Les douze Sibylles peintes par Hans Mielich pour les Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus : le manuscrit du duc Albert V de Bavière de l' Österreichische Nationalbibliothek de Vienne, Mus.Hs.18744/1-4 Mus
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Sur les enluminures des Livres de chœur d'Albert V par Hans Mielich, voir :
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— Sur les Sibylles, voir :
— Sur les Sibylles du Finistère, voir :
Les douze Sibylles de Brennilis étudiées à la lumière des Heures de Louis de Laval. (v. 1489)
Les Sibylles de la chaire (1677) et du chœur de l'église de Guimiliau.
Les sept Sibylles de la tribune (1606) de l'orgue de l'église N-D. de Croas-Batz à Roscoff.
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Un texte a récemment été découvert qui permettrait de se replonger dans la vie d’Albert V, l’employeur de Lassus, à cette époque. La probabilité qu’il s’agisse d’un texte authentique est voisine de zéro. Mais il stimule l’imagination...
« Dans la salle de musique de son palais, à Munich, Albert V s’est paré de sa large écharpe de velours rouge et de ses deux rangées de colliers d’argent. Il a aussi revêtu sa coiffe ornée de dessins dorés en forme de V. Assis devant la grande table, il contemple ses trésors. Quels chefs-d’œuvre ! Sans l’ombre d’un doute, les générations futures lui élèveront des autels pour les avoir initiés. Pour l’heure, il se les réserve pour sa satisfaction personnelle. Exclusive ! Il profitera seul de ces plaisirs hors norme... et hors de prix. Tant qu’il vivra, les partitions ne quitteront pas son palais. Quelques maigres informations sur ces partitions secrètes pourront fuiter, par-ci, par-là... Un parfum de légende n’a jamais nui à l’exercice du pouvoir, bien au contraire. Mais cela n’ira pas plus loin. Hormis pour de rares exécutions privées.
Il en convient, sa politique n’a pas amélioré les finances de la Bavière. Toutefois, la dette du pays, il ne l’a pas inventée. À son arrivée au pouvoir, elle était déjà là, abyssale. Ce qui ne l’a pas empêché de déployer des moyens considérables pour unifier la Haute et la Basse Bavière. Et au passage, lutter contre l’hérésie protestante. Sans oublier les recruteurs qu’il a envoyés parcourir l’Europe pour tenter de convaincre les meilleurs chanteurs, les instrumentistes d’exception, de venir enrichir sa Chapelle musicale. Ces charlatans de recruteurs l’ont si souvent escroqué.
Les quatre grands livres de chœur des Psaumes de la pénitence de Roland de Lassus sont là, ouverts devant lui. Une réalisation hors du commun. Plusieurs années de travail. La partition suit la disposition habituelle, celle qui permet de chanter à quatre depuis le livre, deux voix notées sur la page de gauche, deux sur celle de droite. Quelle chance d’avoir eu Jean Pollet comme copiste. Il a donné la mesure de son talent. La graphie est somptueuse. Mais ce n’est pas ce que le souverain admire en premier. Les quatre zones de la partition sont littéralement enveloppées d’une profusion de dessins et de gravures ! Les couleurs sont flamboyantes. Ce qui n’est pas surprenant quand on connaît le nom de leur auteur, le génial Hans Mielich. Oui, cette partition est sans équivalent, à la hauteur du seul Lassus.
Il repense au recrutement de Lassus, quinze ans auparavant, comme simple ténor. Et déjà à prix d’or ! Depuis, son compositeur et ami a pris une envergure européenne. Il suffit qu’un éditeur, que ce soit à Venise, à Paris ou à Amsterdam, mette son nom sur un recueil, parfois pour une unique chanson perdue au milieu des autres, et les ventes s’envolent.
Que de souvenirs. Et combien son propre père, Guillaume IV, apprécierait le spectacle de cette partition ! En son temps, il en a bien fait une équivalente pour des Messes du grand Josquin. Aujourd’hui, grâce à ses propres efforts, Munich est désormais la capitale de l’Europe. Les plus célèbres peintres, sculpteurs, graveurs de médailles, musiciens sont prêts à tout pour se faire engager à sa cour. Tiens, par exemple, le petit Gabrieli qui insiste tant pour venir tenir l’orgue et apprendre la composition auprès de Lassus. Il faudrait peut-être le faire venir ? Il semble avoir du talent.
Le Duc range avec soin les quatre livres et sort un autre ouvrage, moins imposant, Les Prophéties des Sibylles. Lassus n’a jamais voulu lui révéler quand il a composé cette musique sur la langue énigmatique des prêtresses d’Apollon. Peut-être à Rome. Il a dû être marqué par les Sibylles que Michel-Ange a peintes sur le plafond de la Chapelle Sixtine. Mais Michel-Ange n’en a seulement peint que cinq. Mielich, lui, a réalisé une miniature pour chacune des douze. Et au passage, il a fait un des plus beaux portraits qui soit de Lassus.
Pourtant, ce qui fascine Albert V est d’une autre nature. Il se chante l’introduction. Le texte est de Lassus lui-même : « Ces chants que tu entends, élaborés selon une mélodie chromatique, ce sont ceux-là par lesquels, jadis, les douze Sibylles ont chanté d’une voix intrépide les secrets de notre salut. » Ah, ce chromatisme ! Quel mystère... Quand les malheureux compositeurs italiens qui s’agitent dans les cameratas de Ferrare l’utilisent pour une horrible musique expérimentale, réservée aux connaisseurs, brutale pour l’oreille, Lassus a réussi une réalisation bien supérieure. Puissante et discrète. Albert ne saurait dire pourquoi, mais cette musique est belle, mystérieuse et envoûtante. Les règles anciennes y sont abolies, un monde neuf entrouvert. Il le sent, l’héritage de cette œuvre devra attendre longtemps avant d’être reçu ! Un jour, peut-être, quelqu’un percera le mystère de ces nouvelles lois. »
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Ce texte, légèrement effrayant et opaque, est une prophétie chrétienne, une annonciation de la venue du Christ. Mais la figure de la Sibylle est plus ancienne que cela. Elle remonte à l’Antiquité. On la confond parfois avec la Pythie de Delphes. Il y a d’ailleurs un lien. Les deux disent des oracles et font des prophéties. Mais, d’une certaine façon, la Pythie est la version titularisée, fonctionnarisée, de la prophétesse. Elle réagit seulement quand on vient la voir. Et alors, elle annonce – mais de façon cryptée – son avenir au visiteur. Pour sa part, la Sibylle est libre. Elle ne parle que lorsqu’elle a une vision. Et elle cultive une façon très particulière, très « sibylline », de transmettre ses visions.
Avant tout, la Sibylle est simplement la version féminine du Prophète. Et les compositeurs ont d’innombrables fois mis les Prophètes en musique. Par contre, pour les Sibylles, en dehors de Lassus, il semble n’y avoir que Maurice Ohana qui l’ait fait au XXe siècle.
Comment Roland de Lassus a-t-il eu l’idée de traiter ce thème ? Mais aussi, quand l’a-t-il fait ? Dans quelle ville ou pays ? Sait-on même de qui sont les textes qu’il met là en polyphonie ? Et pourquoi précisément douze Sibylles ? Voilà une belle liste de questions. Les spécialistes en débattent encore.
La Sibylla europaea, la Sibylle européenne, neuvième de la liste de Lassus chante :
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PRÉSENTATION.
