Le motet Mirabar solito de Rore dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich (1559). Un travail à quatre mains des flamands Nicolo Stopio, Cipriano de Rore, Johannes Pollet, et du munichois Hans Mielich .
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— Source des images :
a) Par copie d'écran de la Bibliothèque Digitale de Munich MDZ : Mus. Ms. B I
b) Images en couleur : Bildergalerie de la BSB, Bibliothèque Nationale Bavaroise, en ligne.
https://opacplus.bsb-muenchen.de/metaopac/search?View=default&db=100&id=BV035450724
c) Livre de commentaire par Samuel Quichelberg Munich, 1564
Mus. Ms. B II, CIM 209, Declaratio picturarum imaginum acquorumqumque, ornamentorum, in libro Motetorum celeberrimi musici cypriani de Rore :
— Source de documentation :
La source princeps est la thèse de Jessie Ann Owens, résumée dans son article :https://www.academia.edu/8145200/Cipriano_de_Rores_New_Years_Gift_for_Albrecht_V_of_Bavaria_A_New_Interpretation
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Petit préambule.
Cet article fait suite à (ou participe à) l'étude de l'Allégorie aux Nymphes avec vue de Munich et de Landshut de Joris Hoefnagel , Allégorie qui possède de nombreux points de convergence avec l'œuvre étudiée ici : Hoefnagel est, comme miniaturiste à la cour du duc Albert V, le successeur de Hans Mielich ; il cite indirectement Nicolo Stopio en reprenant en emblème du Hibou au Caducée l'Hermathena créée par ce dernier ; il inscrit le nom de de Rore à coté de celui de Orlando Lasso sur des partitions qui renvoient aux manuscrits enluminés Mus.Ms. A et Mus. Ms. B de la bibliothèque ducale ; il peint une vue de Munich et une vue de Landshut au sommet et au pied de son enluminure, semblables à celles que nous allons découvrir ici ; il a enluminé deux livres de calligraphie de Georg Bocksay qui sont les équivalents des manuscrits copiés par Johannes Pollet. Enfin, il appartient aussi au nombre des artistes néerlandais qui, après un séjour en Italie, sont entrés au service des ducs de Bavière.
LE MANUSCRIT MUS. Ms. B.
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Le duc Albert V de Bavière était passionné par les Arts comme mécène et comme collectionneur acharné, fasciné par tout ce qui venait d'Italie. C'était, pour ce que l'on en sait, un bon musicien, et il possédait, comme les autres ducs et empereurs, un chœur ou un orchestre pour la Chapelle de cour, Hofkapelle, dirigé par un maître de choeur. La chapelle de la Résidence ducale datait de 1630 (la chapelle actuelle date essentiellement de Maximilien II). L' Orchestre d'État de Bavière ( Bayerische Staatsorchester), qui est aujourd'hui l'un des plus prestigieux orchestres du monde entier, est aussi des plus anciens puisque son origine remonte à l'année 1523, lorsque Ludwig Senfl fut placé à la tête du Münchner Kantorei . En 1563, Orlando di Lasso fut embauché en tant que chef d' orchestre de la Münchner Hofkapelle. Le répertoire se composait alors principalement de musique d'église.
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.http://www.residenz-muenchen.de/englisch/museum/hofkapel.htm .
.Orlando de Lassus menant sa formation, Hans Mielich, Mus. Ms. A II (1) image 186
http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035009/images/index.html?id=00035009&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=3&seite=186
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Le Maître des chœurs disposait de chanteurs triés sur le volet venus de toute l‘Europe et les meilleurs instrumentistes virtuoses italiens, qui constituaient la chapelle du duc. Sur l'enluminure de Hans Mielich représentant Orlando de Lasso dirigeant sa formation de chœurs de cour à la Hofkapelle, Bernhard Rainer, de l'ensemble Profeti della Quinta, Dolce risonanza, a pu constater que la formation se composait de six chanteurs (hommes), de deux instruments bassistes parmi les chanteurs et de 13 instruments mélodiques : 6 instruments à vent et 7 instruments à cordes : cornemuse, cervelas, flûte et flûte basse, fifre, trombone basse, cornet à bouquin (cornetto muto, cornetto alto), et virginal, luth, violons, viole. Le violon se jouait selon la technique "sans menton", l'instrument tenu seulement de la main gauche. Le cornet à bouquin ( Zink, Cornetto) est, à la Renaissance, l'instrument roi pour l'interprétation de la partie soprano, que seul le violon parvient à en concurrencer la virtuosité ; les instruments sont de plus en plus sinueux et serpentins en allant du cornet muet (presque droit) au cornet alto puis au cornet ténor. Avec son alter ego la sacqueboute (le trombone) ces instruments étaient considérés comme les plus aptes à imiter la voix humaine. Enfin le cervelas (Rackett), de la famile du basson, est, sous ses aspects comiques, un instrument très intéressant : la grosse anche double y est reliée à un canal replié sur lui-même neuf fois à l'intérieur d'un cylindre percé de trous unis deux à deux : la colonne d'air très longue permet d'obtenir un son grave et bourdonnant
Parmi les dépenses considérables effectuées par le duc pour sa musique de cour, figurent trois manuscrits richement reliés et richement enluminés dont deux contiennent des œuvres de Roland de Lassus et un celle de Cipriano de Rore. Ce dernier, l'actuel Mus. Ms B de la Bibliothèque Nationale de Bavière fut le premier à être réalisé (il fut achevé en 1559) et servit de modèle précurseur aux deux volumes du Mus. Ms A (1563-1570) contenant les Psaumes pénitentiels de de Lassus. Ces livres somptueux ne servaient pas aux musiciens, mais étaient considérés à juste titre comme des trésors destinés à l'usage privé du duc, à être montrés à d'illustres visiteurs, et à participer à sa gloire pour la postérité. Le troisième manuscrit illustré par Mielich et copié par Jean Pollet contient les Lectiones ex Propheta Job et les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale de Vienne, cote Vienna 18.444
Le Mus. Ms B est un livre de chœur contenant 26 motets de 4 à 8 voix de Cipriano de Rore copiés sur vélin par Johannes Pollet ; 82 de ses 304 pages sont enluminées par l'artiste de cour Hans Mielich, soit, outre les armoiries ducales, les portraits d'Albert V et d'Anne d'Autriche, de Hans Mielich et de Cipriano de Rore, le début des pièces musicales et le début de leurs sections. Au volume principal s'akjoute un volume de commentaires rédigé par Samuel Quickelberg.
Ces motets forment un mélange hétérogène de 20 motets sacrés et 6 motets profanes. La plupart étaient déjà connus, et la bibliothèque de Bavière — reflet de celle du duc, conserve une premiere édition musicale de de Rore par Gardano, Venise 1544, ses Stances de Pétrarque de 1548, le Premier livre de madrigal (Venise, 1552) et le Second livre de madrigal (Venise, 1551) ainsi que 15 autres éditions postérieures au manuscrit qui nous intéresse.
Parmi ces partitions, le motet à six voix Mirabar solito possède un statut particulier d'une part parce qu'il n'avait pas été connus auparavant, d'autre part parce qu'il a été écrit spécialement pour Albert V comme hommage . Pour J.A. Owens, ce serait un cadeau de nouvel an du compositeur pour le remercier de ses bienfaits. Sa place particulière lui vaut d'être le seul décrit par Massimo Troiano, le chanteur napolitain à la cour de Bavière, dans le compte-rendu qu'il donne de ce manuscrit en 1568.
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I. LE TEXTE DE NICOLAS STOPIO.
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Ce poème se compose de deux parties de huit vers en distiques élégiaques. Il a été composé par Nicolas Stopio, poète et agent d'affaire né à Alost (Aalst en néerlandais) dans les Flandres et rapidement installé à Venise où, proche des imprimeurs vénitiens, il servit les intérêts des frères Ulrich et Hans Jacob Fugger, puis ceux d'Albert V de Bavière. Il est décédé en, ou vers, 1570.
Argument : Un narrateur anonyme s'émerveille d'entendre les Muses chanter plus joyeusement que d'habitude, et, s'approchant, il constate que celui qui justifie cette gaieté n'est pas Apollon, mais le duc Albert V de Bavière, que les Muses acclament. Dans la seconde partie, ce sont les Muses qui prennent la parole pour témoigner de leur admiration pour le duc, et dire combien elles se réjouissent des bienfaits qu'il leur apportera : elles l'acclament à nouveau.
En un mot, le duc Albert est comparé —avantageusement— à Apollon car il favorise les arts, représentés par les neuf Muses.
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Mirabar solito laetas magis esse Camœnas,
Atque agitare novis gaudia tanta modis.
Accede ut videam festive an Phoebus Apollo
Exultans hilares duceret ipse choros.
Ast alium video, longe Phoebo mage gratum
Cui vidi intentas advigilare Deas.
Acclamant concordi, animo, vox omnibus una,
Vivat hic Albertus Dux modo Bavariae.
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Virtutum ante alios in quo genus omne relucet,
Splendor et Heroum est, verus et unus honos.
Gratior hic nobis, Phebo ter maximus ipso
In nos haud similis, ut suus estat amor
Ornamur virtute sua tuum voce canora
Jure choragus erit, noster et ipse Deus.
Indefessem igitur laudes glomeremus ovantes
Vivat in aeternum Dux modo Bavariae
"Je me suis étonné de ce que les Muses étaient plus joyeuses que d'habitude
et qu'elles chantaient avec grande joie de nouvelles chansons
Je me suis approché pour voir si Phoebus Apollon lui-même,
exultant d'une humeur festive, conduisait les chœurs joyeux.
Mais je vis quelqu'un d' autre qui m'est plus cher encore que Phoebus,
celui pour qui je voyais les déesses garder une vigilance constante.
Elles clamaient ensemble dans un seul accord et d'une seule voix:
Vive Albert, duc de Bavière.
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Les vertus brillent chez lui plus que chez tout autre,
Il a la splendeur du héros, il est le seul vrai honneur.
Lui, le trois fois plus grand, il nous est plus cher que Phoebus lui-même;
Rien n'égale son amour envers nous.
Nous sommes embellies par sa vertu; et avec sa voix harmonieuse
il va à juste titre diriger notre chœur et être notre dieu.
Par conséquent nous entonnons inlassablement ses louanges et nous l'applaudissons:
Puisse l'actuel duc de Bavière vivre éternellement."
Discussion.
Il est admis que Nicolas Stopio a composé ce poème pour l'accession du duc au titre de duc, en 1550. L'adverbe modo de la formule Dux modo Bavariae a été considéré par Bernhard Meier, auteur des huit volumes de l'Opera Omnia de Cipriano de Rore, dans son sens de "récemment, tout juste", et la formule a été traduite par "le tout nouveau duc de Bavière". Pourtant (Gaffiot) cet adverbe peut aussi signifier "maintenant" (presently en anglais). La composition de ce poème pourrait être plus tardive, et dater de 1558, année où il aurait été soumis à l'inspiration du musicien. On sait que Cipriano de Rore s'est très certainement arrêté à Munich en mars-avril 1558, où il lui a peut-être été remis ; J.A. Owens suggère qu'il a pu aussi être adressé à de Rore par Hans Jacob Fugger dans un courrier en fin 1558. Le rôle de Fugger comme superviseur et intermédiaire est probable.
Le thème d'Apollon et les Muses est exploité par Stopio depuis l'une de ses principales publications (1555), celle qui fit sa célébrité (Conrad Gessner la mentionne), le Panegyricum de 60 folios dédié à Jeanne d'Aragon et à son fils Marc-Antoine Colonna. Certaines de ces pièces se termine par la formule Vivat [Vivat in aeternum Felix Ioanna Aragona Quae nunc luce sua fert bona puncta bonis]. On y trouve les hommages rendus à : "Roma in Caroli V Caesaris 1536" ; à Marie d'Autriche (reine de Hongrie et gouverneur des Pays-Bas espagnols de 1531 à 1555) ; à Franciscum Venerium ; à Cosme de Médicis ; à Adrian Wyllaert (folio 39v-40r) ; à Lucrèce d'Este, fille du duc de Ferrare Hercule II ; à Ursula von Harrach, première épouse de Hans Jacob Fugger ; à Gaspara Stampae (poétesse latine installée à Venise, 1523-1554), en épicédion ; au Cardinal Petro Bembi, en épicédion*; à Ferdinand d'Autriche ; à Hans Jacob Fugger (folio 45v), au cardinal Christophorum Mardrucium ; au cardinal Ottonem Truxes ; ad amicum absentem ; à Pierre-François Contarini, Patriarche de Venise ; au médecin Julio Alessandrino (1506-1590) ; Ad desidiosos, Vecordes ; In Simulatam Amicitiam ; In Deformem, et Nasutum ; In Eos qui rationis expertes ; Elegiam ad Lauram de Zona ; Ad Detractores et id Genus. Fin folio 60v.
