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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 12:32

Un Machaon Papilio machaon prête ses ailes à saint Michel dans une allégorie de la victoire de la mort. La Vanité (vers 1535) de Jan Sanders van Hemessen au Musée de Lille.

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Les représentations scientifiquement exactes (ou du moins conformes à la réalité) des Lépidoptères sont rares dans les Arts et notamment dans la peinture avant que l'entomologie ne se développe comme science propre (Aldrovandi 1602), avec des gravures encore approximatives. J'ai souligné combien le peintre anversois Joris Hoefnagel a été, sur ce plan, un précurseur remarquable du naturalisme scientifique.

Le papillon diurne Papilio machaon est l'une des plus belles espèces de nos régions, et on pouvait penser que sa splendeur lui permettre de se faire remarquer par les peintres et enlumineurs bien avant les autres. C'est un autre membre de la famille des Papillionidés, le Flambé ou Iphiclides podalirius , tout aussi pittoresque, qui lui vole la première place, sur un petit tableau conservé au Louvre, le "Portrait de Marguerite de Gonzague" par Pizanello en 1440. Puis sur la Vierge à l'Enfant (Vergine col bambino) de Francesco di Gentile da Fabriano (op. Ca. 1475-1515), sd, au Musée du Vatican. Dans les deux cas, le papillon était porteur d'une valeur positive, et symbolisait peu ou prou la spiritualité, ou l'âme.

Dans mes recherches, Papilio machaon n'apparaissait qu'un siècle et demi plus tard, sur les planches VII et XIII du volume Ignis (1575-1582) de Joris Hoefnagel.

C'est dire l'intérêt (pour l'histoire de l'entomologie) avec lequel je découvrais, sur un tableau flamand de 1535, la représentation fidèle des ailes antérieures d'un Machaon. Intérêt doublé par le sujet du tableau, une Vanité présentée par l'archange saint Michel, psychopompe et psychostase. De quoi approfondir l'exploration de la symbolique des papillons.

Résumé :

1. Premier exemple de représentation des ailes d'un Machaon dans l'histoire de l'art.

2. Confirmation du symbolisme funéraire du papillon au XVIe siècle.

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Voir aussi :

1. Le papillon réel :

Papilio machaon, Thomas Bresson in Wikipédia

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2. Le papillon peint par Hoefnagel.

Joris Hoefnagel, Ignis, planche VII (1575-1582)

 

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L'une de mes hypothèses pour comprendre pourquoi nos ancêtres ont  mis tant de temps à peindre ce qu'ils voyaient de si beau, est de penser que, sans-doute, ils ne peignaient pas les papillons réels car ils ne les regardaient pas et ne les voyaient pas. Et que, l'un expliquant l'autre, ils ne les nommaient pas (nous ne disposons d'aucun nom vernaculaire, dans aucune langue, pour le Machaon et pour les autres espèces, avant les balbutiements du XVIIe siècle et la nomenclature en règle du Systema naturae de Linné en 1758). Étrange cécité.

Enfin, pour expliquer ce scotome qui affectait la vision humaine jusqu'au XVIIIe siècle, je me donne l'explication suivante : les papillons étaient associés, pour nos ancêtres, par un lien indéfectible et funèbre, avec la mort.  Ils passaient, dans leur réalité, comme quelque chose d'aussi désagréable et effrayant qu'un feu follet. Ou un fantôme. Une citrouille grimaçante sous le battement de la flamme d'une bougie. Ils n'animaient les folios des parchemins enluminés que par exception, dans les marges, et sous une forme stylisée. Les moralistes faisaient aussi appel à cette silhouette stylisée pour rappeller à leurs contemporains l'approche de leur fin dernière et pour dénoncer l'attirance de ces bestioles vers la flamme des chandelles, où ils se brûlent comme tous les pécheurs à la flamme du désir. Bizarre, pour moi qui voit les joyeux lépidoptères comme des formes sublimées des fleurs : des aspects aériens et  féeriques du vagabondage inspiré.

Le tableau de Hemessen va me permettre d'argumenter, ou de remettre en cause, cette hypothèse.

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3.   La Vanité de Jan Sanders van Hemessen  (Hemiksen, vers 1500 - Anvers (?), vers 1560).

 

C'est une huile sur bois peinte vers 1535-1540, conservée au Musée des beaux-arts de Lille depuis 1994, sous le n°  Inv. P. 2009.

Le Musée de Lille !  Je pense immédiatement aux deux Allégories de la vie brève  (1591) peintes par Hoefnagel, et par l'étude desquelles j'ai débuté cette réflexion. Avec leurs Nymphalidés bien en évidence : la Belle-Dame et la Mégère.

Ici, nous voyons le buste (élargi) d'un homme jeune et imberbe, les yeux bruns, le front bouclé, en léger contrapposto accentué par l'inclinaison de la tête. Les ailes caudées reproduisent exactement le schéma des nervures du Papilio machaon, aussi nommé Grand Porte-queue. Les ocelles bleues des ailes postérieures sont cachées par le manteau rouge (maintenu par un fermail et par une ceinture) du personnage  qu'il faut identifier comme l'archange saint Michel malgré l'absence d'attributs tels que la cuirasse, le glaive ou la balance. (Bien que je réalise tout à coup que cette identification que je tenais pour acquise m'est parfaitement personnelle !) Terminons par la description de la jupe en étoffe soyeuse, quadrillée à motif floral d'or.  

Le paysage de l'arrière-plan apporte peu à la compréhension. On notera tout au plus derrière l'épaule droite des hauteurs boisées, et à droite du tableau un clocher dominant un village, et qu'un connaisseur pourrait peut-être identifier.

L'essentiel du tableau est désigné à notre attention par l'index du saint. ou du personnage ailé. (Notons au passage le traitement maniériste des mains.) Cet index désigne un miroir ovale, ou un bouclier ovale dont le centre est un miroir, et nous pouvons être certain qu'il s'agit d'un miroir puisqu'il reflète l'avant-bras du jeune homme, et une boucle de la bande de papier qui s'y enroule.

a) le cadre du miroir.

En haut, deux femmes tiennent un ruban noué, qui sert d'attache au verre par l'intermédiaire d'une corolle blanche en coquille que j'ai d'abord pris (et ce n'est sans-doute pas un hasard) pour un papillon).

Sur les cotés, un phylactère s'enroule autour d' une cascade de motifs architecturaux grotesques.

On y lit , en débutant en bas à gauche : ECCE . RA / PINÃ . RERVM . / ÕNI~V. Ce qui se lit, si on remplace le tilde ~ par un -N ou un -M, comme Ecce rapinam rerum Omnium.

J'ai cherché en vain si le peintre avait puisé cette phrase dans la Bible, ou dans la littérature religieuse des Pères de l'Église, ou de ses contemporains. Il semble l'avoir composée pour les besoins de son Allégorie. 

Comment la traduire ? Dans le Gaffiot, nous trouvons rapina,ae, f. (rapio) : 1. vol, rapine, pillage. 2. Action d'emporter. " Rapinam est l'accusatif singulier de rapina. 

Je vais être maintenant amené à découvrir que l'adverbe ecce , dont je connais surtout l'expression Ecce Homo, "Voici l'homme", dans la construction grammaticale ecce + nominatif, peut aussi être employé avec la construction ecce = accusatif, soit Ecce hominem.

Cela me vaut la petite école buissonière de la lecture d'un article dans Faventia 28/1-2, 2006 41-52 sur Les emplois de ecce, eccum, eccistum, eccillum chez Plaute par Hélène Perdicoyianni-Paléologou hperpal@hotmail.com.  Ainsi, j'apprends que chez Plaute Ecce  apparaît toujours en tête d’énoncé et qu' il est en grande partie doté de fonction déictique. Il peut désigner un objet sur la scène, ou faire allusion à une personne absente de la situation.  

La recherce des mots Ecce rapinam est infructueuse en dehors de son emploi par le peintre, mais on trouve Ecce rapina  dans l'exposé de la définition du péché de "rapine" par Alexandre de Halès: Secundum est voluntas spoliandi proximum: ecce rapina

En résumé, je peux traduire cette phrase par "Voici le vol (la rapine, le pillage) de toute chose", ou, de façon plus juste à mon sens, "Voici celle qui emporte toute chose" (sous-entendu, la mort, puisque l'index désigne le crâne).  

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b) le miroir.

Il reflète l'intérieur d'une pièce, semblable à ces intérieurs flamands ou hollandais des tableaux de Vermeer, avec leurs fenêtres à petits carreaux losangiques. Ce qui devrait apparaître au premier plan, ce serait donc la tête du peintre, mais, en guise d'autoportrait, ce dernier a peint un crâne (dont la dentition bien entamée est peut-être celle de l'artiste). 

Attendez. Encore un détail. Sur le rebord de la fenêtre qui se reflète dans le miroir, on voit une pile de pièces de monnaie. Vous pigez le message ?

c) le phylactère enroulé sur le bras gauche de l'ange.

Il porte les mots :

INSPICE ROBORIS FORMÆ OPV~QVE FINE~, soit Inspice roboris formae opumque finem,  « Contemple la fin de la Force, de la Beauté, et de la Richesse".

Là encore, la recherche d'une origine de cette sentence dans la littérature reste infructueuse (et je remarque qu'un prédécesseur a signalé dans la Revue du Louvre de 1995 avoir rencontré le même échec). 

Conclusion.

J'identifie ce jeune homme, que ses ailes désignent comme un ange, avec l'archange saint Michel. Il renvoie alors au Livre de Daniel 12 :1-3 : En ce temps-là, se lèvera Michel,  le grand chef qui a pour mission d'aider ton peuple. Ce sera un temps de détresse tel qu'il n'y en a jamais eu depuis que des nations existent jusqu'à ce moment-là. En ce temps-là seront sauvés ceux de ton peuple dont le nom est inscrit dans le livre. 2 Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l'horreur éternelles. 3 Les hommes qui auront eu de la sagesse resplendiront alors comme le firmament, ceux qui auront amené un grand nombre à être justes brilleront comme les étoiles, à toujours et à jamais.

   Comme tel, il n'est pas celui qui terrasse le dragon du Mal, mais le juge du Jugement Dernier chargé de décider du salut des âmes ou de leur damnation éternelle. Le miroir (plus magique que "déformant" ) qui se substitue à son bouclier habituel n'informe pas seulement celui à qui il rend ici visite de la fin dernière de toute chose, qui est la Mort, mais il l'incite à une conversion susceptible de renoncer aux plaisirs temporels afin de se préoccuper de son salut.

C'est cette fonction qui explique que saint Michel soit doté d'ailes de papillon et non, comme d'habitude, d'ailes d'oiseau (d'aigle notamment, ou de paon, ou de Piérides). La symbolique de l'oiseau est liée à son versant céleste,  à la victoire de la Vie sur les forces du Malin, et donc à la fonction combattante de l'archange. Le choix du papillon, associé depuis toujours au destin de l'âme après la mort, et, par ses métamorphoses, aux possibilités de renaissance, est parfaitement judicieux pour cet ange annonciateur des fins dernières. A contrario, la présence d'ailes de lépidoptères dans ce contexte nous montre bien combien, au XVIe siècle, ces insectes portent une symbolique funéraire.  

Le motif grossièrement à damier des ailes peut aussi être lu comme un rappel de l'ambivalence du destin de l'âme après la mort, et de l'affrontement des forces du Bien et du Mal ici-bas, et dans le cœur de l'homme. La queue propre aux Papilionidés a aussi peut-être sa signification, mais faut-il aller jusque là ?

Le point de vue des conservateurs du Musée de Lille est que ce tableau n'est qu'une partie d'un  diptyque, le crâne n'étant "très probablement que le reflet d'un personnage qui occupait un volet droit disparu". Néanmoins, ce tableau me semble cohérent à lui seul si on considère, comme je l'ai fait, que le crâne est celui du peintre qui fait face au miroir, et, à travers lui, celui du spectateur du tableau.

 

 

 

 

 

Image Wikipédia https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/17/Lille_Hemessen_vanitas.JPG

 

 

Photo (C) RMN-Grand Palais / Philipp Bernard

SOURCES ET LIENS.

— Site du Palais des beaux-arts de Lille : http://www.pba-lille.fr/spip.php?article38

— article Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Lille_Hemessen_vanitas.JPG

— article Wikimooks sur la Vanité de Hemessen : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanit%C3%A9_(van_Hemessen) 

 

— Deux articles essentiels du site artifex in opere :

— DONETZKOFF (Alexis), Conservateur du patrimoine au Palais des Beaux-Arts de Lille,   site Musenor Notice sur la Vanitas de Hemessen, 

http://moteur.musenor.com/application/moteur_recherche/consultationOeuvre.aspx?idOeuvre=393824

"Inédite jusqu’à son passage en vente publique, la Vanité de Jan van Hemessen est apparue dès ce moment comme une oeuvre incontestable et importante de ce peintre. Elle est à dater probablement vers 1535-1540. A ce tournant de sa carrière, l'artiste, qui a acquis une connaissance approfondie des peintres d'Italie du Nord, peut-être à l'occasion d'un voyage dans ce pays, achève d'élaborer une manière "romanisante" très personnelle dont cet ange à la stature puissante est un exemple caractéristique. Le triptyque du Jugement Dernier exécuté vers 1537 pour la famille Rockox (Anvers, église Saint-Jacques), avec lequel notre tableau présente plus d’un point commun, amène même à se demander si l’artiste n’a pas vu la fresque de Michel-Ange à la Sixtine en cours d’exécution. L'iconographie, qui est bien celle d'une Vanité, présente cependant des caractères insolites. Le crâne et les inscriptions correspondent bien à l'insistance traditionnelle sur la vanité des plaisirs de l'existence. Les ailes de papillon de l'ange, en revanche, sont sans doute là pour tempérer le pessimisme habituel du genre en rappelant la résurrection de la chair. Surtout, le crâne n'est très probablement que le reflet d'un personnage qui occupait un volet droit disparu, peut-être une figure allégorique des plaisirs de ce monde ou, plus vraisemblablement, le portrait d'un haut personnage qu'un messager céleste vient avertir de l'aboutissement inéluctable de toute destinée humaine. Une telle création, sans équivalent connu, contribue à confirmer la place éminente de Hemessen parmi les peintres flamands du 16e siècle. "

​— BOCQUILLON (Jean-Claude), Les insectes dans la peinture du siècle d'or  hollandais, Insectes n° 127

http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i127bocquillon.pdf 

— http://lecheneparlant.over-blog.com/article-l-ange-aux-ailes-de-papillon-ecce-rapinam-rerum-omnium-la-mort-comme-le-pillage-de-toutes-chos-109530786.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 09:40

Les papillons de l'Égypte ancienne. Une traduction de l'article de Nazari & Evans :

— NAZARI (Vazrick), EVANS (Linda), 2015, -Butterflies of ancient Egypt, Journal of the Lepidopterists’ Society Volume 69(4), 2015, 241 242–26.

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Dans le cadre de mes recherches sur l'histoire des noms des papillons (mes 89 articles de zoonymies des rhopalocères), de leur iconographie (mes articles sur Joris Hoefnagel puis sur Claude Aubriet ), sur leurs collectionneurs et descripteurs (Geoffroy, Engramelle, Godart, Oberthür, ), sur leur signification symbolique et leur présence dans l'art, j'ai accumulé plusieurs centaines d'articles accessibles sur ce blog en utilisant le bouton "recherche". Par exemple :

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I. Zoonymie :

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II. Histoire des Noms de Papillons :

Onomastique des papillons de James Petiver. (1695-1703)

Histoire des noms français de papillon I : Etienne Louis Geoffroy (1762)

Histoire des noms français de papillon II ; Jacques Louis Engramelle. (1779)

Histoire des noms français de papillon III : J.B. Godart. (1821)

Histoire des noms français de papillon IV : Rhopalocères.

Histoire des noms vernaculaires de papillon : en 1912 avec Oberthür.

Noms des Papillons diurnes (rhopalocères) créés par Linné dans le Systema Naturae de 1758.

Les papillons décrits par Aldrovandi en 1602.

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III Les illustrateurs de papillons : Hoefnagel, Aubriet, etc.

Claude Aubriet et les papillons : les Vélins du Roy (Muséum d'Histoire naturelle), 1710-1735.

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III. Les collectionneurs.

Les manuscrits et planches de Christophe-Paul de Robien décrivant vers 1748 sa collection de papillons.

Les planches de l'Archetypa d'Hoefnagel de la collection De Robien, Musée des Beaux-arts de Rennes.

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IV. Les papillons et la symbolique, l'art et la littérature.

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V. Divers

Une panthére inoffensive. Pseudopanthera macularia

Où le damier va à dame Le Damier de la succise

Papillons de fin d'été.

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Si je devais résumer à l'extrême les articles qui précèdent, je donnerais quelques constatations :

1. Les papillons représentés dans l'art (ou représentés tout court) jusqu'au XVIe siècle (au plus tôt) sont des insectes imaginaires, des icônes de papillons correspondant à la façon dont les contemporains se les figurent mentalement, et non comme ils sont réellement. ( Quelques rares espèces sont identifiables, toujours les mêmes, mais sans réelle exactitude entomologique : le Machaon, la Petite Tortue, la Piéride du Chou, et un papillon bleu faisant office d'Azuré de service). Voir par exemple les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1508), où les plantes sont nommées, et fidèlement représentées à coté de papillons décoratifs et fictifs. De même qu'un enfant qui dessine une maison ou un bonhomme ne représente qu'un schéma mental ou un symbole graphique de la maison ou de l'être humain. L'humanité n'est sortie que récemment de cette période infantile de sa relation avec les lépidoptères.

2. Les papillons ne reçoivent pas de nom d'espèce avant le XVIIe siècle, et même pratiquement jusqu'au Systema Naturae de Linné 1758. Nous ne conservons aucun nom populaire (vernaculaire) de nos espèces courantes telles que le Paon du Jour. Tous les noms ont été créés par les naturalistes. Or un animal non dénommé est un animal qui reste derrière un voile, son existence est connue mais il n'est pas intégré au champ de la connaissance : il demeure dans une crypte.

3. Le symbolisme le plus ancien concernant les papillons est celui de l'antiquité grecque puis romaine et il est lié à la mort. Le papillon ne représente pas l'âme ou psyché, comme on le dit trop rapidement, mais l'âme séparé du corps défunt. C'est donc un symbolisme funèbre, ou même effrayant, associé certes à la Renaissance qu'évoquent ses métamorphoses, mais aussi au thème des âmes mortes des revenants.

4. Le second thème symbolique est propre aux phalènes, ou papillons nocturnes, qui, attirés par la lumière d'une bougie, se brûlent les ailes et meurent. La figure du papillon de l'antiquité et de l'époque médiévale est nocturne, maléfique, c'est une mise en garde contre les dangers mortels de la passion, ou du péché. Le papillon est une figure de l'inconstance voire du libertinage menant à l'enfer.

5. Jusqu'au XVII et XVIIIe siècle, c'est la chenille qui, parmi les différents stades (œufs -chenille-chrysalide-imago) fascine les esprits et masquent les autres formes. Danger pour les cultures, elle est menace de famine. Être qui se transforme, elle est diabolique dans l'esprit médiéval qui prône la constance et l'unicité.

Ce n'est que très récemment, au XIXe siècle, que le papillon adulte et diurne deviendra visible, sera nommé, décrit dans sa diversité et dans ses mœurs et qu'il deviendra un symbole poétique de légèreté, d'insouciance positive, de libertinage galant, de gaieté, d'azur et de vagabondage aérien. Ce changement de paradigme doit être souligné car nous n'en sommes pas conscient.

Pour poursuivre cette réflexion, je propose ici ma médiocre traduction d'un article sur les papillons dans l'Égypte ancienne. Les Égyptiens ont-ils dessinés, avant l'ère chrétienne, et donc vus, les papillons mieux que leurs successeurs ? Ont-ils peints fidèlement des espèces authentiques ? Ou bien leurs représentations était-elles stéréotypées, "iconique" ? Les ont-ils associés à un symbolisme, à une valeur spirituelle originale ?

Note préalable : les auteurs ont procédé à une étude "cladistique". Comme me l'apprend Wikipédia,

"La cladistique (du grec ancien κλάδος, klados, signifiant « branche »), est une théorie de classification phylogénétique. Elle classe les êtres vivants selon leurs relations de parenté, dans un cadre évolutionniste. Elle repose sur la construction de groupes monophylétiques dits clades qui incluent un ancêtre commun et l'ensemble de sa descendance. La cladistique cherche à établir les relations de parenté entre les taxons, sur la base d'un partage d'états de caractères considérés pertinents .

Cette théorie a été présentée dans les années 1950 par l'entomologiste allemand Willi Hennig.

Le résultat de la reconstruction phylogénétique est représenté sous forme d'un graphe connexe non cyclique, ou arbre, appelé ici cladogramme. Un tel arbre indique les relations de parenté entre les taxons considérés. Des connaissances morphologiques, moléculaires et comportementales sont utilisées pour les travaux cladistiques, largement assistés par des programmes informatiques."

Comme l'article est disponible en ligne, on s'y reportera pour une meilleure compréhension, pour un examen des figures et des graphes, mais j'ai voulu donner une introduction aux lecteurs qui ne manierait pas facilement l'anglais. Mais comme c'est également mon cas, j'ai commis de nombreuses fautes. Que toute la honte en retombe sur moi, mais surtout pas sur les auteurs !

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VAZRICK NAZARI et LINDA EVANS :   BUTTERFLIES OF ANCIENT EGYPT

3058-C KW Neatby Building, 960 Carling Ave., Ottawa, ON K1A 0C6 Canada;

email: nvazrick@yahoo.com

Ancient Cultures Research Centre, Department of Ancient History, Macquarie University, Sydney NSW 2109 Australia linda.evans@mq.edu.au

 

http://images.peabody.yale.edu/lepsoc/jls/2010s/2015/2015-69-4-241.pdf

 

RÉSUMÉ.
Un examen des papillons représentés dans  les scènes de tombes égyptiennes anciennes et d'autres œuvres datant de la période pré-dynastique (c. 3000 av. J.C) jusqu'à la fin de l'ère pharaonique (c. 100 av. J.C.) révèle un large éventail de changements stylistiques au fil du temps. Une analyse cladistique montre une relative constance du style pendant la période de l'Ancien Empire, la copie des styles anciens au cours de la période du Moyen Empire, et un écart par rapport à la tradition pendant la période du Nouvel Empire. L'utilité d'une approche cladistique est démontrée dans l'attribution des dates et les localisations  des œuvres anciennes  égyptiennes dont les origines sont inconnues. Nous discutons du symbolisme des lépidoptères dans l'Egypte ancienne, et nous étudions comment certaines de ces représentations  peuvent mettre en évidence des changements temporels dans la répartition des espèces depuis les temps pharaoniques.

Mots clés supplémentaires: égyptologie, lépidoptères, iconographies, cladistique, art égyptien

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 Les  Papillons sont représenté dans l'art depuis la période néolithique (c. 5000 av. J.C) (Schimitscheck 1978). Bien que leur présence dans l'antiquité soit également  importante dans l'art minoen et mycénien (Evans 1928, Brentjes 1964, Parent 1987), l'emploi des papillons, aux côtés d'autres insectes, par des artistes égyptiens antiques, comme un élément décoratif standard du décor des tombes  il y a plus de trois millénaires,  leur a donné une importance unique qui est sans précédent dans l'histoire de l'art.

Plusieurs insectes étaient vénérés par les Égyptiens, représentaient des divinités, ou possédaient par ailleurs une profonde signification symbolique (par exemple les scarabées , les criquets, les abeilles, les moustiques, les mantes, les puces, etc.) (Ward 1994). Cependant, le rôle des papillons dans le contexte funéraire égyptien reste, le cas échéant, contesté (Fleuren 2010). La culture de l'Égypte antique, telle qu'elle s'est développée il y a plus de trois mille ans, est couramment divisée en plusieurs grandes périodes: l'ère pré-dynastique (néolithique-3100 avant notre ère), la période thinite (-3100--2686 , Dynasties I-II), la période de l'Ancien Empire (2686- 2181 avant notre ère, Dynasties III-VI), la période du Moyen Empire (2055-1650 avant notre ère, Dynasties XI-XIII), et la période du Nouvel Empire (1550 -1069 avant notre ère, Dynasties XVIII-XX). Celles-ci ont été séparées par des périodes intermédiaires marquées par des troubles. La période tardive (664-332 avant notre ère, Dynasties XXV-XXXI) fut suivie par les conquêtes grecques et romaines et marqua  la fin de l'ère pharaonique (van de Mieroop 2011).

 L'importance de l'au-delà pour les  anciens Égyptiens est bien documentée (Kanawati 2002). Les pauvres étaient enterrés dans de simples fosses, mais l'élite du pays, tels que le roi, les nobles, et de hauts responsables gouvernementaux, investirent dans des tombes élaborées afin d'y passer l'éternité. Malgré le développement de différentes méthodes de construction au fil du temps, chaque tombe (soit une structure indépendante, soit un édifice taillé dans la roche) se composait de trois éléments essentiels: une chapelle d'offrande  ou temple mortuaire,  un serdâb ["tomb shaft"], et une chambre funéraire souterraine (Arnold 2003). Les murs de la chapelle, et parfois ceux de la chambre funéraire, étaient généralement décorés. Au cours de l'Ancien Empire, la décoration étaient basée sur des bas-relief peints dans lesquels l'arrière-plan entourant les figures finement sculptés était  creusé pour créer un effet de relief ; ce relief en creux, dans laquelle des motifs sont ciselés dans la surface du mur, fut aussi utilisé tout au long de l'ère pharaonique. Dans les périodes plus tardives, cependant, les scènes des tombes ont été peintes directement sur les murs enduits de plâtre. Seules six couleurs ont été utilisées couramment: le  rouge, le vert, le bleu, le jaune, le blanc et le noir, chacune avec sa propre signification symbolique. Ces pigments ont été préparés à partir de substances naturelles telles que l'ocre rouge et jaune, la malachite en poudre, le noir de carbone, et le gypse (Robins, 1997).

   La stabilité du mode de vie et de la culture égyptienne a donné lieu à une forme d'art qui se  caractérise par une adhésion très conservatrice à des règles favorisant l'ordre et la créativité de l'expression artistique. Des canons  stricts de représentation déterminaient comment les figures humaines pourraient être représentées : les mensurations, les poses et les couleurs ont tous été dictés par des formules de prescription qui ont été respectées par des générations. Ainsi les  sculpteurs et les peintres  de l'ancienne Égypte ne sont pas des artistes au sens moderne, mais plutôt des ouvriers payés et formés, travaillant anonymement dans le cadre d'une équipe d'artisans qualifiés qui ont été commis par l'élite pour construire et décorer leurs tombes. Ces équipes comprenaient normalement des tailleurs de pierre, des plâtriers, des dessinateurs, des sculpteurs, des menuisiers, des peintres et des scribes. Dans le cas des tombes rupestres, par exemple, les tailleurs de pierre devaient d'abord creuser les chambres de la chapelle et du serdâb [shaft-tomb]. Les Plâtriers recouvraient ensuite les murs irréguliers avec une couche de gypse et de  chaux. Une fois que les murs avaient été lissés et polis, ils étaient confiés  à des dessinateurs qui traçaient les esquisses en rouge. Le maître dessinateur  pouvait alors repasser ces croquis à l'encre noire, pour en valider  l'exactitude. Enfin, les peintres devaient ajouter de la couleur avec des brosses faites d'un rameau ou d'un roseau auxquels étaient liés des poils . Bien que l'imagerie religieuse ait été introduite au cours de la période du Nouvel-Empire, les scènes dites "de vie quotidienne" ont dominé la décoration tout au long de l'ère pharaonique. Ces images, disposées en panneaux horizontaux (ou registres), semblent montrer diverses activités sur les terres des propriétaires de tombes, comme des hommes et de femmes cuisant le pain ou brassant la bière, s'adonnant au  labourage, à la récolte et au battage du  grain,  des bergers au travail dans les pâturages et s' occupant du bétail, des charpentiers, des potiers et des bijoutiers, mais aussi des habitants se livrant à des activités sociales: comme les jeux, la musique et les banquet, ou des porteurs d'offrandes apportant des produits au propriétaire défunt à sa table funéraire. Dans les «scènes de marais", le tombeau-propriétaire de tombe est représenté  en train de se livrer à  chasse à la sauvagine et à la pêche au harpon sur le Nil (Fig. 1).

N.b : l'article reproduit la photographie d'une peinture conservée au British Museum, Nebamun pêchant dans les marais, fragment d'une scène de la chapelle funéraire de Nebamun, vers 1350 av. J.C : 

 

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    Ces images dressent des tableaux fidèles de fourrés denses de papyrus  parmi lesquels de  nombreuses espèces d'oiseaux  nichent tandis que se cachent des petits carnivores, comme les genettes  communes (Genetta genetta) et les mangoustes égyptiennes  (Herpestes ichneumon). Au dessous, dans l' eau,  les poissons nagent, les hippopotames et crocodiles évoluent, tandis qu'au dessus, dans les airs, volent les canards sauvages et les insectes. Les papillons sont fréquemment retrouvés dans de telles scènes, tant au repos et volant  au-dessus que dans les fourrés de papyrus. Le but de ces scènes, qui sont conformes aux thèmes spécifiques répétés  de tombe en tombe,  a été beaucoup débattu. Les images sont considérées par beaucoup comme ayant rempli une fonction magique, pour aider à maintenir l'esprit du défunt   dans l'au-delà (par exemple Smith 1978), mais d'autres théories présentent ces scènes comme des indicateurs de statut social (par exemple Moreno-Garcia 2006) ou ayant une signification mythologique qui a permis au défunt de participer à un drame cosmique plus large (par ex. Altenmüller 1999). Quelle que soit leur fonction, les peintures murales examinées fournissent de précieuses informations sur de nombreux aspects de la vie des anciens Egyptiens, y compris sur  le milieu naturel. Malgré les règles strictes régissant la représentation dans l'Egypte ancienne, la diversité et la variation significative dans le style de l'imagerie des lépidoptères dans le temps est évidente  (Keimer 1934, Verhoeven 1975, Evans 2010, Fleuren 2010). Ici nous essayons de faire la lumière sur le procédé et la direction de cette forme d'art à l'aide d' une analyse cladistique, en utilisant la compilation la plus complète à ce jour des représentations de papillons dans l'art égyptien antique. Nous examinons aussi la possibilité de déduire les dates pour les œuvres d'origine inconnue grâce à cette approche, et d'étudier d'éventuelles périodes dans des époques historiques   de papillons qui ne se produisent plus aujourd'hui en Egypte.

 

. We suggest that some of these may be Neuropterans, namely antlions (Myrmeleontidae) and owlflies (Ascalaphidae) (Fig. 9b–c). These are dragonflylike insects with visible, often long antennae that are also common in marshes and along riverbanks. At least 70 species of antlions and six species of owlflies have been recorded in Egypt (El-Hamouly & Fadl 2011). 

Figure 1, Copyright Nazari & Evans,  Journal of the Lepidopterist's Society 2015 vol. 69 page 244

Figure 1, Copyright Nazari & Evans, Journal of the Lepidopterist's Society 2015 vol. 69 page 244

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 Matériels et méthodes.