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— Albert V de Bavière dit Albert le Magnifique (né le 29 février 1528 à Munich ; † 24 octobre 1579 à Munich) fut duc de Bavière de 1550 à 1579.
— Hans Mielich ou Müelich (Munich 1516-1573) est un peintre, miniaturiste et dessinateur allemand de la Renaissance tardive, connu principalement pour ses portraits (il fut le portraitiste favori de la bourgeoisie de Munich), miniatures et enluminures. Ses relations avec le duc Albert V de Bavière, grand amateur d'art qui lui commande à partir de 1546-1547 de plus en plus d'œuvres, évoluent bientôt vers une étroite amitié. Mielich devient un peintre de cour apprécié. En 1558 il est élu chef de la corporation des peintres. Dans le domaine des miniatures sont à ranger les deux Inventaire des bijoux d'Albert (1546–55) et de son épouse Anne (1552–55), et surtout l'illustration d'un recueil de Motets de Cyprien de Rore (1557–59, 300 pages) et des Psaumes pénitentiels de Roland de Lassus. Il était lié d'une amitié d'artiste avec ce compositeur.
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— Roland de Lassus ou Orlando di Lasso (Mons,1532-Munich,1594) , est un compositeur de l'école franco-flamande, vers la fin de la Renaissance. Estimé d'abord pour la qualité de sa voix, à Mons, puis Milan, Naples en 1550, il occupe le poste de Maître de chapelle de Saint-Jean-de-Latran à Rome en 1553, puis séjourne à Anvers où il publie ses premières compositions en 1555.
C'est en 1556 qu' il rejoint à Munich la cour d'Albert V de Bavière, qui désire s'entourer de musiciens prestigieux à l'instar des cours des princes italiens.
En 1558, il épouse Regina Wäckinger, la fille d'une dame d'honneur de la duchesse.
Son art fut d'emblée reconnu et Roland de Lassus était, dès le milieu du siècle, surnommé le « divin Orlande » par le poète Ronsard, ou « Prince de la musique » par ses contemporains, ou encore, plus tard, l'« Orphée belge ». Dans les années 1560, Lassus était déjà devenu très célèbre, et des compositeurs se rendaient à Munich pour étudier avec lui.
En 1563, Lassus est nommé maître de chapelle à Munich, succédant à Ludwig Daser à ce poste. Il demeure au service d'Albert V et son héritier, Guillaume V de Bavière, jusqu'à sa mort en 1594.
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— Les prophetiae sibyllarum.
Roland de Lassus s'est illustré dans un style connu à l'époque comme Musica reservata (ou musica secreta). Il s'agit de mettre le texte en musique de façon expressive et intense, en mêlant échelle chromatique et échelle diatonique. Un exemple célèbre d'une composition de Lassus, écrite dans ce style, est sa série de 12 motets intitulé Prophetiae Sibyllarum (les Prophéties des Sibylles), qui annonce le chromatisme de Carlo Gesualdo. Innovante pour l'époque, cette manière de composer n'est réapparue qu'au XXe siècle. Mais le duc Albert V ne lui permettait pas de les faire éditer parce qu'il s'en réservait la propriété exclusive pour la cour de Bavière afin de les faire jouer pour un usage privé. C'est notamment le cas pour les Prophetiae Sibyllarum et surtout les Psaumes pénitentiels (Psalmi pœnitentiales Davidis), tous écrits entre 1556 et 1559. Il faisait copier les partitions sur manuscrit, les faisait enluminer par Mielich et relier à prix d'or et faisait garder ces chefs d'œuvre de bibliophilie dans son Trésor, en réservant la présentation à quelques hôtes illustres.
J'ai déjà présenté dans ce blog les trois livres de chœur conservés à la Bibliothèque Nationale de Munich : a) les partitions de 26 motets de Cypriano de Rore copiés sur velin par Johannes Pollet datant de 1559 (Mus. Ms B I ) et leur commentaire par le médecin et bibliophile Samuel Quickelberg , et b) Les sept Psaumes pénitentiels et deux psaumes Laudate de Roland de Lassus copiés sur velin par Johannes Pollet et enluminés par Mielich datant de 1565 (cote Mus.Ms A I et II ).
Mais un troisième livre de chœur est conservé à la Bibliothèque Nationale de Vienne sous la cote 18744 : les Prophetiae sibyllarum, datant de 1560 environ.
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— Les manuscrits enluminés des Lectiones ex libris Hiob et Prophetiae sibyllarum.
Österreichischse Nationalbibliotek Cote Mus.Hs.18744/1-4 Mus sous le titre Lectiones ex libris Hiob und Prophetiae Sibyllarum .
Lien vers la notice et le manuscrit numérisé : http://data.onb.ac.at/rec/AL00234956
Il s'agit de quatre volumes manuscrits (velin ?) de 18,6 x 25,6 cm. Chaque volume est sensiblement identique.
Ils réunissent deux ensembles composés vers 1552-1553 (?) à la forme SATB : les Sacrae lectiones ex propheta Job, neuf lectures ou leçons de l'Office des défunts aux Matines, avec les Prophetiae sibyllarum, douze Prophéties des Sibylles .
L’édition en fac-similé a été publiée et introduite par J. A. Owens en 1986.
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Les neuf Leçons de Job sont ornées par une lettrine dorée. Ce sont :
1."Parce mihi Domine". "Peccavi, quid faciam tibi" (Job 7,16-21)
2."Taedet animam meam" "Indica mihi, cur me ita iudices" "Numquid sicut dies hominis" (Job 10 1-7)
3."Manus tuae. Domine fecerunt me" "Nonne sicut lac" (Job 14,1-6)
4."Responde mihi, quantas habeo" "Scribis enim contra me".
5"Homo natus de muliere" "Et dignum ducis" "Constituisti terminos".
6 "Quis mihi hoc tribuat". "Vocabis me, et ego respondebo"
7 "Spiritus meus attenuabitur". "Libera me, Domine, et pone me" "Si sustinuero, infernus domus mea".
8 "Pelli meae, consumptis carnibus". "Quare persequimini" "Scio enim, quod redemptor".
9 "Quare de vulva eduxisti me". "Dimitte me ergo".
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Les 12 pièces des Sibylles sont précédés d'une introduction musicale où Lassus explique qu'il a voulu provoquer l'étonnement par une écriture inattendue. En effet, "l’écriture de ce cycle est complètement originale : Lassus y recourt à ces altérations ou chromatismes très étonnants qui font qu’immédiatement on perçoit la volonté de sortir du langage ordinaire, c’est-à-dire du langage du mode diatonique caractérisé à l’inverse par son absence de tout dièse ou bémol " (I. His)
Le texte des prophéties est celui d'hexamètres issus d' un recueil imprimé à Bâle en 1545 et intitulé Sibyllinorum oraculorum libri octo, multis huiusque seculis abstrusi nuncque primum in lucem editi ... Per Xystum Betuleium ...Sixt Birck, Ex offic. J. Oporini, 1545, qui donne en appendice au texte principal les douze textes anonymes choisis (hormis le prologue), rassemblés sous le titre Sibyllarum de Christo vaticinia. Le musicien en a sans doute plutôt utilisé la réédition de 1555), [Oracula Sibyllina]. Sibyllinorum oraculorum libri VIII. Addita Sebastiani Castalionis interpretatione latina... cum annotationibus Xysti Betulei in graeca sibyllina oracula et Sebastiani Castalionis in translationem suam... / Basileae : per J. Oporinum , [1555] ). Voir 1599 Sibylliakoi Chrēsmoi hoc est Sibyllina Oracula ex vett. codd. aucta ..page 458
"L’éditeur dit fournir ici en supplément des chants latins qu’il a récemment trouvés dans un livre « ancien » ; l’ordre des douze textes y est bien celui repris par Lassus, excepté l’interversion entre les deux dernières sibylles, Agrippa et Erythraea, qui reste à expliquer " (I. His). En fait, ces hexamètres pourraient être une traduction approximative des poèmes en italien populaire qui accompagnent douze gravures de Baccio Baldini.
