête fortement noirâtre; entre les yeux sortent deux antennes assez sombres, de couleur brun rouge, avec des lignes noires torsadées comme une corde. Sur les épaules il y a une espèce de  rouleau  couleur sable : d'où part une tache noire en croix filant vers les épaules. Le corps, si vous en regardez le dos est d'un bleu azur, mais si vous regardez son ventre, il est d'une couleur sable. Les deux ailes extérieures [antérieures] sont très grandes et  leur couleur rivalise avec celle de l'aigle, étant couvertes de diverses taches arrondies noires et blanches ;  les ailes intérieures [postérieures] sont beaucoup plus petites, jaunâtres , orné à l'intérieur de diverses stries  et de taches sombres; elle a des pattes  musclées et fortes, entièrement d'une couleur sombre, et dont les extrémités sont  fourchue et noires. Elle vole avec un grand bruit, et étant aveugle dans la nuit, elle poursuit goulûment le bois pourri, les écailles de pisson et autres déchets du jardin [?]. Comme les grands tyrans qui dévorent et spolient leurs sujets, de même ce papillon nocturne frappe et détruit les papillons diurnes en cachant ses ailes sous les feuilles. 

Commentaire : ce papillon était déjà(*) décrit en 1602 par Aldrovandi (De Papilionibus, Pl. 1 in De insectis libri 2, page 237 fig.3). Bien que la gravure en soit médiocre – mais assez proche de celle-ci — il écrit à son propos page 236  "in tergore, macula, humanum quodam modo cranium, anterius experimens" : "dans le dos, des taches réalisent à peu près la forme d'un crâne humain vu de face". Aldrovandi en donnait aussi la chenille. 

(*) Certes avant la publication du Theatrum de Moffet, mais après la rédaction du manuscrit.

 

Ce papillon avait été peint, de profil,  dès 1330-1340 dans le Codex Cocharelli.

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Page 90.

—Phalène 2 : "Regina Papilionum". Vue dorsale et vue de profil pour le dessous des ailes . Saturniidae,  Grand Paon de Nuit Saturnia pyri (Denis & Schiffermüller, 1775).

 "Le deuxième Phalène de première grandeur, bien qu'il soit plus petit en grosseur de thorax que le précédent, le dépasse de loin par le luxe et la magnificience de ses couleurs ; et Nature a du dépenser pour l'orner toute son échoppe de peinture. Et elle a considéré le précédent comme le Roi des Papillons, c'est à dire fort, vaillant, sombre, rayé,et celui-ci  pour la Reine, délicate, tendre, fine, toute parée de perles et de pierres précieuses, revêtue de broderies et de travaux d'aiguilles ; son corps duveteux comme celui d'une oie, quelque chose de doux et fourré comme la peau de martre ou de zibeline. Sa tête est petite, ses yeux proéminents, ses antennes plumeuses sont jaunes. Il a quatre grandes ailes portant chacune un œil de plusieurs couleurs : le cœur en est noir, le cercle qui l'entoure est de couleur variée avec des cercles et demi-cercles  jaune, orange-feu, blanc et noir. Les ailes extérieures sont blanchâtres de leur origine à leur extrémité, embellies par certaines veines et nervures. Leurs bordures sont décorées d'une zébrure ou un ourlet jaune foncé. Les ailes intérieures sont brunes ou porto, avec un œil comme le précédent, avec une périphérie à trois plis, le premier uni, le second festonné comme des flammes (a scollop),  et le plus externe blanc pâle, et  comme s'il était ? par un fourreur. [...]"

 

 " Celui-ci, qui a été envoyé de Vienne par Charles de l'Escluse, est de si élégante et remarquable figure, qu'il est plus facile de l'admirer que de trouver les mots pour le décrire."

Commentaire. 

- Aldrovandi avait représenté en 1602 Saturnia pyri sur la Planche 1 de son De Papilionibus page 237 d'abord sous sa forme femelle (figure 1) puis sous sa forme mâle (fig.4) . 

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— N°3 Petit Paon de nuit Saturnia pavonia femelle identifié par Thomson..

"La troisième sorte a un corps grand, velu et noirâtre. Chaque aile porte un œil, dont le centre est noir, le pourtour brun, le demi-cercle blanc. Diverses pièces des ailes ressemblent à des améthystes. Les ailes semblent au premier coup d'œil de couleur gris-cendre, puis apparaissent de couleur aquilain [fauve ou brun]. La tête est courte et petite avec des yeux noirs dont la pupille est d'un blanc remarquable, et entre ceux-ci deux courtes antennes de couleur  gris-brun. Sa chenilles est velue, et non glabre."

 

 

 

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page 91.

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-n°4. Sphingidae : Sphinx ligustri le Sphinx du Troène identifié par Thomson; Vue de profil.

La quatrième a un grande tête de couleur sombre, d'où se dressent deux antennes droites et un peu noires. Le  cou est orné de taches vermeilles, la poitrine (thorax) est velue, carrée, brunes, les épaules en partie noir anthracite, le ventre améthyste , divisés avec cinq ou six cercles noirs; les pieds sont noirs comme de la poix, les ailes d'un brun clair,remplies de longues petites veines noires.

-n°5. Sphingidae  Sphinx ligustri Sphinx du Troène, identifié par Linné S.N. p. 489.

La cinquième a une tête blanchâtre, les yeux noirs, les antennes un peu jaune, les ailes antérieures  longues, d'une couleur sale entre le blanc et le brun, les ailes postérieures étant coloré légèrement et comme en passant en rouge, les épaules très noires, le reste du corps avec des nuances roses, une ligne blanche court tout le long du milieu du ventre, divisée par sept cercles noirs. 

Commentaire : Thomson remarque qu'il s'agit soit d'un individu très usé, soit d'une vue ventrale.

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 -n°6. Sphingidae  Smerinthus ocellata, le Sphinx Demi-paon, identifié par Linné S.N. p. 489.

La sixième a la  tête et le scapulum/thorax velus, les ailes antérieures sont blanchies avec des nervures linéaires   de couleur sanguine sur fond brun ; les yeux, couleur violet [hyacinthini] ou possiblement bleu, sortent en avant de la tête ; les ailes postérieures ont  un je-ne-sais-quoi d'incarnat, avec un œil représenté dans sa partie médiane, à la pupille noir corbeau, et le contour d'un violet [iacinthino] éclatant ; le corps couleur chair flétrie et un peu fumée [infumatis signifie plutôt "bas, vile"] est divisée par six cercles noirs et bruns. 

 

-n°7. Arctiidae  Arctia caja (Linnaeus, 1758) l'Ecaille martre  identifiée par Thomson

"Le septième a les ailes  extérieures blanches avec certaines  taches brunes ici ou là  comme un tissu ondé. La nuque est ceinte comme par une peau rouge  s'étendant sur les épaules comme une fourrure. La tête est rouge, les yeux couleur perle, les antennes couleur feu. Les ailes intérieures sont d'un rouge vif rayé de noir. Les pattes rouges, le ventre entièrement de la même couleur avec sept incisures rouge sombre. "

 

 -n°8. Lasiocampidae Lasiocampa quercus Linnaeus,  le Bombyx du Chêne, mâle, identifié par Thomson.

Le huitième est presque complètement brun [Baetici coloris = couleur bétique, jaune blond ou châtain], mais les bords des ailes et la partie moyenne des antennes sont jaunes de la couleur du buis.

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Page 92.

-n°9 Lasiocampidae. Lasiocampa quercus Linnaeus, le Bombyx du Chêne, mâle, identifié par Thomson.

 

 La  neuvième est presque semblable à la précédente, mais  la partie distale des ailes tendent vers la couleur  sable (foncé). Ses antennes sont réellement  larges et retroussées, blanchâtre sur fond noir. La partie médiane des ailes antérieures  s'orne d'une tache  blanche et ronde.

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-n°10. Lasiocampidae. Lasiocampa quercus Linnaeus, le Bombyx du Chêne, mâle, identifié par Thomson .

La  dixième est semblable, mais plus grande. toute revêtue de blanc cassé, mais le milieu des ailes antérieures  est marqué avec une tache blanche, et l'œil avec une pupille très noire.

 

-n°11. Notodontidae. Phalera bucephalata (Linnaeus, 1758), le Bucéphale identifié par Thomson.

 

La tête de la onzième est bosselée, avec des antennes très grèles, le corps et la partie externe (distale) des ailes sont comme de l'argile pétrie, alors que le reste des ailes est entièrement de couleur argent foncé 

 

-n° 12. Noctuidae. Polia nebulosa (Hufnagel, 1766), la Noctuelle nébuleuse.

 La douzième apparaît vaguement cendrée, ses ailes sont ponctuées de noir, les yeux sont très noirs, avec la pupille blanche.

-n°13. Hepialidae Hepialus humuli Linnaeus, l'Hepiale du Houblon.  Identifié par Thomson.  

La treizième ne montre que de petites antennes, son corps est tout jaune, excepté les yeux (qui sont petits et noirs), et les ailes qui sont blanchâtres.


-n°14. Cossidae. Zeuzera pyrina (Linnaeus, 1761), la Zeuzène du poirier.

La quatorzième apparaît de couleurs variées, elle a des antennes à renflements de couleur noire, comme ses yeux et ses pattes. Le thorax est orné de cinq plumes blanches, avec   trois taches noires au centre. Les ailes sont blancs comme la neige, saupoudré ici et là de taches noires, jaunes et bleues : le corps  est bleu-noir, segmenté, et blanc sur les cotés extrêmes ; elle tient sa queue  en dehors ou en dedans comme il lui plait, et celle-ci est forte, segmentée et jaunâtre. Tout le corps est poudreux comme cela est illustré. Elle se classerait dans les papillons diurnes s'il n'y avait pas ses antennes bosselées. Elle pond de nombreux œufs jaunâtres, après quoi / au dessus desquels elle dresse une petite queue, qu'elle tire ensuite à loisir ??? (ac inter excludendum caudam exilem exerit , ac deinde pro libitu recondit / in the laying whereof she puts forth a little tail, which she puls in again at pleasure.) .

 

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page 93.

-n°15. Arctiidae  Arctia caja l'Écaille martre identifiée par Linné S.N. page 500

La quinzième a deux fines antennes noires, la tête et les épaules velues de couleur châtain, le cou orné d'un collier vermillon, les fémurs sont rouges. Les ailes  extérieures sont chamois avec du blanc et du brun, les ailes inférieures sont rouges avec des points noirs. Le corps est rouge clair avec six anneaux noirs.

 

-n°16. Sphingidae Deilephila  elpenor (Linnaeus, 1758), le Grand Sphinx de la Vigne, identifié par Thomson.  

La seizième semble être très particulière [mira : "étonnante, singulière"] : si vous la regardez quand elle se trouve sur son dos [?? ; supinam], vous la diriez  partout d'une couleur de feuille morte [xerampelinam] ; et si  elle est tournée sur le ventre [?? ; pronam] elle apparaît verte et jaune; ses épaules sont ornées de cinq lignes très rouges ; de la même façon (de la même couleur) sept points ornent en travers le milieu du dos et le reste du corps. Nous pouvons voir aussi en travers sur les ailes des taches ou ombres de cette couleur feuille morte [xerampelinis] alors que des lignes blanches partent de la tête et se terminent vers le bas de la poitrine.

Commentaire : l'adjectif xerampelinus, du grec puis du latin ampelos,i "la vigne" , a-t-il pu inspirer le nom de "Sphinx de la Vigne" autant que la plante-hôte de la chenille ? Linné cite certes la Vigne comme plante nourricière, mais seulement après l'Epilobe et l'Impatience.

-n°17. Noctuidae. Confusion, selon Thomson, entre Catocala nupta Linnaeus et Noctua pronuba Linnaeus : la description, et les ailes postérieures correspondent à Catocala nupta, mais non les ailes antérieures.

 

La dix-septième, si vous la voyez ailes fermées, vous apparaît brune. Mais si elle étend ses ailes, vous distinguez le coloris incarnat de ses ailes postérieures et une bande noire étendue  sur le bord : elle a de longues antennes et une trompe quasiment enroulée : les épaules [scapulum :thorax ?blanchies  sont marqués par des taches de couleur gris sable , de même que le côté , et tous les segments du corps sont frangés et blanchâtres.

 

 

-n°18 . Arctiidae.  [Eucharia] ou  Arctia festiva (Hufnagel, 1766). L'Écaille rose. 

La dix-huitième. Clusius [Charles de l'Ecluse] m'a adressé ce spécimen très précieux [ou littéralement "très beau"]. Ses antennes sont blanches et noires, la tête sombre comme la poix, le museau [nasus] recourbé, le cercle des yeux est blanc, le collier est rouge écarlate, le thorax qui est velu est comme vêtu d'un mantelet noir, les ailes antérieures [litt. "extérieures"] alternent le blanc et le noir, les ailes postérieures [litt.:"intérieures"] sont rouges ornées ici et là de taches noires. Le corps est noir de poix, de même que les pattes, mais sept taches rouge sang ornent  chaque coté du corps.

 

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Page 94.


- n°19  . Arctiidae.  [Eucharia] ou  Arctia festiva (Hufnagel, 1766). L'Écaille rose. 

Comme la précédente, dont un autre spécimen a été envoyé, mais dont les antennes toutes noir corbeau; et avec une ligne parfaitement blanche sur le milieu du thorax, comme un collier de perles. 

De tous ceux-ci, les corps apparaissent de grande taille. 

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LES 17 PHALÉNES MOYENNES. 

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Maintenant, nous allons parler des Phalènes de taille moyenne.

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-n°1. deux figures : Papilionidae reconnu par Linné S.N.p.465  comme un papillon diurne,  Parnassius apollo, (Linnaeus, 1758) l'.Apollon 

La première serait tout blanche, s'il n'y avait ces taches de rousseur noires non négligeables sur les ailes antérieures ; et vraiment sur les ailes postérieures des points rouges comme les boutons de variole et de rougeole avec un centre blanc ; les yeux sont parfaitement noirs, les pattes et les antennes jaunâtres. Au niveau du museau les poils deviennent hirsutes, et s'enroulent souvent en spirales.

 

 

 

 


-n°2 . Deux figures, mâle vue ventrale, et vue dorsale. Saturniiade Saturnia pavonia (Linnaeus, 1758), le Petit Paon de nuit  

Tout le corps est hirsute ou touffu [litt.  en inflorescence de palmier : spadiceum], de même que les ailes antérieures ( où se trouvent des taches, des lignes et franges blanchâtres, et un ocelle jaune). Les antennes jaunes sont ornées de points noirs. Les ailes postérieures portent des couleurs orange comme le souci [calendularem] mais des ocelles et des lignes frangées y brillent comme les ailes antérieures. 

 

 

 

 


-n°3. Selon Thomson, le texte et l'illustration ne correspondent pas : le texte décrit Pieris rapae, la Piéride de la Rave, alors que l'llustration du manuscrit Sloane 93v est probablement  celle d'un Colias crocea Geoffroy, forme helice Hübner.

 

Ses quatre ailes sont blanches ; les ailes antérieures sont noircies par un réseau fourni de veines bleuâtres, et sont ornées aui milieu de deux taches noires arrondies. Nous voyons une ligne jaune courir le long des ailes. Les antennes sont jaunes également. La tête et le corps sont noirs, les yeux sont très blancs, comme la région scapulaire. Les côtés sont ornés par quatre lignes très blanches obliques.

Exteriores autem caerulae quedam venulae affluentius sparsae infuscant, duaeque in medio, rotundae, nigricantes, maculae, adornant ; linea circum alas ducta mellina videtur, qualis antennarum color ; corpus, caputque nigricant ; oculos habet albissimos, scapularumque ; latera quatuor utrinque lineae albissimae obliquae decorant.

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-n°4 Nymphalidae identifié par Thomson ("probablement") comme  Argynnis paphia (Linnaeus), le Tabac d'Espagne, forme valesina Esper

Elle porte des antennes de couleur grise [gruini], son corps  noir est blanchi sur les cotés.  les ailes jaunâtres sont envahies de multiples taches noires qui imitent les serpents, plus larges au dessus, plus rondes au dessous. La frange des ailes  est  épineuse et dentelée comme celles de Chauves-Souris, toute noire, avec six perles (blanches) placées de chaque coté.

 

-n°5. Nymphalidae Selon Thomson, le motif de l'illustration du manuscrit Sloane f.93v correspond à Melanargia galathea (Linnaeus, 1758),mais la description concerne plus exactement Lasiommata megera, la Mégère. 

Le cinquième est complètement noir anthracite, hormis les points rougeâtres sur fond blanc qui ornent les ailes. 

 

-n°6  Nymphalidae. Selon Thomson, Lasiommata megera (Linnaeus, 1767), la Mégère

Son corps et ses antennes sont très noires, ses yeux sont blancs. Ses ailes sont noir corbeau en dessous, au-dessus se voient des filaments d'or et des taches; à laquelle sont associés des boutons  noirs, et comme des fils d'argent ; les ailes extérieures ont une bordure noire s'enroulant en feston (comme un ourlet cousu avec une aiguille ??).

Alae illis subtus coracinae, extra aureis villis, atque maculis conspicuae,  quibus vicissim lati clavi, nigri coloris, et argenteo quasi filo transfixi, adhaerescunt : extimas quoque alas, maeander quidam ornat nigerrimus, auro subtus fuso, et quasi striatim acu picto.

 

-n°7 Nymphalidae Selon Thomson,  Argynnis sp

je ne sais si je peux porter à son crédit ou à son désavantage ses larges antennes,et  son corps noir grissonant. Le début de ses ailes est rouge, le reste est jaune, mais chaque partie est envahie d'un damier noir , alors que resplendit aux extrémités une ligne dorée. 

...Utramque vero partem nigrae tesserae laminatim positae inficiunt, quarum extremitas lineam unam auream splendescit.

 

-n°8 Nymphalidae. Selon Thomson, ce pourrait être un spécimen usé d'Aglais urticae, la Petite Tortue.

 

Elle a quatre antennes à grains en chapelet [racemosa] , grises, les deux les plus externes étant  très longues avec une extrémité très large. le corps est comme celui du n°7 , les ailes sont couleur gris cendré avec un damier noir, et sur le bord extérieur des gouttes sont peintes de la même couleur.  ...et circa extimam oram guttis ejusdem ioloris aequaliterpictas.

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-n°9. Noctuidae Noctua pronuba Linnaeus, la Fiancée, identifiée par Thomson.

9. Sa tête, ses yeux, ses antennes, son corps et ses ailes postérieures sont de couleur ocre doré ; les "épaules" [scapulae, "thorax"?] et les ailes antérieures sont noires, mais seulement en périphérie, car elle a de chaque coté une ligne gris-cendre.

-n°10 : trois figures (vue dorsale, ventrale de profil, et la chrysalide).  Abraxia grossulariata (Linnaeus, 1758), la Zérène du Groseillier   identifié par Linné S.N. page 528

10. Son corps est jaune, constellé de noir de la nuque à la queue, en arrière et sur les côtés; les yeux, les antennes et pattes sont  parfaitement noirs, les ailes antérieures sont blanches, mais bordées de jaune avec de fins points noirs et des taches également noires.

-n°11. Arctiidae. Spilosoma lubricipeda Linnaeus identifié par Thomson. 

11. Si vous regardez ses ailes, vous les trouvez blanches comme le lait ou la neige si ce n'est qu'elles sont éclaboussées de petites taches noires. Ses épaules sont également blanches et duveteuses ; son dos et son corps sont jaunes, et segmentés, avec huit petits points noirs.Entre ses yeux  grands et proéminents émergent deux antennes noires et velues. Elle vole la nuit dans  les prairies et les pâturages.

-n°12. Hepialidae. Hepialus humuli Linnaeus, l'Hépiale du Houblon identifié par Thomson.

12. Les ailes de celle-ci sont si longues qu'elle ne peut voler facilement. Elle a des antennes très courtes, de petits yeux parfaitement noirs, tout son corps est blanc jaune,  traversé ici et là de veines et de poils jaunes.

-n°13. Thomson, qui a examiné le manuscrit  Sloane 4014, signale que l'illustration du folio 94 qui représente apparemment Odezia atrata, le "Ramoneur", diffère sensiblement de la gravure sur bois n°13 du livre de Moffet .

 

13. Tout son corps (sauf ses yeux qui sont noirs) est gris "grue" ou noirâtre. Les antennes sont plus longues que d'ordinaire, le corps  est couvert de poils, les ailes de la même couleur que le corps, sauf les bords qui brillent d'un vernis verdâtre et vitreux. 

-N°14. Arctiidae Spilosoma lubricipeda Linnaeus, l'Écaille tigrée identifiée par Thomson.

14. Celle-là est très belle, presqu'entièrement de couleur sable, elle a des antennes de la longueur du corps, fortes, noires et incurvées comme les cornes des taureaux, les yeux grands et noirs, la tête courte, le cou épais; les ailes antérieures ornées de points noirs. Le dos est marqué comme par cinq têtes de clous de girofle noirs à trois pointes.

-N°15. Geometridae [Ortholitha] Scotopteryx chenopodiata Linnaeus, la Phalène de l'Anserine identifiée par Thomson. 

15. Ses ailes sont entièrement d'un gris cendré. Elle est la seule de toutes à être dépourvue d'antennes. Ses yeux sont noirâtres, son dos jaunâtre est marqué de cinq points bruns.  

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-n°16 Pterophoridae Agdistis bennetii Curtis, 1833, identifié par Thomson.

 

16. Celle-ci nous apparaît toute de la même couleur, si ce n'est que les ailes antérieures sont ornées de petites taches noires alignées. Mais elle est vraiment  partout d'une seule couleur (sauf les yeux qui sont noirs). Son corps est long et segmenté, ses quatre ailes sont longues et étroites. Elle a six pattes, les dernières plus longues que les premières. Ses antennes sont fines,mais avec de longues excroissances. 

-n°17. Bombyx mori Linnaeus, non illustré.

 

17. Celle-ci est sortie d'une chenille de ver à soie [bombycina], elle est toute blanche sauf les yeux noirâtres, et les veinules jaunâtres qui sont droites sur les ailes et perpendiculaires aux segments sur le corps. Je l'ai nommée Bombycina Phalaena. On en saura plus dans le chapitre sur l'histoire du Ver à soie.  

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LES 6 PETITES PHALÉNES

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-n°1 L'illustration correspond à un Coléoptère, mais la trompe telle qu'elle est décrite est celle d'un lépidoptère" (G. Thomson). 

 Parmi les plus petits, nous en placerons en premier un qui est  admirable, et marche sur quatre pattes. Il a des ailes antérieures bleu azur, les ailes postérieures jaunes, et plus petites (ce qui est rare) que les antérieures. Le corps  est aussi jaune, et tellement  gros que les ailes ne peuvent le recouvrir . Les antennes sont pleines de petits points, et les yeux (dont la pupille est blanche) sont noirs. La tête et la trompe (longue, mince et spiralée) sont jaunes.   

-n°2. Arctiidae [Lithosia] Eilema lurideola Zincken, 1817,  la Lithosie plombée ou Lithosie complanule, identifié par Thomson (mais pourtant décrite bleue et verte). 

 La seconde apparaît bleue et verte, elle a un corps de petite taille, les pattes et les antennes noirâtres.

-n°3. Geometridae Hemithea aestivaria Hübner, la Phalène sillonée identifié par Thomson.

 

La troisième a le thorax  et les ailes vert poireau; le corps est  gris-brun ; les ailes antérieures sont bordées de taches blanches et brunes; elle a une très petite tête, les pieds et antennes de couleur cendre.

 

Par ailleurs on trouve dans les maisons une certaine sorte de petites  Phalènes argentées, marquée de taches noires, qui volent autour des bougies, appelées Moths en anglais, qui mangent les vêtements de lin et de laine , et pondent des œufs, d'où  viennent les mites, et ces mites donnent naissance à leur tour à des Phalènes.  On dit qu'elles viennent d'abord de feuilles de rosiers et d'autres herbes en putréfaction.

J'ai observé trois autres dans les pâturages et prairies. 

1. Figure la plus basse : Zygaenidae   Identifiée par Linné S.N. page 494 à son Sphinx filipendulae, soit Zygaena filipendulae, la Zygène de la Filipendule. Zygaena filipendulae ssp. anglicola Tremewan identifiée par Thomson .

La première a les ailes extérieures noires, chacune d'entre elles  marquées de 5 taches rouge-sang, les ailes les plus intérieures sont entièrement rouges, le corps est brun, la tête, les antennes assez courtes, et les pattes,  noirâtres.

