Les Hermathena d'Égide Sadeler (1595) de Nicolas Stopio (1566) et de Pietro Bembo (1555) . A propos d'une inscription de Joris Hoefnagel.
Cet article vient à la suite de :
Le Hibou au caducée chez Joris Hoefnagel : Hermathena, ou l'Art et le Savoir dans leur lutte contre l'Ignorance.
.Sur Hoefnagel, voir aussi :
- Inventaire des papillons (Lepidoptera) figurant dans Animalia rationalia et insecta (Ignis) de Joris Hoefnagel, 1575-1582.
Traduction et origines des inscriptions dans Ignis (1775-1785) de Joris Hoefnagel (II).
Inscriptions et insectes dans l'Ignis de Hoefnagel (III) : discussion et décomptes.
Diane et Actéon de Joris et Jacob Hoefnagel au Louvre et les Epigrammata deThéodore de Bèze.
Le théâtre de la nature de Joris Hoefnagel, et le Musée de l'innocence d'Orhan Pamuk.
La planche "Ater, Insectes et dieu du vent" de Joris Hoefnagel (Metropolitan Museum, New-York).
Joris Hoefnagel offre à sa mère pour ses 70 ans l'une des premières Natures mortes connues.
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Résumé : la gravure bien connue de l'Hermathena (1597) d'Egidius Sadeler trouve sa source dans une autre gravure, réalisée dès 1550 pour Gualtero Scoto de Venise et son associé le poète et homme d'affaire Nicolas Stopio, tous les deux flamands. La description de cet emblème par Girolamo Ruscelli en 1566 permet d'explique d'une part la citation de vers de Térence dans la gravure de Sadeler, d'autre part un distique cité par Hoefnagel à trois reprises dans ses miniatures.
1. Cursus, ou Hermathena, par Égidius Sadeler d'après un dessin d'Hoefnagel. 1597.
Image : http://muvtor.btk.ppke.hu/Vizsgakepek_ujkor_Bekes/hermathena.JPG
Le flamand Egidius II Sadeler,(Anvers 1570-1629) peintre et graveur à la cour de Rodolphe II à Prague à partir de 1597, réalisa entre 1580 et 1600 cette gravure d'Hermathena. Sur un piedestal, Hermès et Athéna se tiennent fraternellement par les épaules. Le Coq, animal d'Hermès et le Hibou, animal d'Athéna, sont présents à leur coté. Leur réunion est celle de la sagesse et de la science, mais aussi de l'éloquence poétique, et donc du Savoir, du Savoir-faire et du Faire-Savoir. Dans l'arrière-plan à droite les Muses sur le mont Parnasse illustrent l'importance des Arts, tandis que Persée triomphe de la Méduse (L'Ignorance ? la Bêtise ?), son cheval ailé Pégase s'envole : à gauche, son sabot vient frapper le mont Hélicon et donne ainsi naissance à la source Hippocrène, lieu emblématique de la création artistique. Dans la partie supérieure, les éléments architecturaux baroques servent d'appui à duex Putti. L'un, du coté d'Athéna, écrit avec une plume, et il représente la Poésie, mais cette plume est un rameau d'olivier, car les arts participent à la Paix (pour T. Vignau-Willberg E.W page 196-197, c'est un rameau de laurier, symbole de la Gloire). L'autre, du coté d'Hermès, mesure avec son compas des distances sur un globe terrestre, représentant la Cartographie, mais il tient un caducée, car la Géographie favorise le commerce et les échanges entre les Hommes. Entre les deux se lit le mot CURSVS (Le Cours de l'existence ?) . Les inscriptions latérales indiquent Ornamentum in prosperis, ("ornement dans la prospérité) à gauche, et refugium in adversis (refuge dans l'adversité") à droite.
Athéna (Minerve) est armée d'une lance et porte son casque et son bouclier timbré de l'égide. Ce motif, souvent lié à la chèvre Amalthée, est néanmoins décrit par Homère au chant V comme la tête de Gorgo, la Méduse, et c'est sous cette forme qu'elle est ici dessinée, créant un lien avec la scène de l'arrière-plan.
