La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic (29) : le calvaire et les inscriptions lapidaires.
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Voir sur la commune de Saint-Nic :
— L'église :
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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :
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— La chapelle Saint-Jean :
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"Des premières pentes du Menez-Hom, où se trouve leur presbytère, appelé encore aujourd'hui Presbital Koz, bien qu'officiellement il doive s'appeler Kerdamoy, recteur et vicaire peuvent contempler devant eux toute leur paroisse dans un cadre incomparable : à 600 ou 700 mètres, l'église paroissiale, entourée de quelques maisons ; à deux kilomètres, à droite, la chapelle de Saint-Jean, au fond d'un vallon ; à gauche, la chapelle de Saint-Côme, dont le clocher s'élance d'un bouquet de verdure, et là, presqu'à leurs pieds, l'immense Baie, qu'enserrent la Pointe du Raz et le Cap de la Chèvre et dont les eaux viennent mourir sur la longue traînée blanche de la plage de Pentrez." Corentin Parcheminou, 1930
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La chapelle Saint-Jean, au nord-nord-ouest du bourg sur la D63 venant d'Argol, est un édifice à plan en croix latine, construit lors d'une première campagne en 1591 (inscription), puis doté par le recteur Perzégou d'un calvaire en 1645, puis remanié ensuite sous le même recteur puisque sa charpente et ses sablières portent la date de 1653, et enfin restauré en 1873 (date sur la charpente). La fontaine, en contre-bas de la route, porte la date de 1712.
L'appareil du pignon du transept est hétérogène, avec de gros blocs de grès à sa base, surmontés de moellons.
La route D63 est assez récente, elle figure sur la carte de 1950 mais non sur la carte d'Etat-Major de 1820-1866 qui ne montre que le "Chemin de grande communication de Crozon à Châteaulin ", l'actuelle D887 passant par Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, et la diagonale de Telgruc vers Pentrez, l'actuelle D108. La chapelle Saint-Jean n'était donc desservie que par des chemins, visibles sur la carte EM mais qui n'apparaissent pas sur la carte de Cassini (fin XVIIIe).
https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.290352&y=48.207613&z=14&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.ETATMAJOR40&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&mode=doubleMap
Si les axes routiers passant par cette chapelle ne sont pas remarquables avant le milieu du XIXe siècle, il en va autrement du réseau hydrographique, et je propose de s'y intéresser comme je l'ai fait pour la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien.
Depuis les flancs du Ménez-Hom (329 m), des ruisseaux coulent selon un axe nord-ouest vers le rivage de la Baie de Douarnenez, et la carte d'Etat-Major avec son relief accentué par des hachures, montre les vallons parallèles comme des serpentins sombres. La chapelle (vraisemblablement précédée par une fontaine sacrée) se situe (flèche) sur le trajet de l'un d'eux, tout comme l'église de Saint-Nic (*) , et comme la chapelle Saint-Côme (**). C'est ce réseau hydrographique qui fournit la clef d'interprétation de la sacralisation du territoire de la commune.
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Les photographies aériennes en font la même démonstration :
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En gros plan, la chapelle en forme de croix, et la fontaine.
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La carte IGN montre par la toponymie le rôle du cours d'eau (Creac'h Milin, Moulin du haut) et du milieu humide (Ar Vern Bras, "la grande Aulnaie", nommée "Le Grand Launay" sur la carte Cassini, et encore aujourd'hui) ou du milieu boisé (Penhoat = "pointe du bois").
À une échelle moindre la carte IGN révèle aussi la fréquence des toponymes construits avec le terme Pors : Pors Gourmelen, Pors Piriou, Pors ar Gall, Pors ar Born, Pors ar Goff,.. Or, le terme, dérivé de Porzh, signifie "port, anse, crique, grève" en toponymie nautique. Mais ici ?
