Le calvaire et la fontaine de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault.
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— Sur Dinéault, voir :
- L'église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault (29). I. Les bannières.
- L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault. II. Quelques images de la messe de la Chasse.
- Le vitrail de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault (29) au Musée Départemental Breton de Quimper. Vers 1530.
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Situation et toponymie:
Voir Vitrail de la chapelle Saint-Exupère. La chapelle est nichée près du lieu-dit et de la ferme de Loguisper, sur l'une des pentes des bois de Rosarnou, dont le manoir a totalement disparu. Elle domine le vallon conduisant au Moulin de Rosarnou, dans l'une des dernières boucles de l'Aulne. Le calvaire occupe le centre d'un placître planté d'arbres en périphérie, devant l'angle sud-ouest de la chapelle.
Historique.
"Les dégâts de l’érosion entre le fût et le croisillon ne sont pas les mêmes. Ce calvaire a subi plusieurs restaurations dont une connue en 1860, où un bras était brisé. Il a été réparé par Exupère Nédelec pour 3 francs. Il est possible que cette réparation se soit traduite par un remplacement pur et simple des bras. Les restes des anciens bras brisés ont été découverts en 1996, lors des travaux de mise en valeur de la chapelle. Ces vestiges sont en tous points semblables à notre calvaire et portent les armoiries des Kersauson, seigneur de Rosarnou d’une part et de l’autre la date de 1590. Il est étonnant que ces blasons n’aient pas été dégradés malgré les édits de la Révolution de 1789." (Philippe Bittel)
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Vue générale par l'ouest de la vallée de l'Aulne et du bois de Rosarnou, fief des seigneurs de Rosarnou.
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Descente vers la chapelle.
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Description.
Ce calvaire est décrit en style télégraphique dans l'Atlas des croix et calvaires du Finistère sous le n° Dinéault 412 avec deux dessins de Y-P. Castel et 5 photos de G. Lemoigne.
Cette description peut être reprise ainsi :
412. Le calvaire de Loguispar, Saint-Exupère mesure 4,50 mètres de haut et date du XVIe siècle. Trois degrés en granite (avec moulure sur le premier degré) reçoivent le socle, qui supporte lui-même le fût de kersanton. Le croisillon porte les statues géminées en kersanton de la Vierge et François d'Assise et de Saint-Yves et saint Jean. Au centre, le crucifix au dessus de la sainte Face et des anges au calice coté ouest, et saint Exupère au dessus d'un écu coté est. . Les fleurons du crucifix sont godronnés.
Je développerai cette description au fil de mes images, en faisant mon miel du texte rédigé par Philippe Bittel, maire de Dinéault, pour le compte du site de sa commune. .
Le calvaire est orienté selon la règle qui place le Christ mort sur la croix face au couchant.
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I. LE COTÉ OCCIDENTAL. LE CRUCIFIX, LA VIERGE ET SAINT-YVES.
Le visiteur découvre le massif de l'emmarchement, le socle au bord supérieur biseauté, mais son regard est arrêté en premier lieu par le personnage sculpté en bas relief sur le fût de kersanton à section carrée.
Saint Marc évangéliste.
Ce personnage barbu, la tête coiffée d'un bandeau à escarboucle et les épaules recouvertes d'un scapulaire au dessus d'une chape, tenant un livre et un phylactère, est l'évangéliste saint Marc, comme l'indique son attribut, le lion qui avance sa patte en partie basse. Comme tout rédacteur d'évangile, il porte à la ceinture son écritoire (plumier et encrier). Une telle sculpture en bas-relief sur le fût s'observe aussi à l'église d'Argol (Atlas n°1, 1593) , où elle représente saint Pierre. De même, le fût du calvaire de Kerluan à Châteaulin (Atlas n°216) porte un saint Sébastien sur une face et saint Roch de l'autre. A Lopérec, le fût de la croix de Kergonan, Croas-Nevez (Atlas n°1244) de 1580 porte un saint Sébastien.
Saint Marc était-il honoré particulièrement à Dinéault ? L'église renferme aussi une statue en bois du saint datant du XVIIe siècle.
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Saint Marc évangéliste, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Saint Marc évangéliste, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le croisillon et le crucifix (kersanton). Vue générale.
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Le croisillon et le crucifix (kersanton). Vue générale, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le Christ mort sur la croix.
