Le cénotaphe de saint Ronan par l'atelier du Folgoët (vers 1423-1433) dans la chapelle du Pénity de l'église de Locronan .
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— Voir sur Locronan :
La maîtresse-vitre de la Passion (1476-1479) de l'église Saint-Ronan de Locronan.
Les vitraux de Manessier, chapelle N-D de Bonne-Nouvelle à Locronan
Les vitraux de Jean Bazaine, chapelle de Ty ar Zonj à Locronan.
— Sur les gisants, voir aussi ici :
- Le gisant (kersanton, 1460) de Jean de Kerouzéré en l'église de Sibiril (Finistère) par le Maître du Folgoët (1423-1509).
- Le gisant de Troïlus de Mondragon au Musée Départemental Breton de Quimper (vers 1545).
- Le gisant d'Olivier de La Palue au château de Kerjean (Saint-Vougay), (vers 1505).
- .L'enclos paroissial de Dirinon VI: le gisant de sainte Nonne (vers 1450).
- Le gisant de François de Tournemine (Maison prébendale de St-Pol-de-Léon) et son soubassement à Landivisiau. (XVIe siècle)
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— et aussi ailleurs :
-- Le gisant du seigneur de Liscoët en Botquélo (22), limite XIV-XVe.
-- Le gisant de Perronelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff (église Notre-Dame-de-l'Assomption au Faouët par l'atelier du Folgoët. Début XVe, granite, h. 1,70, 1. 0,86. Gisants représentés sur un lit funéraire : à gauche, personnage masculin (Bertrand de Trogoff?), coiffé en calotte, vêtu d'une armure; à droite, personnage féminin (Perronnelle de Boutteville,?) portant une coiffure à cornes.
--Le tombeau du chanoine de Nantes Laurent Richard en l'église de Plouvien vers 1555.
-- L'enclos paroissial de Dirinon VI: le gisant de sainte Nonne (vers 1450) par l'atelier du Folgoët
-- Le tombeau de saint Herbot, chapelle Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou.
-- Le tombeau de saint Jaoua à Plouvien par l'atelier du Folgoët.
--Le tombeau de saint Edern à Lannédern.
--Le tombeau de saint Efflam à Plestin.
-- Le tombeau de saint Léry à Saint-Léry (56)
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— Voir sur les réalisations de l'atelier ducal du Folgoët entre 1423 et 1509, voir :
- List of works of the two Folgoët ateliers (Wikipédia)
- La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. V. Les statues de kersanton (1423-1433) par le Grand Atelier ducal du Folgoët (1423-1509).
- La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. II. Les anges des façades. (kersanton, vers 1423-1433)
- La Collégiale du Folgoët. I. L'Autel des anges. (kersanton, vers 1445)
- La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. III. Le Porche des Apôtres.
- La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. IV. Les emblèmes, devises et marques des ducs de Bretagne 1423-1505.
- La Vierge à l'Enfant et à la démone de la Collégiale Notre-Dame du Folgoët (29).
- L'enclos paroissial de Dirinon. II. Le calvaire (1450)
- La statue de saint Jean-Baptiste dans l'église de l'ancienne abbatiale de Daoulas : Les sculptures sur pierre de l'ancienne abbatiale de Daoulas. III. Quelques œuvres de l'église, de l'ossuaire ou de la chapelle Sainte-Anne.
- Les statues de saint Sébastien et de saint André dans les jardins de l'ancienne abbatiale de Daoulas :Les sculptures sur pierre de l'ancienne abbaye de Daoulas IV : les jardins et le cloître du Musée.
- L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou IV. Le porche sud : les Apôtres.Le porche sud (1498-1509)
- L'enclos paroissial de Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou VI. Le porche sud (1498-1509) par le Second atelier du Folgoët : l'extérieur, et le revers.
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LA CHAPELLE DU PÉNITY.
1°) Origine du toponyme Pénity : "ermitage", "lieu de pénitence".
On nomme pénity (penity en breton) un ermitage, un oratoire ou un petit monastère en langue bretonne ; il est parfois suivi du nom du saint titulaire : pénity de saint Guénolé, de saint Gouesnou, saint Guido, etc..
R. Largillière lui a consacré un article en 1930 dans le Bulletin de la S.A.F :
" Grégoire de Rostrenen a traduit le mot penity par « lieu ou maison de pénitence» ; il ajoute que, dans le dialecte de Saint-Brieuc, ce même mot désigne la sacristie (Dictionnaire françois-celtique, :1732, aux mots pénitence et sacristie) ; penity est composé de deux termes, un premier qui signifie la pénitence, et un second qui est le mot ty maison; on l'a latinisé sous la forme peniticium, de la même façon que le mot abbati (maison de l'abbé) a été latinisé en abbaticium (Ernault, Glossaire moyen-breton, pp. 472-473. Les noms composés avec ty comme second terme sont nombreux: maendy, maison de pierre, escopty, palais de l'évêque puis diocèse, lœdty, laiterie, Sur le premier terme, voir J. Loth, Les mots latins dans les langues britonniques, p. :1.94, au mot penyd.).
