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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 11:10

Les sablières de l'église de Bodilis. II. S5. L'attelage fantastique du coté sud (anonyme, 1567-1576).

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Sur les sablières de Bodilis, voir :

 

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Voir aussi les cinq autre scènes de labour à la charrue des sablières de Bretagne : celles de La Martyre, de La Roche-Maurice, celle du Tréhou, celle de Sainte-Marie-du Ménez-Hom et de Pleyben. 

 

 

 

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des sablières de Bretagne, les articles suivants :

 

 

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PRÉSENTATION.

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La nef est divisée par 8 entraits (ces poutres qui la traversent), et, entre le  4ème et le 5ème entrait, par deux blochets. Le 4ème entrait porte en son milieu la date 1567, et le 6ème celle de 1576. J'ai numéroté les sablières (ces pièces de bois formant corniche, entre deux entraits, ou un entrait et un blochet) de N1 à N10 au nord de la nef vers le chœur, et, bien-sûr, de S1 à S10 au sud de la nef, dans le même sens.

Selon ce procédé, la scène des semailles et du labour occupe la sablière N5, au nord de la nef, entre le quatrième entrait et le blochet nord, et en vis à vis et donc au sud, en S5,  un autre attelage, tirant des tonneaux, lui répond.  C'est à ce dernier que je consacre cet article.

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 Numérotation des sablières de la charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

Numérotation des sablières de la charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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La sablière S5 répond par symétrie à la scène de semailles et labour N5 car on y voit un attelage, tiré par trois animaux, qui semblent menés par un guide. Mais vous n'y trouverez ni laboureur ni charrue, et ni semeur.

Les différentes sautent au yeux avec autant de vivacité que les ressemblances. La charrette — réduite à un support sans ridelles entre deux roues à sept rayons — porte deux tonneaux, sans doute remplis de vin. Elle est tirée par trois animaux sauvages et fantastiques. Elle n'est conduite  ni par un cocher, ni par un conducteur qui, à pied, mènerait l'attelage de son fouet. Et l'homme qui, en tête, donne la direction, ne tient pas les guides.

Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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La charrette, disais-je, est un simple assemblage de madriers posés entre deux roues. Ses deux bras incurvés rentrent dans les boucles d'une dossière. Sur le dos de l'animal tracteur, cette dossière est renforcée par deux arceaux ( à boucle supérieure), qui semblent soutenir aussi les bras du brancart, et qui forment à eux deux comme une bâtière. Ce dispositif était celui du premier cheval de l'attelage de N5.

Il n'y a par contre ni collier d'épaule, ni harnachement, ni rènes.

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Sur le harnachement et les attelages à l'époque médiévale, voir Bardoneschi, et BnF fr. 1538 f.32r

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La surprise est de découvrir que c'est une licorne qui est attelée ici. De l'Unicorne, elle possède les caractéristiques fabuleuses décrites dans le Physiologus, non seulement sa corne frontale, mais sa barbiche de bouc, et ses sabots de chèvre.

Sur les licornes en général, voir :

 

Sur les licornes des sablières, voir :

 

 

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Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Les bras, anormalement longs, du brancard se prolongent pour être soutenus par la dossière d'un deuxième animal. Cette dossière, à sous-ventrière, maintient aussi une sellette de fourrure, mais dont l'interprétation est difficile.

En effet, cette sorte de crinière dorsale se poursuit vers le haut en un buste et une tête humaine. 

Enfin, le quadrupède a une tête de lion (de chien, de chameau), et des sabots bifides.

Comment interpréter cette composition ?

Soit il s'agit d'un animal fabuleux à tête humaine, comme le manticore. Ou bien comme le centaure. Mais dans les deux cas, le buste humain n'est pas greffé sur le dos, mais tient lieu de tête à l'animal.

Soit il s'agit d'un être humain qui apparaît en arrière-plan, un paysan qui accompagne l'attelage sur son coté droit. 

Soit ce buste est porté par l'animal, comme un trophée, fixé par la dossière.

Dans tous les cas, cette tête affronte la licorne. Il ne semble pas possible d'associer cet affrontement aux scènes de chasse à la licorne où celle-ci est attirée par une jeune vierge.

Si l'artiste, en se plaçant dans le domaine fantastique, libère son imagination, il a parfaitement "le droit" de créer à son grée ce que lui inspire sa créativité ludique et onirique et de nous le soumettre afin de susciter un effet de rupture avec le réel et une entrée dans le féerique. 

Selon une autre possibilité, déjà évoquée pour comprendre l'étrange  "labour" de N5, l'artiste illustrerait ici un proverbe, un récit légendaire ou une chanson, qui ne nous seraient pas parvenus.

Dernière hypothèse, le sculpteur créerait ici des portraits en rébus ou caricatures des paroissiens ou des commanditaires par des allusions à leur patronyme ou à leur surnoms. Je n'y crois guère.

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Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le troisième animal est un lion, supportant les bras du brancard par une dossière incomplète. Du lion, il possède la crinière, la queue terminée par un fouet, les pattes velues, et la gueule.. léonine. 

Il lève la patte droite vers l'homme qui se trouve devant lui, et ce dernier se défend en levant sa massue.

Par sa tenue vestimentaire, par sa coiffure, par sa posture tournée vers l'arrière, il est très proche des deux personnages (le semeur et le guide d'avant) de la sablière N5. Il est même, par ses traits butés, le frère jumeau du guide des chevaux.

Le couple du lion et de la licorne affrontés est fréquent, mais nos trois animaux ne rentrent pas dans ce schéma

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Voici donc cette sablière S5 et son étrange charroi de barriques. Là encore, je ne trouve aucun auteur à s'être interroger avant moi sur sa signification. Sauf l'auteur anonyme de l'APEVE, qui écrit à propos de N5 et S5 ceci :

"Sur une sablière sculptée en haut relief, trois imposants chevaux de trait tirent une charrue à roue que conduit un laboureur. Devant l’attelage, un homme sème des céréales. Cette poutre rappelle la vocation agricole de la terre léonarde, l’arrivée précoce des innovations techniques dans la contrée et la richesse des laboureurs. Peut-être fut-elle commandée par l’un d’eux. L’artiste se joue des contraintes liées au type de support. Les chevaux sont bien proportionnés et les hommes semblent plus courbés par l’âpreté du labeur que par l’exiguïté de la poutre.

Face à cette corniche, un homme conduit un curieux attelage formé d’un lion, d’une licorne et d’un animal difficilement identifiable. Ils tirent une charrette chargée de grandes barriques. Celles-ci évoquent les quantités de vin parfois importantes que commandait la fabrique en vue de rassemblements paroissiaux.

On peut aussi imaginer que ces deux poutres forment un ensemble, allégorie du pain et du vin de l’Eucharistie, « fruits de la vigne et du travail des hommes »." (APEVE)

 L'interprétation naturaliste ou réaliste qui se propose le plus facilement à nous, et qui y voit à gauche le travail de semailles et de labours de cette paroisse agricole du Léon consacrée à la culture et la vente des toiles, et à droite le transport de tonneaux de vin rappelant le rôle de Landerneau et de Roscoff dans le commerce maritime des vins d'Espagne et de Bordeaux vers le Nord, ne résiste pas à l'examen attentif des sculptures. 

En définitive, je place cet attelage fantastique dans le cadre des drôleries et les grimaces que les artistes sculpteurs savent créer, en partant d'un répertoire ou des catalogues pour imaginer des œuvres pleines d'audace et de fantaisie. Loin de s'autoriser des écarts ou des libertés personnelles, ils répondent ainsi aux attentes des commanditaires. Le contrat des stalles de la cathédrale de Tréguier en témoigne clairement. 

Il me reste à dire que ces deux scènes figuratives N5 et S5 sont entourées d'éléments inspirés de l'ornementation de Fontainebleau et qui relèvent du style du Maître de Pleyben (cf. articles suivants). Seul en témoigne, de façon minimale, ici, la frise inférieure de feuillages bagués deux à deux.

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Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

Sablière S5 de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Chanoines Jean-Marie) et PEYRON (Paul), 1903,  "[Notices sur les paroisses] Bodilis", Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 3e année, 1903, p. 192-208.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f180.image

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1903.pdf

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/bodilis.pdf

APEVE, Association pour la promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Elorn

http://www.bodilis.org/patrimoineetsites.php

http://www.apeve.net/spip/spip.php?article127

COUFFON (René), 1958,  Notre-Dame de Bodilis. In: Bulletin Monumental, tome 116, n°2, année 1958. pp. 121-133; doi : 10.3406/bulmo.1958.3832 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1958_num_116_2_3832

http://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1958_num_116_2_3832.pdf

COUFFON  (René), LE BARS (Alfred)  1988,  Nouveau répertoire des églises et chapelles, : paroisse de Bodilis,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/fdf52c93c4ad292cf14cbf5068677c87.pdf

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ; préf. d'Alain Croix, Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. 

BARDONESCHI (Floriana ),2015, « Les images du cheval attelé au travail dans les campagnes : réalités anatomique et morphologique et construction artistique à travers les enluminures (Europe, XIIe-XVIe siècle) », In Situ [En ligne], 27 | 2015, mis en ligne le 02 novembre 2015, consulté le 04 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/insitu/12073 ; DOI : 10.4000/insitu.12073

LAUDREN (Thierry), dossier photo de son travail de restauration de la charpente

https://www.thierrylaudren.fr/pages/monuments-historiques.html

http://thierrylaudren.pagesperso-orange.fr/monumentshistoriq2.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
4 avril 2018 3 04 /04 /avril /2018 22:18

Les sablières de l'église de Bodilis. I. La scène des semailles et du labour (anonyme, 1567).

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Voir aussi les cinq autre scènes de labour à la charrue des sablières de Bretagne : celles de La Martyre, de La Roche-Maurice, celle du Tréhou, celle de Sainte-Marie-du Ménez-Hom et de Pleyben. 

 

 

 

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des sablières de Bretagne, les articles suivants :

 

 

 

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PRÉSENTATION.

"Du type à nef obscure, l'édifice de 6 travées a ses grandes arcades pénétrant directement dans les piliers. A l'exception de la petite chapelle Notre-Dame, à gauche du choeur, voûtée sur ogives, il est entièrement couvert par un lambris dont les sablières, entraits et têtes des blochets, sont très finement sculptés. On retrouve notamment sur les premières une scène de labourage semblable à celle de Sainte-Marie du Menez-Hom et une scène d'ivrognerie également visible à Saint-Thomas de Landerneau." (Couffon & Le Bars)

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"Il y a encore dans l'église de Bodilis d'autres détails qui méritent l'attention des archéologues, ce sont les sculptures très riches et très variées qui couvrent les poutres apparentes et les sablières ou corniches ; elles reproduisent des motifs d'ornementation, des monstres, des serpents, des griffons, puis des scènes de la vie journalière à la campagne, des attelages traînant des charrettes, des labourages à la charrue, des convois funèbres, etc., tout cela sculpté avec verve et entrain. Une corniche à l'intérieur de la sacristie haute porte cette inscription : F : IURA HERGOVARCH : FABRIQUE : 1687 ." (J.M. Abgrall, 1903)

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La charpente a été restaurée entre 2000 et 2002, notamment par Thierry Laudren :

 "La restauration de la charpente (2000-2002) permet aujourd'hui de découvrir la richesse extraordinaire des multiples sculptures des sablières - " les plus remarquables par le nombre et la variété des sujets représentés " (3) - des entraits à engoulants, des blochets, des culots de poinçon (diverses pièces de bois constituant une charpente). Scènes mythologiques et bibliques, sujets profanes et sacrés s'y entremêlent étrangement. Licornes et lions tirent des attelages, des gueules béantes s'apprêtent à dévorer des hommes et des femmes aux pieds de bouc, des anges portent les instruments de la passion ou les plaies du Christ, la Vierge Marie, enceinte de Jésus, rend visite à Elisabeth, bientôt mère de Jean-Baptiste, etc…" (APEVE)

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"Cette Renaissance foisonnante se retrouve à l'intérieur de l'église, où les charpentiers se sont donnés à cœur joie sur plus de 100 mètres de sablières, 14 poutres et 20 blochets extraordinairement fouillés, dans une inspiration religieuse, mythologique et profane." Jacky Questel

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L'atelier du Maître de Pleyben ?

"Plusieurs sanctuaires semblent avoir été sensibles au rayonnement de Pleyben. Les sablières de l'église de Bodilis, décorées au XVI et et XVIIe siècle, se distinguent par la prédominance des thèmes religieux dont certains s'apparentent à ceux de notre sculpteur [le Maître de Pleyben, actif en ce lieu, mais aussi à Kerjean, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Roscoff [?] et Saint-Divy vers 1570 et 1580]." (S. Duhem)

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VUE GÉNÉRALE.

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La nef est divisée par 8 entraits (ces poutres qui la traversent), et, entre le  4ème et le 5ème entrait, par deux blochets. Le 4ème entrait porte en son milieu la date 1567. J'ai numéroté les sablières (ces pièces de bois formant corniche, entre deux entraits ou un entrait et un blochet) de N1 à N10 au nord de la nef vers le chœur, et, bien-sûr, de S1 à S10 au sud de la nef, dans le même sens.

Selon ce procédé, la scène du labour occupe la sablière N5, au nord de la nef, entre le quatrième entrait et le blochet nord. C'est donc une place centrale. Observons d'emblée que la sablière S5, en vis à vis, est sculptée également d'un attelage à trois animaux, un décor énigmatique mais dont le labour de N5 ne peut être trop facilement séparé.

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Charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Cette scène est composée par un laboureur, qui conduit une charrue à deux roues. La charrue est tractée par un attelage à trois chevaux (du moins à première vue) guidés par un homme qui tient les rênes de l'animal de tête.  Devant cet attelage, un paysan sème des graines. Un aimable mais vigoureux tableau campagnard, une Bucolique célébrant la vertu des travaux de la terre. Travaillez, prenez de la peine, le Royaume des Cieux est à vous !

À  première vue.

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Charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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I. LE SEMEUR.

Il est plié en deux (hauteur de la corniche oblige), les jambes progressant vers la gauche tandis que le tronc s'oriente de profil pour semer le grain de coté, et que la tête et les yeux se retournent en arrière et en haut pour observer ceux qui le suivent. C'est une très belle posture en torsion, souvent utilisée pour représenter saint Christophe. Il me semble être tête nue, et sa chevelure laisse échapper du capuchon deux rouleaux à hauteur des oreilles.  Il est barbu, ses pommettes sont saillantes, ses traits sont forts. Il porte une culotte  moulante, descendant jusqu'au dessus des genoux, et des chausses si serrées qu'on n'en voit pas les détails.  Une veste aux pans croisés complète cette tenue ; les manches en sont relevées.

Ses graines, de grosse taille, sont réunies dans une poche de tissu  tenue dans le poing gauche. 

La consultation des exemples iconographiques de semeurs sur le site Enluminures.fr fournit 68 réponses, la plupart pour illustrer le mois de septembre (parfois octobre ou novembre) des calendriers, d'Heures ou d'autres ouvrages entre le XIIIe siècle et la première moitié du XVIe siècle. Beaucoup de semeurs ont placé le grain dans la poche d'un tablier blanc noué autour du cou comme une grande serviette. Beaucoup, mais non tous, ont la tête couverte d'un chapeau. Beaucoup se tiennent bien droit, absorbés par leur tâche,  le regard dirigé vers l'avant. La stéréotypie du personnage le transforme en un équivalent de signe zodiacal de septembre-octobre. 

Aucun n'adopte la torsion à 180 ° de notre personnage, et aucun ne précède, dieu merci,  un attelage labourant la terre qui vient d'être semée, alors qu'il faudrait herser.

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On aura remarqué le crochetage du pied gauche par celui, également gauche et postérieur, du paysan placé derrière lui. À eux deux, se tournant le dos, ils forment un couple chorégraphique bien insolite parmi les sillons. 

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Sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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II. LE GUIDE D'ATTELAGE.

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Ce jeune et  robuste gaillard — peut-être le Grand Valet du maître laboureur, ou le chef d'attelage— tient la bride du cheval de tête.  Les guides  rejoignent  le mors,  les montants (sans œillères) et les frontales. 

Il y a deux façons de mener un attelage, soit le menage à la tête, comme ici, soit le menage aux guides et au fouet.  

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Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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III. L'ATTELAGE À TROIS CHEVAUX.

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Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le premier  cheval est équipé d'un collier d'épaule, de traction, relié à une sangle qui longe ses flancs jusqu'à son train. 

Il semble fort agité : il lève la tête, ses oreilles pointent et sa queue est dressée. Que se passe-t-il ?

Il ne semble pas solidaire de l'attelage, puisqu'aucune sangle ne l'y relie.

Plus intrigant encore, le cheval qui est en arrière-plan, à demi masqué, ne porte aucun harnachement. Il semble plus docile.

La logique que je m'étais construit, qu'un équipage de trois chevaux attelés à la même charrue, vient de voler en éclat. 

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Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le dernier cheval reçoit le brancard de la charrue sous la forme de deux bâts (apparemment en fer forgé torsadé au milieu).

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Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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IV. LA CHARRUE MENÉE PAR LE LABOUREUR.

 

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Je comparerai cette charrue à celle donnée en illustration par F. Bardoneschi selon Les Heures Rostchild (vers 1500) :

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Scène de labours avec une paire de chevaux. Reproduction d’après l’enluminure originale : Londres, BL, ms. add. 35313, f°5 v°. Heures à l’usage de Rome (The London Rothschild Hours ou Hours of Joanna I of Castile), Flandre, Gand/Bruges, maître de Jacques IV d’Écosse et son atelier (décoration), vers 1500. Calendrier, mois de septembre.

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Plan d'une charrue médiévale (Document INSHEA-SDADV-2006/2007)

 

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Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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LE LABOUREUR.

Le paysan a fort à faire pour tenir les deux mancherons tout en maniant le manche du coutre, ou une autre poignée, de la main droite. 

Il est coiffé d'un chaperon, et vêtu comme les deux hommes précédents. Son regard est étrange, c'est un peu celui d'un aveugle. Est-il en train de perdre le contrôle de l'attelage ? 

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Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Le labour, sablière N5, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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V. LE BLOCHET. SAINT JEAN ?.

Cet homme, imberbe, vêtu d'une longue robe, et tenant un phylactère, est-il saint Jean (l'évangéliste, bien-sûr), comme je le suggère ?.

Par la finesse de sa silhouette, ses longs doigts, son visage gracile, il m'évoque les blochets du Maître de Pleyben, ceux de Kerjean par exemple.

À Pleyben, le laboureur regarde franchement en arrière et en haut vers le blochet, faisant ainsi preuve d'une distraction coupable dans la conduite de l'attelage. Ce n'est pas tout a à fait le cas ici, mais lorsque je regarde le laboureur au pied du blochet, je m'interroge.

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Blochet nord, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile  août 2017.

Blochet nord, charpente de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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DISCUSSION.

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La tendance spontanée est de voir ici un désir des membres de la fabrique paroissiale (le plus souvent choisis parmi les plus aisés et les plus généreux des propriétaires terriens de la trève) de mettre en valeur leur activité et leur profession agricole. Une scène naturaliste. 

"Les charpentiers semblent avoir été particulièrement sensibles aux activités agricoles et à l'image du paysan affairé dans son champ. Ce qui n'apparaît pas singulier si l'on considère la place de cette activité dans la vie des populations sous l'Ancien Régime. L'agriculture est la pierre d'angle de cette économie fondamentalement rurale. À la veille de la révolution, précise L. Élégoët, l'agriculture occupe plus de 75% de la population de la zone toilière. La culture des céréales – froment, avoine, seigle, mil et sarrasin – assure une place importante de la production vivrière. Les scènes de labours représentées sur quelques sablières attestent l'utilisation de la charrue à roue au XVIe siècle, un détail, selon A. Croix, qui « (…) place la Bretagne au premier rang des provinces développées ». Les sablières de La Martyre, de La Roche-Maurice, de Bodilis, de Pleyben, et du Tréhou donnent des indications précises sur la conception de ces instruments. Plusieurs sculpteurs ont réalisés ces images, dans des styles très différents, mais toutes sont représentées avec force précisions : la charrue du Tréhou est vue à la fois de profil et de face, par exemple.Ce détail est révélateur du souci des artisans d'être fidèle aux modèles reproduits, ce qui garantit une certaine authenticité des images.

Par delà ces clichés « photographiques » d'épisodes de la vie agricole courante, on mesure le poids d'une réalisation économique locale. Le Léon est une région agricole prospère, et plus encore une grande zone d'élevage et la première région exportatrice de chevaux, avec le Trégor, au XVIIe siècle. Les représentations de bœufs attelés et de chevaux sur les charpentes apparaissent à plusieurs reprises sur les sablières léonardes. Les animaux sont non seulement utilisés pour les labours, par deux, voire par quatre, ils conduisent également le chariot du cortège funèbre et participent au transport des fûts, à la Roche-Maurice et à Pencran." (S. Duhem)

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Pourtant, le rapprochement (incontournable) des cinq scènes de labour sculptées sur sablières, oblige à s'interroger, puisque trois de ces scènes montrent des accidents, peut-être par la faute du conducteur, peut-être par l'emballement des animaux de traits, concernant les guides de coté ou d'avant. 

La Roche-Maurice (vers 1560). Un laboureur, charrue à roues, quatre chevaux 2x2, un guide d'avant. Pas d'accident.

Pleyben (vers 1571) : un laboureur (regardant en arrière et en haut), un guide d'arrière, charrue à roues, 3 chevaux 2 puis 1 en pointe, une victime écrasée par la roue droite. 

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/la-charpente-sculptee-de-l-eglise-de-pleyben-vers-1571-par-le-maitre-de-pleyben-le-choeur-et-la-fin-de-la-nef.sablieres-blochets-et

Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (vers 1575) : Un laboureur, un guide d'arrière,  charrue à roues, quatre chevaux 2x2, un faucheur à l'avant, une victime entre les deux groupes de chevaux. Punition lors de la Fuite en Égypte , selon une hypothèse locale  qui me semble peu étayée.

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/la-charpente-sculptee-du-collateral-nord-de-la-chapelle-sainte-marie-du-menez-hom-en-plomodiern-par-le-maitre-de-pleyben-vers-1575.h

— Le Tréhou (entre 1555 et 1610). Un semeur sur la pièce de bois voisine. Un laboureur, une charrue à roue, quatre bœufs 2x2, un animal monstrueux en pointe, écrasant ou renversant le guide d'avant.

— La Martyre (vers 1560). Un laboureur (regardant ailleurs), une charrue à roue, deux chevaux en couple, quatre bœufs accouplés deux à deux, un guide d'avant tenant les guides et levant son fouet. Pas d'accident (mais le guide d'avant est très incliné en arrière).

http://www.lavieb-aile.com/2016/12/l-eglise-saint-salomon-de-la-martyre-vi-les-sablieres.html

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D'autre part, l'analyse de la sablière N5 de Bodilis révèle de nombreuses incongruités : semeur précédant un labourage, et se retournant vers l'arrière. Cheval de pointe non relié à l'attelage. Deuxième cheval non harnaché. Regard bizarre et détourné du conducteur de la charrue.

Enfin, la sablière N5 est située en vis à vis de la sablière S5, qui est, quant à elle, d'un registre franchement fantastique avec son attelage tiré par une licorne, un lion, et une troisième bête qui ne vaut guère mieux.

Curieusement, cette énigme n'a pas stimulé les esprits, puisque depuis le travail de S. Duhem, qui date tout de même de plus de vingt ans, personne n'a exposé ses observations ou ses cogitations.

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Ma réflexion provisoire.

J'ai abandonné la piste naturaliste, champêtre et paysanne. Comme Dali  jadis devant l'Angélus de Millet, je subodore "le mythe tragique"  caché derrière ces saynètes rurales.

Les cinq Labours sont-elles les cinq versions d'une même histoire, d'un dramatique fait-divers ayant marqué les esprits dans les campagnes toilières du Léon ? À Bodilis et à La Roche-Maurice, l'artiste se serait dispensé de représenter le malheureux guide d'attelage écrasé sous la charrue, et aurait donné un tableau fonctionnant comme un rappel plus sobre.