2.  Figure de droite. Zygaenidae  Thomson suggère, entre crochet, d'y voir [Zygaena trifolii (Esper, 1783), la Zygène des prés, la Zygène des Cornettes] 

la seconde est toute semblable, seulement elle n'a que quatre taches rouges sur les ailes antérieures, et a un corps plus splendide. 

 

 

 

 

 

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Page 98. 

 

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-3  Figure de gauche. Arctiidae  Tyria jacobaeae la Goutte de sang ou Écaille du Seneçon identifié par Linné, S.N. p. 511

La troisième est presque de la même forme, mais les antennes sont beaucoup plus longues, et les points rouges sont disposés d'une autre manière. Car on n'observe sur l'extrémité des ailes que deux gouttes de sang ; mais sur le bord qui remonte le long de l'aile  s'étendent deux longs traits. [Nam circa extremitatem alarum guttae sanguineae duae tantum apparent ; ab exortu vero maculae duae longius tractae conspiciuntur.]

Commentaire : le texte latin de Moffet avec sa mention guttae sanguineae peut être à l'origine de notre zoonyme vernaculaire de "Goutte de sang".

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Et en voilà assez avec les papillons nocturnes ou Phalènes. Passons maintenant aux [ nom en grec ήμϛρηειγς ??]*  ou Papillons diurnes.

* sans-doute ημερήσιος, imerisios, "diurnes" en grec.

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LES DIURNES.

 38 espèces sont représentées, mais quatre seulement sont accompagnées de leur chenille, ce qui est peu lorsque l'on sait l'importance de l'élevage des chenilles dans l'étude des papillons à l'époque. 

 

Les papillons de jour sont décrits à cette place car chacun peut  voir et admirer la fécondité [l'exubérance ?] et l' élégance  de la Nature à leur propos. Car elle n'a pas fait moins pour eux, en termes de variétés, de coloris, de robes et de parures, d'ocelles, de sphères, de clefs, d'entrelacs de quadrillage, ou de méandres, qu'elle ne l'avait fait pour les Phalenes.

 

 

 

 

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LES 15 GRANDS PAPILLONS DIURNES.

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-n°1. Papilio glaucus Le Papillon glauque, Tiger Swallowtail butterfly. Il s'agit d'une copie d'une aquarelle de John White, que ce dernier avait réalisé lors d'un voyage en Virginie en 1585-86. l'original figure dans le Ms 1906 0509.1.66. Mais Moffet ne signale pas cette provenance exotique, et ce manque d'information témoigne des lacunes graves de sa présentation.

"Le premier des Papillons diurnes étant le plus grand de tous, jaunâtre en majeure partie, excepté les plages et parties qui sont ici noircies à l'encre. Pourtant, les ocelles des ailes inférieures sont azur, tellement que vous pourriez penser qu'elles sont faites de pierres de saphir. Les yeux sont comme des Chrysolithes . Sa taille et sa forme sont exactement celles qui sont représentées sur la figure, ce qui ne nécessite pas d'autres commentaires."

Pourtant, le dessin original, collé sur la page 97 du manuscrit, (reproduit in J. Neri 2011, page 58) portait la mention  "Hanc e Virginiam Americanam Candidus [nom latin de White] ad me  Pictor retulit...1587", "Le peintre White me l'a rapporté de la Virginie d'Amérique". Cette note est sans-doute de la main de Thomas Penny. A la décharge de Moffet, il est possible que cette indication ait disparu lors de la publication posthume par Thomas Cotes, dans le but de supprimer toutes les légendes des gravures, de simplifier la mise en page et de réduire les coûts.

La comparaison entre la gravure sur bois, l'aquarelle de White, et le dessin du manuscrit initial de Penny et de Moffet, montre la perte drastique d'intérêt entomologique et de valeur esthétique de la publication de 1634.

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https://www.britishmuseum.org/pdf/2-Harkness-Elizabethan%20Londons%20Naturalists.pdf

https://www.britishmuseum.org/pdf/2-Harkness-Elizabethan%20Londons%20Naturalists.pdf

 

 

 

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Page 99.

-n°2.   Papilionidae  Papilio machaon. Le Machaon. Vue dorsale, vue ventrale de profil, et chenille. Identifié par Linné, S.N. p. 462.

 La seconde ne diffère que peu de la première hormis par sa taille plus grande, elle a néanmoins les yeux plus noirs et des antennes plus longues. Là où vous voyez du blanc, supposez que c'est du jaune, sauf sur les grands ocelles de l'extrémité des ailes postérieures, dont le centre doit être de couleur feu, et la périphérie de couleur rouge feuille-morte [xerampelinum = couleur de la feuille de vigne en automne]

 

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-n°3. Papilionidae Iphiclides podalirius Scopoli. Le Flambé. Vue dorsale et vue ventrale de profil. Non signalé par Linné S.N. 1767, mais par Geoffroy, Insectes, page 56.

 Le troisième ne s'éloigne pas beaucoup en couleur, si ce n'est que les  prolongements ["exphyses" : ce mot latin n'est rencontré qu'ici]  et la bordure externe des ailes postérieures sont bleues, comme également trois taches en bracelet [sphinteres]  que vous voyez peints sous leur partie concave . 

[totaque ipsarum excima lacinia glastiva fit ; uti et tres illi spintheres, quos sub concava illarum parte vides depictos.]

N.B: Gastiva ; de gastum,i , Gaffiot : "Guède, pastel pour teindre en bleu"

Sphinteres, eris, n. : Gaffiot "bracelet que les femmes portaient en haut du bras gauche" 

 

 

 

-n°4. Nymphalidae Aglais io. Le Paon du Jour. Identifié par Linné S.N. p. 769 

 Celle-ci peut être considérée comme la reine de tous, car à l'extrémité des ailes, brillent comme quatre diamants sur un manteau [pala, err. pour palla] violet [couleur Hyacinthe], étonnant spectacle d'opulence, oui les diamants et béryls brisent presque les yeux (?) car ils brillent magnifiquement (comme des étoiles) et jettent autour d'eux des étincelles aux couleurs de l'arc-en-ciel. Celles-ci sont si bien connues qu'il serait superflu de décrire tout le reste du corps (bien qu'il soit peint de diverses couleurs ) .

[...ostendunt, imo fere adamanti et Hyacintho oculum  effodiunt. Lucent enim pulcherrime (ut Stellae) Scintillasque iriscolores circumfundunt : his notis ita dignoscitur, ut reliquum corpus  describere (licet variis pictum coloribus) supervacaneum esset.]

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Page 100.

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-n°5. (deux figures)  Pieridae.  Colias croceus Geoffroy  femelle. Le Souci. Vue dorsale et ventrale de profil.

 La tête, les pattes et les antennes sont couleur rouge feuille-morte [xerampelina = couleur de feuille de vigne en automne], mais les yeux sont pourpres [hyacinthinos], le dos noir et bleu [atrocaeruleum], l'abdomen jaunâtre. Les ailes sont d'un jaune d'abord gai et vif à leur base  et ensuite  plus éteint.  Leur partie la plus externe [les ailes antérieures], qui s'obscurcit de teintes rouille et d'un brun désagréable , est embellie par trois petits points jaunes. La partie plus interne de couleur rouille est maculée d'abord de   deux taches jaunes puis de trois ronds  jaune pâle. Si vous les regardez ventralement [supinam], les ailes antérieures virent du jaune vers le vert, marquées de 6 à 8 points. Ls ailes postérieures sont d'un vert gazon, [herbidae et virentes] avec deux taches blanches. L'abdomen et la  face sont jaunâtres. Il provient d'une chrysalide blanchâtre, tachetée de petites taches de couleur foncée.

 

 

6.  (deux figures) : Vanessa atalanta. Le Vulcain. Identifié par Linné S.N. p. 478. Vue dorsale et vue ventrale de profil.

 

Les ailes supérieures sont noirâtres à l'extérieur, une bande couleur rouille pâle court en travers de leur partie médiane ; leurs extrémités brillent  avec des taches blanches comme neige et des taches comme des gouttes, et sont obscurcies tout autour avec des encoches de couleurs sombres ; à l'intérieur le bandeau apparait de couleur plus claire et plus franche, et vers le fond il semble bleu. Les ailes postérieures  apparaissent soit d'une couleur en dedans, soit d'une autre en dehors, mais elles sont partout brunes, à l'exception , sur le bord épineux, d'une très petite bande noire rougeâtre rouge ;  marquée par quatre petits points,  et  deux plages réunies de couleur opale ; dedans, ils ne font rien voir de semblable, mais une broderie  noir et pourpre qui s'achève en couleur rouge pâle [xerampelinum tristius]  .  Le corps est noir, et les yeux, les antennes, les pattes, sont d'une même couleur brune .

Extremitates ipsarum panno, guttis que niveis micant, obscursis per amitum crenulis asperatae ; intus antem limbus ille putiorem atque saturiorem exprimit colorem, et juxta radicem caerulea videntur. 

 

 

 

7. Nymphalidae.  Aglais urticae (Linnaeus), 1758, La petite Tortue.

Tout son corps est noir comme la poix [picea], bien qu'il ait deux taches très blanches entre chaque segment. Les ailes rougeâtres sur fond jaune sont ornées de taches noires et blanches.  Mais la générosité de Dame Nature a principalement embelli les bordures des ailes, qui ont de petites dents à égale distance l'une de l'ensemble comme les dents de scie, et dans la frange desquelles vingt poinçons bleus traversés de noirs lui rendent gloire.

 

[Verum munifica rerum parens natura extremam alarum oram potissimum decoravit, quae nonnullis denticellis serratim aequo intervallo distantibus donatur, in quarum fimbria viginti clavi caerulei filo nigro transfixi mirificum edunt splendorem]

 

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page 101.

N.B : Attention, à partir de maintenant, les illustrations seront décalées et retardées d'un rang par rapport au texte. 

-n°8 : Nymphalidae. Vanessa cardui Linnaeus, 1758. La Belle-Dame. Vue dorsale. Identifié par Thomson.

La  Nature l'a mis au monde avec un vêtement d'ondulations de  couleurs variées, mais vives ;  ce sont pour les ailes  le noir, le rouge, le jaune traversées de brun, mais  elles nous paraissent encore plus belles par leur douceur laineuse. 

Veste undulatam et mixtam peperit natura ; sed vegetis coloribus destitutam : constant enim alae ex minio, nigro, flavo et fusco fatiscente, magisque vellere mollica quam ornatu splendida videtur.

 

-n° 9.Nymphalidae Vanessa cardui. La Belle-Dame. Identifié par Linné S.N. p. 475. Vue ventrale.

Il est principalement de couleur gris-cendre, mais si vous examinez la partie interne des ailes postérieures rien n'y ressemble plus que les ailes d'un Dindon. [Indici galli, Turkey-cock] :  car les plumes  avec lesquelles il vole sont recouvertes d'autres plumes squameuses ??? [Nam pennas remiges, aliae quasi vestitrices et squameae tegunt ;]. L'œil est noir corbeau, de même que les antennes, qui rivalisent de gonflements et d'enflures.

 

-n°10. Nymphalidae. (deux figures). Argynnis aglaja. Le Grand Nacré. Identifié par Linné S.N. page 481.

 Le corps est noir comme la poix, les "épaules" revêtues d'une laine jaune (comme d'ailleurs toute la tête) : les antennes sont également jaunes jusqu'à  la tête qui se présente assombrie par des taches d'un rouge sombre. De nombreuses perles ovales sont disposées à égale distance, sur la frange arrondie des ailes antérieures pour les embellir, mais elles sont encrassées par des taches noires qui imitent des lentes. Mais comme l'extérieur est moins beau, la partie la plus interieure des ailes brille de taches blanc-vert, resplendissant comme des gouttes argentées, et ce qui ressemble à des perles à l'extérieur apparaît comme du pur argent à l'intérieur. 

 

...Externam minium alarum fimbriam circinatam, plurimae ovales margaritae aequis distinctae intervallis, gratiorem reddunt ; intus vero maculis integerrimis, lentis effigiem imitandibus faedantur. Verum sicut foris minus speciosa, ita interior internarum alarum pars, albo virore nitens, guttulis vero argenteis superinductis resplendet : et quae extra vales margaritae videbantur, intus argentum purum putum non mentiuntur.

-n°11. (deux figures).  Nymphalidae .  Aglais urticae. La Petite Tortue. Identifié par Linné S.N. p. 477. imago et chrysalide.

Il déploie une succession de belles perles bleues ; ses ailes supérieures sont embrasées par un jaune feu, et marquées par six points noirs ; la racine des ailes postéérieures est noire, puis elles brillent d'un jaune orange de feu. Le corps est couvert de poils duveteux sombres, et les pattes et les antennes sont noir comme les corbeaux. 

Speciosam radiantum in caerulo margaritu institam ostentat, alae superiores ex flammeo flavescentes ignem referunt, sex nigerimis pannis infecte : internarum radix anthracina, deinde flavo in igneus coruscant : corpus fuscis capillamentis hirsutum, quem colorem cornicula cum pedibus imitantur.

-n°12. Illustration page 102.  Nymphalidae. Thomson écrit que les seuls papillons qui ont une telle bordure de points marginaux bleus sont soit la petite Tortue Aglais urticae, soit le Robert-le-Diable Polygonia c-album

Il est d'une beauté exceptionnelle, ses ailes sont teintées d'un clair  rouge sang avec des taches noires,  avec des radicelles brillantes et dorées portées comme des fils dispersées des lobes jusqu'à la périphérie. Celles-ci sont vraiment découpées en dents de scie couleur feuille-morte [xerampelina] , ornées à l'intérieur de lignes en croissant de lune dorés. Le corps est pourpre virant au noir, les yeux apparaissent dorés, les pattes et les antennes sont noirâtres. 

 Eximiae est pulchritudinis, alae leviter cruentae et maculis nigris tinctae, radiolis micant auratis filatim ad laciniae usque ambitum dispersis. Haec vero xerampelina serratim desinens, intus aureis lineis lunatim ductis ornatur. Corpus ex nigro purpurascit, oculi aurei videntur, pedes et cornicula nigricant.

 

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page 102.

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Rappel : la première illustration concerne le spécimen n°12 de la page 101.

 

-n°13. Nymphalidae  Pararge aegeria (Linnaeus, 1758). Le Tircis. Identifié par Thomson.

 Le corps et les ailes apparaissent noires, mais ces ailes noires, dentelées [empennelées] à leur périphérie,  sont peintes de motifs dorés d'abord effilés, puis en plages et enfin en points à centre noir. Les petits yeux sont noirs comme de la poix sur une tête enduite d'or. Mais les antennes qui se dressent avec des points noirs et blancs se terminent par un bouton noir. 

-n ° 14. Nymphalidae. Lasiommata megera Linnaeus, 1767, la Mégère / le Satyre. Identifié par Thomson.

Son aspect réserve beaucoup de satisfaction au curieux ; son corps est velu et noir et blanc, l' oeil est noir et sa pupille blanche. Autour de l'œil se voit un cercle glabre blanc comme la neige,  les antennes sont de même couleur que le précédent, la majeure partie des ailes supérieures se distingue  par sa couleur flamboyante, et les  lignes dorées qui s'y dessinent , avec quatre indentation de franges imprégnées de noir  ;  près de l'extrémité trois pièces triangulaires argentées l'ornent. Mais la face interne est également très belle, embellie d'écailles  et de rivets dorés, imbriqués comme de pièces de cuirasse . Les ailes antérieures sont surtout dorées décorées d' une ligne. Elles ne s'éloignent en rien des ailes du paon, et son corps en est tout autant élégant et somptueux. Mais ses pattes  et ses jambes sont noirs, (pour ne pas encouurager son orgueil). Le museau est enroulé en spirale comme un labyrinthe.

 

 

-n ° 15.  Nymphalidae  Pararge aegeria (Linnaeus, 1758). Le Tircis. Vue ventrale de profil. Identifié par Thomson.

Cela a également un bec poilu couronné comme un Tendrel de la vigne; vers l'intérieur, il est couleur de cendre, et à l'extérieur d'un gris pâle, les ailes sont de Barbarie, déchiqueté comme les chauves-souris ailes, une partie dun ces lignes font vers l'extérieur, vers l'intérieur, six étalons noirs ne beaucoup les exposer.This hath also a hairy beak wreathed up like a vine tendrel; it is inwardly ash-coloured, and outwardly a faint gray, the wings are prickly, jagged like bats wings, some dun lines do outwardly part these, inwardly six black studs do much set them forth.

 

 

-n ° 16. Deux figures en bas de page. Arctiidae Panaxia dominula Linnaeus, l'Écaille marbrée, Écaille rouge. Identifié par Thomson ( qui écrit "diminula").

Les ailes extérieures sont d'un vert sombre dans la vue de tous, dont certaines pièces de taches blanches et jaunes et font beautifie; l'intérieur sont parfaitement rouge, étant parsemé de dix plupart des taches noires: le ventre brille avec huit échelles jaunes; l'arrière est inclinée rouge au jaune, et le bout de la queue est un bleu clair. Les épaules sont tirés vers le bas rugueuses Lune félicité par une jaune, une pomme d'argent blanc rouge couleur rend les yeux plus forte. The outward wings of all are a dark green in sight, which some spots and pieces of white and yellow do beautifie; the inward are perfectly red, being sprinkled with ten most black spots: the belly shines with eight yellow scales; the back is red inclining to yellow, and the tip of the tail is a light blue. The rough shoulders are commended by a yellow Moon drawn downwards, a white silver coloured apple makes the red eyes more sharp.

 

 

 

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Page 103.

LES 13 PAPILLONS DIURNES MOYENS.

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-n°1. Trois figures. Pieridae  Gonepteryx rhamni Le Citron. Identifié par Linné S.N. p. 765 (avec des références érronées). Vues dorsale et ventrale, et chrysalide.

  Les yeux apparaissent jaunâtre, les antennes brun passé, les ailes et tout le reste du corps sont d'un jaune pâle; les ailes postérieures sont marquées à l'extérieur [face dorsale] d'un seul rond complètement jaune, mais à l'intérieur [face ventrale] , elles portent  un  caducée [un double rond] vert allant jusqu'au brun tacheté ; le dos est noirâtre et bleuté, le ventre est jaunâtre, Elle procède d'une chenille couleur d'or. 

...Interiores alae extra unam tantum maculam saturiore luteam notantur : intus autem caducea herbidae fusca quadam variolam inficiuntur, dorsum est caeruleao nigricat, venter subflavet. Ex chrysalide oritur auro illita.

-n°2. (figuré tête en bas).  Nymphalidae.   Polygonia c-album Robert-le-Diable Identifié par Linné S.N. p. 477  Le texte le décrit comme une  personne en deuil . George Thomson l'identifie comme un Paon du Jour Aglais io, et ajoute "De la description qu'en donne Moufet, il ressort clairement qu'il le décrit d'après l'illustration et non d'après nature".

Le second n'est pas d'une couleur aussi agréable, les ailes postérieures d'un gris triste s'ouvrent sur un bleu pâle, et finissent vers le  gris-plomb ;  les ailes extérieures sont plus noires, ponctuées  ici et là par  des taches sombres, et le corps apparaît être le même. Ses ailes supérieures sont  indentées et crénelées , et comme un peu herrissées d'épines sur les bords ,et comme rogné, il se présente dans ce triste habit de deuil. ??  [Serratis alis summaque crenatis et veluti aculeatis horridiuscula volitat, et quasi suae gentis praesica, nunquam nisi funerali habitu tristius incedit.]

 

-n°3. Nymphalidae. Aglais urticae (Linnaeus, 1758) la petite Tortue. Vue ventrale de profil tête en bas.  Identifié par Thomson.

 Nous avons peint celui-ci avec les ailes droites, dressées comme s'il voulait s'élever ;  il a aussi des édentations épineuses, mais les ailes antérieures jaune pâle sont marquées par des taches noires, par contre les ailes postérieures sont noir foncé à leur racine, plus pâle au milieu, et les extrémités sont  quadrillées d'un réseau de lignes blanchâtres ; le corps apparaît sombre, l'œil est noir comme de la poix, les antennes sont noires.

 

 

-n°4. Deux figures.  Nymphalidae Maniola jurtina Linnaeus, 1758, le Myrtil. Mâle vue  ventrale et dorsale. Identifié par Thomson.

 Celui-ci est figuré de deux façons : car quand il ouvre la balance de ses ailes, il montre son corps noir, et quatre ailes peignées de sillons noirs et se terminant dans une brillante couleur rouille ; mais quand il est posé sur des fleurs et élève les ailes, la première aile est jaunâtre, ornée d'une tache  ronde comme un bouclier, dont le milieu est  pâle, la bosse centrale noir, et le cercle exttérieur citrin ; le ventre et le thorax sont blancs, mais pas entièrement ; les antennes divérgentes sont  jaune et noirâtres. [...fuscas quatuor alas nigricante peniculo veluti liratas et in rubiginosum fulgentem desinentes eidem affixas. Quum autem floribus infidens alas attollit, prima ala luteola eleganti clypeo ornata conspicitur, cujus centrum pallidum, umbo piceus, circulus exterior citrinus. Venter atque thorax, nec non totus vultus, albicant, ; antennae nigricantes in flavum divergunt.]

 

 

-n°5. Pieridae.   Pieris rapae. La Piéride de la Rave,  identifiée par Linné  S.N p. 759 qui se réfère à la page 971 fig. 9-10 ...de l'édition en anglais. Geoffroy page 69 reprend cette identification sous le nom de Petit papillon blanc du Chou. Thomson donne aussi cette identification.  Ou bien Aporia crataegi Le Gazé. Identifié par Linné S.N. p. 758  qui renvoie à la page 103 sans en indiquer la figure.

 Il est identique vu de l'intérieur ou de l'extérieur. Les ailes et la tête apparaissent pâles ; le corps est bleuâtre (livide), comme les antennes . Les yeux sont d'un rouge feu, et le thorax est couvert de poils laineux et pâles  [scapula pallenti quadam lanugine hispidae].

 

-n°6. Nymphalidae. La description  correspondrait à la première figure de la page 104, figure qui est celle de   Polygonia c-album (Linnaeus, 1758) Le Robert-le-Diable. 

"Quand il étend ses ailes devant vous, il apparaît une splendide couleur de sable, avec des points noirs comme ceux d'un dragon (anglais "comme de l'herbe de dragon"). Si vous voyez son corps noir, c'est un noir aquilain (fauve) , le ventre étant plus sombre. Les yeux sont noirs, éclaircis par une pupille blanche ou blanchâtre. Les antennes sont noires comme un corbeau. Les ailes sont d'un brun désagréable, ou couleur belette délavée."

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page 104.

-n°7. Nymphalidae. Pour Thomson, il s'agit probablement  d'une espèce du genre Argynnis.

Des ailes dentelées  imitant la pyrite, des veines aux reflets cuivrés, et des bordures parsemées de taches noires;  tout le corps d'un noir brillant , suaf les antennes ponctuées de blanc ;  et des yeux dorés scintillent sur le front noir comme la poix.

...aereis micantes venulis, et fimbria maculisque nigris conspersae : corpus totum  nigro colore splendescente, nisi quod antennas punctuli albi intersecant, et in picea fronte aureoli quodam modo oculi scintillant.

-n°8. Nymphalidae Euphydrias aurinea Rottemburg, le Damier de la Succise identifié par Thomson.

Ceci a le même genre de corps, mais les antennes sont rougeâtres sur fond jaune, les ailes apparaissent changeantes, marqués avec divers plis, des crêtes, des bords, des franges, de nombreuses couleurs : toutes ces couleurs sont atténuées et ternes à l'œil, elles manquent toutes d'éclat et de splendeur, et ne sont agréables que dans leur mélange, leurs places, et leur nombre; dans certains endroits, elle présente une flamme fumeuse, ailleurs une  couleur sombre désagréable, et un rouge pâle; et les  rubis inclus dans la dernière bordure dans les demi cercles blancs n'ont rien de très animé. ??

(...É vacui spendore [sic, pour splendore] omni et tono, solasque mixtione, positione et numero amaeni ; alicubi flammam fuliginosam, alibi ingratum fuscum, languentem rubidum praesese ferunt , rubinique ultima fimbria albis semicirculis inclusi, nihil vividi spirant.)

-n°9. Deux figures.  Nymphalidae.  Lasiommata megeraLa Mégère, le Satyre. Identifié comme Papilio maera par Linné dans le S.N. 1758 page 473 et dans le S.N. 1767. Identifiée par Geoffroy Ins. page 50 comme son Satyre. Vue dorsale et vue ventrale de profil.