Il porte, sur des cheveux longs, une couronne d'épines à deux brins tressés. Sa tête est inclinée vers la droite et en avant ; le nez est fort, les lèvres charnues, la barbe courte, la moustache traitée comme deux épaisses virgules. La musculature antérieure du cou est saillante. Les côtes du thorax sont bien soulignées, le nombril peu visible ; le pagne est noué au centre, avec un pan sortant sur sa droite. Les clous ont des têtes prismatiques. Les pieds sont en rotation interne.
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Le Christ sur la croix, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le Christ sur la croix, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le Christ sur la croix, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le Christ sur la croix, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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L'ange tenant le titulus.
Un ange descend du ciel, tête en bas, ailes de part et d'autre du corps vêtu d'une robe, pour présenter le titulus où se déchiffrent les lettres INRI. L'érosion l'a transformé en un petit être cocasse.
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Ange présentant le titulus INRI, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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La Vierge.
Elle porte en signe de deuil la guimpe et un voile qui se prolonge en manteau dont le pan droit est croisé. Le visage, peu expressif ou témoignant d'une affliction maîtrisée, est caractérisé par de grands yeux en amande aux sourcils dessinés par deux traits parallèles.
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Saint Yves.
Par une erreur déjà ancienne lors du remontage, et qui n'a pas été corrigée lors de la restauration récente, la statue géminée de saint Jean d'un coté et de saint Yves de l'autre a été tournée de telle façon que ce n'est pas saint Jean, dont c'est la place, que nous trouvons ici à gauche du Christ et aux cotés de la Vierge, mais saint Yves, patron des avocats mais surtout protecteur des pauvres face à la justice.
Son culte à Dinéault est attesté par la statue en kersanton présente sur le calvaire de l'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault. Devant le socle, saint Yves y est représenté en robe, épitoge, camail à capuchon, tête nue, sac à procès au bras gauche. Il est attesté aussi par un triptyque du XVIIe siècle de la même église, représentant Saint Yves entre le Riche et le Pauvre .
Dans la configuration primitive, il devait figurer sur la face orientale,où il côtoyait saint François :
"Yves est souvent associé à François d’Assise : calvaires de Dinéault, Loguispar (Atlas n° 412), du Drennec (Atlas n° 448), de Plougastel-Daoulas, Tinduff, 1639 (Atlas n° 1920), de Plouhinec (Atlas n° 2130), de Saint-Thégonnec, Bodéniry et Croas-Calafrès (1632) par Roland Doré (Atlas n° 2823).
L’iconographie associe aussi, comme on l’a déjà fait remarquer plus d’une fois, Yves et François. L’origine de l’affinité s’explique par le fait qu’au cours de ses études parisiennes, le jeune Kermartin avait suivi au couvent des Franciscains les leçons de théologie des maîtres de l’ordre. Séduit par leur idéal de pauvreté, Yves avait continué à Rennes les rapports initiés à Paris. Ajoutons que les frères mineurs, voués au culte de la Croix, ont participé, sans doute plus que d’autres, à l’érection des monuments en l’honneur du signe chrétien par excellence. On l’a vu sur les croix et les calvaires, l’alliance Yves/François est un thème non négligeable. On le constate aussi dans les statues placées de part et d’autre du fronton de la porte monumentale à l’enclos de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. L’association se retrouve dans des porches. Si à la porte intérieure de Landivisiau (1554) saint Yves est seul en bas à gauche, la porte intérieure de Bodilis, datée 1570, montre François au-dessus de lui. À Saint-Houardon de Landerneau la liaison, moins stricte, est réelle : Yves, en bas à gauche, François de l’autre côté au quatrième rang…" Yves-Pascal Castel (2004)
Yves Hélori, du manoir de Kermartin en Minihy-Tréguier, canonisé en 1347, est le protecteur de la Bretagne depuis Charles de Blois et plus encore depuis son vainqueur le duc Jean V (1389-1442).
La statue.
On remarque vite les grands yeux en amande ourlés d'un trait double, déjà noté sur le visage de la Vierge et qui est donc une caractéristique stylistique du tailleur sur pierre. Il porte une barrette, ou le petit bonnet plat des clercs, sous le capuchon d'un chaperon. Sous ce dernier, un surcot à manches évasées recouvre la longue robe, qui ne laisse voir que le bout des "estiviers" ou chaussures légères en cuir. Cette tenue est la même qui apparaît dans une gravure des Croniques d'Alain Bouchard, édité en 1514.