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Le portrait.
Les manuscrits se terminent, pour trois des quatre volumes, par un portrait de Roland de Lassus "à l'âge de 28 ans", soit en 1560.
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Isabelle His a suggéré que les Psaumes pénitentiels, les Leçons de Job et les Prophéties des Sibylles pouvaient constituer un corpus cohérent :
"Le fait est qu’elles [les Prophéties] y voisinent avec un autre cycle musical, celui de neuf Leçons de Job, et qu’un autre manuscrit consacré à Lassus fait cohabiter quant à lui un ensemble de sept Psaumes de pénitence et deux psaumes Laudate. Les Sibylles appartiennent donc, matériellement, à une sorte de triptyque dont elles peuvent former le volet central : Leçons de Job /Sibylles/Psaumes. Par ailleurs, un lien avec le corpus des psaumes est avéré par la représentation, rassemblées sur une page de son manuscrit, des douze sibylles dont l’autre manuscrit contient la musique . L’ensemble que forment ces manuscrits de Lassus semble correspondre à des corpus composés autour de 1560, peu après sa prise de fonctions à Munich, peut-être selon un programme défini par son prince, donnant en tout cas la mesure des divers talents de son jeune musicien."
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RAPPEL SUR LES SIBYLLES.
J'ai présenté le thème iconographique des 12 Sibylles dans mon premier article sur l'église de Brennilis (cf. lien supra). Quelques dates :
— 1461-1465 : Les Oracula sibyllina dites de Saint-Gall, du nom du monastère qui conserve cet ouvrage : première apparition de la série organisée de 12 prophétesses antiques, associées chacune à un épisode de la vie du Christ, qu'elles annoncent : un attribut symbolise leur prophétie. Avec 12 xylographies.
— v. 1470 : le 12 gravures des Prophètes et les Sibylles par le florentin Baccio Baldini . Cette série, – dont Francesco Rosselli, vers 1485-1490, fit des copies – daterait vers 1470-1475, selon Hind, Oberhuber et Levenson, vers 1475-1480, selon Zucker ; pour cette série, Baldini s’inspira parfois des gravures du Maître E. S., graveur allemand dont les dernières œuvres sont datées des environs de 1466-1467 . La séquence est : Persica / Libica / Delphica / Cimmeria / Erythrea / Samia / Cumana / Hellespontica / Phrygia / Tiburtina / Europa / Agrippa.
— 1470-1480 : le manuscrit enluminé des Heures de Louis de Laval réserve douze doubles pages aux Sibylles, en reprenant le texte et la systématisation liturgique des Oracula Sibyllina de saint-Gall :
a) Les sept Sibylles de la Vie de la Vierge et Enfance de Jésus : Persica Libica Erythrea Cumana Samia Cimmeria Europa : Etoile des Bergers / Incarnation de la Lumière / Annonciation / Accouchement / Mise au berceau / Allaitement/ Fuite en Egypte Massacre des Innocents
b) Les cinq Sibylles de la Passion et de la Résurrection : Tiburtina Agrippa Delphica Hellespontica Phrygia : la Passion : Le Soufflet / La Flagellation / Le Couronnement d'épines / La Crucifixion / La Résurrection.
— 1481 : Philippo Barbieri (= de Barberis) donne la première publication imprimée dans Discordantii sanctorum doctorum, 1481, réed. 1505 d'une suite de 12 Sibylles en indiquant leur âge, leur attribut, et en les accompagnant d'un texte en latin.
— 1493. Le Liber chronicarum, la Chronique de Nuremberg, donne sur les marges d'une page le portrait et les prophéties de huit Sibylles. https://www.wdl.org/fr/item/4108/view/1/140/
— 1509 : Michel-Ange peint cinq Sibylles sur le plafond de la chapelle Sixtine.
— 1545 et 1555 : recueil imprimé à Bâle en 1545 et intitulé Sibyllinorum oraculorum libri octo, Bâle, J. Oporini, 1545, réédition Bâle 1555).
— vers 1552 : composition des Prophetiae sibyllarum par Roland de Lassus :
La série ainsi composée par Lassus, : Persica / Libica / Delphica / Cimmeria / Samia / Cumana / Hellespontica / Phrygia / Europa /Tiburtina / Erythrea / Agrippa, est différente à la fois de celle de Barbieri en 1481, de celle des Heures de Louis de Laval, et de celle de Jean Dorat, illustrée par Jean Rabel, en 1586.
— 1560 : réalisation du manuscrit de la partition enluminé par Hans Mielich pour le duc Albert V.
— 1570 : apparition de Sibylles sculptées sur les voûtes de l' église de Pleyben (Finistère) et de la chapelle seigneuriale de Kerjean (Saint-Vougay, Finistère).
— 1600 : publication des Prophetiae sibyllarum de Roland de Lassus à Munich par Nicolaï Henrici.
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LES ENLUMINURES DES MANUSCRITS VIENNA MUS.Hs.18744 PAR HANS MIELICH. LES DOUZE SIBYLLES ; LE PORTRAIT DE ROLAND DE LASSUS.
Après la série d'émissions de Musicopolis consacrée en avril 2017 par Anne-Charlotte Rémond à Roland de Lassus à Munich, en cette semaine d'août 2017, cinq épisodes de sept minutes d'une émission est diffusée par France Musique : Roland de Lassus et les Prophéties des Sibylles, dans Les enquêtes musicales de Claude Abromont. À cette occasion, et aiguillonnée par mes précédents articles d'iconographie des Sibylles, je découvre que je ne connais pas les enluminures des Sibylles par Hans Mielich pour ces Prophéties. Et pour cause : elles ne sont pas disponibles en ligne.
Bien que les Prophetiae Sibyllarum aient été très soigneusement étudiées par les musicologues, Peter Bergquist et Ann Owens en tête, et que les manuscrits aient été publiés en fac-similé par ce dernier auteur, l'internaute ne dispose pas des portraits des 12 Sibylles ou du compositeur : et l'article d'Isabelle His ne donne accès qu'aux reproductions en noir et blanc de ces 12 sibylles. J'ai voulu profiter de la numérisation du Vienna Mus. Hs 18744 pour proposer ici des documents. Tous les droits relèvent de la Bibliothèque Nationale de Vienne.
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La ferrure centrale de la reliure : monogramme AH et armoiries.
Les quatre manuscrits sont reliés avec, au centre une pièce métallique portant le monogramme AH (Albrecht Herzog = le duc Albert V ?), d'un blason aux anciennes armes écartelés de Bavière entouré du collier de la Toison d'or et surmonté d'une devise mal lisible I CANTRAT ENORS (???).
Ces armoiries sont à comparer aux garnitures en métal (des pièces d'orfèvrerie) du manuscrit Mus.ms.A de Munich
http://www.lavieb-aile.com/2015/05/autoportrait-de-hans-mielich-suite-le-mus-ms-a-i-et-ii.html
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L'INTRODUCTION MUSICALE : CARMINA CHROMATICO.