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Sur le sommet du pignon du transept sud, au dessus de la baie, une inscription se lit :
BLOE FA : 1591
MORICE : LE
La ponctuation de séparation des mots utilise trois points losangiques, plus rares que le deux-points. Les lettres romaines favorisent la ligne droite, même pour l'un des deux -O-. Les lettres -L- sont perlées ou barrées . L'inscription est très différente de celle de 1561 du portail de l'église paroissiale ( L : M : Vcc LXI FFe :) aux lettres gothiques, aux fûts bifides et aux deux-points reliés par un S.
Elle est beaucoup plus proche — mais moins ornée — de celle du mur intérieur de la nef sud de cette église paroissiale, "M : LE : PARLÃT : FÃ : 1566 ".
Si le chronogramme est parfaitement clair, le sens de l'inscription ne l'est pas. Ce bloc était-il précédé et suivi d'autres pierres pour former un texte plus complet ? Occupe-t-il son emplacement d'origine ?
Faut-il le lire en débutant par la ligne inférieure : MORICE LE BLOE FA[BRICIEN] 1591 ?
Mais dans ce cas, nous venons buter sur le patronyme LE BLOE , non attesté.
Notons que "bloe" est une forme en ancien français d'origine germanique pour "bleu".
Cette énigme n'est-elle pas suffisamment passionnante pour stimuler d'autres curiosités que la mienne ?
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Le pignon, percé d'une baie et tourné vers l'est, est fleuronné à son sommet. Sous ce fleuron se voit un blason, et encore en dessous une inscription à demi effacée.
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Le blason.
Je propose d'y reconnaître les armoiries de la seigneurie du Rible :
Rible (du) (ramage de Rosmadec), sr dudit lieu, par. de Plomodiern. Réf. et montres de 1426 à 1481, dite par., év. de Gornouaille. Palé d’argent et d’azur, qui est Rosmadec, à la cotice de gueules (Sceau 1420). Fondu dans du Juch, puis du Chastel, Quèlenec et Visdelou.
https://fr.wikisource.org/wiki/Nobiliaire_et_armorial_de_Bretagne/R
La maison du Rible (en Plomodiern), dont les armes antiques étaient d'argent au chevron de gueules, portait alors palé d'argent et d'azur de six pièces chargées d'une cotice de gueules, l'héritière de cette maison ayant épousé, au XIVème, Pierre Juveigneur de Rosmadec qui prit pour lui et ses descendants le nom du Rible, tout en retenant les armes de Rosmadec. (source)
Le ressort du siège du Rible, exercé à Châteaulin, se trouvait en Plomodiern, Dinéault, Cast et Saint-Nic.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207700g/f323.image
Mais il y a ici une alternance de quatre pièces verticales en épaisseur et de trois ou quatre pièces en creux .
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L'inscription.
Elle comporte le chronogramme 1597 précédé du nom d'un fabricien :
----L --FF
FA-1597.
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Les murs ne sont décorés que d'une seule crossette, en forme de chien (?).
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Le clocher porte, au sud de la chambre des cloches, deux inscriptions illisibles et une moulure.
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Au dessus, le flèche est orné de fleurs de lys.
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VUE GÉNÉRALE DU CALVAIRE LE JOUR DU PARDON.
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LE CALVAIRE DE 1645.
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Il est décrit ainsi par l'abbé Yves-Pascal Castel dans l'Atlas des Calvaires :
"2766. Saint-Jean, g. k. 5,50 m. 1645. Trois degrés, corniche. Socle cubique. Fût à pans. Croisillon, culots à godrons: M. GVILL. PERFEZOU RECTEUR IE. B. BOLEZEC F. 1645, statues géminées: Vierge-saint, Jean-Jean le Baptiste. Croix, fleurons, crucifix." [YPC 1980]
Cela signifie qu'il mesure 5,50 m de haut, qu'il est en granite et en kersanton (la partie la plus sombre), et que le fût à pans est posé sur trois degrés dont le premier est séparé par une corniche moulurée. Un seul croisillon donne appui à deux statues, posé sur des culots ornés de formes ovoïdes ou godrons. Les extrémités de la croix sont à fleurons godronnés.
Allons voir cela de près.