** Épicédion : dans la poésie grecque ou latine, poème d'oraison funèbre.
Ces recueils d'Éloges étaient fréquents et on peut rapprocher celui-ci avec les Orationes duodecim de Girolamo Falletti, (1558) ; les Orationes de Cynthius Jean-Baptiste Giraldi (Ferrare, 1554).
http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00002170&pimage=39&v=100&nav=&l=en
Il est intéressant de rapprocher l'éloge (ou encomium) d'Albert V avec celui de Stopio pour Adrian Willaert (1490-1562) pour plusieurs raisons. D'une part, cet encomion de 18 distiques élégiaques est construit sur un dialogue entre Apollon et les Muses, et se termine par Vivat perpetuo felix cum dis ADRIANUS vivat, ut est clarum nomen et usque suum. D'autre part, ce musicien est un des maîtres de Cipriano de Rore ; d'autre part, ce dernier lui rendit hommage funèbre dans son motet Concordes adhibete publié en 1566, qui débute par Concordes adhibete animos, Musae, inclita turba. (Constatez ensemble, Muses,foule célèbre,) et s'achève par Vive Adriane decus Musarum, Vive Adriane (Vive Adrien, héraut des Muses, vive Adrien). On voit que le parallèle entre tout artiste ou tout amateur d'art (philomusis, pour reprendre une épithète utilisée par Stopio) et Apollon, ou la présentation du récipiendaire de l'éloge comme fêté par les Muses, est un topos répandu.
Ce portrait du duc Albert en nouvel Apollon trouve son prolongement dans la décoration murale des résidences de Munich et de Landshut à la fin du XVIe siècle (Salle d'Apollon de Landshut).
Nicolo Stopio n'est nullement un inconnu à la cour d'Albert V et dans les milieux musicaux. Ce serait plutôt l'homme de plume à qui on fait facilement appel pour les panégyriques, d'autant qu'il semble connaître à-peu-près tout le monde. Il a été l'homme d'affaire de l'imprimeur Daniel Bomberghen, il s'est fait remarquer par Vésale (lettre à Oporinus de septembre 1542), il s'est chargé de l'impression par G. Scoto des œuvres du cardinal Bembo (1550-1553), il est suffisament bien introduit à Venise pour rendre visite à Titien et le conseiller des rectifications de sa Vénus et Adonis (<1553), il a été l'avviso (agent d'information, plus ou moins secret) de la couronne britannique (1562) mais surtout des frères Urich et Hans Jacob Fugger (1561-1563), il compose des poèmes descriptifs pour les cartouches des cartes géographiques des imprimeurs vénitiens comme Ruscelli (1559 ; 1563) ou sert d'intermédiaire à Nicolas Postel dans la vente de ses manuscrits arabes (1555), et, plus tard, il fournira quantités d'antiquités d'Italie au duc Albert et à son fils, et il composera en 1568 les poèmes que Roland de Lassus mettra en musique pour les somptueuses noces de Guillaume de Bavière et de Renée de Lorraine. En 1565, il écrit le poème d'introduction des Sacrae Lectionnes. La même année, il écrivit un poème de douze lignes pour le mariage le 5 décembre d'Alphonse II de Ferrare avec Barbara d'Autriche (Lux clara exoritur). Pour l' année 1550 ou les années précédentes (puisque B. Meier propose cette date de rédaction), on ne connaît aucun lien entre Stopio et le duché de Bavière. C'est encore vrai d'ailleurs pour l'année 1558 que je suggère. Par contre, entre 1561 et 1570, les liens avec Hans-Jacob Fugger, Roland de Lassus, et Albert V sont étroits.
Stopio semble avoir rencontré Hans Mielich lorsque celui-ci a rendu visite à Titien en Italie, comme il le relate dans une lettre de 1567 à Hans Jacob Fugger : il date cette visite de 1552-1554 (Hope, 1997). Voir, en bibliographie, un extrait de l'article de Jansen 1987 où Stopio apparaît particulièrement chargé de procurer à la cour de Bavière des instruments de musique et des musiciens italiens (et sans-doute des éditions de musique).
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II. LA MUSIQUE DE CIPRIANO DE RORE.
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La présentation de Samuel Quichelberg :
Cantionus autor. Cantionum autorem esse Cyprianum de Rore, item sumptuosarum pictuarum Illustrissimus Principem Albertum Bavaria ducem extitisse necessario in ipso titulo praemissimus. Sed ex ? haec reliqua admonenda fuere, de ys quorum non poenitendus labor accessit.
Le compositeur franco-flamand Cyprien de Rore (en italien Cipriano de Rore), né à Renaix ou Ronre en 1515 et mort à Parme en 1565, est rentré au service du duc Hercule d'Este à Ferrare en 1547 et jusqu'en 1559 comme maître des chœurs. Il n'a jamais été au service du duc de Bavière.
Il appartient, comme Adrian Willaert, à la quatrième génération de l'école franco-flamande, Roland de Lassus, appartenant à la cinquième génération.
Mirabar solito est un motet de six voix. Les six voix sont notées DQB et SAT, ce qui correspondrait à Discant, Quintus, Bassus (Basse), Superius (ou soprano ?) , Alto et Tenor (ténor).
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III. LES ENLUMINURES DE HANS MIELICH.
Samuel Quickelberg le présente ainsi :
Imaginus inventor. Imaginum itaque pictor inuentorque fuit Johannes Muelich Monaccesis artifex celeberrimus, qui idem vulgo Vicentz. Maler ab am fui valde usitato nomine dicebatur, cuius opera illustrissimus princeps Albertus in posterus quoque, multis animis in huius generis libris depingendis usus est.
"Inventor d'image . Les images et les peintures sont du peintre et inventeur Jean Mielich célèbre artiste de Munic, qui est aussi connu sous le nom courant de peintre de Vicentz [Vincent ; Zentz ] participe à la postérité de l'illustrissime prince Albert par les illustrations qu'il a peint sur ses livres [??].
Voir dans mon blog son autoportrait et sa devise :
http://www.lavieb-aile.com/2015/05/autoportrait-de-hans-mielich-ne-sutor-ultra-crepidam.html
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Hans Mielich (1516-1573) est, comme son père et son grand-père, un peintre munichois ; il se forma à Ratisbonne auprès de Albrecht Altdorfer (Ecole du Danube) ce qui explique la place donné aux paysages (ici, les deux vues de ville) dans sa peinture. Sur l'incitation du duc Guillaume IV, il séjourne à Rome en 1541 (et/ou en 1552-1553 où il rend visite à Titien), et se forme au maniérisme italien. Il s'inscrit à la corporation munichoise des peintres en 1543, et en devient le chef en 1558. il travailla pour une clientèle privée, mais le duc Albert V lui commanda à partir de 1546 de plus en plus d'œuvres et le prit en amitié.
Le manuscrit Mus. Ms B comporte 82 enluminures de sa main, mais le Mus. Ms A est encore plus riche puisque chacune des pages y est enluminé par Mielich.
Les neuf pages de la partition comportent quatre enluminures, présentées en doubles pages à chaque début des deux sections, pages 257-258 pour Miramar solito voix DQB et voix SAT et pages 267-268 pour Virtutum ante alios voix DQB et SAT.
Le texte des motets, les inscriptions et de toutes les enluminures du manuscrits sont scrupuleusement décrites par Samuel Quickelberg. Sa description de Mirabar solito se trouve, pour les amateurs de latin, aux pages 167-171 (page 81-84 de sa pagination) de la mise en ligne par MDZ :
— Première partie page 167-171 : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=22&seite=167
— Deuxième partie : page 172-176 :
http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=23&seite=172
1. Première partie : Mirabar solito.
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1a. Première enluminure de la première partie, les voix DQB.
Dans la partie haute, Apollon conduit le char du Soleil. Au milieu, Albert V et son épouse Anna rendent visite aux Muses. En dessous, une vue de Munich.
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a) Le registre supérieur.
Apollon conduisant le char du Soleil.
Dans Homère, Apollon est qualifié de l'épithète φοῖϐος / Phoibos, littéralement « le brillant », et les Anciens assimilèrent le dieu Apollon avec le Soleil, et le désignèrent sous le nom de Phoebus. Ou bien, ayant foudroyé le dieu Soleil, il fut condamné par Zeus à en conduire le char. Nous le voyons donc mener les rênes du quadrige et stimuler les chevaux de son fouet.
Quickelberg cite Poste[r]a nocturnos Aurora remouerat ignes / Solque, pruinosas radys siccauerat herbas Ovide Metam. IV 80 . Je donne un extrait élargi pour mieux en goûter la poésie charmante : "[4,80] et s'envoyaient des baisers que retenait le mur envieux. Le lendemain, à peine les premiers feux du jour avaient fait pâlir les astres de la nuit; à peine les premiers rayons du soleil avaient séché sur les fleurs les larmes de l'Aurore, ils se rejoignaient au même rendez-vous."
Trois putti volent dans la marge haute en présentant des couronnes de lauriers, deux autres jouent ? avec un jeune homme allongé. Un cheval se cabre dans la marge droite.
La lettre D sert de cerceau pour un putti qui la traverse. Un homme athlétique et barbu s'entoure d'un drap vert, sorte de banderole que son homologue retient aussi du coté droit. Quickelberg nous explique qu'il s'agit de Vertumnus, dieu romain du changement des saisons et de la croissance des plantes, capable de changer de forme à volonté (par contagion avec le verbe latin vertere "tourner") : il y voit un emblème du peintre, capable de donner forme à des quantités d'objets divers.
La partie musicale est délimitée par une chaîne en or renforcée aux angles par des ferrures. La lettre capitale M de Mirabar est peinte à la feuille d'or. La lettre I est enjolivée. La portée a cinq lignes, un nombre qui n'est fixé que depuis la Renaissance. Quels sont les signes en début de portée ? Outre le bémol, je conclue à une clef d'ut puis une clef de fa, en toute incompétence.
http://dictionnaire.metronimo.com/index.php?a=term&d=1&t=2060
The letter, addressed to Duke Albrecht and sent from Ferrara on 5 January 1559, contains important information about de Rore’s connections with Albrecht and the Munich court (fol. 31r ) Illustrissime princeps, et clementissime domine. Cum superioribus diebus ex flandria in Italia mad meos rediissem, inveniliteras a Viro Magnifico Joanne Jacobo fuggero ad me scriptas ex quibus intellexi, redditam fuisse celsitudini tuae Missam illamquam in discessu meo pollicitus eram, Necredditam solum, sed et gratam, et ea, quaquidem sperabam, gratiosi animi promptitu-dine acceptam fuisse, (fol. 31r "Most illustrious prince, and most merciful lord. When in the last few days Ireturned home to Italy from Flanders, I found a letter from the excellent Hans JakobFugger, from which I understood that the Mass I had promised at my departure had been delivered to Your Highness, and not only had it been delivered, but had pleased you and been received with that readiness oa gracious spirit that I had hoped for."
Magna hercle, ea me res laetitia affecit,cum quia valde cupio, in hac arte istius liberali professione, in qua hactenus non sinelabore atque industria versatus sum, ostenderecelsitudini tuae quanti faciam multa ipsius acpraeclara in me singularis benevolentiae signa:
"Truly that caused me great pleasure, both because I very much desire, in the free profession of this art, in which up to now I have been engaged with no want of effort and hard work, to show Your Highness how much I value your many outstanding "
Cipriano de Rore’s New Year’s Gift for Albrecht V of Bavaria
2(Je vous envoie ces versets fixés à l'harmonie avec leurs rythmes ou mètre poétique). Toutefois, dans sa lettre 1559, clausus »apparaît comme partie d'un ensemble de phrase -" suisque numeris absolutum "-qui signifie "complète à tous égards" . Holford-Strevens suggère que les termes ne sont pas utilisés de manière technique, mais dans un sens littéraire plus générale. Je suis d'accord avec son interprétation et pense qu'il est prudent de cesser d'essayer d'extraire l'identité de la composition de cette sentence en essayant de donner, le module ', clausus », et, le ratio harmonicae' significations techniques et d'accepter que de Rore peut tout simplement VHA e été disant en très écouler langue Ery:«Je ai mis ce texte en musique ".Une lecture attentive du reste de la lettre 1559 ainsi que d'une meilleure compréhension de certaines des caractéristiques de Mus.ms. B permet d'offrir une autre suggestion concernant l'identité de de'Rore cadeau sainsi qu'un nouvelle interprétation de son accompagne le g illuminations. Comme deviendra claire, la musique et le texte se combinent avec représentation visuelle de transmettre importants des messages sur Albrecht comme patron. Le manuscrit doit donc être considéré non seulement comme une source pour la musique de de Rore, mais dans le cadre de l'auto-façonnage de Albrecht comme un souverain
.La composition en question est le motet à six voix Mirabar solito. Ce ne est pas par hasard que cette pièce très a été distinguée par Massimo TRoiano dans sa description de la, "cose notabili" de Munich: "Une Carte 257, vi è un fatto Mottetto en lode di esso Alberto, et une Carte 267, la séconda parte "
Troiano, qui a été probablement travaillé à partir du commentaire de Quickelberg, pro-FOURNIS le texte et identifié le poète et compositeur; malheureusement, il n'a rien dit sur les illuminations de ces pages.Le poème, qui se compose de deux huit strophes en ligne distique élégiaque, a été composée par le poète flamand et l'art revendeur Nicolaus Stopius pour 'Albrecht adhésion s en 1550
.Mirabar solito laetas magis esse
Camoenas Atque agitare Novis gaudia Tanta modis.