Son Hibou est posé sur un livre qui porte l'inscription His sine vita nihil ("Sans cela la vie n'est rien").
Le coq d'Hermés prend appui sur deux dés à jouer présentant les faces du 6 et du 5.
L'inscription inférieure dit : me duce perficies tu modo progredere
'Sous ma direction tu vas réussir, va simplement en avant". C'est la reprise de deux vers de l'épigramme du Symbolon 102 de Bocchi.
ITA VITA EST HOMINVM, QVASI CVM LVDAS TESSERIS, SI LVDI ,QVOD EST MAXIMAE OPVS, FACTVS NON CADIT, ILLVD, QVOD CECIDIT FORTE, ID ARTE VT CORRICAE"
Traduction et Source : Térence, Les Adelphes IV:7, réplique de Misio à Déméa « Voyez-vous, dans la vie, il faut tenir la même conduite que dans le jeu de dès ; s'il arrive que vous n'ameniez pas le point qu'il vous faut, c'est à vous à corriger par votre adresse celui que le hasard vous a envoyé » Traduction de Mme Dacier, en 1767 avec un commentaire suggérant que Ménandre [auteur grec de la pièce dont Térence s'est inspiré] a pu s'inspirer de Platon, République Livre X, qui dit qu'il faut prendre conseil des accidents mêmes, et comme dans le jeu de dès, régler nos affaires sr ce que le hasard nous a envoyé, en nous servant de toutes les lumières de notre raison, et comme il nous semblera mieux.
http://susning.nu/buchmann/0403.html
La dernière inscription indique que cette gravure a été réalisée d'après un dessin de Hans van Aachen de Cologne, et d'après une conception de Hoefnagel .
Ioannes ab ach Coloniensis Fig : scalp : G. sadler Ex : Hoefnaglus auctor cum prae : ace: Mag
Hans van Aachen,né à Cologne en 1552, exerça, après un séjour à Florence puis à Venise, son art de portraitiste à Cologne auprès d'une clientèle liée à la cour ducale d'Albert V à Munich avant de devenir peintre de la cour impériale de Rodolphe II à Prague. En 1596, il épousa la fille du musicien Roland de Lassus (voir infra les liens entre Stopio et Lassus).
http://www.artforgers.com/art.cfm?id=25165534
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Cette gravure de Sadeler n'a pas été inventé de novo par Hoefnagel, puis qu'on en trouve la source dans un ouvrage de Girolamo Ruscelli paru à Venise en 1566, Le imprese illustri con espositioni et discorsi, dédié à Philippe II.
https://archive.org/stream/leimpreseillustr00rusc#page/284/mode/2up
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2. L'Emblème d'Hermès et Athéna pour N. Stopio en 1566 .
A la page 284 est présenté un emblème d'Hermathena. L'emblème est dédié par Nicolas Stopio à son frère Guillaume. La devise (motto) en est HOC FAC, ET VIVES. On retrouve le Livre du coté d'Athéna, le dé à jouer du coté d'Hermès, mais chaque dieu pose le pied sur l'attribut de l'autre. Ruscelli dans son commentaire me confirme que les éléments que j'ai déjà exposé sur Hermathena étaient bien ceux qui étaient actifs au milieu du XVIe siècle, avec la réference à la statue de la Philosophie recherchée par Cicéron pour son Académie, avec Minerve considérée comme déesse de la sagesse et Mercure comme dieu de l'éloquence.