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I. LA FACE TOURNÉE VERS L'OUEST. LA VIERGE, LE CHRIST EN CROIX ET SAINT JEAN.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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1. Le Christ en croix.
Il est barbu, aux cheveux longs, et la couronne d'épines est faite de deux brins torsadés en anneaux sans piquants visibles. La tête est inclinée à droite. Les bras sont obliques en V, les clous à pointe de diamant plantés dans le creux de la paume, où les doigts sont fléchis. Le titulus est discret, sans ange.
Les yeux fermés sont réduits à des fentes sous des sourcils aux courbes gracieuses. Le menton est carré, la barbe peigné en épaisses mèches verticales.
Le pagne formé de bandes de tissu plates croisés est noué sur le coté, avec un pan extérieur gauche, et un pan glissé sous le pagne à droite.
Les jambes (brisées) s'écartent d'abord, comme il le faut pour venir croiser les pieds fixés par un seul clou, pied droit au dessus.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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2. La Vierge.
Il s'agit d'une statue géminée, où, dans un seul bloc, deux personnages dos à dos sont sculptés.
Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Sous un voile lourd cachant toute la chevelure (proche des capes de deuil de la Presqu'île) la Vierge au visage rond mais sévère croise les mains, le pan droit de son manteau faisant retour sur l'avant-bras. Les chaussures sont rondes, aux semelles individualisées.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Les yeux sont ronds avec des pupilles marquées en creux. Les paupières en amande forment, au coin palpébral interne un sillon en V accentué.
Le nez s'élargit en narines rondes et fortes, tandis que la bouche est petite, aux lèvres serrées et fines. Le menton n'est pas dessiné et est englobé dans l'arrondi du bas du visage.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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On notera le visage particulièrement rond de la Vierge.
Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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3. Saint Jean.
Jean l'évangéliste est imberbe avec des cheveux longs et bouclés. La tête n'est pas tournée vers le crucifix, et le regard est dirigé au loin. La main droite en supination est posée sous la ceinture, et la main gauche est posée à plat sur la poitrine. La manche droite est plissée, alors qu'à gauche un pan du manteau tombe en bande large et se replie sur l'avant-bras.
Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Le grain de la pierre est hétérogène, à gros grains, d'un faciès très différent du kersanton habituellement élu pour la sculpture religieuse.
La bouche et l'arrondi du bas du visage sont comparables à ceux de la Vierge.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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II. LA FACE DU CALVAIRE TOURNÉE VERS L'EST. LES DEUX SAINTS JEAN .
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Comme on pouvait l'attendre à la chapelle Saint-Jean, les saints représentés sont les deux saints Jean.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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1. Saint Jean-Baptiste.
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Il est identifié par sa barbe et ses cheveux longs (ce prophète retiré dans le désert du Jourdain a été consacré à Dieu et a fait vœu de ne pas se raser), mais surtout par l'Agneau posé sur un livre fermé et porté par la main gauche. L'index droit est posé sur la couverture du livre afin d'en désigner le sens : ce sont les Écritures, témoignant de la venue d'un Rédempteur dont il a annoncé la venue. Tout cela se réfère aux paroles de Jean : "Voici l'Agneau de Dieu".
Nous sommes intrigués par les formes bilobées qui pendent sous les manches du manteau. Je les interprète comme les pattes de la mélote, vêtement en poils de chameau des anachorètes, ici — et souvent ailleurs — représenté comme une peau de chameau. D'ailleurs, la tête de l'animal pend dans le bas.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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2.Saint Jean l'évangéliste.
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L'identification est moins assurée (et Yves-Pascal Castel ne s'est pas prononcé), mais le contexte, et le visage imberbe m'incite à voir ici saint Jean l'évangéliste, main droite serrant un repli de son manteau et main gauche levée contre la poitrine au dessus d'une ceinture très haute.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
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3. L'inscription. Le recteur Guillaume Perfezou et le fabricien Sébastien Polesec.
