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Le cénotaphe de Thomas James dans l'ancienne cathédrale de Dol-de-Bretagne par Jean et Antoine Juste en 1507.
Nouvelle version (21/09/18) avec de nouvelles photos et un éclairage d'appoint .
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L'évêque de Dol Thomas James est mort le 5 avril 1504. Dans son testament (*), il demandait que son corps "soit humblement enseveli dans la terre, sans pompes, comme pour un homme du peuple (non pempose, sed sicut unus de populo, volo humiliter sepeleri), dans la chapelle Notre-Dame de Pitié, en l'église Saint-Samson son épouse ( sponsa mea) ". Toutefois, ses neveux, Jean, abbé commendataire de Léhon, chanoine et trésorier du chapitre de Dol, et François, chanoine scholastique du même chapitre, lui firent élever un superbe tombeau, chef-d'œuvre de la Renaissance, par les frères florentins Antoine (1479-1529) et Jean Juste, auxquels on doit également le tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne de la basilique royale de Saint-Denis.
Les dernières volontés du défunt ont-elles été trahies ? Sans-doute pas, car le monument qui reflète fidèlement les goûts de l'évêque pour l'art italien (découvert à Rome lorsqu'il était gouverneur du Château Saint-Ange entre 1479 et 1483), n'est pas une tombe, mais un cénotaphe. C'est le premier monument de style Renaissance en Bretagne, et l'un des premiers en France. Rien n'empêche l'évêque d'être inhumé en terre, et de satisfaire à sa passion pour la sculpture italienne.
(*) « .... Ego Thomas Dei gratiâ indignissimus minister et episcopus Dolensis Ecclesiæ.... Meam in hunc modum, declaro voluntatem ultimam : Et imprimis do animam meam Domino nostro Jesu Christo, etc. Corpus que meum seu cadaver terræ unde exivit, in Ecclesiâ Sancti Samsonis SPONSA MEA, in Capella quæ dicitur Sancta Maria de Pietate, non pempose, sed SICUT UNUS DE POPULO, VOLO HUMILITER SEPELIRI, jaxtâ considerationem executorum meorum… » (Testament de Th. James)
"Thomas JAMES, né à Saint-Aubin-du-Cormier, homme recommandable par sa piété, sa prudence et son érudition, . docteur en droit et archidiacre de Penthièvre dans l'église de Saint-Brieuc, fut pourvu en 1478 de l'évêché de Léon, d'où il fut transféré à Dol le 28 mars 1482. Il paya les droits de la chambre apostolique le 15 juillet suivant, et le 28 il envoya une procuration au trésorier Landais pour prêter en son nom le serment de fidélité au duc. Il était de retour de Rome en 1486, suivant un acte du Mont-Saint-Michel, et il ne pensa plus qu'à bien gouverner son troupeau. Le pape Alexandre VI lui rendit le privilège de faire porter la croix devant lui dans son diocèse, d'en timbrer ses armes et de s'en servir dans ses sceaux. Sa mort arriva le 5 avril 1504, après vingt et un ans et sept jours d'épiscopat. Il fut enterré dans la croisée de son église, du côté de l'Evangile, où l'on voit encore son magnifique tombeau ." Dom Lobineau, Vie des saints.
Voir la biographie actuelle dans Wikipédia. La famille noble James est attestée à Coëtmieux (Dol), Landéhen (Dol) et Plestan lors de la montre de l'évêché de Saint-Brieuc de 1479
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PRÉSENTATION.
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" Le monument le plus remarquable de tous ceux que possède la cathédrale est sans contredit le tombeau de l'évêque Thomas James (1482-1504), exécuté par les Juste, aux frais de son neveu.