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Le Figure di questa bellissima impresa, Nicolao Stopio, di cui ,in altri luoghi di questo libro abbiamo ancora ragionato, le fece gia fare, per metterle sopra le opere del famosissimo Pietro Bembo Cardinale. Le quali opere compro egli dalli eredi, & le fece stampare in compagnia di Gualtero Scotto qui, in venetia, come sopra i libri stampati col nome, di esso Scotto, si vede . Et essendo dapoi il detto Stopio pregato per lettere da un suo fratello Guglielmo, che sta nella citta di Alosto in Flandria, à volerli mandare qualche cosa, che potesse eccitare & inanimare un suo figliuolo alle virtu & alle buone lettere, gli mando questa Impresa, molto ingeniosamente da lui composta, & interpretata : che e una Pallade, o vero Minerva, com Mercurio, abbracciati insieme, che viene ad essere Hermathena. Le quali due statue gli antichi Filosofo solevano mettere & dedicacere alli Ginnasii loro, della qual cosa Cicerone in piu luoghi fa mentione, dicendo essere l'ornamento dell' Academia sua ; intendendo Pallade o ver Minerva per la sapientia, & Mercurio per la eloquenza. A tal che l'autore col Motto che dice HOC FAC ET VIVES, ha voluto ferire, che cogiungendo la sapientia con la eloquenza, come prime & principali virtu che adornano l'huomo, potra vivere eternamente, dicendo poi, HIS SINE VITA NIHIL. Perchioche coli si parte da questa vita senza lasciar di se alcun segno, o ver memoria di virtu, e come se mai al mondo non fosse stato ; come dice Silio Italico, et qui sim nesciat omnis, / Gens hominum, lethique : metu decora alta relinquam ? / Ecquid enim distant a morte, silentia vitae ?
Poi ha voluto qui ancora l'Autore non senza gran consideratione, servirsi di quelle parole, che disse Christo nell'Evangelio, al legislatore Fariseo, che lo tento, Hoc fac,&, et vives* ; per ricordare tacitamente al studioso, quelli due sacratissimi & principali precetti della legge santa, Diliges dominum Deum tuum ex toto corde tuo, & proximum tuum sicut te ipsum ; percioche senza quello tutte le operationi umane sono vane & senza frutto. E' qui ancora da considerare, che non senza gran misterio, e stato posto, alle due figure il dado nudo, & il libro serrato sotto i piedi, che ambi dua toccano, per denotare, come dice Platone, che la vita de l'huomo è simile al givoco del dado, sotto posta alla fortuna, che in molti luoghi anche da Cicerone vien nominata per il dado, ma il rimedio sta intrinse camente nella sapientia, che per il libro viene raffigurata, Impero disse il Poëta, Sapiens dominabitur astris. Et Terentio in Adelph : « Ita vita est hominum, quasi cum ludas tesseris, / Si illud, quod cecidit forte, id arte ut corrigas. ». Mando poi 'listesso autore al detto suo fratello, in confermatione che la virtu è quella, che sola fa l'huomo beato & immortale, quel bel Distico, che egli molto ingeniosamente fece sopra l'Arme della casa loro, che l'Imperator Ferdinando a richiesta del Dottore Martin Stopio, una fratelli, medico famosissimo nell'Austria, abitante in Lintz, per molti benemeriti suoi, confermo delli Nobili suoi, con amplissime faculta & preminentie principali, come nel privi legio sopra cio in Praga fatto, ho veduto, nel qual Distico esprime tuto il contenuto dell'Arme, cosi dicendo « Lilia agros virtusque ; viros coelum astra coronant / Ut leo, vir fortis, dulce & amara bibit. »
Ha poi voluto etiandio il medecimo, alludendo al cognome Stopio, & al nome suo proprio Nicolao con un altro Epigrammata, non meno dotto che bello, effortarli al vincere & superar se stessi, con la virtu della pieta, in questo modo dicendo « …. dicar, quod claro hoc nomine, no est / Quod populos subeat vincere, cura […]" Per le quali cose si vede evidentemente, quanto egli è sempre slato studioso di virtu, & inclinato à tutt i suoi parenti & amici di effortati parimente, à quel la. Nè altro vuol egli significare in questa sua Impresa HOC FAC, ET VIVES, se non Fate questo, cioè congiungete la Sapientia con l'Eloquentia ; percioche la Sapientia vien conoscuita per la Eloquentia, & per converso, so come dice Cicerone, Eloquentia nihil aliud est, nisi copiose loquens Sapientia
*Luc,10:28
Comme l'indique l'auteur, Nicolas Stopio est cité plusieurs fois dans son ouvrage, notamment page 21 où est cité un poème de "N. Stopius Alostensis Flander". En effet, sous le nom italien de Stopio se cache celui le nom flamand de De Stoop. Le texte de Ruscelli indique que Guillaume Stopio résidait en Flandre dans la ville d'Aalst ou Alost (Alosto en italien). L'écrivain Nicolas de Stoop est notamment cité dans les pièces préliminaires de la fameuse Fabrique de Vesale (1543) dans l'extrait suivant :
À Ioannes Oporinus, professeur de littérature grecque à Bâle, à son très cher ami, salut.