Les ailes antérieures sont ponctuées ou même saturées  de taches sales jaunâtres et la dernière partie est ornée d'un écu noir ( décoré au milieu par un point  ivoire) ; les ailes postérieures portent de la même façon quatre écus, mais enrichis d'un centre jaunâtre ; les deux du milieu sont de bonne taille, les deux plus extérieures sont très petites.  Le corps est brun clair, les yeux proéminents noirâtres. Si vous regardez maintenant la partie interne des ailes postérieures, vous la trouvez gris fuligineux, et six lames d'or très belles et élégantes y sont posées. (et é sex pulcherrimis brachtéolis affabrem collocatis elegantiam habent).

-n°10.Arctiidae. Spilosoma lubricipeda Linnaeus l'Écaille tigrée.

 La tête est d'un blanc immaculé, mais des points noirs et bruns ornent la blancheur laiteuse des ailes ; le dos et les cotés sont rouges sur fond jaune, et 9 à 10 points noirs les décorent sous des sillons .

-n°11. Sphingidae. Macroglossum stellatarum le Sphinx-colibri ou Moro-sphinx

 En proportion, et presque dans la couleur et la forme du corps, il représente un oiseau de proie. Il a des ailes plus étroites que les autres papillons, la queue plus large et comme plus riche en plumes, les ailes postérieures ne sont pas de couleur aquilain (fauve ou brune) comme le reste du corps, mais   rougeâtre et presque feu sur un fond jaune  rouge du jaune. Elle a un museau plus crochu que celui d'un aigle [nasusilli aquilarium more adunctus] l'abdomen comme blanchi (chenu), les antennes grandes et fortes, ,le  un chenue du ventre, les cornes sont grande et forte, de la même couleur que les ailes supérieures; les yeux sont assez proéminents, noirs, avec une pupille blanche comme la neige. 

 

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page 105.

Papillons diurnes moyens (suite) :

- deux figures du spécimen n°11 page 104. 

 

-n°12 . Sphingidae : Macroglossum stellatarum  Linnaeus, le Moro-Sphinx ? Geoffroy 1762 page 83 avec une référence erronée. Vue ventrale, tête en bas.

 Celui-ci a la même forme, et ne diffère que par sa couleur. Le corps est gris cendré, la queue est noire, et le dos a des nuances argentées. Les ailes sont plus longues et brunes, marquées par des petites tavelures noires. Les ailes intérieures [?] apparaissent jaunâtres sombres. Ces deux papillons sont d'une rapidité admirable, et on est en droit de comparer leur vol à celui de l'aigle.   

-n°13 : Sphingidae Hemaris fuciformis Linnaeus, le Sphinx fuciforme ou Sphinx gazé.

C'est le plus rapide de tous, et il a les épaules qui paraissent de couleur jaune moussu. Les ailes sont  comme du lait, et leurs extrémités sont marquées par cinq ou six plumes sombres ; le milieu du dos jaunâtre est orné d'un point noir. Des deux cotés saillent des protubérances duveteuses , la croupe est environnée d'un certain duvet noir. Son vol soutient la comparaison avec celui des hirondelles, et il est en effet plus rapide que n'importe quel oiseau.

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LES 10 PETITS PAPILLONS DIURNES.

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Nous examinons maintenant huit espèces plus petites.  

-n°1. Arctiidae Tyria jacobaeaea (Linnaeus, 1758), la Goutte de sang. Identifié par Thomson.

 

Les  ailes premières  intérieures vivement brillantes, sont d'une  couleur écarlate et d'un rouge délicat , mais les ailes extérieures affichent un pourpre lumineux, mêlé de noir et rouge, et avec quelques taches blanches comme neige qui y sont répandues ; le reste du corps est noir, tout comme les antennes en grappe .

n ° 2. Lycaenidae. Selon Thomson, cela pourrait être soit Polyommatus icarus Rottemburg, l'Azuré Bleu ou Azuré de la Bugrane, ou Celastrina argiolus Linnaeus, l'Azuré des Nerpruns. Vue ventrale de profil.

 Les ailes  sont  de couleur argent à leur base, puis elles se terminent de couleur bleu violacées, les ailes supérieures sont ornées de deux clefs blanche et noir. Le corps est rempli de points sombres. Il a six pattes purpurines, trois tendues vers l'avant de chaque côté; il a une trompe en spirale; quatre petites antennes jaillissent hors de la tête, en plus des deux longues.

n ° 3. Deux figures. Lycaenidae. Selon Thomson, c'est probablement Cupido minimus (Füssli, 1775), l'Argus frêle. Vue ventrale et dorsale.

 Si vous pouviez voir ce papillon voler, vous diriez que les ailes sont d'un violet pâle passant à un bleu vif, et plissées de diverses façons (?); mais intérieurement nous voyons des ocelles, qui apparaissent gris et rouille. La tête resplendit d'un vert bleu, le corps porte des ornementations en lacis noir et blanc, et les yeux sont très noirs avec une pupille très blanche.

-n°4. Lycaenidae Polyommatus icarus Linnaeus, L'Azuré de la Bugrane ou Argus Bleu. Vue ventrale de profil. Identifié par Thomson. Identifié comme Papilio argus par Linné S.N. p. 483 ? 

Il se présente dans un joyeux habit, avec ses ocelles sur ses ailes qui sont d'un bleu céleste incomparable. Dédale le plus parfait ingénieur de toutes les choses de la nature  fit lui-même ses yeux, dont vous diriez que les yeux d'Argus n'ont pas été confiés à la queue du Paon, mais aux ailes de ce papillon. Il en  joue avec les rayons du Soleil avec pas moins de fierté que ne le fait l'oiseau de Junon, et (par les célestes couleurs dont il excelle), il est presque en mesure de lui faire honte. N.B. La traduction anglaise, que j'ai suivi, s'éloigne du texte latin, lequel fait mention d'Argus panotes (cet épithète en caractères grecs), fils d'Arestor (nommé Arctoris par Mouffet) et se rapporte à la Mythologie  : Argus panoptes, c'est à dire "qui voit tout" possède des yeux sur tout le corps, devant et derrière la tête, etc. Il est chargé par Junon de surveiller Io, maîtresse de Zeus/Jupiter, qu'elle a transformé en génisse. Jupiter envoie alors Mercure qui réussit à tuer Argus. Junon récupère les cent yeux d'Argus et en orne son oiseau de compagnie, d'où l'origine des ocelles de la queue des paons. Ce texte de Moffet est la première mention de ce qui deviendra le zoonyme Argus, actuellement réservé à Plebejus argus.

 

 

 

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page 106.

 

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5. Trois figures. Pieridae Anthocharis cardamines Linnaeus, l'Aurore de la Cardamine. Vue ventrale d'une femelle. Vue dorsale et ventrale d'un mâle.   identifié par Linné S.N. 761 dans les figures .2, 3 et 4. 

 

Le corps est couleur de Grue [gruinum "de grue", traduit en anglais par Crane, même sens serait une espèce de gris], les ailes supérieures sont vert et blanc à la racine, gris-jaune au milieu ; les ailes inférieures sont à la racine d'un vert sombre, et blanches ailleurs, mais à l'intérieur elles sont  parsemées de taches d'un vert sale.  Les yeux sont noirs, comme le sont les têtes de leurs antennes.

 

-n°  6. Zygaenidae. Zygaena filipendulae ssp. angicola Tremewan. Identifié par Thomson. 

Ses épaules voûtées et arrondies, qui ressemblent à un mélange de cendre et d'encre. sont de couleur cendrée mélangée de noir. Le corps, plein de cannelures, est cendré. Sur ses ailes étroites  couleur de grue [gruini] brillent, en périphérie,  quelques  gouttes  rouge sang d'une incandescence intense.  Les pattes, la petite tête et les antennes sont de la même couleur que le corps.  

 

-n ° 7. Zygaenidae. Zygaena filipendulae ssp. angicola Tremewan. Identifié par Thomson, qui signale que le manuscrit original contient aussi une seconde illustration de ce papillon émergeant de sa chrysalide.

Vous diriez qu'il est né de la [Siliquastro : Passerage (Herbe au poivre) ou Arbre de Judée ? Ginny Pepper dans la traduction anglaise], et mis à part que son corps est moins mou et et plus noir, et l'aspect argenté des ailes supérieures, il ne diffère guère de celui.

 

n ° 8. Geometridae Opisthograptis luteolata Linnaeus, la Citronelle rouillée,  identifiée par Thomson. Cinq formes : imago, chrysalide, chenille  précoce, chenille tardive, œuf.

 Tous les ailes sont de couleur d'un doux jaune, ou plus (souvent) d'un blanc jaunâtre affaibli, parsemé de quelques taches brunes,  et d'autres qui sont d'une couleur vieille rouille infecté de noir,   sinon le reste est tout jaune.

 

-n°9. Geometridae Camptogramma bilineata Linnaeus, la Brocatelle d'or.

  Toutes ses ailes sont peintes en brun sur fond blanc comme les coquillages marins, les extrémités sont arrondies, et sur le milieu blanc quelques lignes crénelées courent en guise d'ornement.

 

-n ° 10. Nymphalidae. Euphydryas aurinea Linnaeus, le Damier de la Succise. Une vue ventrale de profil.

 

 Celui-ci a  aussi des ailes au décor de coquillage ponctué de clous  ;  il s'y mêle des rouges blanchâtres ou noirâtres, et il témoigne par la diversité de ses couleurs de la puissance inénarrable de Dieu.

 

 

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Page 107. De usu papilionibus.

De l'utilisation des papillons.

 

He that beholds the forms, clothing, elegancy, and rich habits of the Butterflies, how can he choose but admire the bountisul God, who is the Author and giver of so rich treasure? wherefore art thou proud in decking thy self, and takest so much delight in thy own beauty? possess thy temporary fading goods without envie, for know that there is no Butterfly but is as beautiful and pleasing, and for the length of their life they have a more constan• comeliness than thou hast: thou hast it may be an incredible agility of body, and numbleness in running, but yet O man if thou shouldest exceed all men, thou canst not equall a Butterfly. But you will reply that your cloathing is incomparable, and that you can boast of the Persianand Tyrian silk, of the best purple dyes, brought unto you by shipping: truly should you but see the rich robes of any Butter-fly, besides their purple dyes, and the rowes of pearls, and the borders set with diamonds, rubies, the pyropus, opals, emrods; if you did but see and consider seriously the elaborate composition of their futures and joynts and the imbroidered work here and there, of fine divers coloured twine silk set with studs and eyes of gold and silver, thou wouldst let fall thy painted tail like the Peacock, and casting thy eyes down to the ground from whence thou wert made, thou wouldst learn to be more wise. It may be thou wert born at first in a house of clay and mud walls, or else in a pa∣lace built of polished stones; but some Butterflies are born in their houses that are the Aureliae like to pure gold, and exceed Attalus for the excellency of their birth, and delicacy of their ap∣parel. Learn therefore O mortal Man, who ever thou art, that God that is best and greatest of all, made the butterfly to pull down thy pride, and by the shorrness of their life (which is of no great continuance) be thou mindful of thy own failing condition. We•t thou as strong as Milo or Hercules, and wert fenced or guarded about with an host of Giants for force and valour; remember that such an Army was put to the worst by an army of Butterflies flying in Troops in the air, in the year 1104. and they hid the light of the Sun like a cloud. Licosthenes relates, that on the third day of August, 1543. that no hea•b was left by reason of their multitudes, and they had cevoured all the sweet dew and natural moisture, and they had burn'd up the very grasle that was consumed with their dry dung. Also in the year 1553. as Sleidanus reports, a little before the death of Mauritius Page  975the Duke of Saxony, an infinite Army of Butterflies flew through great part of Germany, and did infect the grasse, herbs, trees, houses and garments of men with bloudy drops, as though it had rai∣ned bloud. But it may be thou art in love with some female beauty, and desirest to please her; O fool, remember the fate of the Phalena Butterfly, which being invited by the light of the can∣dle, as by a fair beauty, is consumed by the flame it fell in love withall: and rejoycing like the Pyrausta bred in the fire, removing but a little from it is presently dead. And thou great Astro∣loger, who makest Aries to be the forerunner of the Spring, rather adore the Butterfly that is a certain messenger of the Spring, and a more sure prophet than your horned Ram. Would you al∣lure fish to your hook, and catch them? hear what gallant baits are made, as we finde it in the Tarentine Geopon. Take 1 ounce of the venomous dung of Butterflies, Anniseed, Goats-milk cheese, Hogs bloud, Galbanum, of each half an ounce, Opopanax 2 drams, beat them all diligently, and powring on good sharp Wine, make Troches, dry them in the Sun and keep them for your use. Castrels, and almost all birds of prey are freed from consumptions by feeding on Butterflies, and grow very fat thereby.Nicolaus in a composition of some powder, makes mention of burnt Butterflies; by which words Turnebus understands Butterflies that fly to the candles: they cause urine exceedingly, as almost all Insects do, but with less danger: moreover, since they feed on dew alone, as do snails, and abhor to meddle with sharp corroding or stinking things, or such as have any venomous or malignant quality in them; truly the Colledge of Physicians are too wayward that dare prescribe a Spanish fly inwardly, yet never made an essay to know what force there is in Butterflies. Plinius saith wisely; Maxima pars eorum quae scimus, minima est eorum quae ignoramus,  That our greatest knowledge is very small compared to that we are ignorant of: for some sall creatures upon the earth are despised, whose force, if we did know it, we should praise to the skies. You therefore sons of Aesculapius, search out the vertues of But∣terflies to be used inwardly and outwardly, for the health of the body; for had Butterflies been useless, surely God would never have set them forth, bestowing so great liberality upon them. But since they are not only for a remedy for us, but may do us much hurt, being inwardly taken in too great a quantity, as being poyson; I shall shew how that may be prevented, and driven off, if Ardoynus deceive me not. Phalenae or night Butterflies, such as fly at candles at night, it may be were accounted of ancient time amongst dangerous medicaments, for the same reason that Toads, Bats, Owls, Howlets and Gnats were; for they held that all living creatures that labour in the day were safe to be used; but night-workers most unhappy and accursed. Pliny commends a Goats liver to drive them away, yet he shews not the means to use it. But if night Mothes go into a Bee-hive and trouble Bees in the night, bury dung mingled with the marrow of an Oxe, and by the smell thereof these unquiet disturbers will presently fall down.

 Columella. Palladius, in April, (for then they commonly do most hurt) places a brass vessel between  the hives, that is high and narrow, and puts a lighted candle in the bottom of it, and they will come in there for love of the light, and there they are half burnt, or choaked by the smoak in the narrow vessel. Bitter vetches are held amongst edible herbs, to prevail most against Butterflies; others drive them away with smoak of  ith and Hemlock, as Rhasis: others hang a horse tail pulled off, upon the door, and they wittily believe that Moths are kept away thereby. Thus much I had to say of the divers use of Butterflies; who though some despise them, yet are they of great use and admirable.

 

 

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n ° 9. Il Est decrit PAR SES ailes "peintre de gris et de blanc Comme les Coquillages marins" (ACDE Peut évoquer les Nacre?), Aux bords arrondis.

 

-n ° 10

 Ceci a des ailes comme Shels Perwinkle, fixés avec des clous, il se mêle la couleur d'un rouge blanc et noir, et le pouvoir indicible de Dieu DOTH énoncés à nous dans la diversité de ses couleurs.

 

 

 

-n°7

 

 

 

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REPRISE PAR LES AUTEURS SUIVANTS.

En 1657, Jan Jonston reprend toutes les figures et les descriptions de Moffet et les réunit à celles d'Aldrovandi (1602) dans son De Insectis .

De Papilionibus, Tableau V Livre I page 46

http://www.biodiversitylibrary.org/item/150732#page/59/mode/1up

 

 

 

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SOURCES ET LIENS.

MOFFET (Thomas), 1634, Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. London: Thomas Cotes pour Benjamin Allen, 1634. 

http://biodiversitylibrary.org/item/123182#page/11/mode/1up

MOFFET,(Thomas), 1657 The Theater of Insects, in   The history of four-footed beasts and serpents describing at large their true and lively figure, their several names, conditions, kinds, virtues ... countries of their breed, their love and hatred to mankind, and the wonderful work by Edward Topsell ; whereunto is now added, The theater of insects, or, Lesser living creatures ... by T. Muffet 

https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/958/mode/2up

Texte en ligne : http://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:16.2?rgn=div2;view=fulltext

CRAWFORTH (Hannah), DUSTAGHEER (Sarah), YOUNG (Jennifer), 2015, -Experimentation in Shakespeare's London  : The Tempest (1610-1611) and Lime Street , in  Shakespeare in London, Bloomsbury Publishing, pages 193-219 Google books

Lime Street et la République des Lettres.  King's College of Londonhttp://map.shakespeare.kcl.ac.uk/blogs/map-articles/lime-street-and-the-republic-of-letters/

DATSON, Lorraine, “The Ideal and Reality of the Republic of Letters in the Enlightenment” Science in Context 4, 2 (1991).

DATSON  Lorraine, Katherine Park and Roy Porter (eds), The Cambridge History of Science, vol. 3, ‘Early Modern Science’ (Cambridge: Cambridge University Press, 2006).

 

— HARKNESS (Deborah), s.d,  -Elizabethan London's Naturalist and the world of John White. European Visions : American Voices

https://www.britishmuseum.org/pdf/2-Harkness-Elizabethan%20Londons%20Naturalists.pdf

— HARKNESS (Deborah), 2007, The Jewel House : Elisabethan London and the Scientific Revolution, London Yale University Press, 384 pages

https://books.google.fr/books?id=y5nkqCbxtjEC&dq=%22lime+street%22+thomas+penny&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— JONSTONUS (Joannes), 1650-1653, Historiae naturalis de quadrupetibus libri : cum aeneis figuris; [Historiae naturalis de serpentibus libri II ; Historiae naturalis de insectis libri III ; Historiae naturalis de exanguibus aquaticis libri IV ; Historiae naturalis de piscibus et cetis libri V ; Historiae naturalis de avibus libri VI] Francofurti ad Moenum :Impensis haeredum Math: Meriani, MDCL-MDCLIII

http://www.biodiversitylibrary.org/item/150732#page/58/mode/1up

Voir aussi Edition de 1657 Schipper, Amstelodami 

— LINNÉ (Carl) 1758 Systema naturae Dixième édition :

http://www.biodiversitylibrary.org/page/727383#page/513/mode/1up

— LINNÉ (Carl) 1767 Systema naturae Douxième édition

http://www.biodiversitylibrary.org/page/25848844#page/256/mode/1up

MERRET (Christopher)  Pinax rerum naturalium Britannicarum: continens vegetabilia, animalia, et ...

 https://books.google.fr/books?id=p0SjZ7N6TA0C&pg=PA204&lpg=PA204&dq=mespilaria&source=bl&ots=WJUpp82tGk&sig=RNghiCbs9ARE5peFdfOieWNZkvA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi3tL3X9qfKAhVGCBoKHTg7ClQQ6AEIMjAD#v=onepage&q=mespilaria&f=false

— NERI (Janice), 2011, The Insect and the Image : Vizualizing Nature in Early Modern Europe, 1500-1700. University of Minnesota Press, 233 pages.

RAVEN (Charles)  El. English Naturalists from Neckham to Ray: A Study of the Making of the Modern World. (Cambridge: Cambridge University Press, 1947).

— SALMON, (Michael. A.), MARREN, (Peter) , HARLEY, (Basil), 2000, The Aurelian legacy: British butterflies and their collectors. Harley Books, Great Horkesley. 2000. p 432   

 

— THOMSON (Georg), 2000, Insectorum sive minimorum animalium theatrum = the butterflies and moths : olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaque Pennio inchoatum tandem Tho. Moufeti Londinatis opera sumptibusq' ; maximis concinnatum, auctum, perfectum …Editeur Lochmaben, Scotland : George Thomson, 2000. 65 p. [dont pp. 87-108 du texte originel] : ill. ; 30 cm Notes : Facsimile de l'extrait "De Papilionibus" de l'éd. de 1634 de "Insectorum sive minimorum animalium theatrum" de Thomas Moffet (Moufet), E. Wotton, K. Gesner et T. Penny avec commentaires, biographies, notes et bibliographie de George Thomson. - Tirage limité de 500 exemplaires numérotés. - Texte en anglais avec texte du facsimile en latin Annexes :  Bibliogr. (p. 40-41). Deuxième édition révisée et augmentée en 2012 avec le chapitre De Eruca.

 

 

WEBSTER (Charles) 1979,  Health, Medicine and Mortality in the Sixteenth Century C.U.P archive, 394 pages. Frontispice de 1590 reproduit Planche 7 page 170. Voir aussi page 328

https://books.google.fr/books?id=g588AAAAIAAJ&dq=Health,+Medicine+and+Mortality+in+the+Sixteenth+Century&lr=&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— WILKINSON (Ronan S.) 1966. English entomological methods in the seventeenth and eighteenth centuries. Part I: to 1720. Entomol. Rec. 78:143-151.

— WILKINSON (Ronan.S.) . 1969. The oldest extant specimens of North American Lepidpptera, Mich. Entomol. 2:46-47.  

WILKINSON (Ronan.S.) . John White's drawings of Papilio glaucus L (Lepidoptera: Papilionidae): new light on the 'first American butterfly and the problem of glaucus versus antilochus L. Part I: White to Moffet, THE GREAT LAKES ENTOMOLOGIST Published by the Michigan Entomological Society Volume 6 1973 No. 1  http://www.michentsoc.org/gle-pdfs/vol6no1.pdf

Autres liens :

https://books.google.fr/books?id=g588AAAAIAAJ&pg=PA170&lpg=PA170&dq=British+Library+Sloane+Ms+4014+%22title+page%22+%22william+Rogers%22&source=bl&ots=R9btdWcVhu&sig=Ob4qcU78-6dCXuF4qPlqw9QPzhQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjl2OyJpaHKAhVLVhQKHdowDZEQ6AEIJDAB#v=onepage&q=British%20Library%20Sloane%20Ms%204014%20%22title%20page%22%20%22william%20Rogers%22&f=false

 

https://books.google.fr/books?id=cfysIyxApyQC&pg=PA56&lpg=PA56&dq=%22william+rogers%22+theatrum+insectorum&source=bl&ots=6ExcMaUphQ&sig=PgYFiPdOkhEB_KTM5Kk3no1Sd8s&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjx0MjHoqHKAhVBPhQKHYupAMcQ6AEIKTAB#v=onepage&q=%22william%20rogers%22%20theatrum%20insectorum&f=false

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 09:20

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Ce cercueil contenait, lorsqu'il fut acquis, sans-doute au Caire, en 1842 par le Comte de Saint-Ferriol, propriétaire du château d'Uriage et fondateurs des thermes d'Uriage, la momie MG 1994 d'un notable thébain de la Période Intermédiaire, Djemoutefânkh, avec son linceul et ses bandelettes dans son cartonnage  MG 1998. Pourtant, il s'agissait d'un montage composite dû à un ingénieux marchand d'antiquité, car ce cercueil en bois (Sycomore ??) est  plus récent, datant de la période saïto-perse.

Le propriétaire du cercueil partage d'ailleurs son nom avec le roi fondateur  de la XXVIe dynastie égyptienne, Psammétique Ier (-663/-609), dynastie qui  couvre la période de -664 à -525 dite période saïte, du nom de la ville de Saïs dont est originaire la dynastie. Lors de la  « renaissance saïte » les artisans et artistes  vont imiter l'art du Moyen Empire et même de l'Ancien Empire. A partir du roi Psammétique II (-595 à – 589), le déplacement du centre du pouvoir de Saïs à Memphis fait du classicisme memphite de l’Ancien Empire le modèle artistique plus que jamais imité pour affirmer la grandeur retrouvée.  Or, ce cercueil vient, selon Jean Yoyotte, de Memphis. 

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Nous sommes ici devant une pièce exceptionnelle, qui a suscité l'admiration des égyptologues qui l'ont décrits : l'abbé Tresson en 1933, et Jean Yoyotte en 1979. 

"Ce cercueil est d'une exécution particulièrement soignée. Les formes des figures, des hiéroglyphes, sont souples et fines ; les couleurs sont appliquées avec soin, elles ont conservées tout leur éclat. Les détails intérieurs des signes sont d'une grande délicatesse. Chaque figure, chaque signe est un chef-d'œuvre de réalisme précieux." (Kheny et Yoyotte 1979, p.109).

