Le vitrail de l'Arbre de Vie (1976) de Chagall à la chapelle des Cordeliers de Sarrebourg.
Voir aussi :
- La tapisserie de La Paix (1993) d'après Chagall par Yvette Cauquil-Prince au Musée du pays de Sarrebourg
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé et le vitrail de Chagall de la cathédrale de Reims : le travail de Charles Marq.
- Marc Chagall au Musée de Grenoble. "Le Marchand de bestiaux", et le "Songe d'une nuit d'été".
- Les vitraux de Chagall du déambulatoire nord de la cathédrale de Metz. IV. La baie n°11.
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"Celui qui dit les choses sans rien dire" : Aragon et Chagall à Landerneau.
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Cette verrière de 12 m de haut sur 7 m de large porte aussi le titre "La Paix", que j'éviterai afin d'éviter toute confusion avec le vitrail de l'ONU à New-York (1964), et parce que le titre "L'Arbre de Vie" est en adéquation parfaite avec l'œuvre de Sarrebourg. L'Arbre de Vie est un thème présent depuis le début de l'Histoire dans toutes les Civilisations, en dehors ou dans le cadre des symboles religieux. Il est à la fois lié au chandelier à sept branches hébraïque, à l'Arbre de Vie de la Genèse (Gn 2:9) placé dans le Paradis avec l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, ou à l'Arbre de Jessé de la Généalogie de Jésus.
Mais j'aime ce vitrail parce qu'il peut simplement représenter la floraison de la Vie, née de la Terre et de la Mère et trouvant son épanouissement dans l'Amour, symbolisé par l'étreinte qui unit le couple central. Mille visages sont discernables dans les ballons rouges qui l'entourent.
Mon blog se nomme lavieb-aile, et cette image de la Vie belle et odorante comme un bouquet pourrait lui servir d'emblème.
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L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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La signature (coin inférieur droit).
Lorsque la municipalité de Sarrebourg décida de restaurer la chapelle des Cordeliers, le projet fut confié à Robert Renard, architecte en chef des Monuments historiques, et à Eugène Voltz, architecte des Bâtiments de France. Seul le chœur gothique fut restauré et l'ancienne caserne qui occupait la nef fut démolie. La baie qu'occupe actuellement le vitrail était fermée, et Robert Renard proposa de l'ouvrir et de faire appel à Marc Chagall pour y créer un vitrail. En 1959, l'architecte avait déjà demandé à Chagall de créer les maquettes des vitraux du déambulatoire nord de la cathédrale de Metz. Dès 1957, Marc Chagall venait régulièrement à Reims, où il travailla, en collaboration avec l'Atelier Jacques Simon, à la réalisation d'un certain nombre de projets importants en France et dans le monde (cathédrale de Metz, siège des Nations-Unies à New-York, église de Tudeley, chapelle Rockefeller à Pocantino Hill, etc.). Contacté, Marc Chagall accepta de créer un vitrail à Sarrebourg à condition que celui-ci soit réalisé par Charles Marcq dans l'atelier Simon de Reims (où fut également créer l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Reims).
Dans un courrier à Pierre Messmer, maire de Sarrebourg, Chagall exprime l'intention de traiter le thème de la Vie en lien dans son esprit avec celui du Paradis. En 1974, il exécuta une suite de six esquisses à l'aquarelle, à la gouache, à l'encre de Chine et au crayon, en utilisant des collages de papiers et de tissus. L'élément central est un bouquet éclatant qui jaillit sur le fond bleu et que viennent entourer d'autres scènes colorées, dont les figures seront ensuite dessinées avec précision à l'encre de Chine.
Mais Chagall ne colle pas seulement des morceaux de papiers gouachés (comme le faisait aussi Matisse pour le vitrail de la chapelle de Saint-Paul-de-Vence, mais aussi des morceaux de son œuvre picturale existante : ce vitrail est un puzzle de pièces qui appartiennent notamment, nous le verrons, au corpus des 105 gravures de Bible (préparée dès 1925 avec Ambroise Vollard et parue en 1956 chez Tériade).
