Les sablières (1551-1557) de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras (22). I. Le coté nord.
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- Les sablières (1506-1508) de la nef centrale de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
- Les sablières (1508) du bas-coté de l'église Notre-Dame de Grâces (22).
- Les sablières et les blochets de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren.
- Les sablières de l'église Saint-Thomas de Landerneau.
- Les sablières et les blochets restaurés de l'église Notre-Dame de Brennilis.
- L'église Saint-Salomon de La Martyre VI : les sablières.
- Quelques sculptures de l'intérieur de l'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à l'Hôpital-Camfrout.
- La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le chœur et le haut de la nef. Sablières et blochets .
- La charpente sculptée de l'église de Saint-Divy ( Finistère) par le Maître de Pleyben (vers 1570-1580) : sablières, blochets, et clefs de voûte.
- La charpente sculptée du chœur de l'église Notre-Dame-de Croas-Batz à Roscoff ...par le Maître de Pleyben.
- La charpente sculptée du collatéral nord de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern par le Maître de Pleyben (vers 1575).
- La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le transept nord. Sablières, blochets et entraits.
- Les sablières, les blochets et les statues de l'église de Le Tréhou. I.
- Les sablières de la charpente de l'église de Sizun après leur restauration par l'atelier Le Ber en 2012).
- La charpente sculptée de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Les abouts de poinçon du chœur.
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- La charpente sculptée de la chapelle seigneuriale du château de Kerjean (Saint-Vougay, Finistère) par le Maître de Pleyben (vers 1570-1580).
- Les sablières de l'ancienne abbatiale de Daoulas : inscription de 1529, blasons armoriés et scènes animalières
- L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623), les blochets et poinçons.
- Église Saint-Pierre en Plonevez-du-Faou : les sablières
- Les sablières et poinçons de l'église Notre-Dame et Saint-Michel de Quimperlé.
- La charpente sculptée de l'église de Pleyben (1571) par le Maître de Pleyben : le transept sud.
- L'intérieur de l'oratoire Notre-Dame de l'abbaye de Daoulas.
- Quelques pièces sculptées de la charpente de l'église de Grâces à Guingamp. Les abouts de poinçons.
- L'église de Guengat II : Statues, sablières et inscriptions.
- Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren.
- Vierges allaitantes VII: Lannelec à Pleyben (3) mobilier et statues.
- La charpente sculptée de l'église de Pleyben par le Maître de Pleyben. I. La croisée du transept et ses Sibylles.
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PRÉSENTATION.
Malgré deux inscriptions des sablières précisant la pose de la charpente en 1551 (bas-coté sud) et en 1557 (nef nord), les sablières de Loguivy-Plougras forment, selon Sophie Duhem, "un ensemble des plus hétéroclites" puisque "une charpente à la décoration imposante peut avoir été sculptée au cours des siècles par des hommes aux sensibilités artistiques éloignées".
Effectivement, en 1902, les corniches d'origine et les sablières de l'église de Saint-Jean-du Bally à Lannion, — dont le chœur est reconstruit à la même époque, l'abside en arrondi étant remplacée par un chevet plat—, ont été enlevées et cédées à l'église de Loguivy-Plougras . Elles occupent actuellement la dernière travée du chœur.
D'autre part, des travaux d'agrandissement ont eu lieu de 1885 à 1887. Comme l'indique l'inscription lapidaire du porche ouest, la chapelle initiale de Loguivy-Plougras a été commencée en 1516, et sa tour en 1566 ; elle mesurait 28,5 mètres de longueur. Lorsque l'église de Saint-Yvi fit détruite et qu'en 1856 la chapelle Saint-Émilion fut élevée au rang d'église paroissiale, elle fut agrandie de 1885 à 1887 par le prolongement des bas-côtés au delà des bras du transept et la translation du chevet vers l'est. Le vaisseau central (nef + chœur) atteint 40 mètres de long entre deux séries de 6 arcades supportées par des colonnes cylindriques. Avec ses bas-cotés, l'église est large de 27 mètres hors-tout.
Les sablières les plus anciennes entourent le transept et longent les bas-cotés. Elles semblent antérieures au monument actuel. Celles qui décorent la nef coté ouest datent de 1557.
Néanmoins, malgré cet apport exogène et cet agrandissement au XIXe siècle, j'éprouve pour ma part lors de ma visite un sentiment d' homogénéité, car ces corniches sculptées ont en commun un fond rouge bordeaux sur lequel se détachent des motifs figurés en moyen-relief tous peints de la même couleur gris-plomb. Des caractéristiques stylistiques se répètent, comme les yeux ronds et globuleux et le dessin des dragons et des grylles. Enfin, toute la charpente (y compris blochets et abouts de poinçon) porte les armoiries à croix pattée rouge des Poulgras, seigneurs du lieu.