Accedo ut videam, fête un Phoebus Apollo Exultans hilares duceret ipse Choros.
Ast alium vidéo longe Phoebo mage [Mub: magis] gratum,intentas Cui de vidi advigilare DEAS.Acclamant Concordi animo, vox omnibus una:. Vivat hic Albertus Dux modo Bavariae
(2.) pars
Virtutum ante dans aliosquo genre omne relucet
Splendor ut Heroum is veruset unus honos.
Gratior hic nobis Phoebo ter maxime ipso
,Dans nos haud similis, utsuus extat Amor.Ornamur virtutesua, tum voce Canora,Iure choragus erit noster et ipse Deus.Indefesse igiturlaudes Glomeremus ovantes:. Vivat in aeternum dux modo Bavariae
"je me émerveillais que les Muses étaient plus joyeux que d'habitude et ont chanté d'une si grande joie avecde nouvelles chansons. Je me suis approché pour voir si Phoebus Apollon lui-même, exultant dans festif humeur, a conduit les chœurs joyeux. Mais je ai vu une autre beaucoup plus cher pour moi que Phoebus, une pour qui je ai vu les déesses me maintien d'une surveillance constante. Ils ont crié ensemble dans un accord et d'une seule voix: Vive Albert de Bavière.En lui toutes sortes de vertubrille, ci-dessus tous les autres, voyant qu'il est la splendeur de héros et le seul vrai honneur. Lui, le trois fois plus grand, est plus cher pour nous que Phoebus de soi-même; il n'y a rien comme son amour envers nous. Nous sommes embelli par sa vertu; puis avec voix harmonieuse, il sera à juste titre diriger notre chœur et être notre dieu. Par conséquent nous entassons inlassablement ses louanges comme nous l'applaudissons: Que le nouveau duc de Bavière vivre éternellement ".
Le narrateur anonyme décrit à la première personne une scène qui semble incompréhensible pour lui:les Muses sont plus heureuses que d'habitude. Son explication: quelqu'un plus cher encore que Apollo les dirige. Vive Albrecht! Les quarts de seconde strophe de la première par. fils singulier au pluriel Cette voix collective est maintenant que des Muses eux-mêmes: Albrecht nous est plus cher que Apollo, il dirigera notre chœur, nous allons chanter ses louanges. Albrecht Vive t! De Rore reçu ce texte au cours de la préparation de Mus.ms. B, probablement en 1558. Le datant de 1550, l'année de l'adhésion de Albrecht, proposé par Bernhard Meier sur la base du texte ("dux modo Bavariae"), semble peu probable, étant donné la preuve codicologique discuté ci-dessous
Si de Rore avait composé un hommage à Duke Albrecht en 1550, sûrement la composition aurait été disponible à Munich et une partie des plans depuis le début; à la place, le cadre est l'une des pièces ajoutées à la fin du manuscrit. Il semble probable que Hans Jakob Fugger envoyé le poème dans la lettre que de Rore reçu quand il est retourné en Italie à la fin de 1558 ("quand, dans les derniers jours je suis rentré à l'Italie de la Flandre, je ai trouvé une lettre de l'excellent Hans Jakob Fugger, à partir de laquelle je ai compris que la messe que j'avais promise à mon départ avait été livrée à Votre Altesse [...] »). Il aurait également pu être donné à lui quand il était à Munich en 1558.
L'illuminateur, Hans Mielich, comme de Rore, face à la tâche de répondre au texte. Il a choisi de mettre en évidence les trois personnes ou groupes mentionnés dans le poème: Albrecht, Apollon et les Muses. Il a dû faire face à deux contraintes: la nécessité d'adapter les illuminations dans les vides espaces autour de six parties vocales et à intégrer les initiales qui ont identifié les voix (DQB sur la gauche, sur la droite SAT) pour les pages 257 à 258 et la lettre de capital V ("Virtutum") pour chaque voix aux pages 267 à 268. Il a choisi comme sujet principal pour la première ouverture (pages 257-258) Albrecht et les Muses. (Voir Plaques 1et 2.) Le bloc principal la gauche le montre avec Anna surrounde d parles Muses, chacun identifié par son nom. Un putto dans le Q initiale se maintient deux couronnes avec des phrases du texte: "VIVAT HIC ALBERT» et «DVX MODO Bavari". Sur l'option page composite, Albrecht se assied couronné, tandis que les Muses danser autour de lui; couronnes annoncent ses vertus: "FORTITV [DO] clementia PRVDENTIA Ivstitia LIBERALITAS BONITAS VERITAS VICTORIA MANSVETO Temperantia ". Au sommet de la page sur la gauche, est Apollon et le char du soleil, face à droite, Diana et le char de la lune. Au bas de la page, sur le territoire de Albrecht: une vue de Munich (à gauche) et l'Isar de la rivière et Landshut (À droite).la seconde ouverture (pages 267-268) présente une série de scènes mythologiques. (Voir Plaques 3 et 4.) À première vue, la liste des scènes peut sembler étrange parce que pas tous d'entre eux semblent être liées aux Muses. page 2671. Minerva visite les Muses. Les Muses lui montrer la fontaine sacrée; Pegasus3. Pegasus montres Apollo faire de la musique de l'eau se écoulant à travers un ensemble de tuyaux4. (En bas) Les géants sont vaincus par les dieux5. (Marge de gauche) Vénus et Cupidon 6. (Marge droite) Amalthée Page 2681. La bataille des dieux et des géants2. Les Muses chanteret changer le Piérides en pies3. Ceres semble agriculteurs semer leurs champs4. (En bas) Proserpina cueille les fleurs; Le Rapt de Proserpine; Ceres change le garçon qui l'avait raillé en lézard5. (Marge droite) HéphaïstosT o cette listeon pourrait ajouter une scène mythologique de la page 257: (Au milieu) Pyrenaeus chasse Muses. Mielich, et peut-être un collaborateur, se il avait aider à la conception du plan pour les illuminations,conçu une structure ingénieuse pour cette ouverture qui a échappé à même le commentateur, Samuel Quickelberg. Quickelberg cite une ligne de Porphyre pour la première image, une d'Ovide pour la deuxième, celle de Virgile pour la troisième, comme se il cherchait autorité compétente. Il peut avoir été consulte un ouvrage de référence, comme à son habitude gest cette interprétation; ils comprennent Thomas 1587 ", une chanson ou à Dieu: un Psalme chanté le luth, ou une chanson chantée par à la voix "; Coote 1596 "chanson heauenlie"; Florio 1598 "un Psalme, une chanson de remerciement-giuing et de louange à Dieu, un Psalme chanté à l'psalterie, ou une chanson chantée par la voix "Mais il n'a pas reconnu que toutes les histoires se insèrent dans la grande histoire cyclique de Minerva de la visite à l'Muses, du Livre cinquième du Ovide Métamorphoses (Ll. 250-678). (Voir Figure 1.) La nécessité de s'adapter à tant d'histoires dans des espaces contraints par les exigences de notam- musicaletion signifiait que Mielich ne pouvait pas (ou choisi de ne pas) représentent la commande d'Ovide du récit par des moyens spatiaux. Mais un spectateur familier avec la structure narrative du métamorphoses d'Ovide trouverait tout ce qu'il faut pour suivre l'histoire 'Minerva visite à l'Muses s Fontaine de Pegasus Histoire de Pyrenaeus d'arrivée o - f Magpies: histoire des Sœurs Pierian - concours de chant - Sœurs Pierian: histoire de la bataille des Go ds et Giants - Muses : Histoire de Ceres viol de Propserpina la colère de Ceres aux Taunting Boyautres histoires - Les Muses gagner le contest - Les Pierian Sœurs sont transformés en pies - Minerva lea ves la Muses
Figure 1: Structure de «Minerva Visitez s àles Muses
Merci aux illuminations pour les deux ouvertures de
Mirabar solito
, Le manuscrit célébre Albrecht, avec Apollon et les Muses, des images ainsi que des mots et de la musique. Dans cette lumière, deux passages de la lettre de de 'Rore lettre semblent particulièrement saillant:1) la référence aux Muses ("ayant convoqué les Muses à mon aide") 2) l'invocation d'Apollon pour aider à l'inspiration créatrice («Pour parmi les autres œuvres que j'ai écrites à divers moments, je me permets de déclarer Votre Altesse que pendant une longue période. rien n'a sortiront de l'atelier de mon esprit qui plaît et me satisfait plus Il est donc évident que la règle de l'art, Apollo, était là pour me aider comme je réfléchissais alors; l'aide de que Dieu, comme vous le savez, ne est pas le cas généralement à un homme ou à tout moment. Si je me suis trompé dans cette affaire, et peut-être trop bien penser de moi-même,ou il est absolument vrai que je pense, Votre Altesse, quand vous avez entendu le travail, sera en mesure de juger de la bonne volonté. Car je apprécie votre jugement vif et précis, surtout dans cette forme de l'activité intellectuelle ").
Il peut être pas un hasard si de Rore invoque Apollon son inspiration et appelle les Muses tout en invitant Albrecht de juger son œuvre. Cette lettre doit sûrement être considérée comme une corroboration de Mirabar solito comme un don de de Rore. Sa déclaration "Car en effet, je ai jugé digne pour de nombreuses raisons d'être offert à la fois à vos oreilles et à vos yeux "est plus difficile à interpréter. Il est en effet prometteur Albrecht qui il aimer ce qu'il voit ainsi que ce qu'il entend. Veut-il dire qu'il a composé la pièce en utilisant "la peinture de mot"? Doit-on conclure qu'il connaissait l'illumination spécifique qui ont été prévus ou simplement qu'il était conscient de la prepartion d'un illuminé manuscrit de sa musique? Pourrait-il être décrit le plaisir de la musique Albrecht de voir venir à la vie à travers illuminations tout entendre PERFORmed
Mirabar solito est un bon candidat pour d'autres raisons aussi. Ce est la seule composition dans le manuscrit associée spécifiquement avec Albrecht. Un de seulement cinq unica en Mus.ms. B, il satisfaisantEPE la condition d'être réservé exclusivement à l'usage de Albrecht . La seule autre motet de ce type est Donec gratus eram tibi .preuves codicologique fournit un dernier argument. Mus.ms. B, à la différence du projet plus tard,impliquant la modale de Lasso commandé psaumes de la pénitence dans Mus.ms. Un ou contemporaine projet impliquant ses Leçons du Travail et de la Prophetiae Sibyllarum (Vienne, Mus.ms. 18,744), n'a pas été composé comme un ensemble. Les motets sont hétérogènes en date de composition, le nombre de voix, et le type de texte (laïque, de consécration, de dévotion, liturgique). Le contenu et la possibilitérale l'ordre des motets a connu des changements au cours de la période de création du manuscrit tion . Une composition a été enlevé:, une pièce de cinq voix non identifiée fin "et dans saecula. saeculorum Amen "Deux ont été ajoutés - Donec gratus eram tibi et Mirabar solito. Ce est clair à partir de discontinuités dans la foliation et la présence de pages blanches; Une fois qu'une page a été illusion résilié, il ne était plus possible d'ajouter de la musique de l'autre côté sans endommager la peinture.Les deux sont également écrits sous la forme plus tard, de la main de Pollet, sensiblement différente du début du formulaire utilisé ailleurs dans le manuscrit. Surtout parce que les deux sont également unica, je argue que de Rore aurait contribué deux compositions au projet de Albrecht. L'argument le plus fort contre l'identification des Mirabar solito que de nouvelle année de Rore dedon est la description de la pièce comme «psalmum modèle ISTUM", qui Lowinsky considérée comme cruciale pour identifier Beati omnes Qui timent Dominum., Psalmus »se réfère généralement à les Psaumes de David Je ai expliqué pourquoi Beati omnes Qui timent Dominum, le seul psaume en ce sens dans le manuscrit, ne semble pas un candidat probable. Pour le don d'être Mirabar solito ,, Psalmus 'doit avoir des interprétations supplémentaires. En fait, il est prouvé que cela pourrait signifier une chanson, soit sacrée ou profane. L'indication la plus claire de cette utilisation vient de l'un des principaux latinistes du XVIe siècle, Baptiste Spagnoli (Spagnoli). Dans son Apologeticon, Il écrit: «Sed quid de vocabulis is concertatio, cum eandemrem esse constat quam Graeci, psalmum 'et, Hymnum' dicunt, nos, 'appellamus et carmen, contre '? "(Mais pourquoi litige sur les termes lorsque il est de notoriété publique que ce que les Grecs nom de «psaume» et «hymne» est la même chose que nous appelons «chanson» et «versets»?) . Plusieurs des définitions trouvées dans le précoce Moderne base dictionnaires anglais (EMEDD) sug- aussi . Un exemple plus récent est la première définition donnée dans l'Oxford AngleterreDictionnaire çais:1. Dans un sens général: Toute chant sacré qui est ou peut être chanté en culte religieux; un hymne:esp. l'utilisation biblique. (En quot. C 1175 appliquée à l'Creed.) Par ailleurs, plus généralement, toute chanson ouode d'un caractère sacré ou graves .Il est également peut citer plusieurs cas précis où s, Psalmus »se réfère à un texte autre que le Livre biblique de psaumes. Par exemple, Augustin a écrit la Psalmus contra partem Donati ,décrit par Schaff comme "une chanson populaire sans polémique mètres régulière, destinée à compenser les chansons des donatistes ", Psalmus » a également été utilisé pour désigner Quicunque vult , Athanase croyance, dans les documents conciliaires en 1240 et 1255, et à des cantiques évangéliques. Ducange aussi in-inclut comme une catégorie des psaumes, des textes composés par des poètes autres que David.tions qui ont été prévus ou simplement qu'il était conscient de la prepartion d'un illuminé manuscrit de sa musique? Pourrait-il être décrit le plaisir de la musique Albrecht de voir venir à la vie à travers illuminations tout entendre PERFORmed?