En effet, Marc Chagall, né en 1887 dans la ville russe de Vitebsk dans une famille juive, scolarisé pour le primaire au heder (école juive), et dont le grand-père était chantre de la synagogue, a été imprégné par les textes du Tanakh : la Torah (Pentateuque), les Nev'im (Prophètes) et les Ketouvim (les Hagiographes). En 1906-1907 et jusqu'en 1909, il suit des cours d'art à Saint-Petersbourg où il a l'occasion de découvrir la peinture religieuse orthodoxe liée au Nouveau Testament. Il peint La Sainte Famille (1909), puis lorsqu'il est à Paris Adam et Ève (1911) et le Golgotha en 1910.
Mais ses découpages puisent aussi dans son œuvre profane, dans son bestiaire, dans ses peintures de couples.
Esquisse de 1974 : Nice, Musée national Marc Chagall : http://www.photo.rmn.fr/archive/00-015359-2C6NU0VU2K4U.html
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Charles Marcq et Robert Renard présentèrent officiellement la maquette définitive à Pierre Messmer le 18 avril 1974.
Esquisse, 1974 : http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PCD8OXUO8#/SearchResult&VBID=2CO5PCD8OXUO8&PN=1
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1976 : la maquette est divisée par le quadrillage en 9 panneaux, ce qui est également le cas du vitrail. Mais dans celui-ci, chaque rectangle délimité par les épaisses barlotières sont eux-mêmes divisés en 15 à 20 panneaux, avec une certaine irrégularité des lignes verticales.
http://www.revendeurs.rmngp.fr/fr/catalogue/produit/2608-la-chapelle-des-cordeliers-sarrebourg-la-paix-ou-arbre-de-vie.html?r=L2ZyL2NhdGFsb2d1ZS9yZWNoZXJjaGUvNT9hcj1tYXJjLWNoYWdhbGwtMTg4Ny0xOTg1Jm9yZGVyQnk9YWxwaGFfYXNj
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Le vitrail est signé Marc Chagall REIMS 1975 St Paul 1976. Reims mentionne le séjour de Chagall à l'atelier du maître-verrier Jacques Simon (1890-1974) et de sa fille Brigitte, l'épouse du verrier Charles Marq.
"St Paul" renvoie bien-sûr à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), où Marc et Vava Chagall habitèrent de 1966 à 1985 dans leur grande maison baptisée "La Colline", peignant d'innombrables paysages de Saint-Paul de Vence où des couples d'amoureux, nichés dans des ciels bleus toujours sereins, côtoient oiseaux et bouquets de fleurs, flottant au-dessus du village et de ses remparts. Cette omniprésence des bouquets et du couple d'amoureux, dans un contexte non religieux, peut nous aider à interpréter le vitrail.
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L'Arbre de Vie (1976) : signature de Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
Chagall peignant, photographie lavieb-aile d'une photo lors de l'exposition Chagall Landerneau juin 2016. .
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Lorsqu'on entre dans la chapelle, on est frappé par la monumentalité du vitrail dont la couleur bleue prédomine. On discerne immédiatement qu'un couple d'amoureux est peint au milieu de verdures et d'un foisonnement de taches multicolores évoquant des fleurs. Si on se rapproche, c'est la partie basse qui devient accessible au regard, et on aperçoit, comme adossée, une mère tenant un enfant. Ailleurs, levant les yeux, une foule de personnages, d'animaux, évoquent dans la mémoire le vocabulaire pictural de Chagall, mais quel est le fil conducteur de tout cela ?
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L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Pour m'y retrouver, j'ai divisé le vitrail en huit secteurs thématiques : l'Arbre au centre (2) lui-même divisible en deux registres ; la Terre (1) centrée par la Mère et son enfant. Puis, tournant autour du feuillage-bouquet de gauche à droite, des scènes évangéliques ou bibliques : l'Entrée de Jésus à Jérusalem (3), la Crucifixion (4), le Sermon des Béatitudes (5), et un regroupement d'objets évoquant le monde juif de l'enfance de Chagall (6) et les scènes évoquant Abraham et Isaïe (7 à 8). Ce schéma est aussi celui que je retrouve ensuite dans les descriptions suivant lesquelles "Autour du bouquet, les scènes représentées participent à l’élaboration du message universel de paix confrontant Ancien (Isaïe, la vision d’Isaïe, les tables de la Loi, la Ménorah, Abraham et les trois anges, David) et Nouveau Testament (la Crucifixion, l’entrée du Christ dans Jérusalem, le sermon sur la montagne). "
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L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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1. LA TERRE / LA MÉRE.