Sont-ils l'illustration, par un exemple bien adapté à ces paroissiens, du danger de la mort accidentelle, pour les inciter à la vigilance? L'un des points communs semble être la distraction du conducteur. 

Ou ces cinq sablières finistériennes seraient-elles les images d'un proverbe, d'une expression proverbiale, d'un conte ou d'une gwerz (les gwerziou sont des chants bas-bretons tristes, parfois construits autour d'un événement local) qui n'auraient pas été collectés et ne nous seraient pas parvenus, tout en étant parfaitement compris à l'époque ?

 

Comme je suis convaincu qu'il ne faut pas considérer un fragment d' œuvre  (une pièce de sablière) isolément du programme iconographique total; il me reste à présenter les autres éléments sculptés de cette charpente, dont certains sont tout aussi passionnants que celui-ci. 

 

(J'ai encore à mettre en ligne mes images des "labours" de La Roche -Maurice et du Tréhou, pour disposer d'une série complète). 

À suivre. 

 

Sablière (1560)  du bas-coté nord , église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière (1560) du bas-coté nord , église de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Chanoines Jean-Marie) et PEYRON (Paul), 1903,  "[Notices sur les paroisses] Bodilis", Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 3e année, 1903, p. 192-208.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f180.image

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1903.pdf

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/bodilis.pdf

— APEVE, Association pour la promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Elorn

http://www.bodilis.org/patrimoineetsites.php

— COUFFON (René), 1958,  Notre-Dame de Bodilis. In: Bulletin Monumental, tome 116, n°2, année 1958. pp. 121-133; doi : 10.3406/bulmo.1958.3832 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1958_num_116_2_3832

http://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1958_num_116_2_3832.pdf

— COUFFON  (René), LE BARS (Alfred)  1988,  Nouveau répertoire des églises et chapelles, : paroisse de Bodilis,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/fdf52c93c4ad292cf14cbf5068677c87.pdf

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ; préf. d'Alain Croix, Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. 

— BARDONESCHI (Floriana ),2015, « Les images du cheval attelé au travail dans les campagnes : réalités anatomique et morphologique et construction artistique à travers les enluminures (Europe, XIIe-XVIe siècle) », In Situ [En ligne], 27 | 2015, mis en ligne le 02 novembre 2015, consulté le 04 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/insitu/12073 ; DOI : 10.4000/insitu.12073

— LAUDREN (Thierry), dossier photo de son travail de restauration de la charpente

https://www.thierrylaudren.fr/pages/monuments-historiques.html

http://thierrylaudren.pagesperso-orange.fr/monumentshistoriq2.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 15:40

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Rappel. 

1°) Une première inscription figure sous le fronton du porche de l'église et indique "CESTE . CHAPPELE.  FVT .  COMMENCEE . 1516.  ET .  LA . TOVR . 1566.". Pour Millet, Castel et Huon 1996, l'architecte responsable de la construction du clocher-tour est Jean Le Tallandier, bien qu'il n'ait pas signé ici son travail comme à Plougasnou et à Ploubezre. Ce sont les caractères stylistiques de la construction qui incitent les auteurs à attribuer le clocher et le porche ouest a cet architecte morlaisien. D'autres documents auxquels je n'ai pas eu accès attesteraient que Fiacre de la Haye a travaillé sur Saint-Émilion en 1601. 

2°) Sur la sablière du transept sud figure l'inscription "LE XVI : IOUR : DAPRILL : LAN : MIL : [V]: CENTZ : CINCQUANTE : UNG : LE : BOIS : DE : CHAPELLE : A : ESTE : FAIT ." ("Le seizième jour d'avril de l'an mil [cinq] cent cinquante et un (1551) le bois de cette chapelle a été fait".). Cette inscription encadrée par les bustes d'un homme (portant un casque) et d'une femme voisine les armoiries des Poulgras seigneurs de Trogorre, c'est à dire, en cette année 1551, de Jeanne de Poulgras et de son époux Hervé Le Rouge (ou de son second époux Jean de Kermarquer vers 1560).

3°) Dans la partie occidentale de la nef, au nord, une sablière N4 indique : LE : BOIS : DU : BOUT :DA[N]BAS : DE : CEANS : FAICT / : / AUGTE : G : LAMY ON GOUARN RE : A : P[RESE]NT : L : M : VCZ : LVII ("Le bois du bout d'en bas de céans fait [par ] Augte G. Lamyon Gouverneur à présent l'an mil cinq cent cinquante sept (1557)"). Cette inscription est centrée par un médaillon Renaissance montrant un homme jeune, et est encadrée par deux hommes tenant un phylactère, celui de gauche portant des binocles. On en déduit que "G. Lamyon" (ou pour certains "Auguste G. Lamyon") était gouverneur de la fabrique de Saint-Émilion en 1557.

4°) René Couffon signale avoir lu "en dessous" de cette inscription celle-ci "fet J. Guille". La confiance en ce témoignage est altérée par la lecture défectueuse de Couffon pour le texte précédant où il donne "Auguste Glamyon" au lieu de G. Lamyon.

5°) La sablière nord suivante (N. 5) montre huit médaillons à personnages autour d'un médaillon portant le monogramme G.P autour d'une herminette, suggérant que ce sont là les initiales du maître-charpentier.

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En résumé, nous avons un édifice débuté en 1516, dont la construction a lieu  principalement entre 1551 et 1566 mais s'est poursuivie en 1583, et en 1601. En 1757, une sacristie fut construite, mais elle sera supprimée lors d'une agrandissement du chevet entre 1885 et 1887.

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Plan des localisations des inscriptions datées.

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À propos de G. Lamyon, sur l' inscription de 1557 des sablières de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras.

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J'ai recherché des renseignements sur ce "G. Lamyon", qui se désigne comme gouverneur en 1157 et qui fut donc le maître d'œuvre de la pose de la charpente "du bout d'en bas" de la chapelle, ce que j'interprète comme "de l'extrémité de la partie basse — occidentale— de la chapelle". 

Or, le patronyme "LAMYON" est rare. Il est donné comme disparu de nos jours. Une recherche sur le site FILAE donne neuf résultats, sur des départements divers mais éloignés de la Bretagne. 

Il faudrait se livrer à des recherches d'état-civil sur la commune et le département, mais cela ne relève pas de mes compétences. 

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1. Jehan Layon, relieur à Troyes en 1401-1402.

En ligne, une première mention est celle d'un relieur de livres de Troyes, messire Jehan Lamyon :

Les relieurs de livres à Troyes : Jean LAMYON (1400-1402). Messire Jean Lamyon, écrivain et relieur. 

Il figure sur la liste des écrivains et copistes au service des Ducs de Bourgogne dans l'ouvrage de Léon de Laborde - 1852 - ‎Les Ducs de Bourgogne: études sur les lettres, les arts  ..., Volume 3

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2. Guillaume Lamyon, de Laval, maître-charpentier en 1567.

Ce personnage est cité dans Bibliothèque d'humanisme et renaissance, Volumes 7 à 8,  1945

 https://fr.scribd.com/document/254726789/Bibliotheque-d-Humanisme-Et-Renaissance-Tome-Vii-1945

"Pour la période de 1567 à 1571, le même dossier C4986 contient de précieux renseignements sur un nouveau personnage ….Dès 1er février , les miseurs reçoivent l'ordre de payer l. t à un architecte « mandé et venu exprès pour le faict de navigaige et entreprise que l'on veult faire et entreprendre sur la rivière ». Le 3 février 1567, Pierre Guillot, ingénieur venu de Laval, défrayé de tous frais, parcourt la Vilaine en bateau et note les réparations les plus urgentes. Le 9 du même mois, les habitants, qui voudraient hâter les travaux, délibèrent :

"Il est ordonné et faict commandement à Jehan Cormeir et Guillaume Tual, à présent recepveurs et miseurs des deniers de cette ville de Rennes, bailler et delivrer content et sans delay à Pierre Guillot, sculteur, et Guillaume Lamyon, maistre charpentier, venuz et mandez exprès de la ville de Laval en ceste ville de Rennes pour veoir et visiter le cours de la ripviere de Villaigne y passante, puis ceste ville jusques aux pontz et port de Messac et en faire rapport, description et procès verbal pour entendre le moyen de la rendre navigable si estre peult. A quoy ilsz auront vacqué en compaignie de Jullien Hindre, l'un des bourgeois de ladicte ville, Me Olivier Auleon son homme, et Symon Hubert, batelier. Et de ce ont presentement faict rapport et procès verbal qui est es mains ducict Auleon pour en faire portraict. Scavoir, pour une part, cinquante livres tant pour le service que paines et vacations desdictz Guillot et Lamyon et pour s'en retourner audict Laval. Item, la somme de 20 livres t. pour frayer et desbourser pour leurs despences d'aultres susnommez de leur compaignie audict voyaige qu'ilz ont faict par six jours sur  ladicte ripviere... tout la somme de 71 livres t... sauf à faire raison ausdicts Hindre, Auleon et son homme de leurs paines et vacations lorsque ledi et Auleon aura faict ledict pourtraict... "

La présence de ce Guillaume Lamyon à Rennes en 1567 pour inspecter le cours de la Vilaine jusqu'au port de Messac afin de le rendre navigable et de le réparer, et la mention de sa profession de maître-charpentier, incitent à s'interroger : s'agit-il du "G. Lamyon" mentionné à Loguivy-Plougras ?

On objectera que, sur la sablière, G. Lamyon est qualifié de "gouverneur", qualité qui, si on la comprend dans le sens de "fabricien", suppose qu'il s'agisse d'un membre de la paroisse, propriétaire terrien, agriculteur ou marchand mais non professionnel du bâtiment. Néanmoins, ce patronyme n'est pas attesté, pour ce que j'en sait, dans la paroisse. D'autre part, les travaux semblent avoir été commandités par Jeanne de Poulgras plutôt que par la fabrique. Peut-on envisager que "gouverneur", désigne ici "celui qui préside au bon fonctionnement de quelque chose", (CNRTL), "celui qui a en charge quelque chose" ?

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3. Une précision sur "GOUARNRE "

. Le substantif "gouarneur" n'est pas une forme de "gouverneur" en moyen français, comme je l'avais trop rapidement pensé, mais c'est le mot breton pour "gouverneur". Le dictionnaire françois-celtique (1732)  de Grégoire de Rostrenen donne :

GOUVERNEUR. Gouarneur. р.,gouarnearyen, gouarner. p. gouarneryen. Vannetais gouranour, p. gouarneryon,, gouarnouryan.

Il est attesté en 1499 dans le Catholicon de Jehan Lagadec :

http://www.catholicon.net/telechargement/catholicon_r_f_le_men_1867-rennes.pdf

Il est composé sur le verbe breton  gouarn (gouarnn, gouuarn) "gouverner", présent dans le Catholicon manuscrit de 1464.

Si les bretonnants valident ma lecture, il faudrait comprendre  l'usage d'un terme breton dans une inscription en français. Il faudrait souligner aussi  la rareté d'un terme breton dans une inscription de sablières. D''autre part il faudrait envisager la possibilité que d'autre mots, comme le mystérieux AUGTE (ou AUNTE) , soit aussi issus du breton. Mais "Augte" et Aunte" n'ont aucune signification en breton.

En définitive, la  graphie "GOUARNRE " me semble bien bretonne, mais cela ne me procure pas d'indice dans la compréhension de cette inscription, si ce n'est d'encourager l'idée que ce terme ne vienne pas renvoyer à la fonction de fabricien.

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4. Guillaume Lamyon et Pierre Guillot.

Dans le texte que j'ai extrait de la Bibliothèque d'Humanisme et de Renaissance, le maître-charpentier Guillaume Lamyon accompagne Pierre Guillot, "sculpteur", venant également de Laval. Les commentateurs estiment qu'il s'agit de Pierre Guillot, architecte à Laval  où il construisit en 1575 la voûte à caissons du transept sud, puis le portail sud de la Trinité de Laval. plus tard, en 1575, Pierre Guillot se dit encore « maître maçon » dans le marché par lequel il s'engage à voûter la chapelle neuve de la Trinité. Il est le frère de Jean Guillot, architecte à Angers dès 1550, et qualifié en 1595 de "maître voyeur et visiteur des œuvres de maçonnerie en le duché d'Anjou". ( Isidore Boullier Recherches historiques sur l'église et la paroisse de la Trinité de Laval pages 141-142)

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Il paraît fort hasardeux de proposer de lire dans les deux lettres G.P qui entoure l'herminette dans le médaillon de la sablière N5 de Loguivy-Plougras les initiales (alors inversées) de Pierre Guillot. Certes. 

Mais il est troublant de constater que René Couffon ait lu "Fet J. Guille" dans le voisinage de ces deux inscriptions de 1557.

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CONCLUSION.

Je souhaite donc proposer l'hypothèse que G. Lamyon, qui a pris en charge ("gouverner") la pose de la charpente de l'extrémité occidentale de la chapelle Saint-Émilion en 1557, peu avant la construction de la tour-clocher en 1561,  soit identifié comme Guillaume Lamyon, maître-charpentier présent à Rennes auprès de Pierre Guillot, "sculpteur", en 1567 dans des travaux sur le cours de la Vilaine. La rareté du patronyme plaide en faveur de ce rapprochement.

La seconde hypothèse se plait à imaginer que ce Pierre Guillot qui deviendra ensuite maître-maçon et architecte de l'église de la Trinité à Laval en  1575 est celui qui a placé son monogramme G.P et son emblème professionnelle à coté de l'inscription préservant la mémoire du rôle de G. Lamyon.

Ces propositions sont lancées ici, comme des bouteilles à la mer, sur le flux de la Toile pour susciter les travaux complémentaires qu'elles méritent certainement aux yeux des passionnés du patrimoine de Loguivy-Plougras.

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À propos de G. Lamyon, sur l' inscription de 1557 des sablières de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras.
À propos de G. Lamyon, sur l' inscription de 1557 des sablières de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras.

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SOURCES ET LIENS. 


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— COUFFON (René) 1939,  Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, extrait des Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Les presses bretonnes, 1939, p. 233-235.

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f29.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f46.image

— DUHEM (Sophie) 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle,  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  105-1  pp. 53-69

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

— DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .

— DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages. Pages  66-69-72-183-232-233-266-267-277-278 : 

— MILLET (Christian), CASTEL (Yves-Pascal), HUON (Michel), 1996, Jean Le Taillandier, architecte de la Renaissance", Bulletin de la Société archéologique du Finistère page 199-215.

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 23:24

Les sablières (1551) des bras du transept et des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras.

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Cet article fait suite à :

Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). I. Le coté nord.

Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). II. Le coté sud.

 

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des sablières de Bretagne, les articles suivants :

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Pour les autres articles sur les sablières, tapez ce mot sur l'onglet "Rechercher".

 

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Voir la présentation générale dans le premier article, qui a décrit les sablières du coté nord de l'église de Loguivy-Plougras. 

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Une partie des sablières du coté nord de la nef témoignait par ses cuirs découpés et ses médaillons du style Renaissance, et portait, pour "le bout du bois" ou extrémité (occidentale) de la charpente, la date de 1557,  la signature d'un gouverneur, G. Lamyon et celle d'un charpentier, "G.P". Le reste des sablières de la nef, hormis un apport récent venant de Lannion, multipliait les dragons, les grylles et les lions, mais aussi  une scène de chasse énigmatique, une scène de beuverie avec sirène, et autres drôleries, sous l' influence d'une verve médiévale auquel le Concile de Trente (1545-1563) mettra un terme. 

Les sablières des bras du  transept de ce qui était encore une chapelle rompt avec ces deux ensembles : les seigneurs de Plougras y manifestent leurs droits par leurs armoiries, par une oraison à la Vierge et par une inscription de fondation nous informant que la charpente a été posée en 1551.  Nous sommes alors sous Henri II. 

Les bas-cotés  renouent avec les thèmes ludiques, animaliers  et cynégétiques des sablières de la nef, avant de se conclure, à l'ouest, par une spectaculaire scène funéraire. 

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I. LE BRAS NORD DU TRANSEPT : LA MARQUE DES COMMANDITAIRES.

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1°) Le coté est. Tr 1 et Tr 2.

Ses deux pièces séparées par l'entrait montrent les armes des seigneurs de Trogorre entre des lions et des dragons, puis deux dragons affrontés.

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Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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a) la pièce de droite : Tr 1.

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Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Deux lions et deux dragons encadrant les armoiries des Plougras, seigneurs de Trogorre.

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Au centre est figurée une croix  pattée peinte en rouge. Ce sont les armoiries de la famille de Poulgras seigneurs de Trogorre, certes semblables à celles des Templiers, mais se référant aussi à l'origine bretonne du nom Poulgras, "Ploe croes" ou "Ploe kroas", en latin "Plebe Crucis" la "paroisse de la croix".

La famille Plougras (seigneurs de Trogorre), aujourd'hui disparue et qui a donné son nom à la commune, existait dès le XIIIème siècle : Elle portait pour armes : d’argent à une croix pattée de gueules. On mentionne : 

  • Alanus de Plebe Crucis (en 1288),
  • Maurice de Plougras (vers 1330),
  • Guillaume de Plougras (en 1415 et en 1416),
  • Alain I de Plougras (décédé en 1459),
  • Alain II de Plougras (décédé en 1464),
  • Alain III de Plougras seigneur de Trogorre (décédé en 1490), mariée avec Marie Le Rouge (fille de Guy Le Rouge et de Catherine Le Rouge, dame de Bourouguel). Ce sont eux qui ont fait construire dans les années 1470  la chapelle Saint-Yves à Loguivy-Plougras, chapelle qui porte les armes des Plougras et des Le Rouge
  • François de Plougras (décédé en 1536), marié en décembre 1495 avec Gillette Kerouzy (d'or au lion de sable).
  • Claude de Plougras (décédé en 1555), marié avec Françoise Benerven, dame de Trédiec,
  • Jeanne de Plougras (ca 1520-1581) , dame de Trogorre. Elle épouse vers 1540  Hervé Le Rouge, seigneur de Kerdavid (1500-1571),  puis  vers 1560  Jean de Kermarquer (d'azur à la fasce d'or, chargé de trois molettes de sable)

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Voir ‎Jules Lamare, 1869, Archives départementales des Côtes-du-Nord, page 282

"— Aveux fournis, en 1540, à Claude de Ploëcroix, seigneur de Ploëcroix et de Trougor; en 1556, à Jean de Kerguesay, sieur de Guermorvan, propriétaire de la seigneurie de Trogorre; en 1566, à Pierre de Kerguesay, sieur de Coëtdisech et de Trogorre, pour des héritages situés dans les paroisses de Plougras, de Louargat et de Plounévez-Moëdec. 

— Aveu rendu à la seigneurie de Guingamp, en 1583, par Jean de Kermarquer et Jeanne de Poulgroix, son épouse, pour le manoir de Trogore, avec le château dudit lieu en ruines, le fonds où est bâtie l'église de Loguivi-Plougras [chapelle Saint-Ivy], la chapelle de saint Emilion, près du bourg et la chapelle de saint Yves près du manoir; la haute juridiction avec les patibulaires à quatre piliers, les bois de haute futaie, deux moulins blanderets, un moulin foulleret et un moulin à tan sur la rivière du Léguer ; le lieu noble du Trescouët, la métairie de Saint-Emilion, un grand nombre de convenants dans les paroisses de Plougras et Loguivy sa trève , de Plounévez et de Plougonnec ; le fief de la cour et seigneurie de Poulgroix et de Trogorre s'étendant aux paroisses mentionnées ci-après : le lieu noble de Kerrouëc, la métairie de Crauguen, en Loguivy et en Plougras ; la métairie noble du Marquez,. en Plounévez; le lieu noble de Lisle, en Louargat ; des pièces de terre en Plougonver. "

La construction de la chapelle Saint-Emilion a débuté, comme l'atteste l'inscription lapidaire du porche, en 1516, mais le chantier fut sans doute interrompu puisque la charpente n' est posée qu'en 1551, complétée en 1557 et que le clocher-tour ne fut bâti qu'en 1566. On y travaillait encore le 26 juin 1583, comme l'atteste une note dans les aveux rendus à la seigneurie de Guingamp par Jean de Kermarquer et Jeanne de Poulgroix-Trogorre :

"Item au métairie et  maison noble couverte d'ardoise appelée la métairie de Saint-Émilion que Jean Le Gal tient à titre de ferme porte jardin et courtil de jouxte avec deux petites maisons estants jouxte la rivière  et où à présent travaillent les picotteurs et maistres ouvriers pour l'édifice de la tour de Saint-Émilion".

Les ouvriers travaillent donc dans les locaux existant le long de la Rivière de Saint-Émilion, qui provient de l'étang de Beffou et se jette dans le Guic arrosant Loc-Envel. 

Cet aveu confirme le rôle de commanditaire du couple Jeanne de Plougras - Jean de Kermarquer. Ils firent appel en 1566 à l'architecte Jean Le Taillandier, actif dans la région de Morlaix dans la seconde moitié du XVIe siècle et qui a signé de son nom les tours-clochers  des églises de Ploubezre  (22) en 1577 et de Plougasnou (29) en 1582-1584 . Le style de ce dernier — dont le nom a été évoqué dans la réalisation du château de Kerjean, fortement inspiré par Philibert Delorme — est caractéristique de la Renaissance française, et se retrouve aussi dans le deuxième étage de la tour de Lampaul-Guimiliau et sur le bas de celle de Landivisiau (Millet 1996). En 1601, ce sera Fiacre de la Haye qui poursuivra la supervision des travaux.

 

 

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Tr 1.Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 1.Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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La pièce de bois débute à gauche par le buste d'un homme de profil, remarquable par la taille de sa barbe, en collier se terminant par un bouc en bataille. 

Puis vient un dragon, dont certains caractères rappellent ceux de la nef sud, comme des  sortes d'ailes et de cornes en forme de feuilles aux prolongements en spirales. 

Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Au centre, deux lions passants présentent les armoiries à croix pattée. Ils procèdent de la même exubérance que les dragons, avec une queue fleurie et des tiges et feuilles comblant les espaces vides.

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Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Nous retrouvons à droite le dragon et un buste d'homme, ici imberbe.

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Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 1. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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b) la pièce de gauche : Tr 2. Deux dragons entourés par un couple d'humains.

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Tr2. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr2. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Au centre, l'artiste a sculpté deux dragons affrontés réunis par une navette.

Ces dragons sont de même style que ceux de la nef sud, avec des queues se terminant par une tête de serpent, et avec des excroissances foliaires  sur l'échine ou sur les pattes.

 

Tr 2 Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 2 Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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De chaque coté, deux personnages sont représentés. Faut-il y voir le couple des commanditaires ? À gauche, une femme en buste, de face. À droite, un homme de profil tient une épée. 

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Tr 2. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 2. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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2°) Le coté ouest. Tr 3 et Tr 4.

En face des pièces précédentes, et en symétrie avec elles, nous trouvons ici les armoiries des Poulgras entre deux cerfs, et deux dragons atour d'un médaillon.

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Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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a) À droite : Tr 3.  deux dragons autour d'un médaillon.

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Tr 3. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 3. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Deux dragons posent une patte sur la périphérie du médaillon, comme deux animaux héraldiques autour d'un blason. Le médaillon est élégant et habilement dessiné, reprenant la courbe des épaules pour tracer un cercle. Une femme au visage rond est représentée en buste, de face. Ses yeux sont ronds, sa bouche petite, dans le style de notre sculpteur. S'agit-il de Jeanne de Plougras ? 

Les deux dragons sont encadrés par un couple.

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Tr 3.Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 3.Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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À gauche, c'est un homme coiffé d'un casque. Sa barbe, qui est rasée sur les joues et forment un balai dru en dessous de la mandibule, évoque immédiatement celle du personnage de la sablière du coté est en Tr 1.

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Tr 3. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 3. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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b) Le coté gauche : Tr 4. Armoiries des Plougras entre deux cerfs.

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Oui, ce sont bien des cerfs comme l'attestent leurs bois, mais métissés avec des dragons ou traités de façon fantastique avec ces appendices foliaires poussant ici ou là, si caractéristiques du style de l'artiste Plougrasien (ou Loguivien). 

