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Jacques Savary, médecin de marine à Brest de 1758 à 1768 et traducteur de l'Histoire des Insectes de Jan Swammerdam.
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Voir aussi :
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I. L'épidémie de typhus à Brest en 1757 et la nomination de Savary comme second médecin de l'Hôpital Maritime de Brest en 1758 auprès de Chardon de Courcelles.
Rappels :
—Étienne Chardon de Courcelles, né à Reims le 9 mars 1705, mort à Brest en 1775, est un médecin exerçant pour la Marine française sous l'Ancien Régime. Il reçut docteur après des études en l'académie de médecine de Reims, le 7 décembre 1735 ; reçu agrégé en l'académie de Paris en 1741. Auteur de plusieurs traités, il est attaché au port de Brest dès 1742, avant de devenir premier médecin du port en 1756. Il participait à la fondation de l'Académie de Marine. J'ai évoqué son rôle dans le développement du Jardin de l'Hôpital de la Marine de Brest, ou la création par ses soins de l'école de chirurgie de Brest et les cours de botanique qu'il y dispensait, ou son édition du Traité de Matière médicale de Geoffroy, ou son intérêt pour l'alimentation des gens de mer, etc..
— "L'expédition de Louisbourg est une tentative britannique avortée de capturer la forteresse de Louisbourg sur l'Île Royale (actuelle île du Cap-Breton) pendant la guerre de Sept Ans et la guerre de la Conquête5. C’est un succès défensif français car une expédition aussi importante que celle venue d’Angleterre réussit à dissuader la Royal Navy d’attaquer la place en 1757. A la fin de la campagne, une violente tempête disperse l'escadre anglaise et une épidémie de typhus décime l'escadre française. Dubois de La Motte, estimant à raison que Louisbourg ne risque plus rien, décide de rentrer lui aussi et prend la mer le 30 octobre. Le retour est très difficile. Le soir du départ, une tempête disperse l’escadre qui ne se reforme que le 9 novembre. Le mauvais temps va d’ailleurs accompagner l’escadre pendant tout le voyage. La santé des équipages ne cesse de se dégrader. Plusieurs semaines avant le départ des Anglais, les vivres commençant déjà à être comptés, le scorbut avait fait son apparition. Plus grave, c’est maintenant le typhus qui se manifeste. L’épidémie touche tous les navires et ravage les équipages pendant la traversée. A l’arrivée à Brest, le 23 novembre, trois vaisseaux ont perdu tellement de matelots qu’ils ont toutes les peines du monde à manœuvrer dans la rade et le port. L’épidémie se transforme en désastre sanitaire lorsque les 5 à 6 000 malades débarqués contaminent la ville et ses environs, faisant à peu près 10 000 morts." (Wikipédia)
Cette épidémie causa la mort de deux médecins de l'hôpital de la Marine à Brest, MM. Mauflâtre et De Préville. Antoine Poissonnier Desperrières Traité des maladies des gens de mer page 287
Il fallu les remplacer :
Maurice Delpeuch, « L'escadre de Louisbourg et l'épidémie de Brest en 1757 », dans Bulletin de la Société académique de Brest, 1903-1904, p. 123-204.
https://archive.org/stream/bulletindelasoc22bresgoog#page/n213/mode/2up/search/savary
Correspondance échangée entre le ministre de la Marine et l'intendant maritime de Brest, Mr Hocquart, et le commandant du port M. le comte du Guay au sujet de l'épidémie de Brest, in Maurice Delpeuch, L'escadre de Louisbourg et l'épidémie de Brest en 1757, Société académique de Brest - 1904 - page 202
Le ministre (*) à M. Hocquart
(*) il s'agissait encore de François De Moras, ancien contrôleur général des finances, qualifié "tout bonnement de nullité" par Henri Martin.
11 mars 1758.