Dans une dominance de couleurs bleu-métal et vert (une seule petite pièce rouge), de formes triangulaires ou géométriques à sommets aigus (les seules formes rondes sont celles de la femme et de deux cerfs), la base du vitrail, qui sert d'implantation à l'arbre, contraste par sa froideur avec l'envolée de balles, de cerises ou de pétales du bouquet central. Les lignes qui se croisent forment ici peut-être des terrains cadastraux, là sûrement des édifices avec quelques clochers. Nous sommes loin de Gaïa, la Terre nourricière. Plus loin encore du jardin d'Éden, le paradis de la Genèse, arrosé par les quatre bras d'un fleuve généreux.
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1. La Terre/ La Mère, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Mais au centre de ce paysage horizontal, et peu discernable d'abord, à coté d'une maison, nous voyons une femme à la tête voilée (nimbée ?), tenant son enfant sur la hanche gauche. Les verres, bleus et blancs, sont cerclés par des plombs qui dessinent une courbe douce, en conque. La femme penche la tête vers la droite et légèrement vers le bas, et on ne sait si ses yeux noirs nous regardent, ou si elle est perdue dans ses pensées. L'enfant se résume à un cercle, trois ronds et la silhouette du nez.
Ce couple mère-enfant est adossé à deux lignes en V montant vers le haut qui dessinent le tronc de l'Arbre de Vie. Je pense immédiatement à l'Arbre de Jessé, où le tronc naît du corps du patriarche à l'origine des rois de Juda avant de donner sa dernière tige, la Vierge, et son rejeton, l'Emmanuel. C'est ici l'inverse, et si on voit ces deux figures comme la Vierge et Jésus, ce sont eux qui servent de point d'origine à l'Arbre. Ce qui n'est pas une incongruité théologique si Marie est présentée comme la nouvelle Éve. Mais est-ce l'idée de Chagall ?
La femme est peut-être, tout simplement, la propre mère de Chagall, qu'il se représente, dans les lointais bleutés de ses souvenirs et de ses émotions, le tenant dans ses bras pour nous dire : toute la floraison de ma vie a débuté là !
Ou bien, plus généralement, c'est la dualité Mère-Enfant qui est placée ainsi à la base de l'arbre existentiel, puisque tout amour humain s'y enracine.
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La Mère et l'Enfant au pied de l'Arbre, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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La Mère et l'Enfant au pied de l'Arbre, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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La Mère et l'Enfant au pied de l'Arbre, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Ce verre est soufflé de bulles oblongues qui tombent en pluie diagonale et créent un effet impressionnant, dans lequel je vois tantôt la marque de chagrins accumulés (la Mère devient une Mater Dolorosa), tantôt les rayures d'un vieux cliché dans un album de famille (c'est une vieille photo de grand-mère). Ou encore un verre de Murano sur laquelle une belle aurait laissé la trace de ses lèvres noires.
La Mère et l'Enfant au pied de l'Arbre, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Dans la partie droite, Chagall a peint des cerfs, des bois, des maisons pour évoquer le pays de Sarrebourg, comme l'avait souhaité Pierre Messmer. Mais c'est un pays très ancien, submergé par des eaux glauques . Ce cerf tire sa féerie des forêts de Chrétien de Troye. Entre deux mondes.
verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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II. L'ARBRE DE VIE / LE COUPLE.
Depuis le sol, l'Arbre s'élève, avec sa base verte et ligneuse, qui s'élargit brusquement en une floraison d'un rouge soutenu.
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2. L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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2. L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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2. L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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2. L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Au sommet partiel de ce bouquet, un être descend en volant, venant de la droite. Il pourrait s'agir d'un ange, si les hommes et femmes volant comme dans le conte de Peter Pan n'abondait pas dans la peinture de Chagall, toujours lié à la liberté que confère le sentiment amoureux, et l'art.
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2. L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
LE COUPLE.
Si on considère que l'Arbre est celui du Paradis, ce couple est celui d'Ève et d'Adam : Chagall n'est pas contre, et il l'a placé sous de vertes frondaisons d'un possible pommier, tandis qu'il a laissé courir à coté des formes serpentines.
