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22 février 2016 1 22 /02 /février /2016 18:29

A la chasse au papillon dans les manuscrits de la Bnf, je découvre ...une Fourmi Allégorique dans le Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville (v.1330).

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Les papillons dans les manuscrits ? une place marginale.

La base de données iconographiques du département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France propose un classement thématique. Si ce dernier est consulté pour l'item "papillon" (Zoologie / autres invertébrés / papillons), il propose 767 légendes et 681 images numérisées. Les 200 premières données concernent le fond Français, les données suivantes le fond latin, dans lequel les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (Latin 9474) et les Petites Heures de Jean de Berry (Latin 18014) se taillent une part royale. La quasi-totalité de ces papillons des manuscrits occupent les marges, et sont classées sous les rubriques "encadrement", "décor marginal" et plus rarement "lettrines". Ce sont des papillons idéalisés ou stylisés, sans rapport avec des espèces réelles, figurés parmi des fleurs qui sont, elles le plus souvent identifiables. Ils ont été étudiés, dans les manuscrits des bibliothèques européennes, par Vazrick Nazari dans son article Chasing Butterflies in Medieval Europe en 2014, un article dont j'ai donné ici la traduction.

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Quelques exceptions : des papillons en plein texte.

Les exceptions à cette situation marginale se comptent sur les doigts des mains, mais elles stimulent la curiosité : quel phénomène a pu être assez puissant pour inciter les artistes à arracher les lépidoptères de leur monde des bordures, où ils côtoient les singes et les petits lapins, les fleurs des champs et  les rinceaux, pour mériter de figurer dans l'espace sacré du texte principal ?

La première raison est fort logique : dans trois ou quatre enluminures illustrant la Création du Monde lors de la Genèse, les papillons figurent avec les oiseaux, les reptiles et les mammifères autour du Dieu créateur.

 C'est le cas dans le Fr. 160 ou dans le Speculum historiale de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay au XVe siècle 

 

 

 

(Français 308).

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Bnf Français 160 folio 6, source image Mandragore. Domaine public.

Bnf Français 160 folio 6, source image Mandragore. Domaine public.

On trouve encore d'autres exemples ponctuels, comme le Français 185 (une Vie des saints du 2ème quart du XIVe siècle de Jeanne et Richard de Montbaston ), où un papillon stylisé sur un arbre répond à un chardonneret sur un autre arbre pour illustrer  "S. Paul le simple quittant le monde" dans le folio 177v et "Abba jean et paesius" dans le folio 271. Le papillon et l'oiseau y représentent la Nature, par métonymie.

 

 Français 185 folio 177v et "Abba jean et paesius" folio 271.
 Français 185 folio 177v et "Abba jean et paesius" folio 271.

Français 185 folio 177v et "Abba jean et paesius" folio 271.

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Mais un autre exemple plus singulier retenait mon attention, car il se présentait comme une énigme ou un rébus. Une femme couronnée présentait à un homme une double roue. Au sommet de celle-ci était peint un papillon aux ailes aussi crénelées qu'un Robert-le-Diable ou Polygonia-c-album. Il ne semblait pas réellement posé, mais il frôlait la roue, et peut-être lui donnait-il une impulsion. La base Mandragore indiquait que cette enluminure était le folio 61v du "Français 829" et donnait comme légende : Guillaume de Digulleville devant la roue symbolique.

Mais l'image proposée était de qualité médiocre : les premières heures de mon enquête furent occupées à trouver des informations sur le manuscrit et, surtout, à découvrir sa numérisation accessible en ligne sur Gallica avec un définition satisfaisante. Je me perdais ensuite dans l'abondance arborescente des exemplaires de ce texte dont je découvrais le titre — le Pèlerinage de vie humaine—, dans ses éditions modernes, dans les études de lexicographie, dans les commentaires et autres travaux, et enfin dans les recherches sur la toile des mots "roue" ou "papillon" associés au titre ou à son auteur. Ce papillon posé sur sa roue avait disparu du Net, et après de longues soirées passées à arpenter la campagne numérique, je ne récoltais rien dans mon filet (l'épisode de la Roue symbolique n'appartient pas à la première version, la mieux étudiée, du Pèlerinage de Vie Humaine). Le récit de cette chasse  au papillon, et de ce fructueux pèlerinage dans la littérature en Moyen français va exiger un article particulier (à suivre).