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Ici, un extrait d'une inscription affirmant "Je suis ta protection".

Le signe V16 de la corde avec boucles servant d'entrave pour le bétail. Il peut signifier comme ici, le nom sA,   "protection".

Le signe V31 du panier de vannerie avec poignée traduisant phonétiquement la lettre -k. On admirera le soin avec lequel le damier du tissage est tracé.

Le hiéroglyphe de la chouette G17, correspondant au son "m". Le plumage du ventre est rendu par des lignes fauves en zig-zag, alors que les ailes sont mouchetées en dix lignes concentriques. L'intérieur des ailes est orné de mouchetures plus fines. La face est traitée à la perfection.

Le superbe  hiéroglyphe du lièvre dans le désert (sekhat) E34 est le bilitère phonétique Wn (oun). Placé au dessus du signe de l'eau N35 (n), avec la fonction d'idéogramme, il forme le verbe "être" . Les oreilles du lièvre ont une pointe noire, et des bords crénelés . J'ai compté 36 coups de pinceau pour tracer chaque oreille !  Comparer avec celui-ci, du temple d'Edfou.

Osiris, appelé aussi Ounen-nefer l'être parfait, était aussi appelé Sekhât "le Lièvre Parfait". En effet après avoir été tué par son frère (coupé en morceaux) il a été ressuscité par sa sœur (qui a réuni les morceaux). Il a donc vaincu la mort, est devenu parfait.

L'animal représenté est  Lièvre du Cap Lepus capensis, reparti dans une grande partie de l'Afrique et du Moyen Orient, y compris en Sardaigne 

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Autre exemple de hiéroglyphes.

 

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

— Inv.: MG 1996 Cercueil anthropoïde de Psamétik fils de Sbarekhy VIe siècle av. J.-C.

Tenons et mortaises métalliques fixés sur les bords du couvercle Bois stuqué et peint 188 x 54 x 46 cm. Rapporté d'Egypte en 1842 par Louis de Saint-Ferriol. Don de Gabriel de Saint-Ferriol, fils du comte Louis de Saint-Ferriol, en 1916

 

Dans la tombe, "demeure d'éternité", le sarcophage reçoit et protège le corps momifié. Le cercueil demeure le reflet de la condition sociale : d'or et d'argent pour le roi, de bois pour les gens fortunés et les fonctionnaires.
C'est à cette dernière catégorie qu'appartient celui de Psamétik. Le cercueil prend ici l'apparence d'un mort ceint de bandelettes, à l'image d'Osiris, premier roi momifié. Psamétik est coiffé d'une lourde perruque ; le visage peint en vert, couleur d'Osiris, porte également la barbe recourbée du dieu.
Le collier rouge, bleu et or couvre une partie du gorgerin de perles multicolores. Sur le ventre, tenant la plume de Maat dans chaque main, la déesse céleste couronnée du disque solaire étend ses ailes. De chaque coté se distinguent les déesses sœurs, Isis et Nephtys présentes lors de la momification d'Osiris. Les jambes sont couvertes de colonnes de hiéroglyphes, textes protégeant le mort. De part et d'autre, les quatre fils d'Horus dans leur gaine de momie : Douamoutef (tête de chacal), Kébensénouf (tête de faucon), Hapi (tête de babouin) ainsi qu'Amset (tête d'homme) veillent à la conservation des viscères du défunt. Au registre inférieur, le dieu Anubis, couché sur son naos protège la tombe.
La fraîcheur de la palette colorée alliée à la précision du dessin fait de ce sarcophage une œuvre exceptionnelle. Soustraite au regard des vivants, la virtuosité des artisans égyptiens répond ici parfaitement aux exigences de la religion : assurer pour l'éternité la survie du défunt. (Les Incontournables, 
Egypte, Cercueil anthropoïde de Psamétik fils de Sbarekhy, VIe siècle av. J.-C. Musée de Grenoble)

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Image Jean-Luc Lacroix, musée de Grenoble.

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"Cercueil en bois ayant contenu la momie de Psamtik du numéro 9. Voir Planche III. Hauteur : environ 2 mètres.

Hiéroglyphes peints sur fond blanc. Textes liturgiques sur les deux faces. Aucune inscription à l'intérieur. Pièce tout à fait remarquable pour la finesse des signes. Assurément, l'un des plus gracieux spécimens de l'art saïte. Provient, très probablement, de la nécropolle thébaine de Cheikh Abd el-Gournah, comme les numéros 2, 9, 10-13, …" (Tresson 1933 page 47)

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I. LA PARTIE SUPERIEURE.

 

 

"La tête du défunt est coiffée d'une perruque à pans avec fortes raies noires. La figure, de couleur verte, aux gros yeux peints en blanc et en noir porte la barbe recourbée des morts osiriens. Sous le cou, s'étale un large collier à riches motifs floraux et à perles lacrymoïdes, retenu sur l'épaule par deux agrafes à tête de faucon pèlerin." (Tresson p.47)

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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"Collier du mort, simple série de onze rangs parallèles rouges et bleues séparés par une étroite bande dorée. Vaste gorgerin couvrant toute la poitrine avec attaches à têtes de faucon traitées linéairement, sept rangées de perles, alternativement calices de lotus et rosettes, traitées shématiquement ; le rang inférieur est composé de perles lacrymales." (Kheny et Yoyotte p. 106)

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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Décor du couvercle, Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Décor du couvercle, Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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"En dessous, la déesse du ciel, Nouit,[sic] accroupie, la tête surmontée du disque solaire, rouge avec pourtour blanc, tient ses bras ailés complétement étendus et ses mains portent deux plumes, symboles de la Justice et de la Vérité."  (Tresson p.48)

 

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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"Elle est flanquée, à droite, d'Isis, à gauche de Néphthys, toutes deux agenouillées, la figure et le corps peints en jaune, ayant perruque noire et ruban rouge, justaucorps avec bretelles, collier, bracelets aux poignets et aux chevilles. Leurs mains sont abaissées vers un sceau à l'intérieur rouge, lequel repose à terre. » (Tresson, p.48)

N.b : Le sceau est le signe hiéroglyphique shen, et signifie universalité et/ou éternité.

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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"L'inscription s'étend ensuite jusqu'à la base. Dans la partie centrale, trois colonnes d'hiéroglyphes, tournées vers la gauche, contiennent une invocation à « l'Osiris Psamtik, né de la dame Sba-rekhit, ["étoile des humains"]  inspecteur des favoris royaux, [mot à mot « des connus du Roi ». Il s'agit d'une catégorie de courtisans, vivant dans l'intimité du Souverain et toujours prêt à répondre à son appel] administrateur du quartier des nécropoles » pour lui annoncer la venue de « l'Horus-hetem-baouf » et des « quatre génies funéraires », qui assureront sa garde dans l'autre vie. Ces génies sont représentés sur les cotés et se font face."

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"A gauche, Hâpi à tête de cynocéphale et Qebeh-senouf à tête de faucon. A droite, Amsty à tête d'homme et Doua-moutef à tête de chacal. Ils promettent leur protection au défunt dans quatre discours à termes identiques : "O l'Osiris Psamtik, je suis (ici) pour ta protection »." (Tresson p.48)

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Ces formules évoquent celle n° 151A du Livre des Morts :


•  "Paroles dites par Amsit : je suis ton enfant, N.; je suis venu pour être ta protection; j'ai maintenu ta demeure de façon tout à fait durable, conformément à ce qu'a ordonné Ptah, conformément à ce qu'a ordonné Rê "
•  "Paroles dites par Hapy : Je suis venu pour être ta protection, Osiris N.; j'ai rattaché ta tête et tes membres, et j'ai frappé pour toi tes ennemis sous toi; je t'ai redonné ta tête, pour toujours"
•  "Paroles dites par Douamoutef : Je suis ton enfant, Horus bien-aimé, N. ; je suis venu protéger mon père Osiris de celui qui agit (contre) toi : je le mène sous tes sandales"
•  "Paroles dites par Qebehsenouf : je suis Qebehsenouf; je suis venu pour être ta protection, N.; je t'ai rassemblé tes os, je t'ai réuni tes membres, je t'ai apporté ton coeur et je le remets à sa place dans ton corps; j'ai maintenu ta demeure après toi." 

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L'un des fils d'Horus, Amset,  à tête d'homme : il protège, avec Isis, le foie. Inscription : 

1°) Amsty dit :« O l'Osiris Psamtik, je suis [venu pour être] pour ta protection ! »

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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L'un des Fils d'Horus,  Douamoutef, à tête de chacal. Il protège, avec Neith, les poumons. inscription : " Doua-moutef dit : « O l'Osiris Psamtik, je suis pour [être] ta protection ! »"

 

 

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Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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A. — Au centre (de gauche à droite) : [1] Paroles à réciter : « O l'Osiris, divin père, chéri du dieu, inspecteur des favoris du Roi, administrateur du quartier des nécropoles, connu du Souverain, Psamtik, né de Sba-rekhit, viennent à toi Horus-hetem-baouf, Hâpi, Doua-moutef, Amsty, Qebeh-senouf. Leur nom, c'est ton nom pour tes Akhmou-sek. Tu n'es point détruit, tu n'es point anéanti, éternellement, à jamais ! »

 

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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Aux angles inférieurs, Anubis à forme de chacal est étendu sur un naos, surmonté de deux de ses épithètes, « Anubis, résidant dans Out », et « Anubis, le premier du Sehmouter ».

 

 

 

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

Cercueil de Psamétique, Collections égyptiennes du Musée de Grenoble, photographie lavieb-aile.

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La face inférieure de la cuve.

"Au dos du cercueil, sur deux lignes verticales, une allocution , dans laquelle le dieu Horus, s'adressant au défunt, célèbre son triomphe dans l'autre vie.

Voici, du reste, la traduction de ces passages :

 

  Horus te dit : « L'Osiris, divin père, connu du Roi, Psamtik, né de Sba-rekhit, tu vis comme celui qui réside au ciel (=Rê) et ta transformationest analogue à cfelle del'habitant de la terre (=Osiris). Dresse-toi en raison de taforce. Tu t'élèves (dans le ciel) vu que Nouit t'a enfanté semblablement à Sah (= la constellation d'Orion). Tu es maître de ton corps : tu es à l'abri de tes ennemis ! ». (Tresson p. 48 et 49)

 
Dos de la cuve du cercueil de Psamétik, photo J.L. Lacroix, Musée de Grenoble.

Dos de la cuve du cercueil de Psamétik, photo J.L. Lacroix, Musée de Grenoble.

Selon Dewachter,  le comte Saint-Ferriol possédait dans sa collection d'Uriage trois Oushebtis de Psamétique, dont un seul est conservé à Grenoble sous le n° d' inventaire 3574 :

Image J.L. Lacroix, Musée de Grenoble.

http://www.navigart.fr/grenoble-collections/#/artwork/60000000087852?layout=grid&page=8&filters=collection_department:Collection+%C3%A9gyptienne

Psamétique et la momie d'Uriage.

"Ni le manuscrit du journal ni le catalogue du comte ne précisent l'origine du cercueil de Psamétique (Uriage 74 -Grenoble Inv.1996). En fait, c'est l'abbé Paul Tresson qui, en 1933, rattacha abusivement à la nécropole thébaienne et à un achat auprès du Grec Wardi, le 29 avril 1842, un cercueil anthropoïde dont l'étude du décor, de la titulature et du reste de l'équipement de ce Psamétique a conduit Jean Yoyotte, dès 1971, à plaider avec raison pour une sépulture memphite et non thébaine. Oublions donc l'achat du 29 avril pour envisager plutôt une acquisition cairote, probablement en juin 1842, puisque le 2 juillet suivant le comte fait allusion dans son journal à sa « belle caisse de momie » d'une manière si précise qu'il ne peut s'agir que du cercueil de Psamétique. Mais cette caisse était-elle vide au moment de son achat, ou garnie d'une momie ? Au premier abord, il est impossible de trancher et tout ce qui peut être raisonnablement déduit du catalogue d'Uriage, à l'entrée n°74, c'est que la caisse de Psamètique était un cercueil intérieur : « cette caisse de momie est le deuxième cercueil, elle en contenait une autre en carton, celle qui enveloppait le corps. Un troisième n°75 était destinée à contenait celle-ci, n°74. ». En se reportant à l'entrée n°75, on apprend que, selon le comte -le mieux placé pour savoir ce qu'il avait réellemenbt acheté en Égypte – une partie de la caisse extérieure de Psamétique semblait bien alors conservée à Uriage : « n°75 :- Partie d'une caisse de momie de la même époque que la précédente. Elle faisait partie du même sarcophage. Ses dimensions étaient calculées de manière à ce qu'elle put contenir le n°74 ».

Qu'est devenue cette pièce d'Uriage n°75 ? Quant au recueil d'Uriage n°74, celui du Psamétique, contenait-il ou non la momie d'Uriage ?

En se reportant au procès-verbal établi par Hippolyte Bouteille, conservateur du Muséum de Grenoble, et secrétaire général de la Société zoologique , qui procéda en octobre 1858 à l'examen de la momie, on observe qu'il n'est mentionné là qu'une « caisse en carton » -rien au sujet de la caisse d'Uriage n°74- et rien bien entendu jamais encore le nom de Psamétique, puisque l'identité du propriétaire ne sera révélée qu'en 1861 par Théodule Devéria ; c'est manifestement cette seule mention du cartonnage par Bouteille qui conduisit [Kueny et Yoyotte page 97] à croire en 1979 que « rien n'indique que ce cartonnage ait jamais été contenu dans le cercueil 125, » celui de Psamétique.

 

Cependant, un simple recours au catalogue d'Uriage permet d'affirmer au contraire que cartonnage et momie furent, en 1858, retirés du cercueil de Psamétique. Voici en effet ce que le comte -rendu témoin de cet examen et n'ayant certainement pas oublié ce qu'il avait lui-même acquis – a enregistré : « 76- Première enveloppe en carton de la momie n°71 e », et « 71 – Momie du jeune homme imberbe, remontant au VIIIe siècle avant J.C. .M. Bouteille […] l'a extraite de sa caisse n°74 (...) ». Cette belle momie a été déposée dans une caisse en noyer, doublée de zinc."  La date donnée à la momie est la même que celle retenue par le comte suite à la visite de Devéria, pour le cercueil de Psamétique : preuve que Louis de Saint-Ferriol croyait, avant l'abbé Tresson, au lien entre la momie et son cercueil de Psamétique – un argument supplémentaire pour croire déjà à la présence de cette momie lors de l'acquisition du cercueil d'Uriage n°74. Dans ces conditions, et si, comme tout porte à le croire, le cartonnage d'Uriage n°76 correspond bien à l'enveloppe inv. 1998, comme le croyait déjà l'abbé Tresson, on en déduit que c'est bien un équipement artificiellement « recomposé » qui fut fourni au comte en 1842. En effet, le cercueil de Psamétique est memphite et ne date que de l'époque saïto-perse, alors que le cartonnage et sa momie sont thébains et remontent à la période intermédiaire. Quant à savoir si ce fut la momie de Djedmoutefânkh que les marchands d'antiquité déposèrent dans le cercueil de Psamétique, cela repose encore sur la lecture pas totalement assurée du nom du propriétaire du cartonnage. En sus, Hippolyte Bouteille n'ayant rencontré apparemment aucune difficulté pour extraire la momie de sa « caisse de carton », rien n'assure que cartonnage et momie proviennent du même équipement " DEWACHTER (Michel). - "Imbroglio Djedmoutefânkh et Psamétique : Le cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1843-1916)" 

 

 

SOURCES ET LIENS.

Notice du Musée de Grenoble, "Les incontournables".

http://www.museedegrenoble.fr/TPL_CODE/TPL_OEUVRE/PAR_TPL_IDENTIFIANT/20/951-antiquites.htm

— Images Jean-Luc Lacroix Musée de Grenoble

http://www.navigart.fr/grenoble-collections/#/artwork/60000000006028?page=1&filters=query:cercueil&layout=grid

 

 

DEWACHTER (Michel). - "Informations relatives à la collection du Comte de Saint-Ferriol et fournies par son journal de voyage" in Grenoble, musée des Beaux-Arts : Collection égyptienne par Gabrielle Kueny et Jean Yoyotte (Appendice E). - Paris : Editions de la Réunion des Musées Nationaux, 1979 ISBN 2-7118-0050-4 - Cit. p.206

DEWACHTER (Michel). - "Imbroglio Djedmoutefânkh et Psamétique : Le cabinet d'Uriage et sa contribution aux débuts de l'égyptologie (1843-1916)" in Le château d'Uriage: son cabinet de curiosités, pp.48-62. - Grenoble : Chapô public éditions, 2008 ISBN 978-2-916813-03-5 - Cit. pp. 52-53, reprod. p. 52

HAMON (Paul), LEMONDE (Anne), PARAVY (Pierrette). - Le Château d'Uriage : 1000 ans d'histoire. - [S.l.] : Chapô Public Editons, 2006. - Reprod. p. 69

 

KUENY (Gabrielle). - "Un sarcophage d'époque Saïte de la collection Saint-Ferriol" in Actualités Dauphiné, octobre 1966, n°114, pp. 15-17. - Grenoble : Actualités Dauphiné, 1966 ISSN 0335-4423 - Cit. pp. 15-17, reprod. P.16 et 17

KUENY (Gabrielle), YOYOTTE (Jean). - Grenoble, musée des Beaux-Arts : collection égyptienne. - Paris : RMN, 1979. - (Inventaire des Collections publiques françaises, n°23). n° isbn 2-7118-0050-4 - Cit. p. 106-109, cat. n°125

LEMOINE (Serge) et LE POMMERE (Marianne). - Image d'une collection, Musée de Grenoble. - Paris (France) : Réunion des Musées Nationaux, 1999. - 285 p. ; 30 cm ISBN 2-7118-3795-5 - Cit. p. 15, reprod. en coul. pp. 14-15

 

TOSATTO (Guy), sous la dir. de / Les collections du Musée de Grenoble. - Versailles (France) : Artlys, 2004. - 240 p. ISBN 2-85495-219-7 n° isbn 2-85495-219-7 - Reprod. en coul. p. 6

TOSATTO (Guy), sous la dir. de - Musée de Grenoble : guide des collections : antiquité-XIXe siècle. - Lyon (France) : Fage éditions, 2015. - 239 p. ; 25 cm ISBN 978-2-84975-384-2 n° isbn 978-2-84975-384-2 - Cit. et reprod. en coul. p.17

TRESSON (P.). - Catalogue descriptif des Antiquités égyptiennes de la salle Saint-Ferriol. - Grenoble, 1933. - Cit. p. 47-49, cat. n°22

 

 

— ALPHANDARI (Yves). - Les hiéroglyphes : du dieu Thot à Champollion. - Paris : Père Castor Flammarion, 2013 ISBN 9782081287020 - Reprod. p.87

— GASSE (Annie). - Le Livre des Morts de Pacherientaihet au Museo Gregoriano Egizio. - Le Vatican : Monumenti, Musei e Gallerie Pontificie, 2001. - Cat. n° 9-10

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Musée de Grenoble
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 22:26

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon.

J'ai souvent observé les nids de la Processionnaire du Pin, boules blanchâtres enveloppant, au bonheur la chance, une ou plusieurs branches d'un pin (Pin noir d''Autriche le plus souvent) lorsque j'emprunte l'autoroute et que je traverse la France. C'est plus fréquent encore que d'observer une buse posée sur un poteau de grillage.

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Ce serait un passe-temps bien agréable de jouer au "Tennis-processionnaire" comme lorsque nous jouions au "tennis-barbu" dans l'Aronde, ou dans la Dauphine Gordini du paternel lors de nos départs pour les Grandes Vacances.

Quoi, vous ignorez ce qu'est le "tennis-barbu"? Ces jeunes, il faut TOUT leur apprendre.

Voici un billet de Claude Duneton dans le Figaro qui va faire le point sur ce grave sujet. Ouvrez vos esgourdes.

 

"Il m'est parvenu l'autre jour une information bien curieuse: les gens âgés de moins de soixante ans ignorent tout du tennis barbu ! Ah ! j'entends d'ici votre interrogation, en effet : le tennis barbu? Mon Dieu, qu'est-ce? Eh bien j'évoquais l'autre jour un livre de Claude Meunier, lequel rappelle ce petit jeu de société, assez imbécile je le reconnais, qui avait cours dans les années… voyons, dans les années 1940, 1950 - avec prolongation possible jusque vers 1965 -, qui consistait à s'écrier «Quinze pour moi !» lorsqu'on croisait un individu qui portait la barbe. Le second barbu croisé donnait trente points, le troisième quarante, gagnant, selon le décompte habituel du tennis ordinaire. Quel drôle de jeu ! direz-vous…

Oui, mais il s'agit d'un temps sans transistor, sans baladeur, sans téléphone portable, une époque où la rue n'avait que les bruits que vous lui apportiez. » J'abrège.

Eh oui, nous pourrions nous exclamer "Quinze pour moi !" à chaque nid de Processionnaire observé. Mais hélas, les 15, 30, 40, se succéderaient, les 6 jeux feraient trop vite le set, et nous ne serions pas arrivés au Pont-Neuf que la partie serait finie.

Revenons à la Processionnaire. Il y a quelques dizaines d'années, on redoutait son expansion à travers la France, progressant  du sud vers le nord. Crozon, comme la Bretagne nord, était préservée. Mais aujourd'hui, le site Lepinet montre une carte uniformément verte pour notre Région : l'espèce serait connue partout.

 

Pourtant, je n'avais jamais observé le fameux défilé à la queue leu leu de ses chenilles, qui lui vaut son nom. C'est aujourd'hui chose faite. Justement sous des pins bordant une résidence secondaire, sur un sentier côtier allant de la Pointe de Raguenes vers la Pointe du Guern, sous des Pins. J'ai pris quelques images avec mon téléphone, avant de les écraser.

 

Rappellons les faits (Wikipédia) : 

Les papillons, qui éclosent durant l'été, entre juin et septembre selon le climat, pondent leurs œufs déposés en rangées parallèles par paquets de 150 à 220 sur les rameaux ou les aiguilles de diverses espèces de pin. L'éclosion a lieu cinq à six semaines après la ponte.

Elle donne naissance à des chenilles qui muent cinq fois. 

En hiver, les chenilles tissent un nid soyeux dans lequel elles passeront la journée pour profiter des rayons du soleil. Elles en sortent la nuit pour s'alimenter, se déplaçant en « procession ». La cohésion de la file en déplacement est assurée par le contact tactile de soie à soie.

Au printemps, la colonie, conduite généralement par une femelle, quitte le nid, toujours en procession pour gagner au sol un endroit bien ensoleillé et s'enfouir dans un trou où chacune des chenilles va tisser son cocon pour démarrer son processus de transformation en chrysalide.

Au bout de plusieurs mois, voire plusieurs années, les chrysalides sont transformées en papillon qui sortent de terre. Le cycle peut alors reprendre par accouplement de la femelle et du mâle. Ce dernier meurt un ou deux jours après, alors que la femelle s'envole vers une branche pour pondre jusqu'à 220 œufs avant de mourir aussi. Les petites chenilles émergent 30 à 45 jours après la ponte.

La chenille est d'une teinte brun foncé ponctuée de taches rougeâtres sur la partie supérieure et les flancs, tandis que la face ventrale est jaune. La tête est noire. Elle est très velue et couverte de poils urticants. " Elles possèdent au troisième stade larvaire 600 000 poils urticants qui sont projetés en l’air à la moindre agression ". Ces poils sont responsables de graves réactions urticantes ou allergiques cutanés (mains, cou, visage), oculaires ou respiratoires. 

Une description plus précise est donnée par Alain Fraval :http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i147fraval3.pdf

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Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 10 janvier 2015
Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 10 janvier 2015

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 10 janvier 2015

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Sur le forum de Bretagne Vivanteun membre signalait une procession de chenilles traversant son école (en Bretagne, mais où ?) le 14 décembre dernier. Mael Garrin a répondu : "En principe, c'est plutôt au printemps effectivement, mais avec cette année bizarre....".

J'ai bien-sûr hésité avec la Processionnaire du chêne, Thaumetopoea processionea Linnaeus, 1758. Mais les processions de la locataire du Pin se déroulent (normalement) au début du printemps, et celles de la locataire du chêne (et autre feuillus) ont lieu en avril.