Le saint tient dans la main deux objets : un "sac à,procès" à droite, et un rouleau de parchemin à gauche, l'une des pièces du procès tirée du sac. Le sac à procès est un sac de jute, de chanvre ou de cuir contenant toutes les pièces du procès.
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Saint Yves, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Saint Yves, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Saint Yves, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Les deux anges recueillant le Précieux Sang dans un calice.
Sous les pieds du Christ, deux anges tiennent un calice.
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Deux anges tenant un calice au pied de la croix. calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Voile de la Sainte Face.
Difficile à photographier ou à observer en raison du brouillage ou camouflage induit par les lichens. Certaines heures conviendraient mieux, lorsque la lumière est frisante. Le voile de la vera icona de Véronique porte l'image du visage du Christ, barbu et portant la couronne d'épines.
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La Sainte Face, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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LA FACE ORIENTALE : SAINT EXUPÈRE, SAINT JEAN ET SAINT FRANÇOIS.
Sur les culots du croisillon en arc se tiennent saint François d'Assise à droite et saint Jean à gauche, encadrant le patron de la chapelle.
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Face orientale du calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Face orientale du calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Face orientale du calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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1. Saint Exupère en évêque.
Voir en annexe : les autres statues de saint Exupère.
Ce saint est l'avatar de Sant Dispar, saint venu établir son ermitage au bord de l'Aulne, comme l'atteste le toponyme loguisper, "le lieu –l'ermitage– d'Isper" reprenant le suffixe loc commun au XIIe siècle.
"En vieux-breton, loc, qu'il ne faut pas confondre avec loch, "étang, marais", du sens banal de "lieu" acquiert une spécificité religieuse qui en fait, à partir du Xe-XIe siècle, le successeur du mot lann "lieu consacré" et plus précisément, "monastère". (Bernard Tanguy, in Locronan et sa région, 1979).
Il s'apparente au latin locum, "lieu". "Le breton lok a pour correspondants gallois loc, log et l'irlandais locc, log. Outre le sens de "lieu", le mot a eu, en irlandais moyen, comme d'ailleurs en latin dans les inscriptions de l'époque chrétienne, l'acceptation de "tombeau, sépulture". En gallois moyen, loc a aussi celle de "monastère, lieu saint". Larguillière considérait les toponymes en Lok- comme une formation propre à la Bretagne et qui n'était pas antérieure au XIe siècle. Ils sont exceptionnelles en Haute-Bretagne. Les saints éponymes des noms en lok- ne font pas l'objet d'un culte ancien. Le mot est absent des chartes avant le XIe siècle. Enfin, dans le Porzay, outre Locronan, 5 toponymes en lok- correspondent à des saints éponymes dont on ignore tout.
"L'évangélisation de la péninsule armoricaine antérieurement à l'émigration bretonne semble bien n'avoir été que partielle[...] et pourrait bien n'avoir marquée que les régions directement soumises à l'influence ligérienne. Il n'est pas douteux que, dans la partie occidentale, elle est imputable à l'action des moines bretons insulaires. Mais après avoir connu une période d'apogée vers le VI-VIIe siècle, qui se traduit notamment dans la toponymie par un semis de noms en plou- et en lan-, la situation religieuse de la péninsule a vu, avec les invasions normandes des IXe et Xe siècles, une profonde régression. La floraison des toponymes en Lok- témoignera de son renouveau, un renouveau qui s'épanouira dans les siècles à venir et dont l'architecture religieuse sera l'un des plus brillants et des plus éloquents témoignages." (Bernard Tanguy, in Locronan et sa région, 1979))
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On peut penser qu'un jour, le recteur de Dinéault, face à ce saint Isper ou Ispar (du celte isper, "race du seigneur") rapproché du breton Dispar "sans pareil", qu'il ne pouvait décemment pas célébrer parce qu'il ne figurait pas dans la liste des saints de l'Église catholique romaine, y a substitué le saint dont le nom lui semblait le plus proche, saint Spire, ou saint Exupère, évêque de Toulouse, et a fixé ensuite le pardon à la date de la Saint-Exupère.
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Quoiqu'il en soit, sa statue est celle d'un saint évêque, avec mitre, pluvial fermé par un mors de chape rond, chasuble à col ample, aube, sandales, crosse (brisée au dessus du nœud), mais ni gants ni anneau. La main droite, qui bénissait, est brisée.