 

 

 

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 61v. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84497167/f130.item.zoom

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 61v. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84497167/f130.item.zoom

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Je découvris  que l'enluminure illustrait le dialogue d'un pèlerin  et d'une dame nommée Grâce dieu.  Le manuscrit Fr. 829 réunissait deux titres du même auteur, Guillaume de Digulleville, Le Pèlerinage de vie humaine et le  Pèlerinage de l'âme,  et la Notice de la Bnf  était suffisamment complète pour m'apprendre que le manuscrit datait de 1400-1410, qu'il était écrit en batarde, ou que l'enlumineur était désigné sous le nom de Maître du Livre d’heures de Johannette Ravenelle. Il faisait partie des enlumineurs parisiens à la fin du XIVe  et au début du XVe siècles, et avait travaillé sur trois autres exemplaires des  Pèlerinages  de Guillaume de Digulleville, conservés aujourd’hui à la BnF : les mss. Français 377, 1647 et 12468. L'enluminure était qualifiée de "dessin en grisailles rehaussé de couleurs sur fonds peints", numérotée dans la marge, et je découvrais ainsi le chiffre LXVj à sa gauche.   

Avec ses 220 folios à 2 colonnes en vers octosyllabiques, le manuscrit contient la seconde rédaction du Pèlerinage de vie humaine achevée par Guillaume de Digulleville en 1355, et la version longue du Pèlerinage de l’âme composée entre 1355 et 1358. 

L'auteur parlait à la première personne et se désignait comme "le pèlerin". Car la vie humaine était comparable à un pèlerinage, auquel succédait après la mort "le pèlerinage de l'âme". La simple lecture des légendes des illustrations permettait de comprendre ces pérégrinations, qui débutaient par le songe de Guillaume de Digulleville et s'achevaient par son réveil (f.218). Le pèlerin rencontrait Grâce Dieu au folio 4, et j'aurais bien voulu être présenté aussi : elle me faisait rêver, et je lisais  avec ravissement au folio 5 "Guillaume de Digulleville chez Grâce" ;  Au  folio 12 survenait l' excommunication d’un cerisier. Puis la belle dame donnait au pèlerin son équipement: son bourdon, longuement décrit en termes allégoriques, sa besace, ses prières, son armure, son "gambeson" (un vêtement matelassé qui représente la Patience), son "haubergeon" (une armure de maille lui conférant la Force morale), le heaume de la Tempérance, la gorgière de la Sobriété, les gantelets de Continence, l'épée de Justice et son fourreau d'Humilité,  l'écharpe de la Loi aux douze clochettes etc... Il parvenait ensuite devant une Haie (la Pénitence) séparant deux voies : celle du Labeur à droite, et celle de l'Oisiveté à gauche. 

 Au folio 51v, l'enluminure est décrite ainsi : " Grace-dieu lui fait observer une  fourmi ". Selon Mandragore, on ne trouve cette illustration d'une leçon de morale entomologique que dans deux manuscrits, le Fr.829 et le Fr. 377. Je décidais de m'y intéresser, et de remettre à plus tard l'étude du papillon.

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Une fourmi allégorie de la Persévérance chez Guillaume de Digulleville.

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Les fourmis sont beaucoup plus rarement représentées sur les manuscrits médiévaux que les papillons, et la base Mandragore ne totalise, pour le département Estampes de la Bnf, que 54 légendes et 41 images ; si on ne considère que les manuscrits français (et non les 11 documents latins, les œuvres arabes, grecques, mexicaines, persanes et japonaises) il ne reste que 13 manuscrits. La plupart des illustrations sont des ornementations classées "flore, fourmi" , quatre illustrent une fable, l'une est une allégorie de la Prévoyance (Ms Fr. 1877 qui date de 1530) .

Les deux illustrations du Pèlerinage de Vie Humaine de Guillaume de Digulleville sont assez semblables : une femme couronnée, (Grace Dieu), montre de son index à un pèlerin (l'auteur), un monticule. Dans le Fr.829, qui date de 1400-1401,   une fourmi est bien visible en son sommet, et quelques points noirs peuvent témoigner des traces de son parcours. Grace Dieu (nimbée, jeune et belle, aux longs cheveux clairs, le ventre projeté en avant en conformité avec les canons de l'époque ) désigne la fourmi mais regarde son interlocuteur. Celui-ci est tonsuré (Guillaume de Digulleville était moine de l'abbaye cistercienne de Chaalis près de Senlis), il tient le bourdon, et porte la besace de son statut de pèlerin, et discute avec ardeur les propos qui lui sont adressés. Cette posture résume tout l'ouvrage, dans lequel l'auteur argumente sans concession les propositions du messager divin, qui tente de le mener vers la voie de la vie sainte et de le faire renoncer aux tentations et illusions d'une existence mondaine. 

Ici, c'est une leçon de persévérance qui lui est donnée, basée sur l'observation d'un insecte qui s'efforce de gravir un tas de sable. Ce sable s'éboule régulièrement et fait retomber l'insecte en l'aveuglant. Et régulièrement,"le" fourmi (le substantif est masculin en moyen français, jusqu'en 1680 selon CNRTL) repart à la conquête de la pente, jusqu'au moment où il réussit à atteindre le sommet.  

