La Basilique Notre-Dame du Folgoët. VII. Les vitraux du XIXe siècle : le vitrail du Couronnement (baie 6) par Émile Hirsch en 1889.
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Sur Le Folgoët, voir :
- La Collégiale du Folgoët I. L'Autel des Anges (Kersanton, vers 1455)
- La Collégiale du Folgoët II. Les anges des façades (kersanton, vers 1423-1433).
- La Collégiale du Folgoët III . Le Porche des Apôtres (1423-1433).
- La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. IV. Les emblèmes, devises et marques des ducs de Bretagne 1423-1505 par le Grand Atelier ducal du Folgoët (1423-1509).
La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné (ou Presbytère).
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Les couronnements de statues de la Vierge au XIXe siècle.
Les statues de Vierges sont couronnées depuis fort longtemps, comme en témoignent par exemple celles du Folgoët : la Vierge à l'Enfant offerte par Olivier du Chastel et sculptée entre 1423 et 1433 (niche du Porche des Apôtres), la Vierge à l'Enfant qui occupait jadis la Fontaine et qui est placée aujourd'hui dans le bas-coté sud (1423-1433), ou celle qui reçut le Couronnement représenté sur le vitrail, et qui est parfois nommée "la Vierge noire" (vers 1600), portent chacune une couronne.
La cérémonie dite du couronnement d'une statue de la Vierge ne consiste donc pas à mettre une couronne sur une statue qui en est dépourvue, mais d'y placer en grande pompe une nouvelle couronne, en or ou matériau précieux, sur la tête de la représentation de la Reine des Cieux, et de son Fils, en signe de reconnaissance officielle et papale d'un lieu de culte (et de pèlerinage) local.
Dès le XVIIe siècle, le Comte Alexandre Sforza, pour montrer sa piété envers la Mère de Dieu, envoyait à ses frais, des couronnes d’or aux Vierges les plus célèbres de son temps. Depuis 1631, date de cette initiative, plus de 400 couronnes ont été distribuées. Mais cette tradition prit une toute autre ampleur au XIXe siècle, dans le contexte du renouveau du culte marial. Le 8 décembre 1854, le pape Pie IX promulgua le dogme de l’Immaculée Conception dans la bulle Ineffabilis Deus. Dès lors, de nombreux évêques français décidèrent, pour obtenir la reconnaissance officielle par l’église catholique romaine du renouveau des dévotions mariales, de renouer avec l’ancienne pratique du couronnement des statues de la Vierge, dans les centres de pèlerinage mariaux, anciens ou nouveaux, après autorisation de Rome ; car c’est au Souverain Pontife ou au chapitre de Saint-Pierre qu’est réservé le droit de couronner les statues de la Mère de Dieu en déléguant un dignitaire apostolique pour présider la cérémonie. Ainsi, entre 1853 et 1903, quatre-vingt statues de sanctuaires français font l’objet d’un couronnement solennel, la première Vierge couronnée en France étant celle de Notre-Dame-des-Victoires à Paris le 9 juillet 1853.
En Bretagne, la première statue qui obtint ce privilège fut celle de Notre-Dame-de-Bon-Secours à Guingamp, en 1857. Puis ce fut le tour de Notre-Dame de Rumengol le 30 mai 1858, de Notre-Dame du Roncier le 8 septembre 1868 à Josselin, avant le couronnement de Notre-Dame du Folgoët le 8 septembre 1888. Les Bretons obtinrent d'étendre cet honneur aux statues de Sainte Anne, d'abord à Auray le 30 septembre 1868, puis à Sainte-Anne-La-Palud en 1913. Dans tous les cas, les cérémonies réunirent des foules immenses, des indulgences furent assurées aux pèlerins, la renommée du pèlerinage s'en trouva accru, des cérémonies anniversaires furent célébrées, et des œuvres artistiques commémoratives furent crées.
Le couronnement de la statue du Folgoët en 1888.
L'église du Folgoët, bâtie pour honorer la dévotion légendaire du pauvre Salaün ar Foll en ce lieu pour la Vierge Marie , et le miracle qui survint sur sa tombe à sa mort vers 1358, fut érigée en Collégiale (dotée d'un chapitre de chanoine) en 1422 par le duc Jean V puis élevée au rang de basilique mineure en 1427. Elle devint le lieu d'un pèlerinage marial renommé, le second en Finistère après Notre-Dame du Rumengol dans les Monts d'Arrée. Presque désertée après un incendie en 1708, et ruinée à la Révolution, elle fut remise en état à partir de 1829. Les anciens vitraux d'Alain Cap (1578-1644) étant ruinés, Mgr Sergent, évêque de Quimper et du Léon, commanda au peintre parisien Émile Hirsch —qui avait peint son portrait en 1852 — une première verrière pour la baie axiale en 1866 : Notre-Dame-du-Rosaire. Puis suivirent trois commandes pour les autres baies du chevet, consacrées au Don du Scapulaire, à la Légende du Bienheureux Salaün, et , en 1870, à l'Institution du Dogme de l'Immaculée Conception. En 1868, Émile Hirsch, qui ne signait jusqu'alors que les cartons, ouvrit son propre atelier de vitraux rue Gauthey à Paris. Entre 1868 et 1875, il réalisa 20 verrières pour la cathédrale de Quimper, soit plus de la moitié des fenêtres basses : principalement des Vies de saints.
L'idée de demander pour Le Folgoët le bénéfice du Couronnement revient selon Guillermit au recteur La Haye (1859-1882), qui, dès 1860, :
"pense faire couronner Notre-Dame : il charge Monsieur de Courcy de s'enquérir à Rome des démarches nécessaires pour obtenir du pape la faveur désirée. Il affilie son église à N. D. de Lorette. Il s'inquiète de savoir si les nombreuses indulgences accordées à la collégiale par les Souverains Pontifes ne sont pas périmées par suite des profanations de la Révolution. Les vicaires généraux le rassurent à ce sujet ; mais il ne s'en tient pas à le;ur appréciation, et pour être plus certain, il prie Monsieur de Courcy de provoquer une réponse de Rome.