La mitre est simple (elle n'est ornée ni de broderies, ni de perles ni de pierreries, mais d'une fine bande circulaire), elle a une forme losangique proche de celle du "bonnet d'évêque", avant de s'arrondir et de s'achever par une sorte de pompon. Elle est munie de ses fanons qui recouvrent le coté de la tête.
Le visage est caractéristique du style de l'artiste, avec ses yeux en amande, ses joues rondes, son menton court, paraissant rétrognathe par l'avancée de la lèvre supérieure qui fait (seule) la moue.
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Saint Exupère, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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Saint Exupère, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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2. Saint François d'Assise présentant ses stigmates.
Il est vite identifié par sa façon de présenter les paumes de ses mains qui portent les stigmates de la crucifixion de Celui dont il est le disciple. Le froc de bure et la cordelière à trois nœuds lèveraient un doute éventuel. Le saint porte aussi sur la tête le capuchon qui retombe sur ses épaules.
Les caractéristiques du visage sont les mêmes que celles de saint Exupère.
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Saint François, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
Saint François, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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3°) Saint Jean l'évangéliste.
Puisque la statue géminée a été inversée de sens, le saint, qui devait lever la main et les yeux vers le Christ en croix, est désormais tourné vers la place vide. A sa place originelle, il devait contraster avec la passivité de la Vierge par le dynamisme de sa gestuelle, par le pied droit placé en avant avec le genou légèrement fléchi. La main droite tient un pan de la robe.
Noter l'écritoire suspendu à la ceinture.
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Saint Jean l'évangéliste, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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Saint Jean l'évangéliste, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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Discussion stylistique.
Si nous retenons la date de 1590, ce calvaire correspond, dans le catalogue des ateliers des sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne établi par Emmanuel le Seac'h (2014), à une période un peu postérieure à l'activité des frères Prigent (1527-1577), pourtant auteurs (Bastien) des statues de la Vierge, de Sébastien, d'un évêque, de la Pietà, de Madeleine, Jean et Pierre, de la Sainte Face et de saint François sur le calvaire de l'église de Dinéault, mais aussi de la sainte Marguerite et du saint Antoine de l'église. Nous ne pouvons retenir non plus, en raison de la période d'activité, le sculpteur Fayet, au style indiscernable des Prigent, et qui a signé le calvaire de Lopérec réalisé en 1552, et le haut de celui de Laz, daté de 1563.
En outre, le style du "maître du calvaire de Dinéault" (!, en attendant mieux) est très différent de celui des Prigent.
Il me semble aussi que la qualité de la pierre de kersanton n'est pas aussi belle à Saint-Exupère qu'à l'église (mais il faudrait l'avis de Louis Chauris).
Toujours sur le seul critère des dates, nous pouvons envisager le Maître de Plougastel (1570-1621) ou son Valet, ou quantité de petits maîtres contemporains attestés par leur signature, et enfin exclure Roland Doré(1618-1663), qui a participé également au calvaire de l'église (Crucifix et Christ aux liens).
Impossible d'être plus précis.
On remarquera néanmoins de nombreux points communs avec le calvaire de l'église de Dinéault :
- Beaucoup de personnages communs : outre le Christ, la Vierge et saint Jean (à la posture très différente), présence de saint François et de saint Exupère (ou du moins d'un saint évêque qui ne peut être que lui),
- Deux anges recueillant le sang dans un calice
- Le voile de la Sainte Face.
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L'écu aux armes de Kersauson.
Le nœud de la croix porte un écu au décor divisé en deux parties.
A gauche (en 1), il est facile de reconnaître le fermail des armoiries de Kersauson de gueules au fermail d'argent, l'ardillon posé en fasce. A droite (en 2), au moins trois barres horizontales (les fasces) peuvent correspondre à de multiples armoiries à trois fasces.
En l'année 1590, Tanguy de Kersauson, époux de Barbe le Sénéchal puis de Claude Le Ny, était décédé depuis peu : son fils Jean (décédé en 1655) inaugurait, dans la famille de Kersauson, la "branche du Rosarnou". Il n'épousa Marie Touronce qu'en 1621.
L'écu ne peut être ni blasonné, ni interprété entièrement.