« J'ai cherché, Monsieur, un bon sujet dont les talents et l'expérience fussent connus, pour remplir la place de second médecin à Brest, vacante par la mort de M. Mauflâtre, et, parmi ceux qui m'ont été présentés, j'ai choisi le sieur Savary, médecin de la faculté de Paris, qui paroist réunir toutes les qualités nécessaires pour un service aussi essentiel ; mais comme il n'a pu se déterminer à accepter cette place qu'avec quelque augmentation au traitement qui y est affecté, j'ai ajouté, aux 1,8oo livres d'appointements dont il doit jouir, une gratification ordinaire de 600 livres qui sera expédiée par chaque année au moyen de cet arrangement. Le sieur Savary se rendra incessamment à Brest, où j'ai lieu de croire, par tout ce qui m'a été dit en sa faveur, qu'il secondera bien M. de Courcelles ; mais comme ces deux médecins ne peuvent pas suffire pour voir tous les malades de l'hôpital et les officiers, et en outre les malades du bagne et de la ville, il. m'a paru convenable d'établir un troisième médecin, surtout dans les circonstances actuelles où les mouvements de la guerre peuvent toujours fournir un grand nombre de malades, et j'ai nommé à cette place le sieur Maistral, médecin de Quimper, actuellement à Brest, de la capacité duquel on m'a rendu un compte très favorable. J'ai réglé qu'il jouirait de 1,200 livres d'appointements, et je vous enverrai incessamment son brevet ; il pourra être chargé de voir les malades du bagne et de la ville, et je compte qu'il donnera des preuves de son application et de son zèle.
Dans cette partie, il y a lieu d'espérer qu'avec ces trois médecins, le service des malades sera bien rempli, et qu'on aura en tous tems, à Brest, les secours nécessaires dans les cas imprévus qui peuvent arriver. »
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II. Sa traduction de l'Histoire des Insectes de Jan Swammerdam en 1758.
"L'Histoire naturelle des insectes traduites du Biblia naturae de Jean Swammerdam, avec des notes, par MM Savary, médecin du roi, à Brest, Gueneau de Montbeillard, et M. ..." fut publiée en 1758 dans la partie étrangère de la Collection académique, dont elle forme le tome V. Elle est donnée non pas à partir du texte originale en néerlandais, mais à partir de la traduction en latin donnée par Jérome Gaub, dit Gaubius.
Collection académique composée des mémoires, actes, ou journaux des plus célèbres académies & sociétés littéraires étrangères, des extraits des meilleurs ouvrages périodiques, des traités particuliers, & des pièces fugitives les plus rares; concernant l'histoire naturelle et la botanique, la physique expérimentale et la chymie, la médecine et l'anatomie. Traduits en françois, & mis en ordre par une Société de gens de lettres
A Dijon, chez François Desventes, libraire de S. A. S. Mgr. le prince de Condé, à l'image de la Vierge, ruë de Condé. A Auxerre, chez François Fournier, imprimeur-libraire de la ville. M. DCC. LV. Avec approbation et privilege du Roi. -- ,Dijon
Format : 13 tomes : diagrs., cartes dont cert. en depl., pl. dont cert. en depl., tableaux en depl. ; In-4
t.5. Histoire naturelle séparée, t.2, contenant les observations de J. Swammerdam sur les insectes [du Biblia naturae] 1758.