Une liste de  tombes de l'Ancien Empire contenant des scènes avec des papillons (Harpur, 1987) a été  utilisée comme point de départ, et les structures de date antérieure ou postérieure comportant des scènes similaires ou récemment découvertes ont été ajoutés après examen des descriptions funéraires publiés . Des œuvres  telles que des amulettes, des pendentifs, des  bijoux, des  statuettes, etc. comportant des papillons ont donc été incluses (figure 2).. La liste finale (tableau 1) contient 82 échantillons provenant d'un total de 194 représentations de papillons provenant de 20 endroits différents à travers le pays (Fig. 3). Il est probable, cependant, que des prospections ultérieures  apporteront des exemples supplémentaires . Des images de haute qualité ou des dessins ont été recherchées pour chaque entrée dans la liste, principalement dans les rapports sur les  tombeau d'excavation et dans les  catalogues de musées, mais aussi dans d'autres publications, livres, sites Web, bases de données en égyptologie, et dans la photographie amateur à l'occasion (par exemple Flickr). Dans de nombreux cas les seules images disponibles sont des dessins au trait originaux réalisés par les égyptologues qui, les premiers, ont documenté les tombes. Nous ne pouvons pas exclure des inexactitudes qui pourraient avoir été introduites dans ces travaux en raison du manque d'attention aux détails entomologiques. Par exemple, les dessins au trait par Mohr (1943) du Mastaba de Hetepherakhti 11 (maintenant à Leiden) ont été jugés très imprécis (Prof. Dr. Maarten Raven, comm. Pers.). Les planches composites des images de papillon obtenues ont été compilées sur Adobe Photoshop CS.5 puis re-dessinés en utilisant l'encre de Chine et un  stylo  Rapidograph avec une épaisseur de 0,25 et  0,5 mm d'épaisseur sur des feuilles de rédaction Mylar (Fig. 4). L'ombrage a été réalisé  en utilisant des feuilles Letraset Letratone en trois intensités différentes  (LT15, ​​LT25 et LT29).

Pour les figures 3 à 10 et les tableaux I et II, se rapporter à la publication originale en ligne.

 

 

 

Figure 2, Copyright Nazari & Evans,  Journal of the Lepidopterist's Society 2015 vol. 69 page 246

Figure 2, Copyright Nazari & Evans, Journal of the Lepidopterist's Society 2015 vol. 69 page 246

 


 Lorsque plus d'un papillon était présent dans une scène funéraire, ou que plusieurs objets du même genre étaient collectés dans un musée, les types les mieux conservés (un total de 82 échantillons) ont été choisis pour l'inclusion dans l'illustration et l'analyse cladistique. Une date a aussi été attribuée  à chaque image.  La datation des tombes égyptiennes repose en grande partie sur les inscriptions, le type d'architecture et des éléments stylistiques dans la décoration. Néanmoins, les dates de nombreuses structures, en particulier pour la période de l'Ancien-Empire, sont très controversées. Pour ce projet, les dates de tombes ont été obtenues à partir des travaux d' Yvonne Harpur (1987, 2006), analysées  minutieusement  et complétées par des réévaluations par les savants ultérieurs (par ex. Swinton 2014 pour les tombes de l'Ancien Empire). La terminologie de datation standard suit aussi Harpur (1987), avec les dynasties correspondantes en chiffres romains, suivies par l'ordre du roi régnant au sein de la dynastie, et si elle est connue, la période approximative (Early, Middle or Late pour le début, le milieu ou la fin) du cours de son règne (par exemple "XVIII.6L" indique les dernières années du règne de la 6ème roi de la XVIIIe dynastie).

 

Pour les  tombes ou des objets où la datation est encore contestée, une période plus large est retenue. Au cours de cette étude, le premier auteur a examiné un bas-relief de papillon dans le Los Angeles County Museum of Arts (LACMA # M.80.199.137) pour lesquels la provenance est inconnue (Fig. 5). L'œuvre fait  partie d'une collection acquise par le musée à un collectionneur privé. Pour conclure à la date approximative ou la localisation, il a été inclus dans notre analyse. Un ensemble de 32 caractères  a été choisi pour l'analyse cladistique, dont 16  binaires et 16 multi-réponses (Annexe 1).

 

L'ensemble de données final comprenait un groupe externe et un groupe interne de 81 taxons. Les caractères ont été marqués à l'aide des états de caractères observés (Annexe 2). Les dates ont été exclues de l'analyse et ensuite tracées sur le cladogramme. Le Data Matrix était  alors soumis à une analyse cladistique utilisant les modules heuristiques (ajouter et réorganiser)  implémentés à Mesquite 2,75 (Maddison Maddison et 2011), avec le NNI re-arrangeur (maxtrees = 500) et sous la Parsimony Criterion  avec l'option sélectionnée “minimize Tree Value Using Character Matrix" . 

[...] Je ne donne pas ici la traduction de la suite de ce paragraphe de Matériel et méthodes correspondant à la page 246.

 

RÉSULTATS.

 

Lieu et fréquence.

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Les premiers exemples sans ambiguïté de papillons apparaissent sur les bijoux datant de la IVe dynastie, à partir du site de Gizeh (fig. 2a), mais la plupart des images restantes examinées dans notre étude ont été situé dans le Vieux-Uni, la nécropole de l'Ancien Empire à Saqqara et dans les cimetières thébains du Nouvel Empire (tableau 1). Les Sites provinciaux contenaient dans l'ensemble moins d'exemples. Les images de papillon étaient trouvée principalement dans les décorations murales peintes ou sculptées  des complexes funéraires royaux de (par ex. Ouserkaf 3 et Niuserre 6) et dans  les tombes privées, et parmi elles le contexte le plus habituel était  les scènes dans ou à proximité des marais. Un petit nombre ont été cependant décrits dans d'autres endroits  (par exemple dans des scènes de chasse d'oiseau (Neferherenptah 21), de capture au filet,  (Ankhmahor : Seshi 41, et dans des scènes de chasse à l'hippopotame (Hemre: Isi 55) . Dans la tombe d' Ankhmahor : Seshi 41, un papillon est perché sur une botte de roseaux parmi un groupe d'hommes tirant la corde d'un filet (Kanawati & Hassan 1997), tandis que dans un autre exemple rare, un des papillons de la tombe de Mehu 46 est chassé par un ibis (Fig. 7). Le nombre de papillons par tombe a beaucoup varié, avec pour la plupart des tombes un ou deux cas, mais certains en affichaient jusqu'à 11 (Hesi 40) ou 13 (Mehu 46). Dans la période du Moyen Empire, les papillons ont commencé à apparaître sur une nouvel élément du mobilier funéraire: les statuettes d'hippopotame 57, qui ont été produites en faïence bleu et décoré avec des motifs de marécages. Les papillons apparurent aussi dans la décoration non funéraire pour la première fois pendant la période du Nouvel Empire, peint sur un plafond dans le Palais d' Amenhotep III 73 à Malkata, ainsi que sur un plancher à Tell-ar-Amarna 74.

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Représentations.

Les papillons étaient généralement représentés dans leur forme la plus conventionnelle et montrant leurs traits les plus caractéristiques. Ils sont donc souvent représenté avec leurs ailes ouvertes, bien que durant la fin de la Ve dynastie ( Ptahhotep II: Thefi 26 et Nebet 28), ils ont également commencé à apparaître dans une pose latéral et avec leurs ailes fermées. Parmi les images examinés, 11 papillons étaient représentés latéralement, et dans quelques cas (par exemple Senbi 61,  I Khnoumhotep II 63 et Ukhhotep 64), ils étaient clairement dessinés ventralement. 

Mis à part une exception (celle de Neferseshemptah / Sekhentiu 15; voir ci-dessous), tous les papillons avant la fin de la Ve dynastie étaient représentés avec  deux ailes seulement, tandis que  par la suite les détails anatomiquement corrects ont été ajoutés pour indiquer quatre ailes, confirmant  l'observation faite plus tôt par Evans ( 2010: 51) et Fleuren (2010: 62-63) remarquant qu' un changement de style a eu lieu pendant le règne du roi Ounas de la Ve dynastie. Dans des périodes postérieures (en particulier durant le Nouvel Empire), les papillons ont de nouveau été souvent représentés avec deux ailes.

 

Identification.

Les espèces  de papillons de la faune actuelle de l'Égypte sont bien étudiés et à ce jour 61 espèces de papillons sont connues pour y figurer (Larsen, 1990, Gilbert & Zalat 2007). La grande majorité des représentations de  lépidoptères examinés dans notre étude, cependant, étaient trop stylisée pour être scientifiquement identifiables. Beaucoup d' images montraient lune morphologie exagérée ou une coloration inhabituelle de l'aile, ce qui suggère que la précision zoologique n'était  pas toujours une préoccupation majeure pour certains artistes. De plus, souvent il ne restait aucune trace de la peinture d'origine, et le simple contour qui demeure  n'a pas toujours pu fournir des indices utiles pour identifier les insectes. Parmi les images étudiées seulement une poignée pourrait être attribuée avec certitude à des  papillons modernes (tableau 1). Celles-ci sont réparties sur les périodes de l'Ancien, du Moyen et du Nouvel Empire et étaient de différents endroits. La plus ancienne représentation identifiable ce trouvés dans la tombe de Nefer/Kahay 7 (figure 1b.). Trois papillons apparaissent dans cette scène de mur, sculpté en bas-relief et peints, dont un seul est bien conservé. Tant sa coloration et la structuration croire que cette dernière est un Petit Monarque, Danaus chrysippus  (Fig. 8a). Cette espèce commune (ou son proche sosie , la femelle d' Hypolimnas misippus) apparaît aussi dans de nombreuses autres tombes  de la période de l'Ancien Empire jusqu'à celle du Nouvel Empire, y compris Ty 17, Merefnebef 36, Nikauisesi 42, Khnoumhotep II 63, Ukhhotep 64, Nebamun 72, et d'autres (Keimer 1934, Larsen 1979, Lopez-Moncet & Aufrère 1999, Fleuren 2010). Certains d'entre eux  (par ex. Merefnebef 36) étaient évidemment tirer de spécimens de la forme f. alcippus, qui affichent des ailes postérieures blanchâtres (Fig. 8b).

 

  Les papillons sur le plafond du Palais du Nouvel Empire d'Amenhotep III 73 semblent appartenir à D. chrysippus f. Dorippus, une forme où manque la zone noire sur le bout des ailes antérieures (Fig. 8c). Les autres possibilités sont  dans ce cas soit  la Vanesse du Chardon Vanessa cardui (Keimer 1934: 210) ainsi que le forme estivale  d'été de Precis octavia Cramer, 1777 (Nymphalidae) (8d.) , bien que ce papillon des savanes ne  se produit seulement aujourd'hui que du sud de la Somalie à l'Afrique du Sud (Larsen 1991). Si la couleur  saumon des deux papillons dans la tombe de Menna 70 reflète leur coloration originale et ne sont pas un produit de leur âge, cela peut suggérer que le modèle ait été Colotis Fausta et non  D. chrysippus  posé par Fleuren (2010), bien que la peinture est par ailleurs très stylisé (Fig. 8e).

Des  papillons  à ailes rondes, de couleur claire avec des points noirs tachetés sur la partie supérieure ou inférieure des ailes sont trouvés dans les tombes de Ibi 48 et Simout 79;  ils peuvent  avoir été inspirés par les papillons bleus appartenant aux Polyommatinae (Lycaenidae). Certains des papillons représentés sur les figurines d'hippopotames 57 pourraient aussi être interprétée comme D. chrysippus; Germond (2008) a suggéré que  Polyommatus icarus puisset être un autre modèle, quoique cette espèce soit très rare  aujourd'hui en Egypte. Il a aussi proposé que les papillons des  tombes du Moyen Empire de Senbi 61 et Ukhhotep 64 sont probablement  D. chrysippus, mais à notre avis ces papillons sont trop stylisés pour que cette identification soit certaine.

Des papillons foncés avec des points blancs apparaissent d'abord dans les peintures des tombes à partir de la XVIIIe dynastie ( Néferhotep 67, Horemheb 68, Nakht 71). Le seul papillon correspondant à ce profil en Egypte aujourd'hui est le mâle du Nymphale du Pourpier Hypolimnas misippus avec des ailes sombres marquées par six taches blanches bien visibles (Fig. 8F-G). Cette morphologie correspond étroitement aux papillons des tombes de  Néferhotep 67 et Nakht 71, où (dans le dernier cas) la femelle imitant un Danaus est aussi représentée (Fig. Ii) .

 

Un papillon sombre dans la tombe d'Horemheb 68 a de nombreux points blancs, et ses ailes pointues suggèrent aussi qu'il a pu être dessiné d'après un  exemplaire de Sylvain azuré Limenitis reducta , un papillon qui est absent d'Égypte, mais se trouve aujourd'hui du sud de l' Europe du Sud au nord d'Israël , en Jordanie, au  Liban, en Syrie et Iran dans la zone méditerranéenne (Higgins & Riley 1970) (fig. 8 h).

 

Dans certains cas, un corps plus épais et la forme triangulaire des ailes fait suggérer que l'image puisse avoir été dessinée à partir d'un papillon de nuit plutôt que d'un papillon diurne (par ex.Hetepet 4; Rudj-Ka 13). Les deux insectes dans le tombeau de Puyemre 66 avec un corps épais  et de grandes taches en œil sur chaque aile (Fig. 1f) ont conduit à  suggérer qu'il s'agisse  d' une vue ventrale stylisée de D. chrysippus (Davies 1922), même si ils ressemblent aussi à   des  Saturniidés  et notamment à l'Eurasien  Aglia tau , la Hachette (Fig. 1f). Le «papillon» de le tombe de Nebwenenef 80 peut avoir été dérivé d'un Alucitidé. L'insecte représenté dans le Tombeau de Hesi 40 avec trois paires d'ailes et de longues antennes ressemble à un papillon de la famille des Pterophoridés (Fig. 9a) (Evans 2010). Les Pterophoridés préfèrent les habitats humides et  sont communs dans les marais. Des  Insectes similaires avec seulement deux paires d'ailes étroites identiques (par ex. Itisen 10, Iasen 23, Lynefret 29, Nakht 71, etc.) ont été considérés  comme des libellules ou des criquets (Kleimer 1932).

Nous suggérons que certains de ceux-ci puissent être des Neuroptères, à savoir des Fourmilions  (Myrmeleontidae) et des Ascalaphes (Ascalaphidae) (fig. 9b-c). Ceux-ci sont des  insectes ressemblant aux libellules, mais avec des antennes bien visibles et souvent longues, qui sont fréquentes dans  les marais et sur les berges des rivières. Au moins 70 espèces de Fourmilions et six espèces d'Ascalaphes ont été enregistrées en Egypte (El-Hamouly & Fadj, 2011).

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Analyse cladistique.

Dans notre arbre inféré (Fig. 10), les images étudiées  des trois principales périodes historiques n'étaient pas monophylétiques. Bien que les papillons de l'Ancien Empire étaient la plupart du temps regroupés, les papillons impairs des tombeaux provinciaux de  Kahep/Theti-iker 51 et Idu: Seneni 53 étaient aberrants. La plupart des papillons du Moyen-Empire  si étroitement regroupés et ont émergé à proximité de, ou dans les exemples de l'Ancien Empire, bien que quelques-uns (en particulier des bijoux et amulettes en faïence) ont divergé. Les papillons peints sur les statuettes d'hippopotame de cette époque étaient également dissemblables et ne se regroupaient pas . une diversité similaire se manifeste chez les papillons du Nouvel-Empire: La majorité des exemples de cette période sont apparus dans deux amas monophylétiques, tandis que quelques-uns du milieu de la XVIIIe dynastie (c.à.d. Amenhotep III,73, Amenhotep IV / Akhenaton 74 et Montuemhat 81) divergeaient du reste. Le relief sans provenance du LACMA (Fig. 5) est apparu comme le plus semblable à un papillon de la tombe de Iynefret 29  de la V dynastie, et la plupart de ceux de Saqqara dans un grand cluster avec plusieurs autres de la fin de la Ve Dynastie / Début de la VIe.

 

DISCUSSION

 

Évolution d'une forme d'art.

 

L' 'art égyptien antique est  conforme à des  principes graphiques très stricts, mais il semble que les papillons étaient dans une certaine mesure exemptés de ces règles comme cela apparaît  par les variations de leur représentation, même dans la même plage temporelle. L'unique  gamme  de manifestations artistiques exprimées par les artistes égyptiens dans la peinture de papillons dans les scènes de tombes s'étend tout au long des périodes Ancien et du Nouvel-Empire (2686- 1069 av. J.C.) : Certains sont abstraits et stylisés, tandis que d'autres montrent une si grande attention au détail qu'ils peut être facilement identifiés aux espèces connues aujourd'hui. 

 Nos résultats montrent que les styles artistiques par lesquels les papillons étaient représentés dans les tombes reflètent  dans une large mesure  la division temporelle dans l'histoire de l'Egypte ancienne.  À quelques exceptions près, les papillons de la période de l'Ancien-Empire étaient regroupés, ce qui reflète la cohérence relative de l'art durant cette période. Alors que les papillons ancien royaume de Gizeh et de Saqqarah étaient relativement semblables dans leur style, ceux des  cimetières provinciaux d'El-Hawaish (Kahep/Theti-iker 51) et El Qasr wa'l-Saiyad (Idu: Seneni 53) étaient radicalement différents, suggérant que leur emplacement, loin de la capitale du pays, peut avoir contribué à un type plus unique de représentation.

Au cours de la période du Moyen-Uni, bien que certaines nouvelles formes uniques étaient apparues,  (par ex. les amulettes de faïence de Lisht  60), les représentations de papillons sont demeurés semblables aux styles de l'Ancien Empire à Saqqara et à Gizeh. Cette constatation concorde bien avec les autres éléments de preuve indiquant que les artistes du Moyen Empire ont copiés activement les images antérieures  afin de rétablir les thèmes décoratifs et les styles traditionnels qui avaient été abandonnés à la suite de l'effondrement de la période de l'Ancien-Empire à la fin de la VIe dynastie (Kanawati 2011). 

 

Au début du Nouvel Empire, il n'est resté que très peu des dessins des périodes anciennes ou du Moyen Empire. Les images de papillon ont prospéré et ont commencé à apparaître en dehors des tombes, dans les palais et les temples. La plupart des papillons de cette période ont été dessinés avec une attention méticuleuse aux détails (par exemple Nebamun 72), bien qu'apparemment sans toujours une préoccupation de réalisme. Cette approche plus libre de la morphologie des  papillons reflète peut-être des changements radicaux dans les arts traditionnels, changements  qui ont eu lieu brièvement au cours du  règne du roi Akhenaton (c. 1352 à 1336 avant JC) pendant la XVIIIe dynastie, au cours de laquelle un style plus naturaliste a été  encouragé. La plus grande diversité dans les formes de papillon dans la période du Nouvel Empire peut donc indiquer un intérêt croissant, et la prise de conscience du monde naturel, tout comme le nombre accru d'espèces identifiables de cette période (tableau 1). 

 

Datation  d'objets inconnus.

L'association étroite entre le bas-relief LACMA (fig. 5) et un papillon de la Ve dynastie du tombeau de Iynefret 29 à Saqqara suggère fortement une datation durant l'Ancien-Empire, ainsi que d'un éventuel lieu d'origine. Également, une faïence polychrome  à décor peint du Museum of Art de Cleveland  76, actuellement daté de 1350-1296 av. J.C.  (XVIIIe Dynastie 10-15) figurait parmi un certain nombre de  papillons du Nouvel-Empire de la XVIIIe dynastie.6-8, de Thèbes, faisant allusion à une localité spécifique et une date un peu plus précoce pour cet objet. La prédominance des papillons à deux ailes avant la fin de la Ve Dynastie, sauf dans une tombe (Neferseshemptah / Sekhentiu 15) suggère que celui-ci a pu être mal daté et appartient peu-être à une période plus tardive. En effet, la date de notre travail de la dynastie V.6- 8E pour la tombe est basée sur la  récente réévaluation de la structure Swinton (2014). Des études antérieures (Moussa & Young 1975; Harpur, 1987, 2006), cependant, ont datée  Neferseshemptah / Sekhentiu de la Ve Dynastie 9, le règne d'Ounas (au cours de laquelle le changement de style proposé s' est produit). Notre analyse cladistique suggère fortement qu' une date ultérieure est préférable et en effet, le papillon dans ce tombeau apparaît le plus semblable à celui de la tombe de Ankhmahor: Seshi 41, récemment re-daté par Swinton (2014) au début de la VIe dynastie. En outre, il semblerait que le papillon à deux ailes de la tombe de Kaemankh 34, qui a souvent été daté au début de la VIe dynastie (par ex. Junker 1940: 4; Smith, 1978: 206, etc.) et sur lequel notre analyse a été  effectuée, date plus vraisemblablement  de la fin de la Ve dynastie  ou plus tôt, en accord avec Kanawati (2001: 15-18) et Woods (2009: 172), qui croient que les  détails architecturaux et artistiques  soutiennent une date dans le règne de Djedkare / Isesi (Ve dynastie .8 ).

 

Biogéographie historique.

Des études antérieures qui ont tenté d'identifier les papillons anciens égyptiens ont essayé de les corroborer avec la faune présente de la région (Keimer 1934 Larsen 1979, Lopez-Moncet & Aufrère 1999 , Fleuren 2010; etc.). Sur les 61 espèces de papillons connu pour être observés en Egypte aujourd'hui, il semble que quelques-uns ont été utilisés comme modèles par les artistes égyptiens antiques. Parmi les papillons identifiables dans les tombes égyptiennes, diverses formes de D. chrysippus et les mâles sombres de H. misippus sont indéniables (tableau 1). En général, D. chrysippus a été le papillon le plus communément représenté tout au long de la période pharaonique (Fleuren 2010).

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[Danaus chryssipus Linnaeus, 1758) : Petit monarque, in Wikipédia]

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[Hypolimnas missipus (Linnaeus, 1764) Nymphale du Pourprier, in Wikipédia]

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Tous les autres identifications doivent cependant être considérés comme douteuses et provisoires.

 

Ici, nous proposons que dans deux cas au moins, tous les deux de la période du Nouvel Empire (XVIIIe dynastie), les papillons illustrés peuvent avoir été calqué sur les espèces qui ne se produisent plus en Egypte: Limenitis reducta [le Sylvain azuré],  (tombe d'Horemheb 68, Cheikh Abd el-Gourna ), et Precis Octavia (palais d'Amenhotep III 73, Malkata).

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[Forme estivale de Precis octavia (Cramer, 1777) in Wikipédia]

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   Alors que ces papillons  sont communs tout au long de leur aire de répartition actuelle en Eurasie (L. reducta) et en Afrique (P. Octavia) (Williams, 1969; Higgins & Riley 1970) et que les plantes hôtes de leur larves  poussent encore en Egypte (L . reducta: Lonicera caprifolium ; P octavia :. Plectranthus spp.)  (Muschler 1912), les deux espèces préfèrent les habitats humides. par conséquent, si nos identifications sont corrects , il suggérerait que le climat durant la période du Nouvel Empire n'était pas aussi chaud et sec qu'on le croit actuellement. Bien que les deux identifications soient spéculatives, il est plausible de penser que les espèces ont pu exister en Egypte dans le passé mais qu'elles ont disparu depuis  de la région, un argument qui peut donc s'appliquer  pour de nombreux autres animaux  représenté dans l'art de l'Egypte ancienne. Par exemple, l'hippopotame (Hippopoatums amphibius) et Addax ou Antilope à nez tacheté  (Addax nasomaculatus) ne sont plus trouvé dans le pays, après avoir succombé à la chasse et à la pression de l'habitat dans les années 1800, tandis que d'autres espèces (par exemple les éléphants d'Afrique (Elephas maximus), le Lycaon  ( Lycaon pictus), etc.) peuvent s'être éteinte  pendant la période pharaonique (Osborn & Osbornová 1998). Il est imprudent d'en déduire néanmoins à une existence ou une  extinction de ces deux espèces car  les  données visuelles égyptiennes  sont fortement entravée par la tradition, si bien que les les animaux   examinés pourraient n' être illustrées que pour des raisons culturelles, indépendamment de leur présence naturelle. 

Les artistes ont fréquemment copiés les motifs de tombes antérieures, et pourrait avoir représenté des  animaux qui ne vivaient plus depuis longtemps dans la région. Il est intéressant de noter, néanmoins les papillons divergents trouvés dans la Tombe de Montouemhat 80  —XXVe dynastie et XXVIe dynastie —   (voir ci-dessus), car cette structure date d'une période où la fois le contenu et le style  des tombes des Ve et VIe dynastie ont été copiés fréquemment. ; En effet, la tombe de Montouemhat est l'un des exemples les plus extrêmes de cette pratique archaïque.

 

Symbolisme.

 

La signification symbolique des papillons dans l' art et dans l'histoire dans les périodes ultérieures est bien documentée (Gagliardi 1976 ;  Nazari 2014). Les meilleurs exemples viennent de l'époque romaine et de l'histoire de Psyché et Cupidon, où la mort et  la renaissance du défunt sont symbolisés par les ailes fragiles d'un papillon en passant par les étapes de la métamorphose ([Blatchford] 1889). Bien que certains insectes, tels que les scarabées avaient clairement des  connotations religieuses ou culturelles  (par exemple Ward 1994), la signification symbolique de papillons pour les anciens Égyptiens est encore à déterminer. Plusieurs auteurs ont fait valoir que, puisque les papillons trouvés dans les tombes égyptiennes faisaient partie des produits funéraires du défunt, ils doivent donc avoir possédé une signification symbolique ou magique lié à l'au-delà (par exemple Lopez-Monet & Aufrère 1999 Germond 2008, Espinel 2,015 ).  La  scène du marais, où les papillons apparaissent le plus souvent, a été diversement interprétée dans sa  signification symbolique, soit comme  le rétablissement de l'ordre et de la défaite du chaos, comme une identification avec le propriétaire de la tombe avec le roi qui pouvait pratiquer les pêche et la chasse aux oiseaux sur les lacs sacrés, soit comme un rituel royal, ou comme une union sexuelle entre le propriétaire de la tombe et sa femme avec des aspects de renaissance (Dodson & Ikram 2008). Bon nombre des éléments de ces scènes dans les marais sont considérés comme ayant des significations symboliques, par exemple, le tilapia du Nil (Tilapia niloticus) est décrit comme un symbole de la sexualité, de la  renaissance et de renouveau, et  la fleur de lotus, habituellement tenu par les personnages qui accompagnent le défunt, est interprétée comme une image de la fertilité (Desroches Noblecourt-1954). De même, les papillons ont été interprétés comme des symboles de transformation et de régénération (Keimer 1934, Servajean 1999 Germond 2008). Lopez-Moncet & Aufrère (1999) ont fait valoir que, parce que le Calotropis [Calotropis procera ou Pommier de Sodome], une plante hôte de D. chrysippus, a été associé à la déesse Hathor et était connu pour avoir des propriétés magiques, le papillon se doit aussi d'avoir eu une grande signification symbolique pour les anciens Egyptiens. Ces spéculations restent cependant controversées en raison du manque de preuves concrètes. Considérant le très grand nombre de  tombes égyptiennes subsistantes , l' iconographie des papillons doit être considéré comme assez rare.

 

 

CONCLUSION

 

Cette étude a démontré l'utilité de l'analyse cladistique dans l'estimation de patterns de datation  pour les objets archéologiques d'origine inconnue lorsqu'ils sont examinés dans le contexte plus large d'objets similaires.  Elle a également montré la façon dont les papillons  figurent dans les matériaux culturels égyptiens antiques tout au long de l'ère pharaonique. Bien que la fonction que ces insectes ont rempli échappe encore à notre compréhension, —  peut-être des symboles de la régénération (Germond, 2008) ou un souhait, par le propriétaire de la tombe, de vaincre la mort (Espinel 2015) —, leur représentation peut fort bien avoir été pensée pour procurer un effet bénéfique d'une certaine sorte. En effet, l'apparition répétée de certaines espèces animales, comme les papillons, au sein de l'environnement de la tombe fait certainement allusion à une justification sous-jacente de leur inclusion (Evans, sous presse).

En fin de compte, cependant, comme les papillons sont intrinsèquement décoratifs, la plus grande de leur contribution à la culture égyptienne aura été liée à leurs couleurs brillantes et à leurs formes gracieuses, qui font d'eux l'un des apports  les plus frappants des œuvres  d'art sur tout support.

 

[remerciements]

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 15:43

Jean Antoine Coquebert de Montbret (1753-1825), illustrateur et  entomologiste.

Le séjour à Paris  de Jean-Chrétien Fabricius, entomologiste.

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Jean-Antoine Coquebert de Montbret (1753, Paris- 6 Avril 1825) est un entomologiste et illustrateur établi à Reims , et qui est peu connu,  car on ne lui doit qu'un seul ouvrage, les  Illustratio iconographica insectorum de 1797  par lequel il rend compte par ses dessins en couleurs des insectes  que l'illustre danois Fabricius, disciple de Linné, avait observés et décrits comme inédits dans les collections de Paris. Ajoutons à cela quelques articles qu'il avait donné pour le Bulletin des Sciences de la Société Polymatique de Paris, dont il était membre depuis mars 1793, et voilà tout.

J'ai placé ici les 30 planches de ses Illustratio, telles qu'elles sont proposées en ligne par Biodiversitaty Library (afin d'en diffuser la réputation), ainsi que les articles du Bulletin des Sciences, et j'ai fait précédé cela d'une synthèse des informations que j'ai pu glâner.

Je donne en outre des informations biographiques et bibliographiques sur Fabricius et sur son séjour à Paris.

Alors qu'un de ses neveux a donné son nom à une superbe fleur à bulbe, la Montbretia, lui-même n'est l'auteur que de trois noms zoologiques, ou zoonymes  : deux ascidies,  Ascidia scutata (Coquebert, 1797) et Ascidia glandiformis, (Coquebert 1797), et une mouche Myennis octopunctata (Coquebert, 1798). En cherchant bien, on trouve aussi une guèpe vespiforme, une Chrisidae Chrysis ardens ou Hedichridium ardens  ( Coquebert 1801).  C'est certes dérisoire, mais je pense que, lorsqu'on aura passé en revue les planches qu'il a peintes, la précision des organes de manducation, mais aussi d'autres détails reproduits avec une précision hallucinante, on s'écriera :

Chapeau, Monsieur Coquebert !  Vous êtes digne de votre prédecesseur Claude Aubriet :

 

Claude Aubriet et les papillons : les Vélins du Roy (Muséum d'Histoire naturelle), 1710-1735. Claude Aubriet, premier illustrateur français de papillons, passionné par leurs métamorphoses : les Vélins du Roy (Muséum d'Histoire naturelle) volume 86, 1710-1735.

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La première chose que l'on constatera, c'est que l'article Wikipédia qui concerne Jean-Antoine Coquebert de Montbret est en anglais, et qu'aucun entomologiste français n'a pris la peine d'écrire une notice biographique dans cette encyclopédie dans notre langue. Nul n'est prophète en son pays.

 

La seconde chose, c'est que cet amateur d'insecte avait un frère, Charles-Etienne, avec lequel on peut parfois le confondre car il est beaucoup plus connu, et qu'il dispose, lui, de sa notice Wikipédia en français. Et d'un livre récent sur sa vie.

 

Commençons donc par les présentations généalogiques.

 

I. GÉNÉALOGIE .

 

La famille Coquebert, originaire de Reims, a pris en s'établissant à Paris puis Amiens le nom de Monbret, un village de Champagne.

1. Antoine Jean Coquebert, chevalier, seigneur de Montbret, est né le 6 mars 1753 à Paris , et décédé le 6 avril 1828 à Amiens, à l’âge de 75 ans. Il était le fils de Jean-Francois Coquebert de Montbret 1713-1789,Correcteur en la chambre des comptes de Paris, et de Geneviève Eugénie Hazon 1729-1787.

Marié en 1788 avec sa cousine Simone-Rose Coquebert, puis le 15juillet 1800 avec la sœur de sa première épouse, Marie Henriette Coquebert de Crouy, (née le 16 novembre1766 - Reims 1766 -Reims 1827) , il eut en 1790 un fils, Auguste Romain, puis en 1801 et 1802 deux filles, Bathilde-Charlotte et Charlotte-Octavie.

Il fut Conseiller-auditeur en la Chambre des comptes (1774), et après la Révolution, Conseiller à la cour impériale puis royale d'Amiens (1811) et Conseiller honoraire en 1818.