Le manuscrit Fr. 829 a été en possession de Jean de Berry (le commanditaire des Heures du duc de Berry par les frères Limbourg)  et porte l'ex-libris au feuillet de garde 1 : "Ce livre est au duc de Berry. JEHAN" : c'est un objet de grande valeur.  Chaque enluminure est encadrée par un filet bleu ou rouge, alternativement, et ce filet s'inscrit dans un cadre d'or bruni. Le fond est rouge, quadrillé par des traits d'or. Le sol, le tas de sable et son fourmi, le pèlerin et Grace Dieu sont dessinés à l'encre noire sur le velin blanc, mais les volumes sont rendus par des ombres grises selon la technique de la grisaille. La verticalité des personnages est accentuée par l'étroitesse relative de la  largeur des corps par rapport à leur hauteur, et par le rapport <1 de la taille du segment supérieur (tête et tronc) sur le segment inférieur (bassin et jambes). La direction des plis, et le bourdon accentue cette verticalité.

 

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 51v.

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 51v.

Je fus directement concerné par cet exemple d'opiniâtreté, puisque le texte de la deuxième version du Pèlerinage de Vie Humaine , le Livre du pèlerin de vie humaine (LPV) n'a été édité qu'en août 2015 par Philippe Maupeu aux éditions Lettres Gothiques Livre de Poche : j'ai cru qu'il n'existait aucune transcription en ligne du texte ; toutes les études critiques avaient porté sur la première version (d'abord éditée par Stürzinger en 1893). Comme je n'ai découvert que tardivement l'édition des Lettres Gothiques, j'ai —bêtement, c'est une leçon d'humilité— recopié / transcris le texte à partir des manuscrits en ligne. Au cinquième jour de mon travail, je trouvais...la version en ligne sur Google book du texte que j'avais transcris ! Révélant toutes mes erreurs ! Et l'adaptation en français moderne, me permettant de vérifier ma bonne compréhension du texte. Ah, merci le Fourmi, pour une leçon, c'en est une.

https://books.google.fr/books?id=MkhmCgAAQBAJ&pg=PA536&lpg=PA536&dq=suspediter&source=bl&ots=uwrJdUXWAW&sig=AbG5v9N9zArhEE61ttUOtnT7zug&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjep4XflpjLAhWFQBoKHb5GDxEQ6AEIJjAC#v=onepage&q=suspediter&f=false

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Ma tentative de transcription de l'épisode de la fourmi :

Elle s'appuie sur deux manuscrits, le Fr.829 et le Fr. 377 , et sur une édition imprimée par Antoine Vérard, le Pélerinage de l'Homme Bnf Res. Ye-24. :

—Fr.829 folio 51v :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84497167/f110.image

—Fr. 377 folio 42v

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90596276/f88.item

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Le folio 42v du Ms Fr. 377 et son enluminure :

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=10528613&E=90&I=35790&M=imageseule

 

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—Res. Ye-24 folio XL

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722969/f84.item.zoom

 

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Je débuterai un peu en amont de l'enluminure, pour le plaisir du premier distique 

Chacun est fort sur son fumier

Et en sa terre se fait fier

Non pas que ce a ie te die

Pour toy mettre en fetardie

Quar se tu veulx sus son fumier

Se sien tu soes de leschequier

Tu li feras eschec et mat [eschat et mat Fr. 829]

Il a ni mettra tant de debat

Pou a boire et pou a mengier

Pou reposer bien travailler

Disciplines et battemens

Oroisons et gemissemens

Instrumens de penitance

Si ten feront droit et vengance

Il ten feront estre vinceur

Dueisse et ne veille a grant honneur

 

Et alons voir le sablon

Dont devant tay fait mention

Tu le vois bien, long il n'est pas

 

 

I. Description de la scène.

Grâce montre au  pèlerin une fourmi qui tente de gravir un tas de sable, mais elle retombe et est aveuglée par le sable. A force de répeter son effort, elle parvient au sommet.

 

 

Si parle le pelerin

La alasmes nous pas pour pas

Et me monstra tantost au doit

Un fourmi qui monter vouloit

En haut sur le tas de sablon

mais selon son entention

Et son vouloir pas ne faisoit

Car quant un pou monte estoit

Le sablon qui estoit coulant

Sec et menu et moliant

Sur yeulx et teste lui cheoit

Et ravaler ius le faisoit

Soutenoyes de nen vaincu

Nestoit le fourmi ius cheu

Car a ramper recommencoit

Et plus que devant sefforcoit

Maintes fois le vi cheoir ius

mais tant fist que tout au dessus

En la fin je le vi monter

Et la en droit se reposer

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II. Commentaire par Grâce.

Cette fourmi doit servir d'exemplaire (d'exemple moral) au pèlerin. La simple leçon de persévérance (recommencer plusieurs fois une tentative après un échec sans se décourager) est developpée dans un sens chrétien, dans lequel l'obstacle à vaincre est le corps (ton corps est de sablon un tas), qui n'hesiteras pas à faire chuter le moine . Le sable, en retombant, va aveugler son "entendement", sa volonté morale, car ce corps est "sablonneux et moliant", mou et dépourvu de fermeté. L'homme renversé par sa chute sera la proie des tentations.

