La fontaine de la chapelle Saint-Côme-et saint Damien de Saint-Nic (Finistère) : les statues (kersanton, XVIe siècle) des saints patrons.
Voir, sur l'iconographie des saints Côme et Damien :
- Saint Côme et saint Damien sur le cadran solaire de 1614 de l'église de Saint-Nic (Finistère).
- Le portail intérieur du porche sud de l'église de Bodilis.(1570)
- Le porche de l'église de Landivisiau VII. Le portail intérieur et son tympan (kersanton, Atelier des Prigent, 1554).
- Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau. (vers 1554-1570)
et l'enluminure des Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 173v par Jean Bourdichon (1505-1510) .
Voir sur la commune de Saint-Nic :
— L'église :
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L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent.
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Saint Côme et saint Damien sur le cadran solaire de 1614 de l'église de Saint-Nic (Finistère).
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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :
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Les culots de la charpente de la nef de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic.
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La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic (29) : le calvaire de 1645 et les inscriptions lapidaires.
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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.
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— La chapelle Saint-Jean :
— L'église de Trégarvan (sablières de 1570 par le Maître de Saint-Nic) :
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Localisation : Géoportail. La fontaine est le gros point bleu de la carte.
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Du haut du Menez-Hom, notre sommet fier de ses 330 m aux croupes arrondies, et des pentes bien arrosées du Mont Saint Côme (*), descend un humble ruisseau qui achève sa brève course à Dour Froud, au milieu de la Lieue de Grève de la plage de Pentrez.
(*) Pendant plusieurs siècles, le Menez-Hom fut appelée ainsi.
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Dans le vallon de ce ruisseau a été bâtie au début du XVIe siècle la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien. À 200 m en aval, se trouve la fontaine votive.
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Il faut la rechercher à 200 m de la chapelle, et j'ai été surpris de la trouver en plein champ.
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En plein champ, avec un vrai tracteur rouge qui fait vroum vroum !
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L'édicule au toit en bâtière est néanmoins pimpant car entouré d'hortensias qui se font beau pour le Pardon, qui aura lieu le 3 juin.
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En 1930, l'abbé Corentin Parcheminou – né à saint-Nic en 1901– écrivait : "A une centaine de mètres de la chapelle coule une jolie fontaine gothique contenant les statues de Saint Côme et de Saint Damien. L'une des statues n'a plus de tête. L'eau de cette fontaine passe pour guérir les maux de tête ; on l'emploie mélangée au suc d'une plante qui fleurît aux abords, en Juillet et Août. (*)"
(*) On parle du Sureau hieble, Sambucus ebulus. S'il est possible d'en utiliser les sommités fleuries pour préparer une teinture-mère aux propriétés vulnéraire en usage externe, son usage par voie interne est déconseillée pour son effet purgatif drastique, notamment si on ingère les baies. (Wikiphyto). Aucune propriété n'est connue contre les maux de tête.
Il ajoutait : "Le pardon a lieu chaque année, le lundi de la Pentecôte, pardon pieux et calme... Pour ma part, je ne connais rien de touchant, rien de pittoresque comme la procession de Saint Côme s'avançant après vêpres, face à l'Océan, à travers les jeunes blés verts que fait onduler la brise marine aux senteurs de sel et de varech ..."
Un panonceau explique aussi qu' "un aveugle qui demanda à boire à des paysans fut mené à cette fontaine. Il but, s'y lava le visage et recouvra la vue. Ce fut le premier d'une série de miracles". Le même récit est rapporté à la fontaine de Saint-Côme à Langougou, en Plomeur (BDHA 1926 p. 268)
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En 1930, C. Parcheminou signale que l'une des statues n'avait plus de tête. Puis, le buste de l'autre se brisa ou fut brisée et tomba dans l'eau du réservoir. Des vandalismes et tentatives de vol décidèrent l'association Folklore et Culture de procéder au remplacement des parties manquantes, et c'est son ancien président, Fernand Druais, ancien marbrier de Châteaulin, qui s'en chargea généreusement. En 2016, une cérémonie marqua la mise en place des statues restaurées.
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Je me suis étonné auprès d'un membre de l'association, de constater que les deux saints étaient semblables, au lieu de se distinguer comme c'est si constamment le cas par leur attribut. Il m'a attesté que c'était pourtant déjà le cas auparavant.
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Les deux statues de saints Côme et Damien en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Les deux statues de saints sont en kersanton. Pour ce dont nous pouvons juger, sur les parties anciennes, les deux médecins sont vêtus semblablement d'une robe longue, dont l'un des plis forment une bande antérieure médiane. Celui-ci s'intègre-t-il à la courte pèlerine qui recouvre les épaules, pour former alors un scapulaire monastique ? Quoiqu'il en soit, cette pièce de leur habit se rabat en un col sans fente, comme le capuchon des moines.
Une autre particularité de cet habit réside dans les manches, qui s'évasent largement.
Enfin, je note la forme pointue des chaussures. Une mode qui ne perdura pas au delà de 1470. (comparez avec les chaussures à bouts ronds de Côme et Dalmien sur les portails de Landivisiau en 1554 ou, Bodilis en 1570, ou sur le cadran solaire de Saint-Nic de 1614).
Les deux statues de saints Côme et Damien en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Les deux statues de saints Côme et Damien en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Les deux statues de saints Côme et Damien en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Je m'intéresserai principalement au saint de droite, le mieux conservé, que je nommerai arbitrairement saint Damien. Il tient un pot à onguent, dans un geste élégant et noble, une paume sur le couvercle, l'autre sous le récipient. C'est une posture originale, puisque dans les autres représentations de saint Damien, la boite à onguent n'est tenue que d'une main.
Une autre singularité est la présence d'un plumier (ou, si on veut, d'une boite d'instruments chirurgicaux) suspendu au poignet gauche. Il a la même forme, oblongue et arrondie, que ceux qui précisent la fonction des quatre évangélistes.
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Saint Damien (kersanton, début XVIe siècle ?) en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Saint Damien (kersanton, début XVIe siècle ?) en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Saint Damien (kersanton, début XVIe siècle ?) en la fontaine Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.
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Prochaine étape ? L'intérieur de la chapelle, pour y découvrir d'autres statues.
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SOURCES ET LIENS.
—MEVEL (abbé), 1927, Nos vieux saints bretons : saint Nic. Bull. Dioc. hist. arch. Quimper, BDHA page 223-231
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1927.pdf
— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930 “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,”
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf
Bibliographie complète dans l'article sur l'iconographie de Côme et Damien.
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