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Le 1er août 2015, le Télégramme de Brest  publiait un article : Crozon. Chenille processionnaire. La Presqu'île touchée. "Depuis les années 1970, on assiste à une forte expansion de la chenille processionnaire du pin de l'ordre de 4 km/an, liée vraisemblablement au réchauffement climatique. Cet hiver, on a pu observer quelques nids sur la commune de Crozon qui avait, jusque-là été préservée, particulièrement à la lisière du bois du Kador, à Crozon, à Postolonnec et à Trébéron."

http://www.letelegramme.fr/finistere/crozon/chenille-processionnaire-la-presqu-ile-touchee-01-08-2015-10725713.php

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Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 10 janvier 2015

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 10 janvier 2015

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En cherchant bien, je finis par trouver un jeune pin qui portait, en son sommet un seul nid. Incontestable, mais parfaitement isolé.

 

Nid de Processionnaire du Pin, Pointe de Raguenes, Crozon. Photographie lavieb-aile.
Nid de Processionnaire du Pin, Pointe de Raguenes, Crozon. Photographie lavieb-aile.

Nid de Processionnaire du Pin, Pointe de Raguenes, Crozon. Photographie lavieb-aile.

Le 24 janvier 2016, j'observais cette-fois un embouteillage sur le sentier allant de la Pointe du Menhir à Postolonnec ; el les nids, bien visibles sur les pins exposés au vent du large.

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Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 24 janvier 2015, Photographie lavieb-aile.

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 24 janvier 2015, Photographie lavieb-aile.

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 24 janvier 2015, Photographie lavieb-aile.

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 24 janvier 2015, Photographie lavieb-aile.

Chapitre dans lequel je découvre les "miroirs urticants".

C'est sur le site d'André Lequet que je lis que : "Contrairement à une idée reçue la pilosité apparente de ces chenilles n'est pas en cause. En fait les poils urticants sont à la fois extrêmement nombreux et petits (1 à 2/10 de mm), et tel un feutrage ils tapissent des invaginations tégumentaires situées sur la partie dorsale des segments abdominaux. Ces plages urticantes, appelées des "miroirs" (ci-dessous), s'ébauchent au 3 ème stade larvaire et atteignent leur plein développement au 5 ème et dernier. Lorsque la chenille est excitée, dérangée, ou agressée, les zones urticantes "s'ouvrent" et libèrent les poils proprement dits. Ils ressemblent à de minuscules harpons, avec une partie basale aiguë, et un apex doté de barbules acérées qui tel l'ardillon d'un hameçon permettent la pénétration, mais s'opposent à l'extraction. Par-delà un effet purement mécanique ces poils sont enduits d'une sécrétion qui provoque de très intenses démangeaisons."

Je m'intéresse à ces miroirs. Combien sont-ils ? J'en compte un par segments, il doit donc y en avoir 13, mais j'en ai compté seulement 11 visibles sur ma photo. Ils sont ovales, blonds ou pain d'épice, et une ligne les parcourt, sinueuse comme la ligne qui sépare les lèvres d'une bouche humaine. Un peu de miel semble briller encore sur cette bouche mal léchée.  Certains miroirs sont , ou paraissent, fermés. Ils ressemblent à une plaie par incision d'un vieux cuir tanné et noir. Chacun est bordé de poils de la même couleur de miel, qui s'écartent lorsque le miroir est déployé, ou se rapprochent en herse si les berges sont jointes. Voilà du moins ce que je vois. Mais quelle en est la description scientifique ?

J'emprunte quelques figures à un mémoire de thèse d'un étudiant italien sous la direction d'Andrea Battisti. Les premières descriptions semblent être dues à G. Demolin, en 1963, et la proteine allergisante a été isolée et décrite par Michel Lamy en 1981-1986 sous le nom de thaumetopoeine. C'est un dimère de 28 kDa propre aux soies,  formé par deux sous-unités de 13kDa et  de 15 kDa. La thaumetopoein provoque chez des cobayes la dégranulation des mastocytes induite par un mécanisme non immun (Lamy et al., 1985). Cette dernière protéine a été retrouvée ensuite aussi chez la Processionnaire du Chêne (Lamy, 1988) . La première étude sur les protéines associées à urticants soies de Th. Pityocampa était publié dans par Lamy et al. (1983) mais ils ont mentionné thaumetopoein la protéine dans le 1985 (Lamy et al., 1985). Ils ont décrit 

 Plusieurs années plus tard, le même scientifique

groupe a décrit un homologue de thaumetopoein en soies de la processionnaire du chêne

larves (Lamy et al., 1988). Cette protéine Exposée le même effet que urticants thaumetopoein dans la peau de cobayes.

1.3.2 Tha p 1 (Moneo et al., 2003)

D'autres protéines, nommées Tha p1, p2 et p3 ont été ensuite décrites.

 

 

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 24 janvier 2015, Photographie lavieb-aile.

Les Processionnaires du pin - Thaumetopoea pityocampa ( Denis & Schiffermüller, 1775) à Crozon. 24 janvier 2015, Photographie lavieb-aile.

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La chenille processionnaire, à partir de son 3ème stade de développement, dispose  de plages de petits poils urticants (moins de 1 mm) appelées miroirs, cachées dans les remplis de la peau. On dénombre au minimum 120 000 poils par miroir, soit environ 1 million par chenille (60.000 soies / mm2). Ces miroirs, qui s’ouvrent et se ferment, libèrent les poils urticants lorsque la colonie est agressée. Ces poils se détachent facilement et restent en suspension dans l’air ambiant, formant un véritable nuage. Ils demeurent virulents plusieurs mois après la disparition des chenilles, notamment dans les nids qu’elles ont occupés. Le soies sont courtes (généralement 50-600 um de long, 2-8 m de diamètre), ont des barbes le long de leur axe et peuvent facilement entrer dans la peau à l'extrémité proximale, aidé par les barbes  .

 

Miroir d'une chenille de Thaumetopea pityocampa, Photographie lavieb-aile.

Miroir d'une chenille de Thaumetopea pityocampa, Photographie lavieb-aile.

Miroir d'une chenille de Processionnaire du Pin et schéma d'après Moneo & al. 2015, Figure 3 in Mitali  2015.

Miroir d'une chenille de Processionnaire du Pin et schéma d'après Moneo & al. 2015, Figure 3 in Mitali 2015.

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Co-existence de soies courtes et longues dans le même miroir ouvert de T. pityocampa, d'après P. Toffolo  in Mitali  2015.

Co-existence de soies courtes et longues dans le même miroir ouvert de T. pityocampa, d'après P. Toffolo in Mitali 2015.

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 La nature des soies est très différente des autres poils défensifs, tels que des épines (fig. 2). Les épines font partie du tégument et exigent un contact avec la chenille pour provoquer la réaction (par exemple les larves de Saturniidae, Megalopygidae et Limacodidae) alors que les  soies peuvent être facilement libérées dans l' environnement, créant des problèmes de santé à distance, et par des mécanismes allergiques ou immuno-allergiques.

 Les soies urticantes , comme le tégument des insectes, sont construits par un squelette de chitine avec un matrice de protéines et sont couverts par des couches de lipoprotéines, de  cire, et de mucopolysaccharides .

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Vraies soies, et soies modifiées comparées à des poils (A) et à des épines, in Mitali 2015.

Vraies soies, et soies modifiées comparées à des poils (A) et à des épines, in Mitali 2015.

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Le mécanisme de libération de soies par les larves a été explorée par en premier Demolin (1963), qui a montré que les chenilles peuvent ouvrir activement les miroirs lorsqu'elles sont dérangées (Figure 4). Chez  Th. Pityocampa, les miroirs  sont maintenus repliés dans des conditions normales  et seule l'extrémité distale de soies est visible. Lorsqu'elles sont dérangées, la larve ouvre le miroir (Fig. 5A), libérant des soies. Une fois dans l'air, les soies peuvent être portées par le vent loin de la source (3 à 7 km ?)Le soies peuvent persister dans l'environnement pendant une longue périodes soit dans des nids de soie utilisées par les chenilles, soit dans le sol où les chenilles font leur nymphose, soit sur du matériel ou des vêtements contaminés, bien qu'aucune des estimations précises sont disponible Le contact avec les poils chez l'homme et d'autres animaux induit la dermatite, en particulier dans les parties du corps les plus exposées. Ils sont responsables de troubles telles que l'urticaire ou de la dermatite, la rhinite, la conjonctivite, des lésions oculaires et des symptômes respiratoires.  Habituellement, les personnes les plus à risque sont les travailleurs forestiers au cours de leurs activités dans les forêts de pinsCes réactions sont attribuables à une combinaison de facteurs allergiques et non allergiques ; des études récentes ont démontré la présence d'un mécanisme complexe urticant où certaines protéines présentes dans les poils peuvent devenir des catalyseurs des réponses immunitaires.

 

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Miroir ouvert expulsant ses soies, et miroir fermé de T. pityocampa, in Mitali 2015.

Miroir ouvert expulsant ses soies, et miroir fermé de T. pityocampa, in Mitali 2015.

 

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Notes sur la taxonomie et la nomenclature:

Taxonomie .Cette espèce a été décrite pour la première fois (selon les règles de la nomenclature scientifique) par Denis & Schiffermüller en 1776 dans le genre Bombyx. En 1822, Hübner créa le genre Thaumetopoea pour toutes les espèces incluses aujourd'hui dans la famille des Thaumetopoeidae (élevée à cette catégorie en 1990). Certains auteurs ont suivi Stephens qui, en 1928, fit passer toutes les espèces du genre Thaumetopoea dans le genre Cnethocampa, qu'il a placé dans la famille des Notodontidae (Agenjo, 1941). 

Source : http://www.eppo.int/QUARANTINE/data_sheets/insects/F-thaupi.pdf

Zoonymie : [ Cramer page 30 d'après la Pithyocampa de Pline]

L'étymologie du nom d'espèce est  donnée par   Godart, Histoire naturelle des Lépidoptères ou Papillons de France volume 4 page 161, qui nomme ce papillon "Bombyx Pitiocampe". Dans sa  note 1 il écrit : "du grec  pitio, "pin" et campe, "chenille"".

La paternité du nom scientifique est attribuée aux deux auteurs viennois  Denis et Schiffermüller, dans leur Catalogue Systématique  des Papillons de la région de Vienne, Systematisches Verzeichniß der Schmetterlinge der Wienergegend, Vienne, 1775-1776, qui décrivirent cette espèce sous le Protonyme Bombyx pityocampa  dans la  Famille L des Phalaena Bombyces Tomentosae page 58 n° 11. Mais ces auteurs ont repris l'un des noms de papillons les plus anciens jamais connus, puisque c'est au premier siècle de notre ère que le grec Dioscoride l'utilisa, dans son Traité de Matière médicale.

Denis et Schiffermüller font aussi  référence à la Chenille du Pin de Réaumur, (Réaumur nomme "Chenille du Pin" T. Pityocampa, et "Chenille Processionnaire" Thaumetopoea processionea, la Processionnaire du Chêne)

.http://gdz.sub.uni-goettingen.de/dms/load/img/?PPN=PPN574458115&DMDID=DMDLOG_0005&LOGID=LOG_0007&PHYSID=PHYS_0066

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Nom vernaculaire.

– Le nom de Processionnaire du pin a été attribué par le R.P. Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature tome 5 page 45 n°

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8470145x.r=

– Réaumur, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes I planche 7 figure 3, chenille planche 8

http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/287/mode/1up

– Réaumur, Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes, tome II, Mémoire IV pages 179 à 208 et planche 10 : Des chenilles qui vivent en société pendant toute leur vie. A l'occasion desquelles on examine la cause des démangeaisons et des cuissons de peau qui sont produites par quelques chenilles.

http://www.biodiversitylibrary.org/item/49476#page/273/mode/1up

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LES PREMIÈRES DESCRIPTIONS.

La chenille, sous son nom grec  pityocampa et son nom latin Eruca Pinorum, est l'une des plus anciennement connue y compris dans  la description de ses mœurs processionnaires et le caractère dangereux de ses poils. Mais le détail de ce comportement ne sera étudié et illustré avec verve et précision qu'en 1734-1737 par Réaumur.

 

 

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Je citerai deux auteurs : 

1°) Thomas Moffet, Theatrum Insectorum, Livre II chapitre 3 page 185  1634.

"Les Pityocampes, c'est à dire, les chenilles du Pin et Epicéas, sont aussi fines qu'un petit doigt humain, et aussi long que la largeur de trois doigts. Ils ont onze incisions entre la tête et la queue, et ils ont 16 pattes comme les autres chenilles, précisément trois sur les deux cotés de la tête, quatre sur les deux cotés du milieu du corps, et une de chaque coté de la queue : mais la premières sont en crochet et petites, avec lesquelles elles trouvent leur chemin, et les autres sont plus larges et dentelées comme des scies, afin de mieux s'accrocher aux branches. La tête est comme celle des fourmis, le reste est semblable aux autres chenilles. Elles sont couvertes de poils et complètement entourées d'épines pointues ; les poils des cotés sont blancs et brillent dans le dos ; la partie médiane est ornée de points comme des yeux : les épines étant rasées, il y a une peau noire en dessous, leurs poils très fins, qui piquent plus vivement qu'une aiguille, et causent une grande douleur, un échauffement, de la fièvre, des fourmillements, et un malaise général. Le poison rentre subitement sans aucun sens de la blessure, et est transporté de part près des intestins. Elles tissent une toile fine comme les araignées, dessinant et disposant leur filet avec leurs pattes antérieures. Durant la nuit elles rentrent à l'intérieur, comme sous une tente, où elles échappent au froid et au vents. La matière dont est faite cette tente est si solide et si fine, qu' elles ne sont menacées ni par les plus forts vents, ni par les pluies ; et elles sont si spacieuses qu'un millier de chenilles peuvent y trouver place. Elles font leur toiles dans les petites touffes d' aiguilles de Pins et d'Épicéas, où elles ne vivent pas en solitaires comme les autres, mais en colonies. Moyen par lequel elles étendent leur course, elles tissent et transportent leur toile avec elles. Et dans la journée, seulement s'il fait beau, les plus grandes accompagnant les plus petites par troupes, et ayant dénudé l'arbre de ses aiguilles, car elles le dévastent totalement, elles travaillent durement au tissage. Seulement ce fléau des Pins et Épicéas n'atteint pas les autres conifères. Sur le Mont Athos, dans les Bois du Trentin, et dans les Alpes, elles abondent, en raison de la quantité de nourriture qu'elles y trouvent, comme en atteste Matthiolus. Ce sont vraiment les créatures les plus venimeuses, que vous les touchiez superficiellement avec les mains, ou qu'elles vous atteignent par voie interne. Elles sont considérées de longue date comme du poison, puisque Ulpian interprétant la loi Cornélienne De Sicariis concernant les meurtriers privés réclame contre eux qu'ils soient punis en leur donnant à boire une Processionnaire du Pin. Sect. Alium . ff. ad. Leg. Corn. De fic.

Signes de blessure par Processionnaire du Pin et traitement. 

Ancre "Lorsqu'on a léché une chenille, la douleur affecte sévèrement la bouche et le palais ; le corps de la langue et l'estomac sont fortement enflammés par le poison corrosif : aussi ils entraînent une terrible douleur, alors qu'au début cela ressemblait à une plaisante sensation de picotement. Un fort échauffement s'ensuit, ainsi qu'une répugnance à l'égard de la nourriture, et un désir incessant, mais infructueux de vomir. A la longue, si les soins ne sont pas donnés, la brûlure s'étend à tout le corps et l'estomac devient aussi ulcéré que par l'arsenic. Dioscoride. Aetius, Pline. Celse. Galien. Item II simpl. c.5. Et Avicenne Fos. Cap. 25. C'est pourquoi Aetius et Aegineta tiennent comme dangereux de servir les repas sous les Pins, ou de se reposer dessous, car, attirées peut-être par la viande ou le les vapeurs de bouillon, ou par le bruit des hommes, ces chenilles du Pins pourraient tomber sur la viande, ou laisser tomber leur semence, qui est aussi dangereuse qu'elles-mêmes. Ceux qui sont atteint par de tels maux devront utiliser les traitements en vigueur contre les Cantharides, car les mêmes moyens les soigneront : c'est à dire l'huile de Coing, appelée melinum oleum, qui doit être bue deux ou trois fois, pour déclencher le vomissement, comme l'a prescrit Dioscoride dans Aetius. Elles sont générées, ou plutôt régénérées, comme le Convolvulus, par la nourriture d'automne laissée dans la toile sur certaines aiguilles, ou du Convolvulus lui-même corrompu, comme le pense Scaliger."

Commentaires :

Matthiolus 1544 : voir le Discorsi en italien de Pietro Andrea Mattioli, dans la traduction française : - Les Commentaires de M.P. André Matthiole,... sur les six livres de la matière médicinale de Pedacius Dioscoride,... traduits de latin en françois par M. Antoine Du Pinet... augmentez... d'un Traité de chymie en abrégé... par un docteur en médecine. Derniere édition Lyon : J.-B. de Ville, 1680. Moffet s'inspire du Livre II chapitre LV page 164 :

"Quant aux Chenilles des Pins, les vallées d'Ananie et de Fleme auprès de Trente en sont toutes garnies parce qu'il y a force Pins. Elles font leurs nids aux cimes des branches des Pins, où on les voit par milliers, velues et roussâtres, avec plusieurs petites peaux dont elles sont enveloppées et revêtues. L'Hiver elles se cachent en ces petites peaux, et échappent par ce moyen la rigueur de l'Hiver. Leurs nids sont grands, et en peuvent tenir mille. Les pellicules dont elles sont enveloppées semblent à de fins draps de soie : mais elles sont plus subtiles. Elles sont fort bonnes à étancher le sang, étant appliquées : Voilà donc quant aux chenilles des Pins. "

 

Ailleurs, Moffet recopie Matthiolus dans sa traduction- commentaire de Dioscoride: Livre VI chapitre II page 496 : 

« Soudain qu'on a avalé des chenilles de Pin, il s'ensuit une grande douleur en la bouche, et au palais : et sent-on une inflammation véhémente en la lange, au ventre et en l'estomac. On a d'ailleurs, une douleur indicible des intestins : de sorte qu'il semble au patient qu'on lui ronge les boyaux. Tout son corps est en chaleur : et sent une anxiété intolérable. On y doit pourvoir avec les mêmes remèdes dont on use contre les Cantharides. Toute fois, au lieu d'huile d'olive simple, et d'huile de racine de Flambe, il faudra user d'huile de Pommes de Coing. 

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–Ulpianus in Lex Cornelia De sicariis et veneficis. (Loi Cornélienne contre les assassins et les empoisonneurs) : 3. Alio senatus consulto effectum est, ut pigmentarii, si cui temere cicutam salamandram aconitum pituocampas aut bubrostim mandragoram et id, quod lustramenti causa dederit cantharidas, poena teneantur huius legis. .Les Lois Cornéliennes ont été promulguées par Cornelius Sylla. http://droitromain.upmf-grenoble.fr/Leges/cornelia_sicariis.gr.html

 

2°) René-Antoine Ferchault de Réaumur.

http://www.biodiversitylibrary.org/item/49476#page/273/mode/1up

Réaumur fait mon admiration par son souci d'observer la nature dans ses plus petits mécanismes, et  de procéder à des expériences . Dans le troisième et le quatrième de ses Mémoires pour servir à l'histoire des insectes (tome II), il décrit les chenilles processionnaires du Chêne puis celles du Pin. Il est absolument fascinant de constater qu'il avait étudié, disséqué, examiné au microscope ou à la loupe, découvert et décrit les miroirs urticants dès 1734, soit 230 ans avant Demolin. J'en donnerai ici les morceaux choisis :

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TROISIEME MEMOIRE.

DES CHENILLES QUI VIVENT EN SOCIETE mais seulement pendant une partie de leur vie.

Page 121-176

Sur les processionnaires des Pins : page 149 :

Les forêts de pin nourrissent des chenilles [Pl.VII fig.3) d'une autre espèce, qui passent une grande partie de leur vie en société, et qui paraissent plus dignes d'attentions que les précédentes, par la quantité et la qualité de la soie dont elle fait le nid qu'elles habitent en commun. Je ne me suis pas trouvé à portée de les observer sur les lieux où elles s'élèvent, mais j'ai été mis en état de les suivre à Paris, par M. Raoul, Conseiller au Parlement de Bordeaux, qui a beaucoup de goût pour les observations d'histoire naturelle. Il m'écrivit à la fin de l'année 1731 que sur les pins de son pays on trouvait des nids de chenilles [Pl. III fig.1] qui étaient fort communs en certaines années, et qui quelquefois étaient plus gros que la tête d'un homme ; qu'il avait remarqué que la soie de ces nids étaient forte et blanche. Une lettre écrite conjointement par deux étudiants en médecine à Montpellier, et imprimée dans la même ville en 1710, sur la soie des chenilles du pin, m'avait donné envie depuis longtemps de connaître cette soie, et les chenille à qui elle est due. En faisant réponse à M. Raoul, je le priai de m'envoyer un nid de ces chenilles ; il eut l'obligeante attention de me le faire peu attendre, il m'en envoya un par le premier courrier qui partit après l'arrivée de celui par qui ma lettre lui avait été apportée. Le temps où je lui avais demandé, était celui où les chenilles d'un nid s'y sont retirées pour y passer l'hiver ; le nid arriva à bon port, et les chenilles dont il était peuplé ne parurent avoir souffert aucunement pour être venues en poste. Elles étaient en si bon état que plusieurs sortirent bientôt du nid, parce que je l'avais mis dans un cabinet où le printemps leur sembla être revenu. Je les portai ensuite dans un endroit plus froid, elles rentrèrent dans le nid, et n'en sortirent que quand 'air fut réellement devenu plus doux. Je voulus alors les nourrir, mais je ne pus avoir des feuilles de pins sur lesquels elles vivent : ce fut inutilement que je leur présentai des feuilles d'if, des feuilles d'épicéa, et d'autres feuilles que je jugeais les plus analogues à celles qui me manquaient. Elles périrent toutes successivement deux à trois semaines après que la douceur de la saison les eut invité à sortir, c'est à dire avant la fin de Mars. Nous verrons pourtant bientôt qu'il n'est pas sûr qu'elles soient péries de faim. M. Raoul m'a fait le plaisir de me renvoyer plusieurs de ces nids les années suivantes, autant que je lui en ai demandé. […]

page 152.

Les nids dont j'ai fait graver la figure, Planche VIII fig.1, était l'un des plus petits, il n'avait que huit pouces de longueur, et quatre pouces de diamètre à son gros bout ; mais les plus grands nids, et les plus petits sont faits sur le même modèle. Leur figure est toujours à peu près celle d'un cône renversé, ou pour parler moins noblement, et en donner une plus juste idée, le nid ressemble à un petit balai composé de beaucoup de feuilles étroites, telles que sont celles du pin ; des toiles de soie les ont forcées à prendre cette disposition, dans laquelle elles les maintiennent.

Page 155.

Les poils blancs ne sont point mêlés avec des poils feuille-morte : ils sortent immédiatement de la peau, et plus que d'ailleurs du milieu de la circonférence de chaque anneau, un peu au dessus des jambes ; Là il y a de chaque coté sur chaque anneau, ds poils qui forment une touffe, mais cette touffe n'a point un tubercule pour base. Pour revenir à la petite cavité renfermée par un rebord, Mlle du *** y observa encore une particularité : le dedans était rempli d'une matière comme cotonneuse, qui était formée de poils courts. [Planche VII fig.5]. Pendant que la chenille se donnait des mouvements, qu'elle ouvrait et qu'elle fermait cette espèce de stigmate, de petits flocons de ce coton s'élevait au dessus des bords de la cavité : ils paraissaient n'être plus adhérents au corps. Aussi étaient-ils poussés hors de l'enceinte, et quelquefois même ils étaient dardés dehors à quelque hauteur. Lorsque Mlle du *** voulut me faire voir le jeu de ces flocons, aucune des chenilles que je lui avais remises, ne voulut le montrer. Celles qu'elle avait eues venaient de sortir de leur nid pour la première fois depuis leur arrivée. J'eus quelque temps après un nouveau nid de ces chenilles, elles en sortirent, je fus attentif à les observer , et je vis le jeu des flocons de poils cotonneux. Apparemment que les poils courts, renfermés dans la petite enceinte, tiennent peu ensemble lorsque la chenille commence à quitter son nid, ; que les mouvements qu'elle se donne, achève de les détacher, et que ces mouvements sont même capables de les darder en l'air.