Mais s'il s'agit de l'arbre de l'existence humaine (ou de celle de Marc Chagall), s'il a pris racine dans la relation duelle de la mère aimant son enfant, s'il s'est développé dans les vertes années enfantines, s'est brûlé aux rouges passions adolescentes, alors ce couple est celui de la relation amoureuse : c'est le couple stéréotypé des amants de Peynet (1908-1999) : c'est le couple éternel, Tristan et Iseult, Roméo et Juliette et Paul et Virginie.
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2. L'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Chagall peint Adam et Ève, mais aussi Lui et Bella, Lui et Virginia, Lui et Vava. Les amants nous regardent, elle de face, lui de trois-quart avec un œil malicieux, presque un clin d'œil de complicité.
Les amants de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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3. L'ENTRÉE DE JÉSUS A JÉRUSALEM
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3. L'Entrée à Jérusalem, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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3. L'Entrée à Jérusalem, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Il y a, en raison du fond bleu et des lumières orangées brillant comme des lampions, une ambiance de fête. C'est la fête des Rameaux où les habitants étendent des vêtements devant l'ânon que monte Jésus et agitent des palmes. C'est aussi la joie de toute belle journée, où les gens rient, sont heureux, dans une atmosphère paisible et bon-enfant, comme dans les souvenirs d'enfance de Chagall où l'on se rendait à la foire.
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3. L'Entrée à Jérusalem, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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3. L'Entrée à Jérusalem, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Une citation possible: L'Arc-en-ciel (1927), détail.
L'Arc-en-ciel (détail), 1927, photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall Landerneau juin 2016. .
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Le roi David.
David joue de la harpe, et anime de sa musique la scène, comme ailleurs les joueurs de violon et de clarinette.
Chagall reprend le David gravé puis peint pour Bible (1956).
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David jouant de la harpe, 3. L'Entrée à Jérusalem, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Cantique de l'arc (détail), in Bible, gravure 66 tome II, photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall Landerneau juin 2016. .
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4. LA CRUCIFIXION DU CHRIST.
C'est une "Crucifixion" (un soldat romain monté sur l'échelle clouant le poignet droit), mais quel est cet homme lisant un livre ? Bizarrement, la Vierge tient son Enfant et semble lui donner le sein. La scène n'a pas d'exactitude littérale, elle a celle du monde onirique de l'artiste. Là encore, Chagall cite des œuvres antérieures qui "expliquent" ces particularités.
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4. La Crucifixion, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Dans La Crucifixion en jaune de 1942, une femme allaitant son enfant figure aussi juste au pied du Christ. Elle fuit, avec sa chèvre, les persécutions et son village en feu. Le Christ porte sur le front son tefillin, dont les lanières s'enroulent sur le bras gauche : ce "serviteur souffrant " est donc ici manifestement juif et témoigne des souffrances subies par son peuple. Cela montre la complexité de la figure du Christ pour Chagall, et des scènes qui figurent sur le vitrail.
La Crucifixion en jaune (Huile sur lin, 1942, Centre Pompidou, Paris) photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall Landerneau juin 2016. .
4. La Crucifixion, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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En dessous, il semble s'agir de l'Assomption (ou d'une pâmoison ?) : la Vierge —ou du moins, une femme— est entourée de trois anges .
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4. La Crucifixion, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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4. La Crucifixion, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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5. JÉSUS PRÊCHANT A SES DISCIPLES.
On imagine volontiers, connaissant Chagall, que cette prédication est le Sermon des Béatitudes. D'autant plus logique dans une chapelle de Cordeliers, c'est à dire de moines franciscains
" Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les affligés, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi. " (Mt 5:3-11)
5. Jésus prêchant à ses disciples, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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6. SCÈNE BIBLIQUE (?).
Je vois ici : un "bœuf" ; un chandelier à trois branches rappelant la Menorah (à sept branches) ; les Tables de la Loi ; deux oiseaux ; un visage de jeune-fille coiffée d'une voilette .
Je ne sais pas comment réunir tout cela.
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6. Scène biblique ?, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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6. Scène biblique ?, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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6. Scène biblique ?, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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6. Scène biblique ?, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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7. LA VISION D'ISAÏE.
C'est encore plus difficile. Je vois un être barbu volant ou bénissant ; un diable ; un bélier ; un lion ; un serpent ; d'autres personnages et d'autres animaux cornus.