 

Grace dieu

Or puez dist grace dieu veoir

La force de ton corps se voir

Et celle de toy tout aussi

A l exemplaire du fourmi

Sa chascune fois quest cheu

Vertueux ne se fust tenu

Enuis peust avoir recouvre

Destre iamais en hault monte

Sur lui fust tant sablon cheu

Quil eust manis de vertu.

Ton corps est de sablon un tas

Qui pour vray ne se faindra pas [[faindre : hésiter]]

Quant tu vouldois en hault monter

De toi faire bas reculer

Sus loeil de ton entendement

Pour toi aveugler prestement

Et toi ravaler au plus bas

Saches que tu le trouveras

Sablonneux et bon moliant

Et temptacions ravalant

Tant que se ne te tiens forment

Et ne resistes prestement

 

 

 

III. Recours à la fourmi biblique.

Pour appuyer son exemple, Grâce reprends à son compte une citation du Livre des Proverbes. Proverbes 6:6 vade ad formicam o piger et considera vias eius et disce sapientiam « Va vers la fourmi, paresseux ; regarde ses voies, et sois sage. Elle qui n'a ni chef, ni surveillant, ni gouverneur, elle prépare en été son pain, elle amasse pendant la moisson sa nourriture. Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? Un peu de sommeil, un peu d'assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir… et ta pauvreté viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé » (Prov. 6 : 6-11). Cette référence est souligné dans l'édition Vérard par une note marginale : Exemplum de formica ascem bente in fabulo

Ce Livre est traditionnellement attribué à Salomon. L'auteur cite le passage (Vas ten paresceux au fourmi Dist le sage et aprens de li Afin que surpris tu ne soyes Sapience et ses voyes) et estime que Salomon avait médité sur le même tas de sable et la même fourmi grimpeuse.

 

Peril est que quant tu voudras

Si de legier ne montes pas

Vas ten paresceux au fourmi

Dist le sage et aprens de li

Afin que surpris tu ne soyes

Sapience et ses voyes

Bien avoit veu salomon 

En son temps ce tas de sablon

Et le fourmi qui y montoit.

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IV. Glose de Grâces.

La sainte femme développe la citation : le pèlerin ne doit lutter contre la paresse. Son corps est son ennemi. Dans le discours qu'elle emploie, elle oppose "toi" et "ton corps" comme deux entités ennemies. L'adepte doit apprendre à "dompter" le corps et le "suppéditer", ce joli mot de moyen français qui signifie aujourd'hui (suppéditer CNRTL)  "procurer, fournir en abondance" mais qui signifiait alors "fouler aux pieds", voire "maltraiter, réduire à l'obéissance, détruire". La violence du dualisme est patente, mais ce qui est remarquable, c'est le recours aux images didactique servant à la mémorisation. Le corps doit être dominé comme l'archange saint Michel terrassant le Malin, saint Georges terrassant le dragon ou la Vierge de l'Apocalypse foulant la Bête, avec ces images de la statuaire montrant le pied du saint personnage posé sur l'animal monstrueux.  

Elle trace un tableau du corps comme un être paresseux, négligen, sommeilleux, cherchant le repos, la fuite face à la difficulté, préoccupé de manger, de rester à table ou allongé, faisant lentement ce qu'il faut faire, et retors avec ça, vicieux, cherchant à flatter et à tromper son propriétaire.

De même que la fourmi cherche à monter et à se placer au dessus du sable, le chrétien doit chercher à s'élever et doit redouter la chute : dans les marges du texte de l'édition Vérard se trouve cette citation de l'épitre de saint Paul aux Corinthiens 10:12 ... si [quis se existimat scire aliquid nondum cognovit quemadmodum oporteat ... itaque] qui se existimat stare videat ne cadat; "Ainsi donc, que celui qui croit être debout fasse attention à ne pas tomber!" (Trad.Louis Segond).

Quant tels parolles il disoit

Si que ainsi gardes toy bien

Que paresceux ne soyes de rien

De ton ennemi corps dompter

Dessous toy et suppediter

de ses sablonneux temptemens

Et ennuyeux empeschemens

Et trespercier pour en hault monter

Et com victeur hault reposer

Et lors bien armer te pourras

Toutes les fois que tu voudras

Toutesfoyes tant ie te di

Que ne te fies point en li

Car souvent lauvas paresceux

Est negligent et someilleux

Longuement vouldra reposer

Et sur laultre coste tourneraient

Au mengier quant lauras assis

Tard se lievera enuis

Tost vouldra faire lentement

Pour toy livrer empeschement

Son point saura bien espier

Quant sera temps de toy flater

Et lors quant garde nen donras

 