Les douze pièces sont précédées d’une sorte d’introduction musicale, dont le texte est peut-être de la main de Lassus lui-même, qui explique :
Carmina chromatico quae audis modulata tenore
Haec sunt illa quibus nostrae olim arcana salutis
Bis senae intrepido cecinerunt ore Sibyllae
"Ces chants que tu entends avec un ténor chromatique
Ce sont ceux avec lesquels autrefois nos deux fois six sibylles
Annoncèrent d’une bouche sans crainte les secrets de notre salut. » (I. His 2004)
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On notera la lettrine, dans le pur style des calligraphies de la chancellerie ducale, ou du moins de celles que Georg Bocksay secrétaire de l'empereur Ferdinand Ier assembla en 1561 dans un Livre de modèles qui sera enluminé 30 ans plus tard par Joris Hoefnagel (le Mira calligraphiae monumenta).
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Voici la liste des 12 sibylles que nous allons découvrir :
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1. La Sibylle de Perse tenant la lanterne : la lumière de l'étoile des bergers.
2. La Sibylle de Libye tenant un flambeau : la lumière fait Christ Ego sum lux.
3. La Sibylle de Delphes tenant une couronne : le Couronnement d'épines.
4. La Sibylle Cimmérienne tenant une corne à usage de biberon : l'allaitement de l'Enfant-Jésus.
5. La Sibylle de Samos tenant un berceau : la Nativité dans la Crèche.
6. La Sibylle de Cumes tenant un bassin ovale : la Nativité
7. La Sibylle d'Hellespont tenant une croix, préfigurant la Crucifixion.
8. La Sibylle de Phrygie tenant l'étendard de la Résurrection, annonçant ...la Résurrection.
9. La Sibylle Europe, tenant une épée, annonçant la Fuite en Égypte et le Massacre des Innocents.
10. La Sibylle de Tibur tenant une main coupée, annonçant l'affront fait au Christ pendant sa Passion (gifle d'un soldat).
11. La Sibylle d'Erythrée, tenant une fleur, reliée au lys tenu par Gabriel lors de l'Annonciation.
12. La Sibylle Agrippa, tenant un fouet, préfigurant la Flagellation.
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Chacune est associée à un mode musical
1. LE CARTOUCHE "SIBI : PERSICA" ET LA SIBYLLE PERSIQUE.
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Le cartouche de "cuir découpé à enroulement" : il constitue un sujet d'étude à part entière. Venu d'Italie, développé par l'École de Fontainebleau vers 1526, il est repris par les artistes flamands et de l'Europe du nord. Il m'intéresse de le retrouver ici, en 1560, après en avoir admirer les développements savants sur les sablières de la chapelle de Kerjean (vers 1570) où sont sculptés de belles Sibylles.
Avant Hoefnagel, qui en fera ses délices, Hans Mielich s'ingénie à enchevêtrer des cuirs de plusieurs couleurs, à y pendre des colliers, des rubans ou des guirlandes, à y placer des feuillages et des oiseaux, à y suspendre des masques, à y faire évoluer des putti, etc.
Comme nous avons quatre manuscrits dont les enluminures diffèrent légèrement, ce sont quarante-huit cartouches qu'il faudrait étudier.
En outre, les médaillons dans lesquels s'inscrivent les Sibylles sont eux-mêmes placés dans des cartouches. Y'a d'koi faire !
Je donnerai à chaque fois deux exemples d'enluminure de chaque Sibylle, parmi les quatre manuscrits, tirés du premier et du dernier proposés en numérisation.
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La Sibylle Persica :
Elle est âgée de 30 ans (chiffre 30 sur le fond noir) et son attribut est la lanterne. Elle annonce la lumière qui guida les Bergers et les Mages à la Nativité. Par contre, Hans Mielich ignore une solide tradition, celle de la représenter piétinant un serpent. Comme ici sur l'oracula Sibyllina de saint-Gall (vers 1460) :
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Texte : Mode musical associé : 8 (Sol).
Pour chaque folio, je donnerai le texte en latin de la pièce musicale de Roland de Lassus, puis la traduction.
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Virgine matre satus, pando residebit asello,
Iucundus princeps, unus qui ferre salutem
Ritè queat lapsis : tamen illis fortè diebus
Multi multa ferent, immensi fata laboris.
Solo sed satis est oracula prodere verbo :
ille Deus casta nascetur virgine magnus.
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"Né d'une mère vierge, il sera assis sur un âne à l'échine courbée,
Prince gracieux, qui seul peut porter le salut
Selon les rites aux pécheurs ; pourtant sans doute en ces jours
Beaucoup supporteront les nombreuses prophéties d'une souffrance immense.
Mais une seule parole suffit pour rendre les oracles :
Ce grand Dieu naîtra d'une vierge pure." Copyright Trad. Guy Laffaille
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Sur chaque vignette, nous verrons la Sibylle lever l'index, en signe d'énonciation oraculaire, et tenir un attribut.
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Sur un autre manuscrit :
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2. LE CARTOUCHE "SIBI : LIBICA" ET LA SIBYLLE DE LIBYE.
Deux cartouches dont l'un est orné de deux oiseaux dont un chardonneret, et l'autre de fleurs et de masques.
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La Sibylle de Libye.
Mode musical associé : 8 (Sol). Son attribut est le flambeau. Elle annonce la Lumière apportée au Monde par le Christ. :L'âge de 24 ans est indiqué, la Sibylle tient son cierge allumé, les vêtements et la coiffure diffèrent d'une enluminure à l'autre.
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Le texte de la Sibylle Libica :
Ecce dies venient, quo aeternus tempore princeps,
Irradians sata laeta, viris sua crimina tollet,
Lumine clarescet cuius synagoga recenti :
Sordida qui solus reserabit labra reorum,
Aequus erit cunctis, gremio rex membra reclinet
Reginae mundi, sanctus, per saecula vivus.ans, et gloria certa manebit.
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"Voici que les jours viennent où le Prince éternel
Irradiant d'une lumière joyeuse, enlèvera aux hommes leurs crimes.
La Synagogue s'illuminera de sa lumière nouvelle.
Lui qui seul ouvrira les lèvres viles des accusés,
Il sera bienveillant pour tous, roi,
il reposera ses membres sur le sein de la reine du monde,
Saint, vivant dans les siècles." (Trad. Guy Laffaille copyright 2010)
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Pour cet exemple, je vais comparer ces six vers aux diverses sources que j'ai étudié dans mi=on étude sur les Sibylles de Brennilis. Pour les autres, le lecteur pourra s'y référer. Ici, on constatera que l'incipit ecce dies venient (qui citent le prophète Jérémie) se retrouvent dans tous les cas, de même que la référence à la Synagogue,
— Baccio Baldini (1470-1480) : SIbILLA·LIbICA· (S à rebours). Assise dans un jardin, coiffée d’un chapeau conique à plumes, elle tourne les pages d’un livre posé sur ses genoux. Un cartouche porte l'inscription Ecce venientem diem et latentia aperientem tenebit gremio gentium regina
Tentative de traduction "Voici venir le jour ou sera révélé celui que la reine des nations tiendra en son giron"
Le poème en italien est le suivant :
Il di Verra che ll'etterno signiore
Lume dara alle chose naschose
E legami iscora del nostri errore
Fara le sinagoge luminose
E solvera le lab[ra] al pechatore
E fie stadera di tute le chose
En grenbo alla rina delle giente
Sedra questo re santo evivente
Voir Marjorie Roth 2005.