En 1873, organise-t-il un grand pèlerinage de prières et d'actions de grâces au Folgoat. Quarante mille hommes, soixante-dix paroisses représentées par croix et bannières assistèrent à cette fête présidée par Monseigneur l'Evêque de Quimper et de Léon. C'est à cette occasion que fut composé par Monsieur Guillou, recteur de Penmarc'h, le beau cantique si entraînant et si émouvant que l'on chante encore : Patronez clous ar Folgoat. ". (Guillermit)
Les démarches furent reprisent par le recteur Couloigner et son évêque Mgr Lamarche, dont l'épiscopat débuta en 1887 :
"...Il fut remplacé par Monsieur Couloigner qui fut recteur de 1882 à 1892. Avec l'aide de Monseigneur Roull, protonotaire apostolique, curé-archiprêtre de Saint-Louis de Brest, qui était alors principal du collège de Lesneven, ils organisèrent en 1886 un grand pèlerinage et réunirent. aux pieds de Notre-Dame plus de 40.000 pèlerins et 80 processions. Deux ans après, le pape Léon XIII accorda à Monseigneur Lamarche l'autorisation de couronner la Vierge du Folgoat." (Guillermit)
C'est la statue en kersanton de grain très sombre représentant la Vierge à l'Enfant (aujourd'hui exposée au centre du chevet sous un dais) qui fut choisie pour cet honneur, plutôt que celle de la fontaine du pauvre Salaün. Elle fut qualifiée de "statue miraculeuse".
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La cérémonie du Couronnement fut un grand succès.
"La fête fut plus brillante encore que celle de 1886. On évalua à 60.000 le nombre des pèlerins qui y prirent part. Cinq évêques entouraient le cardinal Place, archevêque de Rennes, délégué par le pape pour couronner la Sainte-Vierge, et Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper ; ce furent : Monseigneur Laouénan, archevêque de Pondichéry ; Monseigneur Freppel, évêque d'Angers, député de la circonscription ; Monseigneur Bougaud, évêque de Laval ; Monseigneur Bécel, évêque de Vannes ; Monseigneur Trégaro, évêque de Séez." (Guillermit).
Le vitrail du Couronnement.
Dans le même temps, le nouvel évêque se montra résolu de poursuivre le programme de dotation de verrières si bien mis en œuvre par Mgr Sergent, et projeta de faire ouvrir l'ancienne baie sud de la chapelle dite de Coëtivy ; il exposa ce projet le jour même de la cérémonie de Couronnement. Il fallut démurer l'ouverture, puis consolider le pignon qui s'avéra affaissé "Les traces des meneaux dans tes appuis et les naissances des lobes de Ia rosace furent retrouvées, et servirent à l'établissement des pierres du vitrail et de ses divisions.". Émile Hirsch fut désigné tout naturellement pour faire le carton du nouveau vitrail, qui représenterait le moment fort des fêtes du Couronnement, d'autant plus qu'il y avait assisté.
On remit à Émile Hirsch un certain nombre de photographies prises lors des festivités, afin qu'il représente fidèlement les assistants les plus honorifiques, les bannières les plus belles, et les fidèles venus en costume régional.
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Cette verrière de sept mètres sur cinq comporte cinq lancettes consacrées à la cérémonie du Couronnement et une rose à seize rayons.
Elle peut devenir, pour les esprits curieux, le cadre d'un passionnant jeu de piste pour identifier les membres du milieu catholique breton de la seconde moitié du XIXe siècle.
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I. LES LANCETTES : LA CÉRÉMONIE DU COURONNEMENT.
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La verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Lancettes de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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LA TROISIÈME LANCETTE.
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Au centre de la baie, la statue de la Vierge à l'Enfant, alors surnommée « la Vierge Noire », est sur un piédestal sur lequel se lit l'inscription en breton AVE MARIA SALAUN ZEBFRE BARA. "Ave Maria Salaün manger pain" (du verbe dibri, debret, "manger").
Ces derniers mots proviennent de l’histoire miraculeuse de Saläun ar Foll
"Vers le milieu du XIVè siècle vivait dans une clairière de la forêt lesnevienne, un homme nommé Salaün. Les habitants le nommaient familièrement "Le Fou du Bois" (Fol ar Coat).
Considéré comme un "innocent", Salaün mendiait son pain de ferme en ferme. Il demandait l'aumône, en répétant inlassablement :
"Ave Maria ! Salaün mangerait bien un morceau de pain ! » (Salaün a zebfre bara !)
Il aimait à se balancer sur la branche d'un arbre, au-dessus de la fontaine, et il chantait à pleine voix : "Ô Maria". En même temps, il se plongeait dans l'eau jusqu'aux épaules.
Sa mort survenue vers 1358 (à 48 ans) laissa les gens indifférents. Il fut enterré au village de Lannuchen qui occupe l'ancien emplacement du cimetière et de l'église d'Elestrec (ancienne paroisse du Folgoët), près du manoir de Kergoff. Aujourd'hui encore on peut voir le calvaire encadré des quatre pierres ovoïdes qui proviennent de son tombeau. Mais peu de temps après sa mort, on découvrit sur sa tombe, près du chêne où il se balançait et de la fontaine où il trempait son pain, un lys sur lequel on lisait ces mots écrits en lettres d'or : "AVE MARIA". En ouvrant la tombe, on constata que ce lys avait pris racine dans la bouche du défunt. Le miracle attira rapidement les foules et on voulut bâtir une chapelle sur la tombe de "l'innocent". (site de l'ensemble paroissial)
Cette inscription fondée sur une légende de Salaün faisant la part belle à la nature (Folgoët = Fol-coat = Fou du bois), à la puissance de l'eau (fontaine de guérison), à la puissance végétale (le lys fleurissant sur la tombe de Salaün) ou à celui de la Maternité (la Vierge à l'Enfant), mais aussi liée à l'indigence et la faim, à la mendicité et au manque d'éducation (Salaün est analphabète), placée juste en dessous des très coûteuses couronnes en or et pierres précieuses doit-elle être vue comme une récupération insolente et méprisante par les notables, le pouvoir politique et le clergé, de la foi populaire? Ce fut déjà le cas lorsque le duc Jean V fit du Folgoët un bastion de sa propagande par mécénat.