Son fils Auguste-Romain, avocat en 1815 et Conseiller-auditeur près la cour royale d'Amiens, s'intéressa à la botanique. A ne pas confondre avec son oncle Antoine-Romain (1767-1829), frère d'Antoine-Jean et de Charles-Etienne.

 

2. Son frère Charles-Étienne Coquebert de Monbret (3 juillet1755, Paris - 9 avril1831, Paris) fut consul de France à Hambourg sous l'Ancien Régime et devint, après la Révolution, professeur de statistique minière à l'École des Mines. Il fut chargé par Napoléon du recensement des langues parlées en France sous le Premier Empire. Ce travail fut publié en 1806 sous le nom d"’essai d’un travail sur la géographie de la langue française ». L'un de ses fils, (Antoine-François) Ernest Coquebert de Montbret , né à Hambourg le 31 janvier 1780, est un botaniste français. Membre de la campagne d'Égypte, Il étudia la flore de l'Égypte à Rosette, au Caire, à Suez et dans la Haute-Égypte. Bibliothécaire de l'Institut du 8 septembre 1800 au 20 février 1801, il meurt à l'age de vingt ans de la peste au Caire le 7 Avril 1801. Le «Montbretia» porte son nom. Un autre fils, Eugène Coquebert de Montbret, sourd, orientaliste, travailla avec son père au ministère de l'intérieur jusqu'à 1810, et y resta ensuite après le départ de son père. Plus tard, il aida son père à classer sa vaste bibliothèque, et fit don en 1847 à la bibliothèque de Rouen d'une vaste collection de documents et de cartes.

La fille de Charles-Étienne,Cécile Coquebert de Montbret , née en 1782, épousa en 1800 Alexandre Brongniart . De cette union naîtront 3 enfants : Mathilde (1797-1848), Hermine (1800-1885) qui épouse le 2 mai 1825 le célèbre chimiste Jean-Baptiste Dumas, et Adolphe Brongniart,le fondateur de la paléontologie végétale.

Un ouvrage d'Isabelle Laboulais-Lesage, "Lectures et pratiques de l’espace, l’itinéraire de Coquebert de Montbret (1755-1831), savant et grand commis d’Etat " , paru en1999, est consacré à Charles-Étienne.

3. Le troisième frère est Antoine-Romain (1767-1829), dit  "le Chevalier de Montbret"

On trouve dans le  Bulletin des Sciences de la Société Philomatique de Paris des articles signés et co-signés par Romain (dès 1791), Charles et Romain, ou Romain et Alexandre Brongniart (1793) ou Vauquelin, Romain et Charles Coquebert et  Alexandre Brongniart,  à coté de ceux plus tardifs d'Antoine (Antoine-Jean), que nous allons détailler.

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 ANTOINE-JEAN COQUEBERT DE MONTBRET ET L'ENTOMOLOGIE.

 

Que sait-on de l'intérêt d'Antoine-Jean pour l'entomologie ? Rien d'autre que ses deux articles dans le Bulletin de la Société Philomathique de Paris, et son ouvrage de 1799. Et la manière dont il a repris les illustrations de son exemplaire du Locupletissimi rerum naturalium thesauri de Seba, un des plus beaux ouvrages d’histoire naturelle de l’époque, pour remédier à son absence de présentation méthodique des espèces en entreprenant un travail colossal de reclassification, découpant minutieusement les figures , les regroupant par thème et les collant en notant à la plume leur l’emplacement exact dans l’œuvre de Seba. Disposant d’un exemplaire en noir blanc, Antoine Jean Coquebert de Montbret entreprend lui-même la mise en couleur des figures et ajoute à la plume toutes les informations dont il dispose permettant d’identifier et de caractériser l’animal ou la plante. Un travail de dingue. Voir : Livia Rapatel Le Cabinet d’Albert Seba interprété par Antoine Jean Coquebert de Montbret, BU de Lyon.

 

 

 

1°) Les articles dans le Bulletin de la Société Philomathique de Paris.

Ils concernent deux Ascidies, et une "mouche à huit points"

 

a) Bulletin des sciences par la Société philomathique de Paris , n°1 Germinal, an 5 de la République (avril 1797) Mémoire sur deux espèces d'ascidies.

 

Mémoire sur deux espèces d'ascidies, par le C.Antoine Coquebert.

Antoine Coquebert a lu un mémoire sur deux espèces d'ascidies, qu'il a observées sur les bords de la Méditerranée , et qu'il regarde comme différentes de toutes celles que les auteurs systématiques ont alléguées. Il nomme la première ASCIDIA SULCATA, cortice obscure luteo tuberculato, aperturis conicis , strialis (1). Son enveloppe est allongée, ridée, inégalement tuberculeuse, d'un jaune brun en dehors, blanchâtre en dedans , longue de six pouces, plus large à sa base qu'à son extrémité. Ses deux ouvertures sont cylindriques et sillonnées ; l'une est placée au sommet, et l'autre sur le côté. Le corps ou le petit sac est ovale et roux. Cette espèce est connue à Toulon , sous le nom de Vichet. Onen mange l'intérieur assaisonné d'un peu de vinaigre ou de jus de citron. Elle est représentée de grandeur naturelle, fig. 1 ; l'enveloppe coupée, fig. 2; le corps à part , fig. 3 ; l'ouverture supérieure , fig 4-

La deuxième espèce est nommée par le C. Coquebert, ASCIDIA GLANDIFORMIS coccinea lœtis , aperturis, plants, dissectis , ciliatis. Son enveloppe est coriace , rouge en dehors et en dedans , lisse et égale. Sa forme est celle d'un gland. Les deux ouvertures sont creusées en entonnoir; leurs bords sont découpés en lanières aiguës, et ciliés par des poils courts. Grand, nat. fig. 1 ; le corps, fig. 2 ; enveloppe coupée, fig. 5 ; bouche , fig. 4- C. V.

Note sur l'anatomie des ascidies.

Le C. Cuvier s'est aussi occupé des ascidies dans son huitième mémoire sur l'anatomie des animaux à sang blanc, ce sont les analogues nuds , des testacées bivalves. Leur enveloppe extérieure , coriace, homogène et sans organisation apparente, remplace la coquille. Le corps est beaucoup plus petit que cette enveloppe à laquelle il n'est attaché que par ses deux ouvertures, dont l'une conduit l'eau entre les branchies jusqu'à la bouche , et l'autre est l'anus. L'estomac et le canal intestinal sont enveloppés dans la masse du foie. Il n'y a point d'organe de mouvement. C. V.

 

Animalbase reconnaît à Coquebert la paternité des noms de ces deux Platelminthes Ascidia sulcata Coquebert, 1797 et Ascidia glandiformis Coquebert, 1797 . Worms réfute le nom d'Ascidia sulcata au profit de celui de Microcosmus vulgaris, Heller 1877, un Tunicier de la famille des Pyuridae, mais A. glandiformis est ignoré.

 

 

 

b) — Bull. Société Polymatique Vendémiaire An 7 (sept. 1798) n° 19 page 331.

 

BULLETIN DES SCIENCES, PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. PARIS. Vendémiaire , an 7 de la République. N°19 . HISTOIRE NATURELLE.

Sur une nouvelle espèce de Mouche , par le C[itoyen]. Ant. Coquebert.

Mouche à huit points. Musca octopunctata.

M. antennis setariis, subpilosa thorace macula dorsali grisea quadrata, punctis octo nigris.

Desc. Parva , grisea nigro maculata, subpilosa. Caput oculis fusco-rubris palpis clavaque antennarum ferrugineis. Thorax antice linea recta utrinque brevi, nigra ; macula grisea quadrata in area nigra , punctis octo nigris in lineas duas transversas , parallelas dispositis. Scutellum nigrum nitidum prominulum rotundalum. Pectus . Alae magnœ hyalinœ fasciis tribus transversis lutescentibus fusco marginatis , puncto marginali apiceque fuscis. Abdomen breve basi, fascia média anoque nigris. Pedes pallide testaceis, femoribus suprà nigris infrà cinereis geniculis pallidis.

Le C. Ant. Coquebert a trouvé cette jolie mouche aux environs de Reims, sur le tronc d'un arbre mort. Elle vit en société. Elle tient étendues ses grandes ailes à bandes roussâtres, et leur donne un mouvement de vibration ; tantôt elle les place à recouvrement l'une sur l'autre , et en cache son abdomen. Elles marchent de côté avec assez de légèreté. Explication de la figure. — a, grandeur naturelle; 4, la mouche grossie; c, antenne séparée.

Cette Musca octopunctata fut jugée semblable avec Scatophaga fasciata de Fabricius 1805 avant que cette Ulidiidée ne fut honorée du nom de Myennis octopunctata (Coquebert, 1798).

On peut l'admirer sur la figure 17 de la planche XXIV.

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2°) L' Illustratio iconographica de 1799-1804.

 

La meilleure introduction à cet ouvrage est la notice qui en présentait la parution du premier volume (première Décade) dans le n° 26 du Bulletin Scientifique de la Société Philomathique de Paris, "Floréal An VII" soit 1799 , page 15, par Alexandre Brongniart. Note reprise dans le Journal général de la littérature de France de 1799 Volume 2 page 153.

Illustratio îconographica Insectorum quee in musœis Parisinis observavit et in lucem edidit J. Ch. Fabricius, pramiissis ejusdem descriptionibus ; accedunt species plurimee vel minus uni: nondum cognitœ, Auctore Ant. J Coquebert,; sociec. Philom. et Hist. JYat. Par. socio. Decas I , Parisiis , an 7. Fuchs.

M. Fabricius a fait connoître dans son Entomologie systématique et son supplément, plusieurs insectes nouveaux qu'il avait vus dans différentes collections de Paris. Mais ses descriptions n'étant pas toujours assez comparatives , sont quelquefois insuffisantes pour déterminer l'espèce qu'il a eu en vue. De bons dessins, faits sur les originaux étiquetés de sa main , lèveront ces difficultés. Ils multiplieront et perpétueront d'ailleurs , en quelque sorte , des objets qui, une fois détruits, peuvent ne plus se retrouver. Il est donc de notre devoir , d'après ces motifs., de rendre hommage au zèle du C. Antoine Coquebert , auteur de l'ouvrage que nous annonçons. Donner en figures coloriées , d'après ses propres dessins , les insectes que M. Fabricius a observés et décrit comme inédits dans les collections de Paris, y joindre les phrases, les descriptions et la synonymes de ce naturaliste , publier d'autres espèces ou nouvelles, ou qui ne sont connues qu'imparfaitement, telle est son entreprise. Il fait paroître aujourd'hui la première Décade de cet ouvrage important, dont il ne tardera pas à donner la suite. Des artistes fameux, le C. Malœuvre , pour la gravure, le C. Didot pour la partie typographique , ont secondé le pinceau d'un homme qui savoir, observer, étudier la nature, avant de chercher à la copier. Ces dix premières planches sont composées d'environ 120 figures, dont un grand nombre présente beaucoup de détails. Il commence par des insectes plus exposés à être détruits, et qui appartiennent à des classes moins abondantes que les autres en dessins. Les Sinistates, les  Piésates, les Ryngotes de M. Fabricius. L'Amérique septentrionale, Cayenne , les Etats Barbaresques, la France méridionale sont les lieux principaux d'où ont été tirées les espèces qu'il a figurées. Des genres nouveaux de M. Fabricius , Delphax , Oryssus . Psocus , etc. se voient ici , avec le détail curieux de leurs organes de la manducation , et dans ces recherches délicates, il a appellé à son secours le C. Latreille. Il lui doit sur-tout la planche consacrée aux insectes du genre Psocus, très-peu connu, et dont les espèces échappent à la vue, par. leur petitesse et leur fugacité. D'autres observations anatomiques, des synonymes nouveaux, des remarques particulières donnent à cet ouvrage un nouveau prix, et nous, sommes convaincus qu'il recevra des naturalistes et des amateurs l'accueil le plus favorable. A.B [Alexandre Brogniart ]

On comprend qu'il faut d'abord s'intéresser au séjour que l'entomologiste danois Johan Christian Fabricius fit à Paris.

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PRÉALABLE : JEAN-CHRÉTIEN FABRICIUS (1745-1808) A PARIS (1768 puis 1790-1807).

 

  Je débuterais par une biographie et une bibliographie générale de Fabricius, empruntée à Walckenaer :

 Charles A. Walckenaer, "Vies de plusieurs personnages célèbres des temps anciens et modernes, Volume 2 pages 148.

https://archive.org/details/viesdeplusieursp02walc

 

Jean- Chrétien Fabricius, le plus célèbre entomologiste du 18e siècle, naquit à Tundern , dans le duché de Sleswick, en 1742. Après avoir terminé ses études à l'âge de vingt ans, il se rendit à Upsal pour y suivre les cours de Linné. On ne peut se dissimuler qu'aucun disciple ne fut plus que Fabricius redevable aux leçons de son maître.

 

 

 

"Tous ses ouvrages sur l'entomologie, qui lui ont valu une réputation justement méritée, nous montrent les préceptes, la méthode, et même les formes de style de Linné appliqués au développement d'une seule idéeneuve, heureuse et féconde. Fabricius était bien loin de déguiser les obligations qu'il avait à son maître : il a décrit avec beaucoup de charmes les moments heureux qu'il avait passés auprès de lui ; et peut-être est-il celui qui nous a transmis sur ce grand homme les détails biographiques les plus intéressants et les plus propres à lefaire bien connaître. Le souvenir qu'il en conservait ne s'affaiblissait point avec l'âge, et nous ne l'avons jamaisentendu prononcer sans attendrissement le nom de son bon Linné. Ce fut en étudiant sous lui, qu'il conçut leprojet de ses travaux sur les insectes et l'idée de son système. Il nous a souvent dit que la première bouched'insecte qu'il disséqua, fut celle d'un hanneton; il la montra à Linné, avec la description qu'il en avait faite,et il lui proposa de faire usage des organes de la bouche pour établir les caractères des insectes dans la nouvelleédition du"Systema naturae, que Linné préparait. Celui- ci encouragea son élève à poursuivre cette marche ; maisil refusa de s'y engager, parce que, disait-il, il était trop âgé pour changer de méthode.

 

"Fabricius, forcé de choisir un état , étudia la médecine , et fut reçu docteur à l'âge de vingt-cinq ans ; mais, bientôt nommé professeur d'histoire naturelle à l'université de KieI, il se livra entièrement à ses études favorites, et fit paraître, en 1775, son système d'entomologie. Cet ouvrage donna une nouvelle face à la science. Swammerdam et Ray avaient classé les insectes d'après leurs métamorphoses; Lister, Linné, Geoffroy, d'après les organes du mouvement; quelques entomologistes, Réaumur, Scopoli, Linné lui-même, s'étaient servi de la considération des organes nutritifs pour caractériser quelques genres; mais avant Fabricius, personne n'avait songé à coordonner ces principes à une classification générale. Cette idée était à la fois philosophique et hardie, et l'auteur l'exécuta avec beaucoup d'habileté. Deux ans après il développa, dans un second ouvrage, les caractères des classes et des genres : dans les prolégomènes de cet ouvrage il montre les avantages de sa méthode,et en excuse les inconvénients. Enfin il publia, en 1778, une Philosophie entomologique, à l'exemple de la Philosophie botanique de Linné.

 

"Depuis cette époque jusqu'à sa mort , ou pendant plus de trente ans, Fabricius s'est occupé sans relâche à étendre son système, et à le reproduire sous diverses formes dans des ouvrages qui portent des titres différents. Possédant à fond plusieurs langues anciennes et modernes, il parcourut, dans ce but, chaque année, les états du nord et du centre de l'Europe , fréquentant les musées d'histoire naturelle, formant des liaisons avec les hommes instruits de tous les pays, et décrivant partout avec une infatigable activité les insectes inédits. Mais à mesure que le nombre des espèces s'accroissait sous sa plume laborieuse, les caractères des genres, et même des classes, devenaient de plus en plus incertains et arbitraires ; et. sous ce point de vue fondamental, ses derniers écrits sont peut-être inférieurs aux premiers. La base qu'il avait prise était excellente; seulement, elle ne devait pas servir à renfermer la science dans les limites étroites d'un système, mais à lui donner pour fondement la méthode naturelle. C'est pour avoir méconnu cette vérité, que Fabricius a trop négligé les autres considérations qui lui auraient fourni des moyens plus exacts de classification. Il ne faut pas cependant dissimuler qu'il a eu le sort de tous les hommes qui ont le bonheur de fournir une longue carrière, après avoir, par leurs travaux, imprimé un grand mouvement à la science qu'ils cultivent : l'âge et la lassitude les empêchent de suivre les progrès dont on leur est redevable, tandis que d'autres, plus jeunes et plus actifs, partant du point où ils se sont arrêtés, marchent en avant et les surpassent. Cependant Fabricius a encore l'avantage d'avoir présenté le catalogue le plus complet d'insectes décrits d'après nature : tant qu'il a vécu, il a tenu le sceptre de la branche importante d'histoire naturelle dont il s'était emparée; et, bien loin d'être jaloux des succès de ceux qui couraient la même carrière , il les a encouragés par ses éloges. Après avoir pris connaissance d'un premier travail que nous avions fait sur les Aranéïdes, il eut, l'année suivante, la complaisance de nous apporter de Kiel toutes les araignées exotiques de sa collection; et lorsque nous lui eûmes communiqué les observations critiques que l'intérêt de la science nous forçait de faire sur ce qu'il avait écrit relativement à cette classe d'insectes, il les approuva , et fut le premier à nous engager à les imprimer. Loué avec franchise, mais critiqué aussi avec sévérité, par M. Latreille, Fabricius se plût à rendre justice aux travaux de l'entomologiste français; il se montra docile à quelques-unes de ses critiques, et resta toujours son ami. N'oublions pas cependant de dire que, par des raisons que nous ignorons, Fabricius s'est écarté de cet esprit de justice qui le caractérisait, en inscrivant dans un de ses derniers ouvrages au nombre des figuristes, le nom d'Olivier, qui , certainement, mérite d'occuper une autre place.

"Fabricius avait des connaissances très étendues en botanique et dans toutes les parties de l'histoire naturelle. Il avait été nommé conseiller-d'état du roi de Danemark, et professeur d'économie rurale et politique; en cette qualité il a publié, dans les langues allemande et danoise, plusieurs ouvrages utiles, quoique moins célèbres que ceux qu'il fit paraître sur l'entomologie. Tous ces travaux littéraires, ses fréquents voyages, les soins qu'il donnait à ses élèves, remplissaient sa vie, qui paraissait devoir être longue ; sa santé était robuste et son tempérament vivace : mais les désastres de sa patrie, qui eurent lieu en 1807, l'affectèrent douloureusement.

"Il était alors en France, pays où il aimait à séjourner, et qui était pour lui une seconde patrie. Nous l'engageâmes à y rester : les papiers publics annonçaient le bombardement de Copenhague par les Anglais, «Mon roi est malheureux , disait-il , et il faut que je retourne auprès de lui. » Il partit, et peu de temps après nous apprîmes que cet homme illustre avait succombé à la mélancolie qui le consumait : il avait alors soixante-cinq ans.

"Fabricius était de petite taille; sa physionomie était vive, gaie, expressive ; elle avait un caractère de bonhommie qui, lorsqu'on le considérait avec attention, contrastait avec la finesse de son regard. L'étendue de ses connaissances, ses liaisons avec les hommes les plus illustres de son siècle, sa modestie, sa douceur et son enjouement, tout contribuait à rendre sa conversation intéressante et instructive. M. Latreille a fait paraître, dans les annales du muséum d'histoire naturelle pour 1808, une notice sur Fabricius ; c'est la seule dont nous ayons eu connaissance. Si nous avions pu nous procurer celles que l'on a dû publier en Allemagne, et l'ouvrage où il a lui-même consigné des détails sur sa propre vie, cet article eût été moins imparfait et plus complet. Il nous reste à faire connaître les nombreux écrits de Fabricius; nous commencerons par ceux qui sont relatifs à l'entomologie :

I. Systema entomologiae, Flensburg, 1775, in- 8.° Ce livre renferme non-seulement l'exposition des caractères essentiels des classes et des genres du nouveau système que l'auteur voulait établir, mais encore toutes les espèces alors connues;

II. Genera insectorum, Chilonii (Kiel), 1 vol. in° sans date et sans nom d'imprimeur ; la préface est datée du 26 décembre 1776. Cette exposition détaillée des classes et des genres est suivie d'une Mantissa ( ou Supplément ) d'espèces nouvellement découvertes qui font suite au Systema;

III. Philosophia entomologica, Hambourg, in-8.°, 1778. C'est encore le meilleur ouvrage de ce genre.

IV . Species insectorum, ibid. , 1781, in-8.°, 2 vol. L'auteur, dans la préface, avoue qu'il n'a pu discerner les caractères génériques de la bouche d'un grand nombre de petites espèces dans les genres des phalènes, des charançons, des carabes, des mouches, des ichneumons, des tenthrèdes, et il invite les entomologistes à s'occuper de monographies sur ces insectes : déjà il voyait qu'il ne pouvait seul achever l'édifice dont il n'avait que posé les bases;

V. Mantissa insectorum, Hafniae( Copenhague ), 1787, in-8. 2 vol. C'est un supplément à l'ouvrage précédent, presqu'aussi volumineux que l'ouvrage même ;

VI. Nova insectorum genera dans les Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Copenhague, tome 1, première partie. L'auteur établit sept genres nouveaux dans ce mémoire;

VII. Entomologia systematica, Copenhague, 1792 à 1796, 7 vol. in-8.°, en y comprenant l' lndex alphabeticus ; mais les six premiers volumes ne forment que quatre tomes, le premier et le dernier étant divisés en deux parties : tous les Species précédents sont refondus dans ce grand ouvrage, où l'auteur a, pour la première fois, introduit les classes des Piezates , des Odonates et des Mitosates, qui, auparavant, étaient réunis dans une seule et même classe, sous le nom de Synistates : de sorte qu'il mettait dans une même division les abeilles et les cloportes , les éphémères et les araignées, les libellules ou demoiselles et les scolopendres ;

VIII. Supplementum entomologia systematicae, Copenhague, 1798, in-8. avec de nouveaux genres et de nouvelles espèces dans toutes les classes. L'auteur a donné, dans cet ouvrage, un travail entièrement neuf sur la classe des agonates ou crustacés, qu'il fit disparaître de son système et qu'il subdivisa en trois, les Polygonates, les Kleistagnates et les Exochnates.

Il faut joindre à ce volume un Index alphabeticus de cinquante-deux pages, qui ne parut qu'un an après, ibid., in-8.° Enfin , Fabricius voulut refondre encore tous les ouvrages précédents en un seul, en publiant successivement un Species pour chaque classe d'insectes en particulier, et il fit paraître:

IX. Systema Eleutheratorum, Kiel, 1801 , 2 vol. in-8°, avec un Index in-4 imprimé à Brunswick;

X. Systema Rhyngotorum Brunswick, 1800, in-8.°, avec un Index in-4. , publié en 1805 ;

XI. Systema Piezatorum , ibid., 1804? m-8.°, et un Index in-4. ;

XII. Systema Antliatorum, ibid. 1805 , in- 8.°, et un Index in-4° La mort surprit Fabricius au moment où il venait de finir le premier volume du Systema Glossatorum, qui n'est connu que par l'extrait qu'en a donné Illiger, et ce volume fut le dernier qu'il écrivit sur les insectes.

XIII.Description de la Tipula sericea, et de sa larve, dans le recueil de la Société des scrutateurs de la nature, de Berlin , tom. V ;

XIV. De Systematibus entomologicis, dans le même recueil, deuxième partie, page 98. Le professeur Giseke a publié , d'après les notes manuscrites de Fabricius et les siennes propres, les leçons de Linné sur l'ordre naturel des plantes, Hambourg, 1792, 1 vol. in-8.°

XV. Considérations sur L'ordre général de la nature, Hambourg, 1781, in-8. °;

XVI. Traité de la Culture des plantes à l'usage des cultivateurs;

XVII. Observations sur l'engourdissement des animaux durant l'Hiver, insérées dans lenouveau Magazine de physique et d'histoire naturelle, ( tom. IX, part. IV, pag. 79-82 );

XVIII. Résultat des leçons sur l'Histoire naturelle, Kiel, 1804, 1 vol. in-8. c ;

XIX. Sur l'accroissement de la population , particulièrement en Danemark. Cet ouvrage occasionna une petite guerre littéraire, et fut critiqué par Geo, Bruyn, Ambrosius et deux anonymes ( Voyez, à ce sujet, la bibliothèque statistique de Meusel) ;

XX. Élémens d'économie politique, à l'usage des étudiants, Flensbourg , 1775, in-8.° L'auteur donna une nouvelle édition de cet ouvrage à Copenhague, 1785, in-8.°;

XXI. Renseignement historiques sur le commerce du Danemark, dans le Journal politique, 1796, tom. 11, pag. 502-516, 583 et 401 ;

XXII. Hvori bestaaer Borgerdyd besvaret (en quoi consiste la vertu civique?), Copenhague, 1786, in-8.°de 16 pages ;

XXIIl. Sur les finances et la dette en Danemark, inséré dans le Magasin de Keltpar Heinze, tome 11, pag. 1-29, 1791;

XXIV. Recueil d'écrits sur l'administration, Kiel, 1786 et 1790, 2 vol. in-8.° Fabricius a reproduit, dans ces deux volumes, tous ses traités détachés publiés séparément sur l'économie politique , et en a ajouté de nouveaux sur la mendicité, la salubrité publique , etc.;

XXV, Sur les Académies, particulièrement en Danemark, Copenhague, 1796, in-8.« C'est dans la préface de cet ouvrage, que Fabricius a donné sa propre biographie. M. Latreille , à la fin de sa notice , semble dire qu'il en avait composé une en danois, plus étendue, qui est restée manuscrite. XXVI.Voyage en Norvège, Hambourg, 1779, in- 8.° Il en a paru une traduction française par MM. Millin et Winckler, 1805,in-8.°;

XXVII. Lettres sur Londres , Leipzig, 1784 , in-8.°;

XXVIII. Lettres au sujet d'un voyage fait en Russie, insérées dans le Porte-feuille historique de 1786, tom. 11 , n.° 11 , et de 1787, tom. 11, n.° 4;

XXIX. Remarques minéralogiques et technologiques dans l'ouvrage de Ferber, intitulé :"Description des fabriques chimiques observées durant un voyage dans diverses provinces d" Angleterre; Halberstad, 179, in- 8.° Les i5 derniers ouvrages sont en allemand, excepté le n.° xxn , qui est en danois.

XXX. Remarques sur le Danemark, écrites en anglais, et publiées par Pinkerton dans sa Géographie moderne, édition de 1807, tom. 1, pag. 553; et tom. 1, édition de 181 1 , pag. 302."

 

Document complémentaire sur Fabricius :

 

On trouve dans Pickard & al. 1858 des biographies de différents entomologistes. La notice sur Fabricius cite abondamment l'autobiographie de ce dernier, écrite en danois et traduite anglais. J'ai tenté de traduire à mon tour le texte anglais :

 

An accentuated list of the British Lepidoptera, with hints on the derivation of the names. Published by the Entomological Societies of Oxford and Cambridge. By Oxford University Entomological Society.Cambridge Entomological Society, Cambridge, Eng.London,J. Van Voorst, 1858, pages 16 à 21

https://archive.org/stream/accentuatedlisto00oxforich#page/n19/mode/2up

Autobiographie de Fabricius, traduite du danois par F.W. Hope et publiée dans Trans. Entom. Soc. Lond.vol. IV(1845).

 — Fabricius, Johann Christian, né en 1745 à Tondern, dans le Schleswig: en 1761, son père a été nommé médecin de l'un des hôpitaux de Copenhague, et par conséquent le jeune Fabricius est devenu un étudiant de l'Université dans la capitale danoise, mais il fut ensuite envoyé, en compagnie de Zoéga, à Upsala.

  «Je repense toujours à cette période avec grand plaisir et de chaleureux sentiments de gratitude envers mon grand maître, Linnaeus, qui était pour nous comme un père .... Linné connaissait dans ses conférences l'art d'encourager les jeunes dans l'étude de la science, et dans ses propos et dansla conversation, il était inépuisable sur toutes sortes d'anecdotes et d'observations. Il nous a rendu visite quotidiennement, tant à la campagne qu'à la ville, et a enrichi nos esprits pendant plusieurs heures d'instruction délicieuse, ce qui était pour lui une récréation, tout en parlant à nous de sa science favorite, la botanique. Il a correctement jeté les bases de nos connaissances, et a imprimé sur nos esprits l'ordre systématique avec laquelle l'étude des sciences devrait être poursuivi, ainsi que la précision de l'expression qui distingue si particulièrement l'école linnéenne; Zoéga (*)se consacra à l'étude des différents types de mousses, à celle des insectes, et Linné se réjouissait toujours quand on lui apportait quelque chose de nouveau, ou quand il pouvait nous communiquer de nouvelles informations sur ces sujets. Sa mémoire sera à jamais vénérée et chérie par moi "

(*)Johan Zoéga (1742 Ravsted, Schleswig-1788 ) était un entomologiste et botaniste danois, ami de Johan Christian Fabricius et un élève de Carl von Linné, qui se spécialisa dans les mousses. Il a écrit la Flora Islandica Soroe, 1772, Kopenhagen et Leipzig 1775. Son cousin était l'archéologue Jörgen Zoéga.

 

En 1765, Fabricius est allé à Leipzig pour entendre les conférences du professeur Schreber sur l'économie; en 1766 à Leyde, et l'année suivante il a voyagé à travers l'Ecosse et l'Angleterre: à Londres, il établit une amitié solide avec Solander :

"Le matin, nous étions tous les jours au British Museum; nous allions déjeunerensemble, et nous passionsnos soirées dans un cercle joyeux d'amis.Je lui suis redevable aussi bien du bénéfice que j'ai retiré de mon séjour en Angleterre que des bons moments que j'y ai connus."

Les bibliothèques et les collections de tous les naturalistes anglais furent ouvertes à Fabricius,qui détermina et décrivit lesinsectes,en classant les espèces des collections. A la fin de1768,

"Enfin, bien malgré moi je quittai Londres pour Paris ; mais j'étais devenu beaucoup trop anglais pour être en mesure d'apprécier la France, et Paris à plus forte mesure. Je fus, cependant, reçu avec beaucoup de gentillesse par Geoffroy mais j'étais encore trop conditionné alors pour ne pas mépriser tout ce qui n' était pas anglais. Mon mécontentement fou augmentait chaque jour; et comme j'avais été habitué dans mon enfance à me livrer à toutes mes fantaisies, je quittai Paris dès décembre, pour partir voyager à Lyon, Nîmes, Montpellier, Marseille, Antibes, en Italie, et continuer ensuite par Nice, Côme, Turin, Milan, Vérone, l'aride Padoue , jusqu'à Venise .... ANîmes je rencontré Séguier, et, plus particulièrement, à Turin, le célèbre naturaliste, Allioni; .... De Venise, je fisun court voyage à Bologne, afin d'examiner la collection d' Aldrovandi. . . . Très tôt au printemps je suis allé à Idria, en partie pour voir les mines de mercure et en partie pour faire connaissance avec Scopoli, qui était à cette époquel'un des premiers entomologistes vivant. De Idria je traversais les montagnes du Tyrol, je visitais Innsbruck, Halle, Swatz, et je traversais Munich, Regensburg, et Stuttgard, Tübingen. . . . De Tübingen je voyageais à travers une partie de la Suisse jusqu'à Strasbourg .... après être resté quelques semaines là-bas, je suis allé à Hambourg, et je revins enfin à Copenhague."

 

Pendant son absence Fabricius avait été nommé professeur d'économie de l'Institut d'histoire naturelle de Charlottenborg, et en hiver, après son retour il a commencé à donner des conférences sur l'économie politique; mais en 1771 l'Institut d'histoire naturelle a été fermé.