Le premier exemple de ce mot nous est donné par la vie latine de saint Goulven qui raconte que le saint construisit lui-même une petite maison en forme d'oratoire, que les Bretons appellent Peniti, c'est-à-dire maison de pénitence ou du penitent : aedificavit ibi domunculam quadrangulam in forma oratorii, quae Lingua Britonum Peniti dicitur, hoc est pœnitentiae, vel pœnitentis domus ...[...] (1). Cette vie latine est au plus tôt du XII' siècle et est dépourvue de valeur historique » (Duine, Memento, n° 51, p. 76.).
. (1) Vie publiée par La Borderie, dans les Mémoires de la Sociéte d'Emulation des Côtes-du-Nord, t. XXIX, 1891, pp. 214-250, § 7-8. Le mot pœnititium se retrouve au §11.
[...]
La chapelle du Pénity accolée à l'église de Locronan en Cornouaille est bien connue; elle passe pour avoir été bâtie à l'emplacement de l'ermitage de saint Renan. La vie latine du saint ne donne pas le nom breton peniti; la cellule que le saint construit est un oratorium (1). Le Penity est maintenant une chapelle accolée à l'église; c'était jadis l'église; en effet il a conservé le tombeau du saint; d'autre part, l'édifice qui est aujourd'hui l'église a été construit dans le second tiers du xve siècle; le Penity dans son état actuel a été bâti au début du XVIe siècle. L'église primitive étant devenue trop petite, on en construisit une beaucoup plus grande sur un terrain libre à côté de l'ancienne que l'on conservait respectueusement. Mais plus tard, la vieille église menaçant ruine, on entreprit de la réédifier; on lui laissa ses dimensions, elle ne fut qu'une chapelle (J'utilise ici l'étude que M. Waquet a donnée de ces mon)lments dans Vieilles pierres bretonnes (Quimper, 1920), p. 100 et seq. Le nom de Pénity a du être donné depuis toujours à la vieille église, ce qui lui a évité d'être dénommée la vieille église: ar coz ili.s. Rien ne permet de dire que le nom de Pénity remonte au saint lui· même ; il n'y a aucun doute : ce personnage a existé, mais a-t-il réellement mis le pied en Armorique, ou au contraire, comme le veut la vie latine irlandaise, n'a-t-il 'pas vécu en Irlande? Son culte seul et ses reliques sont venus en Armorique ). Le Pénity est donc le nom de l'antique église du prieuré de Locronan."
On ne pourrait parler du penity sans mentionner le minihi, breton minic'hi, du latin monachia, « une une terre qui relève des gens d’Église et non de laïcs » une terre monastique associée à la notion d'immunité sacrée « un lieu de refuge ou zone de franchise d’un monastère ou d’un ermitage» dont la sacralisation s'établit à travers les récits de circumambulation. Et on ne pourrait parler du minihi de Locronan sans le replacer dans la lutte d’influence entre l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé et l’évêché de Quimper, ni remarquer que la vie latine de Ronan de la seconde moitié du xiie siècle fait état de l’importance du culte du saint et de ses reliques à Quimper, miracle à l’appui alors qu’elle passe étrangement sous silence la terre de Locronan. Mais ce serait une trop longue histoire (M. Gendry 2010). Je rappelle que le comte Alain Cagniar donna en 1031 au monastère de Quimperlé l'église de Saint-Ronan, les terres contenues dans la franchise et tous les revenus du bourg, autres terres et rentes. (BDHA 1925 p. 66)
L'important est de réaliser que nous pénétrons dans un espace sacralisé depuis le Haut Moyen-Âge, et que la présence de la statue, des reliques et du "tombeau" du saint ne relève nullement d'une préoccupation ornementale, mais d'une très ancienne ritualisation, pieusement (ou habilement) reprise par le duc de Bretagne Jean V dans son vaste programme de mécénat, comme auprès du tombeau de Salaun le Fol du Bois (Folgoët), ou de celui de saint Herbot protecteur des bêtes à cornes, ou de saint Yves à Tréguier. Mais l'important est aussi de comprendre que cet espace est l'enjeu d'un véritable conflit de territoire entre l'abbaye de Quimperlé et l'évêché de Quimper, le duc de Bretagne, et les familles de la noblesse locale, par un jeu de marquage du territoire sous formes de statues ou d'armoiries, d'enfeus ou de litres, etc.
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Avant d'inspecter le tombeau du saint patron des lieux, promenons-nous dans la chapelle qui l'abrite.
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Le cénotaphe de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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"Quant à la chapelle du Pénity, elle communique avec l église par deux grandes arcades ouvertes dans l'angle sud-ouest de l'édifice. Cette chapelle est composée d'un espace rectangulaire de trois travées dont la première, à l'ouest, déborde légèrement la façade de l'église.
L' uniformisation du voiltement sur croisées d'ogives enrichies de liernes est l'aspect le plus marquant de l'élévation intérieure et elle contribue à l'homogénéité de l'ensemble. Le recours à un couvrement en pierre est relativement rare dans la région où il est normalement réservé aux édifices importants, aux cathédrales en particulier. Il suffit à illustrer le prestige que les ducs de la dynastie Montfort ont voulu conférer à cet édifice. En 1475,l'acte de donation de François II précisait, à juste titre, que l'église était construite «en forme de cathédrale», ce qui faisait probablement référence au soin extrême apporté à mise en œuvre plus qu à ses dimensions, somme toute modestes ou à son parti architectural.