https://www.academia.edu/8021841/THE_SIGNIFICANCE_OF_Mus._Ms._B_AS_A_SOURCE_FOR_THE_MOTETS_OF_CIPRIANO_DE_RORE?login=jycordier@gmail.com&email_was_taken=true
https://www.academia.edu/8145200/Cipriano_de_Rores_New_Years_Gift_for_Albrecht_V_of_Bavaria_A_New_Interpretation
Par Jane A. Bernstein
https://books.google.fr/books?id=oAxcodFDXDAC&pg=PA206&lpg=PA206&dq=lasso+scotto&source=bl&ots=PRb0GjOCbb&sig=rYcnMAHFyd8YJDITPBLRS6fSZXs&hl=fr&sa=X&ei=AAA-VbHUHoLKaJ2ygagM&ved=0CCQQ6AEwAA#v=onepage&q=stoppio&f=false
ttps://books.google.fr/books?id=zsuFLfxg_bwC&pg=PA4&dq="ioannes+pollet"&hl=fr&sa=X&ei=XiVCVbPeAobkUb23gbgH&ved=0CFYQ6AEwBw#v=onepage&q=%22ioannes%20pollet%22&f=false
¬Orlandi ¬Lassi sacrae cantiones (vulgo motecta appellatae) quinque vocum ...
Par Orlando di Lasso
https://books.google.fr/books?id=2i77ZJwDIQwC&pg=PT2&dq=%22ioannes+pollet%22&hl=fr&sa=X&ei=widCVZPJOYOAU42bgcgF&ved=0CCYQ6AEwATgK#v=onepage&q=%22ioannes%20pollet%22&f=false
...
https://books.google.fr/books?id=e7JrnPSy8JwC&pg=PA31&lpg=PA31&dq=landshut+hoefnagel&source=bl&ots=Za78lKxHO3&sig=gHBFBSsjYJRBCZS9sca1oQyaOek&hl=fr&sa=X&ei=8-s5Vbn_HtbfaqaegYAI&ved=0CDcQ6AEwAw#v=onepage&q=landshut%20hoefnagel&f=false
Mirabar solito laetas magis esse Camaenas,
Atque agitare novis gaudia tanta modis.
Accede ut videam festive an Phoebus Apollo
Exultans hilares duceret ipse choros.
Ast alium video, longe Phoebo mage gratum
Cui vidi intentas advigilare Deas.
Acclamant concordi, animo, xox omnibus una,
Vivat hic Albertus Dux modo Bavariae.
Virtutum ante alios in quo genus omne relucet,
Splendor et Heroum est, verus et unus honos.
Gratior hic nobis, Phebo ter maximus ipso
In nos haud similis, ut suus estat amor
Ornamur virtute sua tuum voce canora
Jure choragus erit, noster et ipse Deus.
Indefessem igitur laudes glomeremus ovantes
Vivat in aeternum Dux modo Bavariae
I marveled that the Muses were more cheerful than usual
and sang of such great joy with new songs
I approached to see whether Phoebus Apollo himself,
exultant in festive mood, led the merry choruses.
But I saw another much dearer to me than Phoebus,
one for whom I saw the goddesses maintaining a constant vigil.
They shouted together in one accord and with one voice:
Long live Albrecht, Duke of Bavaria.
In him every kind of virtue shines forth, above all others,
seeing that he is the splendor of heroes and the one true honor.
He, the thrice greatest, is dearer to us than Phoebus himself;
there is nothing like his love towards us.
We are embellished by his virtue; then with harmonious voice
he will rightly lead our chorus and be our god.
Therefore let us unwearyingly pile up his praises as we applaud him:
May the new Duke of Bavaria live forever.
Je me suis émerveillé que les Muses étaient plus joyeux que d'habitude
et a chanté de cette grande joie avec de nouvelles chansons
Je me suis approché pour voir si Phoebus Apollon lui-même,
exultant dans l'humeur festive, conduit les chœurs joyeux.
Mais je vis un autre beaucoup plus cher pour moi que Phoebus,
celui pour qui je vis les déesses le maintien d'une vigilance constante.
Ils ont crié ensemble dans un accord et d'une seule voix:
Vive Albrecht, duc de Bavière.
En lui toutes sortes de la vertu brille, ci-dessus tous les autres,
voyant qu'il est la splendeur du héros et le seul vrai honneur.
Lui, le trois fois plus grand, est plus cher que Phoebus lui-même;
il n'y a rien comme son amour envers nous.
Nous sommes embelli par sa vertu; puis avec voix harmonieuse
il va juste titre diriger notre chœur et être notre dieu.
Par conséquent nous entassons inlassablement ses louanges comme nous l'applaudissons:
Que le nouveau duc de Bavière vivre éternellement.
Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.
Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.
b) le registre moyen.
Le duc Albert et la duchesse Anne rendent visite aux Muses. Hans Mielich en a donné le portrait à la page 3 et 4 du recueil, ce qui permet de les reconnaître. Au dessus d'eux, dans la lettre Q de la voix Quintus, un ange tient deux couronnes dans lesquels sont inscrits les mots VIVAT HIC ALBERTvs et DVX MODO BAVARIae. Face au couple ducal on compte huit Muses, car la neuvième, Terpsichore, (la Danse) est placée dans la marge droite, flottant sur deux cygnes, et tenant sa lyre. Euterpe (la Musique) est agenouillée et joue de la viole de gambe. Erato (la Poésie lyrique) , agenouillée également, prend avec un compas des mesures sur un globe terrestre. Derrière elles, debout, Melpomène joue de la trompette, sa voisine (Clio ?) joue de la bombarde (dont la fontanelle est reconnaissable), puis une muse (Polymnie?) joue de la sacqueboute (ou du serpent) . Thalie tient le triangle et Calliope joue de la guitare. Derrière le duc Albert, Uranie tient une sphère armillaire et un octant, alors quelle se sert de la lettre B comme d'une armoire pour y exposer un cube et un polyèdre.
Quickelberg y a lu ce distique :
Clio, Thalia, Erato, Polyhynnia, Terpsichorque,
Calliope, Euterpe, Melpomene, Vrania.
Mais attention ! Deux hommes quasi nus rampent entre les deux partitions ! Ces voyeurs concupiscents sont le barbare Pyrenée et l'un des siens, qui projettent d'abuser des jeunes femmes et, comme Ovide nous le racontera dans le Livre V,290 des Métamorphoses, Pyrenée s'en tirera mal :
Seque jacit vecors e summae culmine turris ; Et cadit in vultus , discussique ossibus oris : tundit humum moriens scelerato sanguine tinctam
"Quelque route que vous preniez, je la prendrai moi-même". Il dit, et, furieux, s'élance, se précipite, et, brisé dans sa chute, il arrose la terre de son sang odieux."
c) le registre inférieur .
Vue de Munich.
Hans Mielich poursuit l'éloge du duc Albert comme mécène en représentant, vue de l'est, la ville qu'il a contribué à embellir, Munich, dont on reconnaît l'Isar traversée par un pont, et les deux tours rondes jumelles (domes, 1525) de la cathédrale ou Frauenkirche, et le clocher de l'église Saint-Pierre. La ville est entourée de murailles fortifiées par des tours. Le massif bâtiment de droite est le Neuevest, le vieux château gothique ducal, dans lequel vont être aménagés la Résidence, son Antiquarium (1568) et sa Grottenhof (1581-1586), ainsi que les Jardins ducaux (Hofgarten). Pour Quickelberg, le peintre a choisi ce point de vue précisément pour montrer ces jardins, qui sont déjà ou seront aménagés en parterres selon le style français, lui-même hérité du style italien.
Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.
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Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.
1b. Deuxième enluminure de la première partie, les voix SAT.
Cette deuxième planche fait face, sur la double page, à la précédente, et elle lui répond par symétrie. Ainsi, face à Apollon et le char du soleil se trouve Diane et le char de la nuit. Au concert donné par les Muses au duc et à la duchesse, debout, succèdent les danses des Muses devant le duc assis. Enfin la ville de Lanshut (la résidence du prince, fils du duc) prend la place de la ville de Munich. On découvre avec une satisfaction gourmande comment, de même que de Rore avait su coller au texte, l'illuminateur, Hans Mielich a du faire face aux contraintes imposées par la présence de la partition, les vides qui séparent les trois voix, ou l'obligation de placer les lettres S, A, et T ) l'intérieur de l'image. En brillant artiste, Mielich a su dépasser ces contraintes en jouant avec elles. on remarquera avec quel brio il a transformé ces trois lettres en objets de sa peinture, sans qu'elle ne perde leur lisibilité.
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a) vue générale.
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b) registre supérieur.
Dans le ciel étoile de ce deuxième volet, Diane au front ceint du croissant lunaire mène d'une main sûre le char de la Nuit, attelé d'un cheval noir et d'un autre blanc. Le talent avec lequel la lettre S est utilisée pour former une des roues du char, et un montant en coquille servant d'accoudoir à la déesse chasseresse, fait mon bonheur. Pourtant, le dessin n'a rien d'improvisé, mais répond aux régles établies par Cesare Ripa pour la représentation du Char de la Lune (Carro della Luna), un bige tiré par un cheval noir et un cheval blanc. De même, le voile blanc qui flotte au dessus d'elle est un élément iconographique parfaitement conforme aux conventions.
C'est sous ce même aspect que la déesse apparaît dans la Chambre de Diane du Palais de la Résidence de Landshut, dans une peinture de 1540 (G. de Tervarent).
Un Amour lui décoche (en vain, bien-sûr) une flèche, puis, dans la marge supérieure, deux putti tendent des guirlandes portant les mots ORAM VITAS . Le coin supérieur droit est un Olympe où une déesse (Minerve ?) se penche sur le balcon de la partition, accompagnée d'autres divinités, de Mercure au casque ailé tenant le caducée, et de Zeus jouant l'équilibriste sur les ailes de son aigle noir.
b) le registre moyen.
Nouvelle surprise et nouvelle source d'admiration : la lettre A devient ici une pavillon (une tente d'apparat) et la lettre T un portique soutenant un trône de triomphe. Albert V y est assis, sous ses armoiries, encadré par deux hommes sauvages échappés d'un blason et coiffé des caques héraldiques. Il est présenté comme un empereur romain entouré d'enseignes (comme on en voit sur l'arc de Constantin avec l'aigle romain et les lettres SPOR) et ses couronnes de laurier clament ses vertus : J.A. Owens y a lu "FORTITV [DO] clementia PRVDENTIA Ivstitia LIBERALITAS BONITAS VERITAS VICTORIA MANSVETO Temperantia ".
Devant lui, les "Camènes" — formule poétique pour désigner les Muses et éviter de se répéter— ont posé leurs instruments et leurs accessoires d'astronomie ou de géographie et se livrent, sur la musique de Terpsychore qui a gardé sa lyre, à des danses lascives en passant si besoin derrière l'écran de la partition. On ne les reconnaît plus individuellement, mais elles sont toutes là, je les ai compté.
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c) Le registe inférieur.