Le développement linéaire de ces sablières, qui suivent comme une frise obstinée la nef, le chœur, les bras du transept et les bas-cotés, est considérable. Même en divisant leur présentation en plusieurs articles, la visite sera longue, et on sera avisé de prévoir un casse-croûte.
Elles n'ont pas fait l'objet, à ma connaissance, d'une description particulière. La meilleure description générale de l'église est un texte anonyme, dont les trois pages sont placardées dans l'église, et qui sont reproduites par le site Infobretagne.
On sait que je ne suis pas photographe et que mes clichés servent de support à mon texte. Avec mon matériel d'amateur, mon dégoût pour la technique, mon éclairage d'appoint improvisé et l'éloignement de mes cibles, j'ai fait ce que j'ai pu ; j'implore qu'on veuille bien m'en excuser et se référer aux travaux de photographes patentés.
La visite .
Après un coup d'œil aux entraits engoulés, je débuterai par l'angle nord-ouest, au dessus d'une tribune qui compliqua encore mes prises de vues, je ferai le tour de la nef dans le sens horaire, pour me retrouver au pied de la tribune, au sud.
Les inscriptions ont retenu tout mon intérêt. Elles mériteront sans doute un article particulier.
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Porche ouest de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Avant d'entrer, remarquons pour placer le cadre chronologique et stylistique, sous le fronton du porche, l'inscription CESTE . CHAPPELE. FVT . COMMENCEE . 1516. ET . LA . TOVR . 1566.
Le texte de l'entablement est placé sur deux lignes dans deux cartouches en réserve. La ponctuation fait appel à des points simples et losangiques. Les lettres sont des majuscules romaines (le Champfleury de Tory date de 1529) et les chiffres sont arabes. Les amateurs apprécieront le N rétrograde du verbe COMMENCEE. L'orthographe CHAPPELE reproduite par Couffon n'est pas respectée dans le texte mis en ligne par Infobretagne.
Ce proche est de style Renaissance, avec ses colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens, son fronton triangulaire et sa clef de voûte sculpté d'un motif qui serait à définir.
La croix pattée des armoiries des chevaliers de Plougras occupe une place de choix à l'intérieur du fronton.
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Porche ouest de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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La même croix pattée occupe aussi la pointe du fleuron d'une porte latérale nord :
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VUES GÉNÉRALES DU VAISSEAU CENTRAL.
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Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Vue de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Proposition de plan (à vérifier) des entraits et sablières.
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I. LES ENTRAITS DU VAISSEAU CENTRAL.
Je compte huit entraits engoulés. Les troisième et cinquième portent deux motifs sculptés au tiers de leur longueur. Les sixième, septième et huitième (au dessus du chœur) portent un motif sculpté en leur milieu. Ce sont ces motifs qui m'ont intéressés. Ils font le tour de la poutre comme une virole, et leur examen supposerait d'en examiner les quatre faces.
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Troisième entrait . Un couple.
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Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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A gauche : une femme.
Le visage est peu gracieux. Il est coiffé d'un voile qui se prolonge en guimpe ; un autre élément barre la poitrine et se développe latéralement comme deux ailes. En dessous, les deux bras sont croisés devant le milieu d'une robe à gros bouton. Cela pourrait être la Vierge, dans une disposition analogue aux poutres de Gloire, avec Saint Jean à sa droite, mais aucun argument ne vient étayer cette hypothèse.
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Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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A droite, un homme.
Joufflu, les cheveux frisés, ne portant pas la barbe (pourtant à la mode au milieu du XVIe), il s'accroche à la poutre comme à une barre fixe. Il est vêtu d'une tunique à longues manches plissées, fendue au milieu et fermée par des boutons ronds. Son absence de barbe est le seul argument pour identifier ici saint Jean.
Entrait n° 3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Le cinquième entrait : un homme et deux dragons.
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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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A gauche, un homme.
Cet homme barbu (cela pourrai-être le Christ) passe la tête sous un dais ou une gloire. Il est vêtu d'un manteau ouvert sur une tunique ras-du-cou. Il tient dans ses bras un petit enfant.
Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Si nous observons l'autre face de la poutre, nous découvrons que cet enfant — c'est peut-être un homme nu, ou une âme — est sauvé de l'atteinte d'un serpent qui passe entre ses jambes. L'homme barbu serait-il le Sauveur libérant l'Homme du Mal ?
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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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A droite, deux dragons affrontés.
Des dragons, ils ont la gueule aux crocs acérés, les oreilles en feuille de figuier, l'échine épineuse, mais surtout la queue qui contourne leur arrière-trains pour se terminer en une petite tête ronde.