Ce prestige était appelé à rejaillir sur la lignée ducale. Selon un aveu des seigneurs de Névet, en 1644, il existait anciennement au pignon de l'église «la statue d'un souverain à genoux, tête nue, mains jointes, devant l'image et représentation dudit saint [Ronan] ». Un procès-verbal dressé en 1618 mentionnait également l'existence d'une autre représentation de souverain priant, en argent massif, dont les ducs avaient fait don au trésor de l'église. Ainsi, que ce soit par le biais de l'architecture, de la sculpture monumentale ou de l'orfèvrerie, la volonté de renforcer les liens entre la famille ducale et la population locale apparaît bien comme l'un des principaux moteurs de l' importance nouvelle donnée, à la fin du XVe siècle, au sanctuaire de saint Ronan. Ce mécénat entraîna dans son sillage celui de l'aristocratie locale, facilité par l'essor du bourg de Locronan et de la campagne environnante grâce à la fabrication et au commerce florissant des toiles de chanvre, les «olonnes »de Locronan.
Cette activité se mit en place dès le XIVe siècle mais c'est surtout à partir de la seconde moitié du XVe siècle que les toiles de Locronan rencontrèrent le succès commercial.
Comme dans le cas, plus tardif des enclos du Léon dont le commerce des toiles de lin avait permis le développement du vocabulaire de la Renaissance, Locronan au XVe siècle, cette activité alimenta l'essor de l'art flamboyant. "( Boccard 2009)
Le cénotaphe de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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La niche de la statue de saint Ronan et son culot aux armes de Bretagne présentées par deux anges. Pierre polychrome.
Les anges présentent les armoiries d'hermines plain coiffées de la couronne ducale.
"Lors de la naissance de son fils, qui devait être Jean V [1389-1442], le duc de Bretagne Jean IV [1339-1399] accorda aux habitants l'exemption de fouages, exemption souvent renouvelée et confirmée .par Jean V lui-même, par exemple lorsqu'il vint en pèlerinage à Locronan, le 20 juin 1408, et à l'occasion de Ia naissance de ses propres enfants. Dans la lettre de 1426, Jean V rappelle la venue en pèlerinage, à Locronan, de son père . 15 mars «t 21 mai 1451. — Pierre ll, duc de Bretagne, renouvelle les exemptions accordées par son père, et donne au moustier de Sajnt-Ronan, 3 feux et deux tiers de feux en la paroisse de Plonévez-Porzay; un feu et demi en la paroisse de Cast, et un feu et demi en Crozon. En 1473 et 1475, le duc de Bretagne Francois II accorde aux prieur et habitants d'employer les deniers provenant de l'impôt du billot, à l'édification de leur nouvelle église. Les diverses lettres d'exemptions mentionnées ci dessus furent confirmées par les rois, Louis XII, en novembre 1500, et François II, en décembre 1559; et il en fut ainsi presque à chaque avènement de souverain, jusqu'à Louis XV inclusivement. Aussi les fleurs de lis de France se montrent-elles aussi souvent que les hermines de Bretagne dans les tympans des hautes fenêtres, et la statue de saint Louis, le patron de la famille royale, est placée vis-à-vis de celle de saint Ronan dans la chapelle du Penity." (BDHA 1925)
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Statue de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Culot de la niche de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Culot de la niche de saint Ronan dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Vue générale de la chapelle avec l'autel portant le reliquaire de saint Ronan, et la statue de saint Michel.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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La statue de l'archange saint Michel pesant les âmes.
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La statue de saint Michel dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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PRÉSENTATION.
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La tombe de saint Ronan, fondateur et patron de la paroisse de Locronan, est en réalité un cénotaphe, puisque le corps du moine irlandais débarqué en Bretagne n'y repose que symboliquement, à l'emplacement même où il avait, disait-on, bâti son ermitage pour évangéliser, au Ve siècle, le Porzay.
La tombe est unique en Bretagne par sa structure : "elle est la seule à être composée d'une dalle à effigie sculptée, ne reposant pas à même le sol, ni sur un socle plein, mais portée sur les épaules, ou plutôt sur le haut des ailes à demi-repliées de six anges debout qui font office de cariatides, permettant ainsi aux fidèles de passer sous la pierre, rite de propitiation qui se pratiquait en bien d'autres lieux de la chrétienté." (Maurice Dilasser 1979) (Voir à Minihy-Tréguier) .
"Tout est en kersanton, et sans aucune peinture, ce qui fait beaucoup pour l'unité d'impression ; mais il y a contraste entre la figure de Ronan, épaisse et lourde comme le bloc même où elle est taillée, et la finesse des petits servants angéliques qui, aidés par les piliers frustes auxquels ils sont adossés, en supportent le poids allègrement, quoique avec toute la gravité requise. Cela a donné lieu, avec d'autres menus détails techniques, à une controverse entre deux érudits chevronnés : René Couffon distinguait nettement deux époques d'élaboration bien différentes : datant la dalle et son gisant des environs de 1430, il pensait qu'elle avait été, soixante ans plus tard et peut-être d'avantage, remontés sur les supports qu'on avait alors taillés pour la surélever ainsi. Les écus placés aux pieds du saint renvoient-ils, comme il le pensait, à la duchesse Jeanne, duchesse de Jean V, morte en 1433 ?