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— Filippo Barbieri (1481) : Sibylla Libyca ornata serto viridi et florido in capite, vestita pallio honesto et non multum juvenis sic ait : Ecce veniet dies et illuminabit condempsa [sic] tenebrarum et solventur nexus Sinagogae et desinent labia hominum et videbunt regem viventium ; tenebit illum in gremio virgo domina gentium et regnabit in misericordia et uterus matris erit statua [ou statera] cunctorum. "Elle porte une guirlande verte et fleurie sur la tête, elle est vêtue d'une belle robe et elle n'est plus toute jeune." A défaut de pouvoir donner une traduction claire de la suite, je remarque que la Libyque est associée à la venue de la Lumière dissipant l'obscurité de la Synagogue, mais aussi à celle d'un Roi régnant dans la miséricorde et issu de l'utérus d'une Vierge . cf in gremio virgo, "dans le giron d'une vierge" et uterus matris.
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— Prophète associé par Barbieri : Jérémie 23:5 Ecce dies veniunt dicit Dominus et suscitabo David germen iustum et regnabit rex et sapiens erit et faciet iudicium et iustitiam in terra "Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, Où je susciterai à David un germe juste; Il régnera en roi et prospérera, Il pratiquera la justice et l'équité dans le pays."
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— Livre d'Heures de Louis de Laval folio 18v: "La Sibylle Libyque tient à la main un cierge allumé. L'inscription qui l'accompagne est ainsi conçue : « Sibylla Libyca, XXIV annorum, cujus meminit Euripides. Videtur clare vaticiriari de adventu Salvatoris cum prophetis. Ecce veniet deus et illuminabit condensa tenebrarum et solvet nexus Synagogœ... »
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3. LE CARTOUCHE "SIBI : DELPHICA" ET LA SIBYLLE DE DELPHES.
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La Sibylle de Delphes
Son attribut est la couronne, annonçant le Couronnement d'épines de la Passion. L'âge est de 20 ans. Elle porte un voile, des voilages transparents, et, dans le deuxième exemple, elle tient la couronne par l'intermédiaire d'un linge.
Texte :
Non tarde veniet, tacita sed mente tenendum
Hoc opus, hoc memori semper qui corde reponet,
Huius pertentant cor gaudia magna prophetae
Eximii, qui virginea conceptus ab alvo
Prodibit, sine contactu maris, omnia vincit
Hoc naturae opera : at fecit, qui cuncta gubernat.
"Il ne viendra pas tard, mais il doit être gardé en secret
Cet acte ; celui qui le mettra dans son cœur pour toujours
D'une grande joie son cœur sera rempli par les Prophètes
Éminents, conçu dans le ventre d'une vierge
Il se présentera, sans le contact d'un homme, ceci vainc
Les actes de la nature, mais c'est celui qui gouverne tout qui l'a fait."(Trad. Guy Laffaille)
Source : poème en italien sur une gravure de Baccio Baldini vers 1470-1480 ;
None daeser lenta matraquilla
Averta lopera echonsiderare
Lavenimento che alta villa
Dovel profeta grande aincharnare
Nel ventre verginal dumanancilla
Sansa congiunto duom mortalsafare
Ecchotalchosa fie sopra natura
Fatta per chuel chepvo che idio dara
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4. LE CARTOUCHE "SIBI CIMMERIA" ET LA SIBYLLE CIMMÉRIENNE.
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Notez la différence de graphie Cimmeria / Cimeria.
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La Sibylle Cimmérienne.
Mode musical : 1 (b Sol) . Âge 18 ans. Elle tient une corne, utilisée comme biberon, pour annoncer que Marie allaitera son Fils.
Le texte mis en musique :
In teneris annis facie praesignis, honore
Militiae aeternae regem sacra virgo cibabit
Lacte suo : per quem gaudebunt pectore summo
Omnia, et Eoo lucebit sidus ab orbe
Mirificium : sua dona Magi cum laude ferentes,
Obiicient puero myrrham, aurum, thura Sabaea.
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"Dans ses tendres années, d'une beauté insigne, honorée
Par l'armée éternelle, une vierge sainte nourrira un roi
De son lait ; par lui de grand cœur ils se réjouiront
Tous et l'étoile du Matin brillera dans un ciel magnifique,
Les Mages portant leurs dons avec respect
Présenteront à l'enfant la myrrhe, l'or et l'encens de l'Arabie." (Trad. Guy Laffaille)
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5. LE CARTOUCHE "SIBI : SAMIA" ET LA SIBYLLE SAMIENNE.
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La Sibylle de Samos.
Mode musical : 2 (b Sol). Âgée de 15 ans, elle tient un berceau à bascule annonçant la crèche de la Nativité. Dans la première enluminure, elle est entièrement vêtue d'un manteau bleu couvrant la tête ; dans l'autre, un voile blanc recouvre les cheveux.
Texte.
Ecce dies, nigras quae tollet laeta tenebras,
Mox veniet, solvens nodosa volumina vatum
Gentis Judaeae, referent ut carmina plebis.
Hunc poterunt clarum vivorum tangere regem,
Humano quem virgo sinu inviolata fovebit.
Annuit hoc coelum, rutilantia sidera monstrant.
"Voici le jour, qui enlèvera joyeusement les ténèbres noires,
Il viendra bientôt, résolvant
les volumes compliqués des prophètes
De la race de Judée, les chants du peuple rapportent
Qu'ils pourront toucher ce brillant roi des vivants,
Qu'une vierge intacte réchauffera sur son sein humain.
Le ciel l'indique par un signe, les étoiles éclatantes le montrent." (Trad. Guy Laffaille)
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6. LE CARTOUCHE "SIBI : CVMANA" ET LA SIBYLLE DE CUMES.
Mode musical : 2 (b Sol).
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La Sibille de Cumes
Elle est âgée de 18 ans. Elle tient un bassin. Ceci est intéressant, car il est difficile de reconnaître sur les autres exemples iconographiques l'attribut de cette prophétesse pourtant clairement associée à la Nativité dans les Heures de Louis de Laval, et Émile Mâle hésitait entre un petit pain rond, ou un coquillage de forme vulvaire comme les porcelaines. Ici, ce bassin, accessoire fréquemment représenté dans les Nativités et présenté par une servante alors que la Vierge est couchée, peut être celui du premier bain donné à l'Enfant. Ce qui ne trouve aucune résonance dans le texte mis en musique.
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Texte :
Iam mea certa manent, et vera, novissima verba,
Ultima venturi quod erant oracula regis,
Qui toti veniens mundo cum pace, placebit,
Ut voluit, nostra vestitus carne decenter,
In cunctis humilis, castam pro matre puellam,
Deliget, haec alias forma praecesserit omnes.
"Maintenant mes paroles restent certaines, vraies et tout à fait neuves,
En ce qu'elles étaient les dernières prophéties de l'arrivée du roi,
Qui en venant plaira au monde entier avec la paix,
Comme il l'a voulu, revêtu de notre chair avec grâce,
Humble en toutes choses, comme mère une jeune fille chaste
Il choisira, cette forme aura emporté sur toutes les autres." (Trad. Guy Laffaille)
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7. LE CARTOUCHE "SI : HELLESPONTICA" ET LA SIBYLLE D'HELLESPONT.
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La Sibylle Hellespontine.
