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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 16:20

La verrière de saint Nicolas de Tolentino et de saint Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, par Olivier Le Coq et Jehan Le Lavanant),  baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic.

 

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Voir 

— Voir aussi, sur cette chapelle :

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Les débuts de la construction de la chapelle correspondent au temps du duc Jean V (1399-1442), qui la dota et qui en fut peut-être le fondateur, mais le chantier n'était pas achevé en 1464, puisqu'à cette date, François II accorda une remise d'impôt aux habitants du lieu afin qu'ils consacrent au parachèvement des travaux la moitié des ressources ainsi dégagées. Ce sont les armoiries de François Ii et de la duchesse Marguerite de Bretagne qui sont placées en sommité de la maîtresse-vitre, ou baie 0.

Mais Notre-Dame-de-la-Cour bénéficia aussi des largesses de l'évêque de Saint-Brieuc Jean Prégent (1450 -1472), qui finança la construction du bras sud du transept et y fit vitrer les baies 4 et 6, en y plaçant ses armoiries. Si la baie 6 fut largement détruite pendant la Révolution,  la baie 4 fut mieux préservée.

Après l'incendie qui toucha la chapelle en 1874, et à l'initiative du recteur Ange-Marie Leclerc, la presque totalité des baies furent restaurées. L'opération débuta en 1878 par cette baie 4 en même temps que  la baie 0 ; elle fut menée par l'Atelier du Carmel du Mans sous la direction de Eugène Hucher. 

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Description.

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La baie 4,  dans le bras sud du transept et au dessus de la Pietà, comporte deux lancettes trilobées organisées en deux registres, et un tympan à 1 soufflet sommital et deux mouchettes. Elle mesure 4,70 m de haut et 1,30 m de large.  Son intérêt principal vient de son iconographie , choisie vraisemblablement par l'évêque Jean Prégent vers 1460 et consacrée les deux moines Nicolas de Tolentino et Bernardin de Sienne. Choix étonnant par sa précocité si on sait que l'augustin Nicolas de Tolentino fut canonisé en 1446 par le pape Eugène IV, et que le franciscain Bernardin le fut en 1450, par  Nicolas V. Mais l'étonnement est moindre si on considère que Jean Prégent, qui avait été envoyé par le duc Jean V dont il était le conseiller comme ambassadeur auprès du pape Eugène IV en 1432, devait à ce dernier son poste d'évêque de Saint-Brieuc. Ou bien si l'on sait qu'Eugène IV avait été moine augustin, puis brièvement évêque de Sienne.

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Une symétrie organise les registres des deux lancettes puisqu'au registre supérieur Nicolas de Tolentino tenant une étoile sur son livre répond à Bernardin de Sienne tenant un livre et le monogramme embrasé IHS, tandis qu'au registre inférieur les deux moines sont représentés l'un priant et l'autre prêchant. 

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LA LANCETTE GAUCHE : SAINT NICOLAS DE TOLENTINO.

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1. Registre supérieur.

 

"La lancette gauche comprend trois panneaux consacrés à saint Nicolas de Tolentino. En haut, sous un riche dais gothique, le saint, en froc brun, se détache sur un fond bleu. Il est couronné d'un nimbe moderne à rayons en forme de flammes sur le bord duquel on lit : saint Nicolas de Tolentino. Devant le saint, à hauteur de ses mains, une étoile rouge." (Couffon 1935)

"Figure de saint Nicolas de Tolentin sous un important dais d'architecture (nombreuses restaurations) ". (Gatouillat et Hérold 2005)

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Le saint italien, moine de l'Ordre des Augustins qui fut un exemple d'humilité, d'esprit de mortification et de charité, et qui exerça son ministère à Torentino (Marches) de 1279 à 1305, est représenté tonsuré, dans l'habit de son Ordre, tenant le livre de sa Règle ainsi que son principal attribut, une étoile. C'est aussi ainsi qu'il est peint par Piero della Francesca sur un tableau de 1454-69 conservé à Milan au Museo Poldi Pezzoli, tandis que d'autres le montrent avec un soleil rayonnant sur la poitrine (Miguel del Prado, vers 1515). Le Pérugin le peint en 1507 montrant du doigt une citation des Confessions de saint Augustin : Servus tuus sum ego et filius ancille tue .