https://books.google.fr/books?id=J-c_AAAAYAAJ&dq=savary+insectes+collection+acad%C3%A9mique+swammerdam&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
https://books.google.fr/books?id=jgts7hGlwOsC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
https://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW5QaeKiVduf7NY7uJgxHtenlF-NJeFTA5vSgtvu6vievr0oLpcFiA9PQFKPFx5nw-YeQPInH18vzOIt3hFg93DnVKO-otDBPzNpu5QgYlvzTkwXFmzOIjBwHJGZT9uDGp86mJDGd2WelRx87YiGqzxQvkJebS6yBJy-4qHpulNd3XTsusOIgr6-m4EUHhv2Dz1RMJkVcwiv2JQmgP2R3E0_tMrRB_oa3HIQmJlUVbMRByxURB1heoXPrqZddee3b6EoDpAIZbu6Gki-2Ui-ho0KHvOqswa8g
L'ouvrage de Swammerdam (1637-1680) a été écrit en néerlandais , puis publié en deux volumes bilingues par Hermann Boerhaave avec une traduction en latin (Biblia naturae) par I.D. Gaubius en 1737 et 1738, publié en allemand (Bybel der Natur) en 1752, et enfin traduit en français (Histoire des Insectes) en 1758 par Savary :
"À sa mort, en 1680 à Amsterdam, Swammerdam laisse une masse de notes et de figures soigneusement dessinées à la main. Or, ayant été accueilli et protégé en France par le renommé voyageur Melchisédech Thévenot à Issy, en région parisienne, avec qui il a toujours entretenu de cordiales relations, c’est tout naturellement à celui qui était comme son « incomparable » oracle et son fidèle ami qu’il lègue la totalité de ses manuscrits. Cependant l’érudit français eut beaucoup de difficultés à récupérer les feuillets qui étaient, pour l’heure, entre les mains d’un traducteur. Lorsqu’il les eut regroupés il se proposa de les publier mais il disparut en 1692 avant de mettre son projet à exécution. Cet ensemble devint la propriété du peintre Joubert puis de l’anatomiste Joseph Guichard Duvernay qui le conserva jusqu’à sa mort en 1730. Son collègue hollandais le célèbre médecin Hermann Boerhaave se porta alors acquéreur des précieux textes. Il les remit en forme et, enfin, les publia en deux volumes, en 1737 et 1738, à Leyde. C’est le fameux Bybel der Natur présenté en format in-folio sous forme bilingue, hollandais et latin, avec 53 planches dépliantes finement gravées sur cuivre. Ce monument, de plus de 1 000 pages, fut par la suite traduit en anglais et en allemand. Sous une forme abrégée, il parut en France (1758) dans le tome V de la collection académique de la Faculté de Dijon sous le titre Histoire naturelle des Insectes traduite du Biblia naturae avec 36 planches et des notes de Savary et de Guénau de Montbeillard. C’est ce dernier qui conte, dans l’avertissement, les péripéties du manuscrit." (J. Aguilar)
Note : Cette historia insectorum ne doit pas être confondue avec l'Historia insectorum generalis ofte Algemeene Verhandeling van de Bloedeloose Dierkens, publiée par Swammerdam à Utrecht en 1669. Il y distingue les insectes à métamorphoses complètes et incomplètes et décrit avec soin ces transformations.
http://www.dbnl.org/tekst/swam001hist01_01/swam001hist01_01.pdf
L'Historia insectorum generalis a été traduite du néerlandais en latin en 1685 par Heinrich Christian von Hennin, à Leyde
https://archive.org/details/CUbiodiversity1125373
La traduction française avait déjà été publiée, à Utrecht, chez Guillaume de Walcheren, en 1682 et chez J. Ribbius en 1685 :
http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?cote=07478x01&do=pages
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1511558w
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IV. Commentaire.
Cette traduction en français d'un ouvrage capital pour l'Entomologie (cf en Liens et Sources les avis de Latreille et de Lacordaire) m'ont incité à s'intéresser à l'auteur, à découvrir son prénom, à suivre sa carrière, et à découvrir qu'il s'agissait du second médecin d'Etienne Chardon de Courcelles, dont le rôle pour l'histoire de la médecine navale à Brest, mais aussi pour le développement des collections du Jardin Botanique et pour l'enseignement de la Botanique médicale (la "Matière médicale") fut considérable.
Pour traduire et annoter un tel ouvrage, il faut bien-sûr maîtriser le latin, ce qui va de soi pour un docteur en médecine, mais aussi être fort bien averti de l'Entomologie, et notamment, comme le précise la préface, des travaux de Réaumur, dont les Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes est paru de 1734 à 1742.