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Écu aux armes de Kersauson, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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Écu aux armes de Kersauson, calvaire de la chapelle Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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LA FONTAINE SAINT-EXUPÈRE.
Je reprends les explications données par le site de la commune : "La fontaine de dévotion, assortie du lavoir qui n’est plus utile de nos jours se trouvait vers le sud de la chapelle au milieu d’une prairie fort humide. Ce lieu peu hospitalier pendant les périodes pluvieuses et l’état de délabrement dû à la végétation ont conduit les membres de l’association des amis de la chapelle à procéder à son déménagement en contrebas et à l’est de la chapelle en 1996. Cette opération a été précédée par l’envoi à l’église du bourg de la statue de Saint Exupère qui trônait dans cette construction au toit en bâtière façon XVIe siècle." (voir cette statue en bois en Annexe)
Le cadastre montre l'emplacement de la fontaine en 1848 :
— Cadastre napoléonien : 3P47/2/21 Section B2 de Rozarnou 1848.
http://mnesys-portail.archives-finistere.fr/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_cg29%2Fdatas%2Fir%2Fserie_p%2Fserie_3p%2FFRAD029_00000003P%2Exml&page_ref=72633&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu=
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On peut reconnaître à nouveau le fermail de Kersauson et son "ardillon". C'est peut-être l'occasion de dire un mot sur ce meuble héraldique, car nous pouvons remarquer qu'ici, l'ardillon n'est pas en fasce (horizontal), mais en pal (dirigé vers le haut). La pierre a-t-elle été reposée en modifiant son axe initial ?
"Le fermail dans l'écu est posé ordinairement en fasce, la pointe de l'ardillon à dextre ; s'il se trouve perpendiculairement, on le dit en pal."
Le fermail est une pièce d'orfèvrerie ou d'archéologie qui servait à fermer un vêtement ou un livre. Les synonymes en sont agrafe, attache, ou fermoir. "Ce vieux mot désigne les boucles des ceinturons, baudriers, harnais, les agrafes, crochets, boucles garnies de leurs ardillons, et autres fermoirs de ce genre, dont on s'est servi anciennement pour fermer des livres et dont l'usage a été transporté aux manteaux, aux chapes, aux baudriers ou ceintures pour les attacher. On les a aussi nommés fermalets ou fermaillets, et ils faisaient alors une espèce de parure, tant pour les hommes que pour les femmes."
En héraldique, le terme désigne un meuble représentant une boucle avec son "ardillon" (terme diminutif de hart, "lien" qui a désigné une « corde pour attacher les bêtes à l'écurie » et dès avant 1265 une « pointe servant à arrêter une boucle »).
Que ce soit ici (date ?) ou sur le calvaire (1590), ou sur le vitrail (vers 1530), le fermail est toujours un demi-fermail puisque les armoiries sont toujours associées à d'autres (en partition).
Liens :
http://artefacts.mom.fr/fr/result.php?id=FER-7004&find=FER-&pagenum=2&affmode=list
http://www.blason-armoiries.org/heraldique/f/fermail-fermaux.htm
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Mais ici, ce fermail des Kersauson et associé en haut à deux petites drapeaux dans lesquels je propose de reconnaître des "haches d'armes" certes rudimentaires, mais qui me rappellent celle du premier vair du vitrail de la chapelle.
En dessous, nous avons trois formes en cloches, qui ne correspondent pas à la fourrure héraldique du "vair" (car elles ne sont pas tête bêche avec des "pots" ).
Ici comme ailleurs, cette énigme attends les avis éclairés.
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Écu aux armes de Kersauson, fontaine Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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L'arrière de la fontaine.
Elle porte en lettres capitales romaines l'inscription en réserve suivante:
HENRI : IA[N]
1670 GF:
Soit : "[fait par ] Jean Henri 1670 Gouverneur de la Fabrique."
Dans la liste des personnes nées à Dinéault, on trouve :
- André HENRY (° ca 1662, + avant le 4 février 1751)
- Jean HENRY (° ca 1629, + le 30 avril 1709)
- Roland HENRY (° ca 1639, + le 2 mars 1709)
- Suzanne HENRY (° ca 1631, + le 11 mars 1703)
Voir aussi la généalogie Le Quéau qui mentionne le couple Catherine Le Quéau ca 1625 & Jean Henry 1628
Il s'agit sans doute du même individu qui a fait inscrire son nom sur la sablière de la chapelle, où l'on pouvait lire, avant sa reconstruction, le texte suivant au dessus de l'autel nord :
: M : IAN : HENRI : M : I : LE : CARO : QVRE : T : IACQ : FABRICQ : 1648 : M : F : LE : GVILLOV : P.