Mode musical : 7 (Sol). Elle est âgée de 50 ans et tient une croix, car elle a prophétisé la Crucifixion. Une fois de plus, le texte n'a aucun rapport avec la tradition iconographique issue du Manuscrit de Saint-Gall et des Heures de Louis de Laval.
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Dum meditor quondam vidi decorare puellam,
Eximio (castam quod se servaret) honore,
Munere digna suo, et divino numine visa,
Quae sobolem multo pareret splendore micantem :
Progenies summi, speciosa et vera Tonantis,
Pacifica mundum qui sub ditione gubernet.
"Pendant que je méditais, un jour j'ai vu orner une jeune fille
D'un honneur extraordinaire parce qu'elle se gardait pure,
Un don et une vision dignes de sa puissance divine,
Elle qui porterait une lignée brillant d'un grand éclat,
Descendance belle et vraie du Dieu de tonnerre
Qui gouverne le monde sous son pouvoir pacifique." (Trad. Guy Laffaille)
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8. LE CARTOUCHE "SIBI PHRIGIA" ET LA SIBYLLE PHRYGIENNE.
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La Sibylle Phrygienne.
Mode musical : 7 (Sol). Pas d'indication d'âge. Elle tient l'étendard à croix rouge sur fond blanc qui est celui du Christ sortant du tombeau dans la tradition iconographique.
Texte mis en musique :
Ipsa Deum vidi summum, punire volentem
Mundi homines stupidos, et pectora caeca, rebellis.
Et quia sic nostram complerent crimina pellem,
Virginis in corpus voluit demittere coelo
Ipse Deus prolem, quam nunciet Angelus almae
Matri, quo miseros contracta sorde levaret.
"J’ai vu moi-même un Dieu très grand qui voulait punir,
En ce monde, les hommes stupides et rebelles dans leurs cœurs aveuglés ;
Et parce que les crimes remplissaient notre peau,
Il a voulu faire descendre du ciel dans le corps d’une vierge,
Lui Dieu, un enfant qu’un ange annoncerait à la mère bienveillante,
Pour laver les malheureux de la souillure qu’ils ont contractée."
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9. LE CARTOUCHE "SIBI : EVROPEA" ET LA SIBYLLE D' EUROPE.
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La Sibylle Europe.
Âgée de 15 ans, son attribut est l'épée ou glaive : elle annonce la Fuite en Égypte et le Massacre des innocents. Mode musical : 4 (Mi).
Texte de la partition.
Virginis aeternum veniet de corpore verbum
Purum, qui valles et montes transiet altos.
Ille volens etiam stellato missus Olympo,
Edetur mundo pauper, qui cuncta silenti
Rexerit imperio : sic credo, et mente fatebor :
Humano simul ac divino semine gnatus.
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"Du corps d'une vierge viendra l'éternel Verbe
Pur, qui passera les vallées et les hautes montagnes,
Lui aussi volant, envoyé de l'Olympe étoilé,
Pauvre il naîtra au monde,
Lui qui dans un pouvoir silencieux sera le roi de tout.
Ainsi je crois et je reconnaîtrai :
Il est né d'une semence humaine en même temps que divine." (Trad. Guy Laffaille)
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10. LE CARTOUCHE "SI : TYBVRTINA" ET LA SIBYLLE DE TIBUR.
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La Sibylle de Tibur.
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Âgée de 20 ans, elle tient une main coupée annonçant le soufflet d'un soldat lors de la Passion. On notera le turban ou balzo, très à la mode à la Renaissance, mais qui permet de conférer une touche orientale à la prophétesse, bien que Tibur, ou Tivoli, se trouve en Italie.
Texte. Le mode musical associé est le 4 (Mi).
Verax ipse Deus dedit haec mihi munia fandi,
Carmine quod sanctam potui monstrare puellam,
Concipiet quae Nazareis in finibus, illum
Quem sub carne Deum Bethlemica rura videbunt.
O nimium felix, coelo dignissima mater,
Quae tantam sacro lactabit ab ubere prolem.
"Le vrai Dieu lui-même m'a donné cette charge de parler
Parce que j'ai pu montrer dans un chant la sainte Vierge
Qui concevra dans le pays de Nazareth ce Dieu
Que les campagnes de Bethléem verront incarné.
Ô mère trop heureuse, très digne du ciel,
Qui allaitera de son saint sacré un si grande descendance." (Trad. Guy Laffaille)
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11. LE CARTOUCHE : "SI : ERYTHREA" ET LA SIBYLLE D'ERYTHRÉE.
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La Sibylle d' Erythrée.
Âgée de 25 ans, elle tient une fleur, qui préfigure l'Annonciation (et le lys présenté par l'ange Gabriel à Marie). Dans le premier manuscrit elle est coiffée d'un hénin, et dans le dernier d'un turban d'où descend un long ruban blanc.
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Texte. Le mode musical associé est le 6 (b Fa).
Cerno Dei natum, qui se demisit ab alto,
Ultima felices referent cum tempora soles :
Hebraea quem virgo feret de stirpe decora,
In terris multum teneris passurus ab annis,
Magnus erit tamen hic divino carmine vates,
Virgine matre satus, prudenti pectore verax.
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"Je vois le fils de Dieu, qui est descendu du ciel,
Quand des soleils heureux ramèneront les temps ultimes.
Lui qu'une belle vierge portera d'une racine hébraïque,
Sur terre depuis ses tendres années il souffrira beaucoup.
Pourtant il sera un grand prophète au chant divin,
Né d'une mère vierge, véridique dans la sagesse de son cœur." (Trad. Guy Laffaille)
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12. LE CARTOUCHE : "SIBI : AGRIPPA" ET LA SIBYLLE AGRIPPA.
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La Sibylle Agrippa.
Son attribut est le fouet car elle annonce la Flagellation de la Passion du Christ. Âge : 30 ans.
Texte. Mode musical associé: 6 (bFa) .
Summus erit sub carne satus, charissimus atque,
Virginis et verae complebit viscera sanctum
Verbum, consilio, sine noxa, spiritus almi :
Despectus multis tamen ille, salutis amore,
Arguet et nostra commissa piacula culpa :
Cuius honos constans, et gloria certa manebit.
"Il sera très grand, semé sous la chair, et très aimé,
Il emplira le ventre d'une vraie vierge,
Verbe saint, sans dommage, par l'action de l'esprit saint,
Pourtant méprisé par beaucoup, par amour du salut,
Il montrera les châtiments encourus par notre faute
Son honneur sera constant et sa gloire n'aura pas de fin." (Trad. Guy Laffaille)
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FOLIO 36 : LE PORTRAIT DE ROLAND DE LASSUS ÂGÉ DE 28 ANS (Hans Mielich, 1560).
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A la fin du volume, au folio 35, Hans Mielich a peint un portrait du compositeur dans un médaillon en pleine page.
En haut, Athéna (avec sa lance et son bouclier ou Égide à tête de Méduse, telle qu'elle est sortie toute armée de la tête de Zeus) et d'Hermès (avec son caducée) forment le couple de l'Hermathena, alliance de la sagesse et de l'éloquence que chaque artiste se donne comme modèle depuis le XVe siècle, et que Hoefnagel, successeur de Hans Mielich à la cour de Bavière, reprendra indirectement comme emblème sous forme de la chouette au caducée et aux pinceaux. Voir mon étude de l'Hermathena et de la chouette/hibou chez Hoefnagel dans ce blog.