Je suis donc amené à m'interroger sur les relations et centres d'intérêt du jeune Jacques Savary pendant ses études de médecine à Paris. A-t-il connu Réaumur, décédé en 1757 ? A-t-il connu Etienne-Louis Geoffroy, qui publiera en 1762 (sept ans après cette traduction) les deux volumes de son Histoire abrégée des Insectes, et dont le père était l'auteur de la Matière médicale publiée par de Courcelles ?
Pour tenter de répondre à ces questions, je ne peux que dresser la liste des autres publications de cet auteur. Certaines sont purement médicales, mais deux traitent de l'histoire naturelle : la traduction des Actes de l'Académie de Copenhague, et une description d'un cétacé échoué en rade de Brest.
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III. Ses autres publications.
a) Traduction du Traité du scorbut, par Lind (1749).
b) Thèse sur la voix humaine, rapportée par le Journal des savants de juin 1757
c) Traduction des Actes de l'Académie de Copenhague quant à l'Histoire naturelle depuis 1671 jusqu'à 1679. Collection académique de 1757 Partie étrangère, pages 185-376 et Collection académique étrangère tome septième de 1766
d) Traduction de l'Essai sur l'hydropisie et ses différentes espèces , par Monro , Paris, Ganeau, 1760. Donald Monro (Edimbourg 1727 -Londres 1802), est le fils d'Alexandre Monro, fondateur de l'Ecole de Médecine d'Edimbourg.
e) Lettre sur le grand Vocabulaire français, insérée dans le Journal des savants de janvier 1768 , in-4.
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— Publication posthume :
Description du Diable de mer, un cétacé de douze pieds de long qui a deux mains sous le ventre, composés chacun de cinq doigts articulés SAVARY, docteur-régent de la faculté de Médecine de Paris, médecin de la marine à Brest. Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, & c, Volume 1774 Tome XXII page 51
DESCRIPTION DU DIABLE DE MER, Par M. SAVARY, Docteur en medecine de la Faculté de Paris, Et Médecin de la Marine de Brest. Comme le Journal de médecine embrasse aussi les objets de l'Histoire naturelle, je vous envoie , mon cher Confrere , la description d'un poisson qui ne se montre pas communément sur nos côtes , & qu'on ne connoissoit point ici. Le premier qui ait paru vint échouer sur le sable, dans la rade de Brest, près Saint-Marc , au commencement de Mars dernier. Les paysans, qui n'avoient jamais rien vu de si monstrueux, efrayés de l'énorme ouverture de fa gueule, ľasommerent, & le couperent par morceaux. On ne put avoir qu'une partie de la tête, & deux especes de nageoires ressemblantes à des mains. Il n'en fallut pas davantage pour faire courir le bruit qu'on avoit trouvé un homme marin. Les connoisseurs, qui ont .[...] vacillantes. On diroit, au premier coup d'œil, qu'il y a deux & même trois rangées de dents à chaque mâchoire; mais en examinant la chose de plus près, on remarque qu'entre les dents les plus longues, rangées sur une même li ne, les espaces intermédiaires sont garnis de dents plus courtes, 8c placées tantôt plus en dedans,- tantôt plus en dehors. La mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure, qui cependant est capable de s’allonger autant, étant formée de deux cartilages paralleles , joints par une membrane, au moyen de laquelle ils peuvent se rapprocher ou s'écarter l'une de l’autre"
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— Publication avec Chardon de Courcelles le 3 mai 1768 :
Exposition des effets d'un nouveau remède dénommé Sirop mercuriel
Brest le 3 mai 1768 de Courcelles, premier médecin, Savary second médecin, Dupré, Maistral, Voisin, Billard A Brest le 3 Mai 1768. Signés de | Courcelles, premier Médecin ; Savary, second Médecin ; Dupré , Chirurgien Major ; Maistral, Voisin , Aides-Majors, &
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V. Le décès de Jacques Savary en août 1768 lors d'une épidémie au bagne et d'une quarantaine à l'île de Trébéron, en rade de Brest.