Henri Waquet n'en était pas d'accord, qui les rattachait seulement à la duchesse Anne ... Quoiqu'il en soit d'un remaniement qui est indéniable, mais n'implique pas forcément l'intervention de deux sculpteurs, à deux longues générations de distance, l'esprit de maintenance qui gouverne l'art breton fait que l'homogénéité de l'ensemble n'est nullement compromise, et il n'est pas sûr qu'on ne puisse déceler à l'autre boût de la France de non moindres différences, aux tombeaux bourguignons, entre les effigies des défunts et les "deuillants" qui les accompagnent" (M. Dilasser 1979 p. 534)
Ce débat est repris en 2014 par Emmanuelle Le Seac'h, qui abonde dans le sens de René Couffon :
"L'hypothèse de R. Couffon, qui affirme que la dalle est antérieure aux anges-cariatides, paraît juste. Les armoiries aux pieds du saint, sur le flanc du lion, sont Bretagne-France pour le duc Jean V et sa femme Jeanne de France et non pas l'inverse, ce qui correspondrait alors aux armes d'Anne de Bretagne. Le tombeau aurait été réalisé entre 1423, date de l'édification du Folgoët, et 1433, année du décès de Jeanne de France." (Le Seac'h p. 87)
Elle inscrit donc cette dalle dans le catalogue du "premier atelier ducal du Folgoët (1423-1468), dont elle a décrit les caractères stylistiques, au même titre que le porche et les sculptures de la collégiale du Folgoët, les porches de la cathédrale de Quimper, de l'église de Rumengol de La Martyre et de celle de Kernascleden, ou de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, , les statues de l'abbaye de Daoulas, le tombeau de Sainte Nonne à Dirinon, etc... "Le parallélisme des plis du vêtement du saint, le modelé simple du visage, les angelots allongés sur le coussin aux cheveux frisés mais sans relief en font une œuvre débutante du premier atelier du Folgoët."
Néanmoins, elle n'explique pas clairement pourquoi elle n'attribue pas les anges-piliers au même atelier, pour les décréter "hors atelier, (vers 1500), porteurs d'armoiries martelées, kersanton" (p. 316). Elle écrit (je souligne):
"Les anges-piliers ont été ajoutés au XVIe siècle lors d'un probable déplacement du tombeau dans la chapelle du Penity. Celle-ci, dont la construction est postérieure à celle de l'église, était déjà commencée sous le règne de François II puisque, en 1485, Pierre Le Goaraguer, le maître d'œuvre de la cathédrale de Quimper, y était à l'œuvre (LE MEN, R-F. Monographie de la cathédrale de Quimper p.288). Ils ont été sculptés par un atelier qui imitait la chevelure des anges du Folgoët." (id. p. 87)
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Elle reconnaît donc dans la chevelure des anges-cariatides le style du Maître, tel qu'il s'exprime sur l'autel des Anges du Folgoët et dans de nombreux autres exemples (cathédrale de Quimper, La Martyre, etc) déjà présentés dans ce blog.
De même, elle ne justifie pas pourquoi elle affirme "La dalle a été placée vers 1618 sur six piliers en pierre grise" , en citant sans ambages un bref extrait (ici en italique) d'un aveu de que le baron Jean de Névet a rédigé en 1644 pour l'évêque René du Louët et dont je donne ici le texte plus complet:
"En la muraille qui les sépare en tant que contient cette chapelle sont deux grandes arcades et voûtes supportées d'un pilier pour ['entrée et fréquentation de ladite chapelle par ladite église, en laquelle chapelle fit la duchesse et reine élever sur six pilliers en pierre grise non commune sur le lieu de la sépulture dudit saint Ronan, et dessus est représenté en habits pontificaux et fit poser ses armes en alliance avec celles de France, au bout et sous la tète de ladite représentation " (Bull. SAF 1888 p. 351)
Le débat n'est donc pas clos, car il faudrait prouver par des critères stylistiques argumentés, ou par d'autres sources, que les anges -supports ne sont pas contemporains de la dalle de 1423-1433.
Récemment, lors d'une communication pour le colloque Bretagne Flamboyante, l'héraldiste Paul-François Broucke a en tout cas montré que la lecture des blasons, martelés mais identifiables, ne s'oppose pas à l'hypothèse d'une création simultanée de la dalle (aux armes de Jean de Bretagne et de Jeanne de France) et des supports (aux armes des principaux barons du duché).
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Au total, je considérerai que le cénotaphe est homogène dans sa construction et dans son style, celui du premier atelier ducal de Folgoët, vers 1423-1433, et qu'il est donc antérieur d'un demi-siècle à la réalisation de la chapelle du Pénity.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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LES SIX ANGES SCUTIFÈRES SUPPORTANT LA DALLE.