 

"De 1772 à1775, je passais les hivers à Copenhague, et les étés à Londres. Mes amis, M. (plus tard "Sir Joseph") Bank et Solander, étaient rentrés de leur voyage autour du monde, et avaient apporté avec eux d'innombrables spécimens d'histoire naturelle et d'insectes. [La Banksian Collection est en possession de la Société Linnéennede Londres, disposés selon les dernières œuvres de Fabricius.] Je vivais désormais très agréablement. Avec Bank, Hunter, et Drury je trouvais beaucoup d'occasion d'occuper mon temps, et je disposais de tout ce qui pouvait m'être utile. Ma situation était non seulement très agréable, mais elle offrait les moyens d'accumuler de nombreuses connaissances. En 1775, à Pâques, au cours de la grande foire de Leipzig, mon «Systema Entomologiae» est paru. L'Entomologie était à cette époque à ses débuts. Nous avions alors seulement le "Systema" de Linné, dont la classification, fondée sur les ailes des insectes, n'était pas la plus naturelle, et dont les espèces avaient été très imparfaitement définies. ... Dans mon "Système » je me suis servi des organes de manducation comme marques de distinction pour mes classes et espèces; et en dépit de tous leurs défauts, qui découlent de la petitesse de ces parties, mes classes étaient beaucoup plus naturelles, mes espèces étaient plus nombreuses et plus correctement définies, et le nombre de genres décrits était considérablement plus grand. Je développais en même temps l'Orismologie, je fixais ses significations avec plus de précision, et j'introduisais le langage concis de l'école Linnéenne dans cette branche de l'histoire naturelle. "

 

En 1775, Fabricius accepta le poste de professeur d'Histoire naturelle, d'Economie et des Finances, à l'Université de Kiel.

 

"Bien que mon séjour se passait agréablement, je vis bientôt que tous les moyens pour la poursuite de ma science favorite n'était pas réunis... J'allais bientôt rétrograder en entomologie si je ne recommençais pas à voyager. En 1776, je publiai le "Genera Insectorum"qui établissait la définition naturelle des espèces ; et en 1778 la "Philosophia Entomologica" dans laquelle je cherchai à déterminer les principes théoriques de l'entomologie avec plus de précision. Durant l'été de 1778, j'accompagnai le professeur Weber lors d'une tournée en Norvège qui a donné lieu à la publication du "Voyage en Norvège" qui est paru en 1779. ... En 1780, je suis allé à nouveau en Angleterre, où les différentes collections s'étaient considérablement enrichies depuis mon dernier séjour. Pendant ce séjour, j'ai écrit, pendant mes heures de loisirs, le petit volume intitulé «'"Ueber die Volksvermehrung, insonderheit in Danemarck"qui est paru en 1781. En 1782 est paru le "Species Insectorum » en deux volumes, comme une continuation du "Systema". En 1784, j'ai traversé avec ma femme et ma fille la plupart des provinces de l'Allemagne jusqu'à Vienne. L'objet principal de cette visite était de rencontrer les auteurs du «Verzeichniss der Schmetterlinge der Wiener Gegend" [ Denis et Schiffermüller] et d'examiner leurs collections, ce qui était pour moi très important. En 1786, je suis allé par bateau à Saint-Petersbourg, en espérant, afin d'y accroître mes connaissances, de pouvoir me rendre dans les collections de nombreux savants qui avaient voyagé à travers les provinces russes; mais j'y trouvais beaucoup moins que je m'y attendais. .... En 1787, je publiai le "Mantissa Insectorum" en deux volumes qui contenait plus particulièrement les corrections et ajouts que j'avais obtenu lors de mes voyages à Vienne et à Saint-Pétersbourg. En été, je suis allé à nouveau avec toute ma famille en Angleterre."

 

En 1790, je me rendis avec ma femme et ma fille à Paris, en partie parce que je savais par des renseignements envoyés par Olivier que les cabinets parisiens contenaient un nombre considérable d'insectes queje ne connaissais pas, et en partie parce que je voulais être pleinement informés sur le nouvel ordre de choses, qui avait été introduit par la Révolution. Je fus reçu avec une attention distinguée et avec amitié . Desfontaines, Jussieu, Bosc, Parmentier, Riche, Sylvestre, Fourcroy, Brongniart, Olivier, Thouin, Billardière, Broussonet, et d'autres, m' ouvrirent toutes leurs collections, et par leur amitié et de gentillesse beaucoup contribuèrent à rendre mon séjour là-bas à la fois agréable et instructive. En outre, j'établis alors des relations étroites avec certains des dirigeants de la Révolution; Souvent, j'assistais aux séances de l'Assemblée Nationale et du club des Jacobins, et je fus le témoin de presque toutes les scènes de la Révolution qui s'y déroulèrent. Dans l'ensemble, mon séjour à Paris s'avérait intéressant pour moi. , , ,

 

De 1792-1794 est parue l'"Entomologia Systematica" en 6 volumes. : c'est une autre disposition, une augmentation et une amélioration de la «Systema Entomologiae". En 1798, je publiai un volume supplémentaire avec des ajouts et des améliorations . "Une partie de chacune de ces années qui ont passé dans un voyage à Paris." . De 1798 à 1804 je suis allé au printemps à Copenhague, spécialement pour décrire les nombreux nouveaux insectes que mes amis particuliers et anciens élèves, Chamberlain, Sehestedt et Lund, avaient recueillis dans leur zèle pour la science. "[Les collections Lund et Sehestedt sont conservés dans le Musée d'Histoire Naturelle à Copenhague, maintenant sous la responsabilité du Dr Schiodte. NDT] "Leur chaleureuse amitié m'a permis de les examiner et de les décrire en toute liberté. C'est la plus riche collection de ce type qu'il m'as été donné de découvrir, et il en découla un nombre extraordinaire de nouveaux genres, ce qui m'a incité finalement à traiter chaque classe dans son ensemble. Ce fut l'origine de mon '""Systema Eleutheratorum"en deux volumes, et donc de ""Syst. Rhyngotorum "et ""Syst. Piezatorum",chacun dans un vol., qui ont été publiés à cette époque.

En été, je suis allé chaque année à Paris, afin que je puisse voir les vastes collections qu'Olivier avait apporté de la Perse et de l'Est, les collections que Baudenavaient ramené des mers du Sud, et celles qui d'autres personnes avaient apporté d'Égypte, et cet été-là j'ai attendu le retour del'excellent Humboldt de l'Amérique du Sud.

En hiver, je restais à Kiel afin de remplir mes fonctions à l'académie, et de donner des conférences. sur l'Histoire naturelle, et sur l'économie ....

Telle a été ma vie, chéri par mes compatriotes, bien que certains de ceux-ci parmi les plus haut placésprirentombrage de mes écrits sur la politique. Apprécié par les savants à l'étranger, j'ai rencontré unaccueil le plus amical partout lors de mes voyages. Un corps sain, un cœur léger et un esprit solide m'épargnèrent de nombreux soucis. Me consacrer en permanence à ma science favorite, qui est elle-même inépuisable, mais que je cultive avec grand plaisir, et non sans succès, a préservé mon ardeur dans la suite, et m'a prodigué la paix et le bonheur sur l'ensemble du cours de ma vie."

 

"L'Autobiographie d'où proviennent ces extraits a été écrite en 1804 ou 1805. Puis, Fabricius a produit plusieurs autres œuvres, et son "Systema Glossatorum"paru dans le magazine d'Illiger en 1807. La classe fabricienne des Glossata est identique à celle des Lepidoptera de Linné, et son nom est dérivé de glossa, en allusion à la longue trompe en spirale des insectes, les organes de la bouche formant, comme cela a déjà été dit, la base de la classification Fabricienne. Swammerdam et Ray avaient classés insectes selon leurs métamorphoses ;Lister, Linné, Geoffroy selon leurs organes du mouvement ; Réaumur, Scopoli, et Linné lui-même a tenu compte des organes nutritifs pour caractériser certains genres, mais Fabricius fut le premier à appliquer ce principe à un classement général de tout l'ordre Insecta.Cet homme estimable et ce grand entomologiste est mort à Copenhague, en 1807, selon la plupart des biographies; mais M. Westwood, dans le «Manuel de Entomologiste donne, sur l'autorité du Dr Fabricius, le fils de l'entomologiste, 1747 comme date de sa naissance, en 1810, comme celle de sa mort. Il a été enterré dans le cimetière de Kiel, mais ses restes ne furent marqués par aucune pierre tombale."

 

c) le séjour à Paris 1790-1807.

 

Comme nous venons de le lire, à partir de 1790, Fabricius séjournatous les étés à Paris et devint ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833) ; il connaît également Georges Cuvier. Pourtant, il ne cite pas ces deux noms dans sa biographie. Étienne-Louis Geoffroy, l'auteur des 2 volumes de l' Histoire abrégée des Insectes parue en 1762, et qui l'avait hébergé en 1768, n'est plus mentionné par la suite, sans-doute en raison des difficultés qu'il connut pendant la Révolution, et de son exil près de Soissons. Mais il cite Fourcroy, qui donna en 1785 l'édition latine de L'Histoire des insectes de Geoffroy.

Fabricius cite les noms de :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume-Antoine_Olivier Guillaume-Antoine Olivier, (1756-1814) est l'auteur de l' Entomologie, ou Histoire naturelle des insectes, dont le 1er volume sur les Coléoptères sort en 1789. En 1792, il réalisa un voyage de six années au Moyen-Orient et visite l'Empire ottoman, la Perse et l'Égypte. Il rassemble une collection considérable et revient en France en 1798.Il est membre de l'Académie des sciences de Paris en 1800 et devient peu après professeur de zoologie à l'École vétérinaire d'Alfort.

Il est l'ami de Johan Christian Fabricius ainsi que le patron et le protecteur de Pierre André Latreille (1762-1833) notamment durant la période tourmentée de laRévolution.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Desfontaines René Desfontaines (1750-1833), botaniste, titulaire de la chaire de botanique au Jardin du Roi en 1786, membre de l'Institut, a constitué une collection d'insectes lors d'un séjour à Alger et à Tunis (la "Barbarie" de 1783 à 1786.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Laurent_de_Jussieu Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836), botaniste, neveu de https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_de_Jussieu Bernard de Jussieu, (1699-1777) botaniste, membre de l'Institut , et de https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_de_Jussieu Joseph de Jussieu (1704-1779), botaniste. Il fut directeur du Muséum d'Histoire naturelle en 1794.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Augustin_Bosc_d%27Antic Louis-Augustin-Guillaume Bosc d'Antic (1759-1828) possédait en son Cabinet parisien une collection entomologique abondamment citée par Olivier.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Parmentier Antoine Parmentier, membre de l'Institut.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Antoine_Gaspard_Riche Claude-Antoine Gaspard Riche, (1762-1797) , naturaliste, fondateur de la Société Philomathique de Paris en 1788, il participa comme Billardière à l'expédition d'Entrecasteaux : "Il joua à bord de l'"Espérance" le rôle que joua La Billardière à bord de la "Recherche", c'est-à-dire se montra un révolutionnaire convaincu et un propagandiste ardent. Il fut donc débarqué par d'Auribeau à Java en février 1794" .

— https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin-Fran%C3%A7ois_Silvestre Augustin-François Sylvestre, (1762-1751), bibliothécaire, fondateur de la Société Philomathique de Paris en 1788, il en sera le secrétaire pendant 14 ans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Fran%C3%A7ois_Fourcroy Antoine-François Fourcroy (1755-1809), chimiste, député de la Convention nationale, membre du Comité de Salut Public en 1794-1795, membre de la Société linnéenne en 1787,

— https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Brongniart Alexandre Brongniart, (1770-1847) minéralogiste et zoologiste,fondateur de la Société Philomathique de Paris en 1788 , membre de l'Institut, il épousa Cécile Coquebert de Montbret, nièce de Jean-Antoine.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Thouin André Thouin, membre de l'Institut : jardinier en chef du Jardin du Roi, puis professeur administrateur en 1792 au Museum d'Histoire Naturelle. En 1789, député suppléant du tiers-état aux États-généraux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Julien_Houtou_de_La_Billardi%C3%A8re   Jacques-Jullien Houtou de la Billardière (1755-1834), botaniste, élève de Joseph Banks, il participa sur la frégate La Recherche à l'expédition d'Entrecasteaux en Océanie sur les traces de La Pérouse (1791-1794) en réunissant de vastes collections.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Marie_Auguste_Broussonet Pierre-Marie-Auguste Broussonet (1761-1807), naturaliste, installé à Londres en 1780 : Aux côtés d’André Thouin, de Louis-Augustin Bosc d’Antic, d' Aubin-Louis Millin de Grandmaison (1759-1818) et de Pierre Willemet (1762-1824), il participe, en1787, à la fondation de la première société linnéenne du monde, la Société linnéenne de Paris.

 

Conclusion : on voit ici se dessiner le réseau de relations scientifiques et humaines indispensable à l'œuvre de taxonomie zoologique entreprise par Fabricius. Son projet lui impose des voyages à travers l'Europe et l'examen de la plupart des grandes collections entomologiques de l'époque, tant autochtones que provenant d'Orient et d'Amérique. Ses interlocuteurs appartiennent aux sociétés savantes (Royal Society, Léopoldina, Académie des sciences fermée en 1793 puis Institut, Société Polymathique de Paris crée en 1788 et Société d'Histoire naturelle de Paris, deux instances dont les réunions sont hebdomadaires, Société royale de médecine), aux structures nationales (Jardin du Roi puis Muséum d'Histoire naturelle), mais le réseau se fonde aussi sur les propriétaires de cabinet de curiosité et de bibliothèques d'histoire naturelle, sur les relations familiales, sur le rôle des femmes curieuses de sciences, et sur le partage des idées politiques, au sein d'une vaste communauté étroitement interconnectée.

 

 Voir : DURIS (Pascal), 1993, https://books.google.fr/books?id=hYBY3Fp6G3EC&dq=thouin+entomologie&hl=fr&source=gbs_navlinks_s Linné et la France, Droz.

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SOURCES ET LIENS.

— LABOULAIS-LESAGE (Isabelle),1999 –Lectures et pratiques de l’espace. L’itinéraire de Coquebert de Montbret, savant et grand commis d’État (1755 1831) Paris, 1999, Honoré Champion, 753 p.

http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2000_num_322_1_2358_t1_0164_0000_1

— BIARD  (Michel)   Isabelle Laboulais-Lesage, Lectures et pratiques de l'espace. L'itinéraire de Coquebert de Montbret, savant et grand commis d'État (1755-1831) [compte rendu]

Annales historiques de la Révolution française  Année 2000  Volume 322  Numéro 1  pp. 164-166

— BIARD (Michel), 2000, « Lectures et pratiques de l’espace. L’itinéraire de Coquebert de Montbret, savant et grand commis d’État (1755 1831) », Annales historiques de la Révolution française [En ligne], 322 | octobre-décembre 2000, mis en ligne le 27 avril 2006, consulté le 01 décembre 2015. URL : http://ahrf.revues.org/1011

 

 

PLANCHES de l'Illustratio iconographica de Jean-ntoine Coquebert de Montbret.

 

Source :

http://www.biodiversitylibrary.org/item/132830#page/60/mode/1up

 

 

Planche II.

 

Planche III.

 

Planche IV.

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Planche XV.

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Planche XVI.

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Planche XVII.

http://www.biodiversitylibrary.org/item/132831#page/67/mode/1up

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Planche XVIII.
 

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Planche XX

 

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Planche XXI

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Planche XXII.

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Planche XXIII.

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Planche XXIV

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Planche XXV.

http://www.biodiversitylibrary.org/item/132832#page/71/mode/1up

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Planche XXIX.

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 12:24

Zoonymie des papillons : la Faune populaire d'Eugène Rolland en 1911.

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Voir :

Zoonymie des Rhopalocères : 89 articles de "zoonymie" (ou "origine des noms ) des papillons diurnes de Bretagne. Voir la liste de ces articles ici :

http://www.lavieb-aile.com/2015/11/zoonymie-origine-du-nom-des-papillons-diurnes-de-bretagne.html​

Entre 1877 et 1911, l'ethnologue français Eugène Rolland (Metz 1846-Paris,1909), auteur de Vocabulaire du patois du pays messin, 1873 et 1876, Devinettes ou énigmes populaires de la France (1877) et Rimes et jeux de l’enfance (1883), publia une Faune populaire de France en treize volumes, suivie d'une Flore populaire de France en onze volumes entre 1896 et 1914. La Flore populaire étudiait l'"histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore", et ce biais d'étude était aussi celui de la Faune : l'adjectif "populaire" indiquait que le regard porté était celui d'un ethnologue soucieux des " noms vulgaires, dictons, proverbes, contes et superstitions", et non celui d'un zoologiste.

C'est dire que la Zoonymie, étude de l'origine et des noms des animaux, faisait partie du point de vue adopté, même si ce nom n'est pas utilisé.

Bien que je me sois donné comme violon d'Ingres depuis 2010 l'étude des noms de papillons, ce n'est que maintenant que je découvre cet ouvrage. Deux tomes sont consacrés aux insectes, le tome III et le tome XIII. Souhaitant partager cette découverte, j'ai rassemblé ici les pages concernant les papillons.

I. ROLLAND Eugène‎ :Faune populaire de France  (noms vulgaires, dictons, proverbes, contes et superstitions), en XIII volumes.‎ Paris, Maisonneuve & Cie, 1877-1911. Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes,, 1881, 365 pages. Disponible en ligne sur Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5758343b 

La partie consacrée aux papillons étudie l'imago, puis la chenille et la chysalide : pages 313-322 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5758343b/f336.item.r=papillon

 

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 313

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 313

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 314

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 314

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 315

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 315

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 316

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 316

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 317

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 317

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 318

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 318

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 319

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 319

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 320

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 320

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 321

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 321

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Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 322.

Eugène‎ Rolland : Faune populaire de France ,Tome III : Les reptiles, les poissons, les mollusques, les crustacées et les insectes, 1881, Gallica page 322.

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II. Eugène ROLLAND, 1911, Faune populaire de la France. Tome XIII,  Les Insectes  (première partie) Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose,  avec la participation de Jules Feller.

Réédition :   Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​pages 186-209. C'est cette édition que j'ai scannée.

 

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 186-187.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 186-187.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 188-189

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 188-189

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 190-191.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 190-191.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 192-193

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 192-193

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 194-195.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 194-195.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 196-197

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 196-197

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 198-199.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 198-199.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 200-201.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 200-201.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 202-203.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 202-203.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 206-207.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 206-207.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 208-2097-208.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 208-2097-208.

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Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 208-209.

Eugène Rolland, Les insectes : noms vulgaires, dictons, proverbes, légendes, contes et superstitions - Paris : Editions G.-P. Maisonneuve et Larose, 1967 ​, page 208-209.

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 23:20

Après mon article sur la présence du papillon dans les livres d'emblème, notamment par l'emblème du Papillon à la Lanterne,  j'étudie cette fois l'alliance inattendue du Papillon avec le Crabe.

En effet, j'ai jusqu'à présent conclu de ces articles que, dans l'Antiquité, au Moyen-Âge, mais encore de la Renaissance au XIXe siècle, le papillon avait mauvaise presse et passait soit pour de la vermine (en raison des dégats causés par les chenilles), soit pour un insecte attriré par la flamme des bougies. Et, puisque ce motif allégorique occultait toute la réalité et la diversité entomologique, le papillon passait pour l'exemple même du passionné inconscient des dangers de l'Amour , ou, sur le plan moral, du pêcheur et du libertin menacé par le feu de l'Enfer.

Or, l'apparition du papillon dans une marque typographique permet de constater, à la Renaissance, un renversement partiel de ces valeurs négatives et néfastes : on y voit un crabe, métaphore de la lenteur, tenir dans ses pinces un papillon, qui devient aisni un symbole de rapidité, "celeritas". Mais quelle est, entre la lenteur et la célérité, la qualité la plus prônée ? Bien que ce soit l'habile alliance des deux qui prenne une valeur emblématique, le papillon passe encore pour le jeune écervelé à qui est nécessaire une bonne dose de sagesse et de pondération. Hâtes-toi, certes, mais lentement. Age quod agis, fais (correctement) ce que tu fais et réfléchis avant d'agir. Un peu comme Le Lièvre et la Tortue d'Ésope et de La Fontaine.  De plus, cette réunion allégorique des deux animaux est inspirée d'une monnaie d'Auguste, mais pour l'empereur romain, c'est une franche mise en garde contre les dangers de la témérité. Le papillon irréfléchi est sévèrement et fermement maintenu par les pinces du crabe judicieux.

Ce motif de la Renaissance ne remet donc pas foncièrement en cause ma thèse : il faudra attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle, et surtout le XIXe siècle, pour que le papillon se dégage de l'assimilation à la chenille, et à la phalène nocturne attirée par la flamme, et s'affirme comme insecte diurne, solaire, aérien, libre, gracieux et splendide.

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On  découvre cette alliance du crabe et du papillon dans la marque typographique  d'imprimeur-libraire de Paul Frellon, établi à Lyon dans le premier quart du XVIIe siècle, qui, au lieu de choisir une marque parlante, opte pour la devise MATVRA et la figure d'un crabe tenant par ses ailes un papillon.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Festina_lente

 

 

 

 

La marque au crabe et  papillon est référencée par la base de typographie de l'Université de Tours  sous le n° Batyr 27776.

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Jean Frellon.

Autre(s) graphie(s) : Frelon ; Freslon ; Frelle. Jean II Frellon ;Joannes Frellonius ;Joannes Frellaeus ; Jean Frellon II (15..-1570) est un Imprimeur-libraire,  fils ou neveu  du libraire parisien Jean I Frellon. De confession calviniste, il fait son apprentissage de libraire à l'étranger, notamment à Bâle où il est commis de Conrad Resch. Il travaille en association avec son frère François Frellon de 1537 à la mort de ce dernier en 1546, sous la raison "Frères Frellon" (ou "Frellonii fratres", "Frelle" ou "Frellae fratres"). En 1542, les deux frères montent leur propre imprimerie. Pour ce, ils font venir de Genève l'imprimeur Michel Du Bois, à qui en 1553 Jean II cédera l'imprimerie et son matériel mais qui continuera de travailler presque exclusivement pour lui jusqu'en 1556-1557. Après la mort de son frère François Frellon, en 1546, il exerce seul, mais s'associe toujours pour bon nombre d'éditions avec Antoine Vincent. Gendre en seconde noces de l'imprimeur Denis de Harsy. Recteur puis trésorier de l'Aumône générale de Lyon en 1557. À la suite de persécutions religieuses, il se réfugie à Montluel (20 fév. 1569) puis à Genève (3 mars 1569), où il meurt en août 1570, après avoir continué à publier à l'adresse de Lyon. Son beau-frère Antoine de Harsy lui succède jusqu'à la majorité de son fils Paul Frellon.

 Les frères utilisèrent la devise Justitia, puis à partir de 1540, après avoir latinisé leurs noms en Frellonii, ils adoptèrent la devise Matura et la marque au crabe et au papillon. 

La devise Matura.

Commençons par étudier la devise MATVRA.

Le Gaffiot donne pour le nom latin Matura : "Nom d'une déesse qui présidait aux fruits", mais on trouve juste après le mot maturate "promptement", dont le sens est bien plus approprié au contexte de la marque au papillon. Dans la Philosophie des images de 1682 par Menestrier, on trouve cité la devise Maturate fugam, "hâtez vous de fuir", qui pourrait faire envisager que ce Matura possède un sens caché lié aux persécutions religieuses.  Mais c'est beaucoup plus simple. Il s'agit de la forme elliptique de la devise Matura celeritas , fréquente à la Renaissance sous cette forme ou sous celle de son équivalent Matura festinatio. MATVRA CELERITAS apparaît sur l'une des gravures de Giulio Bonasone réalisées à Bologne entre 1548 et 1555 pour Les Emblèmes d'Achille Bocchi (suite de 150 pièces) : Societatem Typographiae Bononiensis . On trouve aussi les mots MATVRA CELERITAS gravé sur une médaille d'Altobello Averoldo, gouverneur de Bologne, et datant de 1582

Image BM de Lyon.

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C'est une variation du Festina tarde de l'Hypnerotomachia de Colonna, du Festina lente de l'Adage d'Erasme. Les deux formules signifient "Hâte-toi lentenement".

Je trouve cette formule interprétée (Christian Bouzy) comme "Une discordia concors de la lenteur et de la rapidité pour dire qu'il faut agir vite mais après être donné le temps de la réflexion suivant la topique en action dans d'autres expressions (cf. la devise de Titus de l'ancre et du dauphin avec le mot Festina Lente, ou les faisceaux attachés des licteurs, etc.." 

 

Philippe Renouard attribue la devise Matura à Jean Loys, au dessus de sa marque 686.

LUDWIG (​W.), 2010, "Die emblematische « Festina Lente » variation des Achilles Bocchius",   Journal of Neo-Latin Studies publié par Dirk Sacre & al. Leuwen Humanistica Lovaniensia:University Press, vol. LIX, pages 83-102, 

Synthèse : la devise Matura, devise de l'imprimeur Jean Frellon est l'abrégée de Matura celeritas. Elle  signifie la même chose que Festina lente, adage d'Erasme devenue la marque typographique de l'imprimeur humaniste Aldo Manuce. Ce dernier l'illustrait d'un dauphin (rapidité) autour d'une ancre (stabilité).

 

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2. Le crabe tenant le papillon entre ses pinces.

Je peux me contenter de citer l'article Wikipédia Festina lente : l'essentiel y est dit.

 

"— Auguste et Titus: Selon Suétone [Vie d'Auguste, 25, 5 : Nihil autem minus perfecto duci quam festinationem temeritatemque convenire arbitrabatur. Crebro itaque illa iactabat : σπεῦδε βραδέως ; ἀσφαλὴς γάρ ἐστ᾽ ἀμείνων ἢ θρασὺς στρατηλάτης, et "sat celeriter fieri quidquid fiat satis bene". Aulu-Gelle, Nuits attiques, X, 11, 5, signale aussi qu'Auguste répétait souvent ces mots dans ses lettres et dans sa conversation. ], σπεῦδε βραδέως était un des adages favoris d'Auguste, au point qu'on a souvent considéré que c'était sa devise : « Il pensait que rien ne convenait moins à un chef accompli que la hâte et la témérité. C'est pourquoi, il répétait souvent ces adages : "Hâte-toi lentement", "Mieux vaut un capitaine prudent qu'audacieux", et encore : "On fait assez vite ce qu'on fait bien". »

— Érasme, qui commente cette expression dans ses Adages, suggère que la formule a pu être inspirée à Auguste par une expression qu'on trouve chez Aristophane, mais sans l'oxymore : σπεῦδε ταχέως (« Hâte-toi vite »).

La devise a parfois été attribuée aussi à l'empereur Titus, sans que cela s'appuie sur une source antique. En fait, une monnaie de l'époque de Titus présente le motif de l'ancre et du dauphin, mais c'est seulement au XVe siècle que ce motif apparaît comme une version figurée de la devise.

— L'intérêt pour cet adage se manifeste fortement à la Renaissance, surtout à travers ses différentes traductions figurées. Le Songe de Poliphile, rédigé en 1467 et publié par Alde Manuce en 1499, le mentionne en l'associant au motif de l'ancre et du dauphin ; cette œuvre aura une influence profonde pendant deux siècles au moins.

L'adage prend ici la forme Semper festina lente (« Hâte-toi toujours lentement »). Dans le type de rébus prisé à cette époque, le cercle symbolise la permanence et traduit semper, tandis que l'ancre exprime la stabilité (lente) et le dauphin la vélocité (festina). La forme longue de l'adage montre l'influence directe du Songe sur l'un des sept emblèmes de la cour centrale de l'université de Salamanque (es), où le texte latin est accompagné, là aussi, de son équivalent grec ΑΕΙ ΣΠΕΥΔΕ ΒΡΑΔΕΟΣ.

"La devise a été traduite en images de diverses façons :

Le crabe et le papillon. Une monnaie d'or datant du règne d'Auguste représente, au droit, la tête de l'empereur avec une couronne de laurier et, au revers, un crabe tenant dans ses pinces un papillon aux ailes éployées. Mais Waldemar Deonna a montré que, dans l'Antiquité, le crabe n'était pas symbole de lenteur, ni le papillon symbole de hâte. Ce sont les humanistes de la Renaissance, amateurs d'emblèmes, qui ont vu dans ce motif une illustration de la devise d'Auguste ; Gabriel Simeoni écrit : « L'Empereur Auguste, voulant monstrer comme il estoit tempéré et modeste en tous ses affaires… feit frapper entre plusieurs autres en une sienne médaille d'or un Papillon et un Escrevisse signifiant la vistesse par le Papillon et par l'Escrevisse la paresse, lesquelles deux choses sont un tempérament nécessaire à un Prince. » Ce motif a été utilisé comme marque par divers imprimeurs parisiens et lyonnais au xvie siècle, avec la devise matura. *

L'ancre et le dauphin. Le motif apparaît pour la première fois au revers d'une monnaie de l'empereur Titus. Il est généralement interprété par les numismates comme une référence à Neptune. Cette représentation se trouve à nouveau dans le Songe de Poliphile. Elle a été adoptée comme marque d'imprimeur par Alde Manuce, le premier éditeur de cette œuvre en 1499.

La tortue et la voile. Emblème choisi par Côme Ier de Médicis pour sa flotte. Cet emblème est représenté un grand nombre de fois sur les pavements, plafonds et parois du Palazzo Vecchio de Florence. La tortue, symbole traditionnel de lenteur mais aussi de prudence, est surmontée d'une voile gonflée, qui marque le mouvement et la vitesse."

(*) Symeoni, Devises Héroïques et Morales, Lyon 1561 page 218.

Pour la monnaie conservée au Musée de Florence, voir  ici.

Voir aussi :

—  Guy de Tervarent Attributs et symboles dans l'art profane: dictionnaire d'un langage perdu ...

— Geffrey Whitney 1866, A Choice of Emblemes réed. Georg Olms Verlag 1971 page 407.

— W. Deonna, 1954  « The crab and the butterfly: a study in animal symbolism », JWCI, LXV (1954), p. 67 suiv. http://www.jstor.org/stable/750132?seq=1#page_scan_tab_contents

— Revers de l’aureus frappé en 19 av. J.-C. par le triumvir monetalis M. Durmius. http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/ars_classica1934_10_03/0077

.—   Francesco Colonna  Le songe de Poliphile, ou, Hypnérotomachie p.106: l'emblème du dauphin et de l'ancre et la légende Semper Festina Tarde.

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1 décembre 2015 2 01 /12 /décembre /2015 15:51

Les papillons dans la Délie de Maurice Scève (1544), et dans les livres d'emblèmes du XVIe siècle.

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Voir dans ce blog :

Résumé.

Depuis l'Antiquité, et jusqu'au XVIIe siècle, voire au delà, le papillon évoquait, non le gracieux et gai farfadet batifolant dans les prés et, gourmand licencieux, butinant de fleurs en fleurs, lutinant ses compagnes et s'envoyant élégamment en l'air, mais le sombre présage de la Mort. Soit parce que, chez les Antiques, il était l'image de psyché, la partie aérienne de l'être, qui se libérait du corps après le trépas. Ou soit parce que nos ancêtres l'associait immédiatement à une vignette qui lui collait à la peau, qui hantait la littérature d'histoire naturelle ou la poésie et derrière laquelle il disparaissait complètement : celle du "papillon à la lanterne". L'insecte ailé y était caricaturé comme un inconscient si fasciné par le danger (la flamme) qu'il s'y brûlait : son désir lui coûtait la vie. Cette leçon de morale, cette mise en garde janséniste contre le désir, ce tableau de la punition qui frappait le pêcheur concupiscent a été déclinée sur divers modes dans les livres d'emblème du XVIe et du XVIIe siècle. Pendant tout ce temps, les vrais papillons volaient librement dans la nature, parfaitement invisibles aux yeux aveugles des humains, qui ne songeaient guère à les chasser (un jeu d'enfant), à les épingler, à les décrire et à les nommer. La diversité des lépidoptères disparaissait derrière le monotype du funeste idiot et de sa bougie.