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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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De la même façon, si nous cédons à la curiosité de découvrir la face orientale, nous y découvrons un homme qui tient les pattes des dragons. II est coiffé d'un casque ou d'un bonnet rond, il est vêtu d'une tunique et de hauts de chausse à crevés. Ce serait un damné.
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Entrait n° 5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Entrait n° 8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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II. LES SABLIÈRES DU COTÉ NORD DE LA NEF.
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Je les désigne comme des sections séparés par les huit entraits; a priori, chaque section correspond à une "pièce" de sablière. J'en compte neuf de chaque coté.
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N1 : PREMIÈRE SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF.
C'est la pièce la plus difficile à voir car elle est masquée par la tribune. Elle est pourtant d'un grand intérêt. Elle débute par un blochet.
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Blochet nord-ouest. Un homme barbu portant un autre barbu sur son dos. Croix pattée des Plougras.
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Blochet nord-ouest de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Du blochet jusqu'au premier entrait. Un animal fantastique.
J'en laisse la description à celui qui aura accès à la tribune.
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Sablière N1 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N2. DEUXIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. Spirale de vigne.
C'est une succession de huit boucles serpentines, sans caractère zoologique, la tige formant ces boucles contournant à chaque fois huit grappes de raisins.
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Sablière N2 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N3. TROISIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. QUATRE DRAGONS
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Le même motif se répète trois fois, celui d' un dragon dont la queue se termine par une tête d'homme barbu. ·À droite, un dragon plus simple tourne sa tête vers nous.
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Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N3 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N4. QUATRIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. INSCRIPTION DE FONDATION (1557).
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Elle est constituée d'une inscription en deux parties séparées par un médaillon, et inscrite sur une banderole factice tenue par deux personnages.
Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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A gauche : un homme coiffé d'un bonnet et portant des binocles.
Le bonnet est (peut-être) replié sur le devant en triangle. Un bonnet carré de recteur ? Un bonnet de docteur ? L'encolure de sa tunique est élargie par une courte fente médiane.
On trouve des binocles représentés par les sculpteurs sur bois en Bretagne sur un retable de Notre-Dame-du-Crann de Spézet (seconde moitié du XVIe siècle). On les trouve aussi, dans l'art du vitrail, sur une Circoncision de l'église Saint-Mériadec en Stival, et sur la Dormition de la chapelle Notre-Dame-du-Crann.
Comme je l'ai déjà écrit, les lunettes, qui avaient été inventées en Italie vers 1300, ont déjà plus de 200 ans d'existence, sous cette forme de deux lentilles convexes en cristal de roche montées sur un pince-nez. En 1434, Van Eyck avait déjà peint le chanoine Van der Paele tenant ses binocles contre son bréviaire. Les branches de lunettes permettant leur fixation derrière les oreilles attendront le XVIIIe siècle pour être inventées.
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Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Au centre : un homme de profil dans un médaillon.
Au centre d'un cuir découpé, un médaillon renferme le profil d'un homme jeune, aux cheveux courts (ou portant une calotte), à la large bouche gourmande. Les cuirs découpés et les médaillons sont deux témoins de l'influence de l'art de la Renaissance.
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Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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L'inscription (1).
Elle est formée de lettres minuscules gothiques aux jambages bifides, sans lettres conjointes. La ponctuation de séparation des mots est le deux-points. Le tilde est utilisé en élision de la lettre -N dans les mots a[n]bas et cea[n]s. Les lettres -S sont ornées. Je lis du coté gauche ceci :
LE : BOIS : DU : BOUT :
DA[N]BAS : DE : CEANS : FAICT
soit :
"Le bois du bout d'en bas de céans fait" ...
Le terme de "bois" pour désigner la charpente est attestée sur les inscriptions des sablières à Arz en 1554, à Belz en 1562, à Berric en 1554, Boquého en 1486, Canihuel en 1598, Le Croisty en 1553, Daoulas en 1529, Elven en 1536, Guestel en 1443, Grâces-Guingamp en 1508, Guégon en 1456, Guénin en 1577 et en 1604, Locoal-Mendon en 1621, Moréac en 1565, Ploérin en 1467, Plouhinec en 1519, Plumelec en 1554, Pluméliau en 1533, Sulniac en 1503, 1567 et 1565, Theix vers 1536, Tréffléan en 1524. (par consultation de l'inventaire de S. Duhem). On trouve aussi l'expression "a été boisée".
Comment comprendre "le bois du bout d'en bas" ? Si le "haut" de la chapelle est son chevet, et le "bas" sa nef (les deux parties étant alors séparés par un jubé ou une clôture), il est possible de l'interpréter comme "l'extrémité occidentale de la nef ".
Autrement dit: " la charpente de l'extrémité occidentale de la nef de cette chapelle a été faite " ....
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Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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L'inscription (2).
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Elle débute par une clef où sont suspendus deux rubans (j'interprète ainsi les deux marques en X et Y).