Histoire du Service de Santé de la Marine et des Écoles de médecine navale étudiée plus particulièrement au port de Rochefort par M.A. Lefèvre, ancien directeur du Service de Santé au port de Brest, chapitre IX, 1769 à 1779.
— Epidémie à Trébéron parmi les forçats amenés par une chaîne; mort du second médecin Savary chargé de les soigner; propositions faites en faveur de sa veuve.
« Indépendamment des causes de maladies que produisait le mauvais régime des bagnes, d'autres se rattachaient au mode adopté pour le transfert des condamnés dans ces établissements. Le système des chaînes était alors en faveur, après avoir séjourné plus où moins longtemps dans les prisons du royaume, les détenus, réunis sur un même point, formaient le noyau d'une chaîne qui se grossissait sur la route qu'elle suivait pour se rendre au bagne. Voyageant à pied, attachés par le cou à une longue chaîne, mal vêtus, mal nourris, les forçats s'arrêtaient pour coucher, chaque nuit, dans de nouvelles prisons, où ils étaient soumis à de nouvelles influences morbifiques. Il arrivait souvent que la fièvre des prisons se développait parmi eux, exerçait ses ravages pendant \e voyage et à l'arrivée dans les ports menaçait de se propager à la population. Au mois de juin 1768, une chaîne de quatre ou cinq cents condamnés arriva à Brest, elle était décimée par une maladie de nature suspecte, aussi fut-elle envoyée immédiatement sur l'île de Trébéron où on organisa un service de quarantaine qui fut confié au second médecin Savary. Après deux mois de séjour dans cette triste résidence, on croyait la maladie éteinte, lorsque ce médecin en fut atteint et succomba rapidement. Sa mort émut la population qui savait quelle était la conséquence d'un dévouement dont Savary avait déjà donné des preuves multipliées. En rendant compte au ministre de cet événement, on lui rappela qu'on avait demandé pour M. Savary une récompense bien justifiée par ses services et que, sa veuve, restant presque sans ressources par suite du désintéressement dont son mari avait toujours été prodigue, il était juste de reporter sur elle la faveur dont ce dernier aurait été l'objet. On insistait sur la nécessité d'encourager de tels actes afin d'exciter l'émulation de ceux qui, dans de pareilles calamités, seraient tentés de les imiter. En sollicitant la bienveillance du duc de Praslin en faveur de la veuve de ce médecin, on ne dissimulait pas la crainte de ne pas réussir, parce que, disait-on, on ne pouvait établir de parallèle entre les veuves d'officiers militaires et celles d'hommes exerçant une profession où l'on n'attendait que des récompenses pécuniaires, triste exemple des préjugés qui régnaient alors dans l'esprit des hommes qu'animaient cependant les meilleurs sentiments.
Pendant une tournée d'inspection que Poissonnier exécuta, quelques années plus tard (1771), dans les ports de Brest, de Lorient et de Saint-Malo, ce médecin fit ressortir l'influence fâcheuse que l'arrivée de chaînes trop nombreuses pouvait exercer sur la santé publique. II obtint que les forçats ne fussent dirigés sur les bagnes que par petits détachements.
Depuis l'application du règlement du 1er mars 1768, le maintien de la paix avait rendu les occasions d'avancement rares dans le service de santé. Cependant, plusieurs concours eurent lieu d'après les formes nouvelles et à la suite les médailles d'or furent décernées aux candidats les plus méritants. A Brest, l'école était alors dans un état remarquable de prospérité, que M. Poissonnier se plut à signaler, il s'assura de l'instruction des seconds chirurgiens et des élèves. Plusieurs possédaient des connaissances étendues en médecine et en chirurgie. Pendant son séjour, il répartit les cours de la manière suivante:
M. de Courcelles fût chargé de l'enseignement de la matière médicale et des connaissances pratiques sur l'action des médicaments et sur les doses auxquelles on les administrait. Il devait en outre faire un cours de botanique pendant la saison favorable.