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"Les anges ont conservé la forme des blocs de pierre parallélépipèdes dans lesquels ils ont été taillés. Au niveau de leur nuque, la pierre a été taillée à plat pour pouvoir recevoir le gisant. Les ailes forment un large L renversé très géométrique. Seule leur face est plus travaillée. Ils tiennent leurs blasons à deux mains ou de la seule main gauche, la main droite étant alors sur la poitrine. Leurs cheveux sont sculptés en méplats et coiffés en deux rangées de mèches bouclées qui rappellent l'atelier du Folgoët. Les vêtements tombent à grands plis jusqu'à terre. [Selon Escher, 1912], ils sont inspirés du tombeau de Jacques de Malain, mort le 7 avril 1527 et de sa femme Louise de Savoisy, décédée le 7 septembre 1515, et donnent une note d'inspiration bourguignonne au gisant." (Le Seac'h, 2014 p. 88).
Les armoiries sont celles de toutes les grande familles des alentours à la fin du XVe et du début du XVIe siècle". (Boccard 2009 p. 187), celles de Névet, du Juch, de Languéouez de Lezascoët, ou de Kersauzon de Quinquis.
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Du coté droit.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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L'ange du coin inférieur droit. Le blason de Névet.
Cet ange présente un blason dont le meuble est un léopard. On pense aux armoiries des seigneurs de Névet, d'or au léopard de gueules, que l'on trouvait sur la maîtresse-vitre.
J'ai déjà présenté cette famille dans un article sur les vitraux de Kerlaz :
"Dans la monographie de l'abbé Horellou Kerlaz, son histoire, ses légendes, ses familles nobles , Brest 1920, les pages 110 à 124 sont consacrées à la forêt de Nevet, et les pages 125 à 191 à l'histoire des seigneurs de Nevet : c'est dire l'importance du vieux territoire gaulois devenu ermitage de saint Ronan pour la paroisse de Kerlaz, et de l'histoire de cette famille illustre dont la seigneurie s'étend de 1270 à 1721. Horellou lui-même reprend les travaux des chanoines Abgrall et Peyron, auxquels on peut se reporter. Enfin, Gérard Le Moigne a publié en 1999 dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère CXXVIII un article sur les seigneurs de Névet.
Cette seigneurie étendit progressivement son fief sur soixante dix paroisses. Elle agrandit au cours des siècles le château de Lezargant qui finit par comporter deux grands corps de logis et un pavillon. Elle dirigea la Capitainerie de Quimper au XVIe siécle, celles de Quimper et de Douarnenez au XVIIe lors de la Ligue.
La famille de Névet date ses origines de la période précédent l'introduction du christianisme en Bretagne et estimaient être à l'origine du nom de la grande forêt de Névet, forêt où ils auraient accueilli sur leurs domaines de Plogonnec, Plonévez et Locronan Saint Corentin, Saint Ronan et Saint Guénolé.
Hervé V de Névet (?- 1424), né vers 1385 probablement à Névet, seigneur de Nevet, épousa Jehanne du Juc'h (née vers 1385 au Juc'h)
C'est Hervé VI de Névet (1424-1444) qui après de démêles avec l'évêque de Quimper, fit démonter son château pour le reconstruire pierre par pierre à Lezargant, sur la trève de Kerlaz. Il épousa en 1428 Jehanne de Lespervez (née vers 1405 à Plonéour), veuve de Guillaume de Rosmadec, seigneur de Tyvarlen, Pont-Croix et autre lieux. puis vinrent :
Jean Ier de Nevet (1444-1462), sans postérité : son frère lui succède :
Henri Ier de Nevet (1462->1480), seigneur de Névet : il épouse Isabelle de Kerhoent, puis Jeanne du Chastel, puis à nouveau Isabelle de Kerhoent.
Jean II de Nevet (>1480-1493), sans postérité, son frère lui succède :
Hervé VII de Névet (1493-1494)
Jacques Ier de Nevet (1494-1555), seigneur puis baron de Nevet, Sr de Coat-Nevet, de Lezargant, de Pouldavid, de Kerlédan, de Langolidic, Gouverneur de Quimper en 1524 et en 1543, il épouse Claudine de Guengat. Il est de religion réformée.
René de Névet (1555-1585) il abjure le protestantisme à la mort de son père. Gouverneur de Quimper. Son frère lui succède :
Il paraît nécessaire de citer le passage suivant qui montre les prééminences auxquelles prétendait le baron de Névet en 1644, mais qui précise aussi la présence de ces armoiries "au bout et sous la tête" du gisant de saint Ronan :
"En la muraille qui les sépare en tant que contient cette chapelle sont deux grandes arcades et voûtes supportées d'un pilier pour l'entrée et fréquentation de ladite chapelle par ladite église, en laquelle chapelle fit la duchesse et reine élever sur six pilliers en pierre grise non commune sur le lieu de la sépulture dudit saint Ronan, et dessus est représenté en habits pontificaux et fit poser ses armes en alliance avec celles de France, au bout et sous la tête de ladite représentation, et à côté vers l'Evangile celles desdits seigueurs de Nevet, et du même côté et au bout de l'autel est uniquement en ladite chapelle le banc de ces seigneurs, armoyé de leurs armes, aux clefs des voûtes, tant du cœur, nef, qu'arcades et voûtes des ailes, sont lesdites armes de Nevet en bosse et taille, comme sur la porte et entrée principale de ladite église, en tous lieux plus éminents immédiatement après celles de Bretagne et en ladite alliance.
