Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper VIII : la baie n°104 du Juch.
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Voir :
Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper. I. Le rond-point du chœur.
Vitraux du chœur II : Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109.
Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper V : la baie n°103.
Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper VI : la baie n°107.
Les vitraux du cœur de la cathédrale de Quimper VII : la baie n° 111.
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Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper IX : la baie n° 105 de Bertrand de Rosmadec.
Iconographie de saint Christophe dans les vitraux de la cathédrale de Quimper. Une synthèse des cinq exemples étudiés. (Baies 113, 114, 116, 126 et 128)
Orphano tu eris adiutor : des armoiries épiscopales dans la cathédrale de Quimper.
L'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité de Kerfeuteun à Quimper.
Les vitraux de François Dilasser à la chapelle de Ty-Mamm-Doué à Quimper. Octobre 2014
La bannière de Annaïg Le Berre à la chapelle de Ty Mamm Doué, paroisse de Kerfeunten à Quimper.
Exposition de paramentique à Ty-Mamm-Doué : Laurent Bourlès, tailleur des chanoines de Quimper.
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La baie n°104 de la baronnie du Juch, dernier vitrail sud du rond-point du chœur. Vers 1415 ; 1867-1869 Lusson ; 1992-1993 Messonnet.
Cette baie composée de trois lancettes trilobées et d'un tympan à 6 ajours mesure 4,80 m de haut et 2,20 m de large. On la considère comme un don de la famille du Juch, en raison des armoiries d'azur au lion armé et lampassé de gueules en partie conservées sur les tabards des donateurs des deux premières lancettes (celles de la dernière sont de fantaisie) .
Puisque cette baie prend place à l'extrémité sud du rond-point axial du chœur, elle forme un ensemble cohérent avec les quatre autres baies de celui-ci. Or, les n°100, 101 et 102 où la Crucifixion est vénérée par le duc Jean V et son fils (101) et la duchesse Jeanne et sa fille (102) sont une expression directe du souci de Jean V d'asseoir son autorité et sa légitimité (après une lutte contre les Penthièvre et le très pieux Charles de Blois) par l'édification de sanctuaires où s'affichent son image et ses armoiries. La verrière n°103 place le pan nord de l'hémicycle sous la tutelle de saint Jean-Baptiste (patron avec Jean l'évangéliste du duc Jean et de la duchesse Jeanne), dernier prophète annonçant le Christ, de saint Pierre premier pape de l'Église, et de saint Paul premier théologien du Christianisme. On pouvait s'attendre à ce que la verrière n°104, placée en vis-à-vis sur le pan sud, soit celle de l'évêque Bertrand de Rosmadec, mais ce dernier a été en quelque sorte "rétrogradé" dans la baie suivante, n°105. Cela laisse à penser que les seigneurs du Juch étaient particulièrement puissants ou influents, soit auprès du duc, soit dans le diocèse de Cornouailles. On retrouve leurs armoiries, en parti, dans la baie 106 (donatrice).
La famille du Juch.
Hervé du Juch et son fils Henri se succédèrent comme capitaine de Quimper. Voici les informations données par Pol Potier de Courcy dans son Nobiliaire et Armorial :
" Juch (du), baron dudit lieu. sr de Toulancoat et de Porzmarc'h, paroisse dePlouaré, –de Pratanroux, par. de Penhars, —du Mur, par. de Saint-Evarzec,— de Liscuit, par. de Laniscat, — de Troheir, par. de Kerfeunteun.
Réf. et montres de 1425 à 1536, dites par., év. de Cornouaille.
D'azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules (Sceau 1365). Devise : Bien sûr, et aussi : La non pareille.
Le sire du Juch, à l'ost du duc à Ploërmel en 1294 ; Jean, évêque de Léon, décédé en 1369- Henri, chambellan du duc en 1419, épouse Jeannette le Barbu.
La branche ainée fondue en 1501 dans du Chastel, "etc...