Le second médecin, Mattel de la Brossière, qui avait remplacé Savary, devait professer la physiologie ou anatomie raisonnée.
Le troisième médecin, Fournier, la pathologie interne ou l'histoire des maladies.
Le sieur Vigier fut chargé d'un cours de chimie et de pharmacie, il devait initier les élèves à la pratique des manipulations médicamenteuses.
Le chirurgien-major Dupré resta chargé du cours d'opération de chirurgie et de la démonstration des bandages et appareils.
Le démonstrateur Herlin exerçait les élèves à la pratique des dissections et à l'étude de l'anatomie."
...
A propos de Maistral :
"MM. de Courcelles et Savary qui, l'un et l'autre, ont laissé dans les' hôpitaux du port de Brest une mémoire justement honorée, s'adjoignirent une foule de médecins dont nous regrettons de n'avoir pu recueillir les noms. Parmi eux était M. Maistral, de Quimper. Echappé miraculeusement, sur l'île.de Trébéron, où un hôpital avait été organisé par ses soins, à la funeste influence de l'épidémie qui moissonna 300 de ses collègues, il fut recommandé par M. de Courcelles à l'attention du gouvernement qui, quelques années plus tard, l'appela à Brest, et l'admit dans la marine , où il devint premier médecin, et où il s'est fait connaître par un Abrégé de matière médicale. Brest, R. Malassis , 1770, 2vol. in-12.
Ses deux fils, auxquels la notice suivante est consacrée, surent, dans une carrière où le courage a aussi de fréquentes occasions de se produire, mettre en pratique les leçons de leur père et continuer les honorables traditions qu'il leur avait léguées".
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CONCLUSION.
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Ce médecin de Marine, brestois durant 10 ans, est méconnu, tant pour sa traduction dont le rôle dans la diffusion des travaux de Swammerdam fut capital que pour sa place, au coté de Chardon de Courcelles, dans la lutte contre les épidémies amenées par les flottes royales dans le port de Brest, et pour son destin tragique.
La ville a donné à son patron le nom d'une petite rue Chardon de Courcelles du quartier Saint-Pierre, au dessus de Recouvrance, mais le médecin Jacques Savary (?-1768) est resté dans l'oubli.
Quand à l'Histoire de l'Entomologie (ou plus largement des Naturalistes) en Bretagne, elle n'est pas si fournie au XVIIIe siècle et se résume presque aux collections du Président Christophe-Paul De Robien (1698-1756) à Rennes.
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—SWAMMERDAM, (JAN), 1682, Histoire générale des insectes ou l'on expose clairement la manière lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres , & ou l'on découvre evidemment l'Erreur ou l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur pretendue transformation, par Jean Swammerdam, docteur en médecine, avec des figures A Autrecht, chez Guillaume de Walcheren, Marchant Libraire demeurant en la place de St-Jan 1682 - 215 pages
https://books.google.fr/books?id=bu5AAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— SWAMMERDAM (Jan), 1738, Biblia naturæ : sive, Historia insectorum in classes certas redacta, trad. Hieronimus David Gaubius, préf. Herman Boerhaave, , apud Isaacum Severinum, 2 tomes.
Biblia naturae sive historia insectorum t. 1, Leyde, 1737
http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/65389/rec/3
Biblia naturae sive historia insectorum t 2, Leyde 1738.
http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/68732/rec/4
— SWAMMERDAM (Jan), 1752, Bybel der Natur, Hermann Boerhave, Leipzig
http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/114424/rec/1
— SWAMMERDAM (Jan), 1758, Histoire générale des insectes
Swammerdam, v. 1669, Histoire naturelle des Insectes : tome V de la collection académique de la Faculté de Dijon traduite du Biblia naturae avec 36 planches et des notes de Savary et de Guénau de Montbeillard.