Ou bien au contraire, ce piédestal est-il l'expression de la volonté de l'Église de s'ouvrir au catholicisme social, ouverture qui ne sera inaugurée que quatre ans après le Couronnement par l'encyclique Res Novarum de Léon XIII :
"S'inspirant des réflexions (notamment les travaux de l'Union de Fribourg) et de l'action des « chrétiens sociaux », l'encyclique, écrite face à la montée de la question sociale, condamne « la misère et la pauvreté qui pèsent injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière » tout autant que le « socialisme athée ». Elle dénonce également les excès du capitalisme et encourage de ce fait le syndicalisme chrétien et le catholicisme social." (wikipédia)
Les personnages qui figurent sur ce vitrail sont-ils des catholiques conservateurs ou monarchistes, ou des partisans de cette orientation qui s'illustrera à la fin du XIXe siècle par le mouvement de christianisme démocratique et social du Sillon de Marc Sangnier ?
L'année même où fut posé ce vitrail, correspondait aussi à la [contre-]commémoration de la Révolution de 1789.
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Lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Au centre du soubassement, sous la signature E. HIRSCH 1889, un cartouche contient le texte suivant, qui est ponctué d'une hermine finale :
"Comment à la demande de Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper & de Léon, sa Sainteté Léon XIII fit couronner la statue miraculeuse de Notre-Dame du Folgoët par Son Eminence le cardinal Place, Archevêque de Rennes, le huitième jour de septembre 1888."
L'identification des deux personnages est maintenant un problème réglé.
Quel as ce détective !
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Inscription de la lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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A droite, le cardinal Place, archevêque de Rennes dépose la couronne sur la tête de la Vierge, accompagné à gauche de Monseigneur Lamarche, évêque de Quimper et de Léon. Approchons nous.
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1°) Le cardinal Place.
Le cardinal Place porte la mitre, la cappa magna, le surplis au dessus d'une robe rouge et de chaussons rouges.
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Le cardinal Place, lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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"Charles-Philippe Place, né le 14 février 1814 à Paris et mort le 5 mars 1893 à Rennes, fut homme d'Église, évêque, puis archevêque et cardinal français. Père conciliaire de Vatican I, Mgr Place fit partie de la minorité opposée au dogme de l'infaillibilité papale, cette prise de position lui valant de sérieuses difficultés dans son diocèse.
Promu archevêque de Rennes, le 15 juillet 1878, Mgr Place obtint le 13 février 1880 le rétablissement du titre de cathédrale au profit des églises Saint-Samson de Dol et Saint-Vincent de Saint-Malo, l'archidiocèse étant désormais celui de Rennes, Dol et Saint-Malo : il devint le premier prélat à porter le titre d'archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo.
Prélat énergique, voire autoritaire, Mgr Place se distingua tant par ses prises de position publiques sur les questions de l'enseignement (1879-1880), du service militaire pour les séminaristes (1881), que par son refus au cardinal Rampolla d'assumer l'annonce de la politique de ralliement des catholiques à la IIIème République. Mission qui sur la suggestion du cardinal Place, devait finalement échoir au cardinal Lavigerie, archevêque d'Alger et de Carthage, primat d'Afrique. Mgr Place s'expliqua de ce choix en souhaitant que cette annonce soit portée par un prélat plus jeune que lui, dont le charisme naturel, habitué des prises de position bien tranchées, imposerait à tous ce changement politique. D'autre part, dans ses échanges avec le cardinal Rampolla, Mgr Place expose l'avantage d'une annonce de ralliement prononcée hors de la Métropole, loin des soutiens monarchiques et surtout loin de la noblesse de son diocèse que le cardinal Place sait peu enclin à soutenir la République.
Dans son archidiocèse, Mgr Place institua le principe des visites canoniques annuelles des paroisses ainsi que celui des retraites presbytérales annuelles.
Le 7 juin 1886, il fut créé cardinal par Léon XIII.
Chevalier de la Légion d’honneur, grand-croix du Saint-Sépulcre, il devait s'éteindre à Rennes le 5 mars 1893." (Wikipédia)
Ses armoiries :
Coupé au premier parti d'azur à la Vierge de Notre-Dame de la Garde, couronnée et portant l'Enfant Jésus, le tout d'argent, et de gueules à l'agneau pascal des catacombes, au nimbe crucifère et portant une croix avec banderole, le tout d'argent; au second d'or, au château fort ou place d'armes de sable maçonné d'argent, ouvert et ajouré du champ; brochant sur le tout, une fasce d'hermines en divise.
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Nous pouvons retrouver son portrait photographique par Nadar (Gallica) sur un vitrail de l'église de Bédée (35) ou, accompagné de son auxiliaire, sur un vitrail de La Guerche-de-Bretagne.
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Portraits et armoiries (travail de Chatsam) du cardinal Place, https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Philippe_Place et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53098095q
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2°) Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon.
Jacques-Théodore Lamarche né le 15.03.1827 à Paris, évêque de Quimper en 1887 , décédé le 15.06.1892 à Quimper. Armes : d’azur à la croix d’or – au chef d’hermines. Devise : Ama et confide. Cri : Doué hag ar vro (Dieu et Patrie)
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/blasons_cornouaille_quimper.pdf
Le portrait provient des collections numérisés du diocèse de Quimper ; il est de face, mais l'air de ressemblance avec le profil du vitrail s'impose néanmoins. J'ajoute les armoiries, vous allez comprendre pourquoi.