L'étoile s'expliquerait ainsi :

"Dieu voulant montrer la sainteté de saint Nicolas de Torentino, envoya une étoile qui descendit dans l'église et s'arrêta sur l'autel où Nicolas disait la messe, pour faire voir que le saint était la lumière des chrétiens. On garda cette étoile sous l'autel de Tolentino, et on la montrait tous les ans le 10 septembre jour de la saint Nicolas." Jean-Paul Kurtz Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses .

On lit aussi que s'il est représenté avec un soleil au milieu de la soutane noire, c'est parce que l'on disait  qu'une étoile brillante le suivait continuellement dans ses mouvements et illuminait sa silhouette.

 

 Marguerite d'Autriche (1480-1530) consacra au saint l'église de Brou destinée  à abriter sa tombe et celle de son époux. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Nicolas-de-Tolentin_de_Brou

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L'inscription exacte du nimbe est  : S : NICOLLAS DE TOLLENTINO  : EREM, avec un doute sur le dernier mot.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. Registre inférieur. Saint Nicolas invoqué par les âmes du purgatoire. 

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En majeure partie moderne par Hucher avec remploi de quelques pièces originales dont l'inscription.

"Dans le panneau au-dessous, de petits personnages nus, sans doute des âmes, implorent le saint. Seuls, les deux du premier plan sont habillés et portent respectivement, celui de gauche une robe rouge et celui de droite une robe bleue. Un petit cartouche porte en lettres gothiques : Grand S. Nicolas de Tollenlino Salvez esleze.

Le panneau du bas est moderne. Le saint, agenouillé sur un prie Dieu recouvert d'une tenture rouge semée d'étoiles d'or, est en prières devant le Crucifix. En haut, trois anges musiciens, aux ailes respectivement rouges, bleues et rouges, l'assistent." (Couffon, 1935)

 

Le panneau supérieur montre seize personnages des deux sexes, presque nus, agenouillés et mains jointes : on peut les considérer comme des âmes du purgatoire attendant en prière  leur salut. On prie en effet saint Nicolas de Tolentino car il  délivra par ses prières des âmes du purgatoire durant son existence. Il est donc le patron   des âmes du purgatoire à qui on demande  la délivrance

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'inscription montée dans le support gauche de l'architecture.

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GRANT S. NICOL

LAS DE TOLLENTINO

SALVEZ ES CEZE

"Grand saint Nicolas sauvez les ---"

Cette inscription e n'a pas été traduite ni interprétée ; les deux derniers mots, accolés par les auteurs (Couffon, Gatouillat) résistent à la compréhension, là où on attendrait "sauvez les âmes". Faut-il y lire " Grand saint Nicolas, sauvez-les seize", puisque c'est le nombre des âmes figurées en prière ?

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LA LANCETTE DROITE : SAINT BERNARDIN DE SIENNE.

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 Le registre supérieur.

"L'autre lancette est consacrée à saint Bernardin de Sienne. Sous un dais gothique semblable à celui abritant saint Nicolas, saint Bernardin, en froc brun, se détache sur un fond rouge. Il tient de la main droite un soleil d'or avec le monogramme i. h. s." (Couffon, 1935)

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Le saint, tonsuré,  est en habit franciscain, remarquable par la cordelière à trois nœuds témoignant de leur attachement à la sainte Trinité. Il tient un livre dans la main gauche où sont écrits les mots suivants  : "PATER / MANI / FESTAVI / NOMEN /  TUUM / OMINI / BUS ".