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Elle a été déchiffrée ainsi par C. Parcheminou en 1930, alors que les fragments du calvaire étaient rassemblés dans la chapelle :
"M. GVILL. PERFESZOV. RECTER / E B. POLESEC. F. 1645"
Yves-Pascal Castel a lu, en 1988 :
"M. GVILL. PERFEZOU RECTEUR IE. B. BOLEZEC F. 1645."
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Aujourd'hui, je ne lis que PERFEZOU (à gauche), "RECTER" (à droite) , mais je propose de transcrire :
"M. GVILL. /1645/ PERFEZOV.
RECTER /
et du coté ouest :
SE B. POLESEC. F. "
sous réserve de vérification.
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"SEB. POLESEC."
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Le patronyme BOLEZEC relevé par Y-P. Castel est inconnu, alors que celui de POLEZEC est attesté par les généalogistes à Saint-Nic, à Plomodiern et Plonévez-du-Porzay. La généalogie de Yves Le Floch sur geneanet.org mentionne ainsi Sébastien Polezec, né à Saint-Nic en janvier 1612, marié à Françoise Guern (dont 5 enfants) et décédé le 1er juillet 1676 au Manoir de Brenalen à Saint-Nic, à l’âge de 64 ans.
[Le manoir de BRENALEN était possédé en 1443 par Jehan de Brenalen ; puis la famille de Tyvarlen devinrent seigneurs de Brénalen. En 1802, le propriétaire, Pierre Larour, loua une partie du manoir pour servir de presbytère car il se situait "très à portée de l'église". Le manoir accueillit une petite école. je trouve ensuite mention du Moulin de Brenalen, dont le meunier était Jean Horellou sous la Révolution et en 1837. Or la carte IGN n'indique que le lieu-dit BERNAL et le moulin de Bernal, dans le vallon qui descend de l'église vers la plage de Pentrez. Un lieu désigné sous le nom de BRENNAL sur la carte de Cassini.]
C'est donc la graphie POLESEC qu'il faut retenir, d'autant que la charpente de la chapelle Saint-Côme et saint-Damien porte une inscription mentionnant Jacques [IAC] Polesec qui a boisé (posé la charpente ) la chapelle et sculpté les sablières, alors que maître Perfezou était recteur de Saint-Nic. Il est vraisemblable que ce soit le même menuisier-charpentier [I. POLESEC] qui a son nom en 1638 sur l'inscription de la rampe de l'escalier de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien.
Jacques POLEZEC est mentionné dans la généalogie de Louis Brun. Il est né en 1590 et mort le 18 avril 1684 à Saint-Nic, laissant trois enfants, Hervé , Anne et Marguerite.
L'inscription SEB POLESEC est compatible avec Sébastien Polesec ou Polezec, âgé de 33 ans lors de l'inscription du calvaire.
Enfin, notons que le pignon de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern, très proche de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic, porte une inscription "Guillaume D. Hervé. F.-P. Polesec Fa[briciens] 1573. Le patronyme POLEZEC est attesté à Plomodiern comme à Saint-Nic.
Il est certain que cette famille était très impliquée au XVI et XVIIe siècle dans l'édification des chapelles de saint-Nic et Plomodiern.
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LE RECTEUR GUILL[AUME] PERFEZOU.
Il est encore mieux connu, car il a laissé son nom sur de nombreuses inscriptions. Ce patronyme semble attaché aux paroisses d'Argol et de Telgruc, toutes proches.
a) sur ce calvaire de 1645.
b) sur la charpente de cette chapelle Saint-Jean en 1653, M. Kervarec étant fabricien "M. GVIL. PERFEZOV RECT. M. KVAREC. FA. 1653."
c) sur la charpente de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien, par quatre inscriptions en 1641, 1649 et 1661.
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Calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile mars 2017.
Face est du calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
Face ouest du calvaire (kersanton, 1645) de la chapelle Saint-Jean, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.
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Attribution.
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Ce calvaire n'a pas été attribué, ni par Couffon, ni par Y-P. Castel, ni par Emmanuelle Le Seac'h dans son Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle.