Le cœur de la dite église demeure uniquement aux dits seigneurs de Nevet pour leur sépulture , avec leurs tombes, enfeu, ceinture funèbre, au supérieur aussi uniquement autour de l'église, ses ailes et ancienne chapelle, comme fondateurs; et, dans la maîtresse vitre, aussi âpres celle du souverain uniquement, leurs armes en alliance de plusieurs principales familles de la province et au lieu le plus éminent; s'y voit la représentation
d'un seigneur de Nevet, armé de toutes pièces, sa cotte d'armes sur son cheval enharnaché de son harnois de combat; ledit seigneur ayant la cotte d'armes armoyée de ses écussons et armes qui sont d'or au léopard morné de gueules tenant sa bannière en forme chargée de ses écussons et armes, qui est la marque que les dits ducs, roy et reine le reconnaissaient vrai baron, banneret, et dès lors comme auparavant ils furent tenus " (Jean III de Névet, aveu de 1644)
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L'artiste n'a pas encore adopté sa manière de figurer le col replié sur lui-même de l'amict comme un W ou un Oméga minuscule, qui deviendra un de ses traits, et d'ailleurs cinq anges sur six ne portent pas d'amict. Mais ici, il est figuré comme une bande de tissu interrompu au centre par un motif en losange, comme un mors de cape.
Chaque mouvement de plis est différent pour chacun des anges. Pour ce premier porteur de blason, les plis forment un grand ovale lisse autour de l'écu.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le deuxième ange de droite et le blason au lion. La seigneurie du Juch.
Si on estime que le seigneur de Névet a fait mettre ici ses armoiries accompagnées de celles de ses alliances, on pense alors à celles de la famille du Juch, d'argent au lion d'azur, armé et lampassé de gueules. En effet, Hervé V avait épousé Jeanne du Juch. (Source image)
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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On note les cheveux formant dix petites madeleines entourant la ligne très ronde du large front épilé et des joues, les yeux profondément creusés par des sourcils et des pommettes proéminents, un globe oculaire exophtalmique dans les amandes des paupières ourlées d'un double trait, le nez pyramidal, et la bouche étroite aux lèvres serrées. L'impression générale est celle d'une sévérité hiératique, pétrifiée et muette mâtinée du chagrin très intériorisé de pleurants.
La chute très régulière des plis de l'aube est brisée par une légère flexion des genoux .
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le troisième ange. Les armes de Rosmadec ?
Il tient un objet rond dans la main gauche et porte un blason palé.
Il peut s'agir des armoiries des seigneurs de Rosmadec : palé d'argent et d'azur. En effet, Jeanne de Lespervez, avant d'épouser Hervé VI de Névet en 1428 ou 1429, était l'épouse de Guillaume de Rosmadec, qui mourut en 1425 au siège de Saint-James-de-Beuvron. Le duc confia alors la tutelle des six enfants de ce premier mariage à leurs oncles, l'évêque de Quimper Bertrand de Rosmadec, et Charles de Lespervez.
NB Les armoiries de Lespervez sont de sable à trois jumelles d'or.
Un deuxième blason est visible en bas de la statue.
Comme pour rompre l'uniformité verticale du palé, le drapé vient ici s'arrondir en sept courbes concentriques : c'est celui d'une étoffe qui recouvre partiellement l'aube.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Notre circumambulation nous conduit devant la partie frontale, où nous découvrons deux autres blasons. La taille des ailes des anges semble manquer de naturel, car trop plate, écrasée par un moule rectangulaire.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Les trois anges du coté gauche.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le premier ange de gauche présente son écu sur le genou gauche, ce qui permet à l'artiste de réussir un beau mouvement d'ondulation du bouffant de l'aube au dessus de la ceinture.
La chevelure n'est pas en boules, mais se décline en mèches bouclées de part et d'autre du visage jusqu'aux épaules. Le visage est aussi renfrogné et ronchon que celui de ses collègues.
Le blason, soigneusement bûché en lignes parallèles, laisse voir néanmoins une bande horizontale médiane.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le deuxième ange de gauche. De Langueouez / de Lezhascouët
L'artiste reprend le motif des plis verticaux réguliers.
http://www.memoires-locronan.fr/patrimoine/preeminences
"Au dessus de la grande porte et principalle entrée de ladicte églize de saint René du Bois du costé droict en entrant est un écusson armoyé des armes des anciens seigneurs de Leshascouet qui s’appelloient de Langueouez portant pour armes des faces ondée d’or et d’azur au cheff de gueules, lequel écusson est soustenu de deux griffons avec son casque et une roue pour timbre et un rouleau dans lequel est la devise des seigneurs en lettres gottiques quy ne se peut lire le tout en bosse et relieff au costé dudict escusson est encore autre escusson desdictes armes, en relieff sans timbre ny support, De plus dans la chapelle du Penity estant au costé de l’espitre du bas de ladicte églize parochialle de saint René du Bois où est une grande pierre tumballe représentant la statue de saint René eslevé de terre et soutenu par sept figure d’anges de pareille pierre l’une desquelles figures quy est celle du costé droict placé à la teste de ladicte statue de Saint René du Bois porte entre ses deux mains un escusson en bosse taillé en la mesme pierre que ladicte figure d’ange armoyé d’un costé des armes des anciens seigneurs de Leshascouet, lesquelles armes sont aussy en bosse dans la cleff de voutre au millieu de ladicte chappelle"
Les seigneurs de Lesharscoët étaient, avec ceux de Nevet, les principaux "prééminenciers" de l'église de Locronan. Ils possédaient "prohibitivement" la chapelle du Rosaire, où se trouvaient leur tombeau, que l'on voit sur le plan ci-dessus, leur banc et leurs armes en plusieurs endroits.