Il s'agit d'un passage du chapitre 17 de l'évangile de Jean Je 17:5-6 "Et maintenant toi, Père, [...] j'ai fait connaître ton nom aux hommes" que vous m'avez donnés. Sous cette forme Pater manifestavi nomen tuum hominibus, il s'agit d'un chant grégorien attesté dans les antiphonaires pour la fête de l'Ascension

L'inscription se retrouve sur le livre de saint Bernardin sur une huile sur bois attribuée à Bartolomeo della Gatta conservée au Petit Palais d' Avignon et peinte...en 1470. Ou bien sur une fresque de Bernardino Pinturicchio, à la chapelle Bufalini de Santa Maria di Arecoeli de Rome.  Mais pourquoi ?

Il faut savoir que Bernardin est mort le 20 mai 1444, le jour de l'Ascension, précisément alors que les Frères chantaient en chœur l'hymne grégorien Pater manifestavi... (Source) (Source 2).

Il s'agit ainsi de l'une des deux inscriptions propres au saint, avec Quae sursum sunt sapite non quae super terram (Col., 3,2).

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A la différence de Nicolas de Talentino, Bernardin de Sienne est présent sur les bases de données d'iconographie Mandragore et Enluminures : Ainsi, on trouve deux enluminures dans les manuscrits  du Civitate dei de saint Augustin (trad. Raoul de Presles), vers entre 1469 et 1473, dans les Français 18 folio 3v et  Français 19 folio 232 dans l'allégorie de la cité de Dieu, ainsi que sur le Nouvelle acquisition latine 758 fol. 2. Dans les bibliothèques provinciales, il figure dans les Heures à l'usage de Paris vers 1470 (Chambéry Ms 0001 f.190), dont on notera la coïncidence temporelle avec cette verrière. Le saint tient l'astre (sans monogramme) et le livre, et trois mitres sont posées à terre. dans le De evangelio aeterno du XVe siècle (Dole BM ms 0118 folio 003), le saint tient un livre avec le monogramme au milieu de l'astre. Dans les Heures à l'usage de Rome de 1510 (Tours, BM Ms 2104 folio 172v), Bernardin prie devant un livre et tient l'astre doré.

En Italie, je citerai l'enluminure de Giampietrino da Birago, peinte vers 1490 dans  le Livre d'Heures des Sforza folio 207v : British Library  Ms Additional 34294. Elle reprend les trois mitres, le monogramme sur un panneau, et le livre.

Le saint est aussi présent dans les suffrages du Livre d'Heures du duc de Bretagne Pierre II. Ou dans les  Heures d'Antoine de Crèvecoeur, vers 1450-55 (Leeds, University Library, The Brotheton Collection, ms.4 folio 318-319).

 

En Bretagne, on trouve une statue en l'église Saint-Nonna de Penmarc'h : je l'ai présenté ici,  avec le panneau portant le monogramme christique IHS dans un soleil d'or, et les  trois mitres à ses pieds, en souvenir de son triple refus de l’épiscopat.

L'examen de la peinture italienne confirmerait à foison que le saint  est représenté par deux  attributs de sainteté :  le monogramme du Christ I-H-S peint sur un disque,  et les les trois mitres au sol. Voir de nombreux exemples ici

Le monogramme IHS et la dévotion du nom de Jésus.

 

Vers le début du XIIIe siècle dans l'Occident latin, mais sous l'influence grecque, les deux abréviations de Jésus et Christus marquaient les figures de Jésus. Dans les fresques des églises rupestres de l'Italie méridionale on trouve des compositions de trois lettres: IHC XPC.  Au XV siècle, les Franciscains encouragèrent la dévotion au nom de Jésus et utilisèrent à nouveau le monogramme IHS comme signifiant simplement Jésus.  Les  trois majuscules grecques jadis employées par les chrétiens devinrent  les initiales de trois mots latins : Iesus, Hominum, Salvator, "Jésus, Sauveur des Hommes". Bernardin de Sienne (1380-1444), en particulier, utilisait beaucoup le monogramme dans ses prédications pour appuyer la force de son éloquence.  Il montrait aux foules un tableau peint sur bois (l'un d'entre eux est conservé à Volterra) sur lequel le symbole IHS, ou YHS en lettres gothiques, figurait au cœur d'un soleil. Le H est surmonté du tilde abréviatif, et parfois, il vient croiser la hampe du H pour former une croix. Ce symbole du Christ a ensuite eu une immense diffusion. Saint Bernardin mourut à L’Aquila (dans les Abruzzes, Italie) et la basilique où repose son corps est un hymne au monogramme IHS.