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Monseigneur Lamarche évêque de Quimper et du Léon, et ses armoiries. http://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/644/les-eveques-de-quimper-et-leon
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Monseigneur Lamarche, lancette médiane de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Les armoiries des deux prélats sont réunis en sommité de la rosace de la baie 6.
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Armoiries épiscopales du cardinal Place et de monseigneur Lamarche, rose de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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PRENONS LA DIRECTION DE LA PREMIÈRE LANCETTE.
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Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Parmi les nombreuses personnes représentées, sept semblent être des portraits. Deux personnages en costume breton, deux chanoines, et deux ou trois civils. Mais comment m'y retrouver ? Voyons mes sources. Et elles m'indiquent que le paysan breton du premier plan est "un sénateur Monsieur Soubigou, maire de Lesneven " (Dantec). Je commence par lui.
[Louis Soubigou, maire de Lesneven,] ou François Soubigou, sénateur ?
— Louis Soubigou est un homme politique français né le 14 avril 1863 à Plounéventer (Finistère) et décédé le 21 octobre 1914 à Lesneven (Finistère). Neveu de François Soubigou , sénateur du Finistère, il est notaire à Lesneven en 1889, il est maire, puis conseiller général en 1897. Très proche des milieux catholiques, il est député du Finistère de 1912 à 1914, siégeant à droite. (Wikipédia) . Sa photographie sur le site de l'Assemblée Nationale avec une large moustache en pointe ne correspond pas à notre homme.
— François Soubigou est un homme politique français né le 11 février 1819 à Plounéventer (Finistère) et décédé le 17 février 1902 en la même commune. Propriétaire terrien, il est élu représentant de droite à l'assemblée constituante de 1848. Il n'est pas réélu à l'assemblée législative de 1849. Il réapparaît en politique aux débuts de la IIIe République en étant élu sénateur du Finistère de 1876 à 1894. Il siège à droite. Il était également conseiller général du canton de Landivisiau. (Wikipédia) Son portrait dessiné, sur le site du Sénat, offre de grande ressemblance avec notre homme en costume breton.
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Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Le sénateur François Soubigou (1819-1902) sur la lancette A de la baie 6, ou en dessin https://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/soubigou_francois0789r3.html
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Mais quel est le personnage barbichu qui se tient à droite, à coté de François Soubigou ? Parions qu'il s'agit d'Émile de Kermenguy, député du Finistère de 1871 à 1893.
"Émile de Kermenguy est élu conseiller général du canton de Plouzévédé en 1842, puis maire de Saint-Pol-de-Léon en 1848. Il démissionne de son mandat de conseiller général en 1851 pour désapprouver le coup d'État du 2 décembre.
En 1869, sur l'insistance de ses amis, il accepte de se présenter aux élections au Corps législatif et obtient 10 000 voix contre 12000 au candidat officiel. En 1871, il reprend par l'élection son siège de conseiller général et est élu représentant monarchiste du Finistère pour la 2e circonscription (Morlaix) en février. Faisant partie des monarchistes majoritaires, mais, divisés, il siège à la droite de l'Assemblée nationale, et, après la fin de la Commune (juin 1871), il rallie les partisans d'Henri V, comte de Chambord, méfiants tant à l'égard des royalistes réalistes comme Adolphe Thiers que des royalistes catholiques ultramontains emmenés par Monseigneur Dupanloup,.
En 1875, il vote contre l'amendement Wallon qui confirme la République en ayant voté auparavant pour le prolongement du mandat de Mac Mahon et contre l'exil de la famille royale.
Réélu comme député du Finistère à la Chambre des députés en 1877, en 1881, en 1885, 1889 et en 1893, il se montre un opposant résolu aux lois sur l'enseignement et à la politique coloniale des gouvernements républicains. En 1885, il est réélu sur une liste monarchiste conservatrice qui est élue tout entière et votera contre le retour au scrutin d'arrondissement.
Il meurt trois mois après sa dernière réélection, le 27 novembre 1893 à Paris, en ayant siégé comme législateur pendant 22 ans." (Wikipédia)
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Le député Émile de Kermenguy, lancette A, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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La croix pectorale des chanoines de Quimper.
On remarquera que les deux ecclésiastiques portent une décoration en sautoir sur un large ruban bleu, qu'on retrouve sur six à sept autres ecclésiastiques du vitrail. Il s'agit selon toute vraisemblance de la croix pectorale des chanoines de la cathédrale de Quimper. Celle-ci est décrite ainsi :
Elle a été octroyée au diocèse par un bref de Rome du 18 novembre 1856. Elle est en forme de croix grecque, dont les branches blanches sont constituées d'hermines émaillées reliées par un nimbe à rayons en vermeil agrémenté de rinceaux. Au centre se détache sur fond bleu le buste de Pie IX entouré de l'inscription PVIS.PAPA.NOVUS.A.D.MDCCCVI. Au verso,se trouve le buste de saint Corentin, auréolé avec mitre et crosse avec son légendaire poisson, et l'inscription SANCTE .CORENTINE . ORA. PRO. NOBIS. La croix est portée avec un large ruban moiré bleu céleste. Elle était fabriquée par l'orfèvre Ch. LE PAUL de Quimper, 17 place Terre-au-Duc. (en partie d'après Olivier Charles, Quimper, La Grâce d'une cathédrale).
Source image : http://www.massol-svv.com/html/fiche.jsp?id=1652796&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=1&aff=1&r=
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Croix pectorale des chanoines de Quimper, http://www.massol-svv.com/html/fiche.jsp?id=1652796&np=1&lng=fr&npp=10000&ordre=1&aff=1&r=
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Viennent donc ensuite deux chanoines de Quimper.