http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=626
fascé ondée d’or et d’azur au cheff de gueules
La ville était au centre de terres appartenant à plusieurs autres seigneuries dont les justices étaient souvent localisées à Locronan. Les deux plus importantes étaient celles de Nevet au sud vers Plogonnec et de Lezhascoët vers Plonevez-Porzay au nord. Citons encore les seigneuries du Vieux-Chatel, de Kervent et Plessix-Porzay, de Tresseaul, de Moellien, du Rible, de Rosmadec.
NNNNNN
http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-iii-les-baies-106-et-108-et-les-pupilles-au-jaune-d-argent.html
BAIE 108, LANCETTE B.
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Gatouillat et Hérold (2005) la décrivent comme "un saint barbu tenant un étendard et présentant un seigneur (têtes modernes)" alors que Le Men suggère de voir dans la hampe de la bannière la restauration d'une probable crosse d'évêque ; Yves-Pascal Castel ajoute " cela cadrerait avec l'inscription S. DE / RIE.(saint Derrien ?) ". Pour ce dernier auteur, le chevalier revêt une cotte blanche chargée de trois fasces ondées d'azur. Ce pourrait être la reproduction incorrecte des armes de la famille des Langueouez : fascé ondé d'or et d'azur au chef de gueules. Ces dernières armes se remarquent à la voûte de la nef de la cathédrale.
Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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"L'ermite est présenté en évêque. Il est couché, vêtu d'une aube recouverte d'une tunique plus courte appelée rochet avec un amict à col haut et large et d'une chasuble, manteau à deux pans, retenue par un mors. Il fait le signe de la bénédiction de la main droite, le majeur et l'annulaire levés, le pouce et l'index formant un cercle. Une bague au chaton plat est passée à son majeur. Il tient dans sa main gauche une crosse, véritable pièce d'orfèvrerie sculptée. Le nœud est mouluré, se poursuivant par une petite niche rectangulaire aux motifs gothiques qui se terminent par une volute." (E. Le Seac'h 2014)"La tête du saint repose sur un coussin qui forme un nimbe avec deux anges la main posée sur sa mitre. Ils sont aussi couchés, les ailes fermés, les jambes repliées. Celui de droite pose son autre main sur le coussin tandis que celui de gauche saisit la crosse. "(Le Seac'h, 2014)
Ce gisant est pratiquement identique à celui de saint Jaoua en Plouvien qui date de la même époque, au tout début de l'atelier du Folgoët.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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"Le visage du saint au modelé ovale est typique des œuvres médiévales : les différentes parties sont schématiques. Une fossette creuse le menton. Les lèvres sont identiques à celles de sainte Nonne ou de saint Jaoua, ainsi que le nez. Ici pourtant, une discordance est manifeste : les yeux qui sont grand ouverts comme dans tous les gisant [de l'atelier ] du Folgoët, ne sont pas identiques. L'œil gauche est de style médiéval, avec juste les paupières ourlées et les sillons palpébraux étirés aux extrémités. Mais l'œil droit est d'un style postérieur, du XVIIe "français" et il est marqué par un réalisme et un souci maniaque de l'anatomie : l'iris est creusé, la paupière supérieure a la forme d'un large accent circonflexe ; le sillon du coin de l'œil est coupé. Le travail n'est d'ailleurs pas achevé : le bord inférieur n'est pas lisse et ne rejoint pas la pommette avec régularité. On peut donc penser à une retouche postérieure que certains (Castel 1989) ont même assimilée aux martelage de la Révolution pendant laquelle un tailleur de pierre aurait voulu rajouter la forme de la cocarde révolutionnaire . " (Le Seac'h, 2014 p. 88)
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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"L'extrémité de la crosse est plantée dans la gueule du lion couché aux pieds du gisant chaussé à la poulaine. La queue de l'animal est ramenée vers l'avant, collée contre son dos (le motif de la queue est fréquent, il se retrouve aussi dans les lions des crossettes et gargouilles). Il tient dans ses pattes antérieures le blason de Bretagne plein. " (Le Seac'h, 2014)
Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Les armoiries placées au pied du cénotaphe sont celles de du duc Jean V de Bretagne et de son épouse Jeanne de France.
Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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a) À gauche, les armoiries de Jean V.
Lors de ma visite de la cathédrale de Quimper, j'avais photographié le blason du duc Jean V et de la duchesse, sur les premières clefs de la voûte du chœur ; or, ce chœur a été édifié vers 1417, à peu près en même temps qu'à la Collégiale du Folgoët (vers 1423), où les mêmes deux armoiries figurent, et en même temps que le moment où l'atelier du Maître du Folgoët réalisa ce cénotaphe, vers 1423.