Tu recevras bientôt, en même temps que cette lettre, par l’intermédiaire des Danoni, marchands milanais, les planches gravées pour mes livres de La fabrique du corps humain et pour leur Résumé. J’espère qu’elles arriveront à Bâle intactes et indemnes, telles que je les ai soigneusement disposées avec l’aide du graveur et de Nicolas de Stoop, qui gère ici en toute confiance les affaires des van Bomberghen et qui est un jeune homme remarquablement savant dans les études humanistes. (Trad. site BIU santé )
Nicolas Stopio était non seulement un poète auteur d'épigramme, mais (M. Infelise , 2007) un intermédiaire qui, par exemple, récoltait à Venise des informations auprès d'imprimeurs, de membres de la Chancellerie ou de sources romaines pour en adresser des comptes-rendus détaillés à ses correspondants Selon les Dialoghi de Massimo Troiano, qui était au service de la Maison de Wisselbach à Munich, Stopio a composé les paroles d'une oeuvre de Mme Caterina à la demande d'Anne d'Autriche, duchesse de Bavière, mais aussi le mottet Gratia sola dei pour Roland de Lassus, joué en 1568. Il a été aussi, avec Jacobo Strada, un agent d'Albert V de Bavière chargé de concevoir et d'approvisionner l'Antiquarium (galerie d'antiques construite en 1568) de la Résidence de Munich.
Dans la suite du commentaire en italien, l'auteur fait mention d'une œuvre du cardinal Pietro Bembo, imprimée par Scotto : il s'agit sans-doute de Le Rime di M. Pietro Bembo nuovamente ricorrette et ristampate, Vinegia [Venise] Gualtero Scotto, 1552.
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3 L'Hermathena pour P. Bembo en 1555
Le frontispice de ce Rime di M. Pietro Bembo donne effectivement la gravure originale, mais inversée de cet Hermathena ; les faces du dès présentent le 5 et le 6, exactement comme dans les gravures précédentes (1566 et 1595). Les deux divinités sont placées au dessus de la tête d'un lion, comme dans l'Hermathena Bocchia de 1555. On sait que l'Arétin avait décrit la maison de Pietro Bembo à Padoue comme un publico e mondissimo tempio consegrata a Minerva, " un temple public et parfait dédié à Minerve".
Source image : http://www.liveauctioneers.com/item/26117970_poetry-renaissance-bembo-rime-1552
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3. Les Hermathena de 1550-1555 (et ult.) chez Gualtiero Scoto.
On trouve en ligne un Démosthènes de Jérôme Wolf datant de 1550 mis en vente chez Alain Ferraton, et dont la gravure est exactement la même que celle utilisée pour P. Bembo. Or, l'imprimeur est le même, il s'agit de Gualtiero Scoto à Venise. La description donnée par le libraire-vendeur est la suivante :
DEMOSTHENES. - Oratorum graeciae principis opera, quae ad nostram aetatem per venerunt omnia. Per Hieronymum Vuolfium Oetingensem, é Graeco Latinum sermonem conversa. Venetiis, [Gualtiero Scoto ?], 1550, 3 tomes en 1 vol. 8°, 8 ffnch., 104, 214, 1 fnch., 172 p., 2 ffnch., plein parchemin d'époque à rabats (saliss.), signet en soie cramoisi, tranches de tête bleues. Cachet à sec d'appartenance. Perte de quelques caractères à plus. ff. Edition vénitienne peu courante donnée par Jérôme Wolf (Oettingen 1516 - Augsbourg 1580). Celui-ci est un des plus célèbres héllénistes du XVIe siècle et un des premiers à faire revivre l'étude du grec en Allemagne. Marque d'imprimeur au titre et initiales ornées (B.M. 11391. b. 13).