—Actes :
- 11 août 1414 : "Monsieur Hervé du Juch et Monsieur Henri du Juch son père, Chevaliers, jurent fidélité au duc pour la capitainerie de Quimpercorentin dont ledit Monsieur Hervé estoit gouverneur." (Lobineau I, p.1634)
- Comptes 1-2- 1412 au 1-7-1414 : Henri du Juch Chambellan 100 livres par an.[...] Grand officier de la duchesse : Henri du Juch Chambellan du duc et Maître d'hôtel de la duchesse [...] p. 879 10 août 1413 Commissions du duc de Bretagne pour renouveller les trèves avec le roi d'Angleterre Nos Henricus du Juch miles, & Petrus de l'hospitali ... Henri du Juch notre Chivaler et Chambellan ...p. 881 Nos tres chiers et feaulx Chambellains le sire de Chasteaugiron notre Mareschal, le sire de Penhoet notre Amiral, le sire du Juch et Tritan de la Lande Gouverneur de la conté de Nantes. ...p. 1200 le 19 août 1427 Remise faite à Hervé du Juch notre Chambellan (P.H Morice, Mémoires pour servir de preuves...pages 875 et suivantes)
- 1419 : somme allouée par le duc Jean V à Henri du Juch qui a été envoyé à Rouen auprès du roi d'Angleterre (Lobineau I p. 930) Etc..
— Données généalogiques :
- Henri du Juch (1300-?), d'où :
- Hervé du Juch (décédé en 1369 en Espagne, inhumé aux Cordeliers de Quimper) mariè à Marguerite de Pratanroux (1330-1380)
- Henri du Juch 1360- 17 juillet 1427 (Seigneur de Pratanroux, capitaine de Quimper en 1414), marié à Catherine de Kerguegant de Kervéguan 1360-1430 (Dame de Sugnensou), d'où
- Hervé du Juch décédé le 1er mai 1462 - Quimper, Seigneur de Pratanroux, capitaine de Quimper en 1418, marié avec Béatrix de La Forest (†1436) , d'où :
- Henri du Juch ( -† Mûr 5 octobre 1480) marié avec Marguerite du Juch (†1494), d'où
- Hervé du Juch, (- 4 septembre 1501) Seigneur de Pratanroux, inhumé aux Cordeliers de Quimper.
- Raoul du Juch, (-11 octobre 1534) Seigneur de Pratanroux
- La dernière à porter le nom de cette seigneurie illustre fut Marie du Juch, dame du Chastel et de Coëtivy qui se maria en 1501 avec Tanguy, seigneur du Chastel et de Trémazan.
— Alliances : Henri du Juch et C. de Kervégan eurent aussi trois filles : Louise du JUCH 1380- Mariée avec Jean du QUÉLENNEC 1375-. Jeanne du JUCH 1410- Mariée avec Guillaume IV de PLOËUC 1410-1444/. Et Jeanne du JUCH Mariée avec Riou de ROSMADEC
Le Men cite Jean du Juch, ami du seigneur de Nevet, 1377.
—Le château du Juch, l'église et la commune actuelle du Juch près de Douarnenez:
Le Juch s’est développé autour d’un château, aujourd’hui ruiné. Le Juch est une ancienne trève de Ploaré et dépendait autrefois de l'ancien évêché de Cornouaille. Le Juch est érigé en paroisse par ordonnance royale du 16 août 1884 et en commune en 1889. Les seigneurs du Juch — en latin Jugum ou De Jugo (en 1254 et 1325) , en breton ar Yeuc'h « la butte »— tirent leur nom du château éponyme situé sur un éperon dominant la vallée du ruisseau du Ris (ou rivière de Névet). Abusivement appelés barons, ils ont le rang de banneret. Ils agrandirent leurs possessions par mariage et se hissèrent au plus haut dans la hiérarchie du duché de Bretagne, en devenant hommes de confiance, successivement de Jean IV de Bretagne et de Jean V de Bretagne, au début et au milieu du xve siècle.
Les seigneurs du Juch furent donc les fondateurs et bienfaiteurs de l' église du Juch, mais ils étaient aussi fort attachés aux Pères Cordeliers de Quimper et ils possédaient dans leur église une chapelle dite du Juch, puis du Chastel, dans laquelle ils demandaient le plus souvent à être inhumés. Le nécrologe du couvent publié par M. Trévédy (1888) nous apprend que les restes d'Hervé du Juch, illustre chevalier, mort en Espagne, furent transportés aux Cordeliers de Quimper en 1369.
— "Le blason représentant les alliances de ces deux familles est toujours visible sur l’un des vitraux de la belle chapelle Notre Dame de Kerdévot en Ergué-Gabéric. Après avoir appartenu aux du Chastel le château du Juch entra dans la propriété des seigneurs Gouyon, Rosmadec, Nevet et Franquetot de Coigny. On distingue le lion du Juch sculpté dans la voûte du porche de l’église du Juch."
Les descriptions du vitrail.