À Quimper, l' écu du duc est d’hermines plain, soutenu par deux anges ; il est timbré d’un heaume taré de profil, surmonté d’un cimier composé du lion de Montfort assis entre deux cornes de bœuf ; le heaume est orné de lambrequins.
C'est exactement la même composition qui se retrouve sur le tombeau de saint Ronan.
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L’écu de Jean V de Montfort, dit le Bon, duc de Bretagne (1399-1442), photographie lavieb-aile.
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Ces armes se retrouvent sur le signet de Jean V, 1402. DM II, planche x, sceau clxxx.
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L'article Jean V de Wikipédia en donne une illustration haute en couleurs par "Ketepanomegas" :
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_dukes_of_Bretagne_1316-1514 par Katepanomegas https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_V_de_Bretagne#/media/File:CoA_dukes_of_Bretagne_1316-1514_(chivalric).svg
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b) les armoiries de la duchesse Jeanne.
Elles offrent ici la particularité d'être placées dans un écu losangique, une forme réservée aux armoiries féminines. Mais comme ailleurs (Quimper, Folgoët, etc), elles associent en 1 les hermines de Bretagne, et en 2 les fleurs de lys de France. L'emblème royal semble avoir été martelé plus soigneusement que les mouchetures bretonnes.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), PONDAVEN (G.), PÉRENNÈS (Henri), 1925, Notice sur Locronan B.D.H.A. page 65, etc.
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1925.pdf
— BOCCARD (Michèle), 2009, "Locronan, église Saint-Ronan", Congrès Archéologique de France, 165ème session (Finistère, 2007), Paris, Société Française d'archéologie pages 185-189.
https://www.academia.edu/26540787/_Locronan_%C3%A9glise_Saint-Ronan_Congr%C3%A8s_Arch%C3%A9ologique_de_France_165%C3%A8me_session_Finist%C3%A8re_2007_Paris_SFA_2009_p._185-189
— BROUCKE (Paul-François, héraldiste), 2017, "Locronan : des armoiries, des mécénats" , communication du Colloque Flamboyante Bretagne. Les arts monumentaux en Bretagne entre 1420 et 1540. 30 octobre - 1er novembre 2017.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1989, “0512 Le Tombeau de St-Ronan à Locronan et la Révolution Française... 29.04.89.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 13 novembre 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/2001.
— COUFFON (René), Le BARS (Alfred), 1988, Notice sur Locronan.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/LOCRONAN.pdf
CHAPELLE DU PENITY Accolée au sud de l'église avec laquelle elle communique par deux arcades, elle est bâtie, selon la tradition, à l'emplacement de l'ermitage du saint. C'est un édifice très simple, de plan rectangulaire, comprenant trois travées voûtées d'ogives avec liernes. La similitude de sa porte ouest avec celle de l'aile nord de Saint-Corentin et le fait que l'architecte de cette dernière, Pierre Le Goraguer, apparaisse à Locronan en 1485 après l'achèvement de la grande église, semble indiquer que c'est à la fin du XVe siècle que fut exécutée la chapelle du Penity.
Mobilier : Le tombeau de saint Ronan (C.) : c'est là une oeuvre particulièrement intéressante. Il comprend en effet une dalle représentant en haut-relief le saint en vêtements épiscopaux. A ses pieds sont les écussons Bretagne plein et Bretagne-France de Jean V et de sa femme Jeanne de France, le premier timbré d'un heaume avec pour cimier le lion de Montfort. La figure du saint est assez malhabile, mais cette dalle des environs de 1430 est l'un des premiers ouvrages en kersanton et sans doute taillée par un sculpteur de l'atelier du Folgoat. Elle a été posée sur des anges-cariatides portant des écussons lors de l'achèvement de la chapelle, à l'extrême fin du XVe siècle ou aux premières années du XVIe siècle. .
— DILASSER (Maurice), 1979, M. Dilasser : Un pays de Cornouaille, Locronan et sa région (Paris, 1979) ;
— DILASSER (Maurice), 1981,Locronan (Rennes, 1981)
— ESCHER (Conrad) 1912, : Le tombeau de saint Ronan à Locronan Le Tombeau de Saint-Ronan à Locronan, par Conrad Echer (traduction de l’allemand) Abbé PhilipponPages 123 à 154 (B.S.A.F. 1912 tome 39) file:///E:/blog/saf1912_0189_0228.pdf
— GENDRY (Mickaël) 2010, « Les minihis en Bretagne entre le ixe et le xiie siècle : des territoires monastiques sacralisés ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 117-2 | 2010, mis en ligne le 10 juillet 2012, consulté le 15 novembre 2017. URL : http://abpo.revues.org/1766 ; DOI : 10.4000/abpo.1766
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes page 87.
— WAQUET (Henri) : Locronan (S.F.A. C.A. 1914) ;
— WAQUET (Henri), 1920, Locronan, études archéologiques (B.S.A.F. 1920) ;
— WAQUET (Henri) 1952, Autour du cénotaphe de saint Ronan (B.S.A.F. 1952)
file:///E:/blog/saf1952_0175_0179%20autour%20du%20c%C3%A9notaphe%20de%20saint%20ronan.pdf
- R. Couffon : Le tombeau de saint Ronan à Locronan (S.F.A. B.M. 1954)
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