Diane et Actéon (1597) de Hoefnagel au Louvre. Inventaire entomologique.
Je poursuis mon examen des miniatures de Joris Hoefnagel pour tenter d'établir à mon petit niveau un inventaire entomologique de son œuvre, complétant ainsi ce que Jean Leclercq avait initié en 1989.
Voir sur ce blog sur Hoefnagel :
- Hoefnagel et les entomologistes du XVIIIe siècle
- Inventaire des papillons (Lepidoptera) figurant dans Animalia rationalia et insecta (Ignis) de Joris Hoefnagel, 1575-1582.
Traduction et origines des inscriptions dans Ignis (1775-1785) de Joris Hoefnagel (II).
Inscriptions et insectes dans l'Ignis de Hoefnagel (III) : discussion et décomptes.
Diane et Actéon de Joris et Jacob Hoefnagel au Louvre et les Epigrammata deThéodore de Bèze.
Le théâtre de la nature de Joris Hoefnagel, et le Musée de l'innocence d'Orhan Pamuk.
La planche "Ater, Insectes et dieu du vent" de Joris Hoefnagel (Metropolitan Museum, New-York).
Joris Hoefnagel offre à sa mère pour ses 70 ans l'une des premières Natures mortes connues.
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DIANE ET ACTÉON (1597) de Joris et Jacob Hoefnagel.
L'œuvre fait partie des collections de département Arts graphiques du Louvre sous la référence REC 85 et est consultable en ligne, avec une notice, ici :
http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/12/503980-Diane-et-Acteon-max
Description :
Il s'agit d'une aquarelle avec des rehauts d'or sur un vélin collé en plein sur un panneau de bois et mesurant 22 cm de haut sur 33,9 cm de large. Une signature en bas au milieu : 'Georgius Houfnaglius Pa. et Jacobus Fi.F.F. Anno MCCCCCXCVII', soit Georgius Houvnaglius Pa[ter] et Jacobus Fi[lius] F[ieri] F[ecit] incite à l'attribuer à Joris (Georgius) Hoefnagel (Anvers, 1542 - Vienne,1601) et à son fils Jacob (Anvers, 1575-1630) : L. Duclaux et F. Lugt ont supposé que Georg Hoefnagel était l'auteur du décor de fleurs, d'animaux et d'insectes qui constitue la bordure. Son fils, Jacob, serait l'auteur de la scène mythologique. La critique a suivi unanimement cette proposition. (E. Starcky in cat. d'exp. 'Le paysage en Europe du XVIe au XVIIIe siècle', Paris, musée du Louvre, 1990, n° 19).
Joris Hoefnagel avait été peintre à la cour des ducs de Bavière Albert V et Guillaume V jusqu'en 1590, puis au service de l'empereur Rodolphe II à partir de 1591, séjournant à Francfort jusqu'en 1594, puis à Regensburg jusqu'en 1596, en 1597, date de Diane et Actéon, il séjournait entre Prague (Palais de Rodolphe II) et Vienne. A 55 ans, il avait réalisé l'essentiel de son œuvre, consacrée à l'histoire naturelle. En 1592, son fils Jacob, formé à la gravure, et alors âgé de 19 ans, avait publié Archetypa studiaque, une reprise des dessins de son père en gravure sur cuivre.
INVENTAIRE
L'exercice est rendu difficile par la qualité médiocre de l'image disponible en ligne sur le site du Musée.
I. Le cadre.
Le cadre en bois actuel couvre une partie des bords du vélin d'origine, qui a peut-être été massicoté : en effet, on ne voit pas le faux cadre qui, dans toutes les autres œuvres de ce type, sert de support apparent aux deux patères à volutes qui reçoivent les inscriptions. La composition fictive présente la scène mythologique comme un tableau à l'encadrement perlé : ce motif de perles bleus interrompues par des oves dorées est aussi celui du cadre ovale de l'Allégorie de la Vie et de la Mort de 1598 au British Museum. Ce "tableau" est maintenu entre les deux patères, mais il est aussi fixé, comme par un axe horizontal, de chaque coté, au dispositif qui supporte les deux vases. Cet appareillage, que l'on peut supposer en bois doré ou en cuivre, est complété dans les deux coins inférieurs par deux élégants arceaux. Il faut compléter cette description par celle des rubans accrochés aux axes latéraux, dont une extrémité retombe en une courbe gracieuse pour se nouer sous les vases, tandis que l'autre s'évase en draperie, frise, et s'achève sur un gland à frange. D'autres brins, alourdis par des perles, tracent plus bas leur courbe et allègent d'une guirlande le massif inférieur. Mais, sans à peine s' apercevoir qu'on entre alors dans le monde animal, on se surprend à intégrer à cette architecture les deux branches de corail vermillon serties sur la patère, puis les deux escargots qui font office d'atlante soutenant l'entablement, et même les deux Lycènes qui coiffent le fronton, comme deux pilastres voisinant avec des pots à feu.
II. La Flore.
- deux tulipes dans leur vase,
- accompagnées de myosotis Boraginaceae, Myosotis sp. (M. arvensis ?)
- et de ?
III. La Faune.
La bordure qui entoure la scène mythologique est composée en deux ensembles symétriques qui se répondent (presque) en miroir : il suffira de décrire la moitié gauche, et de multiplier le nombre des espèces par 2. On dénombre 9 animaux par coté. Description par Ordre, puis de haut en bas.
a) Mollusque ; Gastéropodes :
b) Cnidaria Gorgonacea Coralliidae Coralium rubrum "Corail rouge".
c) Insecta : 7 individus
— Orthoptera :
— Lepidoptera : six exemplaires
- Nymphalidae imago
- Geometridae chenille
- Lycaneidae imago
- ? chenille
Cette moisson est donc décevante, puisqu'il est globalement impossible de préciser l'espèce, et même le genre, des animaux représentés. Le résultat serait-il meilleur si, doté d'une loupe, on examinait l'œuvre originale ou une photographie d'excellente qualité ? Je l'ignore, mais je me félicite déjà du privilège d'une consultation en ligne, dans les conditions que procure le Musée du Louvre.