La rivière Isar, dont la couleur verte est caractéristique, prend sa source au nord-ouest de l'Autriche, arrose d'abord Munich, puis Freising, avant d'atteindre Landshut, puis de se jeter dans le Danube. Landsut, à 70 km au nord-ets de Munich, a été la capitale du duché de Bavière-Landshut, avant que celui-ci ne soit réuni avec la Bavière-Munich pour ne faire qu'un seul duché. Landshut devient ainsi la résidence du prince héritier. Albert V et Anne d'Autriche y on vécu de 1546 à 1550, et leur fils, Guillaume y a séjourné avec sa femme Renée de Lorraine jusqu'en 1579. Albert et Guillaume, tous les deux follement passionnés par les Arts, qui conduirent leur duché à la ruine, firent du vieux chateau médiéval de Trausnitz, qui domine sur le Hofberg la ville, un palais de style italien aux murs splendidement décorés de fresque et un jardin somptueux, qui fut le cadre de représentations musicales et théâtrales de goût italien.
Le peintre montre la rivière pointant le grand V de ses rives vers la ville et vers le clocher de l'église Saint-Martin, le plus haut clocher en brique au monde. Pas de bateau sur l'Isar, mais un radeau de bois flottant, le flottage étant alors un élément important de l'économie fluviale menant le bois de Wolfratshausen jusqu'à Munich, Landshut, et le Danube. Ces radeaux sont également visibles sur les deux Vues de ville du Civitates orbis Terrarum d'après les dessins de Hoefnagel. Aujourd'hui encore, les radeaux reconstitués attirent des quantités de touristes !
Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.
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Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.
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2. Seconde partie.
La seconde partie s'éloigne de la représentation littérale du texte et choisi de s'inspirer des Métamorphoses d'Ovide dans l'épisode de Minerve chez les Muses, et du Concours de chant entre les Muses et les Piérides. http://bcs.fltr.ucl.ac.be/METAM/Met05/Met-05-250-437.htm
"Minerve quitte Persée et se rend sur l'Hélicon, où l'attire le renom de la source de Pégase. Les neuf Muses, et singulièrement Uranie, l'accueillent avec admiration. L'une d'elles se met à raconter comment Pyrénée, décrit comme un impie, voulut les violer au cours de leur voyage vers le mont Parnasse, et comment elles s'envolèrent pour lui échapper, en provoquant indirectement la mort de l'hypocrite. (5, 250-293)
Ensuite, une muse, dont le nom n'est pas cité, apprend à Minerve que les pies, dont le bavardage intrigue la déesse, étaient antérieurement les neuf filles de Piérus. Ces Piérides, fières et sûres d'elles, étaient venues défier les Muses en leur proposant un concours de chant arbitré par des nymphes, concours dont l'enjeu était la possession des sources de l'Hélicon et des plaines de l'Émathie. (5, 294-314)
La muse rapporte ensuite la prestation de la porte-parole des Piérides, laquelle chante la mise en fuite des dieux du ciel par le Géant Typhée et leur arrivée en Égypte, où diverses métamorphoses leur avaient permis d'échapper à leur agresseur. (5, 315-331)
Après une brève transition, la narratrice retrace la contribution de Calliope, représentante des Muses. Après un hommage à Cérès, déesse de l'agriculture, Calliope transporte le lecteur en Sicile : l'île écrase sous sa masse le Géant Typhée, dont les soubresauts inquiètent et attirent sur terre le roi des enfers. (5, 332-361)" (Résumé par Bibliotheca Classica Selecta).
Nous allons retrouver ces différents épisodes dans les deux enluminures.
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2a. Première enluminure de la Seconde Partie, les voix DQB.
a) Vue générale.
b) registre supérieur.
Ce registre est occupé par la lettre D de la voix de Discantus, et par la partition de cette voix, limitée à Virtutum Gratior hic nobis Phebo. Minerve apparaît ici à dans la lettre D, à travers laquelle elle se penche pour s'observer elle-même à l'étage du dessous. Elle tient une lance de tournoi. Par convention, nous nous trouvons ici sur les hauteurs du mont Hélicon (en Béotie, près de Thébes), décrit par Hésiode dans sa Théogonie comme le lieu de villégiature des Muses :« Pour commencer, chantons les Muses héliconiennes, reines de l'Hélicon, la grande et divine montagne. Souvent, autour de la source aux eaux sombres et de l'autel du très puissant fils de Cronos, elles dansent de leurs pieds délicats. Souvent aussi, après avoir lavé leur tendre corps à l'eau du Permesse ou de l'Hippocrène ou de l'Olmée divin, elles ont, au sommet de l'Hélicon, formé des chœurs beaux et charmants, où ont voltigé leurs pas. »
L'Hippocrène (du grec hippos, « cheval » et krêné, « source ») vient de jaillir sous l'effet d'un coup de sabot de Pégase, le cheval ailé de Persée, né du sang de la Méduse. Minerve, qui vient de l'apprendre, saute de la lettre D pour en savoir plus.
Elle descend prestement, puisque la voilà qui arrive dans le cadre entre les deux partitions, où elle est accueillie par le chœur des neuf Muses.
—Ovide, Les Métamorphoses V, 250-268
"Elle s'arrête sur ce mont, et tient ce langage aux doctes sueurs : «La Renommée a porté jusqu'à mes oreilles la nouvelle de cette fontaine que Pégase aux ailes rapides a fait jaillir de terre sous ses pieds vigoureux ; elle est l'objet de mon voyage : j'ai voulu voir cette merveille opérée par le coursier qui naquit sous mes yeux du sang de sa mère».
Uranie lui répond :
uera tamen fama est: est Pegasus huius origo fontis' et ad latices deduxit Pallada sacros.
«Quel que soit le motif qui te fait visiter nos demeures, ô déesse ! ta présence remplit nos âmes de joie ; la renommée dit vrai : c'est à Pégase que nous devons cette source». A ces mots, elle conduit Pallas vers l'onde sacrée. La déesse admire longtemps ces eaux que le pied de Pégase a fait sortir de la terre, et, promenant ses regards autour des bois sacrés et des antiques forêts, des grottes et des prairies émaillées de fleurs, elle trouve les filles de Mnémosyne également heureuses de ce séjour et de leurs études. "
Uranie l'emmène voir la fontaine (dans le texte d'Ovide) ou désigne (dans l'image) de la main Pégase qui cabriole —il a le sabot vif— dans la lettre Q de Quintus. Mais en même temps, on remarque la présence de pies qui jacassent derrière Minerve, ce qui n'a pas échappé à cette sagace déesse.
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Hans Mielich, Mirabar solito, II ème partie, voix DQB, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.
c) registre moyen.
C'est l'étage de la partition Q, qui comporte le texte complet : Johannes Pollet le débute par une lettrine V de l'initiale dorée de Virtutum, suivi d'une lettre i ornementée , puis d'un texte qui fait largement usage d'abréviations: tilde abrégeant Virtutum en Virtut~u ou Spelndor en spl~edor , apostrophe abrégeant ante en ant', terminaison -us remplacé par le signe ressemblant à un 9 (gen9 pour genus, ver9 pour verus, un9 pour unus). Ces partitions n'étaient pas destinées aux chanteurs, mais j'ignore si les partitions "réelles" comportaaient l'usage de ces abréviations, qui compliquaient la lecture des chanteurs.
Virtutum ante alios in quo genus omne relucet,
Splendor et Heroum est, verus et unus honos.
Gratior hic nobis, Phebo
Les marges latérales accueillent les armoiries de Bavière, une niche où s'abritent Vénus et son diablotin farceur de fils, et, de l'autre coté, la prude Diane (ou plutôt, selon Quickelberg, Amalthée).
Dans le cadre entre les deux voix D et B, on trouve un garçon tenant une flûte de pan, ainsi que Pégase. Ce garçon serait-il Chrysaor, le frère de Pégase (Ovide, IV, 786), ou bien Persée lui-même ? A ses pieds se voient une couronne de laurier et un livre ouvert. Jessie Ann Owens résoud l'énigme en expliquant qu'il s'agit de Pégase apprenant à Apollon à faire de la musique avec de l'eau s'écoulant à travers un ensemble de tuyaux. C'est en effet ce que signale Quickelberg, rappelant qu'Apollon est l'inventeur de la musique et du chant, et qu'il est le maître des Muses et citant lui-même "Virgile" ...bien que ce Pseudo-Virgile soit de nos jours identifié comme étant Ausone. Vous me suivez ?
Le texte de Quickelberg est :
Apollinis fistula carminus flumina emittunt : ob id Pegasus attonitus obstupescit. Notum enim Apollinem carminus et musices inventore fuisse, et musis in Helicone praefuisse, et ad canendus excitasse. Ut apud Virg. :
mentis Apollineae vis has mouet undique Musas
Le texte d'Ausonius dans son Idylle XX signifie :
"L'âme et la verve d'Apollon inspirent toutes ces Muses :[assis au milieu d'elles, il réunit en lui-seul tous leurs mérites]"
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d) registre inférieur.
C'est celui de la voix B ou Bassus, bien lourde puisque la partition, comme l'île de Sicile du texte d'Ovide, écrase de tout son poids le géant Typhée.
En marge, un double entrelacs en nœud de carrick.
Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix DQB, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.
2b. Deuxième enluminure de la Seconde Partie, les voix SAT.
Cette enluminure est consacrée au Chant des Muses et à celui des Piérides.
a) registre supérieur.
Le cadre du bref texte de la voix de Soprano (même texte que pour le Discantus) est entouré d'un mélange hétéroclite rassemblant un aigle-dragon, une vache ou un taureau, et une chèvre. A gauche, on assiste à une scène de combat .
Tout s'éclaire si on lit le texte d'Ovide. Minerve s'étant étonnée d'entendre des oiseaux qui chantaient avec une voix humaine, les Muses lui expliquent que les neuf filles du roi Pierus les ont défié dans un concours de chant, réclamant les sources d'Hippocrène et d'Aganippe en cas de victoire.
huc quoque terrigenam uenisse Typhoea narrat
et se mentitis superos celasse figuris;
"duxque gregis" dixit "fit Iuppiter: unde recuruis
nunc quoque formatus Libys est cum cornibus Ammon;
Delius in coruo, proles Semeleia capro, Ovide, Metam. V, 320-330
"Alors, se levant la première sans avoir été désignée par le sort, celle des Piérides qui proposa le défi chante la guerre des dieux, exalte injustement la gloire des géants, et rabaisse celle des immortels ; elle raconte comment Typhée, sorti des entrailles de la terre, fit trembler les habitants du céleste séjour, les mit tous en fuite, et les força de chercher un asile jusque dans les plaines de l'Egypte et sur les bords du Nil aux sept embouchures ; elle ajoute que, toujours poursuivis par ce monstrueux enfant de la Terre, les dieux revêtirent, pour se cacher, des formes mensongères. «Jupiter, dit-elle, était le chef de ce troupeau, et c'est depuis ce temps que la Lybie, lui donnant des cornes recourbées, l'adore sous le nom d'Ammon ; le dieu de Délos se changea en corbeau, le fils de Sémélé en bouc, la soeur de Phébus en chatte ; la fille de Saturne devint une blanche génisse, Vénus se cacha sous l'écaille d'un poisson, et Mercure sous les ailes d'un ibis».
Ainsi chanta la fille de Piérus en s'accompagnant de la lyre."
C'est donc le combat du géant Typhée et de ses compères contre les dieux , puis les métamorphoses de Jupiter en taureau, de Vénus en poisson, d'Apollon en corbeau (ici aux allures d'aigle), de Bacchus en bouc, qui sont ici représentés.
En dessous, un arbre anthropomorphe peut correspondre à la métamorphose de Daphné transformé en laurier.
Nous retrouvons ensuite les Muses, réunient en chœur autour d'un pupitre dont le lutrin n'est autre que la lettre A de la voix d'Alto, décrivant à Minerve (qui me semble absente) comment les Piérides ont été transformées en pies : et le peintre les montre dans les différents aspects de leur métamorphose, les unes nues, les bras devenus des ailes ; les autres en robe longue, mais à tête d'oiseau ; ou inversement à tête humaine et à corps de pie ; ou entièrement pies tentant maladroitement de voler entre deux portées ; ou enfin à droite, en corps nu et féminin affublé d'une tête d'oiseau.
Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.
c) registre moyen.
Les Muses racontent aussi comment le barbare Pyrène les a attiré dans son palais et comment il a tenté de les abuser ; comment, poursuivies au somet d'une tour, elles s'envolèrent, et comment le forcené, entrainé par sa fureur, se jeta dans le vide et tomba tête la première sur le sol ou il se tua.
Tandis que Minerve "s'assied à l'ombre, sous le feuillage qu'agite un léger souffle", elles expliquent comment ce fut Calliope qui releva le défi lancé par les Piérides,au son des cordes de sa lyre plaintive, en rendant hommage à Céres : Cérès a, la première, ouvert le sein de la terre avec le fer recourbé de la charrue ; l'homme lui doit ses premiers fruits, des aliments plus doux, et ses premières lois ; toute chose est un bienfait de Cérès " : c'est la scène représentée dans la marge gauche et l'encart entre les deux partitions.