Cette clef doit-elle être comprise comme un rébus, en remplacement d'un nom ou d'un mot, doit-elle être considérée comme une marque professionnelle (les clefs figurent parmi d'autres outils dans la liste des diverses marques), ou comme un ornement faisant allusion à une ré-ouverture du sanctuaire ??
Je lis pour cette partie :
AUGTE : G : LAMY ON
: GOUARN RES : A : P[RESE]NT : L : M : VCZ : LVII
On remarquera l'utilisation de lettres suscrites à trois reprises, et celle d'un M aux fûts perlés pour "MIL".
Ma leçon est :
""Le bois du bout d'en bas de céans fait [par] Augte G. Lamyon Gouverneur à présent l'an mil cinq cent cinquante sept (1557)".
Le prénom Auguste, suggéré pour résoudre "Augte" est douteux, puisqu'un tilde n'est pas placé pour signaler une élision.
Je propose d'identifier ce gouverneur comme étant Guillaume Lamyon, maître charpentier.
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Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Au total, nous avons :
LE : BOIS : DU : BOUT : / AUGTE : G : LAMY ON
DA[N]BAS : DE : CEANS : FAICT / : GOUARN RES : A : P[RESE]NT : L : M : VCZ : LVII
"Le bois du bout d'en bas de céans fait [par ] Augte G. Lamyon Gouverneur à présent l'an mil cinq cent cinquante sept (1557)".
Elle est proche de celle de Sophie Duhem est exacte:
LE : BOIS : DU : BOUT : DA[N]BAS : DE : CEA[N]S : FAICT : P[AR] J. AVG[US] TE : G : LAMYON GOVARN[NEUR] : A : P[RESE]NT : L[AN] : M : VCZ LVII
Celle de René Couffon est, comme souvent, approximative, mais cet auteur est régulièrement copié aveuglément.
"Enfin, la sablière de la longère nord de la nef porte : « Le bois du bout d'a bas de ceans faict (une tête puis une clef) Auguste Glamyon gouarner à p(rese)nt l'an M V cz L VII (1557) ; et au-dessous : fet J. Guille. "
Dans le même genre, je lis sur l'article Wikipédia :
"Le bout d'en bas de céans fait par Lamy Y. Gouarn à présent l'an 1557"
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Sablière N4 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N5. CINQUIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. SIGNATURE G.F ET HUIT MÉDAILLONS.
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Huit médaillons de style Renaissance représentent des hommes placés en vis à vis, autour d'un médaillon central à monogramme G.P.
Commentaire de Sophie Duhem :
"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente sont ornés de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches [Loguivy-Plougras] Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). P. Poulichet à Lanonnet (1568) et Le Saint préfère sculpter en très haut relief une succession de personnages en bustes, qui ont manifestement inspiré l'artisan de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët."
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Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Qui sont ces hommes ? Il est impossible de le dire. Le quatrième ressemble fortement au médaillon central de N4. Barbus ou imberbe, coiffés de chapeaux ou nu-têtes, ils évoquent des personnages contemporains.
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Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Le médaillon central porte un cuir, sur lequel sont inscrites les lettres : G / P :
Je propose de lire dans ces initiales celles de Pierre Guillot.
Elles entourent une herminette, laissant penser qu'il s'agit du maître charpentier.
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Sablière N5 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N6. SIXIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. DRAGONS, LION, ANIMAUX ET ÊTRES FANTASTIQUES.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N6 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N7. SEPTIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. ENTRELACS ET PALMETTES.
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Sablière N7 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N8. HUITIÈME SECTION DU COTÉ NORD DE LA NEF. PORCS, SIRÈNE, DRAGON AILÉ, CENTAURE, ETC.
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Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Une sirène tenant un serpent, ou une femme sortant d'une conque. Un dragon ailé fantastique.
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Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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Un centaure tenant un bâton est poursuivi par un dragon ailé et par un dragon.
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Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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N9. SIMPLE ARABESQUE.
C'est cette pièce qui viendrait de l'église Saint-Jean-de-Bally de Lannion.
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Sablière N8 de la nef de l'église Saint-Émilion de Loguivy-Plougras. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
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SOURCES ET LIENS.
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— COUFFON (René) 1939, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, extrait des Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, Les presses bretonnes, 1939, p. 233-235.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f29.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f46.image
— DUHEM (Sophie) 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1998 105-1 pp. 53-69
http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972
— DUHEM (Sophie) 1997, Sablières sculptées de Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérite bretonne (XVe-XVIIe s.). Thèse de doctorat en Histoire. Sous la direction de Alain Croix. Soutenue en 1997. à Rennes 2 .
— DUHEM (Sophie) 1998, Les Sablières sculptées de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 390 pages. Pages 66-69-72-183-232-233-266-267-277-278 :
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