Aussi quelques jours après que ces chenilles ont commencé à sortir de leur nid, il ne paraît plus de poils dans ces enceintes, ou au plus il en paraît une petite touffe à chaque bout de l'ovale intérieur. On en voit alors une partie de la mécanique qui peut aider à les faire sortir, et même à les faire sauter, car dans certains moments, on voit que la partie du milieu de l'enceinte s'élève en pyramide bien au dessus des rebords de l'ovale.

Page 158 : la chrysalide puis le papillon 158-162 :

La chrysalide de cette chenille du pin [Planche VIII fig.4 et 5] est de la couleur la plus ordinaire aux chrysalides, d'un brun marron, mais la forme a quelque chose de particulier : sa partie antérieure est pointue, et beaucoup plus pointue que la postérieure : celle-ci est arrondie, et a deux courts crochets ; dans les chrysalides des autres chenilles, c'est le bout postérieur qui est pointu, et l'antérieur qui est arrondi.

Ce n'a été que vers la fin de juillet que les papillons de mon poudrier [Planche VIII fig. 6 à 9]ont quitté l'état de chrysalide, qu'ils sont sortis de terre. Le fond de couleur de leurs ailes supérieures est un gris qui n'est pas de la même nuance sur celles de tous ces papillons : le gris de celles-ci est un gris-blanc-cendré ; le gris de celles de quelques autres est un gris-brun ; des rayes brunes transversales, très ondées, et des taches brunes sont distribuées sur ce fond : le dessous des mêmes ailes est tout gris ; les deux cotés des ailes inférieures sont d'un gris clair, d'un gris presque blanc.

Ce papillon qui n'a rien dans les couleurs de ses ailes de propre à le faire bien distinguer de mille autres, a deux particularités qui ne permettent pas qu'on le confonde avec aucun de ceux que j'ai observés jusqu'ici. La première, et seulement remarquable dans les femelles de cette espèce, c'est que sur la partie supérieure de leur corps près du derrière, il y a une plaque brune, plus relevée que ce qui l'entoure, et un peu luisante [Planche VIII fig.8 ee] ; le reste du corps est velu et feuille-morte. La couleur, la forme et le luisant de cette espèce de plaque arrêtèrent mon attention la première fois que je la vis. Je tenais une épingle à la main, avec laquelle je la touchai, pour examiner la structure. Le frottement de l'épingle produisit un petit spectacle qui me surprit : sur le champ je vis une nuée de petites paillettes qui se détacha. Ces paillettes s'éparpillèrent de toutes parts, quelques-unes furent comme dardées en haut, d'autres sur les cotés ; mais le fort de la nuée fut de celles qui tombèrent doucement par terre. Chacun de ces corps que j'appelle des paillettes sont des lames [Planche VIII fig.12] extrêmement minces, qui ont quelques ressemblances avec les poussières des ailes des papillons, mais qui sont bien autrement grandes ; quelques unes ont plus d'une ligne et demi de longueur et les plus courtes ont une ligne. Leur figure est celle d'espèces de palettes : un de leurs bouts est pointu ; c'est celui qui est piqué dans la peau ; de là elles vont en s'élargissant, en prenant un peu de rondeur jusques à leur autre bout qui est arrondi, et l'endroit où elles sont le plus larges. Là leur largeur est à peu près égale à la moitié de leur longueur. Elles ne sont pas absolument planes, elles sont courbées de manière que celle de leur face qui est la plus proche du corps du papillon est un peu concave, et par conséquent la face supérieure et opposée est convexe.

La plaque élevée qui se fait remarquer sur le derrière de ces papillons est donc un amas, et un amas prodigieux de ces espèces d'écailles en forme de palettes : en frottant à diverses reprises cette plaque avec la pointe d'une épingle ou d'un canif, on peut faire tomber plusieurs fois des pluies de ces écailles : on est étonné qu'il puisse y en avoir autant d'entassées dans un si petit espace, mais c'est qu'elles sont extrêmement minces ; elles sont par conséquent légères ; d'où il arrive que pour peu qu'il y ait d'agitation dans l'air, elle suffit pour en faire élever assez haut un grand nombre, et pour en disperser beaucoup d'autres de différents cotés, indépendamment de celles qui tombent par terre.

Si on observe avec la loupe la plaque formée de toutes des petites écailles [fig.11], on voit qu'elles sont posées en recouvrement les unes sur les autres, mais de façon qu l'intérieur ne déborde de presque rien sur la supérieure.

Je ne sais s'il y a des papillons mâles de cette espèce sur le derrière desquels on trouve cette plaque d'écaille, mais je ne l'ai trouvée à aucun de ceux qui sont nés chez moi, et je l'ai vu à toutes les femelles. Celles-ci ont bien l'air d'en faire quelque usage pour envelopper leurs œufs : ces écailles ainsi placées sur le derrière, et si aisées à détacher, ont une forte analogie avec les poils entassés autour du derrière de certains papillons, et que nous leur avons vu mettre en œuvre avec tant d'adresse. Mais les papillons des chenilles du pin n'ont pas voulu pondre chez moi, et, par conséquent, ils ne m'ont point appris s'ils emploient ces écailles pour couvrir leurs œufs, ni ce qu'ils font de tant d'écailles rassemblées autour de leur derrière qui ne leur ont pas été données et placées là pour être inutiles.

(Voir ici [La Ponte]  le rôle de ces écailles et la justesse de déduction de Réaumur : http://www.insectes-net.fr/processionnaire/process2.htm   )

 

QUATRIEME MEMOIRE.

Mémoire IV. Page 179-204. Planches X à XII

DES CHENILLES QUI VIVENT EN SOCIETE PENDANT TOUTE LEUR VIE : A l'occasion desquelles on examine la cause des démangeaisons et des cuissons de peau qui sont produites par quelques chenilles.

De toutes les républiques de chenilles que je connais, les plus considérables sont celles d'une espèce de chenilles qui vit sur le chêne. Chacune de ces républiques, comme les autres dont nous avons parlé, n'est pourtant qu'une même famille, elle n'est de même formée que de chenilles nées d'un seul papillon, mais c'est une famille bien nombreuse : il y en a telle qui est peut-être composée de plus de 600, et même de 700 à 800 chenilles.

Page 197

Il faut pourtant avouer qu'il y en a qui en certains temps sont même à craindre, lorsqu'on ne fait que les observer de près, quoiqu'on ne les touche pas. Elles sont pour ainsi dire entourées d'une atmosphère dans laquelle voltigent de petits poils courts, et qui sont comme d'autant de petits dards qui pénètrent dans la peau, pour peu qu'ils viennent à la toucher. Les chenilles qui vivent en si grandes sociétés sur le pin [Planche 7 fig.3], dont nous avons parlé dans le Mémoire précédent, sont de celles que je crois entourées d'une atmosphère si propre à exciter des démangeaisons. Il m'est arrivé bien des fois d'en sentir, après les avoir considérées de près, sans les avoir maniées.

Aussi avons-nous vu dans le Mémoire précédent qu'elles ont sur le dos des espèces de stigmates, différents de ceux par lesquels elles respirent l'air, et qu'il y a des temps où des flocons de poils sont visiblement dardés assez loin par ces stigmates. Alors, assurément, de leurs plus petits poils, et qui n'étaient pas amoncelés, peuvent être portés et dispersés par des mouvements de la chenille, qui ne sufissent par pour détacher des flocons.

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Les Pityocampes, c'est à dire, les chenilles du Pin et Epicéas, sont aussi fines qu'un petit doigt humain, et aussi long que la largeur de trois doigts. Ils ont onze incisions entre la tête et la queue, et ils ont 16 pattes comme les autres chenilles, précisément trois sur les deux cotés de la tête, quatre sur les deux cotés du milieu du corps, et une de chaque coté de la queue : mais la premières sont en crochet et petites, avec lesquelles elles trouvent leur chemin, et les autres sont plus larges et dentelées comme des scies, afin de mieux s'accrocher aux branches. La tête est comme celle des fourmis, le reste est semblable aux autres chenilles. Elles sont couvertes de poils et complètement entourées d'épines pointues ; les poils des cotés sont blancs et brillent dans le dos ; la partie médiane est ornée de points comme des yeux : les épines étant rasées, il y a une peau noire en dessous, leurs poils très fins, qui piquent plus vivement qu'une aiguille, et causent une grande douleur, un échauffement, de la fièvre, des fourmillements, et un malaise général. Le poison rentre subitement sans aucun sens de la blessure, et est transporté de part près des intestins. Elles tissent une toile fine comme les araignées, dessinant et disposant leur filet avec leurs pattes antérieures. Durant la nuit elles rentrent à l'intérieur, comme sous une tente, où elles échappent au froid et au vents. La matière dont est faite cette tente est si solide et si fine, qu' elles ne sont menacées ni par les plus forts vents, ni par les pluies ; et elles sont si spacieuses qu'un millier de chenilles peuvent y trouver place. Elles font leur toiles dans les petites touffes d' aiguilles de Pins et d'Épicéas, où elles ne vivent pas en solitaires comme les autres, mais en colonies. Moyen par lequel elles étendent leur course, elles tissent et transportent leur toile avec elles. Et dans la journée, seulement s'il fait beau, les plus grandes accompagnant les plus petites par troupes, et ayant dénudé l'arbre de ses aiguilles, car elles le dévastent totalement, elles travaillent durement au tissage. Seulement ce fléau des Pins et Épicéas n'atteint pas les autres conifères. Sur le Mont Athos, dans les Bois du Trentin, et dans les Alpes, elles abondent, en raison de la quantité de nourriture qu'elles y trouvent, comme en atteste Matthiolus. Ce sont vraiment les créatures les plus venimeuses, que vous les touchiez superficiellement avec les mains, ou qu'elles vous atteignent par voie interne. Elles sont considérées de longue date comme du poison, puisque Ulpian interprétant la loi Cornélienne De Sicariis concernant les meurtriers privés réclame contre eux qu'ils soient punis en leur donnant à boire une Processionnaire du Pin. Sect. Alium . ff. ad. Leg. Corn. De fic.

Signes de blessure par Processionnaire du Pin et traitement. 

Ancre "Lorsqu'on a léché une chenille, la douleur affecte sévèrement la bouche et le palais ; le corps de la langue et l'estomac sont fortement enflammés par le poison corrosif : aussi ils entraînent une terrible douleur, alors qu'au début cela ressemblait à une plaisante sensation de picotement. Un fort échauffement s'ensuit, ainsi qu'une répugnance à l'égard de la nourriture, et un désir incessant, mais infructueux de vomir. A la longue, si les soins ne sont pas donnés, la brûlure s'étend à tout le corps et l'estomac devient aussi ulcéré que par l'arsenic. Dioscoride. Aetius, Pline. Celse. Galien. Item II simpl. c.5. Et Avicenne Fos. Cap. 25. C'est pourquoi Aetius et Aegineta tiennent comme dangereux de servir les repas sous les Pins, ou de se reposer dessous, car, attirées peut-être par la viande ou le les vapeurs de bouillon, ou par le bruit des hommes, ces chenilles du Pins pourraient tomber sur la viande, ou laisser tomber leur semence, qui est aussi dangereuse qu'elles-mêmes. Ceux qui sont atteint par de tels maux devront utiliser les traitements en vigueur contre les Cantharides, car les mêmes moyens les soigneront : c'est à dire l'huile de Coing, appelée melinum oleum, qui doit être bue deux ou trois fois, pour déclencher le vomissement, comme l'a prescrit Dioscoride dans Aetius. Elles sont générées, ou plutôt régénérées, comme le Convolvulus, par la nourriture d'automne laissée dans la toile sur certaines aiguilles, ou du Convolvulus lui-même corrompu, comme le pense Scaliger."

Commentaires :

Matthiolus : voir Mattioli, Pietro Andrea dans la traduction française : - Les Commentaires de M.P. André Matthiole,... sur les six livres de la matière médicinale de Pedacius Dioscoride,... traduits de latin en françois par M. Antoine Du Pinet... augmentez... d'un Traité de chymie en abrégé... par un docteur en médecine. Derniere édition Lyon : J.-B. de Ville, 1680. Moffet s'inspire du Livre II chapitre LV page 164 :

"Quant aux Chenilles des Pins, les vallées d'Ananie et de Fleme auprès de trente en sont toutes garnies parce qu'il y a force Pins. Elles font leurs nids aux cimes des branches des Pins, où on les voit par milliers, velues et roussâtres, avec plusieurs petites peaux dont elles sont enveloppées et revêtues. L'Hiver elles se cachent en ces petites peaux, et échappent par ce moyen la rigueur de l'Hiver. Leurs nids sont grands, et en peuvent tenir mille. Les pellicules dont elles sont enveloppées semblent à de fins draps de soie : mais elles sont plus subtiles. Elles sont fort bonnes à étancher le sang, étant appliquées : Voilà donc quant aux chenilles des Pins. "

 

Ailleurs, Moffet recopie Matthiolus :: Livre VI chapitre II page 496 : 

« Soudain qu'on a avalé des chenilles de Pin, il s'ensuit une grande douleur en la bouche, et au palais : et sent-on une inflammation véhémente en la lange, au ventre et en l'estomac. On a d'ailleurs, une douleur indicible des intestins : de sorte qu'il semble au patient qu'on lui ronge les boyaux. Tout son corps est en chaleur : et sent une anxiété intolérable. On y doit pourvoir avec les mêmes remèdes dont on use contre les Cantharides. Toute fois, au lieu d'huile d'olive simple, et d'huile de racine de Flambe, il faudra user d'huile de Pommes de Coing. 

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–Ulpianus in Lex Cornelia De sicariis et veneficis. (Loi Cornélienne contre les assassins et les empoisonneurs) : 3. Alio senatus consulto effectum est, ut pigmentarii, si cui temere cicutam salamandram aconitum pituocampas aut bubrostim mandragoram et id, quod lustramenti causa dederit cantharidas, poena teneantur huius legis. .Les Lois Cornéliennes ont été promulguées par Cornelius Sylla. http://droitromain.upmf-grenoble.fr/Leges/cornelia_sicariis.gr.html

Les Pityocampes, c'est à dire, les chenilles du Pin et Epicéas, sont aussi fines qu'un petit doigt humain, et aussi long que la largeur de trois doigts. Ils ont onze incisions entre la tête et la queue, et ils ont 16 pattes comme les autres chenilles, précisément trois sur les deux cotés de la tête, quatre sur les deux cotés du milieu du corps, et une de chaque coté de la queue : mais la premières sont en crochet et petites, avec lesquelles elles trouvent leur chemin, et les autres sont plus larges et dentelées comme des scies, afin de mieux s'accrocher aux branches. La tête est comme celle des fourmis, le reste est semblable aux autres chenilles. Elles sont couvertes de poils et complètement entourées d'épines pointues ; les poils des cotés sont blancs et brillent dans le dos ; la partie médiane est ornée de points comme des yeux : les épines étant rasées, il y a une peau noire en dessous, leurs poils très fins, qui piquent plus vivement qu'une aiguille, et causent une grande douleur, un échauffement, de la fièvre, des fourmillements, et un malaise général. Le poison rentre subitement sans aucun sens de la blessure, et est transporté de part près des intestins. Elles tissent une toile fine comme les araignées, dessinant et disposant leur filet avec leurs pattes antérieures. Durant la nuit elles rentrent à l'intérieur, comme sous une tente, où elles échappent au froid et au vents. La matière dont est faite cette tente est si solide et si fine, qu' elles ne sont menacées ni par les plus forts vents, ni par les pluies ; et elles sont si spacieuses qu'un millier de chenilles peuvent y trouver place. Elles font leur toiles dans les petites touffes d' aiguilles de Pins et d'Épicéas, où elles ne vivent pas en solitaires comme les autres, mais en colonies. Moyen par lequel elles étendent leur course, elles tissent et transportent leur toile avec elles. Et dans la journée, seulement s'il fait beau, les plus grandes accompagnant les plus petites par troupes, et ayant dénudé l'arbre de ses aiguilles, car elles le dévastent totalement, elles travaillent durement au tissage. Seulement ce fléau des Pins et Épicéas n'atteint pas les autres conifères. Sur le Mont Athos, dans les Bois du Trentin, et dans les Alpes, elles abondent, en raison de la quantité de nourriture qu'elles y trouvent, comme en atteste Matthiolus. Ce sont vraiment les créatures les plus venimeuses, que vous les touchiez superficiellement avec les mains, ou qu'elles vous atteignent par voie interne. Elles sont considérées de longue date comme du poison, puisque Ulpian interprétant la loi Cornélienne De Sicariis concernant les meurtriers privés réclame contre eux qu'ils soient punis en leur donnant à boire une Processionnaire du Pin. Sect. Alium . ff. ad. Leg. Corn. De fic.

Signes de blessure par Processionnaire du Pin et traitement. 

Ancre "Lorsqu'on a léché une chenille, la douleur affecte sévèrement la bouche et le palais ; le corps de la langue et l'estomac sont fortement enflammés par le poison corrosif : aussi ils entraînent une terrible douleur, alors qu'au début cela ressemblait à une plaisante sensation de picotement. Un fort échauffement s'ensuit, ainsi qu'une répugnance à l'égard de la nourriture, et un désir incessant, mais infructueux de vomir. A la longue, si les soins ne sont pas donnés, la brûlure s'étend à tout le corps et l'estomac devient aussi ulcéré que par l'arsenic. Dioscoride. Aetius, Pline. Celse. Galien. Item II simpl. c.5. Et Avicenne Fos. Cap. 25. C'est pourquoi Aetius et Aegineta tiennent comme dangereux de servir les repas sous les Pins, ou de se reposer dessous, car, attirées peut-être par la viande ou le les vapeurs de bouillon, ou par le bruit des hommes, ces chenilles du Pins pourraient tomber sur la viande, ou laisser tomber leur semence, qui est aussi dangereuse qu'elles-mêmes. Ceux qui sont atteint par de tels maux devront utiliser les traitements en vigueur contre les Cantharides, car les mêmes moyens les soigneront : c'est à dire l'huile de Coing, appelée melinum oleum, qui doit être bue deux ou trois fois, pour déclencher le vomissement, comme l'a prescrit Dioscoride dans Aetius. Elles sont générées, ou plutôt régénérées, comme le Convolvulus, par la nourriture d'automne laissée dans la toile sur certaines aiguilles, ou du Convolvulus lui-même corrompu, comme le pense Scaliger."

Commentaires :

Matthiolus : voir Mattioli, Pietro Andrea dans la traduction française : - Les Commentaires de M.P. André Matthiole,... sur les six livres de la matière médicinale de Pedacius Dioscoride,... traduits de latin en françois par M. Antoine Du Pinet... augmentez... d'un Traité de chymie en abrégé... par un docteur en médecine. Derniere édition Lyon : J.-B. de Ville, 1680. Moffet s'inspire du Livre II chapitre LV page 164 :

"Quant aux Chenilles des Pins, les vallées d'Ananie et de Fleme auprès de trente en sont toutes garnies parce qu'il y a force Pins. Elles font leurs nids aux cimes des branches des Pins, où on les voit par milliers, velues et roussâtres, avec plusieurs petites peaux dont elles sont enveloppées et revêtues. L'Hiver elles se cachent en ces petites peaux, et échappent par ce moyen la rigueur de l'Hiver. Leurs nids sont grands, et en peuvent tenir mille. Les pellicules dont elles sont enveloppées semblent à de fins draps de soie : mais elles sont plus subtiles. Elles sont fort bonnes à étancher le sang, étant appliquées : Voilà donc quant aux chenilles des Pins. "

 

Ailleurs, Moffet recopie Matthiolus :: Livre VI chapitre II page 496 : 

« Soudain qu'on a avalé des chenilles de Pin, il s'ensuit une grande douleur en la bouche, et au palais : et sent-on une inflammation véhémente en la lange, au ventre et en l'estomac. On a d'ailleurs, une douleur indicible des intestins : de sorte qu'il semble au patient qu'on lui ronge les boyaux. Tout son corps est en chaleur : et sent une anxiété intolérable. On y doit pourvoir avec les mêmes remèdes dont on use contre les Cantharides. Toute fois, au lieu d'huile d'olive simple, et d'huile de racine de Flambe, il faudra user d'huile de Pommes de Coing. 

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–Ulpianus in Lex Cornelia De sicariis et veneficis. (Loi Cornélienne contre les assassins et les empoisonneurs) : 3. Alio senatus consulto effectum est, ut pigmentarii, si cui temere cicutam salamandram aconitum pituocampas aut bubrostim mandragoram et id, quod lustramenti causa dederit cantharidas, poena teneantur huius legis. .Les Lois Cornéliennes ont été promulguées par Cornelius Sylla. http://droitromain.upmf-grenoble.fr/Leges/cornelia_sicariis.gr.html

Réaumur, Mémoire III tome 2, anneau et "stigmate" de Processionnaire du Pin, Planche VII fig. 3-7.

Réaumur, Mémoire III tome 2, anneau et "stigmate" de Processionnaire du Pin, Planche VII fig. 3-7.

SOURCES ET LIENS.

 

 

DEMOLIN (G.) 1963 Les 'miroirs' urticants de la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa Schiff.) - Revue de Zoologie agricole et appliquée, 1963

— FRAVAL (Alain), 2007, -Les Processionnaires. Première partie. La Processionnaire du Pin. OPIE - Insectes n°147, pages 35 à 39.

 

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i147fraval3.pdf

— FABRE Jean-Henri-Casimir), 1898, Souvenirs entomologiques  chapitres 18 à 23 de la série VI 

http://www.e-fabre.com/e-texts/processionnaire.htm

— FRAVAL (Alain), 2010, Les insectes fileurs de soie INRA OPIE-Insectes http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i156fraval1.pdf

LAMY (Michel), Novak (Françoise), 1987, The oak processionary caterpillar (Thaumetopoea processionea L.) an urticating caterpillar related to the pine processionary caterpillar (Thaumetopoea pityocampa Schiff.) (Lepidoptera, Thaumetopoeidae) Experientia April 1987, Volume 43, Issue 4, pp 456-458

http://link.springer.com/article/10.1007%2FBF01940453

 

Thaumetopoein: An urticating protein from the hairs and integument of the pine processionary caterpillar (Thaumetopoea pityocampa schiff., Lepidoptera, Thaumetopoeidae)

Michel Lamy 1, Marie-Hélène Pastureaud 1, Françoise Novak 1, Georges Ducombs 2, Philippe Vincedeau 2, Jean Maleville 2, Lucien Texier 2

LAMY  M et al. 1987, : "Thaumetopoein: an urticating protein from the hairs and integument of the pine processionary caterpillar (Thaumetopoea pityocampa Schiff.)" Toxicon 24/4/1986. pages 347-56.

Abstract

Hairs of the Thaumetopoea pityocampa caterpillar (Lepidoptera) cause a cutaneous reaction in man and animals. The irritating fraction extracted from hairs contains soluble proteins which were separated by various electrophoretic and immunoelectrophoretic techniques. Some of these proteins are present also in cuticle and haemolymph. One protein of 28,000 mol. wt is hair specific and caused a reaction in pig skin identical to that produced by hair extract. It is therefore an urticating protein which we have named thaumetopoein. This protein is formed of two subunits of molecular weights 13,000 and 15,000. It is present in large quantities in the glands producing urticating hairs.

— MITALI (Ettore), 2015, Proteins associated with the urticating setae of the Pine processionary Moth  Thaumetopoea pityocampa (Denis & Schiffermüller 1775) Supervisor: Prof. Andrea Battisti Co-supervisor: Dr. Laura Berardi, Master Thesis in forest and environmental sciences. 

 

http://tesi.cab.unipd.it/47891/1/Mitali,_Ettore.pdf

MONEO   I., Battisti A., Dufour B., García-Ortiz J.C., González-Munoz M., Moutou F., Paolucci P., Petrucco Toffolo E., Rivière J., Rodriguez-Mahillo A.I., Roques A., Roques L., Vega J.M. & Vega J. (2015). Medical and Veterinary Impact of the Urticating Processionary Larvae. In: Processionary moths and climate change: an update (ed. A. Roques). Springer-Quae, Dordrecht: 359-410.

— RÉAUMUR (René-Antoine Ferchault de ),1734-1742,  Mémoires pour servir à l'Histoire des insectes, Tome 2, 

 

— Références Thaumetopoea INRA 

http://www7.inra.fr/urticlim/publications__1/references_thaumetopoea_generalites

— http://aramel.free.fr/INSECTES13-41'-1.shtml

— http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/20421/RFF_1970_S_LBF_220.pdf?sequence=1?