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Tr 4. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 4. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 4. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 4. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 4. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 4. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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II. LE BRAS SUD DU TRANSEPT : INSCRIPTIONS ET MARQUES DES COMMANDITAIRES.

 

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1°) Les deux pièces de sablières du mur ouest. Tr 5 et Tr 6. 

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Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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a) La pièce du coté droit : Tr 5. Inscription datée, sur un phylactère encadrée par un couple.

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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L'inscription de fondation (1551).

 

LE XVI : IOUR : DAPRILL : LAN : MIL : [V]: CENTZ : CINCQUANTE : UNG : LE : BOIS : DE : CHAPELLE : A : ESTE : FAIT .

 "Le seizième jour d'avril de l'an mil [cinq] cent cinquante et un (1551) le bois de cette chapelle a été fait".

Nous retrouvons l'usage du terme de "bois" pour désigner la charpente, comme cela a été discuté pour l'inscription de N4 du coté nord de la nef. Par rapport à cette dernière ( "Le bois du bout d'en bas de céans fait [par] Augte  G. Lamyon Gouverneur à présent l'an mil cinq cent cinquante sept (1557)"), l'inscription concerne ici l'ensemble de la charpente. .

 

 

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 5. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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b) la pièce du coté gauche : Tr 6. Deux cerfs couchés encadrant les armoiries des Plougras.

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Tr 6. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 6. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 6. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 6. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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2°) Les sablières du coté est. Tr 7 et Tr 8. 

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Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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a) la pièce de droite Tr 7 : deux cerfs couchés encadrant les armoiries des Plougras.

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Tr 7.  Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 7. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 7. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 7. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 7. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 7. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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b) la pièce de gauche : Tr 8.  Inscription sacrée : oraisons (funèbres).  

 

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Tr 8. Sablières du bras sud du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 8. Sablières du bras sud du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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 . O MAT . DEI : MEM[E]NTO MEI : DOMINE : M : ISERE : SVPER : ISTO .

"Ô Mater Dei memento mei Domine misere[re] super isto"

Il s'agit de la succession de deux oraisons différentes.

L'une s'adresse à la Vierge et lui demande sa protection : Ô Mère de Dieu souvenez-vous de moi. R. de Belleval la trouve gravée sur des armures de la fin du XVe siècle. C'est la marque d'imprimeur de Guillaume Le Rouge à Paris.  Nicolas Gombert (1495-1556), compositeur franco-flamand  maître des enfants de chœur de Charles Quint, en composa un motet. L'invocation vient clore l'Ave Maria de Josquin des Prez datant de 1485. Plus tardivement, elle est récitée lors de l'Extrême-onction des Frères Mineurs. 

La seconde ne se rencontre que sous la forme "Domine miserere super isto peccatore (vel peccatrice)", "Seigneur prends pitié de ce pécheur (de cette pécheresse)". Elle se prononce lors de funérailles au cours de l'Office des Morts.

Sont-elles placées ici par les donateurs en prévision de leur heure dernière, ou à l'attention d'un défunt ?

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Tr 8.  Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 8. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Tr 8.  Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Tr 8. Sablières des bras du transept de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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LES BAS-COTÉS.

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Je suis tenté d'opposer les sablières du transept, vouées à une  fonction honorifique et de demande de protection sur les commanditaires en retour de leurs dons,  avec celles des bas-cotés, dont le caractère populaire et dérivatif est évident. Mais ce n'est peut-être pas si simple. Les armoiries des Plougras y figurent aussi en bonne place.

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BAS-COTÉ SUD.

 

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. Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

. Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Femme allongée, bras le long de la tête, seulement vêtue d'un pagne et coiffée d'un (?) diadème.

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BC 1. Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

BC 1. Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Homme (?) allongé sur le dos, bras le long de la tête, à cheveux longs, vêtus d'une veste et de chausse à crevés. 

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Homme la main à l'oreille, désignant de l'index la scène située à sa droite.

Brochet : Homme à la houppe.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Vue générale de l'extrémité du bas-coté sud.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Blochet : homme barbu encapuchonné.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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La scène qui se présente maintenant est difficile à interpréter. Un homme souffle dans une trompe et porte sa main droite contre une volumineuse tuméfaction de sa joue (ou bien, il tient contre sa joue un objet rond, fruit ou pain). Ses épaules sont couvertes par un col festonné. Il est allongé, comme les buveurs des scènes d'ivrognerie, si bien que je dois reconsidérer ma lecture du motif et estimer qu'il boit  dans un hanap. Est-il le propriétaire de la main qui empoigne la corne ? Et, surtout, pourquoi une tête grimaçante montre-t-elle ses dents acérées?

À sa droite, un compagnons est coiffé d'un casque qui s'évase en corne ou en bonnet phrygien. Un oiseau vue de profil semble le regarder.

Le troisième homme est fort élégant avec sa tunique aux manches bouffantes à crevés, et son bonnet, mais pourquoi faut-il que la pointe de ce dernier se transforme en une tête tourné du coté opposé ?

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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L'homme aux oreilles en feuille de saule.

Cet acrobate ou ce scatophile est peut-être un clerc si on remarque sa coupe de cheveux qui ressemble à une tonsure.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Présentation des armoiries des Plougras par deux anges allongés.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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BAS-COTÉ SUD 2. CHASSE BURLESQUE.

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Vue générale. remarquez les armoiries à la croix pattée des entraits.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Chasse burlesque. Trois chiens se précipitent vers un homme qui lève les bras. Un chasseur tente de retenir un mâtin par la queue, tandis qu'un autre chevauche son chien.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Chasse burlesque au renard.

Un renard a attrapé une poule. Un veneur sonne de sa trompe. Un archer atteint de sa flèche un gibier (que je n'ai su identifier) tandis que son chien l'attrape par la patte.

La proie ressemble à un mouton. L'endroit où parvient la flèche relève bien-sûr de la recherche de renversement carnavalesque des valeurs. Les sablières jouent ici le rôle des marges dans les ouvrages pieux enluminés de drôleries.

Le sculpteur a utilisé pour le volume de ces quatre animaux et de ces deux chasseurs une technique de modelé par des traits de gouge parallèles.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Chasse loufoque, suite.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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C'est une chaîne de motifs amusants. 

Un quadrupède pose une patte familière sur l'épaule d'un bipède. Ce dernier souffle dans une corne, qui pourrait être une trompe de chasse si son pavillon n'était pas dirigée sous la queue dressée d'un chien. Mettons, néanmoins, qu'il s'agit du maître veneur  menant une chasse à cor et à cri. 

Le chien, un solide  mâtin, porte un collier. Il flaire la piste d'une biche dont le postérieur se trouve sous sa truffe. Le petit de la biche (ou de la daine, le sais-je ?) n'en mène pas large. Le petit de la biche, c'est un faon.

À l'opposé, un autre molosse accourt. Bientôt, on donnera aux chiens le cœur et les entrailles,   ce sera la curée chaude ; et le forhu, et on sonnera les fanfares des plus fameux épisodes.  

La chasse à courre est un loisir de seigneur : l'influence des chatelains de Trogorre reste vive.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Mais qui voici sous sa coiffe ? Jeanne de Poulgras ?

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Dans une autre scène cynégétique, un vigoureux veneur embouche sa trompe pour indiquer par sa fanfare l'action de chasse. Sans-doute souhaite-t-il signifier à Médor qu'il doit se retourner car il tourne le dos au gibier.

 

 

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Notre Nemrod porte en bandoulière une trompette. Il a rasé sa barbe, pour ne garder qu'une barbichette que je trouve assez ridicule, mais que le sculpteur semble affectionner. Tout comme il affectionne les yeux en gros boutons de gendarmes,  comme découpés à l'emporte-pièce, les cheveux ras, et les oreilles patte d'éph. Enfin sa collerette fraisée serait fort seyante, si elle ne ressemblait pas à un collier de dents de requin.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Puis vient un dragon ailé qui s'est trompé de sablière. À gauche, un gentilhomme porte la barbe et la fraise courte, deux accessoires de mode sous Henri II. Il tient en laisse un chien courant (à oreilles tombantes) à la queue en faucille, dont je ne peux certifier qu'il s'agisse d'un Briquet d'Artois. 

Le lapin qui le précède est en train de faire le clown en le singeant.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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BAS-COTÉ NORD.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Encore un chien de chasse au solide collier. 

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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PREMIER BAS-COTÉ NORD.

 

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Les premières pièces sculptées du coté extérieur ressemblent aux sablières N2 et S2 de la nef. L'élément remarquable est la troisième pièce, près de la baie.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Cette troisième pièce sculptée représente un homme allongé, tandis que le blochet voisin montre un homme barbu, les bras pendants le log du corps, et la tête recouverte d'un capuchon.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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L'examen attentif de l'homme couché révèle qu'il s'agit d'un cadavre, aux yeux caves, au nez et à la bouche rongés, les organes génitaux dénudés. Ce qui ressemble aux plis des vêtements correspond sans doute à une tentative de dessiner les os de la jambe et les côtes du thorax.

Dans ce contexte, le blochet peut être interprété comme un personnage affligé par le deuil.

 

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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C'est également ainsi que je comprends la pièce de bois montrant deux femmes désloées.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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De même, l'homme couché, portant tunique boutonnée, chausses et chaussures, une main sur la jambe et l'autre près du visage, doit témoigner de son désespoir, alors que les artistes se servent  le plus souvent  de la même posture pour représenter un buveur.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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La posture une main soutenant la tête est depuis longtemps celle du Mélancolique (ou du songeur, comme Jessé).

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Enfin, énigmatique et glaçant comme un tableau de Goya, une femme tient dans la main gauche une tête qu'elle nous désigne comme la préfiguration de sa propre mort, ou de la notre.

On notera aussi le blochet, où une femme, les mains sous les genoux, semblent accoucher, puisqu'une tête apparaît entre ses jambes.  

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Sablières des bas-cotés de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.


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SOURCES ET LIENS. 


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— COUFFON (René) 1939,  Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, extrait des Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Les presses bretonnes, 1939, p. 233-235.

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f29.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f46.image

— DUHEM (Sophie) 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle,  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  105-1  pp. 53-69

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

— DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .

— DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages. Pages  66-69-72-183-232-233-266-267-277-278 : 

— MILLET (Christian), CASTEL (Yves-Pascal), HUON (Michel), 1996, Jean Le Taillandier, architecte de la Renaissance", Bulletin de la Société archéologique du Finistère page 199-215.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 19:10

Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). II. Le coté sud.

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Cet article fait suite à :

Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). I. Le coté nord.

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des sablières de Bretagne, les articles suivants :

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Pour les autres articles sur les sablières, tapez ce mot sur l'onglet "Rechercher".

 

 

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Voir la présentation générale dans l'article précédent, qui a décrit les sablières du coté nord de l'église de Loguivy-Plougras. 

Poursuivant le tour des sablières de la nef et du chœur dans le sens horaire, je parviens à l'angle sud-est pour examiner les  segments de sablières du coté sud, séparés par les entraits. Je débute par S8. Touché ?

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S8. HUITIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF . Chaîne de cinq dragons et de deux hommes.

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Cliquez sur l'image. S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Cliquez sur l'image. S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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À gauche, trois "dragons".

Ces dragons sont particulièrement fantasques, et s'éloignent du Drago drago Lavieb 2010 dont ils ne respectent pas les caractéristiques naturelles.
 

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le premier, ailé et au bec de pélican, est d'ailleurs un grylle, puisqu'une tête supplémentaire se greffe sur sa patte antérieure. Et ces deux gueules aussi voraces l'une que l'autre se disputent un long morceau de tripes. Cru, à n'en point douter.

La lèvre supérieure du deuxième se déforme en une protubérance nasiforme, tandis que son aile, si tant est que c'en soit une plutôt qu'une crinière, s'agite en vains festons verruqueux. 

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le troisième? Il dévore la queue du précédent, qui est son frère car il a hérité de la même tuméfaction labiale rétrograde. Sa crinière fait la révérence, repoussant en arrière l'implantation de l'aile. Ce dragonophage est puni de sa gourmandise car sa propre queue est attrapée par un sauvage. On est souvent puni par où on a péché, mais pas toujours. La Fontaine professait que : 

Toujours par quelques endroits fourbes se laissent prendre.

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Au centre, un petit bonhomme tout nu s'est coiffé d'un grand sombrero. Un tricorne ? 

Il a saisi la queue des deux dragons, peut-être pour en faire un nœud, et ce chenapan s'enfuit à toutes jambes. Nous prenons néanmoins le temps de remarquer ses yeux ronds, ses cheveux longs bouclés et sa toute petite bouche. La queue du dragon de droite est agrémentée d'une tête de serpent, comme c'est l'usage chez eux. 

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Comme sous l'effet d'une musique endiablée, cette queue-leu-leu se transforme en une ronde folle, où les bêtes se trémoussent et se déhanchent, font voler leurs jupons, crient de joie en éclatant de rire, emmenés par un galopin déguisé en ange. Et on chante !

"C'est la danse des dragons

Qui en sortant du lagon

Se tiennent par la barbichette

Et font pouet-pouet. "

 

Comme ils s'amusent !

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S8. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S7. SEPTIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. FRISE À ENTRELACS ET PALMETTE.

Retour au calme et à l'ordre après cette soirée mémorable. 

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S7. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S7. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S7. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S7. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S6. SIXIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. CROISÉE DU TRANSEPT. RINCEAUX, ENTRELACS, COUPLE DE DRAGONS ÉTREINTS, LION (TÊTE DE), FLEURETTES.

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S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le couple de dragons étreints crachant du feu.

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S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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La tête de lion.

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S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Les rinceaux de quintefeuilles.

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S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S6. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S5. CINQUIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. HOMME ENTRE DEUX COUPLES DE DRAGONS STYLISÉS

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S5. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S5. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S5. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S5. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S4 . QUATRIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. HOMMES SAUVAGES, ARCHER, CHIENS DE CHASSE, LETTRE A.

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S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Hommes sauvages tenant leur gourdin. Un chat ou dragon portant un escargot sur son dos. L'escargot est visé par un archer.

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S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

L'interprétation est-elle juste ? Sont-ce bien des sortes d'Hercules à gourdin ? 

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S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Un archer ; deux chiens de chasse ; un homme nu tenant la lettre A.

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S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Quel peut être le sens de cet lettre A ? Est-ce un outil, une potence,? 

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S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S4. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S3 . TROISIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. TROIS IVROGNES ET UNE SIRÈNE.

 

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Visage d'un homme de profil tirant la langue et portant un drôle de bonnet à pompon. Un Fou ?

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Une sirène allongée sur le coté droit, accoudée. Cheveux longs, corps mi-écailleux mi-végétal.

Note : cette sirène n'est pas répertoriée dans la thèse d'Hiroko Amemiya Vierge ou démone dans son chapitre "ornement de type sirène". 

On peut y voir l'allégorie de la Luxure, en contrepoint de l'Intempérance du buveur.

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Un ivrogne allongé de façon symétrique à la sirène, jambes sous sa queue (à la sirène), main droite sur l'aine près de la braguette, main gauche sous la tête. Il est appuyé sur un tonnelet.

Nous reconnaissons ici les personnages et le style de la scène de taverne des sablières de la nef sud et du bas-coté de l'église de Grâces-Guingamp (1508). Le petit tonneau (individuel ?) en forme de T inversé à goulot central, se retrouve comme le héros familier de ces mémorables "cuites" des sablières bretonnes.

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Deux ivrognes allongés nous regarde et nous font signe. L'un  montre son bol vide, et désigne du doigt  le flacon. Veut-il que nous le servions ?

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S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S3. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S2 . DEUXIÈME SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. AU DESSUS DE LA TRIBUNE. FRISE À MOTIF CENTRAL PARTICULIER. DRAGONS A DROITE.

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S2. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S2. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). II. Le coté sud.

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S2. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S2. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S1 . PREMIÈRE SECTION DU COTÉ SUD DE LA NEF. AU DESSUS DE LA TRIBUNE. TROIS HOMMES MENANT DU BÉTAIL. 

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Ils sont tous coiffés d'un chapeau, tiennent un fouet et portent une veste courte et des chausses.  Le premier fume une pipe en terre. 

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S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le deuxième marche derrière une vache qu'il guide du bout de son bâton.

S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le troisième mène fermement un taureau (je me raconte ce que je vois comme ça) par un collier frontal tandis qu'il pose son bâton contre le museau pour le diriger.

S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

S1. Sablières du coté sud de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Blochet aux armes des Plougras. Distribution d'un objet rond. 

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Un homme placé devant un panier tend un objet rond (un pain ?) à un homme qui tient de la main gauche un outil cylindrique à poignée. Un autre homme s'éloigne en tenant cet objet qu'il vient de recevoir. Le chapeau, la veste, le pantalon court (chausses ou bagou braz en Basse Bretagne) sont les mêmes que ceux de S1. 

Ce blochet et la pièce S1 semblent être de facture assez récente (XIXe siècle ?).

 

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Blochet sud-ouest  de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Blochet sud-ouest de la nef de l'église de Ploguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS. 
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— COUFFON (René) 1939,  Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, extrait des Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Les presses bretonnes, 1939, p. 233-235.

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f29.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f46.image

— DUHEM (Sophie) 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle,  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  105-1  pp. 53-69

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

— DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .

— DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages. Pages  66-69-72-183-232-233-266-267-277-278 : 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 22:50

Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). I. Le coté nord.

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Pour les autres articles sur les sablières, tapez ce mot sur l'onglet "Rechercher".

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PRÉSENTATION.

Malgré deux inscriptions des sablières précisant la pose de la charpente en 1551 (bas-coté sud) et en 1557 (nef nord), les sablières de Loguivy-Plougras forment, selon Sophie Duhem, "un ensemble des plus hétéroclites" puisque "une charpente à la décoration imposante peut avoir été sculptée au cours des siècles par des hommes aux sensibilités artistiques éloignées". 

Effectivement, en 1902, les corniches d'origine et les sablières de l'église de Saint-Jean-du Bally à Lannion, — dont  le chœur est reconstruit  à la même époque, l'abside en arrondi étant remplacée par un chevet plat—,  ont été enlevées et cédées à l'église de Loguivy-Plougras . Elles occupent actuellement la dernière travée du chœur.

D'autre part, des travaux d'agrandissement ont eu lieu de 1885 à 1887.  Comme l'indique l'inscription lapidaire du porche ouest, la chapelle initiale de Loguivy-Plougras  a été commencée en 1516, et sa tour en 1566 ; elle  mesurait 28,5 mètres de longueur. Lorsque l'église de Saint-Yvi fit détruite et qu'en 1856 la chapelle Saint-Émilion fut élevée au rang d'église paroissiale, elle fut agrandie de 1885 à 1887 par le prolongement des bas-côtés au delà des bras du transept et la translation du chevet vers l'est. Le vaisseau central (nef + chœur) atteint 40 mètres de long entre deux séries de 6 arcades supportées par des colonnes cylindriques. Avec ses bas-cotés, l'église est large de 27 mètres hors-tout. 

Les sablières les plus anciennes entourent le transept et longent les bas-cotés. Elles semblent antérieures au monument actuel. Celles qui décorent la nef coté ouest datent de 1557.

 

 

Néanmoins, malgré cet apport exogène et cet agrandissement au XIXe siècle, j'éprouve pour ma part lors de ma visite un sentiment d' homogénéité, car ces corniches sculptées ont en commun un fond rouge bordeaux sur lequel se détachent des motifs figurés en moyen-relief tous peints de la même couleur gris-plomb. Des caractéristiques stylistiques se répètent, comme les yeux ronds et globuleux et le dessin des dragons et des grylles. Enfin, toute la charpente (y compris blochets et abouts de poinçon) porte les armoiries à croix pattée rouge des Poulgras, seigneurs du lieu.

Le développement linéaire de ces sablières, qui suivent comme une frise obstinée la nef,  le chœur, les bras du transept et les bas-cotés, est considérable. Même en divisant leur présentation en plusieurs articles, la visite sera longue, et on sera avisé de prévoir un casse-croûte.

Elles n'ont pas fait l'objet, à ma connaissance, d'une description particulière. La meilleure description générale de l'église est un texte anonyme, dont les trois pages sont  placardées dans l'église, et qui sont reproduites par le site Infobretagne. 

On sait que je ne suis pas photographe et que mes clichés servent de support à mon texte. Avec mon matériel d'amateur, mon dégoût pour la technique, mon éclairage d'appoint improvisé et l'éloignement de mes cibles, j'ai fait ce que j'ai pu ; j'implore qu'on veuille bien m'en excuser et se référer aux travaux de photographes patentés.

La visite .

Après un coup d'œil aux entraits engoulés, je débuterai par l'angle nord-ouest, au dessus d'une tribune qui compliqua encore mes prises de vues, je ferai le tour de  la nef dans le sens horaire, pour me retrouver au pied de la tribune, au sud.

Les inscriptions ont retenu tout mon intérêt. Elles mériteront sans doute un article particulier.

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Porche ouest de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Porche ouest de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Avant d'entrer, remarquons pour placer le cadre chronologique et stylistique,  sous le fronton du porche, l'inscription CESTE . CHAPPELE.  FVT .  COMMENCEE . 1516.  ET .  LA . TOVR . 1566.

Le texte de l'entablement est placé sur deux lignes  dans deux cartouches en réserve. La ponctuation fait appel à des points simples et losangiques. Les lettres sont des majuscules romaines (le Champfleury de Tory date de 1529)  et les chiffres sont arabes.  Les amateurs apprécieront le N rétrograde du verbe COMMENCEE. L'orthographe CHAPPELE reproduite par Couffon n'est pas respectée dans le texte mis en ligne par Infobretagne.

Ce proche est de style Renaissance, avec ses colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens, son fronton triangulaire et sa clef de voûte sculpté d'un motif qui serait à définir.

La croix pattée des armoiries des chevaliers de Plougras occupe une place de choix à l'intérieur du fronton.

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Porche ouest de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Porche ouest de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La même croix pattée occupe aussi la pointe du fleuron d'une porte latérale nord :

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Porte de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Porte de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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VUES GÉNÉRALES DU VAISSEAU CENTRAL.

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Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Proposition de plan (à vérifier) des entraits et sablières.

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Plan de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Plan de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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I. LES ENTRAITS DU VAISSEAU CENTRAL.

Je compte huit entraits engoulés. Les troisième et cinquième portent deux motifs sculptés au tiers de leur longueur. Les sixième, septième et huitième (au dessus du chœur)  portent un motif sculpté en leur milieu. Ce sont ces motifs qui m'ont intéressés. Ils font le tour de la poutre comme une virole, et leur examen supposerait d'en examiner les quatre faces.

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Troisième entrait . Un couple.

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Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A gauche : une femme.

Le visage est peu gracieux. Il est coiffé d'un voile qui se prolonge en guimpe ; un autre élément barre la poitrine et se développe latéralement comme deux ailes. En dessous, les deux bras sont croisés devant le milieu d'une robe à gros bouton. Cela pourrait être la Vierge, dans une disposition analogue aux poutres de Gloire, avec Saint Jean à sa droite, mais aucun argument ne vient étayer cette hypothèse.

 

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Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A droite, un homme.

Joufflu, les cheveux frisés, ne portant pas la barbe (pourtant à la mode au milieu du XVIe), il s'accroche à la poutre comme à une barre fixe. Il est vêtu d'une tunique à longues manches plissées, fendue au milieu et fermée par des boutons ronds. Son absence de barbe est le seul argument pour identifier ici saint Jean.

Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le cinquième entrait : un homme et deux dragons.

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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A gauche, un homme.

Cet homme barbu (cela pourrai-être le Christ) passe la tête sous un dais ou une gloire. Il est vêtu d'un manteau ouvert sur une tunique ras-du-cou. Il tient dans ses bras un petit enfant. 

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Si nous observons l'autre face de la poutre, nous découvrons que cet enfant — c'est peut-être un homme nu, ou une âme — est sauvé de l'atteinte d'un serpent qui passe entre ses jambes. L'homme barbu serait-il le Sauveur libérant l'Homme du Mal ?