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Rappel inspiré de Wikipédia.

Les livres d’emblèmes sont des livres illustrés de gravures qui sont publiés en Europe aux XVIe et XVIIe siècles, et  où chaque gravure sur bois ou sur métal est associée à un titre et un texte.  André Alciat est l’auteur des épigrammes du premier livre d’emblèmes son  Emblemata, publié en 1531 à Augsbourg, et édité en français en 1587. Le mot « emblème » prend  le sens d’une synthèse entre une image à clef inspirée des hiéroglyphes égyptiens, et un adage moral emprunté aux philosophes ou aux sages de l’Antiquité.

Structure

Chaque « emblème » se compose généralement de trois éléments (emblema triplex).

  • Un titre (inscriptio, títulus, motto, lemma) assez bref, souvent difficile à déchiffrer, presque toujours en latin, qui constitue l'« âme » de l’emblème. Il est généralement placé au-dessus de l’image, ou dans le cadre de celle-ci. 

  • Une image (pictura, icon, imago, symbolon), en général une gravure sur bois ou sur métal, qui forme le « corps » de l’emblème et joue un rôle mnémotechnique.

  • Un texte explicatif qui élucide le sens caché de l’image et de la devise 

 

Outre le Crabe et le Papillon de la devise Festina Lente, un cas particulier que je traiterai plus tard,  l'emblème associé au papillon est celui du "Papillon à la chandelle".  L'image est stéréotypée, faisant apparaître un ou plusieurs papillons s'approchant de la flamme d'une bougie. L'interprétation tourne autour du thème du désir puni, mais elle est déclinée de diverses manières. Je débuterai par un ouvrage qui appartient à la poésie hermétique plutôt qu'aux recueils d'emblèmes, la Délie de Maurice Scève, quoique le livre d'emblème de  Corrozet, lui soit antérieure.

J'ai eu largement recours au site French Emblems at Glasgow,  spécialisé dans les livres d'emblèmes français du XVIe siècle, et qui détaille 28 ouvrages de  13 auteurs.

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I. Maurice Scève, Délie (1544)  

DELIE OBIECT DE PLVS HAVLTE VERTV. ADVERSIS DVRO [Délie, object de plus haulte vertu]  ,A Lyon, chez Sulpice Sabon pour Antoine Constantin 1544 , avec privilège pour six ans. XX-204 p. : fig., portrait ; in-8 .Texte en caractères romains, 40mm pour 10 lignes.

Exemplaires en ligne :

- Bnf, Rés. Ye 1746 Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70272t/f128.item.zoom

 

-  Bodleian Library Douce S.35 :  : http://fr.scribd.com/doc/100845795/Maurice-Sceve-Delie-object-de-la-plus-haulte-vertu-1544

Maurice Scève (c.1500-c.1560) était un poète lyonnais qui publia la Délie sans nom d'auteur (portrait et initiales de l'auteur seulement) en 1544. C'est un long recueil de 449 dizains en décasyllabes, précédés d'un huitain et séparés par 50  emblèmes , qui s'adresse  à une femme idéalisée mais inaccessible, ou cruelle, ou dédaigneuse . Chaque emblème est composé d'une gravure, et de sa devise ou motto. Il donne son thème au dizain qui le suit. 

L'emblème qui nous intéresse se trouve à la page 127 et est suivi du dizain 286 (CCXXXVI).

Dans un cuir écarté par deux diablotins et un ange, un ovale (qui pourrait être un miroir) aux bords perlés contient le motif signifiant, réduit à sa plus simple expression : en gros plan, une chandelle dans son bougeoir, et un papillon aux ailes ocellées s'approchant, par la gauche (c'est une constance de ces emblèmes) de la flamme . La gravure sur bois est assez grossière.

Notons que la présence de l'emblème est facultative pour la compréhension du poème, puisque le privilège royal précise : "IL est permis par Privilege du Roy, à Antoine Constantin, marchant Libraire demourant à Lyon, de im- primer, ou faire imprimer par telz Imprimeurs des Vil-les de Paris, Lyon, & aultres que bon luy semblera, ce present Livre traictant d’Amours, intitulé DELIE, soit avec Emblesmes, ou sans Emblesmes, durant le temps& terme de six ans prochainnement venans.". Comme l'avait expliqué Johannes Sambucus, l'emblème est un attribut accessoire, qu'il définit  comme un parergon, terme qui  peut se traduire par « supplément », commentaire accessoire, ce qui est à côté ou en plus du travail principal, l’ergon.  Le mot emblème lui-même vient du latin emblema "ornement en placage sur des vases" (Gaffiot). le mot grec correspondant (pluriel emblemata) désignait, dans l'art antique de l'époque hellénistique,, et particulièrement en mosaïque, un tableau amovible rapporté au centre d'une composition. Ou "un

ornement ou figure en saillie qui n'est ni fondue avec le solide ni taillée de ce solide même, mais attachée à quelque autre substance comme un relief qui la décore". Voir Emblema (ἔμβλημα). C'est un complément attaché, et donc détachable.

 

 

Le papillon à la lanterne, page 127, Maurice Scève, Délie object de plus haulte vertu, 1544

Le papillon à la lanterne, page 127, Maurice Scève, Délie object de plus haulte vertu, 1544

 EN MA IOIE DOVLEVR. 

CCLXXXVI. [=CCLXXVI] .

Voyez combien l’espoir pour trop promettre
Nous fait en l’air, comme Corbeaulx, muser:
Voyez comment en prison nous vient mettre,
Cuydantz noz ans en liberté user:
Et d’un desir si glueux abuser,
Que ne povons de luy nous dessaisir,
Car pour le bien, que j’en peu choisir,
Sinistrement esleu a mon malheur,
Ou je pensois trouver joye, & plaisir
J’ay rencontré & tristesse, & douleur.

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Avant de commenter ce dizain, prenons connaissance du huitain qui est placé au début de l'œuvre : 

A SA DELIE.

 Non de Venus les ardentz estincelles,

Et moins les traictz, desquelz Cupido tire:

Mais bien les mortz, qu’en moy tu renovelles

Je t’ay voulu en cest Oeuvre descrire.

Je sçay asses, que tu y pourras lire

Mainte erreur, mesme en si durs Epygrammes:

Amour (pourtant) les me voyant escrire

En ta faveur, les passa par ses flammes.

 

        Souffrir non souffrir.

 

Commentaire.

Le thème du feu (ardentz ; estincelles ; flammes) est d'ors et déjà présent, associé à celui de l'amour (Venus ; Cupido ; Amour) , de la blessure (les traictz tirés) et de la mort. "Souffrir non souffrir", oxymore indéchiffrable, vient sceller ce message énigmatique mais dont tout indique que l'amour de Délie sera une souffrance.

Placé sous cette enseigne, la devise "En ma joie douleur" ne nous surprends pas, C'est une forme synonyme de "souffrir non souffrir" où la source de joie que se donne l'amant, l'objet de sa quête, fera son malheur: Il le sait, il l'accepte ; il en jouit. Souffrir par elle m'est joie.

Le dizain 286 se complaît à accumuler les couples antonymiques : espoir / prison / liberté ;  desir /  /si glueux : user /  abuser ;  le bien / Sinistrement ;  malheur, / joye, & plaisir /  & tristesse, & douleur, dans une écriture elliptique sinon absconse.

Malgré cette obscure clarté qui tombe de ces vers — ou grâce à ce clair-obscur —, l'emblème du papillon se trouve merveilleusement illustré.

L'image de l'insecte face à la flamme fait penser à cette sculpture de Giacometti (1931) intitulée La Pointe à l'œil (relations désagrégeantes).

Image emprunté à Jimena Zermeño https://www.flickr.com/photos/menalangsam/6815626565

 

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Le Papillon à la lanterne, tel qu'il est représenté par la gravure en gros plan, est un instantané muet de la fraction de seconde qui précède la brûlure des ailes, métonymique de la mort de l'insecte. Fraction de seconde figée pour l'éternité, figée dans l'éternité. Le papillon brûle encore DE désir, il est tout feu tout flamme.  A cette image    peut s'appliquer les commentaires qui accompagnent la Pointe à l'œil de Giacometti : « Objet mobile et muet »  au contenu violemment agressif, mortifère, arrêt sur image de la pulsion scopique qui, dans le fantasme du sculpteur, sous-tend, pour la « désagréger », la pulsion érotique.

  Dans les deux cas, le dispositif graphique met à jour l’ambivalence attraction / répulsion, vie / mort du désir sexuel, d'un  corps tendu vers l'autre dans un rapport de désir.

Je souhaiterais pouvoir donner aux deux derniers vers du dizain  Ou je pensois trouver joye, & plaisir / J’ay rencontré & tristesse, & douleur  la densité  concrète et plastique d'une sculpture de bois et d'acier, comme une sentence gravée en lettres d'or autour de l'emblématique papillon.

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II. Gilles Corrozet,   (1540)  Hecatomgraphie.

Hecatomgraphie. C’est-à-dire les descriptio[n]s de ce[n]t figures & hystoires, contenans plusieurs appopthegmes, Sentences & dictz, tant des Anciens que les modernes. Paris, Denis Janot 1540. Réed. 1543. Les gravures ont été attribuées à Jean Cousin.

Exemplaires :

-Edition Paris, Denis Janot 1543 : Bnf département Réserve des livres rares, Rés. Z-2599  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70938k/f157.item

- BM Lyon  358097, édition de 1540 chez Denis de Harsy, Lyon. Sans emblème. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k791167

Gilles Corrozet (1510-1568) est un libraire parisien, écrivain et imprimeur. Son Hecatomgraphie est le deuxième  livre emblème français, paru peu après le Théâtre des bons engins (1536) de Guillaume de La Perrière,  également publié par Denis Janot, et moins de 10 ans  après la première édition publiée des Emblemata d' Alciat. 

http://www.emblems.arts.gla.ac.uk/french/emblem.php?id=FCGa075

 

 

 

GUÉROULT (Guillaume), 1550, Second livre de la description des animaux , contenant le blason des oyseaux, composé par Guillaume Guéroult, ed. B. Arnoullet (Lyon) 1550 62 p. : fig. sur bois ; in-8 page 20

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70827n/f29.image… +++++++++++++++++++ 

Guillaume Guéroult, né vers 1507 à Rouen et mort le 7 octobre 1569 à Lyon, est un éditeur, traducteur et poète français, précurseur, avec ses Emblesmes, de La Fontaine et ses fables.

Le 10 février 1549, Balthazar Arnoullet recevait du roi le privilège d’imprimer une Histoire et description de tous les animaux, ouvrage qui devait comprendre le Blason des Oyseaux, composé par Guéroult. Arnoullet avait justement à faire d’importants travaux de traduction et, n’ayant de la langue latine qu’une connaissance insuffisante, il cherchait un correcteur expert en cette langue. Il accepta les services de Guéroult pour qui les années qu’il passa à Lyon furent une période de grande activité. Il y fut, tout à la fois correcteur, traducteur, écrivain et poète.

Des presses d’Arnoullet sortirent, successivement : le Second Livre de la description des Animaux, contenant le Blason des Oyseaux, le Premier livre des Emblemes, la traduction desSentences de Marc Tulle Ciceron, celle de l’Histoire des Plantes de Léonard Fuschs, en 1550 ; puis, la traduction du Premier tome des Chroniques & gestes admirables des Empereurs, lePremier livre des figvres et pourtraitz des villes plvs illvstres et renommees d’Evrope en 1552 et, l’année suivante, l’Epitome De la Corographie d’Europe, sans compter une fort belle édition de la Bible, chef-d’œuvre des presses Arnoullet, dont il fut le correcteur. C’est également au cours de cette période que Guéroult devient le beau-frère de Balthazar Arnoullet en épousant, à Vienne, la sœur cadette de sa femme. À Lyon, il se lie avec Étienne Jodelle. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70827n/f29.image

Gilles Corrozet, Hecatomgraphie 1540.

Gilles Corrozet, Hecatomgraphie 1540.

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L'image représente une pièce ouverte sur un paysage de campagne. Au centre, une chandelle à la flamme fumeuse  est placée au sommet d'un dispositif qui pourrait être un piège à insectes. Six papillons volent alentour. La devise inscrite au dessus dit : La guerre doulce aux inexpérimentez.

En dessous, mais dans le cadre de l'emblème, est inscrit le quatrain suivant :

Les Papillons se vont brusler 
A la chandelle qui reluyct.
Tel veult à la bataille aller
Qui ne scaict combien guerre nuyct 

 

La page suivante (qui lui fait face) comporte un texte de 28 lignes :

CEulx qui n’ont eu de guerre les travaulx, 

Et qui n’ont veu les bannieres en l’aer 

Donner dedans, abbatre les chevaulx 

Faulser harnoys, meurtrir & affoller,

Qui n’ont aussy veu les esclatz voler, 

Trompes sonner, & semondre à l’assault,

Tant que tout homme en fremit & tressault

Voyant son sang sur terre respandu, 

Ceulx la je dy qui n’ont bien entendu 

Les maulx divers de la guerre cruelle, 

L’estimant doulce, amoureuse & tant belle 

En desirant estre en telz bastillons, 

Ilz sont ainsi que petis papillons,

Lesquelz s’en vont brusler à la chandelle.

On faict, on dict de guerre les chansons, 

S’esjouyssant des assaulx & vacarmes, 

Ce sont pour vray fascheux & meschantz sons

Dont les deux yeulx debvroient espandre larmes,

Ceulx qui les font n’ont gueres veu les armes 

Et ne sont pas bien experimentez.

O pauvres sotz de guerre vous chantez 

Et ne scavez les maulx qui sont en guerre

Vueillez premier l’effect d’icelle enquerre 

Et ne louez ce qui est à blasmer,

N’appellez doulx ce qui est bien amer,

Et gardez bien qu’on ne vous y entasme,

Non que les fortz & les puissantz je blasme,

Car au besoing on les doibt bien aymer. 

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Commentaire.

Cette première apparition de notre thème dans un livre d'emblème français est intéressant, parce qu'il en applique la leçon morale, non au désir amoureux comme cela deviendra la règle, mais à la fascination qu'exerce la guerre. A Mars, et non à Vénus. L'auteur met en garde les jeunes esprits contre une image illusoire du combat guerrier, dont la cruauté, l'horreur, la terreur et le danger mortel disparaît derrière  les séductions de la gloire et des apparats.

Les couples de contraire servent à dégriser les esprits : la guerre "douce amoureuse et belle" est confrontée à "cruelle", "armes" est rapproché de "larmes", "aimer" d' "amer".

Mais, dans ce cas comme dans les autres, les "petits papillons [qui] s'en vont brusler à la chandelle" restent le stéréotype de la sottise des "inesperimentez" qui se précipitent vers le désastre. La Vie, légère, désirante et insouciante est face à la Mort. Les auteurs pleins de bonnes intentions tentent de lui mettre du plomb dans la cervelle.

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III. Guillaume Guéroult, 1550, Second livre des animaux.

 

GUÉROULT (Guillaume), 1550, Second livre de la description des animaux , contenant le blason des oyseaux, composé par Guillaume Guéroult, ed. B. Arnoullet (Lyon) 1550 62 p. : fig. sur bois ; in-8 page 20.

Exemplaire : Bnf Res. Ye-3468 (2).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70827n/f29.image

 

Guillaume Guéroult, né vers 1507 à Rouen et mort le 7 octobre 1569 à Lyon, est un éditeur, traducteur, correcteur et poète français, précurseur, avec ses Emblesmes, de La Fontaine et ses fables.

Le Papillon.

Voyant le feu de l'ardante chandelle

Le Papillon grandement s'esjouyt

Lors il se prend à voler droict vers elle,

L'embrasse, estrainct, mais bien peu en jouyt,

Car le feu chaut qui tout ard & consume,

Brusle son corps aussi bien que sa plume.

Voila comment pour aymer folement :

Le pouvre oyseau meurt miserablement.

Ainsi, Amants que vifve amour (*)  enflamme

A trop aymer la beauté d'une dame,

Dont ne pouvez avoir contentement :

En la voyant joie vous savourez,

Et la perdant en vivant vous mourez :

Malle est l'amour qui na fin que tourment.

(*) Vifve amour : la forme "vifve" pour "vive" est attestée par 18 citations dans Littré. Amour est donc ici au féminin. 

Le papillon est ici clairement l'Amant, la flamme est le désir amoureux, et la chandelle est la femme inaccessible. La encore, les antonymes sont confrontés à plaisir, car la valeur oxymorique de l'emblème est essentielle; et là encore, le vocabulaire du feu ( feu ; ardante ; chandelle ;  feu chaut qui tout ard & consume, Brusle ;  enflamme ) est déployé dans sa polysémie renvoyant à la chaleur des sentiments et à la force de la passion comme à la destruction et à la mort.

Je note que les auteurs ne parlent que de chandelle (du latin candella) , et jamais de lampe, de flambeau, de bougie, voire de cierge, ou d'autre source de feu. Est-ce un hasard ? Le mot "bougie", qui est plus récent et trouve son origine dans le nom arabe de la ville de Bougie, était-il moins courant ? Ou bien la chandelle est-elle associée à un champ de locution déjà riche à l'époque ( xves. se brusler à la chandelle « se laisser attirer par le charme de quelque chose ou quelqu'un » (Coquillart, Enquête de la simple et de la rusée ds Littré); 1571 brusler la chandelle par les deux bouts « épuiser son revenu » (Carloix, X, 1, ibid.); av. 1592 le jeu ne vaut pas la chandelle « la chose ne vaut pas la peine » (Montaigne, III, 47, ibid.); 1648 devoir une chandelle à qqn (Scarron, Virgile Travesti, II, ), et qui s'est encore enrichi depuis ( Économies de bouts de chandelle ; Moucher la chandelle ;  Tenir la chandelle;  Voir trente-six chandelles ;  partir en chandelle) . (CNRTL)

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70827n/f29.image

 

 Le Papillon, Guillaume Guéroult 1550, Le Blason des oyseaux page 20.
 Le Papillon, Guillaume Guéroult 1550, Le Blason des oyseaux page 20.

Le Papillon, Guillaume Guéroult 1550, Le Blason des oyseaux page 20.

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IV. JONGHE (Adriaen de. ou Hadrianus Junius) , 1567 – Les Emblesmes du S. Hadrian le Jeune Médecin et historien des estats de Hollande, Christophe Plantin, Anvers. 

 

Il s'agit de la traduction par le médecin, poète  et érudit Jacques Grévin (qui avait aussi traduit les Emblemata de Johannes Sambucus) de l'ouvrage initial en latin paru en 1565 chez le même éditeur :  Aenigmata et Emblemata. Emblemata Hadriani Iunii medici Emblemata -  "Excudebat Christophorus Plantinus Antuerpiae, anno MDLXV idibus Maii .

Junius (Adriaan de Jonghe) était un humaniste et médecin hollandais, né à Hoorn. Il a étudié à Louvain et à Bologne, a ensuite travaillé comme précepteur et médecin de l'aristocratie à Bologne, Paris et Londres. Junius est retourné aux Pays-Bas en 1550, où il a passé le reste de sa vie, sauf pour une brève tentative infructueuse pour obtenir le patronage de la cour danoise. Ses publications comprennent des manuels linguistiques, comme les Adagia (1558) et son dictionnaire polyglotte Nomenclator (1 567), et un travail historique important de la province de Hollande, Batavia (publié à titre posthume 1588).

La traduction française comprend 57 emblèmes, soit un de moins que dans l'édition latine, par erreur typographique ; un emblème  N ° 19 n'a pas l'illustration. Les dessins ont été conçus par Geoffroy Ballain et Pieter Huys, tandis que les planches de bois ont été gravées par Gerard van Kampen Janssen et Arnold Nicolai. Chaque emblème se compose d'une devise, une illustration de gravure sur bois (sans les bordures en arabesque de la première édition latine), et une épigramme. par contre, les commentaires des emblèmes ont été omis, ainsi que les énigmes.

 

 

 

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Tourment de franc amour.

Voyez comment à la chandelle
Le Mouscheron brusle son aesle,
Et en la fin se faict mourir:
Ainsi par une flamme ardante
L’Amant se brusle & se tourmante,
Pensant apres son feu courir.

 

 

Certes, ici ce ne sont pas des papillons, mais des "mouscherons" (qui traduit le terme latin culex de la publication originale) qui sont attirés par la chandelle. Néanmoins, si on va rechercher le commentaire accompagnant l'emblème dans le texte latin, on y lit la référence faite à "Pyraustae". Comme l'indique en note le commentateur sur le site de Glasgow, Pyrausta, ou en grec Greek πυραύστης, était un insecte mythique dont on pensait qu'il vivait dans le feu (pyros en grec) . Voir ‘pyralis’; Pline, Histoire Naturelle, 11.36.42.119; 10.74.95.204). Junius semble employer ce terme simplement pour désigner un phalène qui meurt brûler par la flamme. 

Pline l'Ancien  Histoire NaturelleLivre XI, XLII. 36.

Ignium animal : pyralis, sive pyraustes. (L'nimal qui se trouve dans les flammes : pyralis ou pyrauste). "L'élément destructeur de la nature produit aussi quelques animaux. Dans les fourneaux pour le bronze, en Chypre, on voit voler au milieu des flammes un quadrupède ailé qui a la taille d'une grosse mouche : on l'appelle pyralis ; d'autres le nomme pyrauste. Il vit tant qu'il est dans le feu ; s'il s'envole à quelques distances, il meurt."

https://archive.org/stream/histoirenaturell08plin#page/88/mode/2up

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Voici le texte de l'édition latine :

 

EMBLEMA XLIX.

Amoris ingenui tormentum.

En ut igneum facis coruscae lumen
Insilit culex protervus, ac necat se.
Haud secus suos Amans misellus igneis
Persequens, crucem invenit, suumque funus.

Trochaicum Sotadicum trimetrum acatalecticum monocolon, quale illud apud Marium Servium: Arva sicca nimbus intrat, ite laeti. CULEX insectum flammae splendore mirè gaudet: itaque lucernis advolitat, moxque exustis alis concidit, atque interit. unde & Pyraustae gaudium & interitus, in proverbium abiit.  Non absimilis est condicio amantis, qui inescatus amoribus, temeritatis suae fructus metit, & quem deperit, igne perit: quò spectat Aeschyli Tragici poëtae senarius: Pyraustae inertem pertimeo necem nimis. 
Potuit & pudicus amor huiusce calamitatis sensum incurrere, quando Evadnen legimus prae
rae ardenti iniecisse: Portiam legitimi amoris singulare ornamentum, marito Bruto exstincto, ardentibus carbonibus ore haustis, vitam abrupisse, testante Valerio Maximo.[5] Nam Dido se ipsa ferro consumens dubium in utramvis partem exemplum attulit: ita ut picturae per se alioqui manifestae adscribi queat versiculus Italicus: “COSI DI BEN’ AMAR, PORTO TORMENTO”  [Plutarch, Canzoniere, 207.79.]

Traduction aléatoire : Un monocolon de trimètre trochaïque de Sotades [un poète grec aux vers  obscène], comme celui de Marius Servius: "Le nuage vient sur ​​le terrain sec; . aller sur votre chemin se réjouir"  Le Culex est un insecte qui est étonnamment fasciné par l'éclat d'une flamme: c'est ainsi qu' il vole jusqu'à la lanterne et qu'il tombe rapidement, ses ailes brûlées, et qu'il meurt. Pour cette raison, la mort extatique du Pyrausta est devenue proverbiale.Cela n'est pas sans rappeler la condition de  l'amant, qui, éconduit dans son amour, récolte les fruits de sa témérité, et périt dans le feu de l'amour auquel il succombe:  ce à quoi se réfère l'hexamètre du poète tragique Eschyle  : «Je redoute trop  la mort sans vie du pyrausta" Un amour modeste peut courir aussi à cette catastrophe , puisque nous lisons que Evadne, portant un trop grand amour à son mari Capanée [L'un des Sept contre Thèbes], se jeta volontairement sur ​​son bûcher; et que Portia, cet ornement unique de l'amour , à la mort de son mari Brutus, après avoir vu son bûcher, y a brûlé sa propre vie (ce dont Valère Maxime est notre source). Quant à Didon, prenant sa propre vie avec une épée, elle nous a certes légué un exemple ambiguë dans les deux égards: de sorte que la petite ligne suivante de Pétrarque en italien pourrait être inscrit dans l'image, qui est à d'autres égards auto-explicatif: «COSI DI BEN AMAR, PORTO TORMENTO" (Si j'aime bien, j'endure le tourment ).

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Adriaen de Jonghe, Les Emblesmes, 1567, emblème XLIX, Tourment de franc amour, page 53.
Adriaen de Jonghe, Les Emblesmes, 1567, emblème XLIX, Tourment de franc amour, page 53.

Adriaen de Jonghe, Les Emblesmes, 1567, emblème XLIX, Tourment de franc amour, page 53.

 

 

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V. Jean-Jacques Boissard,  Emblemes latins... (1588)  

 

Exemplaires :

- Iani Iacobi Boissardi Vesuntini Emblematum liber = Emblemes latins de I.I. Boissard Metis [Metz] : Excvdebat Abrahamus Faber, 1588, 112 pages , pages 58-59.

https://archive.org/stream/vesuntiniemblema00bois#page/58/mode/2up

- site de Glasgow, Glasgow University Library: SMAdd415Iani  IACOBI BOISSAR- di Vesuntini Emblematum  liber. EMBLEMES LAtins de J.J. BOISsard, avec l’interpretation françoise du J. Pierre Joly Messin. Iani Aubrii typis.METIS, EXCUDEBAT ABRAhamus Faber. 1588.

 http://www.emblems.arts.gla.ac.uk/french/facsimile.php?id=sm415-h1v

 

 

Présentation (d'après Alison Adams).

Il s'agit de la deuxième édition du premier des deux livres d'emblèmes de Boissard ( première édition : Emblemata cum tetrastichis Latinis ,Metz: Jean Aubry, 1584). Boissard est une figure exceptionnelle parmi les auteurs de livres d'emblème en ce que, étant à la fois  artiste et  poète, il est en grande partie responsable à la fois du texte et des gravures de ses livres. Il existe un manuscrit à Paris, Bibliothèque de l'Institut 623 (c 1,583.), qui contient des premières versions de tous les emblèmes de ce livre, et aussi ceux dans le deuxième livre d'emblème de Boissard, l'Emblematum liber (Francfort: Théodore de Bry, 1593 avec une édition allemande dans la même année et une édition française en 1595). Dans les deux éditions, les livres d'emblèmes  de 1584/88 comprennent non seulement le texte latin de Boissard, mais une version française par l'ami de Boissard, Pierre Joly. Dans l'ultra-catholique Lorraine, Metz  était alors un refuge pour les protestants français, et les emblèmes de Boissard reflètent parfois sa foi réformée. 

Jean-Jacques Boissard, né à Besançon en 1528 et mort à Metz le 30 octobre 1602, est un antiquaire et poète néo-latin français. Boissard a fait connaître de nombreux monuments et inscriptions antiques et sa réputation a été grande jusqu'au XIXe siècle.

Il a étudié en Allemagne et les Pays-Bas, et a ensuite visité l'Italie et même la Grèce. Il a passé beaucoup de temps dans l'entourage du cardinal Caraffa à Rome où il a poursuivi son intérêt pour l'archéologie. Après 1560, il était basé à Metz mais il continua à voyager  beaucoup, après avoir  été chargé successivement avec l'éducation de deux des fils d'un chef calviniste, le baron de Clervant. Cela impliqua une période dans la ville universitaire de Padoue, où il séjourna à l'époque de la peste en 1576.  Beaucoup de gens de sa connaissance sont mort, et cela, sans surprise, semble l'avoir profondément affecté. En 1583, il a résidé plus longtemps à Metz, et en 1587, il épousa Marie Aubry, la fille de l'imprimeur avec qui il avait travaillé, Jean Aubry. Plus tard, cependant, ses entreprises d'édition lui ont apporté de plus en plus en contact avec les éditeurs en Allemagne. 

La première édition de 1584/88 des emblèmes de Boissard a été entièrement gravée, mais dans l'édition de 1588, le quatrain latin et le sonnet français par Pierre Joly sont en typographie. Cela signifie que les blocs gravés pour l'image  ont été coupés en deux. Cette édition comprendra plus tard, un nombre important de révisions à la fois en latin et avec les textes français, et c'est ce qui est sans doute la justification de ce processus . Entre les deux éditions, Boissard avait sorti un volume intitulé Tetrasticha in emblemata (Metz: Abraham Faber, 1587), qui contient en fait les quatrains pour les deux livres d'emblèmes 1584/88 et pour celui publié en 1593, ainsi que d'autres tirés du manuscrit (maintenant à la Bibliothèque de l'Institut 623) dont il n'a jamais publié. Il ya des changements dans l'ordre de présentation.

Boissard a également collaboré avec Denis Lebey de Batilly, en produisant les gravures pour son Emblemata (Francfort: Théodore de Bry, 1596).

 

Les 42 gravures, calquées sur les versions antérieures de manuscrits, sont parmi les plus complexes et difficiles à interpréter d'un livre d'emblème. Dans le manuscrit de la Bibliothèque de l'Institut 623, Boissard donne un commentaire de la prose française sur chaque emblème. Sur la base de cela, il est possible de soutenir que la version française par Pierre Joly, considérablement plus étendue que le latin, peut dans de nombreux cas représentent la propre lecture de Boissard de l'emblème. Dans ses remarques liminaires, Pierre Joly invite le lecteur à se confronter d'abord avec l'image, et par voie de conséquence le quatrain latin placé en dessous, pour ne passer qu' ensuite  à la version française. 

Le français encourage souvent une compréhension plus explicitement chrétienne et même calviniste de l'emblème, et cela est pour l'essentiel pris en charge par le manuscrit. Chaque emblème dans l'édition 1588 a un dédicataire individuelle, et il est intéressant que plusieurs d'entre eux sont des amis de Boissard de morts dans la peste à Padoue. Beaucoup des emblèmes contiennent des citations du grec, la plupart d'entre eux à partir des Sentences de Ménandre.

Pierre Joly (Petrus Lépide), qui a fourni les sonnets français,  est originaire de Metz. C' était un avocat  protestant, et il sera plus tard envoyé vers Henri IVpour  plaider la cause de la foi réformée . 

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L'emblème qui nous occupe est la 25ème, page 58-59 ; elle est dédiée à Guido Callochronus, d'Arbois (Franche-Comté), un ami non identifié de Boissard (latinisation de "Beautemps"?).

 

 

TEMERÈ AC PERICULOSÈ. TEMERITE DANGEREUSE.

DU rayon lumineux l’indiscret papillon 
Se mutine offencé l’escarmouchant de l’aile; 
Mais ou il pense nuire au clair de la chandelle: 
Avec sa vie y perd l’inique poinctillon.

L’impudent qui poussé d’un jaloux esguillon 
S’attaque à la grandeur a sa fin toute telle. 
La Royale splendeur qui flambante estincelle, 
Luy consomme sa vie, & son despit felon. 

Les Princes sont de Dieu les vivantes images: 
Nous leur sommes tenus, & de foys, & d’hommages. 
Et qui leur fait honneur il obeit à Dieu. 

Mais qui mutin assaut leur licite puissance, 
Celuy contre le cile coulpablement offence, 
Et se joue impudent à son oeil, & au feu. 

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Non temerê est cuiquam tentanda potentia regis:
Cui metuenda solet viribus esse manus.
Laeditur: impendente tamen quandoque periclo.
Flamina quod in fatuo papilione docet.