La datation de 1645 est compatible avec l'atelier de Roland Doré, actif à Landerneau de 1618 à 1649 (et jusqu'en 1663) dans 82 paroisses, et sur une centaine de croix et calvaires. D'autant que cet artiste, qui ne travaille que la pierre de kersanton, a réalisé les calvaires de l'église de Saint-Nic ainsi que celui de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien.
Sur le plan stylistique, son style se caractérise dans les calvaires par un seul croisillon, par des fleurons à boules godronnées. Ses Christs des crucifix portent la couronne à deux brins enlacés, le pagne plat noué à gauche, une tête inclinée à droite, aux yeux clos, un corps allongé au torse presque rectangulaire. Les Vierges au pied de la croix ont le visage "poupin", les yeux en amande au sillon palpébral interne marqué. Les pupilles dessinées en creux sont également caractéristiques.
Néanmoins, ce calvaire n'appartient pas au Catalogue des œuvres de Roland Doré.
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LA CLOCHE.
Elle porte l'inscription :
(Main ) DÉDIÉE A ST JEAN PARRAIN JACQUES LE DOARE MARRAINE JEANNE BLAIZE ..
(Main) MR LE PAPE RECTEUR SAINT-NIC.
--JEAN FONDEUR À QUIMPER 1875. (doute sur le dernier chiffre)
Décor : une croix avec un entrelacs de 8 cercles.
Jean Fondeur, de Quimper, est le nom du fondeur de cloche, comme l'atteste un moulage en plâtre d'une marque d'une cloche de Morlaix fondue en 1862.
L'église de Trégarvan, toute proche, possède deux cloches de Jean Fondeur, l'une de 1859 et l'autre nommée Marie Joseph Anna, de 1880.
L'église de Guengat possède une cloche de 1872 fondue par Jean Fondeur.
Les généalogistes signalent une Jeanne Blaize, née en 1847 à Plomodiern, de Corentin Blaize et Marie-Jeanne Le Doaré, nés et décédés à Plomodiern..
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SOURCES ET LIENS.
— BASE MERIMÉE, Notice :
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA00005245
"Première campagne 16e siècle, partiellement datée 1591, inscription transept : " B10F FA 1591 MORICE L F ". Charpente et sablières en 1653 pour G. _Perfezou recteur de Saint-Nic, portent l'inscription : " M. GUIL PERFEZOU REC M KVAREC FA 1653 ". Calvaire en 1645. Clocher milieu 17e siècle. Fontaine en 1712"
1591 ; 1645 ; 1653 ; 1712 .
Un vaisseau, plan en croix latine. granite ; grès ; appareil mixte ; moellon toit à longs pans ; pignon découvert ; noue ; flèche en maçonnerie
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_8=REF,REFA&VALUE_8=IA00005245
— CASTEL (Yves-Pascal, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, Société Archéologique du Finistère.
http://croix.du-finistere.org/commune/saint_nic.html
"2766. Saint-Jean, g. k. 5,50 m. 1645. Trois degrés, corniche. Socle cubique. Fût à pans. Croisillon, culots à godrons: M. GVILL. PERFEZOU RECTEUR IE. B. BOLEZEC F. 1645, statues géminées: Vierge-saint, Jean-Jean le Baptiste. Croix, fleurons, crucifix." [YPC 1980]
— COUFFON
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf
CHAPELLE SAINT-JEAN
Edifice en forme de croix latine remontant au XVIe siècle, remanié au XVIIe et restauré au XIXe (1817 au-dessus de la porte sud). Clocheton amorti par une flèche à crochets et gables ajourés. Marches d'escalier sur le rampant sud. Il est lambrissé avec entraits engoulés et sablières sculptées : flore, oiseaux, dragons affrontés et, dans le choeur, sur le côté nord, cartouche contenant l'emblème des Cinq Plaies. La poutre transversale du haut de la nef porte l'inscription : "M. GVIL. PERFEZOV RECT. M. KVAREC. FA. 1653."