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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A droite, deux dragons affrontés.

Des dragons, ils ont la gueule aux crocs acérés, les oreilles en feuille de figuier, l'échine épineuse, mais surtout la queue qui contourne leur arrière-trains pour se terminer en une petite tête ronde.

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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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De la même façon, si nous cédons à la curiosité de découvrir la face orientale, nous y découvrons un homme qui tient les pattes des dragons. II est coiffé d'un casque ou d'un bonnet rond, il est vêtu d'une tunique et de hauts de chausse à crevés. Ce serait un damné. 

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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Entrait n° 8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrait n° 8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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II. LES SABLIÈRES DU COTÉ NORD DE LA NEF.

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Je les désigne comme des sections séparés par les huit entraits; a priori, chaque section correspond à une "pièce" de sablière. J'en compte neuf de chaque coté. 

N1 : PREMIÈRE SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF.

C'est la pièce la plus difficile à voir car elle est masquée par la tribune. Elle est pourtant d'un grand intérêt. Elle débute par un blochet.

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Blochet nord-ouest. Un homme barbu portant un autre barbu sur son dos. Croix pattée des Plougras.

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Blochet nord-ouest de  la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blochet nord-ouest de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Du blochet jusqu'au premier entrait. Un animal fantastique.

J'en laisse la description à celui qui aura accès à la tribune.

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Sablière N1  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N1 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N2. DEUXIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. Spirale de vigne.

C'est une succession de huit boucles serpentines, sans caractère zoologique, la tige formant ces boucles contournant à chaque fois huit grappes de raisins. 

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Sablière N2  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N2 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N3. TROISIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. QUATRE DRAGONS

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Le même motif se répète trois fois, celui d' un dragon dont la queue se termine par une tête d'homme barbu. ·À droite, un dragon plus simple tourne sa tête vers nous.

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Sablière N3  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N3  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N3  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N3  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N4. QUATRIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. INSCRIPTION DE FONDATION (1557).

Elle est constituée d'une inscription en deux parties séparées par un médaillon, et inscrite sur une banderole factice tenue par deux personnages. 


 

Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A gauche : un homme coiffé d'un bonnet et portant des binocles.

Le bonnet est (peut-être) replié sur le devant en triangle. Un bonnet carré de recteur ? Un bonnet de docteur ? L'encolure de sa tunique est élargie par une courte fente médiane.

On trouve des binocles représentés par les sculpteurs sur bois en Bretagne sur un retable de  Notre-Dame-du-Crann de Spézet (seconde moitié du XVIe siècle). On les trouve aussi, dans l'art du vitrail, sur une Circoncision de l'église Saint-Mériadec en Stival, et sur la Dormition de la chapelle Notre-Dame-du-Crann

Comme je l'ai déjà écrit,  les lunettes, qui avaient été inventées en Italie vers 1300, ont déjà plus de 200 ans d'existence, sous cette forme de deux lentilles convexes en cristal de roche montées sur un pince-nez. En 1434, Van Eyck avait déjà peint le chanoine Van der Paele  tenant ses binocles contre son bréviaire. Les branches de lunettes permettant leur fixation derrière les oreilles attendront le XVIIIe siècle pour être inventées.

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Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au centre : un homme de profil dans un médaillon.

Au centre d'un cuir découpé, un médaillon renferme le profil d'un homme jeune, aux cheveux courts (ou portant une calotte), à la large bouche gourmande. Les cuirs découpés et les médaillons sont deux témoins de l'influence de l'art de la Renaissance.

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Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'inscription (1). 

Elle est formée de lettres minuscules gothiques aux jambages bifides, sans lettres conjointes. La ponctuation de séparation des mots est le deux-points. Le tilde est utilisé en élision de la lettre -N dans les mots a[n]bas et cea[n]s. Les lettres -S  sont ornées. Je lis du coté gauche ceci : 

 

LE : BOIS : DU : BOUT :

DA[N]BAS : DE : CEANS : FAICT

soit :

"Le bois du bout d'en bas de céans fait" ...

Le terme de "bois" pour désigner la charpente est attestée sur les inscriptions des sablières à Arz en 1554, à Belz en 1562, à Berric en 1554, Boquého en 1486, Canihuel en 1598, Le Croisty en 1553, Daoulas en 1529, Elven en 1536, Guestel en 1443, Grâces-Guingamp en 1508, Guégon en 1456, Guénin en 1577 et en 1604, Locoal-Mendon en 1621, Moréac en 1565, Ploérin en 1467, Plouhinec en 1519, Plumelec en 1554, Pluméliau en 1533, Sulniac en 1503, 1567 et 1565, Theix vers 1536, Tréffléan en 1524. (par consultation de l'inventaire de S. Duhem). On trouve aussi l'expression "a été boisée".

Comment comprendre "le bois du bout d'en bas" ? Si le "haut" de la chapelle est son chevet, et le "bas" sa nef (les deux parties étant alors séparés par un jubé ou une clôture), il est possible de l'interpréter comme "l'extrémité occidentale  de la nef ". 

Autrement dit: " la charpente de l'extrémité occidentale de la nef de cette chapelle a été faite " ....

 

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Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'inscription (2). 

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Elle débute par une clef où sont suspendus deux rubans (j'interprète ainsi les deux marques en X et Y).

Cette clef doit-elle être comprise comme un rébus, en remplacement d'un nom ou d'un mot, doit-elle être considérée comme une marque professionnelle (les clefs figurent parmi d'autres outils dans la liste des diverses marques), ou comme un ornement faisant allusion à une ré-ouverture du sanctuaire ??

 

Je lis pour cette partie :

AUGTE : G : LAMY ON

: GOUARN RES : A : P[RESE]NT : L : M : VCZ : LVII

On remarquera l'utilisation de lettres suscrites à trois reprises, et celle d'un M aux fûts perlés pour "MIL".

Ma leçon est :

""Le bois du bout d'en bas de céans fait [par] Augte  G. Lamyon Gouverneur à présent l'an mil cinq cent cinquante sept (1557)".

Le prénom Auguste, suggéré pour résoudre "Augte"  est douteux, puisqu'un tilde n'est pas placé pour signaler une élision.

Je propose d'identifier ce gouverneur comme étant Guillaume Lamyon, maître charpentier.

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Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au total, nous avons : 

LE : BOIS : DU : BOUT : / AUGTE : G : LAMY ON

DA[N]BAS : DE : CEANS : FAICT / : GOUARN RES : A : P[RESE]NT : L : M : VCZ : LVII

"Le bois du bout d'en bas de céans fait [par ] Augte G. Lamyon Gouverneur à présent l'an mil cinq cent cinquante sept (1557)".

 

Elle est proche de celle de Sophie Duhem est exacte:

LE : BOIS : DU : BOUT : DA[N]BAS : DE : CEA[N]S : FAICT : P[AR] J. AVG[US] TE : G : LAMYON GOVARN[NEUR] : A : P[RESE]NT : L[AN] : M : VCZ LVII

Celle de René Couffon est, comme souvent, approximative, mais cet auteur est régulièrement copié aveuglément. 

 

"Enfin, la sablière de la longère nord de la nef porte : « Le bois du bout d'a bas de ceans faict (une tête puis une clef) Auguste Glamyon gouarner à p(rese)nt l'an M V cz L VII (1557) ; et au-dessous : fet J. Guille. "

Dans le même genre, je lis sur l'article Wikipédia :

"Le bout d'en bas de céans fait par Lamy Y. Gouarn à présent l'an 1557" 

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Sablière N4  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N5.  CINQUIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF.  SIGNATURE G.F ET HUIT MÉDAILLONS.

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Huit médaillons de style Renaissance représentent des hommes placés en vis à vis, autour d'un médaillon central à monogramme G.P.

 

Commentaire de Sophie Duhem :

 

"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente sont ornés de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches [Loguivy-Plougras] Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). P. Poulichet à Lanonnet (1568) et Le Saint préfère sculpter en très haut relief une succession de personnages en bustes, qui ont manifestement inspiré l'artisan de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët."

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Sablière N5  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Qui sont ces hommes ? Il est impossible de le dire. Le quatrième ressemble fortement au médaillon central de  N4. Barbus ou imberbe, coiffés de chapeaux ou nu-têtes, ils évoquent des personnages contemporains. 

Sablière N5  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N5  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le médaillon central porte un cuir, sur lequel sont inscrites les lettres : G / P :

Je propose de lire dans ces initiales celles de Pierre Guillot.

Elles entourent une herminette, laissant penser qu'il s'agit du maître charpentier. 

 

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Sablière N5  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N6.  SIXIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. DRAGONS, LION, ANIMAUX ET ÊTRES FANTASTIQUES.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N6  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N7.  SEPTIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. ENTRELACS ET PALMETTES.

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Sablière N7  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N7 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N8.  HUITIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. PORCS, SIRÈNE, DRAGON AILÉ, CENTAURE, ETC.

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Sablière N8  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablière N8  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Une sirène tenant un serpent, ou une femme sortant d'une conque. Un dragon ailé fantastique.

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Sablière N8  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un centaure tenant un bâton est poursuivi par un dragon ailé et par un dragon.

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Sablière N8  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N9. SIMPLE ARABESQUE.

C'est cette pièce qui viendrait de l'église Saint-Jean-de-Bally de Lannion.

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Sablière N8  de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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COUFFON (René) 1939,  Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, extrait des Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Les presses bretonnes, 1939, p. 233-235.

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f29.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f46.image

— DUHEM (Sophie) 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle,  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  105-1  pp. 53-69

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

— DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .

— DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages. Pages  66-69-72-183-232-233-266-267-277-278 : 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
28 février 2018 3 28 /02 /février /2018 08:50

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Si, depuis la thèse de Sophie Duhem en 1997, l'intérêt pour les sablières des charpentes sculptées des églises et chapelles bretonnes a connu un développement exponentiel, les abouts de poinçon, plus inaccessibles au regard car placés à plus de 15 mètres du sol, demeurent largement méconnus et n'ont bénéficié le plus souvent ni d'inventaire, ni d'étude iconographique réglée, ni de publication ou travail universitaire. Seul, le soin mis à les remplacer, à les repeindre et à les remettre en état lors des restaurations des charpentes par les Monuments historiques témoigne de leur importance.

Pourtant, elles sont réalisées lors du couvrement des édifices en même temps que les sablières, par les mêmes sculpteurs, et surtout dans le même esprit. Elles possèdent la même valeur patrimoniale. Il est possible d'affirmer que l'ensemble sablières + blochets + entraits + abouts de poinçon forment un ensemble coordonné qui devrait, dans l'idéal, être étudié comme un tout stylistique et iconographique. 

Une charpente moyenne comporte, au croisement des nervures et de la ligne médiane, une trentaine d'abouts de poinçon, tous sculptés. Tous ne suscitent pas le même  intérêt, car nous délaissons les motifs végétaux à feuilles d'acanthe et autres feuillages pour privilégier les motifs plus animés. Leur séquence débute souvent au dessus du chœur par des anges porteurs des blasons des prééminenciers, des anges tenant la Sainte Face ou les Instruments de la Passion,  ou des anges musiciens. Dans la nef, les motifs populaires, les acrobates aux postures parfois obscènes, les danseurs ou les animaux fantastiques trouvent leur place.

Lors de ma visite de l'église de Grâces, après avoir fait le tour des sablières, je n'ai eu ni le temps, ni la qualité d'éclairage, ni l'équipement photographique nécessaire pour réaliser l'inventaire et l'étude de ces singulières pièces sculptées, mais j'ai retrouvé l'acrobate montrant ses fesses, qui figurait plus bas sur un blochet. La continuité entre sablières et poinçons était manifeste, mais les particularités de ces derniers devait être soulignée. Parmi le lot de nombreuses photos floues, j'ai conservé celles qui, néanmoins, pouvait être susceptible d'encourager l'intérêt des paroissiens et visiteurs.

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LA SIGNATURE AU CENTRE DE L'ENTRAIT.

Les deux faces est et ouest de l'entrait maître de l'église portent, en son milieu, un cartouche où sont sculptés en réserve un mot en lettres gothiques.

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Entrait et voûte lambrissée de la nef de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Entrait et voûte lambrissée de la nef de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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  Du coté ouest,

je lis:

ANEG-R .

Je n'ai pas trouvé de mention de cette inscription dans les publications des Amis du Patrimoine de Guingamp, disponibles en ligne. Et je ne trouve aucune possibilité d'y lire un patronyme, ou un terme liturgique.

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Entrait de la charpente de la nef de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Entrait de la charpente de la nef de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Du coté est.

La lecture n'est pas plus simple. Les quatre lettres MSIP n'ont pas de sens, et elles sont précédées par une petite boucle. 

aMSIP ??

Là encore, je ne trouve ni patronyme, ni mot latin. Si je considère que les deux dernières lettres sont conjointes, cela donne MSUP, tout aussi épineux.

Si les deux faces de l'entrait constituaient une suite, MSIPANEGR ou ANEGRaMSIP ne lèvent aucun voile.

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Entrait de la charpente de la nef de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Entrait de la charpente de la nef de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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LES ANGES.

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1. Ange en tunique longue, présentant un écu muet.

Cet écu est traversé par une diagonale.

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About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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2. Ange en aube tenant un objet rectangulaire.

Le style de cet ange diffère de celui du précédent, avec un visage plus fruste, des cheveux seulement frisés sur les épaules, un plissé de tunique tuyauté.

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About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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3. Ange (ou garçon) tenant un phylactère.

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About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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4. Ange (ou garçon) tenant un objet sur un phylactère.

L'objet est cylindrique, et sans-doute brisé. Cet ange est-il en train d'écrire ?

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About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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5. Ange musicien ?

Cet ange a perdu l'objet qu'il tenait entre ses mains, hormis une sorte de crayon qui passe à travers sa manche droite. D'autre part, ses lèvres entourent un tuyau qui est brisé. Seul un instrument à vent semble pouvoir expliquer cela.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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II. LES ACROBATES.

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1. Acrobate à demi-nu tenant ses chevilles et exhibant ses parties génitales.

Il est à demi-nu puisqu'il est coiffé d'un capuchon retombant en scapulaire sur ses épaules. Il tient ses chevilles en contorsion avant dans une position anatomiquement impossible. Faites l'essai : devant un miroir, allongez-vous sur le dos et tirez vos chevilles vers vous : ce qui sera visible dans la glace, ce sera l'arrière de vos genoux, (et non les rotules), et les fesses (et non les choses plus obscènes encore). La seule solution pour réaliser cette contorsion arrière avec le visage de face est d'y associer une torsion à 180 ° de la tête. Pas facile ! Néanmoins, cette prouesse de contorsionniste extrême est fréquente en sculpture.

 

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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2. Acrobate en contorsion arrière, jambes sur les épaules et tenant ses chevilles.

 Il porte un bonnet carré à renflure médiane, une tunique dont la partie thoracique est tissée (laine ou peau) et la partie inférieure ou les manches sont plissées. Une lanière passe sous la plante des pieds.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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3. Acrobate nu en contorsion arrière en pont.

Il tient un objet de la main droite : nous pouvons imaginer qu'il danse en s'accompagnant de sortes de maracas.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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4. Acrobate en contorsion arrière, en suspension entre quatre arceaux.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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5. Acrobate en contorsion arrière, tenant un couteau.

Il est barbu, son nez est épaté, il semble nu, sa poitrine est velue. Il porte un béret à bords larges. 

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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6. Acrobate en pont en contorsion arrière, les pieds et les mains tenues par la gueule de dragons.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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7. Acrobate en pont en contorsion arrière, caricature d'homme d'arme ? 

avec sa petite épée, son petit  bouclier et son écu ? Il porte un pantalon obtenu par croisements de lais d'étoffe, et une veste courte laissant le ventre nu.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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8. Acrobate danseur ou sauteur, jambes croisées.

Dans la main droite, il tient une boite à rythme, ou une bouteille. Pieds nus, il est vpêtu de pantalon descendant jusqu'aux chevilles, d'une veste à manches longues et d'un bonnet.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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9. Acrobate au corps et au visage difformes.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.
About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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10. Acrobate en pont en contorsion arrière, coiffé d'un bonnet à oreilles animales et vêtu d'une veste boutonnée.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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11. Acrobate en pont en contorsion arrière, mains sur les cuisses, vêtu d'une veste boutonnée dotée d'une capuche à oreilles animales. 

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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12. Acrobate au visage simiesque, assis en tailleur. Il est vêtu d'un ample manteau à capuche et d'un pantalon informe.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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13. Femme tenant une quenouille ??

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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14. Quatre masques grimaçants.

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About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

About de poinçon (1508) de la voûte lambrissée de l'église de Grâces. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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DISCUSSION.

J'ai donc réuni un ensemble de 19 abouts de poinçons dont 5 anges et 12 acrobates. Je découvre que j'ai abordé un sujet passionnant que je ne soupçonnai pas, et qui me fait regretter de n'avoir pas consacré d'avantage de temps encore à ces photos : celui de l'art du contorsionnisme médiéval. 

Cet art est illustré en iconographie dans les modillons romans, dans les  enluminures (danse de Salomé), les miséricordes des stalles, sur les blochets (Saint-Thomas à Landerneau), sur les crossettes (Dirinon), sur les calvaires monumentaux des enclos, bref un peu partout dans les édifices religieux. J'ai d'abord considéré qu'ils étaient l'équivalent des "drôleries" des marges des manuscrits médiévaux, contrepoints ludiques des exercices liturgiques ou figures érotiques. Leur situation était bien marginale, tant sur les sablières et les blochets que dans les hauteurs des charpentes.

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Bateleur Miséricorde de Saint-Lucien de Beauvais Stalle provenant de l'église de Saint-Lucien de Beauvais (Oise), vers 1492-1500. Bois (chêne), 270 x 500 mm Paris, musée de Cluny - musée national du Moyen Âge, n° d'inventaire CL19624 Photo © RMN-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge) / Michel Urtado

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D'autre part, je ne dissociais pas suffisamment les acrobates contorsionnistes des jongleurs, des musiciens et des figures exhibitionnistes. 

Mais la lecture du  site BNF/CNAC sur les contorsions m'incite à approfondir ma réflexion :

"Liés à des pratiques chamaniques, certains exercices acrobatiques s’apparentent à des rites primitifs. Ils remettent le sujet entre les mains de la divinité invoquée ou le déifient aux yeux de la communauté en lui accordant la maîtrise d’une virtuosité surhumaine.

Acrobates ou danseurs attendent de cet affranchissement de la pesanteur, poussé à l’extrême des possibilités humaines, qu’il les livre à la force d’un pouvoir tutélaire qui agira alors en eux et par leur intermédiaire, pour que leurs gestes s’identifient à ceux de la divinité créatrice et témoignent de sa présence. Au Cambodge par exemple, la désarticulation lente et précise de chacune des parties du corps, du dos aux doigts, permet à la danseuse de s’affranchir d’une gestuelle trop humaine et d’accomplir les mouvements qui l’associent à une incarnation mythique. Dans ces gestes, rien n’est anodin : chaque position fonctionne comme une imitation transcendée d’êtres surnaturels. Puissances de la rivière ou de la forêt sont invoquées et convoquées pour affirmer et soutenir le déroulement de la cérémonie. Dans ce contexte particulier, l’acrobatie symbolise l’accession à une condition surhumaine. Elle est une extase du corps. Et tout ce qui pare la chair – fard, huile, peau ou plumes – contribue à faire s’épanouir le mystère de l’élévation et de la transcendance. Aujourd’hui, les contorsionnistes asiatiques ou occidentales ne font rien d’autre, mais le registre n’est plus que profane et spectaculaire

Le phénomène de dislocation du corps est pour beaucoup dans la sensation de répulsion qu’éprouvent certains spectateurs en regardant un numéro de contorsion qui provoque inévitablement une impression dérangeante de corps maltraité.

Il y a sans doute également un amalgame facile et trop rapide avec la reptation du serpent, une impression parfois renforcée dans l’histoire de la discipline par la création de saynètes théâtralisées où les contorsionnistes sont vêtus d’un costume épousant les formes du corps et texturé comme une peau de serpent. " 

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Il serait intéressant de poursuivre cet inventaire de l'iconographie des contorsionnistes médiévaux, d'en étudier les différents exercices en les comparant aux figures pratiquées aujourd'hui, afin de se demander si ces représentations, loin d'être de ludiques et obscènes exutoires aux pratiques religieuses, ou l'expression d'une contre-culture carnavalesque, ne seraient pas des figures de la conversion, renversement spirituel sous l'effet de la Foi mais surtout de l'ascèse. Les acrobates seraient alors proposés comme des modèles, les prouesses de dépassement des limites corporelles devenant des  équivalents de la sainteté Mais cette interrogation ne préjuge pas de la réponse.

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SOURCES ET LIENS.

 — BNF / CNAC,  La contorsion.

http://cirque-cnac.bnf.fr/fr/acrobatie/au-sol/la-contorsion

— PRIGENT (Christiane), Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique.

https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

— Le monde des jongleurs.

http://jalladeauj.fr/musiciensetjongleurs/styled-4/

— TOULET (Simonne), 2010, L'église de Grâces et ses sablières, Bulletin des Amis du Patrimoine de Guingamp n°48.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_89/Les_Amis_du_Patrimoine_de_Guingamp_nA_48.pdf

— ??, 1990, Les sablières de l'église de Grâces, Bulletin des Amis du Patrimoine de Guingamp n°8.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_85/Les_Amis_du_Patrimoine_de_Guingamp_nA_8.pdf

— WIKIPEDIA, Iconographie des modillons romans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Iconographie_des_modillons_romans

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 12:46

Les sablières (1508) du bas-coté de l'église Notre-Dame de Grâces (22).

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Pour la première partie, voir :

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).

 

Sur  les sculptures en rapport  avec celles-ci, voir :

 

Pour les autres articles sur les sablières, tapez ce mot sur l'onglet "Rechercher".

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La chapelle Notre-Dame de Grâces, dont la première pierre de l'édifice fut posée le 12 mars 1506 suit le plan  d' un rectangle formé de deux nefs de largeur inégale. La charpente ayant été achevée en 1508, j'adopte cette date pour les sablières sculptées des deux parties. J'ai décrit dans l'article précédent les sablières de la nef principale, aux 16 pièces divisées en deux ensembles qui se font face, au nord et au sud.

 Le bas-coté sud  comprend , sans compter la sacristie du XVIIe siècle, quatre travées, et cette division se retrouve, à l'extérieur, dans la séquence des quatre baies coiffées de lucarnes à rampants à crochets .

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Cliché GO69 sur Wikipédia Façade méridionale de l'église Notre-Dame à Grâces (22).

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Chacune de ces travées détermine autant de chapelles ou d'espaces quadrangulaires intérieurs, qui sont dotés, sur trois cotés, de sablières. Je devrais donc décrire douze pièces sculptées, groupées par trois. 

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I. 1 : Affrontement de dragons. L'Ivrogne et sa femme. Blochet.

I. 2 . Frise de vigne entre deux hommes.

I. 3 : Rinceau craché par un dragon.

II.1   : perdu ou absent

II. 2 : inscription de fondation 1506 et 1508.

II. 3 : Trois moines dans une brouette conduits par des esprits.

III.1. Scène d'exorcisme par un moine. L'Annonciation.

III.2 : Renart et les poules.

III.3 : Rinceau . deux anges présentant un panneau.

IV.1 : Sainte Face présentée par deux anges. Rinceau craché par un dragon. Blochet.

IV.2 : Blason du duché de Bretagne présenté par deux anges.

IV. 3 : fragments. Lion affrontant une licorne, entre deux chiens.

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I. PREMIÈRE TRAVÉE.

 

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Cliquez : Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Cliquez : Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Cliquez : Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Cliquez : Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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I.1. Le coté est. 

I.1a. Deux dragons affrontés.