 "A la fin de sa prédication il les élevait pour bénir la foule qui à genoux adorait le nom de Jésus. Il parvint même à convaincre la commune de Sienne à remplacer les armoiries de la ville par le symbole de Jésus entouré du soleil. Plusieurs de ces tables de bois ont été conservées. L'une d'elles se trouve en l'église Sainte Marie de l'Aracoeli à Rome, près du Capitole. Les tables et les innombrables reproductions du blason de Sienne présentent le monogramme de Jésus écrit en lettres gothiques minuscules surmontées du tiret transversal. Celui-ci ornait, par exemple, l'entrée du Collège Sainte Barbe de l'Université de Paris, où saint Ignace de Loyola a certainement pu l'admirer et ensuite l'adopter, augmentant ainsi sa diffusion. En effet le fondateur de la Compagnie de Jésus l'a utilisé fréquemment au début de lettres importantes et dans d'autres écrits. Il l'a fait imprimer au frontispice de publications importantes, par exemple dans la première édition du livre des Exercices Spirituels et finalement dans le blason de l'Ordre des jésuites." (Source)

"Il introduit cette coutume à Volterra en 1424. À Bologne, Bernardin persuade un peintre, ruiné par ses sermons contre le jeu, de gagner sa vie en dessinant des tablettes, et le désir de posséder de telles tablettes est tel que l'homme fait rapidement fortune" (Source)

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Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. Le registre inférieur. 

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"Au-dessous, sur un fond bleu, sont trois mitres d’or, richement ornées de pierreries, avec l'inscription :" Les trois mitres signifient comment saint Bernardin fut à III évêchés".

"En bas, panneau moderne, saint Bernardin sur un tréteau prêche le peuple. Si l'on veut bien se rappeler que saint Bernardin, décédé en 1444 fut canonisé en 1450, il est très remarquable de voir, treize ans plus tard, dans une modeste chapelle bretonne, un vitrail, fait certainement d'après un carton allemand consacré au nouveau saint [Note bas de page: Il y a lieu d'observer que saint Bernardin figure déjà sur le livre d'heures du duc Pierre II (1455-1457) et que ce saint est mentionné dans le testament du duc du 5 septembre 1457 ].

Mais, d'Italie, sans doute par les couvents, les gravures de saint Bernardin se propagèrent très rapidement en Allemagne où elles furent imitées. Une gravure du Maître de Bileam (*) représentant saint Bernardin avec à ses pieds les trois mitres et les trois crosses est très peu postérieure à la canonisation du saint." (Couffon,  1935).

(*) ?. Il ne peut s'agir du Maître de Balaam, actif à la fin du XIVe sur la Bible de Wenceslas.

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Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les trois mitres et les trois crosses épiscopales.

Les trois mitres illustrent les trois refus successifs par Bernardin des dignités de l'épiscopat : refus de son élection à l'évêché de Sienne, puis à ceux de de Ferrare en 1431  et d'Urbino, en  1435.

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La valse des mitres de Jean Prégent.

 

Dans une ironie à l'égard  du commanditaire, elles évoquent aussi, dans une signification opposée,  les déboires de Jean Prégent et la valse des ses mitres, puisqu'il fut  successivement évêque de Saint-Pol-de-Léon, en 1436, puis de Saint-Brieuc en 1439 ;  le siège de Nantes lui échappant en  1443 au profit de Guillaume de Malestroit,  Jean Prigent fut nommé évêque de Saint-Malo le 25 avril 1450, mais il résigna ce siège dès le 15 juillet pour devenir à la même date évêque de Vannes avant de  se résigner à regagner son siège de Saint-Brieuc .