M. Jean Henri ; M. I. le Caro Curé ; T. Jacq, Fabrique 1648 ; M. F[rançois] Le Guillou P[rocureur ?].
On doit cependant noter qu'Abgrall indique parmi les vicaires ou curés de Dinéault l'indication : "Henry : 1653".
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Puisque cette inscription date de 1670, on peut signaler encore un autre détail : en 1674, selon la "liste des personnes nées à Dinéault", une cloche est baptisée Gabriel, son parrain étant (Gabriel) de Kersauson et la marraine -- de Tregoazec, la famille de Tregoazec étant une famille noble de Dinéault dont les armoiries étaient d'argent à la croix pattée de gueules. Il s'agit sans doute de la première cloche de l'église paroissiale, puisque selon Abgrall page 35, la seconde, bénite par le recteur Keraudren, fut baptisée François-Sébastien, en 1698, sous le parrainage de (Sébastien) de Penfentenyo, qualifié de "seigneur de Mesgral, Rosarno, La Haye".
Or ce Sébastien de Penfentenyo a épousé en 1686 Renée-Françoise de Kersauson (1662-1721), fille de Gabriel de Kersauson. A-t-il obtenu le titre de "seigneur de Rosarno" (Rosarnou) après le décès de Jean-Gabriel de Kersauson en 1695 ? Son fils Jean-Baptiste de Penfentenyo porte le suffixe "De Rozarnou".
Les Penfentenyo portent burelé de gueules et d'argent de dix pièces. Un rapport avec les fasces de l'écu du calvaire ?
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Inscription à l'arrière de la fontaine Saint-Exupère à Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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ANNEXE I : LES AUTRES STATUES DE SAINT EXUPÈRE.
1°) La statue en bois provenant de la fontaine. 1410-1420.
Hauteur 0,95 m. Le saint-évêque porte la mitre, tient sa crosse, et bénit de la main droite. Il est vêtu de la dalmatique. La tête a été reconstituée récemment.
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Saint Exupère, bois, XVe, église Sainte-Marie-Madeleine, Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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Statue de saint-évêque ou de saint-abbé exposée devant la Bibliothèque (ancien presbytère), considérée comme Saint Guénolé (Abgrall, 1907). Datant du XVIIe siècle, elle est classée depuis le 23 octobre 1987.
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Statue de saint Guénolé exposée devant la Bibliothèque, Dinéault. Photographie lavieb-aile, février 2017.
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POUR CONCLURE par un pas de coté.
ECCE HOMO exposé sur le placître devant la chapelle.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), 1907, Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, "[Notices sur les paroisses] Dinéault",Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 7e année, 1907, p. 171-187.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/dinault.pdf
— "Super User" (pour Philippe BITTEL ?),s.d, La chapelle Sant-Dispar ou Saint-Exupère
http://www.dineault.fr/la-commune/le-patrimoine/patrimoine-religieux/la-chapelle-saint-exupere
— CASTEL (Yves-Pascal), "Dinéault", Atlas des croix et calvaires du Finistère.
http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/dineault/dineault.html
— CASTEL (Yves-Pascal), 1997, En Bretagne. Croix et Calvaires. Minihy Levenez
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c7ab1cc53d0ef299b5bb65ed3764d18c.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal) (2004), "Saint Yves et ses statues", in Saint Yves et les Bretons Culte, images, mémoire (1303-2003) Jean-Christophe Cassard et Georges Provost Presses Universitaires de Rennes, Rennes pp. 199-213.
http://books.openedition.org/pur/22411?lang=fr
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988 Notice de Dinéault, Répertoire des églises : paroisse de DINEAULT,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 5 mars 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/827.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DINEAULT.pdf
— LE MOIGNE G. (Logonna) : site de ses photos sur Flickr
https://www.flickr.com/photos/glemoigne/page1
— LISTE DES PERSONNES NÉES À DINÉAULT
http://genealogies.geneamania.net/delacotte/Liste_Pers2.php?Type_Liste=N&texte=O&idNom=0&Nom=DINEAULT%20(29)&Ville=447&Tri=0
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