V. Les conseils de Grâce.

Rester sur ses gardes, ne pas se fier au corps, car c'est le "mortel ennemi" du pèlerin, considérer l'existence comme un combat livré au corps avec les armes de la Foi et des vertus chrétiennes, tels sont les conseils de Grâce. On lit en marge du Res. Ye-24 : Accessum habemus ad deus per gratiam in qua stamus Romanorum V.Capitulo, "citation de l'épître de saint Paul aux Romains 5:2 ":  per quem et accessum habemus fide in gratiam istam in qua stamus et gloriamur in spe gloriae filiorum Dei "c'est aussi par son intermédiaire que nous avons accès par la foi à cette grâce, dans laquelle nous tenons ferme. " C'est bien-sûr les termes in qua stamus, qui sont requis pour illustrer l'importance de la verticalité, et du maintien d'une statique ferme dans la Foi.

Deceu tu ten trouveras

Si ques ie te lo bonnement

Que sur ta garde fermement

Te tiengnes sans fiance avoir

En lui car quant faiz son vouloir

Ou tout contre toy lenforcis

Et lui ministres les outils

Par lesquelx il te gueroye

Et te destourne de ta voye

Si que se bien mas entendu

Bien te puet estre congneu

Bien puet veoir que cest celui

Quest ton mortel ennemi

Or ten vas car temps est daler

Et de toy quant vouldras armer

Ie tay convoye longuement

Et assez tenu parlement.

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Autres commentaires marginaux  de l'édition de Vérard

— Legitimus formica grana perforat ne germinet. Unde formica non solum dicitur ferens picas sed et ectam forans micas.

Allusion à la tradition selon laquelle les fourmis percent les grains pour les empêcher de germer.

—  Vade ad formicio piger et disce sapientia proverbiorum. VI.ca

Rappel abrégé du verset du Livre des Proverbes 6:6 "Va vers la fourmi toi qui est paresseux et sois sage."

— Nihil ergo nunc damnasionis est his qui sunt in christo iesu qui non secundum carnem ambulent. IC Romanorum VIII. capite.

: Épitre de saint Paul aux Romains 8:1 : "Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ." [2 En effet, la loi de l'esprit de vie en Jésus Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort.]

—  Maledictus homo qui confidit in homine, et ponit carnem brachium suum et a Domino recedit cor eius Hieremei XVII.ca

Jérémie chapitre 17 : "Maudit est l'homme qui met sa confiance en l'homme, qui se fait un bras de la chair, et dont le cœur se retire du Seigneur."

— Nolite confidere in verbis mendacii Hieremie. VII.ca. 

Jérémie 7:4 :  "Cessez de vous fier à ces paroles trompeuses: " 

— Non secundum carnem ambulamus sed secundum Spiritum /et/ nam prudentia carnis mors prudentia autem Spiritus vita et pax quoniam sapientia carnis inimicitia est in Deo. paulus ad romanos VII.

Romains 7:4-7 [et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons,] non selon la chair, mais selon l'esprit.[ Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'esprit s'affectionnent aux choses de l'esprit.] 6 Et l'affection de la chair, c'est la mort, tandis que l'affection de l'esprit, c'est la vie et la paix; 7 car l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas.

 

 

 

 

 



 

 

 

DISCUSSION

En 1993, A. de Wolf dénombrait 53 personnifications et 60 réifications dans le pèlerinage de la Vie Humaine, et , pour définir le terme de "personnalification", cite Paul Zumthor : "l'Allégorie transforme un nom commun désignant quelque espèce naturelle ou rationnelle, en un nom autodéterminé qui renvoie, à la manière d'un prénom, au sujet d'actions réelles". Allégories ou personnifications ? L'article Wikipédia tente de distinguer les deux : "La personnification est une figure de style qui consiste à attribuer des propriétés humaines à un animal ou à une chose inanimée (objet concret ou abstraction) que l'on fait vouloir, parler, agir, à qui l'on s'adresse. L'allégorie également, souvent employée en concurrence avec la personnification, procède à partir d'une métaphore. On la distingue néanmoins de cette dernière par la nature du comparé ; dans l'allégorie le comparé est une notion abstraite (la Mort par exemple), prise de manière générale ou universelle. La personnification s'applique elle à donner vie à un animé non humain ou à un objet concret. l'allégorie suppose à la fois la personnification de réalités abstraites et le recours à une métaphore prolongée.". 

On peut simplifier en considérant que l'action de donner des noms propres aux vertus et aux vices est une personnification, comme Grace Dieu, Raison, Nature, Charité ou Pénitence, Mémoire et Rude entendement, Labour et Oiseuse, etc..

 

La réification (du latin res, chose) consiste à transformer ou à transposer une abstraction en un objet concret, à appréhender un concept comme une chose concrète. Le terme est aussi employé à propos des personnes vivantes.