— Aymar de Blois (1820) :
Je n'ai pas accès à ce texte. L'auteur décrirait deux seigneurs de Juch et saint Henry empereur. Selon D. Tanguy, cet auteur a lu (vu) dans l'actuelle lancette A les armoiries de gueules à un château de trois tours d'argent qu'il attribue "à la maison de Tréouron-Vieux-Chatel, paroisse de Plonéour-Lanvern"
—Guilhermy (1848-1862) :
"Deux donateurs assortis de leurs patrons en mauvais état."
— Le Men (1877) :
" Vitrail de la baronnie du Juch, en la paroisse de Ploaré. Trois panneaux.
1er Panneau. — Un chevalier armé et une dame à genoux présentés par un saint évêque. Le chevalier porte sur sa cotte rouge une croix d’or cantonnée de 4 coquilles de même. Ce sont des armoiries de fantaisie. Ce panneau a été entièrement refait lors de la restauration des vitraux en 1867. Il devait contenir l’image de saint Hervé ou de saint Henry, prénoms de plusieurs seigneurs du Juch.
2e Panneau. — Chevalier armé et dame à genoux présentés par saint Giquel (Judicaël), roi des Bretons, vêtu d’or et d’hermines, qui porte une bannière d’azur chargée d’un lion d’argent orné et lampassé de gueules. Les mêmes armes se voient sur la cotte bleue du chevalier. Ce sont les armes des barons du Juch, dont la devise était : Bien-sûr, et aussi : La Non-pareille. La dame est vêtue d’une robe de gueules (rouge) sur laquelle est un château de trois tours d’argent. Ces armoiries sont celles de la maison de Tréouron-Vieux Châtel, en la paroisse de Plonéour-Lanvern. Hervé, sire du Juch, était capitaine de Quimper, en 1414, et son fils Henry, y exerçait la même charge en 1418. C’est, comme on l’a dit, de cette époque que datent les vitraux du chœur.
3e Panneau. — C’est la reproduction du précédent. Ce panneau a été refait par M. Lusson, sans beaucoup de frais d’imagination, comme on peut le voir. "
— Alexandre Thomas (1892)
NEUVIÈME FENÊTRE. -Vitrail du Juch (côté Sud) Un évêque présentant un chevalier et une dame. - Panneau moderne, fantaisie de M. Luçon ; 2. Hervé du Juch, capitaine de Quimper en 1414, et sa femme, de la famille de Tréouron-Vieux-Châtel, tous deux agenouillés et présentés par saint Judicaël, successivement moine et roi de Bretagne ; 3. Henri du Juch, fils d'Hervé, capitaine de Quimper en 1418, et sa femme, présentés également par saint Judicaël qui, avant la restauration du vitrail, n'était pas ainsi représenté deux fois de suite. Armes du Juch : d'azur au lion d'argent orné et lampassé de gueules
— Louis Ottin (1880 ? [1896] :
1°) St Ronan evesque ermite (couronné). – 2°) St Houel … roi couronné. – 3°) St Hervé. Ces trois saints ont chacun un donateur et une donatrice agenouillés devant eux (l'une des plus belles fenêtres de l'église).
— Françoise Gatouillat et Michel Hérold (2005) :
"Largement restitué ; parties anciennes : dais et vêtements des personnages de la lancette centrale (complété d'après celle-ci dans le reste de la baie au XIXe siècle puis au XXe)."
— Tanguy Daniel (2005) :
"Restauration de Lusson en 1867-1868, dans laquelle ne subsistent que quelques éléments du XVe siècle, dans les lancettes a et b ; la lancette c est due à Lusson dans son intégralité. L'ordre actuel n'est pas celui que donnaient Le Men et Thomas (c, a, b)".
"Les dais sont reconstitués à partir du dais de la 3e lancette qui, en mauvais état lors de la restauration de 1992-1993, a cependant pu servir de modèle à ceux des deux premières lancettes."
Discussion.
Guilhermy décrit deux donateurs avec chacun son patron : on suppose donc qu'il a vu deux lancettes. Il ne mentionne pas le caractère royal des saints patrons. C'est la seule description avant restauration (je n'ai pas eu accès au texte d'Aymar de Blois).
Le Men décrit le vitrail après sa restauration par Lusson, et après leur repose ; il ne cite pas les inscriptions (et sans-doute celles-ci sont trop éloignées pour qu'ils les déchiffre). Comme souvent, il n'épargne pas Lusson de ses critiques, notamment pour n'avoir pas suivi ses instructions, ici celle de placer saint Hervé ou saint Henri dans la première lancette (notre lancette C).