— Calliope transporte le lecteur en Sicile : l'île écrase sous sa masse le Géant Typhée, dont les soubresauts inquiètent et attirent sur terre le roi des enfers. (5, 332-361) : c'est la scène représentée en bas de l'enluminure précédente.
— Pluton, dieu forgeron des enfers (marge de droite) enlève Proserpine, fille de Céres, malgré Cyané, métamorphosée en source (5, 362-437).
— Pluton, le souverain des enfers, s'attardant en Sicile, éveille l'attention de Vénus, car ce dieu est resté célibataire. Dès lors, elle charge Cupidon de rendre Pluton amoureux de Proserpine, deux êtres qui jusque là avaient échappé à la domination de la déesse de l'amour. Cupidon aussitôt perce d'une de ses flèches le coeur de Pluton. (5, 362-384). C'est le sens de la présence de Vénus et de Cupidon dans la marge du registre moyen de l'enluminure précédente. Dès lors, sa vis-à-vis devait être Proserpine.
d) registre inférieur.
— Près de la ville de Henna, Pluton enleva la candide Proserpine, qui cueillait des fleurs dans un cadre idyllique. Malgré les appels désespérés de l'enfant à sa mère Cérès, le dieu l'emporta à travers la Sicile jusqu'à Syracuse. (5, 385-408). La nymphe Cyané, qui a reconnu Proserpine, veut barrer la route au ravisseur, lui reprochant non sa passion, mais sa manière d'agir ; furieux, le dieu fend la terre avec son sceptre, et, se frayant un passage vers le Tartare, s'y engouffre avec son char. Cyané, inconsolable, ne tarit pas ses larmes, et progressivement est métamorphosée en fontaine. (5, 409-437).
Hans Mielich a représenté à droite le tableau champêtre de la cueillette des fleurs par la fille de Céres, puis, à gauche, la scène où on voit Pluton saisir à bras-le-corps Proserpine et l'installe sur son char, tandis que Cyané, le corps à demi métamorphosé, tend vainement les bras.
"Non loin des remparts d'Enna est un lac profond qu'on appelle Pergus ; jamais le Caystre, dans son cours, n'entendit chanter plus de cygnes sur son rivage : des arbres touffus couronnent ses eaux et les enveloppent au loin d'un rideau de verdure, qui ferme tout accès aux traits de Phébus, et répand une agréable fraîcheur ; la terre que baigne cette onde est émaillée de fleurs aussi brillantes que la pourpre de Tyr. Là règne un éternel printemps : c'est dans ce bocage que Proserpine cueille, en se jouant, la violette et le lis éclatant de blancheur ; avec toute la vivacité de son âge, elle en remplit sa corbeille et son sein ; elle se hâte, à l'envi de ses compagnes, de moissonner les plus belles fleurs. Un seul instant suffit au roi des Enfers pour la voir, l'aimer et l'enlever, tant l'Amour a de hâte ! La déesse tremblante appelle d'une voix plaintive sa mère et ses compagnes, mais plus souvent sa mère. Elle déchire les long plis de sa robe, d'où tombent les fleurs qu'elle a cueillies ; tant la simplicité accompagne sa jeunesse ! Dans son malheur même la jeune fille s'afflige de la perte de ses fleurs. Le ravisseur pousse son char, excite chacun des coursiers par son nom, et secoue les sombres rênes sur leur cou et sur leur crinière. Il franchit dans sa course les lacs profonds, les étangs de Palice, dont les eaux exhalent l'odeur du soufre, et bouillonnent au sein de la terre entr'ouverte ; il traverse les campagnes où les Bacchiades, originaires de Corinthe, que baigne une double mer, fondèrent une ville entre deux portes d'inégale grandeur."
A droite, Quickelberg interprête la présence d'une femme et d'un enfant comme la description de la colère de Céres transformant un garçon éffronté en lézard :
Tandis que Cérès boit à longs traits, un enfant au cœur dur la regarde avec audace, s'arrête devant elle, et rit de son avidité. Cérès ne peut souffrir cette insulte et jette sur l'enfant, qui parle encore, le reste de son breuvage. Au même instant, son visage se couvre de taches légères. Ses bras amincis descendent vers la terre. Une queue termine son corps, qui se rétrécit, pour qu'il ne puisse nuire. Il est changé en lézard. La vieille en pleurs s'étonne de ce prodige; elle veut le toucher; mais il rampe, il fuit, il se cache dans des trous obscurs; et les taches sur sa peau, semées comme autant d'étoiles, lui ont fait donner le nom de Stellion. (Ovide, Métam. V:450-460)
Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.
IV. LE COPISTE JOHANNES POLLET.
a) Selon Samuel Quichelberg,
http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=7&seite=9,
Notarum exarator : Notarum et textus exarator nigrossatorue fuit Johannes Pollet, poeta ex Flandria ortus, inter musicos Illustrissimi principis sustentatus
"Copie de musique : la graphie des notes de musique et des textes [à l'encre noire ??] fut faite par Jean Pollet, poète né en Flandres, soutien des musiciens de l'Illustre Prince."
Noter l'emploi d'exarator (verbe exaro, [ex-aro] "labourer profondément, creuser un sillon", et, chez Cicéron, "graver sur la cire", d'où "écrire"). le terme exarator est d'emploi rare, depuis le XIe siècle, pour désigner le rédacteur d'actes, à coté de scriptor et de notarius. Il sera repris par Linné pour un hyménoptère parasite ou ichneumon, Spathius exarator Linnaeus, 1758. Les femelles de ces Braconidae sont dotées d'une longue tarière ou ovopositeur qui a peut-être suscitée la comparaison de l'insecte avec un secrétaire de chancellerie portant sa plume. La poésie éclate avec d'autant plus de vivacité lorsqu'elle surgit à l'improviste de la collision entre la Nature, et l'imagination d'un naturaliste, à son insu.
Il signe ses copies ( sous 18 distiques latins de dédicace du Livre de motets ou Sacrae Cantiones de Roland de Lassus publiés à Nuremberg en 1562, puis à Venise par Gardano 1565, et du Premier livre de Motet de Lassus publié chez Gardano à Venise en 1569) du nom de Johannes Pollet insulensis. En 1571, il est à Anvers, et signe Jean Pollet, Lillois comme l'indique sa copie des Chansons de Jean de Castro : "Chansons à quatre parties, composées et mises en musique par M. Jean de Castro ; escriptes en Anvers, par Jean Pollet, lillois, demourant audict Anvers, anno 1571 » (Gallica : http://gallicalabs.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9063641w/f4.item )
Selon Bossuyt, sa femme Sara était née à Delft, et, à sa mort prématurée, Castro a composé une élégie à trois voix, "Uxor Joannis Pollet Sara", qui fut publiée en 1574. Ignace Bossuyt a suggéré en 1997 que le motet de Lasso Praesidium Sara puisse être un épithalame pour le mariage des époux Pollet.
I. Bossuyt distingue ce Johannes Pollet insulensis de ses homonymes, le prètre Jean Pollet de Bruges, qui était zangmeester de l'église Saint-Jacques en juin 1555. Deux ans plus tard, il fut muté à l'église San-Salvador ou Saint-Sauveur, où il devint chapelain en 1558 et chanteur (hoogcanter) en 1559. Entre janvier et avril 1559, il signe comme magister cantus. Le 17 avril, il est accusé de négliger ses responsabilités envers les garçons de chœur et d'être souvent absent des offices.
Ignace Bossuyt signale aussi le juriste François Pollet (Douai, c.1519/20-1548 et Raphael Pollet (Courtrai 1509?-c.1563) et Jan Pollet (Courtrai c;1500 ?-Lille 1556), frère de Raphael, chanoine de la collégiale Saint-Pierre de Lille et conseiller de Philippe II.
Dans une lettre du 23 août 1563 adressée au cardinal Granvelle, Hans Jakob Fugger, alors au service du duc, demande que des sanctions soeint prises envers " certo Jhan Pollet" qui a enfreint l'interdiction de copier la musique de Roland de Lassus, propriété privée du duc. [ Cela repose pour moi la question des homonymies : si Pollet était laïc, et marié, pourquoi les sanctions passeraient-elles par un cardinal ?] Antoine Perrenot de Granvelle était archevêque d'Arras jusqu'en 1561 et archevêque de Malines de 1561 à 1584, date où il fut nommé archevêque de Besançon. L'archevêché de Malines venait d' être créé en 1561 au dépens des diocèses de Cambrai et de Liège.
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V. ULRICH SCHNIEP.
Dans sa présentation des auteurs du manuscrit Mus. Ms. B, Samuel Quichelberg mentionne, après le musicien, le peintre et le copiste, un dernier intervenant :
Libri compacturem exornator. Librum auratis claustris (si quis hoc forte etiam quaerat) es munimentis suis artificiosis ornavit Ulricus Schniep, eiusdem principis solariorum es oricalci faber peritissimus, Monaci eo tempore civis.
Tentative de traduction :" Reliure et ornementattion extérieure du livre. Les fermoirs en or du livre sont dues à l'artiste Ulrich Schniep, le réputé fabriquant de cadran solaire en métal doré, alors bourgeois de Munich."
Le fabriquant d'instruments astronomiques Ulrich Schniep est né dans le Wiesensteig (près d' Ulm) et fut actif à partir de 1545. Son savoir-faire a été remarqué par de riches clients comme le duc Albrecht et l'empereur Maximilien . Dès 1551, l'empereur Charles V lui a accordé le privilège d'un blason comportant un cadran solaire polyédrique Schniep et le slogan "Asteranimos und Kundtpassmacher"'. En 1554, Ulrich Schniep est venu à Munich où il a formé des apprentis comme son fils Alexis Schniep et Markus Purmann. Plus de cinquante instruments (principalement des cadrans solaires et des instruments de visée, mais aussi des horloges et pendules) sont connus, le premier datant de 1553 et le dernière de 1588. Pour le duc Albert V, il a fait plusieurs cadrans solaires, ainsi que des instruments de musique et des accessoires. Ses œuvres ont eu largement accès au Kunstkammer du du, et dans l'inventaire de 1598 on cite un compas, une planispère, („Ain Meßing verguldt Instrument auf einer runden fläche, zu aller meßerey, auf dem Boden ein Compas, darunder ein Planispherium, oben auf mit einem Windtleuffl in form eines delphins, von Ulrich Schnieppen in München gemacht“) :http://www.kunstkammer.com/de_seiten/frameobjekt.php?idnr=102
Ulrich Schniep est mort dans le début de l'été 1588.
Effectivement, la reliure actuelle est décrite comme la reliure d'origine, seulement restaurée en 1963 : elle est de cuir doré estampillé rouge sur des planches de bois, renforcée de coins, décorée d' agrafes, de 5 armoiries de' Albert V, duc de Bavière, et de ses initiales «AH» [= Albrecht Herzog] en laiton doré. Cette reliure a été faite par Kaspar Ritter, mais les ornements métalliques sont d' Ulrich Schniep. (Source : http://www.diamm.ac.uk/jsp/Descriptions?op=SOURCE&sourceKey=2225)
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Le détail de la serrure montre (l'image a été renversée pour mieux la décrypter) une femme nue à demi-assise — sans doute une figure de déesse (Vénus ; Diane observée par Actéon ?) sous l'arceau du voile qui forme dais—, un masque sous un dais identique, peut-être deux autres visages en haut et en bas, et en pilastre, deux pommes de pin dont l'une manquante.
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Le coin inférieur de la reliure est renforcé par une plaque métallique ornée d'un réseau d'entrelacs centré par une étoile de David, rappel peut-être du titre d'Asteranimos qui figure dans la devise de Schniep.
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ANNEXE I .
Le poème d'éloge funèbre composé par Nicolo Stopio pour Adrian Wyllaert (1555).
Ad Musas Vos, Heliconiades, dulcissima turba, sorores, unanimes melicum condecorate chorum. Respondent Musae Calliope, Polyhymnia, Terpsichore, Urania « adsum », Melpomene, Euterpe, Clio, Thalia, Erato. Ad Musas, ut unaquaeque suofungatur officio Gesta canens Clio, quid erat die Musica quondam ; maestà licet tua sint, die quoque, Melpomene ; lascivis parcas numeris, facunda Thalia ; hue ades, Euterpe, flatibus ede sonos ; Terpsichore, adde modos, Geticus quos repperit Orpheus ; quidque, Erato, sit amor gestibus ede sacris ; Calliope, tua maiestas heroa nee absit ; harmoniam caeli proferet Urania ; da manibus placidos et voce, Polymnia, gestus ; Tu fer ovans Paean, Thrax citharoede, novum ; Ut Charitesque hilari suaves dent pectore voces convoca eas Ciaria, Phoebe canore, lyra. Phoebus Vos, Heliconiades, gratíssima turba, sorores, hue properate prius quam venit atra dies. Heu nimis atra dies erit et lacrimabile fatum, odeon linquet cum pater ipse chori.