Dans le Pèlerinage de Vie Humaine, la double roue de Sensualité du folio 61v (Fr 829) relève donc de ce procédé, bien que le papillon qui y est posé vienne compliquer les choses.

Mais quel statut donner à la Fourmi de Guillaume de Digulleville ? Elle n'est pas seulement le nom propre donnée à la persévérance, car la vertu qu'elle illustre est liée à l'action qui est mise en scène autour du tas de sable. Elle est l'héroïne d'une petite fable, et, en même temps, elle joue le rôle de le Fourmi de Salomon.

La Fourmi est depuis l'antiquité un exemple de travail, de prévoyance . Il est remarquable de constater que dans le texte du Pèlerinage, où le corps de l'homme est dévalorisé et suspect, l'animal ne partage pas ce sort, mais sert au contraire d'exemple de haute vertu, que ce soit, ici, la fourmi, ou, plus tard, le papillon.

Au  XIIIe siècle voit se multiplier les oeuvres de «vulgarisation", comme les lapidaires  ou les bestiaires, qui  se veulent des ouvrages de «sciences naturelles». En fait, les bestiaires, inspirés du Physiologus, composé en grec au IIe siècle après J. C., comme  De animalibus d'Albert le Grand, Speculum naturale de Vincent de Beauvais, De Bestiis et aliis rebus, attribué à Hugues de Saint-Victor) décrivent la «nature» des animaux réels ou imaginaires (phénix, licorne) en fonction des interprétations morales et religieuses. Le Bestiaire divin (1210), le plus long des bestiaires français en vers, dû à Guillaume le Clerc, atteste par son nom même l'insistance sur le symbolisme religieux. Tous les bestiaires portent la marque d'une vision du monde selon laquelle la nature, «livre de Dieu», peut se lire aussi sur le mode symbolique, et se  fondent  sur un système de «concordances» entre le monde des «semblances» et celui des «senefiances». 

 Guillaume le Clerc  écrit 5 pages à propos de la fourmi (p.219-223); je n'en donnerai que le début  :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8979h/f223.image

 

 

XI. DE FORHI.

Salemon dit au perecous

Que , se il veut estre rescous ,

De mauvestie et de perece ,

Si prenge garde a la proece

Del formi , qui tant est petiz.

Sages et prouz est li formi ;

Si se porveit el tens d'este,

Si qu'en yver a a plente ;

Et nul autre beste nel fet.

Quant il issent de lor recet,

Si vont moult ordeneement

L'un avant l'autre belement ,

Tant qu'il vienent au ble meur ,

La ou il est forme et dur ;

Et quant il sunt venu au grein ,

( De ce seiez trestuit certein ) ,

Par l'oudor del cbaume desoz ,

Savent quenoistre, tant sunt proz,

Se c'est orge , segle ou aveine.

Tôt par lor nature demaine

875 Les guerpissent, et avant vont,

Tant que au forment venu sont. (*)

Donc montent amont a l'espi.

Quant se sunt charchie et garni ,

A lor recet tornent arrière

Par une meisme chariere ;

Trestote jor vienent et vont.

(*) on notera que ce vers est cité presque textuellement par Guillaume de Digulleville dans l'extrait ci-dessus.  

« Les fourmis marchent en ordre; elles distinguent à l'odeur la nature du blé ; elles amassent des provisions pour l'hiver ; toutes, sans exception, travaillent ; elles fendent en deux les grains pour les empêcher de germer. » « Le devoir des chrétiens est de diviser le bon grain que leur offre l'Évangile; qu'ils ne s'attachent pas à la lettre qui tue , mais à l'esprit qui vivifie. » 

C. Hippeau, qui édite ce Bestiaire divin en 1852-1857, fait ces observations :

« Fade ad formicam o piger et meditare eam quae quum sit viribus infirmior, multum per œstatem frumentum reponit » C'est ainsi que Salomon, avant Élien et Horace (« Parvula nam exemplo est magni formica laboris. »), avait proposé à l'homme pour modèle ce petit animal , que l'antiquité tout entière a considéré comme le symbole de l'intelligence et du travail (Il ne faut pas tirer son nom, comme le fait saint Isidore, de ferre micas; mais bien du mot grec altéré par une simple permutation de consonnes. Son nom signifie prévoyance. L'habitude où elle est de partager les grains en deux parties est peut-être la cause de celui de nemalà (du verbe namal. couper) , que lui donnent les Hébreux ; de même que la finesse étonnante de son odorat lui avait fait donner par les Cbaldéens celui de sumsemana ).

