Le retable de l'autel de l'église Notre-Dame de Brennilis.
Sur la Vie de la Vierge, voir aussi :
- Le retable de la Vierge de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet
- La Tenture de la Vie de la Vierge de la Collégiale de Beaune ( 1500)
- Les vitraux de l'église Saint-Guénolé à Concarneau.
Sur l'église Notre-Dame de Brennilis, voir :
- La Baie 0 de l'église de Brennilis (vers 1500)
- La Baie n°1 : saint Christophe (vers 1498-1510)
- La Baie n°1 : sainte Anne portant la Vierge en son sein ; saint Fiacre. (vers 1498-1510)
- La baie n° 2 : saint Michel, le Christ et saint Jacques (1490-1495)
- Notre-Dame de Breac-Ellis. La niche sculptée de la Vierge à la Démone (v. 1575)
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Le maître-autel et le retable datent du XVI-XVIIème siècle. Le retable du maître-autel comprend sept panneaux en bas-relief consacrés (comme le vitrail qui l'éclaire) à la Vie de la Vierge: au centre l'Assomption ou couronnement de la Vierge et latéralement, l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, l'Annonce aux bergers , l'Adoration des Mages, la Présentation au Temple.
Ces bas-reliefs sont séparés par six statuettes couronnées de dais à découpures flamboyantes. On peut reconnaître saint Roch, saint Jean l'Evangéliste, saint Jacques le Majeur et saint Paul, apôtre ; un saint plus difficile à déterminer. ; et enfin saint Fiacre, volé.
Par rapport à la description princeps du chanoine Abgrall en 1904, l'ordre des panneaux a été modifié, et ne respecte plus aujourd'hui la chronologie de la Vie de la Vierge.
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Le retable du maître-autel est composé de panneaux anciens, ayant conservé leur peinture primitive.
L' Annonciation. Entre saint Roch et saint Jean.
: La Vierge, agenouillée sur un prie-Dieu, est toute troublée de la salutation de l'ange et se détourne pour lever vers celui-ci des yeux presque effrayés. Elle porte un manteau bleu doublé d'hermines. Un vase symbolise son utérus qui resta intact, et trois lys blancs sont les figures allégoriques de sa triple virginité. L'ange Gabriel apparaît dans une nuée ; d'une main il tient un sceptre et de l'autre une banderole très déliée qui fait plusieurs enroulements et sur laquelle on lit : Ave Maria Dominus tecom (sic). Dans un angle du haut, on voit le Saint-Esprit.
Saint Roch, qui est invoqué contre la peste et toute épidémie équivalente, est figuré en pèlerin de Compostelle avec son chapeau, son bourdon, sa besace, sa pèlerine. Il montre les plaies ou bubon de peste de sa jambe droite.
Saint Jean l'évangéliste (pieds nus comme tout apôtre ; blond ; sans barbe ; manteau rouge à revers vert) bénit de la main droite et tient le calice contenant le poison.
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Nativité.
Nativité : L'Enfant-Jésus est étendu sur un panier d'osier garni d'un peu de paille. La Vierge et saint Joseph (nimbé, coiffé d'un chaperon rejeté en arrière) sont agenouillés devant lui ; entre eux se trouve un petit ange en adoration. A l'arrière-plan, on voit le boeuf et l'âne s'alimentant à leur mangeoire. La crêche est traitée comme un bâtiment de briques rouges et de briques grises, à baies cintrées dans lequel l'abbé Abgrall reconnaissait les ruines de l'ancien palais de David. Notez la colonne centrale dans l'axe du Christ.
La statuette montre un pèlerin, identifié comme Saint Jacques le Majeur malgré l'absence d'autre attribut caractéristique que le bourdon. Le livre et les pieds nus le désignent comme un apôtre. Il tient un chapelet à treize grains.
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L'Adoration des Mages.
On retrouve la Vierge au manteau bleu doublé d'hermines ; assise, elle tient l'Enfant sur ses genoux, Joseph, tête découverte, debout derrière elle, tient, bizarrement, un livre. Melchior, le premier Mage, ayant déposé sa couronne, est agenouillé devant l'Enfant-Jésus et offre l'or. Gaspar qui offre l'encens est accompagné d'un page. Balthasar, tête noire, couronne en tête, présente la myrrhe.
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A droite les colonnes jumelles spiralées où s'enroule la pampre sont typiques des retables baroques bretons.