Perpetuis vivus celebretur laudibus a quo omne decus vobis, gloria perpes adest. Spiritus et cum se carnis mole exuet ista, ducite ad Elysios muñera grata choros. Musica iam longos varie lacerata per annos dulcis adest veris enucleata modis ; praeceptis veteres hanc involvunt tenebrosis verbaque pro factis sola relieta iacent. Iuppiter at nostri sortisque misertus acerbae caelitus emisit dona petita suis. Randria ter felix hoc almo muñere digna sola reperta fuit quae patefecit iter. Divini sitiens puro de fonte Adriani mellifluo ardentem nectare pelle sitim. Musarum chorus concors Vivat perpetuo felix cum dis ADRIANUS vivat, ut est clarum nomen et usque suum.
ANNEXE II.
Mirabar solito, un cadeau de Nouvel-An pour Albert V ?
Cipriano de Rore a adressé le 9 janvier 1559 une lettre en latin au duc Albert, lui présentant ses vœux tout en lui offrant une pièce musicale de sa composition, qu'il décrit mais ne nomme pas. La lettre, en latin, a été traduite en anglais par Leofranc Holford-Strevens pour J.A. Owens dans l'article qu'elle consacre à l'hypothèse que le cadeau en question correspond à Mirabar solito.
"Most illustrious prince, and most merciful lord. When in the last few days I returned home to Italy from Flanders, I found a letter from the excellent Hans Jakob Fugger, from which I understood that the Mass I had promised at my departure had been delivered to Your Highness, and not only had it been delivered, but had pleased you and been received with that readiness o a gracious spirit that I had hoped for. Truly that caused me great pleasure, both because I very much desire, in the free profession of this art, in which up to now I have been engaged with no want of effort and hard work, to show Your Highness how much I value your many outstanding manifestations of singular kindness towards me, and also because I ascertained from most certain evidence when I was still in Germany that, amongst the other mathematical disciplines, Your Highness both by nature and by choice embraced music with marvelous zeal, as being superior to the rest, and bestowed peculiar favor on its adepts. And this caused me, as soon as I had returned, to decide that I must work hardto preserve and confirm this favorable inclination of Your Highness towards the renewers of musical art by some new service. As I think, I have been successful enough in the task I undertook. For, having summoned the Muses to my aid, I have reduced this psalm to these melodies that you see, and have composed it not unpleasingly, fully complete, on the contrapuntal principle [or ‚in accordance with the laws of music’]. I send it to Your Highness, begging you over and over again to deign to think well of it, and receive it as a happy omen of this new year. For indeed I have judged it worthy for many reasons of being offered both to your ears and to your eyes. [fol. 31 v] For amongst the other works I have written at various times, I venture to declare to Your Highness that for a long time nothing has come forth from the workshop of my mind that pleases and satisfies me more. It is thus readily apparent that the ruler of the art, Apollo,was there to help me as I pondered then ; assistance from that god, as you yourself know, does not generally happen to any man or at any time. Whether I am deceived in that matter, and perhaps think too well of myself, or it is as absolutely true as I think, Your Highness, when you have heard the work, will be able to judge with good will. For I value your keen and precise judgement above all in this form of intellectual endeavor..Mean while I humbly commend myself to Your Highness, praying with all my heart to Christ Best and Greatest that he may allow you to live unscathed to as great an age as Nestor, and rule over your peoples in peace. Farewell. At Ferrara, on the Nones of January in the year of our salvation One thousand Five hundred and fifty-nine."
Your Illustrious Highness’ Most devoted Cipriano de Rore
Traduction médiocre tentée par mes soins :
"Très Illustre Prince, et seigneur très miséricordieux. Lorsque, dans les derniers jours, je rentrai chez moi des Flandres en Italie , j'ai trouvé une lettre de l'excellent Hans Jakob Fugger, à partir de laquelle j'ai compris que la messe que j'avais promise à mon départ avait été remise à Votre Altesse, et que non seulement elle avait été livrée, mais qu'elle vous avait plu et avait été reçue avec autant d'empressssement et de grâce que je l'avais espéré. Nouvelles qui m'ont causées beaucoup de plaisir, à la fois parce que je désire beaucoup m'engager, dans la libre profession dans laquelle je suis jusqu'à maintenant sans épargner les efforts et le travail acharné, pour montrer à Votre Altesse combien j'apprécie les nombreuses manifestations de sa la bonté singulière envers moi, et aussi parce que, ayant constaté de preuves certaines alors je séjournais en Allemagne, parmi les autres disciplines mathématiques, Votre Altesse a embrassé à la fois par la nature et par choix la musique avec un zèle admirable, comme étant supérieure à tout le reste, et accordait ses faveurs particulières à ses adeptes. Et cela m'a convaincu, sitôt revenu, de me décider à travailler durement à préserver et à confirmer cette inclination favorable de Votre Altesse vers les rénovateurs de l'art musical par quelque nouvelle production. J'ai eu, si je ne me trompe pas, assez de succès dans la tâche que je me suis fixée. Car, avoir convoqué les Muses à mon aide, j' ai réduit ce psaume de ces mélodies que vous avez vu et j'ai composé ceci, qui n'est pas déplaisant, et est entièrement bâti sur le principe du contrepoint [ou, dans le respect des lois de la Musique]. Je l'envoie à Votre Altesse, vous priant, encore et encore de daigner le considérer avec bienveillance, et le recevoir comme un heureux présage de cette nouvelle année. Car en effet je l'ai jugé digne pour de nombreuses raisons d'être offerts à la fois à vos oreilles et à vos yeux. Parmi les autres œuvres que j' ai écrit pour vous à plusieurs reprises, je me permets de déclarer à Votre Altesse que rien n'est sorti de l' atelier de mon esprit depuis longtemps qui ne me plaît et me satisfait d'avantage. Il est donc évident que le maître des régles de l'art, Apollon, était là pour m' assister au moment où j'y réflechissais; une aide que ce dieu ne procure, comme vous le savez vous-même, ni à chaque homme ni en tout temps. Même si je me suis trompé dans cette affaire, et si j'ai peut-être pensé trop bien sur mon propre compte, je reste absolument convaincu que, Votre Altesse, lorsque vous aurez entendu le morceau, sera en mesure de la juger davec bienveillance. Car j' apprécie votre jugement vif et précis, surtout dans cette forme de démarche intellectuelle Je me recommande humblement à Votre Altesse, priant avec tout mon cœur le Christ Bon et Juste Qu'il veuille vous permettre d'atteindre indemne un âge aussi grand que celui de Nestor, et de régner sur vos peuples dans la paix. Adieu. A Ferrare, sur le neuvième jour de Janvier de l'année de notre salut et en mille cinq cent cinquante-neuf. Le plus dévoué à votre Illustre Altesse, Cipriano de Rore"
Quelle est l'œuvre qui accompagnait cette lettre ? Puisque le compositeur parle d'un psaume, Edward Lowinski a proposé en 1989 le Beati omnes qui tement Dominum, motet du Mus. Ms. B qui reprend le psaume 128. La phrase latine qu'il semble important de comprendre est celle-ci :
Convocatis enim in auxilium Musis, psalmum istum in hos quos vides modulos redegi, suisque numeris absolutum, ad harmonicae non iniucunde rationem composui.
J. A. Owens la traduisit d'abord dans sa thèse par "For, the Muses having been assembled for assistance, I rendered this psalm in these modulos which you see, and I composed it complete with its numeris according to a not-unpleasing system of harmonics.", et E. Lowinski par "Having called the Muses to my aid, I have rendered that psalm into the form of these motets that you see, and when it was thematically completed, I set it to a not unpleasant harmonic idiom“. Mais numeris peut aussi être compris comme décrivant soit un rythme musical, soit un mètre poètique
J.A. Owens écarte l'hypothèse de voir dans le "psaume" en question le Beati omnes, qui n'a rien d'extraordinaire, qui circulait déjà parmi les amateurs, dont le style ne relève pas de celui des œuvres "tardives" de de Rore, et dont l'enluminure ne fait nullement allusion au duc. Elle se penche donc sur les deux seules pièces composées seulement pour le duc Albert, l'Ode d'Horace Donec gratus eram, et l' éloge de Scopio Mirabar solito.
L'un des arguments les plus convaincants est d'ordre codicoligique : l'étude de la foliation, d'une modification d'un motet qui est incomplet, et de l'insertion de pages blanches révèle que le recueil a été modifié peut avant la fin de sa réalisation, alors que les enluminures avaient déjà débutées, pour insérer ces deux dernières pièces. De même, le style graphologique du copiste diffère : une première manière est caractéristique de tous les motets du Mus. Ms. B sauf Donec gratus eram et Mirabar solito ; une seconde manière est propre d'une part à ces deux derniers motets; d'autre mart aux deux manuscrits de Roland de Lassus, Mus. Ms. A et Vienna 18.444.
SOURCES ET BOITE A LIENS.
— BERGQUIST (Peter) 2006, Orlando Di Lasso Studies page 165 Google
— BOSSUYT (Ignace) 1994, "The copist Jan Pollet and the theft in 1563 of orlandus Lassus « secret » Penitential Psalms " From Ciconia to Sweelinck: Donum Natalicium Willem Elders, ed. Albert Clement, Eric Jas (Amsterdam and Atlanta ; Rodopi) pages 261-7
https://books.google.fr/books?id=OW0ktdIxMoIC&pg=PA261&lpg=PA261&dq=Ignace+Bossuyt,+Copyist+Jan+Pollet&source=bl&ots=xyuNNQsM9B&sig=zX7FWHMqClbGVgRO2QRx7um0zmY&hl=fr&sa=X&ei=HsZMVf7TNYPjUZG0gcgI&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=Ignace%20Bossuyt%2C%20Copyist%20Jan%20Pollet&f=false
— GUTKNECHT (Dieter), 2009, Musik als Sammlungsgegenstand Die Kunstkammer Albrechts V (1528-1579) in München Wiener Musikgeschichte: Annäherungen - Analysen - Ausblicke ; Festschrift ... publié par Julia Bungardt,Maria Helfgott,Eike Rathgeber,Nikolaus Urbanek, pages 43-66.
https://books.google.fr/books?id=sh3X7YoDq2wC&pg=PA54&lpg=PA54&dq=%22johannes+milichius%22+mielich&source=bl&ots=vfaECHachT&sig=fN9eHzcVeZzB1AckNDKXukn9sU8&hl=fr&sa=X&ei=pzBPVauZL8bbU9bdgagE&ved=0CCEQ6AEwAA#v=onepage&q=%22johannes%20milichius%22%20mielich&f=false
— JANSEN (Dirk Jacob), 1987, "Jacopo Strada et le commerce d'art" Revue de l'Art Volume 77 pp. 11-21, traduit par Jérôme Coignard
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1987_num_77_1_347647
"La recherche des objets merveilleux. était pour un erudii contemporain du grand antiquarius amateur et négociant du XVIe siècle la raison être de la collection la mémoire Ulrich Middeldorf. Au cours de année 1567 Titien commen peindre le portrait de l'antiquaire Jacobo Strada Celui-ci appartenait la maison de empereur Maximilien II mais il était alors employé à acquérir une célèbre collection de sculptures antiques appartenant au pratricien vénitien Andréa Loredan pour le compte du beau-frère de empereur le duc Albrecht de Bavière . C'est principalement ce portrait avec quelques documents qui s'y rapportent publiés par Crowe et Cavalcasene qui ont amené à faire de Jacopo Strada le prototype du marchand art professionnel aussi représentatif du commerce de son temps qu'un Duveen ou un Wildenstein dans la première moitié de ce siècle. C' est le même portrait et la même idée reçue qui inspiré Sir John Pope- Hennessy un jugement extrêmement négatif sur le caractère de Strada. Ce tableau montre Strada obséquieusement penché au-dessus une table tenant une statuette de marbre et il présente avec déférence quelque mécène sur la droite ... les traits contrastent avec la splendeur du vêtement ils sont mesquins et marqués par la fourberie et par un empressement un genre particulièrement déplaisant. Ce jugement sévère explicitement attribué artiste lui-même semble se limiter au caractère de Strada mais en fait reflète plutôt le dédain de intellectuel pour qui tire profit des œuvres d' art dont la profonde valeur spirituelle ne peut et ne doit s'exprimer en termes d'argent .Toutefois on se gardera de fonder sa conception de la fonction et de importance du commerce de art au xvic siècle sur les pratiques courantes de nos jours. Une reconsidération du cas Strada pourra apporter une meilleure compréhension de ces phénomènes, reconsidération qui hélas restera incomplète puisque ses activités comme marchand art où plutôtd' agent confidentiel nous sont presque uniquement connues travers les commissions il reçut du duc Albrecht vers la fin des années 1560 c'est-à-dire sur une période ne couvrant guère que quatre ou cinq années de sa vie.