Il s'agit d'une référence à la Vision d'Isaïe dans Is 11:6 : "Le loup habitera avec l'agneau. Et la panthère couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau, et le bétail qu'on engraisse, seront ensemble. Et un petit enfant les conduira."
Donc une référence à la Paix. Mais oui, je vois le petit garçon qui les conduit !
Cette scène est reprise d'une part à l'eau-forte gravée pour Bible (1956), d'autre-part au vitrail de la Paix de 1963-64 ornant le bâtiment de l'O.N.U à New-York.
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7.Vision d'Isaïe , verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Esquisse préparatoire à l'encre de chine du vitrail La Paix, ONU, New-York 1963, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot
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La gravure sur cuivre pour l'édition de la Bible :
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Marc Chagall, Gravure à l'eau-forte pour Bible. Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall, Landerneau juin 2016.
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7. Vision d'Isaïe, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
7. Vision d'Isaïe. verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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7.Vision d'Isaïe , verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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8. ABRAHAM ET LES TROIS ANGES. L'HOSPITALITÉ FÉCONDE.
Un personnage tient ce que je crois d'abord être un livre devant un groupe de quelques anges. Il s'agit d'Abraham dans l'épisode du Chêne de Mamré (Genèse 18:1) : Abraham, dont la femme Sara est stérile, reçoit la visite de trois hommes et leur donne l'hospitalité. En retour, l'un d'eux annonce que, dans un an, Sara aura eu un fils. La vieille Sara pouffe de rire à cette possibilité hors de son âge, ce qui déplait à Yahwé (les hommes étaient en fait des anges).
L'identification de la scène n'a d'abord pas été aisée, mais elle est une auto-citation de gouaches sur papier (1931), de gravure sur cuivre et d'huiles sur toile (1940 et 1960) dans lesquelles la reconnaissance du récit biblique est claire. Trois temps sont représentés, celui où Abraham se prosterne devant les anges, celui où il les sert à table, et celui où il les accompagne vers Sodome. Mais ici, ne sommes-nous pas juste avant l'arrivée des anges, alors qu' Abraham lit pieusement, "assis à l'huis du tabernacle sur la chaleur du jour" ?
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8. Abraham et les trois anges, verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile.
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Une page de Bible, éditée par Tériade en 1956 et imprimée par les presses de l'Imprimerie Nationale en caractères Romain du Roi corps 32 (XVIIIe).
Abraham et les trois anges, texte de Bible : Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall, Landerneau juin 2016.
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Gravure de Chagall, eau-forte et pointe sêche, pour ce texte.
Chagall, Abraham et les trois anges, in Bible (1956) : Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall, Landerneau juin 2016.
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Abraham et les trois anges, Huile sur toile (1940-1950).
Il s'agit d'un temps postérieur à la scène d'accueil qui précède : Abraham sert les anges à sa table. J'ignore quel est l'objet que Abraham tient devant lui.
Abraham et les trois anges, 1940-1950, coll. particulière, photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall, Landerneau juin 2016.
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9. LA MUSIQUE DES COULEURS.
Ce bouquet de vie résulte surtout d'une attention portée à l'harmonie et au rythme des couleurs.
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verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile
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L'examen rapproché des fleurs du bouquet montre que celui-ci est fait de mille et un visages humains et animaux : l'Arbre de Vie est fait de cette matière relationnelle d'où émerge le couple fondamental.
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verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile
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verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile
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verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile
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verrière de l'Arbre de Vie (1976), Marc Chagall, chapelle des Cordeliers de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile
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Marc Chagall, Autoportrait au sourire (détail), 1924-25, , photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall Landerneau juin 2016. .
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SOURCES ET LIENS.
— "La symbolique du vitrail de Chagall à Sarrebourg"
http://fr.calameo.com/read/0020290463ba901c58e6a
— Marc Chagall sur le site kerdonis.fr :
http://kerdonis.fr/ZCHAGALL/page6.html
— Chagall et la Bible : dix fiches d'œuvres (Musée d'Histoire et du judaïsme)
http://www.mahj.org/fr/documents/pedago/Chagall-et-la-Bible-Dix-fiches-oeuvres.pdf