La chouette d'Athena est bien présente, entre la tête des deux divinités, devant une urne. Parfaitement au centre, ce qui lui donne une importance tutélaire qui confirme celle que lui donnera Joris Hoefnagel. L'artiste, avant d'être un individu inspiré par une Muse ou une emprise divine, se veut être un sage et un savant. (Et, par les temps de déchaînement des conflits religieux qui courent alors, un adepte de la paix).
Voir aussi :
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Des fruits, des feuillages de chêne et d'olivier entourent ces dieux.
Le médaillon est encadré par deux petites scènes mythologiques en grisaille. À gauche, Apollon joue de la lyre et Pan de la flûte.
A droite est figuré le supplice de Marsyas attaché à un pin. On sait que ce silène, devenu fort habile à la flûte qu'il avait ramassée après qu'Athéna l'eut jetée, avait eu l'impudence de défier Apollon dans un concours musical. Les muses ayant déclaré le dieu vainqueur, celui-ci punit Marsyas de son orgueil en le condamnant à être écorché vif par un esclave scythe.
Le concours entre Apollon et Marsyas, symbolise la lutte entre les influences apolliniennes et dionysiennes de l'homme.
Ces deux grisailles associées à la chouette et au couple Athena-Hermès composent un véritable manifeste sur le statut de l'artiste à la cour d'Albert V.
Le médaillon lui-même est supporté par un appareil ornemental doré associant deux griffons en guise de volutes, à l'enroulement d'un cuir découpé où est suspendu une tête de bouc (celui du sacrifice dyonisien de la tragédie antique, car le mot tragôidía est composé de « bouc » et de « chant» ?)
Rappelons que Hans Mielich peint ici des miniatures, dans la tradition des enluminures médiévales sur parchemin. L'ovale est peint en bleu, ce bleu de lapis-lazuli très précieux que l'artiste réserve à ce type d'usage. On y lit, en lettres d'or, "ORLADVS * DE * LASSO * AETATIS * SVAE * XXVIII, "Roland de Lassus à l'âge de 28 [ans]". Si on admet la date de 1532 pour celle de sa naissance, cela conduit à dater ce portrait de 1560.
Le musicien est peint en buste, de trois-quart, le regard tourné vers le spectateur. Les cheveux aux tempes grisonnantes sont dégarnis, les yeux bleus, le nez fin et aigu, le menton caché par une barbe châtain.
La tenue vestimentaire associe un manteau noir (dont le pan est retenu par un ruban passé autour du cou) à un habit de cour de satin violet, boutonné par devant comme une soutane, très ajusté à l'encolure qui laisse passer une fraise finement plissée. La même dentelle frisée, ourlée de noir, s'échappe des manches. Les étoffes sont fines, souples, soyeuses, presque moirées, au fil souligné par des lignes horizontales régulières.
La main gauche, seule visible, serre un mouchoir ou un rouleau de papier. Une bague en jonc est passée à l'annulaire.
L'impression générale est celle d'un homme riche, élégant et soigneux, contrôlant un caractère bouillonnant et sensible par un goût de la précision et de maîtrise technique.
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Dans les autres manuscrits, le cadre change : il est couronné par deux Muses ailées, parmi les masques, le lion et la lionne (animaux du duc et de la duchesse) et les guirlandes, ou bien entouré de deux putti qui portent les trompettes de la renommée.
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Hans Mielich a peint aussi, cinq ans plus tard, le portrait de Roland de Lassus pour le manuscrit des Psaumes pénitentiels, que j'ai précédemment décrit :
Voir
http://www.lavieb-aile.com/2015/05/autoportrait-de-hans-mielich-suite-le-mus-ms-a-i-et-ii.html
L'aspect général est le même, avec le quelques années en plus et quelques cheveux en moins. On remarque un pendentif accroché au ruban noir déjà visible en 1560 : tous les membres de la cour peints par Hans Mielich en portent un.
Roland de Lassus / Orlando di Lasso, Les sept psaumes pénitentiels de David avec le motet Laudes Domini : Livre de chœur volume I, BSB-Hss Mus.ms. A I(1), Bibliothèque Nationale de Bavière Bayerrische Staat Bibliothek BBS , Munich, 1565
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http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html?id=00089635&groesser=&fip=qrsfsdrxdsydwewqxdsydwwxdsydsdasfsdr&no=&seite=44
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Nous disposons d'autres portraits encore sous forme de gravures (publiés dans les articles Wikipédia).
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SOURCES ET LIENS.
— Edition et traductions des Prophéties des Sibylles de Roland de Lassus :
http://www.lieder.net/lieder/assemble_texts.html?SongCycleId=945
— ABROMONT (Claude), Les enquêtes musicales de Claude Abromont, France musique, 5 émissions de 7 minutes, , 7 au 11 août 2017
- Roland de Lassus et les Prophéties des Sibylles, épisode 1 : Où était cachée la partition ?
- Roland de Lassus et les Prophéties des Sibylles, épisode 2 : Y a-t-il vraiment 12 Sibylles ?
- Roland de Lassus et les Prophéties des Sybilles, épisode 3 : Ah, ce chromatisme !
— BERGQUIST (Peter), 1979, "The Poems of Orlando di Lasso's "Prophetiae Sibyllarum" and Their Sources", Journal of the American Musicological Society, Vol. 32, No. 3 (Autumn, 1979), pp.516-538 University of California Press on behalf of the American Musicological Society
http://www.jstor.org/stable/831253
— HEITZ (Paul), 1903, Oracula sibyllina (Weissagungen der zwölf Sibyllen) nach dem einzigen, in der Stiftsbibliothek von St. Gallen aufbewahrten exemplare , Stiftsbibliothek Sankt Gallen
https://archive.org/details/oraculasibyllin00gallgoog
— HIS (Isabelle) "La Sibylle en musique : d’Orlande de Lassus à Maurice Ohana" , in LA SIBYLLE, Parole et représentation Monique Bouquet y Françoise Morzadec (dir.), page 255-272, Presses Universitaires de Rennes
http://books.openedition.org/pur/30373?lang=es#bodyftn18
— OWENS (Jessie Ann) Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, Musiksammlung, Mus. Hs. 18.744 : in four parts introduction by Jessie Ann Owens.
http://booktoday.ru/Vienna-%C3%96sterreichische-Nationalbibliothek-Musiksammlung-Mus-Hs-18744--in-four-parts--or--cintroduction-by-Jessie-Ann-Owens/2/ccgeba
— ROTH (Marjorie A.), 2005, The voice of Prophety, Orlando di Lasso's Sibyls and Italian humanism
/ Ann Arbor (Mich.) : ProQuest LLC, UMI , 2005, cop. 2005 University of Rochester, 414 pages.
— RAYBOULD (Robin) The Sibyl Series of the Fifteenth Century
— WIKIPEDIA
https://en.wikipedia.org/wiki/Prophetiae_Sibyllarum
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Sur les Sibylles.