https://books.google.fr/books?id=pppr3UErJ6cC&pg=PA51&dq=savary+%22+brest%22+histoire+naturelle&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwivifrYmuHYAhWCYlAKHejsB8k4ChDoAQhCMAU#v=onepage&q=savary%20%22%20brest%22%20histoire%20naturelle&f=false
— AGUILAR (Jacques), Jan Swammerdam ou le génie envoûté
https://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i151-aguilar.pdf
— LACORDAIRE (1838) Introduction à l'Entomologie (2) page 632
https://books.google.fr/books?id=wLzyMohfuNgC&dq=entomologie+swammerdam&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
" Ces découvertes, malgré leur importance, ne peuvent être comparées aux travaux de Swammerdam, qui doit passer pour le véritable créateur de l'anatomie entomologique. Né en 1637, à Amsterdam, où il mourut en 1680, une passion, pour ainsi dire invincible, le porta de bonne heure à étudier l'organisation interne des Insectes, leurs métamorphoses et leurs mœurs. Il s'y abondonna avec un zèle qui lui fit négliger les soins de sa fortune et abrégea même sa vie. Il ne parut néanmoins de son vivant que la plus minime partie de ses travaux (2); à sa mort, ses manuscrits, qu'il avait légués au célèbre Thévenot, passèrent en France, et, au décès de ce dernier, dans les mains de Duverney, de qui l'illustre Boerhave les racheta en 1729. Après les avoir mis en ordre, il les publia en 1737 et 1738, sous le titre de Biblia naturae, avec une traduction latine en regard du texte hollandais, faite par Gaubius, professeur à Leyde. Cet ouvrage admirable est encore indispensable aujourd'hui à quiconque veut connaître l'anatomie des Insectes. Un des principaux mérites de Swammerdam est d'avoir introduit la considération des métamorphoses dans la classification. Combinée avec les caractères tirés de l'Insecte parfait, elle seule peut conduire à un arrangement naturel de la classe, et on y revient aujourd'hui après l'avoir négligée pendant longtemps. La classification de Swammerdam peut être exposée en peu de mots de la manière suivante :
I. Point de métamorphoses. L'animal change de peau, mais garde sa première forme. Araignées , Poux , Myriapodes.
II. Des métamorphoses.
a. Incomplètes, L'animal est agile pendant toute sa vie : d'abord il est sans ailes; il en acquiert des rudimens pendant l'état de nymphe, et d'entières sous sa dernière forme. Névroptères, Orthoptères et Hémiptères.
b. Complètes. L'animal est immobile pendant l'état de nymphe, mais il a des membres. Hyménoptères, Coléoptères, Lépidoptères.
c. Resserrée. L'animal à l'état de nymphe n'a ni mouvement ni membres distincts. Diptères."
— LATREILLE (Pierre André), 1822, De l'origine et des progrès de l'Entomologie
1822 https://fr.wikisource.org/wiki/De_l%E2%80%99origine_et_des_progr%C3%A8s_de_l%E2%80%99Entomologie
"Mais si nous remontons un peu plus haut, vers 1660, commencement de notre quatrième période, l’entomologie s’épure et s’asseoit sur une base nouvelle et stable. Rédi et Swammerdam ramènent, par des observations et des expériences positives, la génération de tous les insectes à une loi commune, celle d’une génération ovipare précédée, pour la fécondation des germes, de l’union des deux sexes. Le second et Malpighi, commencent à nous dévoiler leur organisation intérieure, et souvent sommes-nous forcés de consulter encore aujourd’hui l’ouvrage, vraiment admirable pour le temps, le Biblia naturæ du naturaliste hollandais. C’est aussi à lui que nous devons des connoissances précises sur les diverses sortes de changement ou de métamorphoses qu’éprouvent ces animaux et l’idée de les faire servir à leur classification naturelle, ainsi qu’à celle d’un ordre de reptiles, les batraciens. La méthode fondée sur des caractères extérieurs prend encore une nouvelle forme. Elle est simplifiée et réduite en tableaux analytiques. "