— http://insectes-net.fr/processionnaire/process5.htm

— http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/zoologie-1/d/la-chenille-processionnaire-du-pin_700/c3/221/p4/

 

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Published by jean-yves cordier
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 08:56

Le manuscrit des Cocharelli : un bestiaire d'insectes du XIVe siècle.

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Le site web du Museum de Toulouse a publié un remarquable article sur le Manuscrit Cocharelli : "Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli."

Rédigé par Colette Bitsch, entomologiste, chargée de Recherche honoraire au CNRS, c'est le résumé de son travail antérieur publié en 2014 : Colette Bitsch, "Le Maître du codex Cocharelli: enlumineur et pionnier dans l'observation des insectes", in Laurence Talairach-Vielmas & Marie Bouchet (eds), History and Representations of Entomology in Literature and the Arts. (Bruxelles: Peter Lang, 2014).

Pour celui qui, comme moi, cherche à retracer l'histoire de l'étude des papillons, (et, par ce biais, l'histoire de l'entomologie) et à retrouver les illustrations les plus précoces des diverses espèces de papillons, cet article était un vrai cadeau. Et ce manuscrit s'avère un trésor. Car cinq genres ou espèces de lépidoptères, identifiables, s'y trouvaient enluminées sur un manuscrit italien du quatorzième siècle ! Entre 1330 et 1340, près de 250 ans avant Joris Hoefnagel, que je considère comme le précurseur du naturalisme scientifique !

Certes, on cite la Piéride du Chou enluminée sur le Alphonso and Bird Psalter anglais vers 1309 (The Bird Psalter, Fitzwilliam Museum, University of Cambridge, , MS 2- 1954, f. 1r). Ou bien la libellule Calopteryx splendens et les deux Aglais urticae (Petite Tortue) des marges du Bréviaire de Belleville entre 1323 et 1326, par l'atelier parisien de Jean de Pucelle. Mais l'ensemble des autres papillons peints ou enluminés sont fantaisistes (Nazari, 2014).

Le Codex Cocharelli nous est parvenu incomplet, fragmenté et dispersé. Les folios connus sont conservés à la British Library sous les cotes Egerton 3127 (folio 1 et 2) et Egerton 3781 ( folio 1), Additional 28841 (7 folios ff. 1-7) et Additional 27695 (15 fragments), mais on doit y ajouter ceux du Musée des Arts de Cleveland (J.H. Wade Fund n.1953.152) et du Musée du Bargello de Florence (inv. 2065). Une autre section a été vendue à Berlin le 12 mai 1930 comme appartenant au "Eine Wiener Sammlung", lot 3 avec planches. Le texte est disposé sur deux colonnes, dans une écriture gothique , sur des feuillets de parchemin de 170 x 110 mm environ, utilisées au recto et au verso, dans un ensemble relevant d'un artisanat de grand luxe et très coûteux.

En 1952, A.C. Combrie a commencé de tenter d'identifier les insectes du Ms 28841. Colette Bitsch a poursuivi ces identifications en 2014.

Je me suis d'abord contenté de copier l'article mis en ligne par le Muséum (j'en place le texte en retrait), mais j'ai ensuite approfondi, lorsque je l'ai cru utile, les informations sur les espèces de lépidoptères identifiées. Je me suis fait communiquer l'article de C. Bitsch de 2014, et j'en ai recopié également des extraits. Je souhaite rendre hommage à la qualité littéraire de cet article de Colette Bitsch.

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Colette Bitsch. Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli.

 

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"Depuis quand observe-t-on en détail les insectes au point de réussir des représentations fidèles et donc facilement identifiables ? Il faut attendre les XVIe et surtout XVIIe siècles pour que naisse une Entomologie illustrée. Pourtant, une exception existe à cette assertion bien établie : un manuscrit médiéval orné de nombreux insectes dont le naturalisme stupéfiant anticipe de trois cents ans au moins l'avènement des Sciences Naturelles. Ce document si peu ordinaire est présenté ici."

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.Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli.

Egerton 3127, extrait de la marge basse de f. 2v. British library de Londres. Domaine public.

"Portraits en médaillon de divers insectes extraits du manuscrit Cocharelli : en haut, de gauche à droite, criquet en plein vol montrant ses ailes postérieures rouges puis un cousin (Tipula) vu de profil. "

 

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enluminure insectes

Egerton 3781, marge basse de f. 1v. British library de Londres. Domaine public.  

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Dessous, de gauche à droite, on reconnaît aisément un criquet vu de profil puis trois insectes en plein vol et en vue dorsale : cousin, criquet à ailes postérieures bleues et un criquet à ailes postérieures transparentes.

    
 

Contexte historique

Au XIVe siècle, une riche famille de banquiers vivait à Gênes : les Cocharelli. Pour assurer l'éducation de leurs enfants, le père et le grand-père avaient écrit un manuel scolaire à usage privé. Le texte latin, transcrit sur parchemin et luxueusement enluminé, est tombé dans l'oubli pendant 5 siècles. Vers la fin du XIXe siècle, puis au siècle suivant, quelques uns des feuillets du manuscrit sont apparus sur les marchés de l'Art. Or certaines miniatures composent un véritable atlas de représentations entomologiques peintes dans un naturalisme totalement inédit pour l'époque. En effet, au XIVe siècle, les quelques papillons qui animaient les décors fleuris de manuscrits n'étaient que des schémas aussi improbables que fantaisistes et les abeilles, pourtant bien connues en raison de leurs productions de cire et de miel, étaient souvent évoquées comme de petits oiseaux.
    Les études de spécialistes en manuscrits anciens ont permis de dater ce manuscrit Cocharelli entre 1330 et 1340, mais l'identité de l'artiste enlumineur est restée une énigme. Ce trésor familial comprenait un traité de morale écrit en prose sous forme d'un dialogue entre un père et son fils Petit-Jean, puis un récit versifié par le grand-père Pelegrino, rapportant des évènements historiques survenus dans la Sicile du XIIIe siècle.


Les loisirs savants d'une famille riche et cultivée

Plusieurs grandes enluminures insérées dans le traité de morale présentent la famille Cocharelli. L'une d'elles offre, sur un fond de tapis orientaux, les portraits du grand-père, puis de Petit-Jean représenté avec un oiseau perché sur son poing gauche ganté tel celui d'un fauconnier et enfin le portrait du père guidant affectueusement son fils. Les trois personnages sontrichement vêtus selon le haut rang que tenait cette famille au sein de la société génoise médiévale.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=1301


trois portraits
     
Trois portraits. Additional 27695, extrait de f. 2v. British library de Londres. Domaine public.


    Une seconde enluminure, également en pleine page, montre cette famille aisée dans la pleine campagne et s'adonnant à lachasse aux faucons en compagnie des enfants. Canards, cigognes, perdrix, huppes, faisans, chardonnerets, pies et autres oiseaux charognards sont ici parfaitement identifiables en dépit de leur miniaturisation. Il se pourrait que l'enlumineur, ou bien la famille Cocharelli, ait disposé d'une très rare copie enluminée du traité de fauconnerie « De l'art de chasser au moyen des oiseaux » écrit au XIIIe siècle par Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) dans lequel l'empereur avait inséré une véritable faune ornithologique.

Folio 1v

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=7744

enluminure chasse

Chasse au faucon. Egerton 3127, f. 1v. (11cmx17cm). British library de Londres. Domaine public.   


    "Les enluminures parvenues jusqu'à nous à ce jour laissent penser que le cercle familial Cocharelli initiait la jeunesse à l'observation de la nature sur le terrain et que la conquête du milieu aérien par les animaux ailés, oiseaux et insectes, aurait été des sujets d'études privilégiés. Voilà un comportement surprenant d'anachronisme puisque, dans le même temps, tous les bestiaires médiévaux diffusaient des fables animalières édifiantes ou des contes à dormir debout venus de traditions anciennes."

Un remarquable répertoire d'insectes

"Notre surprise devient stupéfaction devant le décor animalier dispersé dans les marges cernant le texte du poème historique. Ces marges sont littéralement envahies d'une faune diversifiée, principalement entomologique. Cette galerie zoologique sans rapport avec le texte a été longtemps considérée comme strictement ornementale. Cependant, une analyse approfondie récente révèle que les animaux n'étaient pas du tout un décor anodin mais composaient des leçons de Sciences Naturelles mises en images et propres à susciter l'éveil du sens de l'observation de la nature et l'éveil de la curiosité à l'égard du concret.En outre, des répartitions d'animaux selon leurs mœurs, des figurations à l'évidence pédagogiques, les repérages de stades immatures et de stades adultes, mettent en relief une parfaite connaissance du Traité de Zoologie d‘Aristote.
 
Ad. 28841 Folio 4v. Observons par exemple les animaux identifiables sur deux pages empruntées au récit historique. Les échantillons sont comme posés sur des plantes volubiles. En haut d'une première page dont les marges sont tapissées d'un lierre ornemental schématisé, deux profils de Coléoptères Scarabéides (Oryctes nasicornis) se font face en haut de page. A coté est placé un Hémiptère aquatique muni de pattes postérieures natatoires : une notonecte. Dans la marge droite, en haut et en bas, sont représentés deux Hémiptères Pentatomides, des punaises aux formes géométriques typiques. L'artiste a représenté l'insecte du haut avec des ailes antérieures coriacées mises au repos sur le dos alors que celui du bas est pédagogiquement présenté avec les ailes antérieures écartées pour laisser découvrir la seconde paire d'ailes membraneuses. Ce type de démonstration didactique est repris sur l'Oryctes de la marge basale : la seconde paire d'ailes dégagées montre bien son réseau de nervures. Le coléoptère est encadré de deux papillons d'une même espèce mais l'un, dessiné  en vue dorsale, a les ailes étalées alors que l'autre, vu de profil, a les ailes au repos. A leur coloration typique il est aisé de reconnaître des Arctiidae mâles : Utethesia pulchella, une espèce méridionale migratrice. On remarque aussi dans le haut de l'entrecolonne, une forme immature de punaise avec des fourreaux alaires courts laissant voir la face dorsale aplatie de l'insecte."

-Bitsch 2014 : "La troisième punaise  est une forme juvénile placée sur le coté gauche de l'entre-colonne, à cheval sur les lignes 10 et 12 du texte versifié. L'immaturité de l'individu se reconnaît par les deux fourreaux alaires courts dégageant la face dorsale de l'abdomen."

 

enluminures insectes
  Insectes. Additional 28841, f. 4v. (11 x 17 cm). British Library de Londres. Domaine public.

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"Le  folio 5v présente deux espèces typiquement méditerranéennes, étalées sur les feuillages d'une courge en fleurs et en fruits. Dans la marge droite apparaît le stupéfiant réalisme objectif d'une véritable étude comparée des faces dorsale et ventrale de la cigale de l'Orne ou cigale grise, Cicada orni (un Homoptère de grande taille). La perfection des observations faites sur les nervures alaires, le rostre piqueur, les plaques ventrales recouvrant les organes du chant et l'armure génitale mâle, est totalement inédite dans cette première moitié du XIVe siècle.

-Bitsch 2014 : "l'artiste a vu parfaitement les petites antennes fines insérées entre deux yeux proéminents, le rostre piqueur glissé au repos entre la base des pattes thoraciques, la segmentation de l'abdomen. [...] Des petites taches sombres présentes sur les ailes de l'insecte permettent de reconnaître l'espèce, la cigale du frêne  ou Cicada orni".

 

Dans la marge du bas et comme posés au sol se font face deux Truxalis, soit deux curieux criquets dits « à long nez ». Ces Acridiens sont mal visibles dans la nature car leurs formes et couleurs les confondent avec les herbes où ils vivent communément. Mais ils n'ont pas échappé aux regards curieux et exercés des Cocharelli."

- Bitsch 2014 :  "L'enlumineur a bien repéré la tête prolongée en cône, porteuse de gros yeux ovales et d'antennes élargies à la base. Il a vu combien les pattes postérieures, allongées pour le saut, paraissent grèles. En outre, il a parfaitement repéré l'existence de deux formes, l'une claire, l'autre foncée. "

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enluminure insectes

Insectes.  Additional 28841, f. 5v. (11 x 17 cm). British Library de Londres. Domaine public.

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    "Enfin, le traité de morale accueille lui même des insectes ailés, associés par quatre dans  de nombreux bas de page. Chaque animal est enchâssé dans un médaillon schématiquement végétalisé. Ce sont de véritables portraits incrustés dans les marges dorées et filigranées de rouge vermillon éclatant. Voici de gauche à droite : un petit Sphingide, Macroglossum stellatarum, très commun et dont le comportement évoque celui de l'oiseau-mouche en vol stationnaire ; ensuite ce sont une Noctuelle et un petit Rhopalocère aux ailes tachetées de la famille des Hespérides, Pyrgus malvae; tout à droite, l'insecte présentant des ailes membraneuses et une « taille de guêpe » très allongée est un Sphécide qui pourrait être une guêpe solitaire et maçonne, tel un Sceliphron."

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Egerton 3127 Folio 1r
https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=11857

et zoom

 https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=11857

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 enluminures insectes
Insectes. Egerton 3127, marge basse de f. 1r. (extrait de 11 x 3 cm). British Library de Londres. Domaine public.

 

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"En somme, cet étonnant atlas de figurations entomologiques aurait joué le rôle d'un cabinet de curiosités avant la lettre chez les Cocharelli : les représentations d'espèces, très diverses mais toutes méditerranéennes et toutes banales dans la campagne lombarde, auraient visé à éduquer des regards émerveillés à l'observation concrète de la nature. Ceci au moins trois siècles avant l'avènement des Sciences Naturelles. Cette galerie de portraits entomologiques a été peinte environ 165 ans avant le cerf-volant mâle, Lucanus cervus, une œuvre de Dürer datée de 1505, dont tout le monde célèbre la précocité de la vraisemblance totale. Voilà des anticipations troublantes! Un naturaliste inconnu, l'enlumineur lui-même ou un membre de la famille Cocharelli, aurait-il été un pionnier de l'entomologie bien avant la Renaissance, un précurseur vite tombé dans l'oubli car trop précoce, trop novateur pour les mentalités de l'époque ? Ou bien, à l'inverse, ce manuscrit porte-t-il le témoignage de références venues d'ailleurs, d'un autre temps et perdues à jamais ?"

Fin de l'article de Colette Bitsch.

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ETUDE DETAILLÉE DES FEUILLETS . Colette Bitsch, 2014.

Egerton 3127 folio 2r. 

 

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De haut en bas :

3ème ligne : Collembole ?

Bitsch, 2014, p. 64 "...un petit animal portant une paire d'antennes et présentant une morphologie générale tripartite. Ce serait donc un insecte dont les pattes thoraciques paraissent mutilées ou mal comprises. L'absence d'ailes oriente soit vers un stade larvaire d'une forme ailée, soit vers un représentant des Aptérygotes (des insectes primitifs dépourvus d'ailes). La difficulté majeure de la détermination  tient à la forme arborescente des antennes. Des Coléoptères peuvent présenter des antennes pennées, mais pas ramifiées; L'hypothèse d'un insecte aptérygote serait étayée par la forme de la tête évoquant une entotrophie (pièces buccales cachées). Cette hypothèse serait aussi bien soutenue par la présence d'un appendice abdominal ventral rejeté en arrière, et évoquant l'organe saltatoire singulier , nommé "furca", spécifique des Collemboles Arthropléones appartenant à la microfaune du sol et dont les plus grands (quelques millimètres) sont repérables par un observateur aussi minutieux et passionné que le pouvait être le Maître du codex Cocharelli. Cette identification, évidemment incontrôlable par d'autres critères de diagnose, est plausible, mais ne résoud pas le problème des antennes énigmatiques. Faut-il penser que l'artiste, émerveillé par la découverte du microcosme insoupçonné habitant la litière du sol, a recomposé un insecte chimérique dont l'anatomie mixte pouvait avoir un sens à l'époque médiévale ?"

 

— 5ème ligne Chenille :

 

Bitsch, 2014, p. 64 "L'artiste a parfaitement repéré la présence de petites ventouses ventrales sur l'abdomen des chenilles et appelées "fausses pattes".

— 7ème ligne. Chenille de Papilionidae.

D'après Bitsch, 2014, p. 64,  cette chenille porte une formation orangée en forme de Y (flêche sur la photo) derrière la tête. "Il s'agit d'une vésicule glandulaire , bifide et exsertile, typique de la famille des Papilionidae". Voir ici la photo de l' osmeterium des Papilionidés sur la chenille d'un Papilio machaon.

— Dixième ligne. deux chrysalides. 

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Cicacidae  cigale de l'Orne ou cigale grise, Cicada orni 

Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.
Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

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Egerton 3127 f.2.r. deux-tiers de la colonne de gauche.

Arthropoda, Myriapoda, Diplopoda (Mille-pattes), famille des Iulidae (Iules). 

Arthropode terrestre au corps pluri-segmenté et aux multiples pattes marcheuses. 

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Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

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 Egerton 3127 folio 1r.

Incipit : ADERUNT duisi seneratores speciali iavveusis quai subtilio 

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=11857

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Bitsch, 2014 page 64-65:

 "Les marges sont luxueusement ornées d'un fond d'or vivifié de filigranes rouge vermillon et parcourue de volutes feuillagées également dorées. Ainsi le texte parait enchassé dans les tourbillons d'une lumière étincelante. L'entrecolonne est une bande étroite de fond bleu filigrané de blanc et bordée d'or . La marge du bas apparaît dilatée car les diamètres de ses quatre volutes d'or s'élargissent en créant qautre médaillons circulaires égaux alignas sous le texte. Ces quatre cercles semblent découper, comme à l'emporte-pièce, le fond doré des marges, si bien que la teinte du parchemin redevient visible. Chaque médaillon contient la représentation d'un insecte ailé dessiné en vue dorsale avec les ailes déployées ou bien vu de profil avec les ailes redressées. Une petite plante schématisée est toujours présente en arrière-plan pour mettre en scène l'insecte dans son univers naturel."

 

"Les trois médaillons les plus à gauche sont occupés par trois papillons soigneusement représentés. C'est d'abord un individu typique de la famille des Sphingidae, Macroglossum stellatarum, une espèce qui butine les fleurs en vol stationnaire. A sa droite apparaît un représentant de la famille des Noctuelles. Le troisième Lépidoptère est un petit Rhopalocère (papillon diurne) aux ailes mouchetées de la famille des Hesperidae ; il s'agit de Pyrgus malvae. Enfin le médaillon le plus à droite montre un inscete avec des ailes membraneuses et un fort rétrecissement allongé au début de l'abdomen. Il s'agit d'un insecte ptérygote de l'ordre des Hyménoptères. La taille de  guèpe longuement pétiolée révèle la famille des Sphecidae et la répartition des couleurs noire et jaune suggère le genre Sceliphron."

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Egerton 3127 folio 2v.

Incipit : ..iste qui ne[m] vegnat no..

Une Punaise en bout de ligne 8 de la colonne de gauche. Lettrine R en or et rouge sur fond bleu. La description du folio 1r s'applique au folio 2v.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=11860

 

 

 

Cocharelli Egerton 3127 folio 2v, British Library, Droit commun.

Cocharelli Egerton 3127 folio 2v, British Library, Droit commun.

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Egerton 3127 f.2v, C. Bitsch, 2014 page 65:

"Le médaillon de gauche a été malencontreusement détérioré. Il se pourrait que l'artiste ait représenté, en vue de profil, une sauterelle à longues antennes fines (Orthoptères de la famille des Tettigonidae ou Sauterelles). Le second médaillon est occupé par la vue dorsale d'un criquet (Orthoptère de la famille des Acridiens) du genre Oedipoda, dont les ailes postérieures, déployées à l'envol, sont d'un rouge éclatant et bordées de noir. Ensuite apparaît le profil d'une sorte de grand moustique à très longues pattes grèles. C'est un Diptère de la famille des Nématocères, probablement du genre Tipula. Le dernier insecte est probablement une espèce d'Oedipoda à ailes membraneuses transparentes "

Mikaël Buord (29) s'est intéressé à cette "espèce d'Oedipode" du dernier médaillon : 

" Bitsch évoque un "Oedipoda à ailes membraneuses transparentes", et elle a raison d'y voir un criquet, ce qui ne m'avait pas du tout sauté aux yeux! En revanche, même si dans le deuxième médaillon on reconnaît bien Oedipoda germanica, elle a tort d'appeler tous les criquets Oedipoda. Le rouge de l'abdomen et l'allure générale m'avaient d'abord fait penser aux Alydidés, mais je m'expliquais mal les bandes blanches en avant de l'abdomen. En grossissant, on comprend que c'est un criquet avec ses gros yeux et ses fémurs postérieurs développés, et sa coloration abdominale en fait un Omocestus haemorrhoidalis très convaincant."  

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Egerton 3781 1v 

Première ligne : ista verba undie. ecce dico ub...

 

Même description générale que Egerton f.1r. Une punaise dans le bas de la marge droite.

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https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=12205

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Cocharelli Egerton 3781 1r, British Library. Droit commun.

Cocharelli Egerton 3781 1r, British Library. Droit commun.

Bitsch 2014 page 65.

"L'artiste a représenté de nouveau un Oedipoda, mais vu de profil. L'insecte est représenté avec exactitude jusque dans la répartition des taches colorées portées sur les longs fémurs des pattes postéreiures sauteuses, ou bien encore dans le petit détail de la présence de palpes appendues aux pièces buccales. Ensuite, de nouveau une Tipula apparaît, mais placée en vue dorsale cette fois. Puis ce sont encore deux autres espèces d'Oedipoda qui déploient leurs ailes postérieures en révélant une couleur bleu-vert chez l'une et très claire chez l'autre".

Mickaël Buord (comm. pers. 2015) identifie la punaise de la marge comme Graphosoma semipunctatum (Fabricius, 1775) le Graphosome ponctué, qui vit exclusivement dans les régions méditerranéennes. Il propose pour le 3ème médaillon à partir de la gauche le genre  Aiolopus (tegmina avec grandes bandes claires et sombres, ailes postérieures verdâtres avec apex sombres, tâches à la face interne des fémurs postérieurs).

 

—  Additional  28841

f4r : Saturnium pyri (cf. infra)

f. 4v : cf

f.5 : cf.

f.6v. : Sauterelle verte dans la marge droite (image infra).

Pour Mickael Buord, la punaise sous la sauterelle du folio 6v  "fait penser à Raphigaster nebulosa, sous toute réserve (on pourrait y voir aussi Dolycoris baccarum par exemple)".  

 

 

Sauterelle verte , marge , Additional  28841 f.6v. British Library de Londres. Domaine public.

Sauterelle verte , marge , Additional 28841 f.6v. British Library de Londres. Domaine public.

.

 

 

 

COMPLÉMENT. 

I. Liste des espèces d'insectes.

Les noms placés entre crochets sont de simples suggestions ou éléments de comparaison. 

— Coleoptera

 a) Coléoptères Scarabéides

  • Oryctes nasicornis 

 

— Diptera

  • Tipula

— Hemiptera

a) Hémiptère aquatique Hydrocoride  : probable Notonecte. [Notonecta maculate selon Hutchison] . Voir note ici : Ad. 28841 f.4v

b)  Hémiptères Pentatomides,  "Punaises", Ad. 28841 f.4v.

  •  Graphosoma semipunctatum (Fabricius, 1775) le Graphosome ponctué,  Egerton 3781 1v

c) Cicacidae

  •  cigale de l'Orne (ou du Frêne) ou cigale grise, Cicada orni 

— Hymenoptera 

a) Sphécide 

  • un Sceliphron.

— Lepidoptera

a)​ Papilionidae

  • Chenille de Papilionidae

b) Hesperiidae

  •  Pyrgus [malvae ou Malvoides] Egerton 3127 f.1r 

     

c) Noctuidae " une Noctuelle"

d) Sphingidae Sphinx :

  • Macroglossum stellatarum
  • Acherontia atropos

e) Arctiidae

  • mâles : Utethesia pulchella, 

f) Saturniidae

  • Saturnia pyri Additional 28841 f 4r.

​g) Zygaenidae

  • Zygaena sp.

 

 

— Orthoptera 

 a) Acrididae (Criquets) 

  • Oedipoda [germanica] "Oedipode à ailes rouges"

  • Oedipoda [caerulescens] "Oedipode à ailes bleues"

  • Criquet Oedipoda à ailes transparentes ou possible Omocestus haemorrhoidalis (Charpentier, 1825), le Criquet Rouge-queue. 

 

  • Acrida sp.  "Truxales" (comme Acridia ungarica par exemple) Ad 28841 f.5v.