C'est, après le mausolée de Charles d'Anjou, à la cathédrale du Mans, la plus ancienne œuvre exclusivement inspirée des principes de la Renaissance classique qu'il soit possible de rencontrer dans l'ouest de la France. On serait en droit de s'étonner de voir, dés les premières années du XVIe siècle, ce style en usage dans une province aussi rebelle que la Bretagne aux innovations artistiques [sic], si on ne savait que la famille de l'évêque défunt entretenait avec l'Italie d'étroites relations. Thomas fut en effet chargé par le pape du gouvernement du château Saint-Ange, fonction que son père avait occupée avant lui nommé, en 1478, évêque de Léon et transféré à Dol en 1482, il n'en continua pas moins à résider à Rome jusqu'en 1486, où il vint définitivement habiter son diocèse. Il paraît avoir éprouvé un attrait marqué pour les nouvelles formules de l'art, car son missel [1483] était l'œuvre du célèbre enlumineur florentin Attavante et il possédait un sceau [1478] conçu dans le plus pur style italien.
Une inscription en caractères gothiques, gravée sur le tombeau, en fixe l'exécution à l'année 1507, et l'attribue au sculpteur Jean Juste. On sait toute la place qu'occupe, dans l'histoire des origines de la Renaissance en notre pays, cet artiste, né en 1485 à San-Martino-a-Mensola. dans la banlieue de Florence et qui devait être chargé, en 1519, d'élever dans l'abbaye de Saint-Denis le tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne. En raison du jeune âge qu'aurait eu le maître en 1507, Léon Palustre a supposé que ce monument pourrait être attribué, avec plus de vraisemblance à Antoine Juste, de six ans plus âgé que son frère: l'inscription aurait alors été placée postérieurement pour rehausser le mérite de l'œuvre lorsque Jean Juste, en 1531, après avoir terminé le tombeau de Louis XII, fut arrivé au comble de la gloire. Pour soutenir cette hypothèse, l'éminent critique fait observer que la présence de caractères gothiques, à la place des lettres romaines qui figurent sur les autres parties du monument, accuse nettement une main différente.
Mais. si l'on peut admettre sans difficulté qu'Antoine ait apporté à son frère le concours de son talent, ce serait, semble-t-il faire preuve de quelque témérité que de refuser, devant une objection aussi légère, toute créance à cette inscription, conçue du reste dans le style pompeux, habitue! à l'épigraphie italienne.Il faut en outre se souvenir que l'attribution du tombeau aux Juste ne repose que sur son témoignage; si on le repousse, rien ne permet de citer le nom d'Antoine plutôt que celui de Jean, et l'oeuvre devient en réalité anonyme.
Anatole de Montaiglon, Léon Palustre et, en dernier lieu, M. Paul Vitry, ont montré, avec toute leur compétence, les mérites et les faiblesses du tombeau de Dol le défaut évident d'harmonie dans la conception générale, l'agencement souvent défectueux des éléments décoratifs, qui dénote, comme l'a remarqué M. Vitry, une certaine inexpérience, mais par ailleurs la véritable maîtrise que possédait l'auteur dans l'art de traiter les ornements de détail, modèles de ciselure délicate auxquels des rehaussements de peinture dans les tons vert et brun devaient donner autrefois un singulier relief. Ces qualités et ces défauts, dont on retrouvera du reste toujours le mélange dans ses œuvres, même les plus renommées, ne peuvent-ils pas se concilier fort bien avec le jeune âge de l'auteur qui arrivait d'Italie la mémoire toute imprégnée des modèles du quattrocento, mais ne se trouvait pas encore en possession de la plénitude du talent dont il sut donner plus tard toute la mesure? " (Rhein 1910)
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VUE GÉNÉRALE.