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Adoration des Mages, retable du maître-autel, église Notre-Dame de Brennilis, photographie lavieb-aile.
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L'Assomption et le Couronnement.
C'est le panneau qui sert de porte au tabernacle. La Vierge, debout sur un nuage, est entourée de cinq anges vêtus de longues robes, qui la touchent à peine, pour la faire monter au ciel. Les deux anges du haut déposent une couronne sur sa tête. Outre ces anges, on voit encore six ou sept têtes de chérubins.
A droite, deux autres colonnes spiralées bleu et or.
Assomption et Visitation, retable du maître-autel, église Notre-Dame de Brennilis, photographie lavieb-aile.
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Visitation.
La Vierge, la tête découverte et sans voile, entre chez sa cousine Elisabeth qui s'agenouille devant elle. Derrière celle-ci s'avance Zacharie, dont la tête est coiffée d'un capuchon pointu : frappé de mutité, il sera guéri lorsqu'il aura pu écrire le nom de l'enfant que porte Elisabeth : "Jean".
La statuette de droite est celle d'un apôtre (pieds nus ; un livre). Son épée l'identifie comme saint Paul.
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L'Annonce faite aux bergers.
L'Ange apparaît aux bergers : L'ange est debout au milieu d'un nuage ; il tient une banderole portant ces mots : Gloria in excelsis Deo. Autour de lui, pour indiquer la troupe angélique, on a placé des têtes de chérubins. Un berger tenant une cornemuse fait un geste d'étonnement. Un autre, assis, montre le ciel. Le troisième tient une houlette et écarte les bras. Ces gestes et ces accessoires sont bien codifiés dans l'iconographie (cf. Grandes Heures d'Anne de Bretagne).
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La statuette est celle d'un apôtre tenant une hampe : saint Philippe ?
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Présentation au Temple et Rencontre de Siméon.
L'abbé Abgrall, puis René Couffon, y voyaient à tort une Circoncision, mais il s'agit de la Purification de la Vierge, avec l'offrande du couple de tourterelles (dans le panier posé sur l'autel), et de la Présentation de l'Enfant au Temple. Le prêtre sacrificateur tient l'Enfant-Jésus par le biais d'un linge. Les deux personnages que Jean-Marie Abgrall décrit, par une singulière méconnaissance du texte évangélique (Luc 2:28-38) et de l'iconographie, comme assesseurs du prêtre, (" semblant être des lévites") sont bien-sûr le vieux Siméon qui, ayant été averti par l'Esprit Saint, s'est rendu au Temple et y reconnaît en l'enfant le Sauveur dont il attend la venue ; et la prophétesse Anne, fille de Phanuel. Siméon lève la main et va prononcer son fameux cantique Nunc Dimittis "Maintenant laisse partir (ton serviteur)".
Comme quoi il faut même se méfier des meilleurs auteurs (je parle d'Abgrall).
Statuette de droite : volée !
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Présentation au Temple, retable du maître-autel, église Notre-Dame de Brennilis, photographie lavieb-aile.
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Un meuble placé à droite de l'autel.
Il est typiquement Renaissance, avec ses personnages en buste sortant des médaillons au dessus de rinceaux, de candélabres, d'oiseaux et d'enfants nus.
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SOURCES ET LIENS.
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Sur l'église de Brennilis :
— Site Infobretagne contenant les texte des chanoines Peyron et Abgrall :
http://www.infobretagne.com/brennilis.htm
— Inventaire descriptif de l'église de Brennilis fait pendant l'été 1983. Tapuscrit conservé à la bibliothèque du diocèse de Quimper.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/71e51d7ff370034408d2b2e0ebdb6061.pdf
— ABGRALL, (Jean-Marie) 1904 Notice sur Brennilis, Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie BDHA 1904 page 95-101 :
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/af488ed0b5ac10edd2fb9441496254a9.pdf
— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, Architecture bretonne, Ar. de Kerangal, Quimper pages 283-284.
https://archive.org/stream/architecturebre00abgrgoog#page/n317/mode/2up/search/brennilis
— COMBOT (recteur de Brennilis), 1856, Note sur l'église de Brennilis, cité dans BDHA 1904.
— COUFFON , Le Bars, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8f6bfc6f028b1a3a6cf67e7cd7c3578f.pdf
—PEYRON, 1910, Eglises et chapelles, Bulletin Société archéologique du Finistère t. XXXVII pp. 293-294.