L'abbé Thomas suit souvent le texte de Le Men ; il visite la cathédrale sans jumelles et sa description de deux saints Judicaël n'est pas fiable. Ce qu'il voit, ce sont deux saints couronnés semblables, mais il n'a pas accès aux inscriptions.
La description de Louis Ottin est très fiable, d'une part parce qu'elle est précise, d'autre part parce qu'elle cite littéralement les inscriptions sans les extrapoler, et surtout parce qu'il a directement participé, comme membre de l'atelier d'Antoine Lusson, à la restauration de 1867. Tous les calques et tous les dessins qu'il a copié lors de ce chantier se sont avérés d'une fidélité irréprochable. Enfin, son érudition n'est pas celle d'un archiviste, d'un historien amateur d' héraldique ou d'un religieux, mais celle d'un peintre-verrier. Néanmoins, sa description est équivoque, car si elle concernait seulement les vitraux anciens, elle ne mentionnerait pas la lancette C, entièrement moderne.
Alors que Jean-Pierre Le Bihan a laissé des documents témoignant de l'état de la vitre lors de sa restauration des baies du coté nord du chœur, son collègue Messonnet ne l'a pas fait, et nous ignorons dans quelle mesure les inscriptions ont pu être modifiées, et quel était l'état des verres.
Parmi les auteurs du XXIe siècle, aucun n'a donné le relevé complet des textes des trois banderolles.
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LA LANCETTE A : SAINT HERVÉ.
Inscription : S.herve hermite.
Le saint est nimbé et couronné, en armure recouverte d'un tabard aux armes d'hermine plain (duché de Bretagne depuis Jean III en 1316). Il tient un étendard aux armes du donateur. Cette composition est pleine d'invraisemblance, car saint Hervé, ermite aveugle, et qui refusa le titre d'abbé, ne fut jamais roi. A contraio, si l'inscription est moderne, mais qu'il s'agit d'un roi, il ne s'abaisserait pas à tenir la hampe de l'étendard de son vassal. Rien ne s'arrange si on en croit L. Ottin, pour qui l'inscription indiquait St Ronan evesque et hermite, puisque saint Ronan, qui vécut en ermite dans le Porzay, ne porta jamais de couronne.
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Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Le couple de donateurs.
Le verre de la tête du donateur a été déposé par l'atelier de Lusson puis vendu sous forme d'un panneau d'antiquaire, retrouvé par Françoise Gatouillat : il s'agit de la tête du coin inférieur droit :
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Tous les auteurs citent Le Men et décrivent les armoiries du Juch d'azur au lion d'argent armé et lampassé de gueules, mais pourtant nous ne voyons ni sur le tabard ni sur l'étendard les griffes et la langue rouges justifiant le terme armé et lampassé de gueules.
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Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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LANCETTE B. SAINT GIQUEL.
Inscription : St GICQUEL R- de BRET[AGNE].
Judicaël (né vers 590 - mort le 16 ou 17 décembre 647/652) ou Gaël ou Giguel ou Gicquel ou Juzel est un saint breton. Fils du roi Judhaël de Domnonée (un royaume qui occupait alors le nord de l'Armorique). A la mort de son père vers 605, Judicaël, pourtant le fils aîné et l'héritier, préféra se retirer au monastère Saint-Jean de Gaël que saint Méen venait d'ériger. Il quitta cependant le monastère pour prendre la direction du royaume de Domnonée puis avoir quitté sa charge, termina sa vie au monastère de saint Méen. Alain Bouchart en 1514 dans ses « Grandes Chroniques », complète la liste des « Rois de Bretagne » dont l'origine remonte à Geoffroi de Monmouth en y incluant dans la descendance de Conan Mériadec un 10e roi à qui il attribue le nom du roi historique de Domnonée; Judicaël.
Je rappelle que Ottin a lu (sur l'ancien panneau ?) Houel et non Gicquel et qu'il n'a pu déchiffrer la suite. Hoël Ier de Bretagne, fils illégitime d’Alain II de Bretagne et d’une noble nommée Judith, fut comte de Nantes et duc de Bretagne de 960 à 981. Il fut le père de Judicaël de Nantes.
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Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Louis Ottin a donné dans son ouvrage Le Vitrail (s.d, [1896]) planche VI le dessin de cette lancette . Curieusement, on y lit distinctement le texte restauré : S. Giquel : R : de Bretha[igne].