("Personne ne devrait témérairement tester la puissance d'un roi dont la main est généralement à craindre en raison de sa force. Il est blessé : mais avec le danger toujours imminent, comme la flamme nous montre avec le papillon stupide.")

La partie de gauche de la gravure est consacrée au thème stéréotypé des (cinq) papillons attirés par la chandelle, posée sur une table dans une pièce fermée. Mais la partie de droite, un roi tend une baguette (on y verra un sceptre) devant lui ;  un papillon s'est posé à l'extrémité.

Le quatrain, de la même manière, décrit dans sa première strophe le papillon et la chandelle, et dans la suivante, développe l'analogie avec un importun osant s'en prendre à la puissance royale. La morale est simple. Celui qui contesterait le pouvoir du roi, "flambante estincelle", image de Dieu sur terre, serait détruit par les foudres royales et irait à sa perte.

Les vers mériteraient une lecture attentive. Tous les torts et les dépréciations sont attribués au papillon, "indiscret", "mutin", "escarmouchant", "inique", "impudent", "jaloux", "despit felon". Ces termes sont repris contre l'éventuel contestataire du roi : mutin assaut", coulpablement offence", "impudent".

Le thème habituel est détourné. Le papillon, jusque là mis en garde contre son inconscience, sa jeunesse inexpérimenté, ou sa fougue amoureuse, est devenu le séditieux coupable de lèse-majesté et d'atteinte à la puissance divine. La flamme qui le menace est celle de l'Enfer. Une double lecture religieuse et politique, dont les clefs peuvent être trouvé dans le contexte historique des guerres de religion et du souci des protestants de soutenir l'investiture d'Henri de Navarre sur le trône de France, ou des habitants de l'évêché de Metz de chercher protection   Voir Alison Adams, Webs of Allusion. French Protestant Emblem Books of the Sixteenth Century (Geneva: Droz, 2003), esp. pp. 155-291.

 

 

Témérité dangereuse, Emblemes latins de I.I. Boissard Metis [Metz] : Excvdebat Abrahamus Faber, 1588, 112 pages , pages 58-59.

Témérité dangereuse, Emblemes latins de I.I. Boissard Metis [Metz] : Excvdebat Abrahamus Faber, 1588, 112 pages , pages 58-59.

VI. Jean-Jacques Boissard, Emblemes ... nouvellement mis de latin en françois par Pierre Joly, Metz  A. Faber, 1595

Exemplaires  : 

Bibliothèque Mazarine, 4° 11214 bis [Res]

Edition en latin1593 :

 

https://archive.org/stream/ianiiacobiboissa01bois#page/44/mode/2up

 

Présentation (d'après Alison Adams).

Il s'agit de l'édition française du second des deux livres d'emblèmes de Boissard, Emblematum liber (Francfort, Théodore de Bry, 1593). L'original est entièrement en latin. Dans le livres d'emblèmes de En 1584/88 , la foi réformée de Boissard est évidente, témoignant sans doute de la situation vulnérable dans laquelle se sont retrouvés les protestants. Ce livre plus tardif, cependant, semble refléter la nouvelle situation politique dans laquelle, avec Henri IV sur le trône, les calvinistes ont pu se sentir plus optimiste. Dans le même temps, nous trouvons la preuve de l'intérêt croissant pour le néo-stoïcisme à cette époque (cf Juste Lipse).

Les deux éditions de premier livre d'emblème  de Boissard (1584-1588) avaient été publiées à Metz, sous les auspices de Jean Aubry. Pour ce deuxième livre d'emblème, cependant, Boissard se tourne vers le célèbre éditeur et graveur allemand Théodore de Bry, bien qu'il reste toujours en association avec Abraham Faber. Les éditions latine  (Emblematum liber) et allemande (Emblemata) toutes les deux de 1593, ont été publiées à Francfort, mais la version française de 1595 paraît à Metz. Toutes les trois utilisent les mêmes gravures. La qualité des nouvelles gravures est nettement supérieure à celle des  emblèmes 1584/88. Les quatrains latin avaient été mis en évidence plus tôt dans un volume intitulé Tetrasticha dans emblemata (Metz: A. Faber, 1587), qui contient en fait les quatrains pour les deux emblèmes 1584/88 et ceux publiés en 1593, ainsi que d'autres tirés du manuscrit Bibliothèque de l'Institut 623 qui  n'a jamais publié.

Les 51  gravures  sont parmi les plus complexes et difficiles à interpréter d'un livre d'emblème. Alors que dans le précédent livre, un quatrain latin avait été combiné avec un sonnet français, nous trouvons ici à la fois un verset français, en fait deux strophes de quatre lignes, sous la figure, et un commentaire en prose française lui faisant face au verso.

Pierre Joly  reste relativement proche du latin de Boissard dans l'édition de 1593 en termes d'interprétation, bien que stylistiquement, il cherche à placer sa marque personnelle. Ainsi, le ton moins explicitement chrétien du deuxième livre d'emblème de Boissard est largement maintenu dans la version française. Les commentaires contribuent souvent de manière significative au sens global. Chaque emblème de la collection 1593-1595 a un dédicataire individuelle, et il est intéressant que plusieurs d'entre eux soient de nouveau amis de Boissard  morts pendant l'épidémie de peste à Padoue. Beaucoup des emblèmes contiennent des citations en grec, la plupart d'entre eux à partir des Sentences de Ménandre.

 

Gravure n°XXII page 61 [H2r]

XXII. SAT CITO SI SAT BENÉ

Qui pour un grand desseing courageus s’esvertue, 
Et le veut commencer, il doit sur tout veiller 
A le bien diriger, & non le gaspiller, 
Pour le precipiter à sa forme abbatue. 
Non au tost, mais au bien, l’artisan constitue 
La gloire de son oeuvre; & pour le couronner 
Il suit du papillon le soudain demener, 
Et la tardiveté de la lente tortue.

Le texte latin initial est :

Aggreditur quisquis per agendum opus, esse vivendum

Noverit, ut bene rem, non cito ut expediat

Discat is a tarda lentum testudine gressum

 

Et simul a celeri papilione levem.

La devise Sat cito si sat bene est tirée des Adages d'Erasme  Adagia, 2.1.1, s. ‘Festina lente’,, mais ce dernier reprend en réalité un proverbe ancien : voir  Caton cité dans les Lettres de saint Jérôme 66.9.1-2.  Cette phrase est aussi donné par Suétone comme étant la devise de César Auguste :‘Non quàm diu, sed quàm bene ,"Peu importe le temps mis, pourvu que cela soit bien fait".

Nous changeons ici totalement du thème du Papillon à la lanterne, et notre insecte devient ici une figure animale de la rapidité, opposée à la nonchalance de la tortue : pour réussir une œuvre, l'artisan conjugue cette célérité ailée avec la lenteur testitudinaire. 

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page 60 [H2v]

C’est assez tost, si tu acheves bien.

 

"D’Autant que nostre ame ne peut estre mieus conduite & moderée que par l’addresse d’un bon conseil, nous ne sçaurions luy donner bride plus propre que  celle de prudence, à laquelle est directement opposée la  temerité. Consulte ton dessein, mesmement avant l’entreprendre: Et quand par bon advis tu l’auras resolu, mets  le promptement en execution: car c’est en la deliberation  que la precipitation esbloüyt la veüe de nostre jugement. 
C’est un appennage de prudence, non pas de voir seulement ce qui est à nos pieds: mais de prevoir ce qui en est  eslongné, & qui peut s’en approcher. Voila pourquoy nous jugeons que ce qui, par une trop grande soudaineté, s’embarasse dans la confusion, ne prend jamais bonne fin.  . Combien doncques que la promptitude au faire & au dire  produise souvent quelque utilité, si est-il plus proffitable & plus seur de deliberer, parler & agir avec poids & jugement, d’autant qu’en ce qui est d’importance on ne considere le temps qui s’employe à le faire: mais s’il est bien achevé. Celuy ne peut bien discerner la verité du mensonge qui precipite son ouvrage: Et d’autant plus est dangereuse la trop grande hastiveté en fait de consequence,  que l’issue en est perilleuse, sur toutes affaires d’estat, qui  ne reçoivent aucune excuse. Conclusion qui peut plus exactement considerer la verité des affaires, & qui avec plus prompt advis en cognoist & desduit la raison, il emporte à bon droit la reputation de personne tres-prudente."

Le Commentaire précise le conseil qui a été donné : la Tortue (la Prudence) sera imitée lors de la préparation du travail, et le Papillon (la Témérité) lors de son exécution. Je peine à comprendre clairement la suite, sauf lorsque survient la sentence "Il faut veritablement se haster, mais lentement.", traduction du fameux Festina lente qui est, ailleurs illustré par un Crabe tenant dans ses pinces un Papillon.

En conclusion, c'est le premier exemple dans lequel le papillon fait bonne figure et où la vivacité de son comportement n'est pas taxé d'inconscience écervelée, mais de promptitude dans l'efficacité.

.

La gravure montre un homme assis sous un arbre et qui semble tracer dans l'air les plans d'un projet qu'il conçoit. Deux tortues sont à ses pieds. A gauche, une femme à genoux élève les bras, et semble s'extasier devant les clochers et les murailles d'une ville figurée en arrière-plan. Deux papillons volent au dessus d'elle, et au dessus de rapides voiliers. sur un bloc de marbre, où est gravée la phrase grecque ΚΡΑΤΙΚΤΟΚ ΨΥΗΚ ΧΑΛΙΝΟΚ ΑΝ ΘPΩΠΟΙΚ ΦΡΟΝΗΚΙΚ. Les rênes et les mors d'un harnachement (ou quelque chose de semblable) sont posés sur ce bloc.

.

Emblème XXII Sat cito si sat bene, Jean-Jacques Boissard, Emblemes ...  1595

Emblème XXII Sat cito si sat bene, Jean-Jacques Boissard, Emblemes ... 1595

 

 

VII.  VEEN (Otto van),  1608Amorum emblemata, figuris aeneis incisa studio othonis vaeni Batavo Lugdenensis  Antuerpiae : Venalia apud auctorem, prostant apud Hieronymum Verdussen Typis Henrici Swingenij   280 pages , page 102-103.  Veen, Otto van, 1556-1629. Gravures de Bol, Cornelius Bol

Exemplaires :

- Bnf Estampes et photographies 4-TE-56 :

  •  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52503247x

-  Archive.org :

  • https://archive.org/stream/amorumfigurisaen00veen#page/102/mode/2up

- Emblem Project Utrecht :

  • http://emblems.let.uu.nl/v1608052.html
  • http://emblems.let.uu.nl/v1608_introduction.html

Otto Vaenius et les Emblèmes de l'Amour.

(D'après Emblem Project Utrecht)

Otto Vaenius (ou Otto van Veen), né à Leyde en 1556, a reçu une formation de peintre maniériste et d'humaniste.  En 1572, en raison de la situation politique, il a fui vers le sud des Pays-Bas avec sa famille. A Liège, il a étudié pendant quelques années avec Dominique Lampson, puis est parti pour un séjour de cinq ans en Italie, séjournant trois ans chez son mécène, le cardinal Cristoforo Madruzzo. Avant de revenir dans les Flandres, Otto van Veen s'arrêta à Munich, à la cour du duc Guillaume de Bavière. Pendant cette période, Otto van Veen se lia d'amitié avec Juste Lipse et collabora avec son frère Gisbert, qui était graveur. Ils allèrent d'ailleurs tous les deux à la cour deRodolphe II à Prague, pour présenter leurs œuvres. Après 1581, il vint s'installer à Liège, où il entra au service du prince Ernest de Bavière. Lorsque celui-ci fut nommé archevêque de Cologne, Van Veen devint peintre officiel du duc de Parme, Alexandre Farnèse (1545-1592), alors gouverneur des Pays-Bas du sud. Jusqu'à la mort de Farnèse, Otto van Veen habita à Bruxelles. Puis il s'est installé alors à Anvers où il devint franc-maître de la guilde de Saint-Luc. Il exécuta de nombreuses commandes pour le successeur d'Alexandre Farnèse, Ernest d'Autriche.
Après la mort d'Ernest d'Autriche, Otto van Veen travailla pour son successeur, l'archiduc Albert de Habsbourg . Jusqu'au retour d'Italie de son élève Rubens, Vaenius était le peintre le plus réputé d' Anvers. Dans ses dernières années il se tourna vers la production de livres d'emblèmes, notamment  Horacii Flacci emblemata (1607), Amorum emblemata et Amoris divini  emblemata. Il a déménagé à Bruxelles en 1615, où il mourut en 1629.

 

A propos de l'  Amorum emblemata

Amorum emblemata a été publié en 1608 dans plusieurs éditions polyglottes: Latin-néerlandais-français (LDF), latin-italien-français (FRV) et latin-anglais-italien (LEI).  La version avec épigrammes en anglais est dédié aux comtes de Pembroke, les autres versions à Guillaume de Bavière. 

Vaenius n'a pas fait les emblèmes à lui tout seul. Les images ont été gravées par Cornelis Boel . Les épigrammes italiens ont été écrits par Pietro Benedetti.  Vaenius lui a probablement écrit lui-même les épigrammes néerlandais.

Certaines études sur Amorum emblemata

Praz, Mario a trouvé des sources ou des parallèles dans les livres d'emblèmes antérieurs  (Paradin, Alciato et La Perrière). Pour les autres emblèmes il a trouvé des sources ou des parallèles dans  la poésie de Pétrarque.

Santiago Sebastián López   a montré que la plupart des idées exprimées dans les emblèmes de Vaenius étaient là bien avant Pétrarque, et  peuvent être trouvés dans les traités médiévaux sur l'amour (comme le De arte amandi honeste d' Andreas Capellanus ou André le Chapelain, v.1190) , et avant même dans la poésie d'amour arabe du sud de l'Espagne, comme El collar de la paloma  ou Collier de la Colombe par Ibn Hazm (1023). 

Karel Porteman a  attiré l'attention sur le rôle d' son inspiration principalement d'Ovide et de la poésie et littérature amoureuse hellénistique. Si les Complaintes Pétrarque sont certainement présentes, c'est  en général d'une manière légèrement ironique.

 Vaenius, dans son discours (Cupidon) à tous les jeunes, souligne la toute-puissance de l'amour  et tente de les gagner à l'amour et le mariage. Le livre a clairement un aspect éducatif, mais cela ne doit pas nous faire oublier que le livre a également été conçu pour divertir 

 M. Peter Daly  note que  Cupidon peut représenter soit l'amour  comme une force puissante externe, soit l'expérience de l'amour , soit encore l'amant lui-même. 

.

L'emblème Pour un plaisir mille douleurs.

 page 102-103 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52503247x

BREVIS ET DAMNOSA VOLVPTAS.

Lumina delectant culices, perimuntaque petita ;

Sic nobis spes est optima caussa mali.

Qui circumvolitat deceptus Amoris ad ignes,

Numquid naturam papilionis habet ?

 

.

Breve gioia.

Qual la farfalla al lume lieta muore

Spinta da lo splendor, tale l'amante

Dai raggi spinto di belta prestante,

A' gl' occhi muor d'adamantino cuore.

 

.

Pour un plaisir mille douleurs.

Comme le papillon aux rais d'une chandelle

S'égarant perd la vie : ainsi le fol amant

S'approchant de trop près, perd vie & sentiment,

Foudroyé par les yeux de sa Dame cruelle.

.

Commentaires personnels.

Au début du XVIIe siècle, Otto van Veen applique à nouveau la figure du Papillon à la lanterne  à l'amant, au fol amant foudroyé par sa belle qu'il a approché de trop près. La froideur des Dame est aussi brûlante que le feu, tous les poètes de la Pléiade n'ont pas manqué de jouer sur la vérité de cette oxymore. Dans le quatrain italien, le cœur de la belle a la dureté glacée et infaillible du diamant : adamantino cuore, un cœur adamantin.

Et donc, une nouvelle fois, le papillon est la figure du fol amant, égaré, aveuglé, et puni pour sa pulsion scopique qui l'attire vers la Beauté torride et fatale.

Une nouvelle fois, il a le mauvais rôle. Mais vraiment ?

En réalité cette folie épinglée est si bien la notre que nous le chérissons, qu'il est notre Prométhée foudroyé par Zeus, héros de notre humanité qui ne renonce jamais à son vol ascendant vers le Beau. 

.

La gravure ajoute aux illustrations précédentes un Cupidon qui, accoudé à la table, l'arc inutile sous le bras, nous regarde.

Ce Cupidon est présent sur toutes les planches de l'Amorum emblemata.

 

Otto van Veen, 1608,  Amorum emblemata page 103.
Otto van Veen, 1608,  Amorum emblemata page 103.

Otto van Veen, 1608, Amorum emblemata page 103.

SOURCES ET LIENS.

— GUÉROULT (Guillaume), 1550, Second livre de la description des animaux , contenant le blason des oyseaux, composé par Guillaume Guéroult, ed. B. Arnoullet (Lyon) 1550 62 p. : fig. sur bois ; in-8 page 20.

JONGHE (Adriaen de. ou Hadrianus Junius) , 1565 — Aenigmata et Emblemata. Emblemata Hadriani Iunii medici Emblemata - Junius, Hadrianus, 1511-1575 Colophon  f.4v: "Excudebat Christophorus Plantinus Antuerpiae, anno MDLXV idibus Maii .

https://archive.org/stream/hadrianiiuniimed00juni#page/n3/mode/2up

DEMONET (Marie-Luce), 2013,  Demonet. Centre d’études supérieures de la Renaissance, Université de Tours et Institut universitaire de France, « Les « parasignes » dans Délie :Babel parergon amoris », Fabula / Les colloques, Délie, du canzoniere au temple d’érudition, URL : http://www.fabula.org/colloques/document1948.php, 

 Laurence Grove et University of Glasgow, « La Délie (numérisée), les emblèmes, et la Stirling Maxwell Collection », Fabula / Les colloques, Délie, du canzoniere au temple d’érudition, URL : http://www.fabula.org/colloques/document1952.php, page consultée le 01 décembre 2015. 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 16:17
 

Si on explore avec son filet à papillons  la littérature française , pour en deviner le regard porté sur ces insectes par nos ancêtres, on ne rentre pas bredouille. Bien au contraire.  J'épingle ici mes prises. Je n'ai pas arpenté les prairies, mais, sur le moteur de recherche activé sur "Livres", les différents créneaux temporels. 

Dans la fenêtre 1400-1500, je ne possède qu'une espèce, mais elle est belle. Je l'ai capturée dans le Roman de la Rose. Pas moins. En fait, la rédaction est antérieure à la publication du texte imprimé, ce qui ramène ma prise au XIIIe siècle.

 

                                                                     I. 1200-1400 : 1 occurrence vers 1264-269

 Guillaume de Lorris, Jean de Meun, de Meun dit Clopinel  Le Roman de la rose , Volume 2 Imprimé à Lyon vers 1485, Google books

Le Roman de la Rose est une œuvre poétique de 22 000 vers octosyllabiques sous la forme d’un rêve allégorique. Il a été écrit en deux temps :Guillaume de Lorris écrivit la première partie (4 058 vers) 1230-1235, puis l’ouvrage fut repris et complété par Jean de Meung (17 722 vers) entre 1275 et 1280. Le vers incriminé appartient à la seconde partie.

Voir Bnf français 1573 folio 159v

 

 

— SOFREY CALIGNON , in La bibliotheque (Françoise) d'Antoine Du Verdier Seigneur de Vauprivas, Lyon, Barthélémy Honorat 1585.Marot : son ami Almanque Papillon, et le capitaine Marc Papillon de Lasphrise

Le Nouvel amour inventé par le Seigneur Papillon. Item une Epistre en abhorrant folle Amour, par Clement Marot,... Item plusieurs dizains à ce propos de S. Marthe

Description matérielle : 16 °
Édition : [Rouen] : On les vent chez Nicolas de Burges , [1543]
Auteur du texte : Clément Marot (1496-1544), Charles de Sainte-Marthe (1512-1555)

[catalogue]

  • La Victoire et triumphe d'Argent contre Cupido, dieu d'Amours, n'aguières vaincu dedans Paris [par Almanque Papillon] M.DXXXVII. On les vend à Lyon chez Françoys Juste... "Sign. Biivo" : Response faicte à l'encontre d'un petit livre intitulé : "Le Triumphe et la victoire d'argent contre Cupido n'aguières vaincu dedans Paris", par maistres Charles Fontaines

    Description matérielle : In-16, sign. A-B, fig. sur bois
    Édition : Lyon : chez Françoys Juste , 1537

    [catalogue]

Almanque Papillon (1487-1559) Poète. - Valet de chambre de François Ier la seule édition du Nouvel Amour d'Almanque Papillon (celle de Rouen, 1542, dont l'exemplaire unique de la bibliothèque de Karlsruhe a disparu en 1942

Almanque Papillon appartient à la liste des huit noms cités par Marot en réponse à Sagon : Je ne voy point qu'un sainct Gelais / Ung Heroetung Rabelaiz, Ne Papillon pas ne le poinct', Ne Thenot ne le tenue point : Saint-Gelais, Héroêt, Brodeau, Scève, Chappuis, Papillon et Dolet

On ne confondra pas Marc Papillon de Lasphrise avec Papillon Almanque (1487-1559), le valet de chambre de François Ier, ou avec Papillon de la Ferté (1727-1794), l'intendant des Menus-Plaisirs, et moins encore avec Jules Papillon, membre obscur de la Société historique de l'Aube. Non, on ne confondra pas. D'ailleurs la confusion n'est guère possible.
Papillon de Laphrise (1555-1599 ?), rendu à la notoriété par Viollet-le-Duc et par l'érudit Prosper Blanchemain, est un personnage extraordinaire dont il ne nous reste malheureusement que quelques poèmes, les plus notables ayant été réunis dans ses Premières oeuvres poétiques du Capitaine Laphrise (1597).
Outre son nom si évocateur — qui fleure les découvertes naturalistes autant que l'eau-de-Cologne —, ce personnage précieux fut un voyageur de race qui traversa de part en part l'Europe, visita, a-t-on dit parfois, l'Afrique et s'en fut jusqu'en Asie.
Natif du petit fief de Laphrise, lès Amboise, dont il prit le nom, Marc de Papillon porta les armes dès l'âge de douze ans et fut, selon ses dires, vaillant soldat et capitaine intrépide. Nous n'avons pas de mal à le croire.

(...) jeunet desjà ardant de belle flâme
D'ambition guerrière où s'adonnoit mon ame,
Je traversay les mers sans craindre le méchef,
Afin d'avoir un jour ce digne nom de chef.

Il n'eut pas que cette qualité. Quand, plus tard, vieilli sur les champs de bataille, il se retira chez lui, "accablé d'infirmités" nous dit Viollet-le-Duc, il poursuivit ses rimailleries, tout en se gardant bien de jouer l'écrivain. Sa "muse soldarde" servait le gentilhomme, qui n'avait que faire des scholastes. C'est qu'il avait vécu, lui. Et l'on peut s'en convaincre en poussant jusqu'à Nouvelle tragi-comique numérisée sur Gallica.
Pour l'heure, c'est à un recueil d'énigmes apparemment égrillardes que nous avons droit, avec des collages de Claude Ballaré qui rappelle la belle époque des collages surréalistes et belges. Jouant des ambiguités du langage et des sens cachés, le capitaine Papillon nous pousse à imaginer des cochoncetés là où il décrit, ma foi, des actions toutes pures.
On voit bien le malicieux... Exemple :

Madame le void rouge estant en grand'chaleur,
Le prend en pleine main pour le mettre en sa fente,
Puis ayant d'un bon coup reçu ceste liqueur,
Soufflant souspire d'aise, & n'est plus si ardente.

 



Marc Papillon de Lasphrise 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Papillon,_seigneur_de_Lasphrise

Marc Papillon, seigneur de Lasphrise, dit aussi le Capitaine Lasphrise et parfois nommé Marc de Papillon, né près d'Amboise vers 1555 et mort vers 15991, est un poète baroque satirique et érotique français.Issu d'une famille méridionale appauvrie par les guerres, orphelin de père, il s'engagé très jeune dans les armées catholiques. Il fait de nombreux séjours à la Cour avant de se retirer à Lasphrise, près de Tours, vers 1587. Amoureux peu soucieux des tabous et des conventions, il reste le poète des Amours de Théophile, composées en l'honneur d'une religieuse, et de L'Amour passionnée de Noémie, composé pour une cousine, Noémie-la-Tourangelle, remarquables par leur ton libertin. Il y montre un souci de recherches formelles, ainsi qu'un goût prononcé pour le jeu avec la langue, comme ce sonnet « en langage enfançon » et cet autre « en langue inconnue » qui commence ainsi :

Cerdis Zerom deronty toulpinye,

Pursis harlins linor orifieux...

Il est aussi l'auteur d'une comédie, La Nouvelle tragicomique, et d'œuvres chrétiennes.

  • Les Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise [avec des poésies de Le Plessis-Prevost, de Sonan, L'Ormois, de Masere]. A Paris pour Jean Gesselin 1597. Texte en ligne http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70410t.pdf

  • une seconde édition revue et augmentée a paru en 1599.

  • La Nouvelle tragicomique in Ancien théâtre françois ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusqu'à Corneille (1856) Texte en ligne

 

 

 

https://books.google.fr/books?id=Z9Q5AAAAcAAJ&pg=PT25&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiJvaynmrXJAhWKVxoKHdLRCCYQ6AEIOTAF#v=onepage&q=papillon&f=false

Oeuvres poétiques: Redigees en deux Tomes. ¬Les Odes D'Anacreon Teien, Poete ...Paris, pour Gilles Gilles, libraire

 Par Remy Belleau,Charles Joseph Marty-Laveau 1585 page 31

Le grand propriétaire de toutes choses, très utile et profitable pour tenir ...

 Par Bartholomaeus Anglicus

Des bestes De la chenille chap XLV.

« Ces papillons laissent leurs ordures sur les feuilles et de telles ordures viennent les Chenilles, et des Chenilles naissent les Papillons, les Chenilles nuisent moins en volant qu'en rampant, et advient aucunesfois que les Papillons volent de nuit entour de la chandelle et en veulent éteindre la lumière, et ce faisant ils ardent eux mêmes et se boutent au feu et se détruisent en voulant nuire à autrui comme die Papie.

https://books.google.fr/books?id=44REAAAAcAAJ&pg=PT393&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiJvaynmrXJAhWKVxoKHdLRCCYQ6AEITjAJ#v=onepage&q=papillon&f=false

Le Nouvel amour inventé par le Seigneur Papillon. Item une Epistre en abhorrant folle Amour, par Clement Marot,... Item plusieurs dizains à ce propos de S. Marthe

 

 

 

1400-1500 : 1 occurrence

 Guillaume de Lorris, Jean de Meun, de Meun dit Clopinel  Roman de la Rose Le roman de la rose, Volume 2 Imprimé à Lyon vers 1485

https://books.google.fr/books?id=lbZRc41VY0AC&pg=PT269&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjJvqK7l7XJAhVHnBoKHTTEAcUQ6AEINTAD#v=onepage&q=papillon&f=false:

19902 Si font mes belles verminetes

Förmis papillons & mouchetes

Vers qui de pourriture naissent,

De mes commans garder ne cessent,

Et mes serpens & mes couleuvres,

Tous estudient à mes œuvres..

 font mes beles verminetes, Formis , papillons et mochetes, Vers qui de porreture nessent,

L'Histoire d'Ogier le Dannoys Duc de Dannemarche, Qui fut l'un des douze . 1579, 1599, etc.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogier_de_Danemarche

Papillon est le nom du cheval d'Ogier

L'histoire d'Ogier le Dannoys, duc de Dannemarche, qui fut l'un des douze pers de France. Lequel avec l'ayde du roy Charlemagne chassa les payens hors de Rome, et remist le pape en son siege. Puis conquist trois terribles geans sarrazins en champ de bataille, c'est assavoir Brunamont roy d'Egypte devant Rome, Bruhier soudan de Babylone devant Laon, et Justamont son frere devant Acre. Et aprés fut couronné roy d'Angleterre et roy d'Acre, aussi conquist la cité de Jerusalem et Babylonne, et plusieurs autres vaillances fist ledict Ogier. Qui en fin fut long temps en Faerie, comme vous pourrez lire cy aprés. 1599 Lyon : Les heritiers de Benoist Rigaud.

https://archive.org/stream/LHistoireDOgierLeDannois1599/L_Histoire_d_Ogier_le_Dannois_1599#page/n189/mode/2up/search/papillon


 

 

 

 

 

 RONSARD  “Le” Sixièsme Livre Des Poèmes De Pierre De Ronsard Gentil-Homme Vandosmois ...

 Par Pierre “de” Ronsard Paris, Iean Dalier 1569 page 57

https://books.google.fr/books?id=b7BdAAAAcAAJ&pg=PT112&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi42pTYrbXJAhXJHxoKHaUBDHM4FBDoAQgpMAI#v=onepage&q=papillon&f=false

Ce ver fasché comme ennuyé de soy

Soudaint se change, & vole par les prées

Fait Papillon aux aesles diaprées

De rouge verd azur & vermillon

Puis se faschant d'être tant Papillon

Devient Chenille & pond des œufs, pour faire

Que par sa mort il se puisse refaire.

 

— SOFREY CALIGNON , in La bibliotheque (Françoise) d'Antoine Du Verdier Seigneur de Vauprivas, Lyon, Barthélémy Honorat 1585.

Sofrey Calignon était maître de requête du roi de Navarre. 

 Le Mépris des dames. SATYRE.

Comme le papillon aux aisles esplolees

Caché dessoubs les lys aux robes esmaillees

Du ieune chasserot va décevant les pas

Qui pense les tenir & ne les tient pas :

Le délicat enfant d'une démarche folle

S'approche, & cependant le papillon s'envole.

 

...

Stefano Guazzo 1598 La civile conversation dv Seignevr Estienne Gvazzo Gentilhomme de Montserrat :

Si vous ne le savez, je vous dis que cela ne procède que d'une fausse imagination, auec laquelle vous poursuiviez votre mort avec ce vain plaisir , ainsi que fait le Papillon volant â l'entour de la chandelle.

 

— 

— GUAZZO (Stefano), 1598

— RONSARD  (Pierre de), 1569, “Le” Sixièsme Livre Des Poèmes De Pierre De Ronsard Gentil-Homme Vandosmois ... Paris, Iean Dalier 1569 page 57

— SOFREY CALIGNON , in La bibliotheque (Françoise) d'Antoine Du Verdier Seigneur de Vauprivas, Lyon, Barthélémy Honorat 1585.