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Deux dragons s'affrontent : gueules ouvertes, ils semblent rire ou faire fonctionner leur langue. Celui de droite, au corps ramassé, couvert de pustules creuses, porte des ailes nervurées. Sa queue, passant entre ses cuisses,  est courte. Son vis-à-vis, tout aussi jovial,  a le corps couvert de nodosités et le dos déformé par une longue ligne d'épines. Son aile, moins visible, est marquée par des écailles. Il est plus long, comme étiré, sa queue remonte plus haut. Une sorte de tentacule verruqueuse, sortie  de je ne sais où, lui sert d'écharpe.

Qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de dragonnes. 

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Cliquez : Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Cliquez : Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

I.1b. Ivrogne rappelé par son épouse.

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Au centre, Monsieur, main sur la tête car il  a mal aux cheveux,  refuse de lâcher son tonnelet . Pris de nausée, il se penche pour se soulager. 

A droite, un compagnon de beuverie est à genoux, le corps renversé en arrière, l' œil torve et la bouche tordue. Il porte un harnachement sans-doute militaire. 

Comme sur les sablières sud de la nef, l'artiste n'a pas son pareil pour accentuer la promiscuité des occupants de l'espace exigu de la corniche en la soulignant, ici, par la semelle de la chaussure de l'ivrogne tordue sous la pression qu'elle exerce sur la cuisse du soldat.

Madame, à gauche, fait des efforts surhumains pour parvenir à sortir son mari hors de l'auberge. Elle s'est assise par terre et, penchée de tout son long, elle tire, elle tire, et nous prend à témoin ou nous appelle à l'aide. Tous les détails des vêtements ou du chaussage sont reproduits, nous procurant des documents passionnants.

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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I.2. Le coté nord. Homme et frise de vigne.

C'est une authentique vigne, avec feuilles, vrilles et grappe, mais dans laquelle poussent des glands saugrenus.

 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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I.3. Le coté ouest. Dragon et feuillages.

C'est un dragon un peu simplet, sans beaucoup de relief, qui libère cette frise de roses aux longues épines.

 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DEUXIÈME TRAVÉE.

La porte dite de l'Annonciation en raison de son bas-relief donne accès, de l'extérieur, à cet espace. 

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Porte de l'Annonciation , église de Grâces, photographie lavieb-aile septembre 2017.
Porte de l'Annonciation , église de Grâces, photographie lavieb-aile septembre 2017.

Porte de l'Annonciation , église de Grâces, photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

 

II 1. Le coté est.

Pas d'image !! Un oubli ?

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II.2 Coté nord : Deux inscriptions de fondation présentée par trois anges.

Cette sablière monumentale se présente d'emblée à la vue du fidèle qui entre par la porte de l'Annonciation : elle occupe donc un emplacement important, celui d'un seuil (aucune des deux portes sud n'ont de porche voûté). 

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de la chapelle Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de la chapelle Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sur l'inscription de gauche, on peut lire :

LE DOZIESME JOUR DE MARS LAN DE GRÂCE MIL CINQ CENTZ

ET SEIX FUT LA PREMIERE PIERRE DE CESTE CHAPPELLE ASSYS.

"Le douzième jour de l'an de grâce 1506 fut la première pierre de cette chapelle assise."

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 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

 

 

 Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Je déchiffre la seconde inscription ainsi :

LE CINQIES[M]E JO[UR] DE JAFFRUER LA[N] MIL  VC ET VIII FUT LE BOIES DE CESTE CHAPPEL[L]E ASSIS : AU Q[U]EL TE[M]PS ESTOIT MAISTRE JEHA[N] LE D[O]RNEC RECT[EU]R DE LA P[A]ROISSE DE PLOEIZY ET GO[U]VE[R]N[R]S DE LA DI[C]TE CHAPELLE JEHA[N] ET AULT[R]E JEH[AN] BELLES.

Seule le mot "JAFFRUEUR" est sujet à caution.

Ma transcription est : "Le cinquième jour de janvier l'an 1508 fut le bois (la charpente) de cette chapelle assis : auquel temps était maître Jean Le Dornec recteur de la paroisse de Plouisy et gouverneurs de la dite chapelle Jean et autre Jean Bellec."

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1°) Le nom du recteur Jehan Le Dornec.

Le nom du recteur n'a pas été respecté par René Couffon qui lit 

"Le cinquiesme jour de Janvier l'an mil Vcc  et VIII fut le boies de cette chappelle assys auquel temz estoit Maistre Jehan Le Dirvec recteur de la paroisse de Plouisy et gouverneurs de la dicte chapelle Jehan et autre Jehan Le Bellec." (R. Couffon)

Pourtant, il est attesté par un document produit par Simonne Toulet : 

"Nous avons des renseignements très précis. D’abord, en 1507, la nomination par le recteur de Plouisy des gouverneurs de Notre-Dame-de-Grâces :  « Maistre Jehan Le Dornec recteur de la parroesse de Ploeizi et treff de Saint Michel près de Guingamp certifie et relatte à touz présentz et à venir que paravant cestes heures moy dit recteur pour mon intérêt et les treffvians dudit treff de Saint Michel pour leur avoir mis et institué Jehan Baelec et aultre Jehan Baelec du village du Beusit près dudict Guingamp et chacun d’eulx à gouverneurs et administrateurs des biens et aulmosnes escheuz et que escherront le temps futur en la chapelle Nostre Dame de Grace nouvellement encommanzée audit treff audit village du Beusit. « Témoign cestes signées de ma main et de Yvon Guezou notaire à ma requeste le traezième jour de septembre lan mill cinq centz sept. »

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Mais Simonne Toulet  donne néanmoins au recteur (par lapsus) le nom de Jehan Le Bellec" lorsqu'elle lit  l'inscription ainsi :

"Quand on entre par la porte de l’Annonciation, on repère un texte écrit sur une sablière, l’avant-dernière de la série du bas-côté : « Le douzième jour du mois de mars mille cinq cents et seix fut la première pierre de cette chapelle assise . Le cinquième jour de febvrier de l’an mille VC et huit fut le bois 7 de cette chapelle assis auxquels temps étaient maistre Jehan Le Bellec recteur de la paroisse de Plouisy et gouverneurs de la dite chapelle Jehan et autre Jehan Le Bellec. » "(S. Toullet 2010)

À la monstre de Tréguier de 1481, un Jean Le Dornec est présent à pour la paroisse de Plouegat, un peu à l'ouest de Guingamp. Un autre Jehan Le Dornec, ainsi que Charles Le Dornec, comparaissent tous les deux en archers pour  la paroisse de Quemper-Guezennec. On peut penser que le recteur est issu de cette famille noble des environs de Guingamp. 

Voir aussi : Jean le Dornec  sieur de la Villeneuve  †/1577 

https://gw.geneanet.org/quellec?lang=fr&iz=3014&p=jan&n=le+dornec

Et sa fille Péronelle Le Dornec, Ploézal (22) 1564-1637

https://gw.geneanet.org/quellec?lang=fr&p=perronelle&n=le+dornec

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2°) Le nom de la paroisse, Ploeisy.

 

PLOEISY est la forme de l'actuelle commune de PLOUISY, Ploe de saint Isy. 

On rencontre les appellations suivantes : Ploegi (vers 1330), Ploeizi (en 1369), Ploeyzy (à la fin du XIVème siècle), Ploizy (en 1461), Ploeizy (en 1481), Plouisy (en 1581). (Infobretagne)

 

A Plouisy, jusqu'au XVIème siècle, l'église Saint-Michel, aujourd'hui détruite, était la paroisse-mère et Saint-Pierre, la chapelle tréviale. Après le XVIème siècle, s'est l'inverse jusqu'à la Révolution, mais Saint-Michel qui comprend Grâces en est distraite.

Grâces (anciennement Saint-Michel) est en effet un démembrement de l'ancienne paroisse primitive de Plouisy. Selon la tradition, les origines de Notre-Dame de Grâces sont dues à un mendiant franciscain, qui aurait construit, au lieu-dit la Boissière, un petit oratoire en terre, dédié à saint Michel.

La trève de Saint-Michel est citée en 1261. Saint-Michel est mentionnée comme paroisse dès 1380. La paroisse de Saint-Michel est alors une succursale de la paroisse de Plouisy. En 1506, une chapelle dite Notre-Dame de Grâce est construite, au village de la Boissière (en Saint-Michel). Cette chapelle devient le siège d'une paroisse en 1803. (Infobretagne)

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3°) Les noms des gouverneurs : Jehan et Jehan Bellec.

L'un des deux était surnommé "l'ermite de Saint-Michel"  Le 20 mai 1 506, l'évêque de Tréguier accorde son consentement à «Jehan Bellec et autre Jehan Bellec dit l'ermitte du village du Beuzit » pour « construire et édifier de nouveau la dite chapelle en l'honneur de ND de Grâces et de Saint-Bertholomé [. . .] parce que les dits Bellec faisant le dit décret avoient promis et s'estoient obligé o touz leurs biens maintenir la chapelle à jamais en cas que les aulmônes et esmolluments d'icelle chapelle eussent été insuffisants " ( H. Le Goff 2004)

 

 

Le 17 mars courant, l'agrément, pour l'édification de la chapelle Notre-Dame de Grâces, était accordé par le pape JULES II.

« 21 may 1506, Guingamp sénéchaussée de Plouisis. Consentement des habitants de la trêve de St-Michel et du recteur de la paroisse à ce que Jehan BELLEC et aultre Jean BELLEC, appelé l'hermite de St-Michel, eussent fait construire au milieu du village de La Boissière en la dite trêve une chapelle en l'honneur de Notre-Dame de Grâces » Le même acte renferme le consentement de Pierre de KERISAC qui « y est reconnu le fondateur de la dite chapelle attendu que le terrain où on voulait construire était son propre domaine et on consentit qu'il fut mis les armes au lieu le plus éminent. »

 La pierre nécessaire à la construction provenait de la carrière de La Boissière (Ar Veuzit).

Acte constituant les frères Jehan LE BELLEC gouverneurs de Notre-Dame De Grâces le 13 septembre 1507.

« Maitre Jehan LE DORNEC, recteur de la paroisse de Ploëzi et treff de Saint-Michel près Guingamp certiffie et relatte a tous présentz et a venir que paravant cestes heures moy dit recteur pour mon interest et les tréffians dudit treff de Saint-Michel pour le leur avoir mis et institué Jehan BAELEC et aultre Jehan BAELEC du villaige du Beusit près dudi Guingamp et chacun d'eulx à gouverneurs et administrateurs des biens et aulmosnes escheuz et que escherront le temps futur en la chapelle Notre-Dame de Grâce nouvellement encommanzée audit treff audit village du Beusit. Temoign cestes signées de ma main et de Yvon GUEZOU notaire a ma requeste le traezième jour de septembre l'an mil cinq centz sept. »

Plusieurs procès et requêtes opposèrent les gouverneurs LE BELLEC à Pierre RENAULT DE KERISAC.

« request présentée au parlement de la part de Jean BELLEC dit lermite gouverneur de la chapelle de Notre-Dame de Grâce contre Maitre Yves FELUZON curateur de Pierre REGNAULT au sujet de l'opposition que ce dernier avait formé lors de la construction de la chapelle parce qu'il prétendait en être fondateur comme propriétaire du fond. »

et aussi le 7 novembre 1536 :

« procédure relative à l'opposition formée par le sieur de KERISAC contre les gouverneurs de la chapelle de Notre-Dame de Grâce touchant des galleries et appentis qu 'ils prétendaient faire construire au poignant de la dite chapelle. »

8 octobre 1559, sénéchaussée de Guingamp - Plouisy :

« transaction passée entre Mgr le Duc D'ETAMPES et écuyer Pierre RENAULT sieur de KERIZAC qui permet à ce dernier de faire apposer ses armes et escussons sur toutes les vitres de la chapelle de Notre-Dame de Grâces en dessous de celle du duc et de bâtir une halle pour la dite chapelle. »

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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II 3 . Coté ouest. Trois moines conduits dans une brouette par des démons grimaçants.

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" D'autres influences se sont sans doute exercées : la fameuse «brouette» existait aussi sur une fresque (disparue) du Mont-Dol. A l'origine, c'était un petit tombereau à 2 roues (bi rota), la brouette moderne à une roue date du XVIIe siècle." (sans nom, APG 1990)

"L'esprit satirique n'est nullement absent et plusieurs personnages sont des moines dans des attitudes parfois peu édifiantes. A tel point que le diable les entasse dans un véhicule (brouette ?) pour les conduire vers l'enfer (Illa). N'oublions pas que sur la façade sud de l'église quelques vues de gargouilles sont aussi des moines vomissant l'eau à pleine bouche (les Franciscains et les Dominicains étaient installés à Guingamp dès la fin du XIIle siècle et c'est un Cordelier qui fit les plans de la chapelle de Grâces)." (sans nom, APG 1990)

 

"Après la tentation, le châtiment… la descente en enfer.— Deux démons encadrent une brouette (sans pieds) dans laquelle se trouvent trois personnages – une femme, un homme et un autre qui tient un livre, peut être un moine. Ces diables sont particulièrement effrayants, certains ont plusieurs têtes." (S. Toulet)

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"A la différence des autres figures, les grylles ne présentent pas de « type iconographique «  défini, de par la nature insolite de leur aspect. Ils sont cependant aisément reconnaissable à leurs bustes humains et à leurs bas-corps zoomorphes. L'existence de quelques créatures particulières, les grylles « gastrocéphales », doit être signalée. Ces êtres dont les traits du visage sont reportés sur la poitrine, sur les articulations et sur le sexe, se distinguent des premiers à leur nature maléfique. Ils sont fréquent dans les peintures du bas Moyen-Âge, en particulier dans les scènes illustrant le Jugement Dernier ou l'Apocalypse, où ils infligent des supplices aux damnés." (S. Duhem p. 167-168)

 

"Trois moines tremblants sont assis dans une brouette poussée par un diable vers les Enfers. Ce thème apparaît sur une gravure d'Erhard Schoen actif à Nuremberg au début du XVIe siècle. (The Illustrated Bartsch)" (S. Duhem)

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Là où des moines ont été reconnus, je vois trois hommes sans tonsure, avec des chevelures bouclées, levant le visage vers le ciel. L'un a les mains jointes, l'autre se tient les mains, le troisième tient un livre. Ils sont placés dans une brouette dont la roue est tenue  par un personnage à genoux et au corps projeté en avant, vêtu d'une robe boutonné sur le devant, qui lève le bras droit au dessus de sa tête. Ses yeux, ses narines, ses oreilles  et sa bouche crénelée sont creusés, un peu comme on le fait dans une citrouille d'Halloween. 

A droite, c'est clairement un grylle qui est accroupi entre les bras de la brouette. Ses pieds ressemblent à des racines griffues, son ventre est une bouche à la mâchoire ouverte sur un thorax, l'épaule est une tête complète, le coude est une tête de serpent dardant trois lames en guise de doigts. La tête est grimaçante, dotée de deux antennes au dessus d'yeux excités. Tout cet ensemble est si hétéroclite que notre raison est désarçonnée. 

Cette sablière est exceptionnelle par son originalité et par l'effet saisissant qu'elle suscite. Mais son étude iconographique, et son interprétation, doivent être développées. C' est aussi le cas de la pièce suivante.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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TROISIÈME TRAVÉE.

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III.1. Coté est :

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III.1a .Scène d'exorcisme par un moine après échec de trépanation. Fuite du démon.

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La trépanation.

Deux scènes centrales sont est encadrées par deux grylles, tels que nous venons d'apprendre à les découvrir sur la pièce précédente. Là encore, la multitude mélangée en désordre de doigts et de pieds, de becs ou d'yeux, crèe ce trouble de la pensée qui est recherché par l'artiste. 

A gauche, après ce premier grylle vient un personnage de face, dans une robe lacée par devant par un ruban en zig-zag. Cet homme écarte les deux bras, ses yeux sont levés vers le ciel, et nous pouvons penser, au vu du contexte, qu'il est en pleine crise d'épilepsie, ou de démence. 

À sa droite, un homme dont les longs cheveux bouclés sont coiffés d'un bonnet est peut-être un médecin. Il tient des deux mains le manche d'un outil dont la lame est dirigée vers le crâne du malade. J'y vois un trépan. Comparez à L'extraction de la pierre de folie, par Jérôme Bosch, un tableau datant de 1488-1516 et donc  à peu près contemporain de ces sablières. J'y retrouve la posture bras écartés du dément, ses yeux hagards, et  le laçage en zig-zag d'une camisole. L'instrument utilisé sur la sablière pourrait être comparé à ce trépan des années 1950.

Pourtant, je ne retrouve pas d'indication en ligne d'un auteur ayant identifié ici une trépanation. Ni, plus généralement, d'indication sur une scène de trépanation sur une sablière médiévale.

La folie de cette intervention est peut-être dénoncée par les pieds-nus du chirurgien-barbier. Ou par sa bouche ouverte et creuse, qui répond à celle des grylles-citrouilles.

L'exorcisme.

Un autre groupe de trois sujets occupe la partie droite. C'est d'abord un moine (cheveux taillés courts en couronne et recouverts de la coule) qui impose ses mains sur le crâne d'un (vraisemblable) malade ou possédé. Il est difficile de dire si le regard  du moine, tourné vers le ciel, est celui d'un clerc implorant Dieu ou celui d'un illuminé. S'il s'agit d'un exorcisme, celui-ci semble efficace, car un grylle s'enfuit en tirant la langue.

http://www.lavieb-aile.com/2015/09/sablieres-inscriptions-et-pardon-de-la-chapelle-saint-sebastien-au-faouet-56.html

Discussion.

La description de ces deux scènes par Simonne Toulet est la suivante :

"L’exorcisme.— Un moine pose la main sur le front d’un homme. Il semble prier – les yeux fermés pour ce pauvre « possédé » – et l’on voit effectivement un démon qui s’enfuit.

Sur l’autre partie, un diable est niché à l’extrémité gauche ; devant lui, un buste de femme et un homme qui porte un outil : est-ce un sculpteur ? Rêve-t-il de « créer » une femme ? Quel péché d’orgueil ! Le diable le guette ; mais participe-t-il à l’ouvrage ? il tient un maillet dans sa main droite… La « possession » par le démon est fréquemment évoquée au Moyen Âge : elle a d’ailleurs des références bibliques."

 

J'ai déjà décrit une autre scène d'exorcisme sur les sablières du bras nord du transept de la chapelle Saint-Sébastien du Faouët.

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Mais elle est plus tardive de près d'un siècle (1600) et l'aspect cérémoniel y est accentué : deux moines, le premier tenant un livre (le rituel liturgique sans-doute) et l'autre imposant les mains, font face à un homme à genoux, mains jointes, se prosterne devant l'exorciste (dans lequel on a proposé de reconnaître saint Martin). Un animal à la gueule féroce s'enfuit sur la droite. Tout cela est sage, pieux, univoque, alors que le sculpteur de Grâces a dressé un tableau tronqué (le moine et son possédé sont montrés en buste), expressionniste, fébrile, aux postures outrées, emporté par de grands mouvements des plis des vêtements, qui ne permet pas de s'arrêter à une interprétation cléricale où les sablières forment "un livre d’images saintes destinées à un public en partie illettré, le prêtre les utilisant comme support de ses prédications" (S. Toulet). Bien au contraire, ces sablières sont peuplées de personnages non bibliques et d'animaux fantastiques d'un imaginaire païen  que le prédicateur devait combattre. Et les tableaux des vices et dépravations sont joyeux, rabelaisiens et complices plutôt que frappés du discours moralisateur des Taolennou du père Maunoir. Enfin, ces grylles n'ont aucun des caractères des diables de l'Enfer chrétien. Sans écarter la possibilité d'une scène religieuse où un malade, après avoir fait la tentative infructueuse de soins médicaux ou chirurgicaux, soit enfin sauvé par les pouvoirs d'un clerc, il est possible aussi de penser que l'artiste a voulu donner à voir ce monde de la folie et de la possession, et la théâtralisation des "remèdes" qui y étaient apportés.  Les sablières appartiendraient toutes entières  à l'hybris,  à la démesure de l'animalité des corps sous l'effet des passions et des pulsions, des violences,  dans un espace marginal entre les bancs de la nef et la voûte charpentée, entre l'ici-bas terrestre soumis à la retenue et aux conventions, et la sainteté céleste.

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J'ai décrit  une scène analogue, dans la chapelle Saint-Fiacre du Faouët (56), sur la clôture du jubé (Olivier Le Loergant, 1480-1492), mais elle est interprétée comme représentant "le baptême d'un catéchumène.  Cette lecture pourrait être revue à la lumière de l'exorcisme de Grâces-Guingamp, d'autant qu'à Saint-Fiacre, le dragon qui s'enfuit sur la droite trouverait alors une bonne justification.

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Clôture du jubé de Saint-Fiacre au Faouët.

 

 

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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III.1.b.  Annonciation.

La compréhension de cette pièce est beaucoup plus simple. En contradiction avec ce que je viens d'écrire, c'est une scène évangélique, celle de l'Annonce faite à Marie.

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À gauche et à droite, deux anges arrivent en volant et présentent des phylactères (deux à gauche et une à droite. Hélas, elles ont perdu le texte qui devait y être peint. Nous imaginons pourtant facilement qu'il s'agissait d'Ave Maria gracia plena dominus tecum et de Ecce ancilla domini fiat mihi  secundum verbum tuum.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au centre, l'archange Gabriel à genoux, tient dans la main gauche un objet cylindrique brisé : un lys ? Le rouleau d'une banderole ? 

Il est séparé de la Vierge par un vase, qui, comme le veut la tradition, contient des lys. La fleur est une allégorie de la pureté virginale, et le vase aux flancs arrondis, manifeste le ventre intact selon la prophétie d'Ezéchiel sur la Porte close : Porta clausa, et non est aperta Ezech 44:1.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Il faut rappeler que cette pièce est placé dans la chapelle-vestibule dans laquelle le fidèle pénètre après avoir franchi la porte où est sculpté une première Annonciation.

Marie est dans sa chambre, surprise par l'irruption du messager divin alors qu'elle lisait les Sainte Écritures sur son pupitre. La reliure du livre  montre ses fermoirs ronds articulés. Elle lève les bras, par signe d'acceptation (Fiat). Sa main gauche est brisée. Elle est vêtue d'une robe à l'encolure ronde très peu décolletée, aux larges et longues manches plissées.  Sous un corsage lisse, la ceinture libère les plis de la jupe.

Les cheveux sont longs, bouclés et libres, et le front est élargi par l'épilation alors de règle chez les élégantes du XVIe siècle.

Les quatre visages possèdent des traits stylistiques communs, qui s'observaient déjà sur les autres pièces : des joues rondes, des lèvres charnues avec une lèvre inférieure plus avancée que la supérieure, un petit menton bien affirmé, des sourcils effacés, des paupières supérieures descendant bas et donnant, de loin, l'impression que les yeux sont clos.  La fente palpébrale de l'ange de droite est très particulière par sa forme de petite fiole à ventre un peu bombé et à goulot étiré. C'est sans doute cette forme, sous la large paupière, qui, associée à l'attitude de tous ces visages tournés vers le haut, génère cette impression d'étrangeté et de mystère. Lorsqu'il s'agit d'une scène sacrée, elle participe à sa spiritualité, mais lorsque ces visages impénétrables sont ceux des possédés ou de leurs thérapeutes, ou des trois passagers de la brouette infernale, elle suscite ce trouble interprétatif si particulier.

 

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de  l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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III.2. Coté nord. Renart prêchant, Renart attaqué (écorché) par les poules, Renart attaquant les poules.