http://www.ferraton.be/fr/lot/archive/1615106/detail/58/
- La poursuite de mes recherches permettent de découvrir chez Bonhams le titre suivant :
CARTARI, VINCENZO. Il Flavio intorno a i fasti volgari Venice: Gualtiero Scoto, 1553. (Un commentaire des fastes d'Ovide)
-Puis les titres suivants : http://www.internetculturale.it/opencms/ricercaMagExpansion.jsp?q=&searchType=avanzato&channel__creator=Scoto%2C+Gualtiero&channel__contributor=Scoto%2C+Gualtiero&opCha__contributor=OR&opCha__creator=OR
- La vita di Cleopatra reina d'Egitto. Dell'illustre s. conte Giulio Landi. Con una oratione nel fine, recitata nell'Academia dell'Ignoranti; in lode dell'Ignoranza In Vinegia : [Gualtiero Scoto]. 1551
- Dell'amore di Leucippe et di Clitophonte. Nuouamente tradotto dalla lingua greca / Achille Tatioalessandrino [Gualtiero Scoto]. 1551
- Petri Bembi cardinalis Historiae Venetae libri 12 Venetiis : [Gualtiero Scoto]. 1551
- Petri Bembi card. Epistolarum familiarium, libri 6. Eiusdem, Leonis 10. pont. max. nomine scriptarum, lib. 16 Venetiis : [Gualtiero Scoto]. 1552
- Lilii Gregorii Gyraldi Ferrarien. Suarum quarundam annotationum dialogismi 30. ... Item Laurentij Frizzolij Solianensis Dialogismus vnicus de ipsius Lilij vita & operibus Venetiis : apud Gualterum Scottum. 1553
- Flauio intorno ai fasti volgari / [Vincenzo Cartari] In Vinegia : appresso Gualtero Scotto. 1553
-Puis je découvre que la Bibliothéque Nationale Italienne a recensé cette gravure sous le n° V 464 sous l'intitulé Minerva e Mercurio di fronte poggiano un piede su un libro e l'altro su un dado., et qu'elle donne la liste de 22 ouvrages qui la comporte dans les fonds qu'elle gère.
http://www.sbn.it/opacsbn/opaclib?db=solr_iccu&resultForward=opac/iccu/brief.jsp&from=1&nentries=10&searchForm=opac/iccu/error.jsp&do_cmd=search_show_cmd&item:8087:Marca::@frase@=IT\ICCU\BVEM\000101
- Enfin, je consulte la notice de cet imprimeur : "Dates de l'activité et dates de BD:Venise 1550 - 1575; Éditeur et imprimeur actif à Venise. Il était associé avec le marchand flamand et écrivain Nicolas De Stoop pour les travaux d'impression de Bembo; la société a utilisé la marque de Mercure et de Minerve (Z840). Par un acte notarié de 1552 (procureur Laurent Torrentinus Scot), étudiée par des fentes, nous apprenons que même Scot était d'origine flamande; il semble donc que nous pouvons exclure sa relation avec les autres Scot actifs à Venise et appartenant à une famille originaire de Monza. Nom d'éditions:Gualtero Scotto; Gualtiero Scotto; Gualterus Scottus; Gualterius Scot".