Marot : son ami Almanque Papillon, et le capitaine Marc Papillon de Lasphrise

Le Nouvel amour inventé par le Seigneur Papillon. Item une Epistre en abhorrant folle Amour, par Clement Marot,... Item plusieurs dizains à ce propos de S. Marthe

Description matérielle : 16 °
Édition : [Rouen] : On les vent chez Nicolas de Burges , [1543]
Auteur du texte : Clément Marot (1496-1544), Charles de Sainte-Marthe (1512-1555)

[catalogue]

  • La Victoire et triumphe d'Argent contre Cupido, dieu d'Amours, n'aguières vaincu dedans Paris [par Almanque Papillon] M.DXXXVII. On les vend à Lyon chez Françoys Juste... "Sign. Biivo" : Response faicte à l'encontre d'un petit livre intitulé : "Le Triumphe et la victoire d'argent contre Cupido n'aguières vaincu dedans Paris", par maistres Charles Fontaines

    Description matérielle : In-16, sign. A-B, fig. sur bois
    Édition : Lyon : chez Françoys Juste , 1537

    [catalogue]

Almanque Papillon (1487-1559) Poète. - Valet de chambre de François Ier la seule édition du Nouvel Amour d'Almanque Papillon (celle de Rouen, 1542, dont l'exemplaire unique de la bibliothèque de Karlsruhe a disparu en 1942

Almanque Papillon appartient à la liste des huit noms cités par Marot en réponse à Sagon : Je ne voy point qu'un sainct Gelais / Ung Heroetung Rabelaiz, Ne Papillon pas ne le poinct', Ne Thenot ne le tenue point : Saint-Gelais, Héroêt, Brodeau, Scève, Chappuis, Papillon et Dolet

On ne confondra pas Marc Papillon de Lasphrise avec Papillon Almanque (1487-1559), le valet de chambre de François Ier, ou avec Papillon de la Ferté (1727-1794), l'intendant des Menus-Plaisirs, et moins encore avec Jules Papillon, membre obscur de la Société historique de l'Aube. Non, on ne confondra pas. D'ailleurs la confusion n'est guère possible.
Papillon de Laphrise (1555-1599 ?), rendu à la notoriété par Viollet-le-Duc et par l'érudit Prosper Blanchemain, est un personnage extraordinaire dont il ne nous reste malheureusement que quelques poèmes, les plus notables ayant été réunis dans ses Premières oeuvres poétiques du Capitaine Laphrise (1597).
Outre son nom si évocateur — qui fleure les découvertes naturalistes autant que l'eau-de-Cologne —, ce personnage précieux fut un voyageur de race qui traversa de part en part l'Europe, visita, a-t-on dit parfois, l'Afrique et s'en fut jusqu'en Asie.
Natif du petit fief de Laphrise, lès Amboise, dont il prit le nom, Marc de Papillon porta les armes dès l'âge de douze ans et fut, selon ses dires, vaillant soldat et capitaine intrépide. Nous n'avons pas de mal à le croire.

(...) jeunet desjà ardant de belle flâme
D'ambition guerrière où s'adonnoit mon ame,
Je traversay les mers sans craindre le méchef,
Afin d'avoir un jour ce digne nom de chef.

Il n'eut pas que cette qualité. Quand, plus tard, vieilli sur les champs de bataille, il se retira chez lui, "accablé d'infirmités" nous dit Viollet-le-Duc, il poursuivit ses rimailleries, tout en se gardant bien de jouer l'écrivain. Sa "muse soldarde" servait le gentilhomme, qui n'avait que faire des scholastes. C'est qu'il avait vécu, lui. Et l'on peut s'en convaincre en poussant jusqu'à Nouvelle tragi-comique numérisée sur Gallica.
Pour l'heure, c'est à un recueil d'énigmes apparemment égrillardes que nous avons droit, avec des collages de Claude Ballaré qui rappelle la belle époque des collages surréalistes et belges. Jouant des ambiguités du langage et des sens cachés, le capitaine Papillon nous pousse à imaginer des cochoncetés là où il décrit, ma foi, des actions toutes pures.
On voit bien le malicieux... Exemple :

Madame le void rouge estant en grand'chaleur,
Le prend en pleine main pour le mettre en sa fente,
Puis ayant d'un bon coup reçu ceste liqueur,
Soufflant souspire d'aise, & n'est plus si ardente.

 



Marc Papillon de Lasphrise 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Papillon,_seigneur_de_Lasphrise

Marc Papillon, seigneur de Lasphrise, dit aussi le Capitaine Lasphrise et parfois nommé Marc de Papillon, né près d'Amboise vers 1555 et mort vers 15991, est un poète baroque satirique et érotique français.Issu d'une famille méridionale appauvrie par les guerres, orphelin de père, il s'engagé très jeune dans les armées catholiques. Il fait de nombreux séjours à la Cour avant de se retirer à Lasphrise, près de Tours, vers 1587. Amoureux peu soucieux des tabous et des conventions, il reste le poète des Amours de Théophile, composées en l'honneur d'une religieuse, et de L'Amour passionnée de Noémie, composé pour une cousine, Noémie-la-Tourangelle, remarquables par leur ton libertin. Il y montre un souci de recherches formelles, ainsi qu'un goût prononcé pour le jeu avec la langue, comme ce sonnet « en langage enfançon » et cet autre « en langue inconnue » qui commence ainsi :

Cerdis Zerom deronty toulpinye,

Pursis harlins linor orifieux...

Il est aussi l'auteur d'une comédie, La Nouvelle tragicomique, et d'œuvres chrétiennes.

  • Les Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise [avec des poésies de Le Plessis-Prevost, de Sonan, L'Ormois, de Masere]. A Paris pour Jean Gesselin 1597. Texte en ligne http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70410t.pdf

  • une seconde édition revue et augmentée a paru en 1599.

  • La Nouvelle tragicomique in Ancien théâtre françois ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remarquables depuis les mystères jusqu'à Corneille (1856) Texte en ligne

 

 

 

https://books.google.fr/books?id=Z9Q5AAAAcAAJ&pg=PT25&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiJvaynmrXJAhWKVxoKHdLRCCYQ6AEIOTAF#v=onepage&q=papillon&f=false

Oeuvres poétiques: Redigees en deux Tomes. ¬Les Odes D'Anacreon Teien, Poete ...Paris, pour Gilles Gilles, libraire

 Par Remy Belleau,Charles Joseph Marty-Laveau 1585 page 31

Le grand propriétaire de toutes choses, très utile et profitable pour tenir ...

 Par Bartholomaeus Anglicus

Des bestes De la chenille chap XLV.

« Ces papillons laissent leurs ordures sur les feuilles et de telles ordures viennent les Chenilles, et des Chenilles naissent les Papillons, les Chenilles nuisent moins en volant qu'en rampant, et advient aucunesfois que les Papillons volent de nuit entour de la chandelle et en veulent éteindre la lumière, et ce faisant ils ardent eux mêmes et se boutent au feu et se détruisent en voulant nuire à autrui comme die Papie.

https://books.google.fr/books?id=44REAAAAcAAJ&pg=PT393&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiJvaynmrXJAhWKVxoKHdLRCCYQ6AEITjAJ#v=onepage&q=papillon&f=false

Le Nouvel amour inventé par le Seigneur Papillon. Item une Epistre en abhorrant folle Amour, par Clement Marot,... Item plusieurs dizains à ce propos de S. Marthe

 

 

 

1400-1500 : 1 occurrence

 Guillaume de Lorris, Jean de Meun, de Meun dit Clopinel  Roman de la Rose Le roman de la rose, Volume 2 Imprimé à Lyon vers 1485

https://books.google.fr/books?id=lbZRc41VY0AC&pg=PT269&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjJvqK7l7XJAhVHnBoKHTTEAcUQ6AEINTAD#v=onepage&q=papillon&f=false:

19902 Si font mes belles verminetes

Förmis papillons & mouchetes

Vers qui de pourriture naissent,

De mes commans garder ne cessent,

Et mes serpens & mes couleuvres,

Tous estudient à mes œuvres..

 font mes beles verminetes, Formis , papillons et mochetes, Vers qui de porreture nessent,

L'Histoire d'Ogier le Dannoys Duc de Dannemarche, Qui fut l'un des douze . 1579, 1599, etc.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogier_de_Danemarche

Papillon est le nom du cheval d'Ogier

L'histoire d'Ogier le Dannoys, duc de Dannemarche, qui fut l'un des douze pers de France. Lequel avec l'ayde du roy Charlemagne chassa les payens hors de Rome, et remist le pape en son siege. Puis conquist trois terribles geans sarrazins en champ de bataille, c'est assavoir Brunamont roy d'Egypte devant Rome, Bruhier soudan de Babylone devant Laon, et Justamont son frere devant Acre. Et aprés fut couronné roy d'Angleterre et roy d'Acre, aussi conquist la cité de Jerusalem et Babylonne, et plusieurs autres vaillances fist ledict Ogier. Qui en fin fut long temps en Faerie, comme vous pourrez lire cy aprés. 1599 Lyon : Les heritiers de Benoist Rigaud.

https://archive.org/stream/LHistoireDOgierLeDannois1599/L_Histoire_d_Ogier_le_Dannois_1599#page/n189/mode/2up/search/papillon


 

 

 

 

 

 RONSARD  “Le” Sixièsme Livre Des Poèmes De Pierre De Ronsard Gentil-Homme Vandosmois ...

 Par Pierre “de” Ronsard Paris, Iean Dalier 1569 page 57

https://books.google.fr/books?id=b7BdAAAAcAAJ&pg=PT112&dq=papillon&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi42pTYrbXJAhXJHxoKHaUBDHM4FBDoAQgpMAI#v=onepage&q=papillon&f=false

Ce ver fasché comme ennuyé de soy

Soudaint se change, & vole par les prées

Fait Papillon aux aesles diaprées

De rouge verd azur & vermillon

Puis se faschant d'être tant Papillon

Devient Chenille & pond des œufs, pour faire

Que par sa mort il se puisse refaire.

 

— SOFREY CALIGNON , in La bibliotheque (Françoise) d'Antoine Du Verdier Seigneur de Vauprivas, Lyon, Barthélémy Honorat 1585.

Sofrey Calignon était maître de requête du roi de Navarre. 

 Le Mépris des dames. SATYRE.

Comme le papillon aux aisles esplolees

Caché dessoubs les lys aux robes esmaillees

Du ieune chasserot va décevant les pas

Qui pense les tenir & ne les tient pas :

Le délicat enfant d'une démarche folle

S'approche, & cependant le papillon s'envole.

 

...

Stefano Guazzo 1598 La civile conversation dv Seignevr Estienne Gvazzo Gentilhomme de Montserrat :

Si vous ne le savez, je vous dis que cela ne procède que d'une fausse imagination, auec laquelle vous poursuiviez votre mort avec ce vain plaisir , ainsi que fait le Papillon volant â l'entour de la chandelle.

 

— 

— GUAZZO (Stefano), 1598

— RONSARD  (Pierre de), 1569, “Le” Sixièsme Livre Des Poèmes De Pierre De Ronsard Gentil-Homme Vandosmois ... Paris, Iean Dalier 1569 page 57

— SOFREY CALIGNON , in La bibliotheque (Françoise) d'Antoine Du Verdier Seigneur de Vauprivas, Lyon, Barthélémy Honorat 1585.

Roman de la Rose,  Bnf français 1573 folio 159v, Gallica

Roman de la Rose, Bnf français 1573 folio 159v, Gallica

.

19902 Si font mes belles verminetes

Förmis papillons & mouchetes

Vers qui de pourriture naissent,

De mes commans garder ne cessent,

Et mes serpens & mes couleuvres,

Tous estudient à mes œuvres..

 font mes beles verminetes, Formis , papillons et mochetes, Vers qui de porreture nessent,

 

   Dans la traduction de Pierre Marteau,  l'extrait se trouve au Chapitre XCIX. (v 19297- 20028) ,  (p.197) 

Compains est à toutes les choses

Qui sunt en tout le monde encloses,
Et de lor bonté parçonnieres.
Il a son estre avec les pierres,
Et vit avec les herbes druës,
Et sent avec les bestes muës:

 

[p.197]

 

Jusqu'à mes belles yerminettes,
Fourmis, papillons et mouchettes,
Vers de pourriture naissants,

Tous gardent mes commandements;
Mes serpents voire et mes couleuvres
Toutes travaillent à mes œuvres.
Mais seul, l'homme que je comblai
De tretous les biens que je sai,
L'homme que je forme et fais naître
Seul à l'image de son maître,
L'homme seul, à qui je permets
Haut vers le ciel tourner ses traits,
L'homme seul, mon œuvre dernière,
Me méconnaît et désespère.

 

 http://www.gutenberg.org/files/44713/44713-h/44713-h.htm

 

On trouve aussi un peu plus loin : 

Et les choses grans et menuës,

En iauës douces contenuës ;

Et l'air et tous les oisillons,

v.20521   Et mochetes et papillons,

Et tout quanque par l'air resonne ;

   Nous constatons que le papillon est cité parmi les "verminettes", terme définit par Godefroy comme "vermine, et, par extension, petit animal" . C'est une simple mention dans une liste, liste  témoignant de la puissance divine   sur la nature et les animaux, aussitôt opposés aux homme, qui "Me méconnaît et désespère". Les papillons ne sont pas traités de vermine au sens actuel du terme, il n'y a pas de connotation négative, hormis peut-être le rapprochement avec "les vers de pourriture naissants", néanmoins distincts des papillons.

 

Dans la seconde occurrence, les papillons sont cités avec les mochetes, que Godefroy définit comme "petite mouche, abeille".  Les "Papillons et mouchetes" , c'est l'ensemble des Insectes.                         

 

                                                II. 1500-1600.

A. Avant-propos.

Mon exploration découvre d'abord deux poètes mineurs, contemporains et amis de Marot : Almanque Papillon, et le capitaine Marc Papillon de Lasphrise. Rien n'interdit une aimable digression répondant à une légitime curiosité. Car quel drôle de nom !

— Le premier, Almanque Papillon (1487-1559), était  valet de chambre de François Ier. Il est l'auteur du   Nouvel Amour d'Almanque Papillon  la seule édition, celle de Rouen, 1542, dont l'exemplaire unique de la bibliothèque de Karlsruhe a disparu en 1942

Almanque Papillon appartient à la liste des huit noms cités par Marot en réponse à Sagon : Je ne voy point qu'un sainct Gelais / Ung Heroet, ung Rabelaiz, un Brodeau, un Sève, un Chappuy voysent escripvant contre luy. Ne Papillon pas ne le poinct,  Ne Thenot ne le tenne [=tenaille] point. Mellin . Il appartient donc à la bande des  De Saint-Gelais, Héroêt, Rabelais, Bordeau, Scève, Chappuis, Papillon et Dolet.

 

— Le second, le "capitaine" Marc Papillon de Lasphrise est l'auteur des  Premières oeuvres poétiques du Capitaine Laphrise (1597).

Selon Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Papillon,_seigneur_de_Lasphrise

Marc Papillon, seigneur de Lasphrise, dit aussi le Capitaine Lasphrise et parfois nommé Marc de Papillon, né près d'Amboise (à Lasphrise)  vers 1555 et mort vers 15991, est un poète baroque satirique et érotique français.Issu d'une famille méridionale appauvrie par les guerres, orphelin de père, il s'engagé très jeune dans les armées catholiques. Il fait de nombreux séjours à la Cour avant de se retirer à Lasphrise, près de Tours, vers 1587. Amoureux peu soucieux des tabous et des conventions, il reste le poète des Amours de Théophile, composées en l'honneur d'une religieuse, et de L'Amour passionnée de Noémie, composé pour une cousine, Noémie-la-Tourangelle, remarquables par leur ton libertin. Il y montre un souci de recherches formelles, ainsi qu'un goût prononcé pour le jeu avec la langue.

— "Papillon fut aussi un nom propre célèbre, celui du cheval d'Ogier de Danemarche 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogier_de_Danemarche

L'histoire d'Ogier le Dannoys, duc de Dannemarche, qui fut l'un des douze pers de France. Lequel avec l'ayde du roy Charlemagne chassa les payens hors de Rome, et remist le pape en son siege. Puis conquist trois terribles geans sarrazins en champ de bataille, c'est assavoir Brunamont roy d'Egypte devant Rome, Bruhier soudan de Babylone devant Laon, et Justamont son frere devant Acre. Et aprés fut couronné roy d'Angleterre et roy d'Acre, aussi conquist la cité de Jerusalem et Babylonne, et plusieurs autres vaillances fist ledict Ogier. Qui en fin fut long temps en Faerie, comme vous pourrez lire cy aprés. 1599 Lyon : Les heritiers de Benoist Rigaud.

https://archive.org/stream/LHistoireDOgierLeDannois1599/L_Histoire_d_Ogier_le_Dannois_1599#page/n189/mode/2up/search/papillon

 

 

B. Cette parenthèse étant fermée, je me livre à la lecture du  chapitre XLV, Des bestes De la chenille du Grand propriétaire de toutes choses, très utile et profitable pour tenir le corps humain en santé. publié en 1556 par Bartholomaeus Anglicus :

"Ces papillons laissent leurs ordures sur les feuilles et de telles ordures viennent les Chenilles, et des Chenilles naissent les Papillons, les Chenilles nuisent moins en volant qu'en rampant, et advient aucunes fois que les Papillons volent de nuit entour de la chandelle et en veulent éteindre la lumière, et ce faisant ils ardent eux mêmes et se boutent au feu et se détruisent en voulant nuire à autrui comme dit Papie."

Ce témoignage comporte une croyance, celle de penser que les chenilles naissent des déjections des papillons. Et une leçon morale : les papillons de nuit attirés par les chandelles "pour les éteindre",  "se détruisent en voulant nuire à autrui"

 

 

— C.  RONSARD 1569   “Le” Sixièsme Livre Des Poèmes De Pierre De Ronsard Gentil-Homme Vandosmois ...Par Pierre “de” Ronsard Paris, Iean Dalier page 57 :

Ce ver fasché comme ennuyé de soy

Soudaint se change, & vole par les prées

Fait Papillon aux aesles diaprées

De rouge verd azur & vermillon

Puis se faschant d'être tant Papillon

Devient Chenille & pond des œufs, pour faire

Que par sa mort il se puisse refaire.

Ici, ce papillon est d'abord un ver, puis un somptueux papillon, avant de devenir chenille "pour faire que par sa mort il se puisse refaire", dans une figure proche du Phénix. [Bnf Tous les cinq cents ans, le Phénix construit un nid de brindilles parfumées avec de la myrrhe et s’immole pour renaître trois jours plus tard. Un œuf ou un ver se forme de ses os consumés. Sort alors un nouveau phénix, qui transporte à Héliopolis, sur l’autel du Soleil, les cendres de son père. La tradition chrétienne fait du phénix le symbole de la Résurrection du Christ et de l’immortalité de l’âme.]

 

—D.  SOFREY CALIGNON , in La bibliotheque (Françoise) d'Antoine Du Verdier Seigneur de Vauprivas, Lyon, Barthélémy Honorat 1585.

Sofrey Calignon était maître de requête du roi de Navarre. 

 Le Mépris des dames. SATYRE.

Comme le papillon aux aisles esplolees

Caché dessoubs les lys aux robes esmaillees

Du ieune chasserot va décevant les pas

Qui pense les tenir & ne les tient pas :

Le délicat enfant d'une démarche folle

S'approche, & cependant le papillon s'envole.

De ce texte, je souligne que la chasse aux papillons n'est pas encore une occupation d'entomologiste chenu du XIXe et XXe siècle, mais un jeu d'enfant, comme le dénichement des oiseaux. Le papillon donne ici, dans une phrase charmante,une belle leçon de morale à l'étourdi : Le délicat enfant d'une démarche folle S'approche, & cependant le papillon s'envole.

—E. Puisque ceci m'incite à remarquer que pour nos aïeux médiévaux et renaissants, les papillons évoquent le monde de l'enfance et de ses jeux cruels (le Papillon de Belleau en témoignait), je citerais Rabelais en témoignage :

Gargantua, depuis les troys jusques à cinq ans,

Baysloit souvent aux mousches

Et couroy volontiers après les parpaillons  

desquels son père tenait l'empire. RABELAIS, 1534, Gargantua, XI

La mère de Gargantua, Gargamelle, est la fille du roi...des Parpaillons.

Rabelais joue sur l'ambiguïté du mot parpaillons, qui désigne au sens propre un papillon (qui se brûle à la chandelle) et au sens figuré un hérétique, que l'on brûlait alors comme des papillons. (Charles Esmangart, ‎Éloi Johanneau - 1823).

— F. Stefano GUAZZO, 1598 La civile conversation dv Seignevr Estienne Gvazzo Gentilhomme de Montserrat :

Si vous ne le savez, je vous dis que cela ne procède que d'une fausse imagination, auec laquelle vous poursuiviez votre mort avec ce vain plaisir , ainsi que fait le Papillon volant â l'entour de la chandelle.

Nouvelle preuve de cette association quasi automatique entre papillon et flamme de chandelle, et de la morale que cette image soutient : tel le papillon, le licencieux qui recherche le plaisir s'y brûlera et se damnera.

.

CONCLUSION.
Dans la littérature accessible en ligne, du XIIIe au XVIe siècle, le papillon n'est qu'un insecte semblable aux mouches, fourmis et abeilles, nullement distingué pour sa beauté et sa grâce vagabonde, comme si nos ancêtres avaient essentiellement en tête le phalène, ou papillon de nuit, celui qui se brûle les ailes à la chandelle. La chandelle elle-même est, en peinture, dans les Marie-Madeleine et les Mélancolies, associée au crâne, à la mort, et à la finitude de l'être, comme exhortation au repentir et à la pénitence. Il me semble que le papillon est inclut alors dans la même symbolique, les mêmes associations. 

Bien-sûr, le Papillon de Rémy Belleau (1554)  est un superbe contre-exemple, et d'autres textes témoigneraient sans-doute de papillons aux images poétiques solaires, florales et guillerettes, mais ces éléments avant-coureurs de la révolution du regard porté sur les petits êtres ailés qui illuminent et animent de leurs féeries nos prairies et nos jardins, nos bois et nos landes sont encore des exceptions.
 

 

 

SOURCES ET LIENS.

— GUAZZO (Stefano), 1598 La civile conversation dv Seignevr Estienne Gvazzo Gentilhomme de Montserrat :

— RONSARD  (Pierre de), 1569, “Le” Sixièsme Livre Des Poèmes De Pierre De Ronsard Gentil-Homme Vandosmois ... Paris, Iean Dalier 1569 page 57

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 09:09

Dans ma Zoonymie du Plebejus argus, je concluais, dans mon résumé, à propos de l'épithète spécifique — argus, (Linnaeus, 1758) :

" L'emploi du nom d'Argus pour désigner un papillon a été d'abord suggéré par l'anglais Thomas Moffet en 1634, dans sa description d'un papillon aux ailes d'un bleu céleste parsemées d'ocelles, où il envisage que  les yeux d'Argus, qui sont venues après sa mort sur la queue du paon, aurait bien pu en orner les ailes de cette espèce. Il a peut-être repris cette image du naturaliste zurichois Conrad Gessner,  dont il avait hérité de la collection entomologique, et qui était l' auteur dans son Onomasticon de 1544 d'une des premières compilations sur le nom d'Argus. Gessner renvoie aux Métamorphoses d'Ovide, Livre I où le géant Argus, qui dispose de cent yeux, surveille pour le compte de Junon la jeune Io, maîtresse de Jupiter transformée en génisse. Tué par Mercure sur ordre de Zeus, ses yeux furent recueillis par Junon comme autant de pierres précieuses sur la queue de son paon emblématique.  Si Thomas Moffet n'utilise pas le nom Argus lui-même mais le désigne par son épithète Panoptes, l'apothicaire londonien James Petiver crée le nom d'Argus en 1695 sous la forme The Little Blew-Argus ("le Petit Argus Bleu") avant de décliner ce nom en 4 espèces de sa collection dans son Gazophylacii de 1704, The Blue Argus, The pale Argus, the mixt' Argus et The edg'brown Argus. Qu'on le date de Gessner, de Moffet ou de Petiver, il s'agit d'un des tout premiers noms de papillon.

Le nom est repris par Linné qui, dans sa Fauna suecica de 1746 crée sous la forme vernaculaire en latin les quatre Argus ocelatus ("couvert d'yeux"), fuscus ("brun"), myops ("aux yeux à demi-fermés") et caecus ("aveugle"). Dans son Systema Naturae de 1758, il ne donne le nom Argus qu'à une seule espèce Papilio Plebejus argus "au dessous des ailes postérieures à bordure brun-rouille et à ocelles bleu-argenté". Il deviendra notre Plebejus argus."

Mais je découvre aujourd'hui qu'en 1554, avant Thomas Moffet et bien avant James Petiver, le poète français, l'un des sept de la Pléiade, avait créé cette métaphore associant les ocelles des ailes des Azurés avec les yeux du géant Argus, le surveillant de la génisse Io ("Inache" dans son texte). 

Voici toute de suite le début du poème en octosyllabe, avec le passage qui nous concerne souligné en gras ; le découpage en paragraphe est de moi:

 

"Le papillon de Remy Belleau à P. de Ronsard."

 

Que j'estime ta naissance,

Pour de rien n'avoir connoissance

Gentil papillon tremblotant,

Papillon tousjours voletant,

Grivolé de cent mille sortes, [grivolé = de multiples couleurs in Godefroy p.362]

En cent mille habits que tu portes 

Au petit meufle éléphantin, [mufle, museau]

Jouet d'enfant, tout enfantin :

Lors que de fleurs en fleurs sautelles, [sauteler = bondir, sautiller Godefroy p.330 ]

Couplant et recouplant tes aelles,

Pour tirer des plus belles fleurs, 

L'émail et les bonnes odeurs.

.

 

   Est-il paintre que la nature ?

Tu contrefais une painture,

Sur tes aelles, si proprement

Qu'à voir ton beau bigarrement,

On dirait que le pinceau mesme,

Aurait, d'un artifice extrème,

Peint de mille et mille fleurons

Le crespe de tes aellerons.

Ce n'est qu'or fin dont tu te dores

Qu'argent, qu'azur dont tu colores,

Au vif, un millier de beaux yeux,

Dont tu vois : & méritois mieux,

De garder la fille d'Inache, [Inache = Io, fille d'Inachus, premier roi d'Argos]

Qu' Argus quand elle devint vache.

.

Tu ne vis qu'un gaillard printemps,

Jamais la carrière des ans

N'offence ta crespe jeunesse [crespe : frisé, et par ext; "serré de prés", d'où ici : "actuelle"]

D'une chagrineuse vieillesse :

Au point du jour quant le Soleil

Colore d'un pourpre vermeil

Ses rayons, tu sors de ta couche,

Et puis au soir quant il se couche

Plongeant ses limoniers fumeux

Au sein de Thetis écumeux :

Dessus le tapis de la prée

En cent pareure diaprée,

Tu te couches sans avoir peur

de la nuict ny de son horreur.

.

Et quant l'Aurore rayonnante

A mouillé l'herbe rousoyante,

Tu te pais de manne et de miel

Qui lors se distille du ciel.

.

La poésie de Belleau, qu'on a pu surnommer "le peintre de la nature", est réputée pour sa clarté vivace. C'est bien le cas ici, où les ailes du papillon peuvent clairement être identifiées comme celles d'un Azuré, par leur couleur ... azur, leurs "milliers" d'ocelles (yeux), leurs motifs d'or et d'argent. Le poète n'oublie ni la trompe caractéristique des lépidoptères (ton petit mufle éléphantin), ni le vol tremblotant du papillon, ni son sautillement de fleurs en fleurs (Lors que de fleurs en fleurs sautelles,), ou le battement de ses ailes (Couplant et recouplant tes aelles,), ni la palette de ses couleurs (grivolé ) ; dans cette véritable hypotypose, il ajoute au talent d'un enlumineur celui d'un cinéaste naturaliste, en décrivant le comportement de quête du nectar, des mœurs diurnes de cet Azuré, et de son repos dans les près.

Remy Belleau (Nogent-le-Rotrou, (1527- 1577) offre ce poème à Pierre de Ronsard (1524-1585), qui n'est que de trois ans seulement son aîné mais qui néanmoins  le domine par la gloire de ses Odes et par son titre de Prince des Poètes. Ronsard, auquel il est lié par une amitié intime, lui a offert auparavant son poème intitulé La Fourmy".

  C'est un éloge paradoxal, c'est-à-dire un défi littéraire choisissant à dessein le sujet de l'éloge parmi les êtres ou les choses les plus vils et méprisables, même pas, parmi les plus insignifiants : ceux sur lesquels il n'y a rien à dire. Belleau va y répondre d'abord par son Papillon ici présent, puis par son Huistre ("D'une argentine coquille Qui fais endurcir la peau D'une perlette d'eslite, Et la franche marguerite, Prendre couleur de son eau". ), l'Heure ( "Car en mourant tu retournes, Et sans retour je m'en vois." ), le Coral de sa Maîtresse ("Donques ô branche Coraline, Puis que tu portes medecine De quelque rafraichissement, Appaise l'amoureuse flamme Qui me va bruslant jusqu'à l'ame  Par ne sçay quel enchantement." ), l'Escargot ( "C'est donc toy, cornu Limasson,  Qui veux entonner ma chanson "), l'Ombre ("Je suis contraint en eschange De te chanter la louange De cest Ombre tremblotant."  ), la Tortue [marine] ("Gentil ouvrage de Nature En si bigearre creature, Au mufle et au pied serpentin Tapi sous le cave argentin D'une ovalle, en voûte escaillee,"  ), ou le Ver luisant de nuict ( "D'un Ver petit, d'un Ver luisant, D'un Ver sous la noire carriere Du ciel qui rend une lumiere,  De son feu le ciel mesprisant.  ").

Ces exemples montrent bien que le Papillon n'est pas, pour les poètes de ce temps, un objet poétique idéal, un symbole de l'éternel Azur, l' emblème féerique de la Grâce, mais un vulgaire  insecte sur lequel pèse encore les a priori négatifs du Moyen-Âge et de l'Antiquité. La poétisation des papillons, initiée par Belleau, ne se développera qu'au XIXe siècle, dans les arts décoratifs et plastiques, et au XXe siècle avec Francis Ponge, en poésie. En 1894, Jules Renard est encore dans le registre de l'éloge paradoxal avec sa définition du papillon :"Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur".

 

.

Quoiqu'il en soit, c'est à Rémy Belleau que la paternité de l'association des papillons à ailes ocellées avec le géant Argus veillant sur Io doit être attribuée, et cette métaphore doit désormais être dater de 1554.

 

 

SOURCES ET LIENS.

Piccola Bibliotheca digitale romanza :

http://piccolabdr.humnet.unipi.it/engine.php?action=index_corpora&corpus=belleau

BELLEAU (Remy), [1578], Les Odes d'Anacreon Teien, poete grec; Avec quelques petites Hymnes de son invention, et autres diverses poesies: Ensemble une Comedie (Gilles Gilles, Paris), Ed. Barbara Sommovigo - 2008. Le texte numérisé est celui de l'édition 1578 

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27 novembre 2015 5 27 /11 /novembre /2015 23:44

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Le Papillon de R. Belleau in Tabourot 1565. Gallica.

Le Papillon de R. Belleau in Tabourot 1565. Gallica.

Le Papillon de Remy Belleau à P. de Ronsard, in Ronsard, Bocage, 1554. Gallica

Le Papillon de Remy Belleau à P. de Ronsard, in Ronsard, Bocage, 1554. Gallica

 

 

 


 

...

I. Le Papillon de Remy Belleau à P. de Ronsard.

Le texte numérisé ici est celui de 1565 publié avec la traduction latine d'Étienne Tabourot  (1549-1590) : Le fourmy de P. de Ronsard à R. Belleau . Le Papillon de R. Belleau à P. de Ronsard, mis en latin par P. Est. Tabourot, avec quelques épigrammes latins...  Éditeur :   T. Bessault (Paris) 1565. Je l'ai recopié d'après l'exemplaire mis en ligne sur Gallica.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72772p/f21.item.zoom

Après avoir terminé ce long et incertain recopiage, j'ai découvert la copie numérisée de la version de 1578 sur Piccola Bibliotheca digitale romanza : http://piccolabdr.humnet.unipi.it/engine.php?action=paragraph&id=c.0:2.belleau

Sans-doute plus fiable que la mienne, que ma nature brouillone a du décorer de quelque faute ! Mais la forme "aelle" plutôt que "aile" incite à une prononciation que je juge, à elle seule, intéressante. Outre les fautes, je prends aussi à ma charge le découpage en sortes de strophes, qui m'a permis d'aérer le pavé poétique, et de m'y retrouver. De même encore, le numérotage tous les 20 vers.