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— EL ENIGMA DE LA SIBILA
https://sites.google.com/site/omnedecus/Home/art/el-enigma-de-la-sibila
— HÜE (Denis), 2004, La Sibylle au théâtre, in Sibylle, parole et représentation, Presses Universitaires de Rennes p. 177-195 http://books.openedition.org/pur/30366
— Dans les vitraux :
http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm5601/sibylles.php
Baie 12 d'Ervy-le-Chatel (Aude), v1515 :
http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8601/eg_StP@Ervy_12.php
— Article de Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sibylle
https://it.wikipedia.org/wiki/Sibilla
—ABED ( Julien) 2010, La Parole de la sibylle. Fable et prophétie à la fin du Moyen Âge, thèse de doctorat préparée sous la direction de Mme Jacqueline Cerquiglini-Toulet, soutenue le 13 mars 2010 à l’université Paris-Sorbonne.
https://peme.revues.org/85
—ABED ( Julien), 2007, "Une à la douzaine : le statut du personnage de la sibylle dans le BnF fr 2362 "in Façonner son personnage au Moyen Âge Chantal Connochie-Bourgne, Coll. Sénéfiance, Presses Universitaires de Provence, pages 9-19 http://books.openedition.org/pup/2255?lang=fr
— BARBIERI (Filippo de) [Philippus de Barberiis] [Filippo Barberio], 1481, [Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini, et alia opuscula] ([Reprod.]) / [Philippus de Barberiis] , Bnf, Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k591531,
— BELCARI (Feo), « Sacra rappresentazione » du mystère de l’Annonciation. Ce mystère fut joué à Florence, en 1471, à l’occasion de la visite du duc Galeazzo Maria Sforza. la première édition en parut à Florence, sans nom d’auteur, à la fin du xve siècle.
https://archive.org/details/bub_gb_ZTjxnHHEHGgC
http://www-personal.usyd.edu.au/~nnew4107/Texts/Fifteenth-century_Florence_files/Belcari_Annunciation.pdf
— BOUISSOUNOUSE (Jean), 1925, Jeux Et Travaux D'apres Un Livre D'heures Du XV Siecle : Livre d'heures Chantilly n°1362 « Livre d'heures de la duchesse de Bourgogne, Adélaïde de Savoie » Xve siècle folio 21r :La Vierge et l'Enfant, en gloire et les sibylles. Paris 1925, Reprints Slatkine Genève 1977.
https://books.google.fr/books?id=ZUq0Pgh2ye8C&dq=%22livre+d%27heures%22sibylles&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
—CASTEL (Yves-Pascal), 2006, "Les 70 sibylles du Finistère", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - T. CXXXV - 2006 pages 201 et suivantes
http://patrimoine.dufinistere.org/art2/index.php?art=ypc_sibylles
— CLERC (C de ), 1979, "Quelques séries italiennes de Sibylles", Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, fasc. 48-49 pages 105-127.
— CHAMPIER (Symphorien), 1503, "Les prophéties, dits et vaticinations des Sibylles, translatés de grec en latin par Lactance Firmian", 3ème partie de La nef des dames vertueuses,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79103w/f124.item.zoom
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79103w/f31.vertical
— GIUSTINIANI (Giulia), 2014 « Gli esordi critici di Emile Mâle : la tesi in latino sulle sibille »,Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge
http://mefrm.revues.org/1527
— HEURES DE LOUIS DE LAVAL , avant 1489, Horae ad usum romanum Bnf Latin 920.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501620s/f42.item
— KRIEGER (Denis), Autour des vitraux d'Arnauld de Moles à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch
(un dossier iconographique sur les Sibylles)
http://www.mesvitrauxfavoris.fr/index_htm_files/Auch%20et%20les%20Sibylles.pdf
— LAMBERT (Gisèle), Les premières gravures italiennes = Les gravures de Baccio Baldini : une suite de 24 prophètes et 12 Sibylles .
http://books.openedition.org/editionsbnf/1365
— LE VERDIER, (Pierre Jacques Gabriel,) 1884, Mystère de l'incarnation et nativité de Notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ : représenté à Rouen en 1474, publié d'après un imprimé du XVe siècle Société des bibliophiles normands
https://archive.org/stream/mysteredelincarn01leve#page/n69/mode/2up
— MÂLE (Émile), 1925, L'art religieux de la fin du Moyen Age en France : étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration 3e éd., rev. et augm. / Paris : A. Colin , p. 254-279.
https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml#page/252/mode/2up
https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml/lartreligieuxde00ml_djvu.txt
— MÂLE (Émile) , 1899, Quomodo Sibyllas recentiores artifices repraesentaverint [Texte imprimé] / E. Mâle,.. / Parisiis : E. Leroux , 1899
— MONTEIRO (Mariana), 1905, As David and the Sibyls says. A sketch of the Sibyls and the sibylline oracles
https://archive.org/details/asdavidsibylssay00montrich
— PASCUCCI (Arianna), 2011, L'iconografia medievale della Sibilla Tiburtina in Contributi alla conoscenza del patrimonio tiburtino, Vol. VIII, Liceo classico statale Amedeo di Savoia di Tivoli, 2011,
http://www.liceoclassicotivoli.it/Pascucci_Sibilla_Tiburtina_2011.pdf
https://www.academia.edu/9789364/Liconografia_medievale_della_Sibilla_Tiburtina_di_Arianna_Pascucci_Tivoli_2011
—RÉAU (Louis), Iconographie de l'art chrétien, II, Iconographie de la Bible, Ancien Testament, p. 420-430.
— ROBERTET (Jean), Œuvres. Édition critique par Margaret Zsuppán, Genève, Droz; Paris, Minard (Textes littéraires français, 159), 1970, 208 p.
https://books.google.fr/books?id=3Kn4gp0HSEQC&dq=Jean+Robertet,+%C5%92uvres.&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— ROESSLI (Jean-Michel), 2002, Catalogues de sibylles, recueil(s) de Libri Sibyllini et corpus des Oracula Sibyllina Remarques sur la formation et la constitution de quelques collections oraculaires dans les mondes gréco-romain, juif et chrétien Jean-Michel Roessli (Université de Fribourg, Suisse) in E. NORELLI (ed.), Recueils normatifs et canons dans l'Antiquité. Perspectives nouvelles sur la formation des canons juif et chrétien dans leur contexte culturel. Actes du colloque organisé dans le cadre du programme plurifacultaire La Bible à la croisée des savoirs de l'Université de Genève, 11-12 avril 2002 (Lausanne, 2004; Publications de l'Institut romand des sciences bibliques 3), p. 47-68
http://www.concordia.ca/content/dam/artsci/theology/profiles/jean-michel-roessli-catalogues-sibylles.pdf
— ROESSLI (Jean-Michel) , 2007 « Vies et métamorphoses de la Sibylle », Revue de l’histoire des religions :
http://rhr.revues.org/5265
— Sibyllae et prophetae de Christo Salvatore vaticinantes - BSB Cod.icon. 414 (1490-1500) http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00017917&pimage=00017917&suchbegriff=&l=fr
— TASSERIE (Guillaume), 1499 Le Triomphe des Normans composé par Guillaume Tasserie traictant de la Immaculée Concepcion Nostre Dame
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k424472s
Le Triomphe des Normans traictant de la Immaculée Conception Nostre Dame est un mystère qui fut joué en 1499. Une seule copie de ce texte nous est parvenue, dans un manuscrit ayant appartenu jadis au Duc de la Vallière. La mise en ligne et la mise en page ont été assurées par Denis Hüe à l’Université Rennes
2http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/triomphe/triomphe.html
— Tractatus Zelus Christi, Venise 1592
https://books.google.fr/books?id=eItlAAAAcAAJ&pg=PA44-IA1&lpg=PA44-IA1&dq=ensem+nudum+sibylla&source=bl&ots=mmZ9XSX-Hd&sig=mpqSs1Y5_ou3a9KrWaEIqX-w4eo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiS4_Ghx8nPAhXnDsAKHeLyAXEQ6AEIHDAA#v=onepage&q=ensem%20nudum%20sibylla&f=false
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