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Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Inscription:

 

CES TROIS MITRES 

 SIGNIFIE[N]T COM[M]ENT

CENT BERNARDIN RE

 FUSA III ESVEQCHES;

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Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Prédication de saint Bernardin, par Hucher 1878.

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Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE TYMPAN.

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Tympan  de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Dans le tympan, en supériorité, sont les armes de l'évêque de Saint Brieuc, Jean Prégent (Prigent), et, dans les deux mouchettes inférieures, des angelots tenant des phylactères." (Couffon, 1935)

"ajour sommital : armoiries de Jean Prégent."

"Mouchettes : anges porteurs de phylactères avec des fragments du Te Deum. (patrons retournés. Ange de droite assez restauré. " (Gatouillat et Hérold)

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Les armoiries figurent aussi dans le tympan de la maîtresse-vitre. Elles devraient être d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois molettes à huit pointes de même, mais les molettes (roulettes d'éperon en forme d'étoile) ont pris ici l'aspect de besants (ou boules d'or).

L'ange de gauche tient l'inscription TE DEUM LAUDAMUS "Nous te louons Dieu", et celui de  droite  TE DOMINUM CONFITEMUR  "Nous t'acclamons Seigneur", soit les deux premiers versets du Te Deum. Je lis aussi  à droite N DIEUX EST. Couffon avait déjà noté dans le tympan de la maîtresse-vitre des passages du Te Deum.

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Tympan  de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— ARASSE (Daniel), 1977, "Ferevat pietate populus. Art, dévotion et société autour de la glorification de S. Bernardin de Sienne",  Mélanges de l'école française de Rome  Année 1977  89-1  pp. 189-263

http://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5110_1977_num_89_1_2389

— BARTHÉLÉMY (A) Revue historique nobiliaire et biographique T. XIII,1876 pages 177- 186.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36918k/f180.image

— BARTHÉLÉMY (A)  / GESLIN DE BOURGOGNE, 1849; "Légende de la Vierge, à Notre-Dame-de-la-Cour", in Mémoires du Congrès scientifique tenu à Rennes en 1849, t II, p 94

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411579p/f97.image

 

— CHAPELLE N.D DE LA COUR, LANTIC. 

https://chapellelantic.weebly.com/

— CHARDIN (Paul), 1891, Recueil de peintures et sculptures héraldiques, par M. P. Chardin. - Moustern, Pont-Melvey, Pestivien, Bulat, Burtulet, Saint-Servais, Rosvillou, Gallac, Plusquellec, Saint-Gildas Kernescop, Kermaria, Bringolo, Tressignaux, Beauport, Kerpradec, Kergrist, Chapelle de Menez-Bré., Bulletin monumental vol 57 page 545-546

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310731/f626.image.r=chardinchardin%20lantic

COUFFON (René), 1935, Contribution à l'étude des Verrières anciennes du Département des Côtes-du-Nord, Bulletin et Mémoires de la Société d'Émulation des Côtes du Nord T. 67 pages 113-114

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f138.image

 

— COUFFON (René), Recherches sur le chapitre de Saint Brieuc au XVe siècle.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_77/Recherche_sur_le_Chapitre_de_Saint_Brieuc_au_XVe_.pdf

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII; Presses Universitaires de Rennes pages 70-72.

 

— INFOBRETAGNE : NOTRE-DAME-DE-LA-COUR. Retranscription de Morvan 1903

http://www.infobretagne.com/lantic-chapelle-notredamedelacour.htm

— MORVAN (Jean), 1903, Monographie de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Cour, en Lantic (Côtes-du-Nord) Bulletins et mémoires / Société d'émulation des Côtes-du-Nord T. 41 pages 177-214

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207842x/f197.item

— TOULLELAN (Guy), 1978,  Toullelan, Notre Dame de la Cour en Lantic, Jos Le Doaré,  24 pages

— BASE PALISSY

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Lantic&NUMBER=6&GRP=0&REQ=%28%28Lantic%29%20%3aLOCA%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=200&DOM=Tous

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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