J'aurais pu aussi prendre comme modèle la première version publié, qui est celle que Ronsard lui-même avait placée dans son Bocage de 1554 , également disponible sur Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86095929/f73.image

 

Que j'estime ta naissance,

Pour de rien n'avoir connoissance

Gentil papillon tremblotant,

Papillon tousjours voletant,

Grivolé de cent mille sortes,  [grivolé = de multiples couleurs in Godefroy p.362]

En cent mille habits que tu portes 

Au petit meufle éléphantin,

Jouet d'enfans tout enfantin :

Lors que de fleurs en fleurs sautelles, [sauteler = bondir, sautiller Godefroy p.330 ]

Couplant et recouplant tes aelles,

Pour tirer des plus belles fleurs, 

L'émail et les bonnes odeurs.

.

   Est-il paintre que la nature ?

Tu contrefais une painture,

Sur tes aelles, si proprement

Qu'à voir ton beau bigarrement,

On dirait que le pinceau mesme,

Aurait, d'un artifice extrème,

Peint de mille et mille fleurons

20. Le crespe de tes aellerons.

Ce n'est qu'or fin dont tu te dores

Qu'argent, qu'azur dont tu colores,

Au vif, un millier de beaux yeux,

Dont tu vois : & méritois mieux,

De garder la fille d'Inache, [Inache = Io, fille d'Inachus, premier roi d'Argos]

Qu' Argus quand elle devint vache.

.

Tu ne vis qu'un gaillard printemps,

Jamais la carrière des ans

N'offence ta crespe jeunesse [crespe : frisé, et par ext; "serré de prés", d'où ici : "actuelle"]

D'une chagrineuse vieillesse :

Au point du jour quant le Soleil

Colore d'un pourpre vermeil

Ses rayons, tu sors de ta couche,

Et puis au soir quant il se couche

Plongeant ses limoniers fumeux

Au sein de Thetis écumeux :

Dessus le tapis de la prée

En cent pareure diaprée,

Tu te couches sans avoir peur

40. De la nuict ny de son horreur.

Et quant l'Aurore rayonnante

A mouillé l'herbe rousoyante,

Tu te pais de manne et de miel

Qui lors se distille du ciel.

.

O vie heureuse, & plus céleste

Que celle des hommes moleste ; [moleste adj. Godefroy p. 373: ennuyeuse, désagréable]

A suivre les affections

D'impatientes passions :

Tantost le ciel de son audace

D'un regard triste nous menace,

Tantost un orage cruel,

D'un bouillonnement continuel :

L'hyver, l'Este ne nous contente,

Mais plutôst une sotte attente

Nous repaist d'esperer en myeux

Bref, rien n'est ferme sous les cieux,

Pour la poure race des hommes

Sous les cieux courbés où nous sommes.

.

Or vis doncques bien fortuné

60. Mon mignon, sans estre étonné

Des traverses de la fortune,

Et pendant que l'heure oportune

Te semont a voler, il fault   [Semondre Godefroy p. 374 : "inviter"]

Par la bouillante ardeur du chault,

Que le teint du lis & des roses,

Et de mille autres fleurs écloses

Tu pilles, pour rendre mieux teint

De ma maistresse le beau teint.

 

Puis m'apportant dessus tes aelles

Tout le fard de ces fleurs nouvelles,

J'appandray sur ce Ruisselet

(Qui doucement Argentelet

Coule de la roche pierreuse

Au long de cette rive herbeuse)

Et mon bonnet, et mon chapeau

En ton honneur, a ce rameau :

Et chantant au frais de lombrage,

J'empescheray que nul outrage

Ne te soit fait sur le mi-iour

80. Par les enfants, quant de retour

Ils sont des champs, & que leur chasse

A coups de chapeaus te pourchasse,

Et tous échaufés à grand pas

Courent pour t'arreter en bas,

Hastant et rehastant leur suitte

Après ton inconstante fuitte

Pour ton voler trop incertain

Qui trompe leurs yeux et leurs mains.

.

Et si tu fais que la nuit sombre

Te puisse tirer de l'encombre

Des enfants, encor qu'il fust tard

Va-t-en mignon, à mon Ronsard

Que j'aime mieux que la lumière

De mes yeux, & dont se tient fiere

Ma muse, car il daigne bien

Lire mes vers qui ne sont rien.

.

Tu le treuveras dessus Nicandre,

Sur Gallimach ou sur la cendre

D'Anacréon qui reste encor

100. Plus précieuse que n'est l'or,

Tout recourbé, moulant la grace

De ses traits à l'antique trace

Sur le patron des plus secrés

Poëtes Romains, & Poëtes Grecs

Pour nous reclarcir leur vieil aege :

Puis tasseant sus son ouvrage,

Tu luy diras que son Remy

A qu'il a donné son Fourmy,

Son Fourmi, & depuis encore

Un double present qu'il honore

D'une Grenouille, & d'un Frellon,

Pour recompense, un Papillon,

Un gai Papillon luy renvoye,

Afin qu'en pareille monnoye,

reçoive le payement entier

D'un artisant de son mestier.

.

S'il te reçoit en sa demeure,

Papillon mon mignard, je meure

Qu'autant heureux ou plus qu'un Roy

120. Vivras sans peine & sans émoy

En ta franchise coutusmiere,

Car soigneux qu'el'te reste entiere,

Asseure toy qu'il gardera

Que l'huille ne t'offensera,

Ny qu'au feu des tardes chandelles

Tu grilles le bort de tes aelles.

.

Poème de 126 octosyllabes à rimes plates.

 

 

 

La poésie de Belleau, qu'on a pu surnommer "le peintre de la nature", est réputée pour sa clarté vivace. C'est bien le cas ici, où les ailes du papillon peuvent clairement être identifiées comme celles d'un Azuré, par leur couleur ... azur, leurs "milliers" d'ocelles (yeux), leurs motifs d'or et d'argent. Le poète n'oublie ni la trompe caractéristique des lépidoptères ("ton petit mufle éléphantin"), ni le vol tremblotant du papillon, ni son sautillement de fleurs en fleurs ("Lors que de fleurs en fleurs sautelles,"), ou le battement de ses ailes ("Couplant et recouplant tes aelles,"), ni la palette de ses couleurs ("grivolé" ) ; dans cette véritable hypotypose, il ajoute au talent d'un enlumineur celui d'un cinéaste naturaliste, en décrivant le comportement de quête du nectar, des mœurs diurnes de cet Azuré, et de son repos dans les près.

Remy Belleau (Nogent-le-Rotrou, (1527- 1577) offre ce poème à Pierre de Ronsard (1524-1585), qui n'est que de trois ans seulement son aîné mais qui néanmoins  le domine par la gloire de ses Odes et par son titre de Prince des Poètes. Ronsard, auquel il est lié par une amitié intime, lui a offert auparavant le Freslon et la Grenouille ; le Fourmy les suivit un peu plus tard. Belleau répondit par un Papillon, puis par l'Heure, la Cerise et l'Escargot.. Toutes ces pièces, les premières poésies de Belleau, parurent même la première fois dans les recueils de Ronsard où le maître les inséra à la suite de ses propres productions : le Papillon dans Le Bocage,(1554) les trois autres pièces dans La Continuation des Amours. (1555).

  C'est un éloge paradoxal, c'est-à-dire un défi littéraire choisissant à dessein le sujet de l'éloge parmi les êtres ou les choses les plus vils et méprisables, même pas, parmi les plus insignifiants : ceux sur lesquels il n'y a rien à dire. Belleau va y répondre d'abord par son Papillon ici présent, puis par son Huistre ("D'une argentine coquille Qui fais endurcir la peau D'une perlette d'eslite, Et la franche marguerite, Prendre couleur de son eau". ), l'Heure ( "Car en mourant tu retournes, Et sans retour je m'en vois." ), le Coral de sa Maîtresse ("Donques ô branche Coraline, Puis que tu portes medecine De quelque rafraichissement, Appaise l'amoureuse flamme Qui me va bruslant jusqu'à l'ame  Par ne sçay quel enchantement." ), l'Escargot ( "C'est donc toy, cornu Limasson,  Qui veux entonner ma chanson "), l'Ombre ("Je suis contraint en eschange De te chanter la louange De cest Ombre tremblotant."  ), la Tortue [marine] ("Gentil ouvrage de Nature En si bigearre creature, Au mufle et au pied serpentin Tapi sous le cave argentin D'une ovalle, en voûte escaillee,"  ), ou le Ver luisant de nuict ( "D'un Ver petit, d'un Ver luisant, D'un Ver sous la noire carriere Du ciel qui rend une lumiere,  De son feu le ciel mesprisant.  ").

Ces exemples montrent bien que le papillon n'est pas, pour les poètes de ce temps, ce qu'il est à nos yeux : un objet poétique idéal et libre, un symbole de l'éternel Azur, ou l' emblème féerique de la Grâce. C'est encore  un vulgaire  insecte sur lequel pèse encore les a priori négatifs du Moyen-Âge et de l'Antiquité.  le papillon médiéval et  de la Renaissance est surtout le phalène, qui se brûle les ailes par attirance aveugle de la flamme ; c'est le thème final du Papillon : Asseure toy qu'il gardera Que l'huille ne t'offensera, Ny qu'au feu des tardes chandelles Tu grilles le bort de tes aelles.

La poétisation des papillons, initiée par Belleau, ne se développera qu'au XIXe siècle, dans les arts décoratifs et plastiques, et au XXe siècle avec Francis Ponge, en poésie. En 1894, Jules Renard est encore dans le registre de l'éloge paradoxal avec sa définition du papillon :"Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur".

La formule "gai papillon" qui nous semble qualifier justement l'insecte, ne se trouve que chez Belleau. Dans les deux siècles suivants, elle n'est rencontrée que chez Saint-Amant (1654).

En 1759, dans Les Epithetes Françoises Louis François Daire donne pour le mot Papillon : "Diapré, folâtre , gai , inconstant , léger , sot , vif , volage" . La connotation morale de l'insecte est celle de l'inconstance.

 

Le Blason.

"Un nouveau genre se forma : le blason, dont le nom signifie originairement description héraldique des armoiries, ensuite au figuré : éloge, et plus tard seulement : médisance, moquerie. Le blason de la Pléiade garde tous les caractères du vieux blason franco-italien. On y trouve les mêmes apostrophes à l'adresse de l'objet vanté, les mêmes répétitions, le même salut final, enfin la même forme préférée : l'octosyllabe." (Eckhardt, 1969) 

KINGMA-EIJGENDAAL (Tineke), SMITH ( Paul J. Smith), 2004, – Francis Ponge: lectures et méthodes, Rodopi B.V, Amsterdam, New-York,  pages 15-18.

https://books.google.fr/books?id=-VfhH16667sC&pg=PA17&lpg=PA17&dq=belleau+papillon&source=bl&ots=cPkOG6SKrx&sig=ccYaBtvBxRG02E4g1jlH1wAOBqo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiBruKeuLHJAhUL2hoKHWa-CYwQ6AEIQjAJ#v=onepage&q=belleau%20papillon&f=false

Tineke Kingma-Eijgendaal et Paul Smith distingue chez  Belleau quatre aspects, que ce poète partage avec Francis Ponge :

— Poème encomiastique du type de "l'éloge paradoxal" dessinant le blason d'objets que nul ne songe à louer en raison de leur petitesse, de leur absence de rareté, et donc de leur insignifiance. Défendre un objet si trivial, indéfendable, devient ainsi une contrainte source de dépassement. . Le ton d'un tel éloge est nécessairement humble (humilis), fut-ce par le topos de la modestie feinte, ce que l'on retrouve dans le titre de Belleau, "Petites Inventions". Mais ce ton est dénié par l'évidence de la difficulté extrême d'une tel défi épidictique.

—Caractère mimologique, à haut degré d'iconicité, l'articulation du signifiant mimant de près celle du signifié. (C'est de toute façon le cas du mot "papillon", qui mime le battement des ailes par redoublement de la consonne).

—Métadiscursivité : la rivalité entre Nature et peinture implique, comme partout dans l'œuvre de Belleau, une troisième instance, la Poésie.

— sa nature de "poème-objet" : le papillon devient le poème même pour être offert au destinataire  Ronsard, en échange de trois autres poèmes-objets : une fourmi, une grenouille et un frelon.

Analyse du texte.

—Vers 1-44 : La première partie est une description édénique du papillon, être céleste vivant de la manne (pain des anges), dans la pleine innocence ("pour de rien n'avoir connaissance"), dans une enfance ("gentil" ; "jouet d'enfant" ; "enfantin" ;  ; "petit" ; autres diminutifs) ou une adolescence ("gaillard printemps", "crespe jeunesse") exclusive, dans un monde lumineux, azur, pourpre, vermeil. C'est le portrait d'un être solaire, apollinien, qui se lève avec le soleil et se couche avec lui. 

— vers 45-58 :

Opposition avec la race humaine, pauvre, liée à l'hiver et à l'est, courbée sous les cieux, soumise aux orages cruels, et aux passions. Tel Adam après la Chute, la race humaine est brouillée avec les Cieux.

— vers 59-68 :

Adresse, incitant le papillon, ("mon mignon", terme du langage galant désignant un jeune homme gracieux , et dérivé d'un radical min- exprimant la gentillesse et la grâce)  qui se confond ici avec le poème en cours de rédaction, à prendre son envol. 

— vers 69-88

Le poète s'installe lui-même dans un lieu (topos) idéalement naturel et veille à protéger son poème de l'atteinte des hommes qui tenteraient de l'abaisser, comme les enfants tentant de capturer avec leur chapeau les papillons.

— vers 89-116.

Belleau envoie son papillon-poème à Ronsard, qu'il dépeint penché sur les livres de Nicandre, de Callimaque et d'Anacréon, le chantre de Teios. En 1554, Henri Étienne II, après avoir découvert en Italie un manuscrit d'une soixantaine d'imitations d'Anacréon écrites entre le IIe siècle av. J.C et le IVe s. ap. J.C, qu'il avait prit pour les œuvres du poète lui-même, publia à Paris les Odes Anacréontiques : Anakréontos Téiou mélè. Anacreontis  Teii Odae : Anacreontis odae / ab Henrico Stephano luce et latinitate nunc primum donatae  apud H. Stephanum (Lutetiae)  1554 In-4°  Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Rés.-Yb-220  http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30017641h

L'édition princeps est magnifiquement imprimée à l'aide des trois fontes des "grecs du roi" que j'ai présenté ici : Les grecs du roi de Claude Garamont . Le texte grec est suivi de sa traduction latine et des commentaires d'Estienne.  

 Comme les poètes latins Catulle et Horace avant eux, Ronsard et les poètes français de la Renaissance se sont, à leur tour, inspirés d'Anacréon et le prirent  pour modèle de l'ode légère, par opposition à l'ode pindarique (L'Amour piqué,L'Amour mouillé...).

Remy Belleau a traduit en 1556 en français les Odes d'Anacréon Téien traduites de grec en françois, par Remi Belleau,... ensemble quelques petites hymnes de son invention... . Wechel (Paris), 1556  1 vol. ; in-8  Comprend : A Christophle de Choiseul ; Traduction d'une ode de Sapho .Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-X2536

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1228648

Et alors ?

Il suffit de se renseigner un peu sur  l'"anacréontisme" pour lire "qu'il se présente comme un style poétique correspondant à une certaine philosophie de la vie: le parti-pris de ne considérer que les choses les plus agréables, les plus faciles, les voluptés légères, en assumant positivement leur caractère éphémère. Les poètes anacréontiques cultivent notamment, dans des formes brèves, un érotisme maniéré et une mythologie gracieuse; leur lyrisme amoureux est plus artiste que profondément vécu. L'anacréontisme est représenté chez les Latins notamment par Catulle."  (Wikipédia). Ce style est celui de l'ode légère, chantant d'abord l'amour et la joie de vivre par un ton  gracieux, moqueur et parfois aussi, avec un accent plus personnel, mélancolique du regret de vieillir. Beaucoup d'auteurs utilisent, comme Sainte-Beuve, le qualificatif de "mignard" pour  caractériser cette naïveté nouvelle. A. Eckhardt caractérise la poésie mignarde par " l'usage abondant et même copieux des diminutifs ... qui prête au vers une grâce légère, un rythme facile et des rimes aisées". Le premier à utiliser cet adjectif est Belleau, dans ses commentaires du second livre des Amours de Ronsard. "Mignard" est alors un éloge. Mais il l'emploie aussi dans le sens que nous lui donnons, de galanterie amoureuse fine mais affétée.

Il est alors évident que la miniature soigneusement peinte en introduction pour nous présenter l' insecte azuré est aussi le portrait de ce style doux et nouveau,de sa légèreté, de sa vigueur printanière, de son art de ne pas peser sur les thèmes qu'il aborde pour n'en prélever que l'essence. Bref le papillon est aussi mignon que la poésie de Belleau est mignarde, toute diaprée d'anacréontisme. L'assimilation de l'insecte avec le style est définitivement conclue par l'adresse "Papillon mon mignard" du vers 118.

On remarquera aussi, comme une liaison signifiante, que le Papillon de Belleau a été publié en pièce ajoutée ("quelques petites hymnes de son invention)  à la suite de sa traduction des Odes anacréontiques de 1556, page 67.

— Vers 117-126.

Belleau, en adressant son papillon anacréontique à Ronsard, souhaite qu'il en adopte le ton franc ("ta franchise coutumière"), et exprime ses craintes de voir la fragilité de ce petit joyau précieux ne pas résister "au feu de [s]es tardes chandelles", c'est-à-dire au style pindarique rude.

.

II. L'adieu de R. Belleau à son papillon

Recopié comme le précédent de Le fourmy de P. de Ronsard à R. Belleau . Le Papillon de R. Belleau à P. de Ronsard, mis en latin par P. Est. Tabourot, avec quelques épigrammes latins...  Éd. T. Bessault (Paris) 1565 . Je l'ai trouvé ensuite dans les Oeuvres complètes de Belleau, Ed. Marty-Laveaux, T.II page 459.

 

  Le temps est l'auteure et le maitre

De toute chose qui fait naitre,

Pour après les détruire, affin,

Que tout ce qui vivant soupire,

Se range dessous son empire

Et mourant trouve quelque fin.

 

Le porfire et son entaillure

Perd sa grace et sa polissure

Et du temps enfin est donté [donté = dompter, vaincre"]

L'eau qui distille goute à goute

Lui fait perdre sa grace toute,

Et lui dérobe sa beauté.

La rouille, rmange, altère & mine,

 L'acier, et le bois la vermine,

L'ormeau aux cheveux verdoyans,

Se ride en une vieille tronche,

Bref rien n'est ferme qui ne bronche,

Sous les coups de la faux du Temps.

 

Ce qui reste après notre vie,

20. Est l'odeur de la Poésie,

Qui nous parfume d'un renom

Que l'immortelle Renommée,

Respand sur la terre semée

Du baume de notre beau nom.

 

Je le voi par experience,

Car je pensois que sa puissance

Eut  ja ensevely ton los, [los Godefroy p.34  : louange, réputation, et ici, « renom »]

Et retranché les courcelettes [Courcelette, Godefroy p. 336 : "petite cour"]

du crespe de ces aellerettes

Que tu bransles dessus le dos.

 

Je pensois que tu bavolasses  [bavoler : voler bas, voltiger, en parlant de la perdrix]

desia dessus les rives basses

Du fleuve que jurent les Dieux

Errant sous la forêt myrthine,

Ou dessus la verte crespine,

Des lauriers aux chastes cheveux.

Certes je pensois que l'audace,

Du tems, t'eust fait changer de place,

Te chassant au palle requoi :

40. Bref que les ombres te logeassent

Et que les hommes ne parlassent

Mignon, ni de moi, ni de toi.

 

Mais la langueur de mon ouvrage

Ta presté un nouveau plumage

jusqu'à tant que sois revenu

Si tu ne viens je t'irai querre

pour mourir en la douce terre :

Qui t'a cherement tenu.

Va donq mignon, voi les ruines

D'Itale, en tes plumes latines,

Et vole aussi bien cette fois

revestu daelles estrangeres

Que tu as volé des premieres

Heureusement sous l'air François.

FIN

 

Analyse.

Poème de 54 octosyllabes à rimes AABCCB.

— vers 1-18 : le Temps.

Belleau reprend le topos poétique du pouvoir destructeur du Temps, qui soumet toute chose et tout être à son emprise. Le Temps, à qui le poète donne une faux, est assimilé à la Mort. Il reprend le thème de l'Heure. Face à ce constat, quelle attitude ? Profiter des bienfaits de chaque jour selon le Carpe diem quad minimum credula postero d'Horace ? Ou échapper au temps qui se perd par l'accès à l'éternité divine ? 

— vers 19-24 : la Poésie.

La poésie donnera accès à ce renom immortel qui inscrira durablement la trace du poète dans la mémoire humaine. Le Temps Retrouvé.

— vers 25-42 : l'Oubli ?

Belleau exprime sa conviction initiale que le temps avait amputé le Papillon de ses ailes et l'avait  précipité dans le fleuve du Léthé, aux Enfers. Puisque ce Papillon est la métaphore de l'œuvre poétique mignarde de Belleau, Belleau  voit déjà que les hommes ne parlent plus "Mignon, ni de moi, ni de toi". 

— vers 43-54 : adresse pour un nouvel envol italien.

L'auteur parle d'un nouveau plumage dont bénéficie désormais son poème. En effet, sitôt son premier livre paru (les Odes anacréontiques avec ce Papillon) en 1556, en novembre de la même année, Belleau suit  le duc de Guise dans une campagne militaire en Italie, sous le commandement du marquis René d'Elbeuf., où il a  l'occasion d'approfondir sa connaissance de la littérature.

 .

 

.

 

III.  Francis Ponge, le Parti pris des choses, in Oeuvres complètes, ed. Bernard Breugnot, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,1999 p. 28.

Le saut que nous effectuons de 1566 à 1942, date de parution du Parti pris des choses de Franics Ponge n'est pas si considérable puisque les Papillons de Belleau et de Ponge volent de conserve dans les airs de l'éloge paradoxal, du discours modeste et des objets poétiques prosaïques. Certes, en quatre siècles, le regard porté sur les papillons a radicalement changé, sous diverses influences reliées entre elles :

  • L'entomologie, connaissance scientifique sur les insectes, est née, puis s'est dévelloppée si bien qu'il est à son apogée. Les premières illustrations fidèles aux spécimens naturels datent de 1580 (Hoefnagel), le premier traité sur les insectes date de 1602 (Aldrovandi), les premiers noms scientifiques de 1758 (Linné), les premiers noms vernaculaires français de 1762 (Etienne-Louis Geoffroy), le premier traité français consacré exclusivement aux papillons, et illustré en couleurs, date de 1779 (Engramelle) . Chacun peut reconnaître et nommer le Paon-du-Jour, le Vulcain, la Piéride du Chou, le Machaon, et parmi les petits papillons bleus des landes, les divers Azurés dont Papilio argus.
  • Le mot de papillon évoque désormais plutôt les papillons diurnes sous leur forme adulte, dans le déploiement chatoyant de leurs couleurs, et non les chenilles, ennemies des cultures, ou les ternes phalènes.
  • L'image emblématique du papillon depuis l'antiquité, reprise ensuite dans les Emblemata de la Renaissance, celle du "papillon à la chandelle" brûlant ses ailes à la flamme du désir , image de la punition mortelle engendré par la concupiscence, s'est estompé et n'a plus cours.
  • Les artistes du XIXe siècle ont représenté Psyché, héroïne des Métamorphoses d' Apulée, IIe siècle avec des ailes de papillon face à son amant Amour aux ailes d'oiseau. Les ailes ocellées s'en trouvent fortement valorisées.
  • Les caractères liés aux comportement et aux métamorphoses des lépidoptères (légèreté, changements, inconstance, multiplicité et hétérogénéité des couleurs) ont perdu leur valence négative de la pensée médiévale soucieuse d'unicité et de fixité pour recevoir des interprétations positives d'adaptation, de transformation évolutive, de liberté des mœurs et de la pensée, ou d'une superficialité aérienne et flottante de l'être-au-monde.
  • Sous l'influence possible de Belleau, le papillon est devenu dans l'imaginaire un être solaire, éthérique, édénique et onirique et a perdu le costume funèbre de la vermine malfaisante et infernale.

 

Le papillon.

"Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit au fond des fleurs, comme des tasses mal lavées, — un grand effort se produit par terre d'où les papillons tout à coup prennent leur vol.

Mais comme chaque chenille eut la tête aveuglée et laissée noire, et le torse amaigri par la véritable explosion d'où les ailes symétriques flambèrent,

Dès lors le papillon erratique ne se pose plus qu'au hasard de sa course, ou tout comme.

Allumette volante, sa flamme n'est pas contagieuse. Et d'ailleurs, il arrive trop tard et ne peut que constater les fleurs écloses. N'importe : se conduisant en lampiste, il vérifie la provision d'huile de chacune. Il pose au sommet des fleurs la guenille atrophiée qu'il emporte et venge ainsi sa longue humiliation amorphe de chenille au pied des tiges.

Minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire, il vagabonde au jardin.
"

Note : superfétatoire : "Qui s'ajoute inutilement à une autre chose." Le premier emploi, dérivé de "superfétation" par Colette en  1901 dans Claudine à Paris, amène à rechercher le sens de ce dernier mot :

A. − Physiologie. Fécondation successive de deux ovules au cours de deux cycles menstruels.

B. − Au fig. Production superfétatoire, addition sans utilité.  Redondance 

 Du latin superfetare « concevoir de nouveau » (de super « en outre » et fetare « pondre » d'où « concevoir », v.fœtus).

Ian Higgins conclut à une allusion à la double naissance du papillon, de l'œuf et de la chenille.

 

Francis Ponge a aussi noté sur un folio isolé daté de 1936 :

"Leur aile dans les doigts n'est qu'une pincée de cendres"

Analyse.

Ponge fait surgir une succession de métaphores, parmi lesquelles celles de l'allumette volante, du lampiste, du voilier des airs sont les plus connues. 

L'un des fil rouge est celui du feu, reprenant le thème ésotérique de la chandelle (Maurice Scève). Mais c'est ici un feu éteint, ou purement lumineux et inoffensif :

La tête aveuglée et laissée noire ;  véritable explosion ;  flambèrent ; Allumette volante, sa flamme n'est pas contagieuse. ; lampiste ;  provision d'huile ;  pincée de cendres"

Je ne saurais pousser plus loin cette analyse, tant est grande la rigueur qui construit ces poèmes en prose comme des illustrations verbales et sonores de leur objet.

.

 

 

 

II. L'adieu de R. Belleau à son papillon

  Le temps est l'auteure et le maitre

De toute chose qui fait naitre,

Pour après les détruire, affin,

Que tout ce qui vivant soupire,

Se range dessous son empire

Et mourant trouve quelque fin.

Le porfire et son entaillure

Perd sa grace et sa polissure

Et du temps enfin est donté

L'eau qui distille goute à goute

Lui fait perdre sa grace toute,

E lui dérobe sa beauté.

La rouille, rmange, altère & mine,

 L'acier, et le bois la vermine,

L'ormeau aux cheveux verdoyans,

Se ride en une vieille tronche,

Bref rien n'est ferme qui ne bronche,

Sous les coup de la faux du Temps.

Ce qui reste après notre vie,

Est l'odeur de la Poésie,

Qui nous parfume d'un renom

Que l'immortelle Renommée,

Respand sur la terre semée

Du baume de notre beau nom.

Je le voi par experience,

Car je pensois que sa puissance

Eut ja ensevely ton los,

Et retranché les courcelettes

du crespe de ces aellerettes

Que tu bransles dessus le dos.

Je pensois que tu bavolasses [bavoler : voler bas, voltiger, en parlant de la perdrix]

desia dessus les riues basses

Du fleuve que jurent les Dieux

Errant sous la forêt myrthine,

Ou dessus la verte crespine,

Des lauriers aux chastes cheveux.

Certes je pensois que l'audace,

Du tems, t'eust fait changer de place,

Te chassant au palle requoi :

Bref que les ombres te logeassent

Et que les hommes ne parlassent

Mignon, ni de moi, ni de toi.

Mais la langueur de mon ouvrage

Ta presté un nouveau plumage

jusqu'à tant que sois revenu

Si tu ne viens je t'irai querre

pour mourir en la douce terre :

Qui t'a cherement tenu.

Va donq mignon, voi les ruines

D'Itale, en tes plumes latines,

Et vole aussi bien cette fois

revestu daelles estrangeres

Que tu as volé des premieres

Heureusement sous l'air François.

FIN

 

Maurice Scève, Délie, 1544

Maurice Scève, Délie, 1544

SOURCES ET LIENS.

BELLEAU (Remy)  Oeuvres poétiques, ed. CH. Marty-Laveaux, Genève, Slatkine Reprints, 1974,  2 volumes,  I, p.52

https://books.google.fr/books?id=Z9Q5AAAAcAAJ&pg=PR10&dq=%E2%80%94+BELLEAU+Marty-Laveaux&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwik_vbI6rXJAhVCPBoKHchNAeYQ6AEITzAH#v=onepage&q=papillon&f=false

BELLEAU, (Remy) [1585], Les Odes d'Anacreon Teien, poete grec, écrites en français par Remy Belleau; Avec quelques petites Hymnes de son invention, et autres diverses poesies: Ensemble une Comedie Tome Second A Paris Pour Gilles Gilles, Libraire rue S. Iehan de Latran, M.D.LXXXV

En ligne Google.

— BELLEAU, (Remy) [1578], Les Odes d'Anacreon Teien, poete grec; Avec quelques petites Hymnes de son invention, et autres diverses poesies: Ensemble une Comedie Paris), Ed. Barbara Sommovigo - 2008.

 http://piccolabdr.humnet.unipi.it/engine.php?action=paragraph&id=c.0:2.belleau

— BELLEAU (Remy) TABOUROT (Étienne), 1565 ,  Le fourmy de P. de Ronsard à R. Belleau . Le Papillon de R. Belleau à P. de Ronsard, mis en latin par P. Est. Tabourot, avec quelques épigrammes latins...  Éditeur :   T. Bessault Paris

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72772p/f21.item.zoom

Après avoir terminé ce long et incertain recopiage, j'ai découvert la copie numérisée de la version de 1578 sur Piccola Bibliotheca digitale romanza : http://piccolabdr.humnet.unipi.it/engine.php?action=paragraph&id=c.0:2.belleau

 

— ECKHARDT (Alexandre), 1969 – Rémy Belleau: sa vie, sa Bergerie, Slatkine Reprints, Genève, pages  98 et 135.

https://books.google.fr/books?id=QGHGXbjzogMC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

KINGMA-EIJGENDAAL (Tineke), SMITH ( Paul J. Smith), 2004, – Francis Ponge: lectures et méthodes, Rodopi B.V, Amsterdam, New-York,  pages 15-18.

https://books.google.fr/books?id=-VfhH16667sC&pg=PA17&lpg=PA17&dq=belleau+papillon&source=bl&ots=cPkOG6SKrx&sig=ccYaBtvBxRG02E4g1jlH1wAOBqo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiBruKeuLHJAhUL2hoKHWa-CYwQ6AEIQjAJ#v=onepage&q=belleau%20papillon&f=false

PONGE (Francis), le Parti pris des choses, in Oeuvres complètes, ed. Bernard Breugnot, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,1999 p. 28.

— Piccola Bibliotheca digitale romanza :

http://piccolabdr.humnet.unipi.it/engine.php?action=index_corpora&corpus=belleau

— RONSARD (Pierre de) 1554,  Bocage :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86095929/f73.image

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 10:44

LISTE DES 89 +1 ZOONYMIES DES PAPILLONS DIURNES DE BRETAGNE.

Liens vers mes monographies.

Voir aussi :

Liste complète de mes articles sur les papillons.

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PAPILIONIDAE

Papilioninae

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PIERIDAE

Coliadinae

Dismorphiinae

Pierinae

​.

LYCAENIDAE

Lycaeninae

.

Polyommatinae

.

Theclinae

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RIODINIDAE

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NYMPHALIDAE

Apaturinae

Heliconiinae

Limenitidinae

Nymphalinae

Satyrinae

.

Danainae.

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HESPERIIDAE

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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