 

http://www.lavieb-aile.com/2017/12/la-frise-nord-des-stalles-du-choeur-de-la-cathedrale-de-saint-pol-de-leon.html

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"La figure caricaturale de l'animal travesti en moine doit être rattachée aux écrits satiriques inspirés du roman ; —Ysengrimus, un manuscrit réalisé en Flandres vers 1150 évoque déjà la figure de l 'animal travesti en moine — ici le loup Ysengrin — qui annonce celle plus tardive de Renart camouflé, jouant sournoisement de cet artifice pour tromper son entourage. Ébauché dans l'épopée du Roman de Renart, le thème n'acquiert de réelle autonomie qu'avec la diffusion aux XIIIe et XIVe siècles des écrits polémiques de Rutebeuf (Renart le Destourné, 1261), de Jacquemart Gelée (Renart Le Nouvel, 1289), ou du Clerc de Troyes (Renart le Contrefait, v. 1319-1342) , qui présentent la figure caricaturale du goupil prédicateur monté en chaire. Le message que délivre ces écrits n'a pas pour objet de dénoncer une vulgaire imposture : s'il s'agit bien d'une moquerie grotesque visant l'Église, ces assauts sont plus spécifiquement dirigés vers les ecclésiastiques et surtout vers les moines que Rutebcuf égratigne avec la plus grande virulence . La querelle opposant, à partir de 1253, les défenseurs de l'Université aux frères mendiants, allait transformer Renart, malgré lui, en une créature malfaisante, un instrument de la plume destiné à dénoncer les écarts des réguliers. En effet, Goupil déguisé se singularise surtout par sa fourberie, « (...) Ypocrisie la Renarde, qui dehors oins et dedanz larde (...) » colporte Rutebeuf, reprenant ici un poncif de la satire contre les frères prêcheurs. L'apparition du terme renardie dans la littérature, définie comme un art du langage , met en relief l'association qui est désormais faite entre le renard et la félonie. Il paraît donc logique que la chaire à prêcher, accessoire de ce vice, d'ailleurs tant convoitée par les mendiants au moment de cette querelle, ait été illustrée si fréquemment dans l'iconographie, les gélines ajoutant à l'effet comique et soulignant surtout la crédulité des fidèles." (S. Duhem)

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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En commençant la description par la gauche, nous voyons Renart, devant ces deux renardaux, monté en chaire, habillé en moine franciscain ou cordelier (robe de bure à larges manches et capuchon), la capuche rabattue. Il lève en l'air un doigt sentencieux et captive son auditoire de trois poules de bénitier.

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Le thème de Renart prêchant aux poules (ou "prêchant les poules" ) n'appartient pas au Roman de Renart, et il est attesté dans les enluminures puis dans la sculpture plutôt que dans les écrits.  On trouve dans les variantes du Roman de Renart le Contrefait l'histoire de Renart apercevant des oiseaux et cherchant à les attendrir en manifestant un grand repentir de ses fautes passées. Les oiseaux s'approchent, et Renart leur fait un sermon sur l'obéissance et la patience. Mais le prêche s'arrête sans que Renart ne s'empare des oiseaux. Cette scène est illustrée par deux enluminures du Bnf fr. 1630 :

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Bnf Fr 1630 folio 193 Mandragore

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Par contre, le thème s'inspire de l'assimilation de Renart au clergé, qui est le propre des écrits postérieurs au Roman. Mais s'il a été toléré, et même commandité par les recteurs ou les chanoines, c'est peut-être avec l'idée que ce qui était dénoncé, c'étaient les faux pasteurs, ceux dont parle l'Évangile en disant "Défiez-vous des faux prophètes, ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs" (Matthieu 7:15).

 

 

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a) "Renart prêchant aux poules" ou "prêchant aux oies" dans les enluminures.

Jean Wirth et Isabelle Engamarre en découvre la première manifestation vers 1260 dans le Psautier de Rutland Londres British Library Add. 62925 folio 98v : coiffé d'une mitre épiscopale, il prêche devant deux poules et un coq. Le proverbe Als de vos de passie preekt, boer pas op uw ganzen , "Quand le renard prêche la Passion, veille sur tes oies, paysan" n'est pas attesté à cette date.

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Le Psautier de Tutland vers 1260, Londres British Library, ms. Add. 62925

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Dans les manuscrits anglais, Renart est le plus souvent déguisé en évêque et il prêche à des oies.  Par exemple :

— dans les Heures Harley 6563 (1320-1330) folio 53,

— dans le Psautier de la reine Mary Royal 2B. VII, fol. 157v,

— Et dans le Psautier Gorleston Add 49622 folio 47, 49, 128 et 143v,

—  Ou dans le cycle renardien des Décrétales de Smithfield Royal 10 E.IV fol. 49v et 175.

 

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Renart prêche en ermite dans les Heures de Mastricht Stowe 17 fol. 84 et 

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Book of Hours, Use of Maastricht , 1er quart XIVe siècle, British Library Stowe 17 folio 84

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b) "Renart prêchant aux poules" dans la sculpture sur bois.

J'ai décrit dans mon article sur la chapelle Saint-Fiacre du Faouët la sculpture de la clôture du jubé, réalisée en 1480 par Olivier Le Loergant : Renart déguisé en moine prêche à un coq et à trois poules tandis que l'un de ses renardeaux se précipite sur les volailles fascinées.

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Le sujet est aussi traité sur les appuie-mains ou miséricordes des stalles, à Amiens, à Evreux ou à Beauvais par exemple :

 

— Amiens : appuie-main

"Affublé de la coule monacale , l'orateur est établi dans une tribune carrée. D'une patte il s'appuie sur le bord , de l'autre il fait un geste énergique. Sa tête allongée et pourvue d'assez larges oreilles , dérobe à la vue du peuple qui l'écoute les trois ou quatre 'volatiles qu'il porte dans son capuchon et qui sont, à coup sur, des conquêtes dues à son éloquence. D'autres bêtes de même espèce et non moins crédules se groupent autour de la chaire" . 

" Dans une chaire à prêcher carrée, sans dossier ni abat-voix, affublé d'une chape de Jacobin dans le capuce de laquelle il a déjà emmagasiné trois pièces de volaille, maître Renard prononce « ung bel et solempnel sermon » devant un auditoire de gallinacées, quatre coqs et deux poules. Le rusé mangeur de poulets singe le geste d'un prédicateur d'une façon vraiment comique : une patte sur l'appui de la chaire; il accompagne de l'autre, qui est levée, une pénétrante et persuasive démonstration. Son fin museau a été altéré par l'usure et présente aujourd'hui l'aspect d'un bec de corbeau .  Le même détail se retrouve dans le renard prêchant aux poules de l'église de Cuiseau, Saône-et-Loire (MONNIER, Bullet. archéol. du comité, t. II, 1842, p. 636)".

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Cathédrale d'Amiens, accoudoir des stalles.

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— Evreux, église Saint-Taurin, miséricorde de stalle : Le Renard prêchant les poules, 15e siècle. 

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Miséricorde d'une stalle de l'église Saint-Taurin à Evreux, in Champfleury 1875.

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— Lausanne, stalles.

Champfleury, cite aussi  les stalles de Cuiseau (Saône-et- 
Loire), de Sirod (Jura), de Bletteraus (Jura), de Saint-Léonard le Koblac (Haute-Vienne), etc. 

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— Beauvais, miséricorde de l'église Saint-Lucien-de-Beauvais, Musée de Cluny.

 

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Saint-Lucien de Beauvais, miséricorde, vers 1492-1500 . Copyright RMN Thierry Ollivier-

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Sur la sablière de Grâces, Renart est dans une chaire hexagonale très comparable à celle de Saint-Lucien de Beauvais. Mais deux renardeaux aux yeux gourmands sont cachés derrière lui. Comme à la cathédrale d'Amiens, il lève une main droite éloquente, tandis que sa main gauche est posée sur la rambarde de la cuve, comme prête à saisir les volatiles. Les trois poules, sagement placées en rang devant lui, semblent être captivées par le prédicateur. 

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"C'est dans un même contexte de commande seigneuriale, mais sur des supports sculptés plus tardifs, que l'on retrouve Renart prêchant les poules. Les sablières de Grâces-Guingamp, datées de 1506-1508, présentent une mise en scène qui rappelle celle du Faouët : à gauche, Goupil déguisé est assis dans sa chaire devant trois poules attentives. Deux renardeaux sont cachés à l 'arrière-plan. Le prêche est suivit du dépeçage de l'animal, qui apparaît ressuscité à l'extrémité de la poutre, dévorant une poule. Que veut dire ce bouleversement ? Est-il du à une incompréhension du modèle recopié ou s'agit-il de l'association de séquences mettant en scène plusieurs renards, ce que semble indiquer la présence d'un goupil tapi dans les feuillages à l'extrémité droite.

Comme au Faouët, des sablières placées à proximité autorisent des rapprochements intéressants. Sur un tronçon voisin, un moine reconnaissable à sa robe et a son capuchon, pratique un exorcisme ; plus loin, trois moines tremblants sont assis dans une brouette poussée par un diable vers les Enfers. Considérant ce contexte, il semble que la scène du renart prêchant puisse être perçue comme une allusion ironique visant les moines et leurs mesures de « purification ». Mais si cette explication paraît satisfaisante, la fondation du lieu la rend plus discutable, l'un des promoteurs de la construction étant un cordelier. À moins que cette petite moquerie ne soit l'illustration des querelles intestines qui opposent à cette époque les conventuels aux cordeliers réformés. Du reste, l'édification du bâtiment est sous la responsabilité de deux gouverneurs de la chapelle et il est donc finalement probable que le sculpteur ait joui d'une certaine liberté. Il est aussi possible que la moquerie n'ait pas été destinée aux cordeliers, mais aux dominicains, particulièrement actifs dans le domaine de la prédication et de la lutte contre les pratiques hérétiques dans le diocèse de Tréguier à cette époque [H. Martin a montre la densité du réseau des mendiants entre Brest et Guingamp, aux XVe et XVIe siècles. Cf. Les ordres mendiants en Bretagne, p. 316 sq. ]. H. Martin a souligné l'importance des prédications, organisées à l'intérieur ou à l'extérieur des bâtiments dans des chaires prévues à cet effet, par des moines qui n'hésitent pas à impressionner les fidèles en jouant sur des effets oratoires spectaculaires. Que les artisans aient choisi de s'en moquer, ce dont témoigne clairement les poutres de Grâces-Guingamp, ne paraît donc guère surprenant." (S. Duhem)

Ce texte montre bien l'embarras interprétatif. Une première hypothèse, la caricature des franciscains cordeliers et la dénonciation de leur duplicité, se heurte au fait que la construction de la chapelle ait été dirigée par un frère cordelier, Pierre Bilsic, qui mourut en 1518. Ou que les armes d'Anne de Bretagne, sur la façade sud, soit accompagnée de pas moins de sept cordelières, rappelant la dévotion de François II qui appartenait à l'Ordre mineur, ou celle de la duchesse Anne qui créa l'ordre de la Cordelière.

L'autre hypothèse se fonde sur une moquerie à l'égard des Dominicains. Alors que l'engouement des bretons, après les grandes prédications de Vincent Ferrier, est rappelé, Renart prêchant serait une "moquerie" des gouverneurs (les deux Jehan Bellec, particulièrement dévots puisque l'un est surnommé l'ermite de l'ermitage à fontaine qui justifie la fondation de la chapelle) envers ces prédicateurs. Enfin, l'auteur glisse pour attribuer le choix de cette moquerie, non plus aux gouverneurs, mais aux artisans. 

Enfin, toute explication locale se heurte au fait que la sablière est inspirée, pour ne pas dire copiée, de celle du Faouët, dans un autre diocèse et un autre contexte. Et que Renart prêt à bondir derrière sa chaire reprend les stalles d'Amiens, de Lucien-de-Beauvais ou d'Evreux. 

Il est plus probable que les commanditaires  se contentent (comme l'attestent les contrats retrouvés, pour les stalles de Tréguier par exemple) de demander aux sculpteurs des "grimaces" et drôleries, en lui suggérant des modèles de tel ou tel site mais laissant à l'artisan le choix de puiser dans le répertoire propre à sa profession, répertoire fondé sur une culture populaire.

 

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2°) Renart attaqué mordu et dépecé par les poules.

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Ledict Duflot, a décrit en 1845 dans l'église Saint-Fiacre de Quimperlé "quatre bas-reliefs représentant 1.° le renard prêchant les poules; 2.° le renard poursuivant les poules; 3.° le renard poursuivi par les poules; 4.° le renard terrassé et dévoré par elles. Au-dessous, on lit Calvin. Evidemment , dit M. Ledict Duflot, c'est le triomphe de la foi sur l'hérésie. La lecture du mémoire sur les stalles d'Amiens, où le renard prêchant les poules est considéré comme une satyre du ministère de la prédication, lui a rappelé ce sujet des bas-reliefs de Quimperlé."

Dominique Chancel, dans une enquête approfondie sur le Renart qui prêche les poules du château de l'Arthaudière, confirme que la scène de Renart prêchant les poules, même si elle est isolée, s'inscrit dans un cycle à quatre temps : 

"Acte 1 : Renart déguisé prêche des volailles naïves. C’est le plus représenté et le plus immédiatement explicite, centré sur le beau parleur qui se travestit pour mieux séduire ;

Acte 2 : Renart s’empare d’une proie, qu’il peut tenir dans sa gueule ou cacher dans son capuchon voire sous sa robe de bure ;

Acte 3 : Renart est attaqué à son tour : soit les volailles se révoltent, soit une fermière armée d’une quenouille ou d’un battoir le poursuit, ou bien un chasseur le vise avec son arc… ;

Acte 4 : Renart subit le châtiment réservé aux fourbes : dépecé par les volailles, pendu par elles, par un singe ou un chat, transpercé par une flèche…

Nota : La représentation de l’acte 1 anticipe souvent sur l’acte 2 (volatiles déjà capturés avant la fin du prêche) et les actes 2 et 3 sont souvent représentés ensemble."

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C'est bien l'ensemble du cycle qui figure sur la sablière de Grâces. Dans ce deuxième tableau, Renart, allongé sur le dos et est maintenu immobile par quatre poules qui l'ont saisi par les pieds et par les pattes antérieures. L'une d'entre elles lui pince l'oreille. Un oiseau à longue queue est posé sur son thorax. 

Cette composition est très proche de celle de la corniche de clôture du jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, si proche qu'on peut affirmer une filiation directe.

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Renart dépecé par les poules, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, sculpté par Olivier Le Loergant, vers 1480. Photo lavieb-aile.

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Renart dépecé par les poules, jubé de Saint-Fiacre à Le Faouët. Copyright Dominique Chancel.

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On y retrouve les cinq oiseaux, dans les mêmes positions, mais à Saint-Fiacre, il est parfaitement clair que Renart est dépecé : la peau de sa queue et de la partie inférieure du corps est retroussée comme un gant jusqu'à la taille. C'est en reprenant alors l'examen de la pièce de bois de Grâces que nous constatons que, là aussi, les deux poules placées à la tête lui ôtent, comme un chandail, la peau qui fait un replis à la taille. Et que l'oiseau à longue queue se montre très intéressé par les organes génitaux mis à nu (moins qu' à Saint-Fiacre, où il les mord). Pourtant, la sculpture reste ambigüe : est-ce le pelage de l'animal qui est ôtée, ou seulement son vêtement de moine, son froc ? Le but des poules est-il de  dénuder Renart pour révéler sa supercherie, de le "dépouiller" ou de le punir par un martyre ? 

Une fois admis qu'il s'agit d'un dépeçage, il reste à en trouver l'origine. Or, l'explication la plus évidente ne trouve aucune confirmation. Non, il n'existe pas de récit de Renart dépouillé de sa peau par des poules ; ni par un coq, et ni par  des oiseaux. Non, il n'existe pas, hormis au Faouët, d'autre image peinte ou sculptée de cet épisode. Non, la séquence prêche/capture d'une proie/capture du goupil / punition n'est pas respectée, et nous ne pouvons pas évoquer une inversion lors d'un remontage, puisque la pièce de bois est unique. 

Il faut donc élargir l'interprétation et considérer que ce qui est illustré, c'est une description amusée du couple du Trompeur et du Crédule. Si le Roman de Renart nous séduit, ce n'est pas parce qu'il condamne la duplicité de l'animal roux, mais qu'il expose comment son art de tromperie n'est efficace qu'en raison de la bêtise des victimes. Loin d'être révoltés par les agissements du goupil, nous jubilons devant ses tours qui révèlent si bien la tendance de nos semblables à la soumission volontaire, à l'aveuglement, à la naïveté, et à la crédulité. Ce n'est pas un discours moralisateur dénonçant les prédicateurs et les prédateurs, les voleurs, les menteurs ou les violeurs, mais un théâtre anthropologique.

Dans ce cadre, la peau du renard, dont il est dépouillé ici, n'est pas charnelle, elle est allégorique : sa peau, c'est son moi, et après avoir endossé la peau d'autrui (la bure des moines), il est mis à nu désanimalisé de ce qui fait son  identité : sa pelisse rousse.

Nous avons donc sous les yeux les deux temps de la tromperie : le leurre efficace avec la victime bernée, puis le retournement de situation (comme le retournement de cette peau). La plupart du temps, dans le Roman, la victime ne comprend que trop tard le subterfuge, alors que Renart s'enfuit, "sauve sa peau", mais le spectateur jouit aussi lorsqu'il est enfin attrapé, confondu et défait de son Moi foncièrement Malin.

Au renversement carnavalesque des valeurs que met en scène la dérision d'une fausse prédication succède le renversement /retournement du mécanisme de séduction.

Voir "Les valeurs métaphoriques de la peau dans le Roman de Renart." de Pierre Bureau.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Dans le troisième tableau, Renart n'est pas "ressuscité", mais il a survécu à son dévoilement identitaire et a repris son rôle : le retour du refoulé. Il surgit d'un buisson et s'empare d'une poule sous les yeux de sa congénère.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Derrière lui, ses renardeaux s'empressent de venir profiter de la leçon. 

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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À l'extrémité droite, sous des feuilles de figuier, un grylle (avec sa cuisse  céphalique) tient un bâton, et tire le coin de sa bouche avec son doigt.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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III. 3. Coté ouest. 

III.3 a : rinceau.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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III.3b. Deux anges tenant un objet carré (blason ?).

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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QUATRIÈME TRAVÉE.

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IV.1. Coté est.

IV.1a. Quatre anges dont l'un présente le  voile de la Sainte Face.

C'est, avec l'Annonciation, ou les divers anges,  l'un des rares thèmes religieux de ces sablières.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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IV.1b. Dragon libérant des feuillages où jouent deux lapins. Blochet.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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IV. 2. Coté nord. Deux anges présentant le blason du duché de Bretagne.

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De juin à septembre 1505, durant la maladie de son mari Louis XII, Anne de Bretagne se rendit en Bretagne, notamment en "pèlerinage" à Locronan, ou au Folgoët . La construction de l'église de Grâces fut entreprise juste après sur l'ancienne chapelle.

La porte de la façade sud porte ses armoiries  surmontant les ogives et leur fleuron et soutenu par deux lions debout (armoiries des Montfort) . Au-dessus, un heaume sommé d'un lion en cimier, et orné de  lambrequins. Le tout encadré des sept  cordelières passant dans des annelets . C'est le même choix de sous le porche de la Collégiale du Folgoët. Les armes du roi de France sont absentes.

Les armes d'hermines plain,  se retrouvent aussi au dessus de la porte de l'Annonciation, mais dans un blason losangique, donc féminin.

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Portail de la façade  sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Portail de la façade sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux anges et leur écu sont entourés d'un lion à gauche et d'un bœuf à droite. N'attribuons pas trop vite ce lion aux Montfort, ou ce lion et ce bœuf aux évangélistes Marc et Luc.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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En effet, à gauche, un sanglier sort d'un fourré et charge. Puis vient un bœuf endormi.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A droite, nous découvrons un singe, et à l'extrémité, un homme, de face, les mains sur les genoux.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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IV.3. Coté ouest.

IV.3a Fragments disparates.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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IV.3.b.  Lion et  licorne affrontés, entre deux lionceaux.

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Le thème du lion affrontant une licorne et aussi présent sur les sablières du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre de Châtelaudren, datant de la fin XVe/début XVIe, et donc contemporaines de celles-ci.

Mais ici, les deux animaux sont séparés par un arbre et semblent pas se combattre directement.

 

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Porche sud de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre.

 

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église  Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablières (1508) du bas-coté sud de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Grâces-Guingamp. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— BARTHELEMY (Anatole de) et GUIMART (Charles), 1849, Notice sur quelques Monuments du département des Côtes-du-Nord Bulletin monumental publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques ; et dirigé par M. de Caumont, Société française d'archéologie pages 5-54.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310344/f42.item.texteImage

 

"Notre-Dame-de-Grâce. Non loin de Guingamp, est  l'église Notre-Dame-de-Grâce qui contient des reliques de  saint Charles de Blois. C'est un édifice qui fut commencé en  1506 ainsi qu'il résulte de deux inscriptions gravées l'une  sur une charmante frise en bois qui court tout le long de la  nef principale et du collatéral de droite l'autre sur le pilier à gauche du portail, extérieurement. L'inscription de la frise et du pilier portent le doziesme jour de mars lan de grace mil cinq centz et seix fut la première pierre de ceste chappelle assys. A côté on lit Le cinq ...lan mil V et VIII fut le une de ceste chappelle assis ou quel  estoit maigre Jehan le D. nece recteur de la paroisse de  Plouisy, et gouverneurs de Jehan Telles

La frise en question admirablement travaillée représente des chasses au cerf et au lièvre des vignes, des vendangeurs, des dragons, des dessins un peu lestes, des diables un lion combattant une licorne etc. "

 

L'inscription de la frise et du pilier portent : le doziesme jour de mars lan de grâce mil cinq centz et seix fut la première pierre de ceste chap- pelle assys. A côté on lit : Le cinqusejoe de Jaffins lan mil Ve. et VIII fut le Unes ? de ceste chappelle assis ou quel (1) Tout près de cette chapelle est le manoir de Kermathanan. Le fondateur appartenait peut-être à la famille de Vieuxchastel qui possédait le fief de Faou, et qui portait d'azur au léopard d'or. Les Barach portait de gueules à une ...

—  BAKHTINE M. 1970, L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sons la Renaissance, Paris. 

 

—  BULTHE (Stéphanie), 2014,  Figurations renardiennes et moralités dans les épigones du Roman de Renart , Mosaïque, revue de jeunes chercheurs en SHS – Lille Nord de France – Belgique – n° 13, septembre 2014

https://revuemosaique.files.wordpress.com/2016/10/m13_9_bulthe.pdf

— BUREAU (Pierre), 1992, "Les valeurs métaphoriques de la peau dans le Roman de Renart". Sens et fonctions , Médiévales  Année 1992  22-23  pp. 129-148.

http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1992_num_11_22_1244

— CHAMPFLEURY, 1875, Histoire de la caricature au Moyen-Âge et sous la Renaissance, 2ème édition.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205843r/f50.item.r=renart

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205843r/f51.item.r=renart

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205843r/f155.item.r=taurin

— CHANCEL (Dominique), Les fourberies de renart, château de l'Arthaudière

 

http://sa83aed69b8e10aca.jimcontent.com/download/version/1456197172/module/13173735922/name/les%20fourberies%20de%20%20Renart%202016-2-12.pdf.

https://www.chateau-arthaudiere.com/ch%C3%A2teau-de-l-arthaudi%C3%A8re/renart-%C3%A0-l-arthaudi%C3%A8re/

— COUFFON (René), 1939, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 139.

 "L'église Notre-Dame et Saint-Barthélémy est un édifice rectangulaire avec bas côté sud de quatre travées, précédé d'un clocher remarquable. La première pierre de l'édifice fut posée le 12 mars 1506 ainsi que l'indique, sur un contrefort de la tour, l'inscription suivante : « Le Dozième Jour de mars l'an de grâce mil cinq Cent et seix fut la première pierre de cette chapelle assise ». Sur une sablière de la nef, une seconde inscription renseigne sur la marche des travaux : « Le cinquiesme jour de Janvier l'an mil Vcc  et VIII fut le boies de cette chappelle assys auquel temz estoit Maistre Jehan Le Dirvec recteur de la paroisse de Plouisy et gouverneurs de la dicte chapelle Jehan et autre Jehan Le Bellec ». Donnée en 1605 aux Cordeliers de Guingamp, qui avaient été chassés de leur couvent de la Terre Sainte, l'église fut dédiée le 13 août 1607, par Mgr. Adrien d'Ambroise, à Notre-Dame et à saint Barthélémy. "(R. Couffon).

— DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .

— DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages. Pages 

2 ;4 ; 12 ; 19 ; 31 ; 36 ; 66 ; 69 ; 71 ; 95 ; 99 ; 148 ; 167 (Grylles); 169 ; 171 ; 172 (Renart) ; 174 (Chasse); 176 ; 177 ; 178 ; 179 ; 180 ; 193 ; 212 ; 213 ; 217 ; 226 ; 228 ; 229 ; 233 ; 272 ; 273 ; 291 ; 303.

DUHEM (Sophie) 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  105-1  pp. 53-69

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

 

Images de Renart dans la sculpture sur bois bretonne

Représentations de Renart prêchant aux poules et de Renart écorché :

Le Faouët (Ch. St-Fiacre, v. 1480), Jubé, clôture est.

Le Faouët (Ch. Ste-Barbe, XVIe s.), 

Grâces-Guingamp (1506-1512),

Plumelec (Ch. St-Aubin, 1513),

Saint-Gilles-Pligeaux (XVe-XVIe s.),

Tréflévenez (XVIe s.).

[en pierre : Sizun frise extérieure]

Représentations de Renart et la fermière et variantes :

Cléguérec (Ch. de laTrinilc, milieu XVIe s.),

Guilligomarc'h (Ch. St-Éloi, XVIe s.),

Meslan (1527),

Ploërdut (Ch. de Crénenan, 1652),

Plougras (Ch. du Cimetière, XVIe s.),

Plourac'h (XVIe s.), sablière, 

Pont-Aven (Ch. de Trémalo, XVIe s.),

Saint-Nicolas-du-Pélem (Ch. St-Éloi, milieu XVIe s.),

Séglien (Ch. St-Jean, XVIe s.)

 

Renart et les poules :

Callac (Ch. St-Treffrin, XVe/XVIe s.), sablière,  Renart attaquant une poule

Châtelaudren (Ch. Notre-Dame-du-Tertre, XVIe s.),

Edern (Ch. du Niver, XIXe-XXe s.?),

Le Faouet (Ch. St-Sebastien, 1600-1608), sablières : Renart attaquant les poules.

Gourin (XVIe s.), sablière, Renart embroché.

Guern (Ch. de Quelven, XVe-XVIc),

Guimiliau (lere moitié du XVIIe s.),

Landemeau (Ég. St-Thomas, XVIe s., représentation disparue),

Landudal (XVIe-XVIP s.),

Langast (Ch. St-Jean, XVIe s.),

Lanvénégen ( XVIe s.),

Magoar (XVIe s.),

Neuillac (Ch. de Carmes, XVIe s.),

Plévin (Ch. St-Abibon, XVIIe s.),

Plouay (Ch. de Locmaria, XVIe s.),

Plourac'h (XVIe s.), sablière, Renart attaquant une poule

Le Quillio (Ch. St-Maurice, XVIe s.),

Séglien (Ch. de Locmaria (XVIe s.),

Suscinio (Château, fragment provenant de l'église de la Roche-Bernard, XVIe s.),

Trémeur (milieu XVIe s.)

 

— — Autres images de Renart :

Daoulas (Abbaye, XVe s.),

Hôpital-Camfrout (XVIe s.),

Loqueffret (XVIe s.).

 

— LE GOFF (Hervé), 2004 , Les riches heures de Guingamp, Plomée,- 766 pages

 

— LE ROUX (Gilbert), 1989, Plouisy Bulletin des Amis du Patrimoine de Guingamp n°6.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_85/Les_Amis_du_Patrimoine_de_Guingamp_nA_6.pdf

—  MERLET,(François) 1949,. « Notre-Dame de Grâces », dans Congrès archéologique de France, CVIIe session, Saint-Brieuc, 1949.

—  MESNARD, (Maurice), 1981,. « L′église Notre-Dame de Grâces-Guingamp », dans MSECDN, t. CX, 1981.  

— ROPARTZ (Sigismond), 1851, Guingamp et le pélerinage de Notre Dame de Bon-Secours, Périssé, 1851 - 408 pages page 95

https://books.google.fr/books?id=yo3IIXTsyPIC&dq=gr%C3%A2ces+guingamp+rabelaisien&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

Les bornes de cet ouvrage ne me permettent pas d'entrer dans l'étude détaillée de cette admirable chapelle, monument complet, sorti tout entier de la pensée du même artiste, dernière fleur du style ogival éclose sur le sol breton.

Ce qu'il y a de très-remarquable, c'est que les sculptures de Grâces ne sont autre chose qu'un long poème où sont stigmatisés tous les vices, sous la figure de Franciscains paresseux, avares et gourmands. Etait-ce une leçon de morale, était-ce une sanglante satire ? Quoi qu'il en soit, ces sculptures sont magnifiques de verve grotesque, et, pierres ou bois, dénotent certainement un très-habile ciseau et une luxuriante imagination. Voyez cette gargouille, c'est un gros Cordelier qui presse de ses deux mains son ventre trop plein, et dont la bouche grimace pour vomir ; étudiez l'une après l'autre les scènes rabelaisiennes, ciselées comme dessinait Callot, le long de la corniche du lambris : ici, c'est un moine ivre qui roule sous une tonne immense et se noie dans une mer de vin ; là, c'est un moine encore dont la sordide avarice se livre à un métier que ma plume ne peut décrire ; ailleurs, un diablotin lubrique brouette en enfer une charretée de nones ; tout cela est encadré dans un merveilleux fouillis de feuillage et d'arabesques, qu'animent des chasses fantastiques et que peuplent tout un monde d'animaux bizarres. La conclusion de ce poème étrange, c'est un bas-relief isolé où deux anges en pleurs montrent au peuple la sainte face du Christ, sanglante, meurtrie et couronnée d'épines, expiation éternelle de tous les désordres et de tous les scandales dont l'artiste vient de vous offrir la représentation cynique.

La pensée franciscaine, on le voit, remplit chaque détail de cette curieuse chapelle, et pourtant Grâces n'appartint aux Frères-Mineurs que cent ans après sa fondation ; mais on n'a pas oublié qu'un Franciscain, en bâtissant en ce même lieu un oratoire de mottes et de feuillage, avait été la première cause de la dévotion à Notre-Dame, et de la construction du monument.

— ROMAN DE RENART.

BnF Français 12583

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447178n/f5.item

— ROPARTZ (Sigismond), 1859, Guingamp: études pour servir a l'histoire du tiers-état en Bretagne, Prud'homme, Volume 1 page 115

https://books.google.fr/books?id=o-oYAAAAYAAJ&dq=gr%C3%A2ces+guingamp+rabelaisien&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— TOULET (Simonne), 2010, L'église de Grâces et ses sablières, Bulletin des Amis du Patrimoine de Guingamp n°48.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_89/Les_Amis_du_Patrimoine_de_Guingamp_nA_48.pdf

— ??, 1990, Les sablières de l'église de Grâces, Bulletin des Amis du Patrimoine de Guingamp n°8.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_85/Les_Amis_du_Patrimoine_de_Guingamp_nA_8.pdf

— VARTY (Kenneth), 1967 Reynard the Fox : A Study of the Fox in Medieval English Art, Leicester university press.

 

— VARTY (Kenneth), 1999, Reynard, Renart, Reinaert and Other Foxes in Medieval England, The Iconographic Evidence, Amsterdam University Press, 359 pp., 269 illustrations.

 

Compte-rendu par A. Strubel, Cahiers de Civilisation Médiévale  Année 2002  45-180  pp. 409-410

http://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_2002_num_45_180_2841_t1_0409_0000_2

— WIRTH (Jean), ENGAMMARE (Isabelle), 2008, Les marges à drôleries des manuscrits gothiques, 1250-1350 Librairie Droz, 2008 - 413 pages

https://books.google.fr/books?id=jRgE3GtrT_UC&dq=renart+pr%C3%AAchant+aux+poules&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
19 février 2018 1 19 /02 /février /2018 14:33

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).

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Je les décrirai en partant de l'angle nord-est, à gauche du chœur, et en faisant le tour, comme n'importe quel visiteur, je terminerai à l'angle sud-est, à droite du chœur.

Les photographies ont été prises avec les moyens du bord, sans bénéficier de l'éclairage dont les sablières sont équipées, mais qui n'était pas allumé pour les Journées européennes du Patrimoine de septembre 2017. La voûte est assez élevée (6,50 m),  les sculptures sont badigeonnées d'une peinture café-au-lait sur un fond lie-de-vin, avec des reste de peinture bleue, et j'ai fait ce que j'ai pu. J'suis pas photographe, mais touriste.

Les arches ogivales des quatre travées de la nef principale (je décrirai dans un autre article la nef du bas-coté droit) créent dans le vaisseau central une première partition, à laquelle s'ajoute celle que déterminent les nervures de la charpente lambrissée et les entraits à engoulants. Ceux-ci, au nombre de six, déterminent sur la voûte huit  espaces à trois nervures, ce qui fait qu' entre ces engoulants,  les pièces de bois placées en corniche et désignées sous le nom usuel de "sablières" sont donc au nombre de huit de chaque coté. Si je calcule bien, cela fait seize sablières à décrire, bon courage.

Mais leur description au fil du parcours d'un coté à l'autre ne fait pas apparaître la correspondance des thèmes entre les deux cotés. Je commence donc par une liste des thèmes iconographiques qui souligne cet accord fréquent entre nord et sud.

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Blochet Nord-est : lion ......................................... Blochet sud : ange.

N1. Combat contre des dragons.......................... S1 : Feuillage entre une femme et un dragon.

N2.  Chasse au cerf. .............................................S2 : Chasse au lièvre.

N3. Course de renards dans une pampre...........S3 : Ivrognerie

N4. Tête de bélier. ................................................S4 : Rinceau tenus par un dragon

N5. Hommes, chiens et os........................... .......S5 . Fest-noz scatologique.

N6. Feuilles sortant d'un dragon.........................S6 : Feuilles sortant d'un dragon.

N7. Hommes sauvages attaquant des dragons. S7 : Lutte d'hommes contre des dragons

N8. Anges tenant un blason................................S8 : Anges tenant des phylactères.

Blochet N-O : contorsionniste exhibant son cul. Blochet sud : absent.

 

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I. LES SABLIÈRES DU COTÉ NORD.

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Première travée.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Cela commence mal, j'ai oublié de photographier le blochet nord-est : c'est un lion rugissant .

N1. Première pièce. Combat de dragons avec une licorne et un chien.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La sablière débute (si on adopte ce point de départ) par la face en pleine lune d'un homme agrippé à un os (un fémur). Comme nous allons retrouver ces traits stylistiques, notons les yeux en amande (ou en pruneaux), largement ouverts, aux pupilles sculptées, et enfoncés dans deux vastes cratères ovales. Avant de lui attribuer la trop grande oreille gauche, il faudrait avoir écarté la possibilité que cela soit le repli de son bonnet. Mais ce qui nous marque le plus, c'est la double rangée de dents de son sourire. Une pub pour un dentifrice ? À d'autres !  Car l'homme semble plutôt en proie à la plus vive terreur, claquant des incisives  en manipulant cet ossement. Est-il seulement encore humain, ou surgit-il d'entre les morts ? 

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Puis vient le premier affrontement, entre un chien et un dragon (désolé, l'autofocus s'est intéressé au lampadaire, comme l'imbécile qui regarde le doigt et non la lune).

Le chien a les traits massifs, les larges oreilles, l'accentuation de la bosse occipitale,  la queue fournie dressée en sabre, mais son poil lisse est interrompu, sur les antérieures, par une véritable crinière, une particularité que je ne retrouve dans aucun des chiens courants d'une chasse à courre, à corps et à cri comme l'Artois, le Poitevin, les français blanc-et-noir ou tricolore, pour ne rien dire du Porcelaine ou du Billy. La truffe haute, les babines retroussées, il expose toute la puissance de  ses 42 dents.

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Le dragon a tous les traits de sa race : les yeux proéminents, l' haleine fétide (je la sens encore), l'infecte salive, la vilaine manie de tirer la langue, la peau écailleuse pendant en plis successifs sur les purulentes scrofules, les pattes à ergots crochus, et les ailes nervurées héritées d'une grand-mère ptérosaure.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Ce dragon s'est placé dos-à-dos avec son congénère, pour ne pas être attaqué par l'arrière, et il a renforcé cette défense en nouant sa queue avec celle de son jumeau. Cette queue n'est plus à présenter, et chacun sait qu'elle se dote d'une petite tête, plus  pratique encore que vos caméras et radars de recul. Ici, elle bifurque en se greffant sur un épineux appendice caudal.

Sous l'effet d'un très vieil atavisme, et au mépris des liens du sang, les deux têtes s'aboient dessus mutuellement,  comme un lion qui attaquerait son image spéculaire.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Son voisin de palier a fort à faire pour esquiver l'attaque d'une méchante licorne qui lui a enfoncé la corne dans le gosier. Aïe aïe aïe ! 

 Dame licorne a plutôt l'aspect d'un hippopotame. Elle possède une paire d'ailes plissées rabattue en courte pèlerine.

Ce duel dragon-licorne évoque d'autres sablières, comme celle de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre de Châtelaudren (16 km à l'est de Guingamp) avec un combat licorne-lion (et un couple de dragons, et une chasse à courre). Ou bien celle de Le Tréhou, où un homme tient les cornes de deux licornes. 

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N2. Chasse au cerf par trois chiens et un veneur soufflant dans sa trompe.

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À gauche, un veneur souffle dans une curieuse trompe de chasse, peu évasée mais dotée d'une embouchure. Il est vêtu d'une tunique plissée, à manches longues, et il est coiffé selon la mode des cheveux mi-longs formant deux épaisses masses de chaque coté. Comme Charles VIII.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Il mène trois chiens à l'assaut : Taïaut ! Le premier n'a pas de collier, ses oreilles sont pendantes. Tout le contraire des deux suivants, aux larges colliers et aux oreilles dressées. Le cerf n'en mène pas large, d'autant qu'il est acculé dans le fond de la sablière.

À Notre-Dame-du-Tertre, le chasseur mène son chien à l'assaut d'un sanglier, mais le principe est le même.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N3. Renards traversant un pampre de vigne tendu entre deux dragons.

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Une pampre (grappes de raisins, feuilles de vigne et vrilles) forme des spires que deux animaux s'amusent à traverser. 

Cette pampre est tendue par deux dragons. À droite, il est facile à déterminer, mais celui de gauche ne propose que son échine dentelée pour l'identifier avec certitude. Comment sont les femelles des dragons ? 

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux petites bêtes qui courent dans les tunnels végétaux comme dans une aire de jeu sont pour moi des renardeaux, mais je ne peux exclure que ce soient des hermines, car cette espèce affectionne beaucoup, dans le matériel héraldique des ducs de Bretagne, de se faufiler en criant "chat" dans des spirales de phylactères.

Hop ! Hop! Rehop!

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Ici, la tête caudale du dragon adopte la forme de celle d'un serpent.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N4. Tête de bélier et feuille d'eau.

Je passe.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N5. Homme et os, chiens et os.

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Le blochet reprend tous les caractères de notre homme archétypal de la pièce N, mais dans la version Joyeux Drille car  il est hilare. Il trouve son homologue exact en face de lui, sur la rive sud.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au centre, un homme sous son chapeau breton tient un os (toujours un fémur) dans la main gauche, ce qui entraîne la sortie immédiate de son chien hors du bosquet où il songeait (car que faire en un bosquet, à moins que l'on ne songe ?). De la main droite, il tend une bande d'étoffe, qui ressemble plus à sa serviette qu'à un muet phylactère. 

Son second chien (il n'en n'a que deux) s'enfuit vers la gauche, un os entre les dents (*)

(*) J'ignore si vous connaissez cette expression de la bonne vieille marine à voile qualifiant un voilier toute voile dehors qui fait naître joyeusement de chaque coté de l'étrave deux vagues d'écumes :  she's got a bone in her theeth.  Elle eut son heure de gloire, en français, pour qualifier les performances jouissives du Libberdade de Joshua  Slocum, ou celle du navire de Moitessier par Gérard Janichon ou celles de Pen Duick VI, ou sous la plume des journalistes de Voiles et Voiliers.

Cette débonnaire histoire de nonos à chien-chien  serait assez banale si elle n'avait pas débuté en N1 par la funèbre représentation de l'homme au fémur, et si elle ne se prolongeait pas ensuite par d'autres épisodes troublants.

L'artiste ne manque pas d'humour, lorsqu'il joue de la ressemblance entre l'épiphyse fémorale supérieure ( c'est le fameux "col du fémur" !) et la tête des chiens, entre l'extrémité céphalique et la truffe ou le museau, entre le col fémoral et l'angulation entre front et chanfrein canin, et surtout entre le grand trochanter (dont il accentue à dessein la saillie) et les oreilles dressées. Irrésistible, non ? Un dessin ?

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N6. Feuillages sortant de la gueule d'un dragon et tenus par un homme.

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Le dragon est couché, hilare, sous une couverture de feuilles, mais il pointe ses yeux de grenouilles et le diastasis médian et paramédian de ses quenottes pour regarder, de l'autre coté, un humain complètement submergé par cette production végétale.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N7. Hommes sauvages combattants des dragons.

Nous retrouvons ici trois dragons (j'aurais dû les compter depuis le début) aux prises avec trois hommes sauvages armés de gourdins.

Le thème de l'Homme sauvage (wild man) est trop vaste pour épuiser le contenu d'une exposition au Cloisters du Metropolitan de New-York en 1980-81, (Husband, The Wild Man, medieval myth and symbolism) ou des travaux de l'Université de Toulouse sous l'égide de Sophie Duhem. 

Ici, ces hommes sont velus hormis le visage, les mains et  pieds. Leur nez épaté et leurs dents divergents en éventail et largement exposées, leurs grimaces simiesques, l'agilité de leurs gesticulations altèrent l'humanité de leurs traits. Ils ne sont pas si éloignés des dragons qu'ils combattent, ou des animaux qui les ont précédés sur les pièces précédentes, et s'ils sont sauvages, ils sont aussi sylvestres : ces hommes verts, ou hommes des bois, appartiennent à ce monde frontière entre humanité et animalité, civilité et sauvagerie qui est précisément celui qu'explore le Chasseur. Dans tous les mythes, le chasseur est exposé à des rencontres féeriques en raison de cette frontière entre deux mondes, et de ses dangers.

Ces êtres primitifs, pré-humains, sont à l'Homme ce que les Titans étaient aux Dieux grecs. Ils livrent de terribles combats de dimension cosmiques contre des Puissances déchaînées. Et ils le font ici avec un enthousiasme pétulant, enfonçant à qui-mieux-mieux leur pieu écoté dans la gueule des monstres, dans une variante de la licorne enfonçant sa corne.

Ces règlements de compte ne nous concerneraient pas, si nous n'adoptions pas spontanément le camp des Joyeux Drilles pour qu'ils nous débarrassent des vilaines bêtes qui nous font peur.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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N8. Deux anges tenant un blason ; Homme extrayant un os ; dragon dévorant un petit homme.

. Nous ne sommes pas débarrassés des Dragons, puisque la pièce commence, à droite, par une scène de dévoration d'un de nos congénères par un de ces Dangers Publics. L'artiste développe donc au fil des motifs un propos assez cohérent où il déploie sur l'encadrement des voûtes un vaste tableau de ce qui menace les fidèles réunis pour les offices : la Mort et ses ossements,  le Mal, la violence d'un Autre Monde, les enjeux cosmiques passant bien au dessus des cheveux de monsieur et madame Tout-le-Monde. Très habilement (mais aussi très fidèlement aux traditions des ymagiers et huchiers), il ne se livre pas à un prêche dicté par le recteur, il ne fait aucune référence à Dieu ou à ses saints, aux Enfers ou au Paradis, à la lutte des Archanges contre les Diables, à une scène biblique ou Christique, mais il met en œuvre un bestiaire des personnages plaçant le pouvoir d'évocation ailleurs. Les  personnages de son petit théâtre sont-ils celtiques, pré-chrétiens, ou archétypaux, chacun répondra à sa convenance, mais ce qui est certain, c'est que ces fémurs, ces chasseurs, ces bêtes féroces, ces dragons et ces hommes sauvages racontent, sur les huit pièces que nous venons d'examiner, une seule histoire.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Puis viennent deux anges tenant un blason. Comme celui-ci a perdu les meubles et les couleurs qui devaient y être peints, nous ne pouvons rien en dire.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le personnage qui ferme le cycle des huit sablières est allongé, une jambe droite repliée, et le visage grimaçant. Il tient (encore !) un fémur, mais seuls les 3/4 de l'os est visible ( les condyles fémoraux, le fût et  le grand trochanter, encore attaché à un fragment du tendon)  sont visibles, tandis que le col et la tête disparaissent...précisément à l'endroit de leur emplacement anatomique sur notre homme. Faut-il imaginer qu'il est en train de l'extraire de son propre corps, ou, au contraire, de tenter de le remettre en place ? Ses grimages de douleurs seraient bien justifiées.

Il est pieds nus,mais le sculpteur a représenté avec soins sa tunique à gros plis, et surtout sa manche, dont le soufflet est fermé par deux langeuttes à boutons.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Blochet Nord-ouest : acrobate exhibitionniste anal.

Le blochet annonce la veine dévergondée qui nous attend désormais du coté sud. C'est un acrobate ou contorsionniste qui réussit à fléchir ses hanches suffisamment pour mettre ses pieds – chaussés – contre ses oreilles. Or, il a pris soin de remonter sa tunique et de baisser ses chausses afin de présenter au public le spectacle obscène de son cul. Un "pète-en-gueule", comme il est courant d'en trouver sur les sculptures des sablières et autres pièces de charpente, sur les stalles, etc. Exemple à La Roche-Maurice.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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II. LES SABLIÈRES DU COTÉ SUD DE LA NEF.

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S8. Trois anges tenant des phylactères.

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Ces trois anges manquent un peu de grâce, et ressemblent plutôt, dans leur lourde robe plissée, à des magistrats en perruque. Le texte de leurs phylactère s'est effacé, et nous passerons à la sablière suivante après les avoir salués.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S7. Hommes combattants des dragons.

Cette sablière est faite de la réunion de deux pièces un peu différente. À droite, elle débute par un dragon ailé renversé sur le dos sous l'effet du choc d'un coup d'épieu. Le responsable, à la différence des sauvages qui lui font face en N7, est habillé et coiffé d'un bonnet, mais son rictus à pleines dents, ses sillons naso-géniens en parenthèses,  ses larges narines  et ses yeux  abrités sou le vaste préau des sourcils le trahissent : une partie de son arbre généalogique servi à tailler les sablières nord.

Son voisin , dont le chaperon se termine par une tête de chat, s'apprête à lancer une pierre sur le premier qui approche.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La pièce voisine montre un homme portant une chevelure frisée à gros rouleaux (les perruques ne seront à la mode que bien plus tard) ; il a l'air fort satisfait de lui, et il croise ses huit doigts sur son ventre bedonnant. 

C'est tout le contraire, embonpoint et frisettes à part, avec l'homme nu qui bondit, gourdin en main, à l'attaque du dragon qui pointe sa gueule gourmande du coté gauche. C'est le retour de l'Homme sauvage coté sud.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S6. Feuillages sortant de la gueule d'un dragon.

Cet Intermède végétal dont les feuilles en raquette ou râpe à parmesan  nous ont déjà été présentés en N6 sort de la gueule d'un nouveau dragon.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S 5. Une orgie : scène scatologique, buveurs, fou et sa marotte, joueur de cornemuse. 

 

Enfin ! c'est maintenant qu'on s'amuse ! Et qu'on s'interroge.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Nous avons ici six personnages. Le premier, renversé en arrière, tient un bâton dirigé devant lui vers le sol.  Il porte un accessoire rond à la ceinture. Il n'est vêtu que d'une tunique, mais ses jambes et ses cuisses sont nues.

Devant lui, un homme jeune (ou un garçon) entièrement nu tend un récipient sous le cul du suivant ; dans ce récipient, des "boulettes" qui ont sans aucun doute des crottes. Aussi se détourne-t-il en grimaçant, tandis que, de la main droite, il se gratte la fesse, à moins qu'il ne jette quelque chose derrière lui. 