Les sept chanoines mentionnés par Kerbiriou dans son récit de la cérémonie sont les suivants :
— le chanoine Lucien Rossi (Quimper 1844- 1920), fondateur de la Semaine Religieuse et chargé par l'évêque de tout ce qui touche au matériel.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e0557f9660f6ca14be25c1599ac8ab7a.pdf
Rossi http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e0557f9660f6ca14be25c1599ac8ab7a.pdf
" Né le 16‐10‐1844 à Quimper (Saint‐Corentin) ; 1870, prêtre (à Rome), vicaire à Loctudy ; 1873, sous‐principal de Lesneven ; 1875, aumônier de Kernisy, Quimper ; 1884, chanoine honoraire ; 1915, prêtre résidant à Saint‐Corentin ; décédé le 3‐01‐1920. Étude : Semaine religieuse de Quimper et Léon, 1920 p. 37‐39.
En Octobre 1886, transformant et développant le Bulletin de l’Enseignement, créé en 1882 pour combattre les lois Ferry, il fonde la Semaine religieuse et la dirige jusqu'en Mai 1892. Déjà, depuis quelques années, en collaboration avec M. de Penfeuntenyo, curé de la Cathédrale, il entraine vers la Grotte de Lourdes les premiers pèlerins dont le flot pieux, chaque année grossi, ne s'arrêtera que devant les impossibilités créées par la guerre. Il organise les fêtes du couronnement de N. D. du Folgoat et les réceptions dont elles sont l'occasion. Les graves problèmes de l'enseignement chrétien ne peuvent le laisser indifférent : s'il s'agit de fondations d'école, de constitution de sociétés civiles, il offre son nom, les avantages de sa situation indépendante, son temps, ses démarches personnelles et, mieux encore, ses ressources"
— Jean Favé (1828-1905) curé de Plouguerneau, chanoine honoraire depuis 1881.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4b3cbc0506fe8b277a4d36f3b2d414c1.pdf
— Jean-François Belbéoch (1841-1910), supérieur du Petit Séminaire de Pont-Croix, chanoine honoraire en 1883; Sa photo est disponible ici : http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/be2d682df09b6a77a7c9e739d1db80e1.pdf
Peut-être n°7, lancette D
Les quatre curés de Brest :
— Émile Fleiter, curé de Notre-Dame du Mont-Carmel, paroisse de Brest : Emile-Alain-Marie Fleiter, 1836-1913... en 1873, curé de N.-D.-du-Carmel à Brest en 1879, chanoine honoraire en 1884, Vicaire général de Mgr Lamarche en 1888, vicaire général capitulaire en 1891, protonotaire apostolique en 1911.
— Noël Arhan (1835-1897), curé de Saint-Martin de Brest de 1882 à 1897, chanoine honoraire en 1888 http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8033740e464aa50ec3f4f9a609bcfa42.pdf
— Joseph-Henri Bellec, curé de la paroisse de Moélan de 1874 à 1880 puis de Saint-Sauveur de Brest de 1880 à 1893
— Hervé Cloarec (1816-1892), chanoine honoraire depuis 1864, archiprêtre de Saint-Louis depuis 1873, "Il devait avoir aussi son rôle dans la fête, puisqu’il prêchera après les vêpres, en langue bretonne" (Kerbiriou)
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1161946d6e4e6fa3d81a79b5e6344d4f.pdf
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Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Un chanoine du chapitre de Quimper, Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Un chanoine du chapitre de Quimper, Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Délaissons les chanoines et les sénateurs pour nous intéresser aux bannières représentées ; rien ne permet de les reconnaître précisément, mais elles appartiennent aux grands modèles en vogue : Crucifixion, Vierge, Saint Patron en évêque, Monogramme marial, etc..
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Première lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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PASSONS À LA DEUXIÈME LANCETTE.
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Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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J'identifie le personnage tête nue et en manteau bleu comme étant Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper, en vertu de la description donnée par Kerbiriou : "revêtu des insignes de sa dignité". Or, le protonotaire apostolique ont comme insignes la croix pectorale (bien visible), la barrette à pompon rouge (plus exactement "à houppe amarante") qui correspond à la tache cramoisi de la main droite, et il porte sur le rochet ou le surplis (en dentelle blanche) et sur la soutane violette une mantelleta violette. C'est ce dernier vêtement qui emporte ma conviction.
Je n'ai trouvé aucun portrait d'Auguste du Marhallac'h (Quimper1808-Plomelin1891), cette personnalité singulière, nommée inspecteur des Monuments Historiques qui épousa en 1839 la britannique Mélanie Harrington et eut trois enfants. Il les perd rapidement, ce qui le motive sans-doute pour entrer au séminaire de Quimper, dont il sort prêtre en 1854. C'est précisément en 1888, l'année du Couronnement, qu'il reçut de Léon XIII le titre de protonotaire apostolique, la distinction du plus haut prélat romain après l'évêque.
Armoiries : d'or à trois pots à eau (ou orceaux) de gueules. Devise : Usque ad aras.
"Député du Finistère de février à octobre 1871, il démissionne pour devenir, à sa demande, recteur (curé) d'une paroisse rétablie dans l'archipel des Glénan, au large de Fouesnant où les conditions de séjour sont très rudes en hiver. Il y fait bâtir une église sur l'île du Loc'h.
En 1873, l'évêque de Quimper, Monseigneur Anselme Nouvel de la Flèche le rappelle pour le nommer vicaire général auprès de lui. Il se consacre particulièrement à l'ouverture d'écoles catholiques gérées par les Frères des écoles chrétiennes (80 sont créées dans le Finistère). En 1888, le pape Léon XIII lui confère la dignité de protonotaire apostolique, ce qui lui donne droit au titre de Monseigneur.