En résumé, Gualtero Scoto ou Scotto, d'origine flamande, fut l'imprimeur attitré des œuvres du cardinal Pietro Bembo de 1550 à 1553 environ, en association avec le poète et homme d'affaire flamand Nicolao Stopio, et les livres qui sortirent de son imprimerie portent la marque de typographe Z840 à Mercure et Minerve. Mais le Catalogue des éditions des Lettres de Bembo, comme d'autres documents, montrent que les œuvres du cardinal furent édités à partire de 1562 par Girolamo Scotto, libraire, imprimeur actif dés 1536, compositeur et homme d'affaire né à Milan, qui n'a pas de lien de parenté avec Gualtero, et dont la marque d'imprimeur est différente. Sa vie, et le développement de la Maison Scotto est parfaitement connue (Jane A. Bernstein Music Printing in Renaissance Venice: The Scotto Press (1539-1572). Girolamo Scotto a dirigé, depuis 1540, une maison d'édition de Venise spécialisé pour moitié dans l'édition de madrigaux et qui possédait, avec Guardano, un monopole de fait sur l'industrie de l'édition non seulement à Venise, mais dans toute l'Italie. Dans les 33 années de leur domination du marché italien, Scotto produisit plus de 800 publications . En 1571, il a été élu prieur à la Guilde vénitienne des imprimeurs et libraires.
Parmi les madrigaux édités par G. Scotto figurent ceux de Roland de Lassus.
Si je continue à dévider ce fil, c'est que je cherche des arguments pour étayer l'idée que Hans van Aachen auteur de l'Hermathena gravée par Sadeler, et gendre de Roland de Lassus, a pu avoir accès à la marque typographique des livres imprimés par Gualtero Scoto et Nicolao Stopio.
Poursuite de la lecture de Ruscelli. ! https://archive.org/stream/leimpreseillustr00rusc#page/284/mode/2up
Il est temps que je reprenne la lecture du texte de Ruscelli.
Dans la suite de son texte, Ruscelli commente la devise Hoc fac et vives, qui n'existait pas chez Bembo, et qui est donc un choix de Nicolas Stopio pour son frère. Puisqu'elle se traduit par "Fais cela, et tu vivras", elle incite le lecteur à réunir en lui la Sagesse d'Athéna et l'Éloquence d'Hermès, mais aussi l'Étude des livres et l'acceptation stoïque des aléas (les dès) de la Fortune. A cette occasion, Ruscelli cite les vers de Silius Italicus où Hannibal demande à son épouse Imilcé quelle est la différence entre le silence de la vie (une vie sans gloire) et la mort. Puis, il aborde le lien de cette devise avec le texte évangélique dont elle est tirée, non sans détournement. Mais au lieu d'en citer l'origine en Luc, chapitre X, il cite le passage dit "du plus grand commandement" de l'évangile de Matthieu Mat.22:37 Diliges dominum Deum tuum ex toto corde tuo, & proximum tuum sicut te ipsum. qui cite Deutéronome 6:5
Citons le passage entier :
"En apprenant que Jésus avait réduit au silence les sadducéens, les pharisiens se réunirent.
35 L'un d'entre eux, un enseignant de la Loi, voulut lui tendre un piège. Il lui demanda:
36 ---Maître, quel est, dans la Loi, le commandement le plus grand?
37 Jésus lui répondit:
---Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée.
38 C'est là le commandement le plus grand et le plus important.
39 Et il y en a un second qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 Tout ce qu'enseignent la Loi et les prophètes est contenu dans ces deux commandements."
Comme l'a montré M.A Screech, L'injonction Hoc fac et vives a été utilisé comme un argument fort anti-luthérien pour affirmer la participation de l'homme à son salut.
Ruscelli revient rapidement à un commentaire philosophique de l'image dans l'interprétation de l'association du livre et des dés, dans lesquels il voit l'illustration de l'homme stoïcien face aux coups du sort : selon Cicéron, le remède face au jeu de dès qu'est l'existence est la sagesse, et l'adage dit Sapiens dominabitur Astris, la Sagesse l'emporte sur les Astres. C'est alors qu'il fait appel à ce passage des Adelphes de Térence Ita vita est hominum, quasi cum ludas tesseris etc.. qui figure sur la gravure de Sadeler.