Mobilier : Maître-autel de pierre : le retable bas porte dans des médaillons les figures en bas-relief polychrome des Evangélistes. Le tabernacle est ouvragé : Sainte Face sur la porte, et, entre des colonnettes, en bas-relief, saint Tugen avec clef et chien dans le panneau de gauche et un évêque dans celui de droite. Derrière le retable, une haute balustrade donne accès, par deux portes à balustres, à une sacristie qui occupe le chevet.
Statues anciennes - en bois polychrome : Vierge à l'Enfant, Pietà, saint Joseph, saint Jean-Baptiste dit Sant Yann Bihan ; - en pierre polychrome : autre saint Jean-Baptiste, de haute taille, dans une niche à colonnettes et fronton, et un saint évêque (Philibert ?).
Dans la sacristie, vieille armoire massive à quatre portes, en mauvais état. * Près de la chapelle, calvaire relevé vers 1950 ; il porte l'inscription : "M. GVILL. PERFEZOV. RECTEVR. IE. B. POLESEC. F. 1645." Fontaine voûtée en anse de panier et datée 1712.
— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930 “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,”
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf
"Chapelle de Saint-Jean.
Celle-ci est à deux kilomètres du bourg, sur le bord de la route de Crozon. Moins belle que la chapelle de Saint-Côme, la chapelle de Saint- Jean est pourtant loin d'être indifférente. Elle possède un petit clocher bosselé, de jolies portes gothiques et des fenêtres flamboyantes. A l'intérieur, les poutres transversales sont tenues comme à Saint-Côme par des gueules de monstres. Une frise sculptée court au haut des murs : plantes, vignes avec feuilles et grappes que picotent des oiseaux, dragons accouplés par une corde au cou, anges aux ailes déployées, sorte d'écusson allongé portant l'emblème des Cinq Plaies : deux mains et deux pieds transpercées et un cœur. Au carré du transept, aux quatre coins, on voit dans la frise quatre personnages à longue barbe, tenant chacun un livre ouvert. Le premier est assis sur les épaules d'un génie qui lui enserre les jambes ; un autre sur un génie qui élève les bras pour tenir le livre comme un lutrin ; un autre est assis sur les épaules d'un génie affreusement laid ; le dernier, enfin,. au lieu d'un génie, a une colombe à ses genoux. . Quatre petits personnages sont sculptés autour de la clef de voûte.
Une poutre transversale à gueules porte cette inscription : M. GVILL : PERFEZOU : REC : M. KV AREC : FA : 1653. Sur la charpente, on lit la date 1873 (réfection).
Au fond de la chapelle, on a déposé les débris de l'ancien calvaire qui ressemblait à celui du bourg. On y lit cette inscription : M. GVILL. PERFESZOV. RECTER E B. POLESEC. F. 1645.
Statues. - A l'autel principal, Evangélistes assis chacun avec son attribut : lion, taureau, aigle, homme. Sur un panneau du tabernacle, Saint Tujen avec chien et clef. Sur l'autre panneau, autre Saint avec mitre et crosse, lisant dans un livre .. Derrière l'autel, un Saint Jean-Baptiste, de stature herculéenne, portant un mouton. Cette statue est en pierre. - Vierge portant l'Enfant-Jésus. A l'autel latéral gauche : Sainte curieuse assise. La partie inférieure du corps est dissimulée par une sorte de caisse. Elle est habillée d'une vraie chemise en grosse toile. - Pieta honorée sous le nom de N. D. de la Chapelle-Neuve. - Saint Joseph. A l'autel latéral de droite : Saint Philibert, mitré et crossé. - Saint Jean-Baptiste (appelé Sant Yann Bihan parce que plus petit que l'autre statue) portant un agneau. A ses pieds une tête de loup (?). Toutes ces statues sont en bois, excepté celles de Saint Philibert et de Saint Jean-Baptiste. Non loin de la chapelle se trouve la fontaine dn Saint. Elle porte la date 1712, derrière le fronton."