Les propriétés dont parle ici Guillaume, sont celles qu'avait déjà notées l'auteur du Physiologus « Quand les fourmis qui sont chargées reviennent vers leurs retraites, dit-il, celles qui les rencontrent ne leur demandent point à partager leurs provisions ; elles vont droit au lieu où elles pourront s'en procurer elles-mêmes. » Et il complète la leçon , comme le fait Guillaume , au moyen de l'apologue des Vierges folles et des Vierges sages ( Saint Mathieu , chap. xx3) . Il veut aussi que le chrétien distingue les bonnes doctrines des mauvaises, à l'exemple de la fourmi qui ne confond point le froment avec l'orge. La précaution que prend la fourmi de diviser en deux les grains qu'elle a entassés dans ses greniers pour les mieux conserver , avait déjà donné lieu aux mêmes observations sur la distinction que le chrétien doit établir entre la lettre et l' esprit des Saintes-Écritures (Saint Augustio, De spiritu atque liiiera , ad Marcellinum ; saint Irénée, liv. IV , chap. 29 ; Tertallien , Contra Marcionem , lib. II.). Les auteurs mystiques ne pouvaient laisser échapper cette occasion de développer leur thèse favorite.

Il nous faudrait citer tous les naturalistes et presque tous les écrivains anciens , si nous voulions recueillir les textes qui ont pu servir d'autorités à nos Bestiaires. Les commentaires sur les paroles de Salomon formeraient un volume. II, n'est pas un seul des orateurs sacrés qui n'ait saisi l'occasion de célébrer la sagesse et l'activité de ce petit peuple, qui, ainsi que le dit l'auteur des Proverbes se livre à ses travaux sans avoir besoin d'être soumis à l'autorité d'un chef (3). Ce n'est pas seulement l'instinct que Cicéron accorde aux fourmis : elles sont douées, selon lui, de mémoire, d'intelligence et de raison. Plutarque trouve en elles toutes les vertus réunies (a Nu'.Ium natara maiimarum pulcherrimarumque reruro tam angustum habet spéculum ; sed , ut in pura gntlula , omnium In iii virtutum est imago. » Plutarc., De instinciu animalium. ). C'était l'opinion des Égyptiens.  Quand ils veulent écrire le mot connaissance, ils dessinent une fourmi, dit Horus. Les fourmis sont douées d'un sens divinatoire, ajoutent les écrivains arabes , qui se plaisent à célébrer les merveilles de leurs demeures souterraines.

Ce n'est qu'avec une sage mesure que nos auteurs ont puisé aux sources orientales. Ils leur ont cependant emprunté le conte narré assez longuement par Guillaume, de fourmis chercheuses d'or, ayant la taille d'un chien, dont avaient parlé déjà Hérodote , Solin , Pline et Strabon , et qui figurent dans les récits merveilleux qu'Arrien avait empruntés à Mégasthènes. "

RETOUR A L'ENLUMINURE.

Les travaux de Philippe Maupeu permettent de comprendre toute l'importance de l'illustration, au delà de sa valeur décorative. Cet auteur souligne sa fonction plastique et rythmique (alternance des couleurs bleu et rouge d'une vignette à l'autre) ; sa fonction structurante permettant de repèrer les récits et épisodes en l'absence de chapitres et de tables de matières ; sa fonction herméneutique modifiant parfois l'interprétation donnée au texte ; sa fonction poétique "donnant corps à l'univers fictionnel, à ses figures et à ses lieux".

Mais c'est surtout la fonction didactique qu'il excelle à argumenter : "l'image, dans la tradition des arts de mémoire antiques et médiévaux, est le support d'une mémorisation efficace de la lettre du texte et de sa signification allégorique".

Cela me paraît parfaitement le cas pour ce qui concerne notre courageuse fourmi. J'ai déjà oublié l'exactitude littérale des lignes que j'ai pourtant soigneusement recopiées, relues, comparées d'un manuscrit à l'autre. Mais le tas de sable, la fourmi qui en a atteint le sommet, et les deux personnages qui l'observent se sont gravés durablement dans ma mémoire, et le pouvoir d'évocation de l'image me fera retrouver le verset de Salomon "Va vers la fourmi, paresseux ; regarde ses voies, et sois sage",  il me fera penser au sable déboulant et aveuglant "les yeux de l'entendement" du pélerin, il me fera peut-être retrouver le mot que j'ai savouré aujourd'hui, ce "suppediter" que je consulte à nouveau avec gourmandise dans le dictionnaire de Godefroy  et dans le DMF de l'ATILF.

Car la fourmi de Digulleville n'est pas seulement une Allégorie de la Persévérance, une statue personnalisée et identifiable d'une Vertu placée dans le Théâtre de la Mémoire, c'est un personnage de ce Théâtre, qui y a tenu son rôle, est tombé vingt fois, a secoué vingt fois le sable de ses yeux, s'est remis vingt fois en route, et a triomphé la vingt-et-unième fois. C'est ce petit film d'animation, figé à sa dernière image, qui aura valeur allégorique, et non les seuls lettres du mot FOURMI. Je l'ai intériorisé , il se déroulera lorsque je verrai une fourmilière, lorsque je découperai un morceau de formica, que j'utiliserai de l'acide formique ou une préparation homéopathique de Formica rufa 5CH pour ma cystite ou mes rhumatismes, ou lorsque, tout bêtement, j'aurai des fourmis dans les jambes. Elle s'est installée, grâce à l'enluminure faite pour Jean de Berry, dans le Bestiaire de mon cœur.