Lors de ses moments de repos, il recevait dans son château du Pérennou (en Plomelin) des personnalités religieuses, et dirigeait la fouille archéologique d'une villa gallo-romaine avec ses thermes du ier siècle découverts dans le parc par son père. Il fut vice-président pendant 17 ans de la Société archéologique du Finistère, dont il enrichit le musée par ses découvertes." (Wikipédia)
Notice sur Mgr du Marhallac'h https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1617d9f95b96e0a6453d5ef48a594318.pdf
J'ai placé en regard du détail du vitrail le portrait de Mgr Perrier, protonotaire apostolique également.
http://www.cstjean.qc.ca/public/65ea2bc4-166b-4136-a916-c2b8f639c6aa/bibliotheque/patrimoine/livres_patrimoine/mgr_perrier_web.jpg
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Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper, comparé, pour sa tenue, à Mgr Perrier.
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J'identifie à l'extrême gauche de la lancette monseigneur Charles-Émile Freppel (1827-1891) évêque d'Angers et député du Finistère.
C'est lui qui prononça le discours inaugural du Couronnement :
"L'évêque d'Angers est un orateur prestigieux. Quelle page éloquente va donner à ses soixante mille auditeurs l'intrépide champion de l'Eglise, dont. la parole s'imposait à la Chambre, même aux adversaires les plus passionnés. Aura-t-il le secret de dire des choses nouvelles après ses admirables panégyriques d'Urbain Il, de Gignion de Montfort et de Jean-Baptiste de la Salle ? Personne n'en doute, car il sait rajeunir ses thèmes. Le pèlerinage cinq fois séculaire du Folgoët lui inspira un discours impérissable, qui a fait connaître au pays tout entier la merveilleuse histoire de l' l'Innocent du Bois, "le sublime ignorant" et les motifs pour lesquels la Mère de Dieu a choisi, pour opérer le miracle du lys, la terre de Léon." (Kerbiriou)
"Charles-Émile Freppel, né à Obernai (Bas-Rhin) le 1er juin 1827 et mort à Angers le 23 décembre 1891, fut évêque d'Angers et député du Finistère à l'Assemblée nationale. Il est le fondateur de l'Université catholique de l'Ouest. Il fut réélu député du Finistère, le 14 octobre 1885, Théologien consulteur au Concile Vatican I, il fut nommé le 27 décembre 1869 à l'évêché d'Angers, où il créa une université catholique en 1875.
Après une première tentative à Paris lors des élections législatives complémentaires du 2 juillet 1871 (sur la liste de l'Union parisienne de la presse), il fut élu député de Brest le 6 juin 1880. Il siégea à droite, dans le groupe monarchiste, et prit une part des plus actives aux débats parlementaires.
Il s'éleva notamment contre l'instruction laïque et étatique qu'il jugeait « inutile, inefficace, et tendant au socialisme d'État », et combattit le rétablissement du divorce. En 1884, les catholiques du diocèse d'Angers lui offrirent une crosse d'honneur, en témoignage de leur admiration pour le courage et l'éloquence avec lesquels il a constamment défendu les droits de l'Église.
Il fut réélu député du Finistère, le 14 octobre 1885, et il s'opposa notamment aux poursuites contre le général Boulanger.
Comme évêque, en 1876, il excommunia le comte de Falloux pour une question d'immeuble d'église. S'il a été cité comme l'une des sources du nationalisme intégral, il était dans les faits foncièrement opposé au nationalisme de son époque.
Économiste, il fut un défenseur du catholicisme social et influença fortement la rédaction de l'Encyclique sociale Rerum Novarum par le Pape Léon XIII." (Wikipédia)
Voir sa biographie politique sur le site de l'Assemblée Nationale.
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Charles-Émile Freppel, évêque d'Angers sur le vitrail du Folgoët et en photographie .
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Au total, le vitrail représente cinq évêques (porteurs de mitres) en plus de Mgr Lamarche. Il m'en reste donc quatre à identifier. Or mes sources m'indiquent que sur ce vitrail "Mgr. Bougaud paraît le premier : c’est l’évêque de Laval, l’auteur estimé d’ouvrages de spiritualité, qui ont fait les délices des communautés et de tant d’âmes d’élite dans le monde. Puis viennent Mgr. Trégaro, évêque de Séez, un Breton et un marin ; Mgr. Bécel, évêque de Vannes, qui a voué sa vie à la gloire de sainte Anne "..." L'Archevêque de Pondichéry et Nos Seigneurs les Evêques de Vannes, d'Angers, de Séez, de Laval, avec Mgr du Marhallac'h revêtu des insignes de sa dignité, sont groupés autour de la statue." Mgr Edouard Ribault [et non Ribaud], prélat de la Maison du Pape, grand vicaire du Cap Haïtien, était présent mais ne serait pas représenté.
Quel est l'évêque qui se penche avec un air gourmand vers l'oreille de Mgr Freppel ? Mgr Bécel évêque de Vannes ou Mgr Trégaro évêque de Séez ?
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Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Un coup d'œil sur les bannières de la lancette B.
On y reconnaît deux bannières du Sacré-Cœur-de-Jésus, et l'Assomption.
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Deuxième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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LA QUATRIÈME LANCETTE.
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Sept personnages ont ici leur portrait, dont trois évêques et trois chanoines.
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Évêques et chanoines de la quatrième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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L'archevêque de Pondichéry est facile à reconnaître à sa longue barbe :
"Mgr. Laouénan, archevêque de Pondichéry et patriarche des Indes, imposant par la distinction de sa personne, la majesté de sa physionomie, que rehausse encore la longue barbe blanche qui le fait ressembler aux vieilles images des saints primitifs." (Semaine religieuse de Quimper)
https://en.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Jean-Marie_Laou%C3%ABnan
Mgr. Laouénan, archevêque de Pondichéry et patriarche des Indes, quatrième lancette de la verrière du Couronnement, Émile Hirsch 1889, baie 6 de la basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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A la cérémonie assistaient, nous le savons, quatre autres évêques, Mgr Bougaud évêque de Laval, Mgr Trégaro évêque de Séez, et Mgr Jean-Marie Bécel évêque de Vannes.
