Les calvaires de Dirinon III : la croix de Kermélénec (1568).
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Voir la série sur Dirinon :
L'enclos paroissial de Dirinon I : les crossettes, les inscriptions et sculptures extérieures.
L'enclos paroissial de Dirinon III. la Poutre de Gloire (1623).
L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623), les blochets et poinçons.
L'enclos paroissial de Dirinon VI : le gisant de sainte Nonne (vers 1450-1468) et son reliquaire.
Le culte de sainte Nonne à Dirinon I : la fontaine Sainte-Nonne et les trois pierres de Sainte Nonne.
Le culte de sainte Nonne à Dirinon II : la chapelle Saint-Divy.
Le culte de sainte Nonne à Dirinon III : la fontaine Saint-Divy ou Feunteun sant Divi (XVIe siècle)
Les croix et calvaires de Dirinon :
Les calvaires de Dirinon . I. Le calvaire du bourg (XVe siècle).
Les calvaires de Dirinon . III. La croix de Kermélénec (1568).
Les calvaires de Dirinon IV : la croix de Kerniouarn / Kerpierre (XVe siècle).
Les calvaires de Dirinon V : La Grange, échangeur de la Voie express.(XVe siècle).
Les calvaires de Dirinon VI : la croix de Coménec ou Croas-Guénolé (vers 1610)
Les calvaires de Dirinon VII : La croix de Ty-Croas (XVIe siècle).
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Situation.
La croix dite de Kermélénec se situe à 2,5 km au nord du bourg, sur la route qui descend vers le Moulin du Roual, juste après avoir franchi la voie ferré du TER Quimper-Landerneau, à 80 m d'altitude..
Lesquivithttp://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.264217&y=48.411925&z=15&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&mode=doubleMap
La carte de Cassini la place sur la route Landerneau-Dirinon-Lannuzel-[Loperhet]-Daoulas, correspondant peut-être à une ancienne voie (voir site Voies romaines) .
Le hameau de Kermélénec (5 bâtiments), dans le vallon du ruisseau du Roual, se situe un peu plus au nord.
Toponymie :
– Keramelen : carte de Cassini (v. 1780) à proximité de "Le Millen".
– Keramelenec : Carte d'Etat-Major 1820-1866
– Keramelenec : Scan50 historique de 1950
– Kermélénec : carte IGN
Le toponyme associant Ker, "lieu habité" au patronyme Mélénec, pourrait se traduire par "Lieu habité par Mélénec", ou "exploitation rurale de Mélénec". Les noms en Ker- ont fleuri au Xe siècle. Mais le nom Mélénec renvoie au breton melen "jaune", et on consultera avec profit le site grandterrier.net qui propose pour le toponyme Mélénec : "Lieu planté de fleurs jaunes, ou du dénommé Meleneg, "le blondin". "Melenec" est aussi le nom breton d'un passereau appelé "Verdier" en français, et on peut privilégier cette explication reliant les nom de lieux avec l'environnement naturel.
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La croix est décrite dans l'Atlas des Croix et Calvaires du Finistère sous le n° 427 comme un édifice de kersanton de 5 m de haut, à trois degrés d'emmarchement recevant un socle cubique. Le fût est cylindrique, couronné par un nœud où se remarquent un blason et une inscription aiguisant la curiosité. Puis vient la croix à fleuron, avec le crucifix vers l'ouest et la Vierge à l'Enfant sur sa face est.
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Le Christ possède des caractéristiques qui pourraient faire évoquer à un néophyte comme moi, qui vient d'étudier la croix de Croix Rouge, l'atelier de Roland Doré : la couronne d'épines en double brin torsadé, la tête inclinée à droite, les yeux fermés, les cheveux longs, la barbe en pointe, les mains et pieds cloués par des gros clous pyramidaux, le pagne ordonné en plis précis et noué à gauche. Mais il manque le pan de pagne glissé sous l'étoffe et ressortant à droite. Surtout, il est très antérieur à la période d'activité de ce sculpteur, alors que sa date le place dans celle de Bastien et Henry Prigent (1527-1577), de Landerneau. Pourtant, Emmanuelle Le Seac'h, qui a dressé le catalogue raisonné de ces sculpteurs, n'y inclut pas cette croix.
Quelles sont les caractéristiques des Prigent ?
"des pagnes volants, des mèches de cheveux décollées aux épaules, des barbes étagées". Bof.
"Des torses aux côtes horizontales". Ah, oui.
Sur la croix Prigent datée de 1556 de Kerabri en Lothey, le Crucifié a "les yeux clos et la bouche entrouverte". Oui, c'est bon.
"Le nombril en forme de bouton". Ah, ça, c'est vraiment le cas!
"Le pagne est noué sur le coté par une grande boucle."
Mais tout cela ne remplace pas le coup d'œil et l'avis de l'expert. A Kermélénec, la croix n'est pas attribuée à un atelier.
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La face orientale : la Vierge à l'Enfant.
Elle porte une couronne à fleuron. Elle présente une pomme à son Fils, qui tient également une sphère, correspondant à un globe du Monde.
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Le blason.
Le blason, présenté par deux anges, ne porte qu'un seul meuble : un calice. C'est donc celui d'un prêtre, qui n'y a pas ajouté ses initiales, comme sur la statue de saint Fiacre de la chapelle de Saint-Divy. Non par modestie, mais parce qu'il a fait graver une inscription qui comporte son nom.
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L'inscription et le chronogramme.
Elle est écrite en lettres minuscule gothique, sur une ligne d'abord, puis sur deux lignes en lettres plus petites ; elle a été décryptée par Annie Le Men (1990) (je modifie sa lecture en lisant fayt et non fait. J'éprouve des difficultés à reconnaître "cette croix". Je donne ensuite ma transcription) :
M P BODENES / CETTE CROIX /
A FAYT FAIRE / 1568
"M[essire] Pre [tre] Bodenes a fait faire cette croix [en] 1568.
On peut comprendre aussi : Messire Pierre Bodenes.
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Inscription "M[essire] P. Bodenes". Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Inscription "fayt faire cette croix 1568". Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.
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— LE MEN (Annie), 1990, "Armorial de la commune de Dirinon" Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. CXIX, pages 207 à 224.
— CASTEL (Yves-Pascal), "Dirinon", Atlas des croix et calvaires du Finistère.
http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/dirinon/dirinon.html
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