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La Fourmi, Bestiaire divin de Guillaume Le Clerc, Bnf Fr. 14970 (XIVe siècle), base Mandragore.

La Fourmi, Bestiaire divin de Guillaume Le Clerc, Bnf Fr. 14970 (XIVe siècle), base Mandragore.

SOURCES ET LIENS.

Guillaume de DIGULLEVILLE.

– Notice du Mss Français 829 : http://www.europeana.eu/portal/record/92099/BibliographicResource_1000157170691.html

--Version imprimée par Vérard :  Le Pélerinage de l'homme, ed. Antoine Vérard, 1511 . Bnf Res Ye-24. L'épisode de la fourmi débute à la page XL (vue 84/217 sur Gallica)

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722969 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722969/f84.item.zoom

STÜRZINGER , Jakob J. (ed.) 1893,  Le pèlerinage de la vie humaine; edited by J. J. Stürzinger. London: Printed for the Roxburghe Club [by] Nichols & Sons. 

— A modern prose translation of the ancient poem of Guillaume de Guileville entitled, The pylgrymage of man; 1859 A popular version by "Miss Katherine Isabella Cust" [afterwards Mrs. William Goode?] cf. Brit. mus. Catalogue of romances, v. 2, p. 563; Early Eng. texts soc., extra ser., LXXVII (1899) pt. 1, p. 5Topic: Bunyan, John, 1628-1688 

https://archive.org/details/modernprosetrans00guil

— DELACOTTE (Joseph), 1932 « Guillaume de Digulleville, poète normand. Trois romans-poèmes du xive siècle. Les pèlerinages et la divine comédie », Desclée de Brouwer et Cie, Paris, 1932, 286 pp.

Duval, Frédéric et Pomel, Fabienne (sous la direction de) « Guillaume de Digulleville. Les pèlerinages allégoriques. Actes du colloque international de Cerisy La Salle ». Presses universitaires de Rennes, 2008, 489 pp.

GUILLAUME , Clerc de Normandie Le bestiaire divin de Guillaume Clerc de Normandie,trouvère du XIIIe siècle publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque Nationale (Reprod. en fac-sim.) / avec une introd. sur les bestiaires, volucraires et lapidaires du Moyen-âge considérés dans leurs rapports avec la symbolique chrétienne par C. Hippeau page 110

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8979h/f114.image

https://archive.org/stream/lebestiairedivi00hippgoog/lebestiairedivi00hippgoog_djvu.txt

 

MAUPEU (Philippe) 2009 Pèlerins de vie humaine. Autobiographie et allégorie narrative, de Guillaume de Deguileville à Octovien de Saint-Gelais, Paris, Champion (« Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge » 115), 2009, 696p.

https://crm.revues.org/12772

MAUPEU (Philippe)  Thèse de doctorat, 2005 : Pèlerins de vie humaine. Autobiographie et allégorie, de Guillaume de Digulleville à Octovien de Saint-Gelais, dir. N. Dauvois, Toulouse-le Mirail.

FARAL , Edmond « Guillaume de Digulleville, moine de Chaalis ». Histoire littéraire de la France, Imprimerie nationale, Paris, 1962, tome 39, pp. 1-132.

STUMPF, Béatrice (2006) « Le moyen français clut et ses dérivés dans le Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville, un régionalisme? », Revue de Linguistique romane, vol. 70, 2006, pp. 181-208.

STUMPF, Béatrice (2008) « Étude de quelques régionalismes lexicaux dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville », in Duval & Pomel, eds. (2008), pp. 253-280. Reproduitpp. 1381-1408 in Stumpf (2009).

STUMPF, Béatrice (2009) « Lexicographie et lexicologie historique du Français ». Thèse de doctorat sur travaux présentée par Béatrice Stumpf, Université de Nancy 2, 2009, 1 408 p.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/502081/filename/TheseBS.pdf

DOUDET (Estelle) 2008, « Guillaume de Digulleville. Les pèlerinages allégoriques, éd. Frédéric Duval et Fabienne Pomel », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2008, mis en ligne le 27 janvier 2009, consulté le 27 février 2016. URL : http://crm.revues.org/11353

— DE WOLF ( Anouk), 1993, Pratique de la personnification chez Guillaume de Digulleville et Philippe de MézièresÉcriture et mode de pensée au moyen âge (8e-15e siècle) / Boutet, D. [edit.]Paris : Presses de l'École normale supérieure, 1993 p. 125-147

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.

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