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Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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LANCETTE C. SAINT RONAN.
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Inscription : S. ronan esveque.
Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Dais.
à trois gâbles à crochets, couronnés d'un fleuron, rehaussés de jaune d'argent, au dessus d'une voûte ogivale éclairée par des trilobes.
Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
CONCLUSION.
L'ignorance dans laquelle nous nous trouvons sur le contenu de cette verrière lors de sa création vers 1415-1424, et la destruction de l'héraldique des tympanslors de la Révolution ne permet pas d'aller très loin dans son analyse. Elle comportait bien des donateurs, certains portant les armoiries de la famille du Juch, présentés par des patrons, tous tournés vers le centre du chœur c'est à dire vers la Crucifixion de la baie 100 encadrée par la famille ducale. La présence des seigneurs du Juch (a priori de Henri et de son fils Hervé) en première place juste après la verrière 102 de la duchesse Jeanne est parfaitement en phase avec les fonctions de Chambellans et ambassadeurs du duc, et de gouverneurs et Capitaines de Quimper qui étaient alors les leurs. Une dizaine d'années auparavant, alors que les voûtes du chœur s'achevaient, Jehan de Poulmic, gouverneur de Quimper en 1404, avait vu ses armoiries placées sur une clef de voûte médiane juste après celle de Jeanne de France, de son fils François, et de l'évêque Gatien du Monceau. C'est en 1413 que Henri du Juch était entré au conseil du duc, et en 1414 qu'il était devenu Capitaine de Quimper, Chambellan du duc et Maître d'hôtel de la duchesse.
Les saints tutélaires étaient-ils saint Hervé ou l'empereur Henry ? Portaient-ils des couronnes ? Les couples de la famille du Juch étaient-ils précédés par un premier panneau rappellant l'attachement du duc Jean V aux prérogatives royales et à la couronne, comme l'atteste encore celle qui figure sur le fond damassé de la baie 100 ? S'est-il efforcé d'affirmer, comme Alain Bouchard dans ses Grandes Croniques, qu'il avait été précédé dans ses fonctions par des Rois de Bretagne mythiques et saints ? Si ce fut le cas, cette revendication d'une tutélarité royale trouvait parfaitement sa place en baie n°104, dans ce saint des saints que représente le rond-point du chœur d'une cathédrale.
Jean Kerhervé (in D. Tanguy, 2005 pages 14-15) signale que, pour concurrencer Charles de Blois qui, le premeir avait compris l'intérêt de l'association du politique et du religieux, Jean IV s'était soucié d'associer son image à celle des saints les plus populaires dans le duché (Corentin, Brieuc, Pol, Patern, Tugdual, Gildas, Méen, Armel ou Ronan). "Il en va de même des saints rois du haut Moyen-Âge, insignes prédecesseurs des ducs, que la renommée a fait élever sur les autels, comme Judicaël ou Salomon, dont le duc ordonne, le 3 septembre 1393, de faire "enchasser partie des reliques" .
En 1130, les reliques de Judicaël retrouvées, après un passage à l’abbaye Saint-Florent de Saumur, avaient rejoint l’abbaye de Saint-Méen : elles firent renaître le culte de Judicaël, probablement aux dépens de celui de saint Méen, fondateur de l’abbaye. Vers 1474, un bras-reliquaire, aujourd’hui conservé dans la sacristie de l’église de Paimpont, est commandé par le duc de Bretagne à un orfèvre régional vers 1453. Le couple ducal, François II de Bretagne et Marguerite de Foix, en aurait fait don à l’occasion de leur mariage vers 1474.
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SOURCES ET LIENS.
— Site infotout :
http://www.infotout.com/cathedrale_quimper/fenetreshauteschoeur.htm
—Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008 : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf
—ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p. (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image
— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820.
A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)
— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper, ,
Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.
"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)
— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris
— COUFFON (René), 1963, « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII
— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p. http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf
— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005, sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère, 287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).
— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), 2013, "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203,
— GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.
— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862, Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.
Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes.
— LA VALLÉE, 1847, "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.
— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII
ou blog du 10 février 2010 :
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html
—LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV,
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 9 juin 2007, Blog sur la baie n°111
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— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2009, Blog, article sur les fonds damassés
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— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,
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— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242.
— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages, 4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes.
https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up
— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,
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— THOMAS (Abbé Alexandre) 1904, La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51