Bien on puisse formuler de séduisantes hypothèses sur importance de Strada dans la vie artistique la Cour Impériale et plus généralement au sein des Erblände des Habsbourg de telles hypothèses ne sont que des déductions tirées du rôle qu' il joua à Munich.
I. Stoppio rival manqué de Strada.
L'empereur avait prêté pour la première fois son antiquaire au duc de Bavière en 1566 lorsque Strada fut envoyé Rome l'année suivante il allait faire plusieurs voyages à Venise. Sa principale mission était de procéder à l' acquisition de vastes quantités d'antiquités principalement des sculptures. Fortement influencé par exemple et les idées de Hans Jacob Fugger, son Hofkammerpräsident et le premier mécène important de Strada, et par des membres de l'entourage de Fugger, Albrecht réunissait à Munich un ensemble de collections qui présentait déjà un caractère institutionnel plutôt que privé Cet ensemble consistait en un Kunstkammer encyclopédique, une grande bibliothèque et une collection d'antiquités dont l' ampleur et la qualité étaient sans égal au nord des Alpes. L'installation du Kunstkammer venait de achever tandis que la bibliothèque et Antiquarium devaient être abrités dans un second bâtiment spécialement conçu à cet effet et dont la conception revient probablement Strada.
La source la plus importante sur ces collections consiste en plusieurs dossiers conservés au Bayerischen Hauptstaatsarchiv de Munich. Ces Libri Antiquitatum qui contiennent des correspondances des comptes et des documents variés sont connus et consultés au moins depuis la fin du xvine siècle et quelques longs extraits en ont été publiés parfois sans grande précision Les documents se rapportant directement aux commissions reçues par Strada se trouvent dans les trois premiers volumes de ses lettres au duc et à Fugger des brouillons de leurs réponses quelques comptes des listes objets disponibles etc.
L.A = Libri Antiquitatum Munich Haupststaatsarchiv Kurbayern usseres Archiv 4851-4856
Le deuxième volume des Libri Antiquatum contient des lettres écrites de Venise par un autre agent employé par Fugger pour le compte du duc, le poète et érudit Niccolo Stoppio, un Flamand italianisé. Les rapports réguliers de Stoppio fournissent un écho très vivant quoique partial des occupations de Strada durant ses séjours à Venise. Stoppio natif d'Aelst dans la Flandre mais résidant depuis longtemps à Venise envoyait Fugger des nouvelles sous forme de bulletins hebdomadaires dans esprit des Fuggerzeitungen et faisait suivre la correspondance de Fugger à Bologne, Florence, et Rome. En outre il lui fournissait des livres et des manuscrits en particulier des manuscrits de Grèce relativement faciles trouver à Venise ainsi que divers produits de luxe tels que des gants des savons et même des médecines composées après ses propres recettes. Sa véritable spécialité semble avoir été la musique. Non seulement il envoyait des instruments mais encore il engageait des musiciens et des facteurs instruments pour la Cour de Bavière. Bien que manifestement il ne fût pas riche ni même aisé ni par ticulièrement illustre il semble avoir été un homme de lettres respecté et avoir connu la plupart des princi paux artistes et literati vénitiens Cependant Stoppio devait profondément ressentir le contraste entre sa position et celle de Strada lequel était une vieille connaissance. Strada n'était pas un erudii comme Stoppio si même il avait pu fréquenter peut-être une université dans sa jeunesse.
Bien que sa formation principale était celle un orfèvre Strada était un aristocrate fort riche avec une position favorable et officielle reconnue la première cour séculière de la chrétienté et il était considéré du moins par certains comme le Titien Portrait de Jacopo Strada Vienne Kunsthistorisches Museum premier antiquaire Europe. On ne saurait s'étonner que Strada à cause de son caractère impérieux et de son attitude parfois arrogante ne gagna pas la sympathie de Stoppio qui en outre avait nourri quelque illusion d'obtenir pour lui-même la commission très lucrative dont Strada fut chargée. Mais l'antipathie de Stoppio se mua bientôt en une jalousie haineuse eu égard de la réussite de Strada dans ses rapports presque hebdomadaires avec Fugger. Stoppio ne taisait rien qui pût selon lui discréditer Strada aux yeux de son protecteur et ainsi indirectement à ceux du duc Albrecht Il l'accusa de payer des prix exorbitants pour les antiquités qu'il acquérait pour le compte du duc, de se conduire sans tact avec les nobles vénitiens auprès de qui il faisait ses achats et de manquer de jugement professionnel et érudition Il alla reprocher Strada une prétendue faute orthographe. Insistant enfin sur le peu estime que selon lui les Vénitiens avaient pour Strada il opposait sa réputation auprès des Allemands qui plus confiants et honorables reale di natura que les Italiens étaient par là même plus facilement bernés est ces appréciations négatives de Strada connues seulement travers les extraits de correspondance de Stoppio que font écho des condamnations comme celles de Pope-Hennessy .Cette confiance est déplacée comme le démontre le ton vindicatif de cette correspondance dans son ensemble et surtout le fait que Fugger un des mécènes les plus intelligents et les plus judicieux du siècle ait ignoré presque complètement les institutions de Stoppio. Dans une lettre du 30 mars 1569 ( L.A 4852 ff 228 et suiv.) Fugger qui séjournait alors dans la maison de Strada à Vienne réfute les accusations de Stoppio puis cesse écrire à Stoppio jusqu'à la mort soudaine de celui-ci quelques mois plus tard.
— Sur Stoppio voir Von Busch Renate Von Busch Studien zur deutschen Antiken- Sammlungen des 16 Jahrunderts thèse Tübingen 1973 Vienne Kunsthistorisches Museum page 116 n°48.
— La Biblioteca Ambrosiana de Milan conserve quelques poèmes de Stoppio (voir Paul Oskar Kristeller Iter Italicum I, Londres et Leyde 1965, pp 287 302 et 307).
— HOPE, (Charles) 1997, " Hans Mielich at Titian's studio", Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 1997, 60. Dans la littérature concernant Hans Mielich, la notion que le peintre s'est rendu à Rome en 1541 est en grande partie considérée comme un fait établi. C. Hope cite la transcription d'une partie d'une lettre du marchand d'art Nicolò Stoppio à Hans Jacob Fugger (14 décembre 1567) qui établit que Mielich visité l'atelier du Titien à Venise entre 1552 et 1554. Cela semble également la date la plus probable pour la visite de Mielich à Rome. Dans sa lettre, Stopio signale qu'il avait vu le tableau Vénus et Adonis maintenant au Prado, et qu'il avait fait deux suggestions pour l'amélioration de la peinture, que Titien avait suivi. Vénus et Adonis est daté c.1553.
— MEIER (Berhard), 1975, Cipriani Rore Opera Omnia , vol. 6: Motets , American Institute of Musicology (=CMM 14/6).
— MIELICH (Hans) 1559, Mus. Ms. B, Bayerische Staatbibliothek : motets de Cipriano de Rore Oeuvre en ligne (en noir et blanc) ici : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00037180/images/index.html?id=00037180&fip=ewqeayaewqfsdrxdsydxdsydenw&no=32&seite=1
— OWENS (Jessie Ann), 1978, The signifiance of Mus. Ms. B as a source for the motets of Cipriano de Rore :
https://www.academia.edu/8021841/THE_SIGNIFICANCE_OF_Mus._Ms._B_AS_A_SOURCE_FOR_THE_MOTETS_OF_CIPRIANO_DE_RORE
— OWENS (Jessie Ann), 2004, Cipriano de Rore's New Year's Gift for Albrecht V of Bavaria:a new interpretation : d'après sa thése de 1979 in : Die Münchner Hofkapelle des 16. Jahrhunderts im europäischen Kontext. Bericht über das internationale Symposium der Musikhistorischen Kommission der Bayerischen Akademie der Wissenschaften in Verbindung mit der Gesellschaft für Bayerische Musikg ..., 2004, 30 p. (2004, August 2-4)
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— OWENS, (Jessie Ann) 1979 : An Illuminated Manuscript of Motets of Cipriano De Rore (München, Baierische Statsbibliothek, Mus. Ms. B) - Phil. D. diss. Princeton University Press, 1979 (non consulté)
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— SCHILTZ (Katelijne et N. Meeùs), 2003, "Giunto Adrian fra l'anime beate : Une quintuple déploration sur la mort d'Adrien Willaert" Musurgia, Vol. 10, No. 1 (2003), pp. 7-33.
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— SCHILTZ (Katelijne) 2005, "Harmonicos magis ac suaves nemo edidit unquam cantus": Cipriano de Rores Motette Concordes adhibete animos Archiv für Musikwissenschaft, 62. Jahrg., H. 2. (2005), pp. 111-136
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— SCHILTZ (Katelijne), 2014, "Cipriano de Rore's a voci pari Motets: Sources, Context, Style", in Cipriano de Rore at the Crossroads, Munich, 20-21 mars 2014 (non consulté).
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— SCHILTZ (Katelijne), 2005 "Harmonicos magis ac suaves nemo edidit unquam cantus“: Cipriano de Rores Concordes adhibete animos, Archiv für Musikwissenschaft 62 (2005), 111–136
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— STOPIO (Nicolo) 1556 "Nicolai Stopii In funere reverendiss. Cardinalis Bembi Epicedion" in : Petri Bembi patritii Veneti, scriptoris omnium politissimi disertissimique, quaecunque usquam prodierunt, opera : in unum corpus collecta, & ad postremam autoris recognitionem diligentissime elaborata, quorum catalogum versa pagina monstrabit : Cum rerum & vocum memorabilium Indice, in operis calcem reiecto, Basileae : [Michael Isengrin] 1556
http://www.e-rara.ch/bau_1/content/pageview/62975
— STOPIO (Nicolo) ou STOOP, (Nicolaas de),1555, : Panegyricvm Nicolai Stopii Alostensis Flandri Carmen De laudibus diuae Ioannae Aragonae ad Illustriss. & excellentiss. eius filium Marcum Antonium Columnam Marsiae Ducem inuictiss. Florence.
http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00002170&pimage=00001&suchbegriff=&l=en
— TROIANO ( Massimo Troiano) Dialoghi, ne'quali si narrano le cose piu notabili fatte nelle nozze dello page 42-47, 121, 139, 147. https://books.google.fr/books?id=JtNcAAAAcAAJ&pg=RA1-PT18&dq=stopio+nicolo&hl=fr&sa=X&ei=67VAVbD_Fcfiaor6gLgB&ved=0CE4Q6AEwBw#v=onepage&q=stopio%20nicolo&f=false
— TROIANO ( Massimo) 1568 Discorsi delli triomfi, giostre, apparati, e delle cose piu notabile fatte nelle sontuose nozze dell' illustrissimo & eccelentissimo Signor Duca Guglielmo. primo genito del generosissimo Alberto quinto, Conte Palatino del Reno, e Duca della Bauiera, alta e bassa, nell' anno 1568 a 22. di Febraro. Compartiti in tre libri, con una dialogo, della antichita del felice ceppo de Bauiera. Alla serenissima Regina Christierna Danismarchi ...Montano page 67-68 et 165
https://books.google.fr/books?id=TzRgAAAAcAAJ&dq=de+rore+stopio&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— DIAMM, Digital Image Archive of Medieval Music : http://www.diamm.ac.uk/jsp/Descriptions?op=SOURCE&sourceKey=2225
— VIGNAU-WILBERG (Théa), 2006 In Europa zu Hause – Niederländer in München um 1600, Hirmer.pp. 102-103.
— Editions de Cipriano de Rore à la Bibliothèque Nationanle Bavaroise :
http://www.digitale-sammlungen.de/index.html?c=autoren_index&l=de&ab=Rore%2C+Cipriano+de
A propos de Johannes Pollet :
— Orlando di Lasso, Orlandi Lassi sacrae cantiones (vulgo motecta appellatae) quinque vocum .. https://books.google.fr/books?id=2i77ZJwDIQwC&pg=PT2&dq=%22ioannes+pollet%22&hl=fr&sa=X&ei=widCVZPJOYOAU42bgcgF&ved=0CCYQ6AEwATgK#v=onepage&q=%22ioannes%20pollet%22&f=false
Pour m'initier à la musique franco-flamande :
http://classic-intro.net/introductionalamusique/Renaissance12.html
— Profeti della Quinta, dolce risonanza, dir : Florian Wieninger
You tube : https://www.youtube.com/watch?v=uJO0NVH0D60
http://www.dolcerisonanza.at/cd-projekte/musica_reservata/index_fr.htm :
— The Seven Penitential Psalms and Laudate Dominum de caelis Par Orlando di Lasso
https://books.google.fr/books?id=NWPdOJWL0CMC&printsec=frontcover&dq=Lasso,+Orlando+di+-+Musica+Reservata&hl=fr&sa=X&ei=QndMVc68FYGAU7iygYAJ&ved=0CCgQ6AEwAQ#v=onepage&q=Lasso%2C%20Orlando%20di%20-%20Musica%20Reservata&f=false