     

b) Tettigonidae (Sauterelle) 

  • Sauterelle verte  Ad. 28841 f.6v.

​.

En dehors des Insectes  :

Arthropoda, Myriapoda, Diplopoda (Mille-pattes), famille des Iulidae (Iules). Egerton 3127 f.2r

.

II. Etude de quelques espèces de Lépidoptères.

.

 

1°) . Utetheisa pulchella. Arctiidae.

Utetheisa pulchella pulchella (Linnaeus, 1758), la Gentille, l'Écaille du Myosotis.

Phalaena pulchella Scopoli, 1763,  Entomologia carnolica page 208 n° 514 

= PhalaenaTinea pulchella Linné, Systema naturae 1758 p. 534 n° 238 

Utetheisa pulchra ([Denis & Schiffermüller], 1775) in Systematisches Verzeichniß der Schmetterlinge der Wienergegend page 69 famille C

= James Petiver, Gazophylacii I, page 3 n°3

La Gentille, Chenille de l'Heliotrope,  Engramelle, 1788,  Papillons d''Europe peints d'après nature, Tome 6 p. 48 Pl.  221 n°309 (Gallica)

Le Bombix gentil,  Olivier, 1790, Encyclopédie methodique,  tome V,  page 100

 

La Lithosie gentille, Godart, 1824, Papillons de France tome 5, Nocturnes vol. 2 n°135 page 23

.

Utetheisa pulchrella La Gentille, Chenille de l'Héliotrope,  Engramelle Tome 6 p. 48 Pl.  CCXXI n°309

Utetheisa pulchrella La Gentille, Chenille de l'Héliotrope, Engramelle Tome 6 p. 48 Pl. CCXXI n°309

Utetheisa pulchella, La Lithosie gentille, Godart, 1824, Papillons de France tome 5, Nocturnes vol. 2 n°135 page 23

Utetheisa pulchella, La Lithosie gentille, Godart, 1824, Papillons de France tome 5, Nocturnes vol. 2 n°135 page 23

 

.

.

 

Additional 28841, f. 4v. , détail

.

.

2°) La "Noctuelle" : Autographa gamma, le lambda ou Gamma ???

On pourrait rapprocher le Noctuidae de l'Autographa gamma, en supposant que l'artiste se soit laissé détourné de la réalité par la forme des ouïes de quelque instrument à corde.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Autographa_gamma

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3°) Hesperiidae. L'Hespérie de la mauve  Pyrgus malvae (Linnaeus, 1758).  Ou l'Hespérie de l'Aigremoine ?

Pyrgus malvae est une identification possible. Ce serait la première illustration disponible dans l'histoire de l'entomologie de ce papillon diurne. Mael Garrin me fait remarquer que "s'il vient d'Italie, et à considérer que ces taches soient fidèlement représentées, ce pourrait plutôt être P. malvoides l'espèce affine de P. malvae dans le sud"

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hesp%C3%A9rie_de_la_mauve

 

  

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Insectes. Egerton 3127, marge basse de f. 1r. (extrait ). British Library de Londres. Domaine public

Insectes. Egerton 3127, marge basse de f. 1r. (extrait ). British Library de Londres. Domaine public

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4°) Une Zygène.

Le folio 6v est consacré à l' histoire versifiée de la Sicile du temps de Frédéric II, mais les marges sont ornées de feuillages et de fleurs, de lapins, d'une chenille, d'une libellule, et d'un papillon aux ailes bleu sombre à cinq points rouges posé sur une fleur violette. Ne peut-on y voir un Zygaenidae à cinq points comme la Zygène du Trèfle Zygena trifolii ...posée sur une fleur de trèfle ? Mais les cinq points rouges se rencontrent sur d'autres espèces, et leur combinaison avec un collier blanc complique encore les choses. Restons-en au genre Zygaena, c'est déjà bien.

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Image Wikipedia

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 Colette Britsch (2014, p. 62)   indique la présence dans le folio 6v d'un grand migrateur arrivant en début d' été en Europe, le  Sphinx à tête de mort Acherontia atropos  : "Il est posé au sol, vu de profil et la tête dirigée vers les pieds de pavots. Les ailes sont repliées en toit et laissent voir une extrémité abdominale caractéristique, rayée de noir et jaune, tel un frelon. 

Additional 28841  f. 6v British Library, Droits publics.

Additional 28841  f. 6v British Library, Droits publics.

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5°) Mâle d'un Grand paon de nuit Saturnia pyri .

J'ai abordé avec réserve l'image de cette page du Codex Cocharelli, et d'un Grand Paon de nuit qui s'y trouve en marge. En effet, Florence Dupont en donne la reproduction dans son article de 2011, en faisant référence à une publication d'Aguilar page 22, mais je n'ai pas découvert ce folio sur le site de la British library. Florence Dupont écrit : "Feuillet de vélin de la fin du XIVe siècle, attribué au moine Cybo d'Hyères (*), les marges y sont ornées de chenille, bourdon, libellule, Grand Paon de nuit… (Aguilar, p. 22)".

C'est Colette Bitsch (2014, p.70) qui me procure la précision nécessaire : il s'agit du manuscrit "Additional 28841 au bas du folio 4". Puisque la British Library ne donne à voir que le folio 4v, où je ne vois pas ce papillon,  j'en déduis qu'il s'agit du folio 4r. Les antennes pectinées bien visibles permettent de préciser qu'il s'agit d'un mâle. Ce n'est qu'un siècle et demi plus tard que Robinet Testard a représenté à nouveau cette espèce, dans le Livre des Simples médecines , traduction du Liber de simplici medicina, ou Circa instans de Matthaeus Platearius. (Bnf Français 12322 f.143v). Probablement vers 1487-1496, entre un Rosier (Anthera) et un Sceau de Salomon (Sigyllum Sanctae Mariae). Testard, enlumineur privilégié de la cour d'Angoulème  a travaillé en 1484 à Cognac pour Charles d'Angoulème. 

 

 

 

Saturnia pyri, attribué à Robinet Testard, vers 1487-1496,, Bnf fr.12322 f.143v 

Voir aussi : Bibliothèque nationale russe à Saint-Pétersbourg, fr. F.v.VI,1 

 

 

(*) Le Monge, ou le Moine de l'Ile d'Or, de l'antique famille Cybo de Gênes, est, selon les Vies les plus célères et anciens poetes provensaux de Jean de Nostredame,   un moine de Lérins qui  fréquentait un ermitage  des îles d'Or, ou île d' Hyères, qui dépendait de Lérins. Il était le bibliothécaire de la "literie" de l'abbaye Saint-Honorat de Lérins, "renommée dans toute l'Europe pour avoir été enrichie et douée par les comtes de Provence et rois de Naples et de Sicile". Bon enlumineur, il rédigea un recueil historique des victoires des Comtes d'Aragon, fit une transcription des poètes provençaux pour le roi Louis II, etc. 

On crut longtemps à l'existence de ce moine d'Hyères, avant de découvrir que son histoire avait été inventée de toute pièces par Jean de Nostredame. On en trouve par exemple la biographie en 1843 sous le nom de Monaco del Issoro del Oro , où on précise qu'il était né à Gênes en 1326. Le manuscrit Cocharelli lui a été attribué longtemps.

 

 

Le manuscrit des Cocharelli : un bestiaire d'insectes du XIVe siècle.

 

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SOURCES ET LIENS.

— BITSCH (Colette), 2014, "Le Maître du codex Cocharelli. Enlumineur et pionnier dans l’observation des insectes", in Laurence Talairach-Vielmas & Marie Bouchet (eds), History and Representations of Entomology in Literature and the Arts. (Bruxelles: Peter Lang, 2014) pages 57-80, .

BITSCH (Colette), 2015,  sur le site web du Muséum de Toulouse :  Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli, publié à l'occasion du Kiosque actualité du 1er septembre 2013 "les insectes, c'est fou” au Muséum d'histoire naturelle de Toulouse.  

DURAND (Florence), 2011, Petite histoire des classifications et collections entomologiques : en particulier les coléoptères chez Etienne Louis Geoffroy (1727-1810), pdf

http://www.acorep.fr/documentations/Florence%20Durand%20Dec%202011.pdf

NAZARI (Vasrick), 2014,  "Chasing Butterflies in Medieval Europe", Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4):223-231. 2014 

A survey of illuminated medieval manuscripts from Europe reveals depictions of several different methods used in the Middle Ages for catching butterflies. A discussion on the meaning and iconography of lepidopteran imagery in these manuscripts is presented.

http://images.peabody.yale.edu/lepsoc/jls/2010s/2014/2014-68-4-223.pdf

— https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=8329&CollID=28&NStart=3127

Catalogue of illuminated Manuscripts, British Library, 

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/results.asp?OriginID=503

— The Cleveland Museum of Art : Leaf of a Cocharelli treatise on the Vices : Accidia and her Court, ca 1330. 

http://www.clevelandart.org/art/1953.152

 


A. C. Crombie, 'Cybo d'Hyères: a fourteenth century zoological artist',Endeavour, 9 (1952), 18-37 (figs. 1-2). 



G. Evelyn Hutchinson, 'Aposematic insects and the Master of the Brussels Initials', American Scientist, 62 (1974), 161-71.



Francesca Fabbri, 'Il "Cocharelli": osservazione e ipotesi per un manoscritto genovese del XIV sec', Tessuti, oreficerie, miniature in Liguria XIII-XV secoli, ed. by A. R. Calderoni Masetti, C. Di Fabio and M. Marcenaro, Atti del Convegno Internazionale di Studi: Genova-Bordighera, 22-25 May 1995 (Bordighera: Istituto Internazionale di Studi Liguri, 1999), pp. 305-20, fig. 1 [f. 5v].

Robert Gibbs 'Antifonario N: A Bolognese choirbook in the context of Genoese illumination between 1285 and 1385,' ibidem, pp. 247-78, (pp. 270-78).


Francesca Fabbri, 'Maestro del Codice Cocharelli', Dizionario biografico dei miniatori Italiani: Secoli IX-XVI, ed. by Milvia Bollati (Milan: Bonnard, 2004), pp. 495-97, 1040.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 12:32

Un Machaon Papilio machaon prête ses ailes à saint Michel dans une allégorie de la victoire de la mort. La Vanité (vers 1535) de Jan Sanders van Hemessen au Musée de Lille.

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Les représentations scientifiquement exactes (ou du moins conformes à la réalité) des Lépidoptères sont rares dans les Arts et notamment dans la peinture avant que l'entomologie ne se développe comme science propre (Aldrovandi 1602), avec des gravures encore approximatives. J'ai souligné combien le peintre anversois Joris Hoefnagel a été, sur ce plan, un précurseur remarquable du naturalisme scientifique.

Le papillon diurne Papilio machaon est l'une des plus belles espèces de nos régions, et on pouvait penser que sa splendeur lui permettre de se faire remarquer par les peintres et enlumineurs bien avant les autres. C'est un autre membre de la famille des Papillionidés, le Flambé ou Iphiclides podalirius , tout aussi pittoresque, qui lui vole la première place, sur un petit tableau conservé au Louvre, le "Portrait de Marguerite de Gonzague" par Pizanello en 1440. Puis sur la Vierge à l'Enfant (Vergine col bambino) de Francesco di Gentile da Fabriano (op. Ca. 1475-1515), sd, au Musée du Vatican. Dans les deux cas, le papillon était porteur d'une valeur positive, et symbolisait peu ou prou la spiritualité, ou l'âme.

Dans mes recherches, Papilio machaon n'apparaissait qu'un siècle et demi plus tard, sur les planches VII et XIII du volume Ignis (1575-1582) de Joris Hoefnagel.

C'est dire l'intérêt (pour l'histoire de l'entomologie) avec lequel je découvrais, sur un tableau flamand de 1535, la représentation fidèle des ailes antérieures d'un Machaon. Intérêt doublé par le sujet du tableau, une Vanité présentée par l'archange saint Michel, psychopompe et psychostase. De quoi approfondir l'exploration de la symbolique des papillons.

Résumé :

1. Premier exemple de représentation des ailes d'un Machaon dans l'histoire de l'art.

2. Confirmation du symbolisme funéraire du papillon au XVIe siècle.

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Voir aussi :

1. Le papillon réel :

Papilio machaon, Thomas Bresson in Wikipédia

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2. Le papillon peint par Hoefnagel.

Joris Hoefnagel, Ignis, planche VII (1575-1582)

 

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L'une de mes hypothèses pour comprendre pourquoi nos ancêtres ont  mis tant de temps à peindre ce qu'ils voyaient de si beau, est de penser que, sans-doute, ils ne peignaient pas les papillons réels car ils ne les regardaient pas et ne les voyaient pas. Et que, l'un expliquant l'autre, ils ne les nommaient pas (nous ne disposons d'aucun nom vernaculaire, dans aucune langue, pour le Machaon et pour les autres espèces, avant les balbutiements du XVIIe siècle et la nomenclature en règle du Systema naturae de Linné en 1758). Étrange cécité.

Enfin, pour expliquer ce scotome qui affectait la vision humaine jusqu'au XVIIIe siècle, je me donne l'explication suivante : les papillons étaient associés, pour nos ancêtres, par un lien indéfectible et funèbre, avec la mort.  Ils passaient, dans leur réalité, comme quelque chose d'aussi désagréable et effrayant qu'un feu follet. Ou un fantôme. Une citrouille grimaçante sous le battement de la flamme d'une bougie. Ils n'animaient les folios des parchemins enluminés que par exception, dans les marges, et sous une forme stylisée. Les moralistes faisaient aussi appel à cette silhouette stylisée pour rappeller à leurs contemporains l'approche de leur fin dernière et pour dénoncer l'attirance de ces bestioles vers la flamme des chandelles, où ils se brûlent comme tous les pécheurs à la flamme du désir. Bizarre, pour moi qui voit les joyeux lépidoptères comme des formes sublimées des fleurs : des aspects aériens et  féeriques du vagabondage inspiré.

Le tableau de Hemessen va me permettre d'argumenter, ou de remettre en cause, cette hypothèse.

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3.   La Vanité de Jan Sanders van Hemessen  (Hemiksen, vers 1500 - Anvers (?), vers 1560).

 

C'est une huile sur bois peinte vers 1535-1540, conservée au Musée des beaux-arts de Lille depuis 1994, sous le n°  Inv. P. 2009.

Le Musée de Lille !  Je pense immédiatement aux deux Allégories de la vie brève  (1591) peintes par Hoefnagel, et par l'étude desquelles j'ai débuté cette réflexion. Avec leurs Nymphalidés bien en évidence : la Belle-Dame et la Mégère.

Ici, nous voyons le buste (élargi) d'un homme jeune et imberbe, les yeux bruns, le front bouclé, en léger contrapposto accentué par l'inclinaison de la tête. Les ailes caudées reproduisent exactement le schéma des nervures du Papilio machaon, aussi nommé Grand Porte-queue. Les ocelles bleues des ailes postérieures sont cachées par le manteau rouge (maintenu par un fermail et par une ceinture) du personnage  qu'il faut identifier comme l'archange saint Michel malgré l'absence d'attributs tels que la cuirasse, le glaive ou la balance. (Bien que je réalise tout à coup que cette identification que je tenais pour acquise m'est parfaitement personnelle !) Terminons par la description de la jupe en étoffe soyeuse, quadrillée à motif floral d'or.  

Le paysage de l'arrière-plan apporte peu à la compréhension. On notera tout au plus derrière l'épaule droite des hauteurs boisées, et à droite du tableau un clocher dominant un village, et qu'un connaisseur pourrait peut-être identifier.

L'essentiel du tableau est désigné à notre attention par l'index du saint. ou du personnage ailé. (Notons au passage le traitement maniériste des mains.) Cet index désigne un miroir ovale, ou un bouclier ovale dont le centre est un miroir, et nous pouvons être certain qu'il s'agit d'un miroir puisqu'il reflète l'avant-bras du jeune homme, et une boucle de la bande de papier qui s'y enroule.

a) le cadre du miroir.

En haut, deux femmes tiennent un ruban noué, qui sert d'attache au verre par l'intermédiaire d'une corolle blanche en coquille que j'ai d'abord pris (et ce n'est sans-doute pas un hasard) pour un papillon).

Sur les cotés, un phylactère s'enroule autour d' une cascade de motifs architecturaux grotesques.

On y lit , en débutant en bas à gauche : ECCE . RA / PINÃ . RERVM . / ÕNI~V. Ce qui se lit, si on remplace le tilde ~ par un -N ou un -M, comme Ecce rapinam rerum Omnium.

J'ai cherché en vain si le peintre avait puisé cette phrase dans la Bible, ou dans la littérature religieuse des Pères de l'Église, ou de ses contemporains. Il semble l'avoir composée pour les besoins de son Allégorie. 

Comment la traduire ? Dans le Gaffiot, nous trouvons rapina,ae, f. (rapio) : 1. vol, rapine, pillage. 2. Action d'emporter. " Rapinam est l'accusatif singulier de rapina. 

Je vais être maintenant amené à découvrir que l'adverbe ecce , dont je connais surtout l'expression Ecce Homo, "Voici l'homme", dans la construction grammaticale ecce + nominatif, peut aussi être employé avec la construction ecce = accusatif, soit Ecce hominem.

Cela me vaut la petite école buissonière de la lecture d'un article dans Faventia 28/1-2, 2006 41-52 sur Les emplois de ecce, eccum, eccistum, eccillum chez Plaute par Hélène Perdicoyianni-Paléologou hperpal@hotmail.com.  Ainsi, j'apprends que chez Plaute Ecce  apparaît toujours en tête d’énoncé et qu' il est en grande partie doté de fonction déictique. Il peut désigner un objet sur la scène, ou faire allusion à une personne absente de la situation.  

La recherce des mots Ecce rapinam est infructueuse en dehors de son emploi par le peintre, mais on trouve Ecce rapina  dans l'exposé de la définition du péché de "rapine" par Alexandre de Halès: Secundum est voluntas spoliandi proximum: ecce rapina

En résumé, je peux traduire cette phrase par "Voici le vol (la rapine, le pillage) de toute chose", ou, de façon plus juste à mon sens, "Voici celle qui emporte toute chose" (sous-entendu, la mort, puisque l'index désigne le crâne).  

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b) le miroir.

Il reflète l'intérieur d'une pièce, semblable à ces intérieurs flamands ou hollandais des tableaux de Vermeer, avec leurs fenêtres à petits carreaux losangiques. Ce qui devrait apparaître au premier plan, ce serait donc la tête du peintre, mais, en guise d'autoportrait, ce dernier a peint un crâne (dont la dentition bien entamée est peut-être celle de l'artiste). 

Attendez. Encore un détail. Sur le rebord de la fenêtre qui se reflète dans le miroir, on voit une pile de pièces de monnaie. Vous pigez le message ?

c) le phylactère enroulé sur le bras gauche de l'ange.

Il porte les mots :

INSPICE ROBORIS FORMÆ OPV~QVE FINE~, soit Inspice roboris formae opumque finem,  « Contemple la fin de la Force, de la Beauté, et de la Richesse".

Là encore, la recherche d'une origine de cette sentence dans la littérature reste infructueuse (et je remarque qu'un prédécesseur a signalé dans la Revue du Louvre de 1995 avoir rencontré le même échec). 

Conclusion.

J'identifie ce jeune homme, que ses ailes désignent comme un ange, avec l'archange saint Michel. Il renvoie alors au Livre de Daniel 12 :1-3 : En ce temps-là, se lèvera Michel,  le grand chef qui a pour mission d'aider ton peuple. Ce sera un temps de détresse tel qu'il n'y en a jamais eu depuis que des nations existent jusqu'à ce moment-là. En ce temps-là seront sauvés ceux de ton peuple dont le nom est inscrit dans le livre. 2 Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l'horreur éternelles. 3 Les hommes qui auront eu de la sagesse resplendiront alors comme le firmament, ceux qui auront amené un grand nombre à être justes brilleront comme les étoiles, à toujours et à jamais.

   Comme tel, il n'est pas celui qui terrasse le dragon du Mal, mais le juge du Jugement Dernier chargé de décider du salut des âmes ou de leur damnation éternelle. Le miroir (plus magique que "déformant" ) qui se substitue à son bouclier habituel n'informe pas seulement celui à qui il rend ici visite de la fin dernière de toute chose, qui est la Mort, mais il l'incite à une conversion susceptible de renoncer aux plaisirs temporels afin de se préoccuper de son salut.

C'est cette fonction qui explique que saint Michel soit doté d'ailes de papillon et non, comme d'habitude, d'ailes d'oiseau (d'aigle notamment, ou de paon, ou de Piérides). La symbolique de l'oiseau est liée à son versant céleste,  à la victoire de la Vie sur les forces du Malin, et donc à la fonction combattante de l'archange. Le choix du papillon, associé depuis toujours au destin de l'âme après la mort, et, par ses métamorphoses, aux possibilités de renaissance, est parfaitement judicieux pour cet ange annonciateur des fins dernières. A contrario, la présence d'ailes de lépidoptères dans ce contexte nous montre bien combien, au XVIe siècle, ces insectes portent une symbolique funéraire.  

Le motif grossièrement à damier des ailes peut aussi être lu comme un rappel de l'ambivalence du destin de l'âme après la mort, et de l'affrontement des forces du Bien et du Mal ici-bas, et dans le cœur de l'homme. La queue propre aux Papilionidés a aussi peut-être sa signification, mais faut-il aller jusque là ?

Le point de vue des conservateurs du Musée de Lille est que ce tableau n'est qu'une partie d'un  diptyque, le crâne n'étant "très probablement que le reflet d'un personnage qui occupait un volet droit disparu". Néanmoins, ce tableau me semble cohérent à lui seul si on considère, comme je l'ai fait, que le crâne est celui du peintre qui fait face au miroir, et, à travers lui, celui du spectateur du tableau.

 

 

 

 

 

Image Wikipédia https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/17/Lille_Hemessen_vanitas.JPG

 

 

Photo (C) RMN-Grand Palais / Philipp Bernard

SOURCES ET LIENS.

— Site du Palais des beaux-arts de Lille : http://www.pba-lille.fr/spip.php?article38

— article Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Lille_Hemessen_vanitas.JPG

— article Wikimooks sur la Vanité de Hemessen : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanit%C3%A9_(van_Hemessen) 

 

— Deux articles essentiels du site artifex in opere :

— DONETZKOFF (Alexis), Conservateur du patrimoine au Palais des Beaux-Arts de Lille,   site Musenor Notice sur la Vanitas de Hemessen, 

http://moteur.musenor.com/application/moteur_recherche/consultationOeuvre.aspx?idOeuvre=393824

"Inédite jusqu’à son passage en vente publique, la Vanité de Jan van Hemessen est apparue dès ce moment comme une oeuvre incontestable et importante de ce peintre. Elle est à dater probablement vers 1535-1540. A ce tournant de sa carrière, l'artiste, qui a acquis une connaissance approfondie des peintres d'Italie du Nord, peut-être à l'occasion d'un voyage dans ce pays, achève d'élaborer une manière "romanisante" très personnelle dont cet ange à la stature puissante est un exemple caractéristique. Le triptyque du Jugement Dernier exécuté vers 1537 pour la famille Rockox (Anvers, église Saint-Jacques), avec lequel notre tableau présente plus d’un point commun, amène même à se demander si l’artiste n’a pas vu la fresque de Michel-Ange à la Sixtine en cours d’exécution. L'iconographie, qui est bien celle d'une Vanité, présente cependant des caractères insolites. Le crâne et les inscriptions correspondent bien à l'insistance traditionnelle sur la vanité des plaisirs de l'existence. Les ailes de papillon de l'ange, en revanche, sont sans doute là pour tempérer le pessimisme habituel du genre en rappelant la résurrection de la chair. Surtout, le crâne n'est très probablement que le reflet d'un personnage qui occupait un volet droit disparu, peut-être une figure allégorique des plaisirs de ce monde ou, plus vraisemblablement, le portrait d'un haut personnage qu'un messager céleste vient avertir de l'aboutissement inéluctable de toute destinée humaine. Une telle création, sans équivalent connu, contribue à confirmer la place éminente de Hemessen parmi les peintres flamands du 16e siècle. "

​— BOCQUILLON (Jean-Claude), Les insectes dans la peinture du siècle d'or  hollandais, Insectes n° 127

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i127bocquillon.pdf 

— http://lecheneparlant.over-blog.com/article-l-ange-aux-ailes-de-papillon-ecce-rapinam-rerum-omnium-la-mort-comme-le-pillage-de-toutes-chos-109530786.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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