Je propose de voir ici au centre Monseigneur Bougaud, évêque de Laval.
Monseigneur Émile Bougaud, évêque de Laval.
L'article de la Semaine religieuse écrivait : "Les pontifes portent tous les insignes de leur haute dignité. Mgr. Bougaud paraît le premier : c’est l’évêque de Laval, l’auteur estimé d’ouvrages de spiritualité, qui ont fait les délices des communautés et de tant d’âmes d’élite dans le monde. Puis viennent Mgr. Trégaro, évêque de Séez, un Breton et un marin ; ..."
"Louis Victor Emile Bougaud est né le 26 février 1824 à Dijon, en Côte-d'Or. Evêque de Laval pendant moins d'un an de 1887 à 1888. Il est décédé à Laval le 7 novembre 1888, il est inhumé dans sa Cathédrale. Tout comme son prédécesseur, Mgr Bougaud passa très peu de temps dans son diocèse : 9 mois. Prêtre du diocèse de Dijon, avant d'être nommé au siège de Laval, il fut vicaire général de Mgr Félix Dupanloup, évêque d'Orléans. " (Wikipédia) Source image https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Bougaud#/media/File:Abbe-bougaud.jpg
Le deuxième portrait date précisément de 1888, date du Couronnement.
http://www.diocese-laval.fr/se-former-s-informer/archives-actualites/?articlePreview=4344
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Mgr Bougaud, évêque de Laval (?), lancette D de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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Je n'ai pas clairement identifié :
a) Monseigneur François-Marie Trégaro (1824-1897), évêque de Séez J'ai trouvé son portrait sur le lien http://www.peillac.fr/content/view/173/173/
Aumônier de Marine de 1852 à 1878, aumônier en chef de la Marine impériale en 1868, il s'opposa violemment à la loi sur la laïcité de Jules Ferry.
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b) Monseigneur Bécel, évêque de Vannes, malgré un portrait conservé à l'église Saint- Pierre de Beignon, sa paroisse natale. On peut aussi observer la statue de marbre de son tombeau dans la chapelle Sainte-Anne de la cathédrale de Vannes, ou bien la photographie en pied prise après 1861 disponible sur le site du Musée d'Orsay.
"Jean-Marie Bécel (Beignon le 1er août 1825, mort à Vannes le 6 novembre 1897), est un ecclésiastique qui fut évêque de Vannes de 1866 à 1897.
Jean-Marie Bécel originaire du département du Morbihan est le fils de modestes cultivateurs. Il fait ses études au petit puis au grand séminaire d'Auray. Vicaire de l'église de la Sainte-Trinité de Paris, il est un moment précepteur de l'héritier de la famille Saint-Bris à Tours avant de devenir curé archiprêtre de la cathédrale Saint-Pierre de Vannes. Il se fait apprécier d'une cousine de l'empereur Napoléon III la princesse Élisa Napoléone Baciocchi qui possède une résidence à Colpo et son « gallicanisme impérial » lui permet d'être nommé par décret évêque de Vannes début 1866. Il est confirmé le 22 juin. Pendant son long épiscopat de près de 32 ans il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 13 août 1867 et reçoit le pallium à titre personnel le 14 juillet 1871. Il fait également restaurer la basilique Sainte-Anne d'Auray. Il meurt à Vannes en 1897." (Wikipédia)
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Les bannières de la quatrième lancette.
Les bannières de la quatrième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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LA CINQUIÈME LANCETTE.
On y trouve huit portraits : ceux de deux chanoines, de deux ou trois laïcs, d'un clerc en calotte blanche, d'un breton porteur de bannière, et celui d'une femme en costume.
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Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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"Quatre vingt processions sont arrivées. Les « trésors » des églises ont sorti ce qu’ils contiennent de plus précieux : des croix de grand style, riches par les dimensions, par l’abondance des métaux rares, par l’ornementation des dorures ; des bannières aux fins dessins, aux somptueuses broderies. On admire la pittoresque polychromie des costumes, où se remarquent les coiffes étranges et les châles écossais du groupe nombreux des femmes de Plougastel ; la gracieuse coiffure à brides des Ouessantines à la longue chevelure, qui ont affronté les flots agités du Fromveur et du goulet de Brest.
Deux cents paroisses sont représentées. Cinq cents pèlerins de Saint-Pabu ont parcouru sept lieues et demie derrière leur croix et leur bannière : beaucoup sont venus à jeun, afin de pouvoir communier, et cette paroisse n’était pas une exception.
Le long cortège s’ébranle. Six cents prêtres défilent, précédés de la bannière de Saint-Corentin de Quimper, représentant ici l'Eglise-mère du diocèse, et de la croix de l’évêque. Quatre chanoines portent un brancard garni de soieries et surmonté d’un coussin de satin blanc : sur ce coussin reposent les deux couronnes d’or, avec leur parure de pierres précieuses. Précédant les évêques, s’avancent Mgr. Ribaud, prélat de la Maison du Pape, grand vicaire du Cap Haïtien et Mgr. du Marhallac'h, protonotaire apostolique, vicaire général de Quimper." (Kerbiriou)
Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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On notera que cette femme porte autour de son cou le scapulaire.
Sur le scapulaire (remis par la Vierge à Simon Stock), voir le vitrail du Folgoët, ou mieux :
http://www.lavieb-aile.com/article-notre-dame-de-carmes-a-neulliac-et-le-scapulaire-109795239.html
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Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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La femme agenouillée tenant un foulard vert a été identifiée .
Selon Maunoir de Maussol, il s'agit de son aïeule Geneviève Blanchet de La Sablière : il m'écrit :
"J'ignore la raison de sa présence sur ce vitrail si ce n'est peut-être le fait qu'elle ait été une donatrice.