Puis, il mentionne le distique que — si j'interprète bien— le frère de Nicolas Stopio, un médecin du nom Martin Scopius, avait fait figuré sur ses armoiries avec l'assentiment de Ferdinand Ier en raison de ses mérites. Je retrouve des éléments biographiques suivants :
Après avoir étudié la médecine et la philosophie dans les universités italiennes, notamment de Padoue, le docteur Martin Scopius, exerça à Vienne puis à Linz en Autriche où il devint vers 1552 Magister Sanitatis, en remplacement de François Vesale, frère de l'anatomiste. Il fut nommé doyen de la faculté de médecine en 1554 et 1581. Il est mort à Vienne le 21 décembre 1581. Voir Arnold Huttmann, 1958, Ein flandrischer Arzt des 16. Jahrhunderts page 47-67 . Dans la ville de Linz, il est mentionné comme" un célèbre botaniste".
Le distique est le suivant :
« Lilia agros virtusque ; viros coelum astra coronant / Ut leo, vir fortis, dulce & amara bibit. »
"Les Lis ornent les champs, la vertu orne l'homme ; les astres ornent le ciel : comme le lion, un homme vertueux boit à la fois l' amer et le suave"
Or — et tout l'intérêt est là — ces vers qui n'appartiennent pas à une œuvre connue et qui ont peut-être été composés pour l'usage privé du médecin, ont été cités à trois reprises par Joris Hoefnagel comme inscription de ses peintures : dans Archetypa studiaque, Pars I tab. 8 ; dans le Schriftmusterbuch de Vienne, folio 47 ; et dans les Quatre éléments (National Gallery of art, Washington), Animalia quadrupedia et reptilia,Terra planche X. Cette dernière œuvre étant la plus précoce (1575-1585), elle indique que Hoefnagel a eu connaissance de ces deux vers avant l'année 1585.
Ces trois inscriptions de la même formule montre que Hoefnagel connaissait soit Martin Stopio ou son frère Nicolas, soit que le distique trouve sa source chez un auteur différent, soit qu'il ait à sa disposition le livre d'emblème de Girolamo Ruscelli. Cette hypothèse est la plus probable puisqu'elle permet aussi d'expliquer que la gravure d'Hermathena ait été copiée par Hans van Aachen sous la direction d'Hoefnagel, mais aussi que cette gravure comporte l'inscription des vers de la comédie de Térence, qui ne figure que dans le texte de Ruscelli mais non sur les gravures de marque typographique de l'imprimeur Scoto.
SOURCE ET LIENS.
-Site RKD :
- https://rkd.nl/nl/explore/images/121627
- https://rkd.nl/nl/explore/images/121344
- http://www.rdklabor.de/wiki/Eule
- article sur Mira calligraphiae http://www.strangescience.net/bockhoef.htm
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file:///C:/Users/Utilisateur/Downloads/andratschke%20Vom%20Lukasbild%20zur%20PicturaAllegorie%202011.pdf
— BOLLORÉ Marie , 2011, Le néo-stoïcisme : lecture du De Constantia de Juste Lipse et du Traité de la constance et consolation ès calamitez publiques de Guillaume Du Vair. Master de Littérature française « de la Renaissance aux Lumières »
http://www.lurens.ens.fr/IMG/pdf/Le_neo-stoicisme_-_lecture_du_De_Constantia_de_Juste_Lipse--.pdf
— BRADLEY ( John William), 1891 The Life and Works of Giorgio Giulio Miniaturist. 1891. page 120-121.
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Éditeur :Wien : Tempsky, 1896.Collection :Jahrbuch der kunsthistorischen Sammlungen des allerhöchsten Kaiserhauses, Bd. 17, Abh. 4
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— HENDRIX (Lee) VIGNAU-WILLBERG (Théa), 1997, Mira calligraphiae Monumenta: – A Sixeenth-Century Calligraphic Manuscript inscribed by Georg Bocskay and Illuminated by Joris Hoefnagel, The J. Paul Getty Museum, Malibu 1992 .
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