Le troisième sire a la tête et le haut du corps recouvert d'un vêtement à capuche, dont il a relevé le bas  : fesses et jambes nues, il se soulage, comme nous l'avons vu. mais concommitament, il se nourrit ou, du moins, il penche son menton vers une assiette contenant ... ce que je lui souhaite être deux pommes bien mûres.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Nous voici maintenant face à un Fou. Un vrai, en habit de travail, qui inclut la cagoule à oreillettes et grelots, cagoule qui appartient à une tunique fendue sous la ceinture en pans triangulaires – avec leurs grelots– et dont les manches à crevés doivent dissimuler aussi quelques clochettes. Sous cette tunique, comme tous les convives, il est nu. Pour ce que j'en vois.

Comme tout Fou, il tient sa marotte, cette marionnette montée sur un manche de bois, et  qui le regarde en lui renvoyant sa propre image.

De l'autre main, il tient ou tenait un autre objet.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Après le Fou, l'Ivrogne. 

À plat ventre, les pieds nus repliés vers les fesses, complètement ivre, il tente de porter, les yeux clos, une chope à ses lèvres, mais il n'atteint que son menton. Il ne lâcherait son pichet pour rien au monde. Ses beaux cheveux bouclés sont coiffés d'un béret aux bords repliés.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le joueur de cornemuse est le seul  qui soit resté chaussé. Un genou à terre, il écrase la semelle de sa bottine. C'est vraiment la mode des longs cheveux en boucles, car, comme les anges de S8, comme le Monsieur important de S6, ou comme les quatre co-locataire de sa sablière, c'est un vrai flot de belles anglaises qui ruissellent sous son chapeau breton. Les yeux presque fermés, il joue, les deux mains posées sur le chalumeau conique de son instrument tout en pressant le sac entre poitrine et bras droit.  Le porte-vent frôle ses lèvres, non sans créer un effet comique en rappelant la posture du buveur. Le bourdon d’épaule est bagué d'une moulure à mi-corps et à l'attache du pavillon.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le blochet adossé à  S5. 

C'est le même que du coté nord : un Gargantua barbu, avec un orifice dans la bouche comme pour les gargouilles.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S4. Dragon tenant la tige de feuilles et de grappes.

Comme en N3, où des renardeaux couraient à travers les spires, c'est un pampre de vignes à vrilles, feuilles et grappes, et c'est un dragon, vu d'avion, et reconnaissable de manière infaillible grâce à son échine épineuse.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S3. Ivrognerie à sept buveurs.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sept hommes de cette confrérie des joyeux buveurs portent la même tenue, une tunique à cagoule très ajustée descendant à mi cuisses, des chausses, et des bottines. Ils sont si semblables qu'on pourrait penser à sept temps successifs de l'histoire du même héros, mais non. Le comique vient du fait que chacun est courbé comme  dans un tunnel, dans une étroite promiscuité.

Le premier des sept est assis et boit, avec un gobelet énorme, le contenu d'une bouteille. Ou plutôt d'un tonnelet à bec verseur central et aux flancs cerclés. Il appuie son genou sur la fesse du suivant.

 

 

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le deuxième et le troisième sont tournés l'un vers l'autre. Le premier enserre fermement le goulot d' une bouteille aux flancs bombés, aux faces plates et dotée d'un large pied. La main droite posée sur son crâne tant il a mal aux cheveux, il supplie (c'est mon interprétation) le tavernier de  remplir sa sacrée bouteille, mais celui-ci, un bras sur le tonneau dont il a la garde, n'en manifeste pas l'intention. 

Ce face à face en chien de faïence de part et d'autre d'un flacon ne manque pas d'humour.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Pendant que le tenancier est occupé par le client précédent, un autre s'approche subrepticement du fameux tonneau et remplit son pichet (en terre vernissé ou en étain) au robinet de soutirage placé de son coté.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'image suivante nous apprend que ce pilier de taverne est poussé par la main bien placé d'un collègue qui s'apprête à lui tendre une bouteille. L'artiste a pris plaisir à faire épouser la courbe des fesses du premier avec celle du ventre ballonné du second, et à souligner la tension qui s'exerce sur les boutons de la robe sous l'effet de cette pléthore à la Falstaff.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Hélas, dans cette suite de duos conflictuels, le quidam ne parvient pas à se saisir du flacon, à laquelle se cramponne avec l'énergie du désespoir assoiffé un avant-dernier convive : front contre front, trogne contre trogne, le regard chaviré, ils forment un couple truculent qui semble venir du Repas de Noces de Pieter Brueghel pourtant peint 50 ans plus tard, ou des danseurs d'une Kermesse flamande.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Enfin la série des sept buveurs se termine, toujours dans l'alternance tête à tête et cul à cul, par Dormeur, qui rêve de barriques en étreignant sa cruche. C'est très émouvant.

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Les sablières  (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S2. Une chasse au lièvre.

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Les sablières  (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières  (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).

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Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
Les sablières de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).

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S1. Frise de feuillage issue de la gueule d'un dragon et s'achevant vers une femme allongée.

Nous retrouvons ici les feuilles allongées et râpeuses, sortes de croisement de lambeaux de peau de saurien et de frondes de Fucus spiralis, dont les bordures détachent des replis spiralés. Du monstre qui les produit, nous ne voyons que la tête  au chanfrein verruqueux et aux oreilles en feuille de muguet (Convallaria majalis).

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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En suivant les circonvolutions de la longue lanière, nous parvenons à la figure inattendue d'une femme en coiffe , couchée sur le coté, jambes croisées avec une désinvolture frisant le sans-gêne, et qui nous désigne de l'index son sein droit après s'être dépoitraillée. Que vient faire ici cette lascive femme de mauvaise vie  et son geste d'invite, si ce n'est de clore la longue galerie des Vices et des Débauches, mise en parallèle avec le tableau de notre transformation en un sac d'os, dévoré par les Puissances chtoniennes ?

Rien n'incite à y voir la Grande Prostituée de l'Apocalypse 17, et les références bibliques sont absentes ici.

 

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Blochet sud-est : un ange.

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Pour boucler la boucle de notre circumduction le nez en l'air, le point final sera, avec une photo plus médiocre encore que les autres, le blochet sud-est .

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Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un prochain article examinera les sablières du bas-coté sud (il n'y en n'a qu'un, on ne peut pas se tromper).

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SOURCES ET LIENS.

BARTHELEMY (Anatole de) et GUIMART (Charles), 1849, Notice sur quelques Monuments du département des Côtes-du-Nord Bulletin monumental / publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques ; et dirigé par M. de Caumont, Société française d'archéologie pages 5-54.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310344/f42.item.texteImage

 

Notre-Dame-de-Grâce. Non loin de Guingamp, est  l'église Notre-Dame-de-Grâce qui contient des reliques de  saint Charles de Blois. C'est un édifice qui fut commencé en  1506 ainsi qu'il résulte de deux inscriptions gravées l'une  sur une charmante frise en bois qui court tout le long de la  nef principale et du collatéral de droite l'autre sur le pilier à gauche du portail, extérieurement. L'inscription de la frise et du pilier portent le doziesme jour de mars /CK de grace mil cinq centz et seix fut la première pierre de ceste chappelle assys. A côté on lit Le r". et ~fZ fut le lines ? de ceste chappelle assis ou quel  estoit maigre Jehan le D. nece recteur de la paroisse de  Plouisy, et gouverneurs de Jehan Telles. 

La frise en question admirablement travaillée représente des chasses au cerf et au lièvre des vignes, des vendangeurs, des dragons, des dessins un peu lestes, des diables un lion combattant une licorne etc. 

—  BAKHTINE M., L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sons la Renaissance, Paris. 1970. 

DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .

DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages.

— MATTE (Jean-Luc), Iconographie de la cornemuse.

http://jeanluc.matte.free.fr/invg.htm

"Cornemuseux en buste à l’extrémité d’une section de sablière, à sa gauche un buveur puis un fou reconnaissable à son bonnet et à sa marotte

Début XVIème

1 bourdon d’épaule à moulure presque médiane et pavillon mouluré, chalumeau conique

Cité par Edmond Rebillé dans le n°89 de la revue "Musique bretonne"
S. Duhem, op.cit. (dessin p.357 et photo.N.B. p. 228)
Cat. expo. Dastum, "Instruments du diable, musique des anges" op. cit. (photo.)"

ROPARTZ (Sigismond), 1851, Guingamp et le pélerinage de Notre Dame de Bon-Secours, Périssé, 1851 - 408 pages page 95

https://books.google.fr/books?id=yo3IIXTsyPIC&dq=gr%C3%A2ces+guingamp+rabelaisien&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

Les bornes de cet ouvrage ne me permettent pas d'entrer dans l'étude détaillée de cette admirable chapelle, monument complet, sorti tout entier de la pensée du même artiste, dernière fleur du style ogival éclose sur le sol breton.

Ce qu'il y a de très-remarquable, c'est que les sculptures de Grâces ne sont autre chose qu'un long poème où sont stigmatisés tous les vices, sous la figure de Franciscains paresseux, avares et gourmands. Etait-ce une leçon de morale, était-ce une sanglante satire ? Quoi qu'il en soit, ces sculptures sont magnifiques de verve grotesque, et, pierres ou bois, dénotent certainement un très-habile ciseau et une luxuriante imagination. Voyez cette gargouille, c'est un gros Cordelier qui presse de ses deux mains son ventre trop plein, et dont la bouche grimace pour vomir ; étudiez l'une après l'autre les scènes rabelaisiennes, ciselées comme dessinait Callot, le long de la corniche du lambris : ici, c'est un moine ivre qui roule sous une tonne immense et se noie dans une mer de vin ; là, c'est un moine encore dont la sordide avarice se livre à un métier que ma plume ne peut décrire ; ailleurs, un diablotin lubrique brouette en enfer une charretée de nones ; tout cela est encadré dans un merveilleux fouillis de feuillage et d'arabesques, qu'animent des chasses fantastiques et que peuplent tout un monde d'animaux bizarres. La conclusion de ce poème étrange, c'est un bas-relief isolé où deux anges en pleurs montrent au peuple la sainte face du Christ, sanglante, meurtrie et couronnée d'épines, expiation éternelle de tous les désordres et de tous les scandales dont l'artiste vient de vous offrir la représentation cynique.

La pensée franciscaine, on le voit, remplit chaque détail de cette curieuse chapelle, et pourtant Grâces n'appartint aux Frères-Mineurs que cent ans après sa fondation ; mais on n'a pas oublié qu'un Franciscain, en bâtissant en ce même lieu un oratoire de mottes et de feuillage, avait été la première cause de la dévotion à Notre-Dame, et de la construction du monument.

ROPARTZ (Sigismond), 1859, Guingamp: études pour servir a l'histoire du tiers-état en Bretagne, Prud'homme, Volume 1 page 115

https://books.google.fr/books?id=o-oYAAAAYAAJ&dq=gr%C3%A2ces+guingamp+rabelaisien&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

TOULET (Simonne), 2010, L'église de Grâces et ses sablières, Bulletin des Amis du Patrimoine de Guingamp n°48.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_89/Les_Amis_du_Patrimoine_de_Guingamp_nA_48.pdf

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 22:45

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La chapelle Notre-Dame-du-Tertre renferme deux ensembles de sablières et de blochets et clefs : celles de la nef et celles du porche sud. Comme le visiteur rentre par la porte de la chapelle Sainte-Marguerite, au sud-est, il découvre d'abord la nef, puis pénètre de l'intérieur dans le petit porche sud, fermé de l'extérieur par une grille.

Datation.

Les sablières ont été sommairement décrites en 1936 par Couffon qui datent celles du porche de la seconde moitié, ou de la fin du XVe,.  Sophie Duhem, dans sa thèse, les datent par estimation, de "la fin XVe-début XVIe / 1re moitié XVIe" (Duhem p. 328), sans distinguer les deux ensembles. J.L. Matte date le motif du couple de sonneur, et donc les sablières de la nef, comme n'étant "pas inférieures à la moitié du XVIe" (cf. infra). 

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Couffon, 1936, plan et datation de la chapelle. Source BnF Gallica.

Couffon, 1936, plan et datation de la chapelle. Source BnF Gallica.

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I. LA NEF.

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Charpente sculptée de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le blochet du Bélier.

Il sort de la charpente et s'appuie de ses pattes  sur une pièce de bois comme s'il faisait son petit curieux ; et il a une bonne tête, comme ces animaux des fables à qui il ne manque même pas la parole.

Vous allez rire : je l'ai d'abord confondu avec un bouc, et j'ai dû me livrer à de longues révisions avant de corriger mon erreur. Le bouc est le mâle de la Chèvre et le bélier de mâle non châtré du Mouton. Ce sont ses cornes en spirales et annelées qui m'ont permis d'éviter de me ridiculiser (ce que je suis en train de faire).

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Cliquez sur l'image. Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Cliquez sur l'image. Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le blochet de l'Homme main sur la tête.

Cet homme, en buste et en position horizontale, pose une main sur son crâne (largement dégarni et l'autre sur son ventre. Il ne sembla pas bien vieux, avec une belle paire de moustaches et une barbe bien taillée. Il porte une veste à bouton, une chupenn.  

Sa bouche est entrouverte : lance-t-il un cri après avoir guetté l'arrivée d'un personnage, d'un navire ou d'une proie ? Vient-il d'apercevoir son bélier qui s'était sauvé ? Le cherche-t-il encore ?

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La clef pendante du Visage encagoulé.

J'y vois une femme portant la guimpe, mais arrêtez-moi si je me trompe, je ne suis plus sûr de rien pour reconnaître la femelle ou le mâle de quoi que ce soit.

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La sablière de Renard et de la Poule.

À la différence d'autres corniches, ces charpentes sculptées ne portent que deux motifs, réunis en une (très brève) saynète.

Ici, un Renard se dirige à pas de loup vers une Poule. Je mets des majuscules car il ne s'agit pas d'individus, mais, comme dans les fables, de l'animal représentant son Espèce : un Type, que dis-je, un Archétype.

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Renard ou Goupil, Vulpes vulpes, progresse vers sa proie, la gueule carnassière tendue,    salivant déjà (j'en suis sûr) et se forgeant une félicité qui le ferait pleurer de tendresse, s'il était Loup (mais comment différencier les deux ?).

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Poule.

Elle n'a rien vu, et picore en caquetant. (Faux : j'apprends que les poules ne caquettent que lorsqu'elles pondent). Disons alors  que Poule ici  cagnette, à moins qu'elle ne claquette, ou qu'elle ne glousse.  Elle cloquera quand elle parlera à ses poussins dans l'œuf, et elle cloussera  quand elle couvera les œufs qu'elle a fini par pondre. À moins qu'elle ne  crételât.  Mais d'ici là, elle sera croquée.

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Renard et Poule font le bonheur des paroissiens depuis que les sablières existent. Je les ai vu, entre cent exemples, à la chapelle Saint-Sébastien et à la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Sophie Duhem, qui a recensé 1252 pièces sculptées dans les Côtes d'Armor, y a trouvé 29 renards et  23 "animaux de basse-cour". Elle en a fait un article entier : "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle" (cf. biblio)

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Pièce de bois sculptée suivante : l'Objet mystérieux.

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Peut-être peu inspiré, l'ymagier a représenté ici quatre feuilles placées en croix, et une sorte de pain quadrillé entouré d'une couronne de fleurs.

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux âges de la vie : la Jeune et la Vieille.

 

 

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Vieille.

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 "Marquise, si mon visage, 
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front. 
Le même cours des planètes 
Règle nos jours et nos nuits.
On m'a vu ce que vous êtes
Vous serez ce que je suis.
" Pierre Corneille, Stances à Marquise, 1658.

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Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren.

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La Jeune.

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"Peut-être que je serai vieille
Répond Marquise, cependant
J’ai vingt-six ans mon vieux Corneille
Et je t’emmerde en attendant.
" (Tristan Bernard)

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Hibou.

Faire la différence entre le Hibou et la Chouette, ça, je sais faire.

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Lièvre poète.

Comme il sait s'émerveiller devant Fleurette !

"Ses deux oreilles droites marquent l'heure suprême.

Puis elles se cassent.
" (Jules Renard)

Et si c'était un Lapin ?

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Écureuil qui a le sens de l'Épargne.

Comme il sait ne pas attendre l'hiver pour mettre en lieu sûr ses réserves de glands ! 

"Leste allumeur de l’automne, il passe et repasse sous les feuilles la petite torche de sa queue." (Jules Renard)

Sophie Duhem déjà citée, parmi les 1252 pièces sculptées des Côtes d'Armor, les 1895 pièces du Finistère, les 1593 pièces du Morbihan... et les 103 pièces d'Ille-et-Vilaine (ouh, ouh) ou les 37 pièces de Loire-Atlantique (...)  a recensé 393 animaux sauvages et exotiques. Parmi lesquels 100 chiens, 34 lapins, et UN seul écureuil, celui-ci. 

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Moissonneur.

Retour chez les humains. Notre homme est vêtu d'une tunique aux manches remontées, serrée par une ceinture au dessus de brais sur des jambes  nues. Il se chausse de sabots.Quelque soit le siècle, le Moissonneur penché sur les épis et armés de sa faucille est un Type.  Il rythme les douze travaux du mois, comme ici pour le mois de Juillet par Maître Honoré (1250). Il fait chaud, et soif.

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Martyrologue-orbitaire de Saint-Germain les Prés, folio 59v : Source BnF gallica.

 

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les sonneurs.

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Jean-Luc Matte en donne la description suivante :

http://jeanluc.matte.free.fr/invcbis.htm#chatelaudren

"Sc/bois : sablière, joueur de cornemuse face à un joueur de hautbois, tous deux jambes repliées et croisées. Sous le hautbois on aperçoit une forme ronde qui pourrait être un sac mais le musicien embouche directement celui-ci et la cornemuse en face est suffisamment bien représentée pour que l'on ne puisse penser qu'il s'agit d'une cornemuse et non d'un hautbois. Le joueur de cornemuse est visiblement inspiré des tableaux de Brueghel, ce qui explique les deux bourdons (sur souche commune), peu communs en Bretagne à cette époque.

Fin XVème début XVIème estimé par S. Duhem mais si l'on prend en compte l'inspiration brueghelienne (1520/25-1569), ne peut être inférieur à la mi-XVIème

Deux bourdons d'épaule (presque verticaux), accolés, de même forme et même longueur, quasi cylindriques à légers pavillons, montés sur souche commune. Hautbois de forme et taille assez similaire à celle des bourdons."

 

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Pieter Brueghel l'Ancien, La Danse des paysans (détail), 1568. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Danse_des_paysans

Pieter Brueghel l'Ancien, La Danse des paysans (détail), 1568. https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Danse_des_paysans

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La Chauve-souris.

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Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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II. LE PORCHE SUD.

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Vous venez que quitter la nef, et vous pénétrez dans un espace riquiqui, blafard et lunaire, sentant l'ail, où, comme dans une fumerie d'opium d'un album de Tintin, un magot chinois vous regarde de ses yeux rouges. Kezce cek cebinz ? Aïe-aïe-aïe ! Quelle congaï de Shangaï s'accroche à votre chandail ? Bye-bye ! Pas envie de servir de cobaye au recteur et à ses ouailles.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le lotus Bleu page 103 D3 https://fr.tintin.com/news/index/rub/100/id/3853/0/l-annee-du-dragon

Le lotus Bleu page 103 D3 https://fr.tintin.com/news/index/rub/100/id/3853/0/l-annee-du-dragon

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La berlue ! Deux oniriques dragons volent  et se disputent un petit pain, après avoir renversé le sac de farine du meunier !

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Une monstruosité qui a volé le collier de perle de la Castafiore veille sur ces bestioles avec un sourire aussi débonnaire que sardonique. Qu'est-ce qui se mijote ici ? Quelle est cette Chose ?

Parfois, comme quelqu’un qui cherche, elle touchait
Le mur prodigieux de la cave du monde.
Elle serpentait, lente et souple comme une onde,
Dans l’abîme où l’esprit lit ce mot triste : Absent.
Souvent elle laissait derrière elle en passant
Le bleuissement pâle et fugitif du soufre.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

À droite du mandarin, dans cet espace restreint, un mâtin colle son tarin à l'arrière-train d'un cerf plein d'entrain. Quel tintouin. Le daguet est dans un sale pétrin.

 

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Faites cesser  cette chasse à cour ! Chercher la sortie de secours ! Arrêtez le  compte-à-rebours !   Une pluie de sang tombe du lambris et va tacher mon pantacourt.

Une forme, parfois soudain évanouie,
Puis renaissant, flottant au loin, puis s’abîmant,
Sorte de voile ayant un vague mouvement,
Glissait sous ce plafond qu’on prendrait pour un rêve.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Faire demi-tour ! C'est pire ! clairez, il fait noir comme dans un four.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un dragon ! Un lion ! Tous les deux armés d'un rouleau à pâtisserie qui montrent bien leurs intentions : semer la désolation sans discrimination.

Lui, l’immense oeil de tigre ouvert sur l’infini....

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Et voila le pompon ! La Mesnie Hellequin ! Ce veneur du diable aux yeux hallucinés  danse une gavotte du plus mauvais effet et son bâton ne me dit rien qui vaille. Kaï kaï kaï ! Quelle racaille ! Il faut que je m'en aille.

Le démon fulgurant, dans cette transparence,
Horrible, se tordait comme un éclair noyé.
Puis la nuit revenait, glacée et sans pitié;
La vaste cécité refluait sous la voûte
De l’éternel silence et l’engloutissait toute;
Et l’enfer, un instant montré, se refermant,
Lugubre, s’emplissait d’évanouissement.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vais-je sortir de ce Train-fantôme ? Non. Deux bêtes féroces viennent de me bousculer dans un hurlement d'enfer, un chien et un sanglier tout aussi  animatroniques que terrifiques. 

 

 

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Et ça recommence. Une licorne embroche un lion, à moins que ce brutal animal ne se soit saisi de l'appendice monumental. 

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Mais qui je vois ? Monsieur Bélier, qui a quitté la nef pour rentrer sans alibi dans ce cagibi. Il me regarde comme un zombie. Je suis cuit.

La rondeur de sa rouge et fatale prunelle
Semblait, dans la terreur de ces lieux inouïs,
Une goutte de flamme au fond du puits des nuits.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Z'avez rien vu ! C'était de la gnognotte. Du pipi de chat. Roupie de sansonnet et fantasmagorie Walt-Dysney. 

Oyez et voyez !

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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—Naïf : Qu'est-ce-que c'est ? Un cul-de-lampe ?

—Instruit : C'est la redevance du pet ? Un pétangueule ?

— Observateur : Belzébuth ? Et il nous chie dessus ?

 

—Non madame. C'est bien pire.

C'est l'infernale Lilith et sa vulve maudite.

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Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Charpente sculptée du porche de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La vaste cécité refluait sous la voûte
De l’éternel silence et l’engloutissait toute;
Et l’enfer, un instant montré, se refermant,
Lugubre, s’emplissait d’évanouissement.

 

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SOURCES ET LIENS.

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SOURCES ET LIENS.

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SITE DE CHÂTELAUDREN

http://www.chatelaudren.fr/fr/information/29512/les-lambris-peints-chapelle-rouge

http://cdn1_3.reseaudescommunes.fr/cities/169/documents/8z79rggvywtfnx1.pdf

— COUFFON (René), 1936 Quelques notes sur les Origines de Châtelaudren et les Peintures de la Chapelle N.-D. du Tertre", Bull, et mém.  de la  Société d'émulation des Côtes-d'Armor   T. 68 p.145-159. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58027444/f181.image

— DUHEM, (Sophie), 1997,  "Les sablières sculptées en Bretagne", Presses universitaires de Rennes,  

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 19, 169 (licorne), 226 et 227 (cornemuse), 238 (moissonneur), 241 (écureuil et lapin).

 — DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle"  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  Volume 105  Numéro 1  pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

— MATTE (Jean-Luc), Iconographie de la cornemuse, en ligne.

http://jeanluc.matte.free.fr/invcbis.htm#chatelaudren

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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