Geneviève Blanchet de La Sablière n'a jamais été mariée et était propriétaire par sa mère (Hermine de Kerret) du château de Lanniron à Quimper.
Elle a ensuite transmis cette propriété à sa nièce Françoise Hersart de la Villemarqué qui a épousé Abel de Massol mon arrière-grand-père.
Voici une photo de nos archives familiales qui m'a mis sur la piste. "
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Voir :
https://man8rove.com/fr/profile/n6hx4rkl-marie-blanchet-de-la-sabliere
Hermine de Kerret et son mari possédait aussi le manoir de Boutiguery à Goeusnac, égaleùent sur la rive de l'Odet.
http://kastell29.blogspot.com/2016/05/manoir-de-boutiguery.html
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Cinquième lancette de la baie du Couronnement, Basilique du Folgoët. Photographie lavieb-aile mai 2017.
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LA ROSACE.
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"En réseau, le lys est présent dans les 12 principaux lobes de la rosace, les armes du saint Père figurent au centre de celle-ci, entourés de celles des prélats présents à la cérémonie. Dans les écoinçons sont représentées les armes des chapitres de Quimper et de Léon, l'hermine de Bretagne et la devise de la duchesse Anne. Une dimension nouvelle est ainsi donnée au pèlerinage." Dantec
"La rosace qui domine le sujet ne le cède en rien comme architecture aux plus belles rosaces connues. Sa coloration est d'une grande richesse, elle vient merveilleusement rayonner au sommet de la verrière. Son programme décoratif est le symbolisme d'une part et les souvenirs historiques de l'autre. C'est tout d'abord le lis, emblème de Marie Immaculée, qui domine dans tes douze principaux lobes de la rosace; il figure, au milieu des rinceaux multicolores qui l'entourent de leurs brillants ramages; L' Ave Maria que Salaün aimait chanter se retrouve dans ces mêmes panneaux, inscrit sur un philactère dont les enroulements répétés forment une couronne de louanges à la Reine du Ciel. Au centre, dans la rosace du milieu, les armes du Saint-Père, entourées des armes des prélats présents à la cérémonie. Aux deux côtés, sur les écoinçons qui relient la rosace à la partie rectangulaire du vitrail, sont placées les armes des Chapitres de Quimper et de Léon. Enfin, dans les festons de granit qui encadrent la rosace et en forment les derniers panneaux, on retrouve l'hermine de Bretagne avec la devise de la duchesse Anne : A ma vie." (Semaine religieuse 1889)
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Autour des armes du pape Léon X placées au centre, sont disposées les armoiries des évêques présents :
— Au centre : Léon XIII : D'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartier d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout
— En haut à gauche : Cardinal Place : Coupé au premier parti d'azur à la Vierge de Notre-Dame de la Garde, couronnée et portant l'Enfant Jésus, le tout d'argent, et de gueules à l'agneau pascal des catacombes, au nimbe crucifère et portant une croix avec banderole, le tout d'argent; au second d'or, au château fort ou place d'armes de sable maçonné d'argent, ouvert et ajouré du champ; brochant sur le tout, une fasce d'hermines en divise.
— En haut à droite : Mgr Lamarche, évêque de Quimper : d’azur à la croix d’or – au chef d’hermines.
— à partir de là, dans le sens horaire : Mgr Laouénan, évêque de Pondichéry : Ecartelé : au 1 d'azur à 3 oiseaux contournés d'argent ou d'or en pal ; au 2 d'argent au monogramme des M. E. de gueules; au 3 d'argent à un monde d'or (?) posé sur un roc(?) du même et sommé d'une croix de sable ; au 4 d'azur à l'agneau pascal couché d'argent. — Couronne ducale.
— Mgr Bécel, évêque de Vannes : d'hermines à la croix d'azur.
— Mgr Trégaro évêque de Séez : D'azur à la bande d'argent chargée de 3 mouchetures d'hermine (Bretagne) accompagnée d'une étoile d'or en chef (devise du prélat) et d'une ancre d'argent en pointe (souvenir de la Marine). Devise : Stella Maris spes mea
— Mgr du Marhallac'h, protonotaire apostolique : d'or à trois orceaux de gueules
— Mgr Bougaud, évêque de Laval : D'azur au Sacré Cœur d'or surmonté d'une croix haute, sommé d'une couronne et accosté de deux palmes d'or posées en rinceau
— Mgr Freppel, évêque d'Angers : d'azur à l'abeille d'or
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La devise des ducs de Bretagne A MA VIE inscrite sur un phylactère enroulé, traversé par une hermine passante colletée portant l'écharpe.
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Petite énigme.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf
— ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes,
— ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet
— COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851
https://books.google.fr/books?id=4udhAAAAcAAJ&dq=Dessins,+histoire+et+description+de+l%E2%80%99%C3%A9glise+de+Notre-Dame+du+Folg%C3%ABt&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf
— DANTEC (Dominique), 1986, La basilique de Notre-Dame-du-Folgoët : un programme classique de vitraux au XIXe siècle Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1986 Volume 93 Numéro 4 pp. 405-410
http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1986_num_93_4_3237
— GUILLERMIT (Augustin),1922 Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf
— GUILLOUET (Jean-Marie), 2009, Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrès archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.
https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document
— JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.
— KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf
— LÉCUREUX ,1914, « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.
— MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf
Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :
https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— PENNEC (R.P. Cyrille), 1634, réimpr. 1825, Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes, Vatar imp. 58 p.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf
— INFOBRETAGNE :
http://www.infobretagne.com/folgoet.htm
http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm
— LES AMIS DU FOLGOËT.
http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm
— monumentshistoriques.free.fr
http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html
— Semaine Religieuse de Quimper 1889
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_semaines-religieuses/SRQL_1889.pdf