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"Le tombeau proprement dit se compose d'un petit édicule, en forme de ciborium, enfermé dans un enfeu dont l'arc d'ouverture est lui-même encadré d'un portique. Il fut, sans aucun doute, exécuté en France., comme le prouve la pierre tendre dont il est construit : mais on ne sait s'il fut apporté tout fait d'un atelier tourangeau ou si les Juste vinrent eux-mêmes travailler à Dol. Malgré la présence,dans un endroit peu visible des médaillons dont nous allons parler, on ne peut croire qu'il était, à l' origine, destiné à être isolé; l'absence de toute décoration sur les faces latérales et postérieure des pilastres montre bien au contraire que, suivant l'habitude italienne. il devait être encastré dans la muraille." (Rhein 1910)
"l est composé de deux parties: l'une extérieure formée d'un grand arc surmonté d'une frise que couronne une sorte de haut fronton arrondi, l'autre intérieure composée d'un enfoncement où le tombeau, avec ses quatre colonnes carrées entre lesquelles n'existe plus la statue de Thomas James, a l'air d'un autel ou plutôt de l'un de ces ciborium dont les églises toscanes de la fin du xve siècle offrent plus d'un exemple. Au-dessus de la corniche le double couronnement est assez peu agréable et le monument eût plutôt gagné que perdu à sa disparition. Cette coquille portant un vase surmonté d'un oiseau, le tout accosté d'anges et de dragons verts,—car toute cette partie était coloriée et le fonds nu garde encore des traces de. peintures, — n'est ni d'un goût pur, ni d'un heureux effet; mais le reste est merveilleux d'élégance et de finesse. Le devant de la base, dont la grande inscription occupait le milieu, offre de chaque côté une niche plate avec une Vertu brisée. Le plafond est composé de carrés avec une rosace centrale et aux angles quatre ornements, qui sont alternativement cinq rayons et une feuille de lierre très-lancéolée. Sur le mur du fond est, au centre, un bas-relief carré avec deux anges, d'un très-beau mouvement, qui supportent une armoirie brisée et florentine par la forme de l'écu. Les quatre colonnes carrées qui supportent ce plafond plat ne sont sculptées que de trois côtés et ont leur surface postérieure unie. Le seul défaut, c'estque ce ciborium n'est pas assez éloigné des murs latéraux; les côtés et en particulier les médaillons de Jean et de François qui sont sur ses petits côtés, à la tête et aux pieds de la caisse inférieure, ne se voient que mal et trèsdifficilement. Cela ne ferait-il pas supposer que le travail n'a pas été exécuté sur place, et que, comme plus tard le tombeau de Louis XII, il a été fait à Tours et porté ensuite à Dol pour y être monté et complété par l'arcature extérieure qui a pu être faite sur place? Ce qui est certain du reste pour le couronnement arrondi. Remarquons en même temps deux choses : la qualité profondément italienne de ce couronnement tout à fait courant à ce moment en Italie et dont la peinture devait à l'origine lui donner le même effet que s'il eût été en terre cuite émaillée, et aussi le parti même de l'ensemble du tombeau. Il fait partie de la muraille, et c'est le système italien, tandis qu'en France il y a au contraire prédominance des tombeaux isolés. Les deux choses s'accordent à merveille avec ce fait que le tombeau de Dol est une des plus anciennes œuvres d'un Juste en France, et par là l'une des plus voisines de leur arrivée en France, et avant qu'ils ne se soient modifiés sous l'influence d'un milieu nouveau." (A. de Montaiglon 1875)
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Le monument est difficile à photographier de face, car un lustre a été placé devant lui, tandis qu'une légion de chaises en défend l'accès.
J'ai suivi l'exemple de Carla Rebbeca Constabel, qui a judicieusement adopté un point de vue décalé.
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Je me permets de souligner que l'allure générale du monument évoque les architectures peintes par Attavante pour le Missel de Thomas James (Lyon BM ms 5123 f.6) et pour le Bréviaire de Matthias Corvin.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Missel_de_Thomas_James#/media/File:Missel_de_Thomas_James_-_BM_Lyon_Ms5123_f006v_(frontispice).jpg
Le fronton en demi-cercle du monument funéraire, qui ne se retrouve pas sur cette page du Missel, et le plafond à caisson, se trouvent sur la page correspondante du Bréviaire de Matthias Corvin, réalisé entre 1487 et 1492 par le même Attavante.
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I. LE FRONTON (ou "TYMPAN") SUPÉRIEUR.
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"L'entablement est couronné d'un fronton en plein cintre, assez disgracieux, dans lequel certains critiques ont cru découvrir, pour ce motif seul, une main française; Léon Palustre a fait bonne justice de cette prétention à ne reconnaître comme italiennes que les œuvres d'une sûreté de goût impeccable, et il ne serait du reste pas difficile de trouver à cet élément décoratif des prototypes nombreux dans les monuments de la Renaissance florentine, par exemple au revers des portes de San-Spirito. La décoration de ce fronton est des plus compliquées deux dragons, dont les queues forment rinceaux, s'appuient contre une coquille sur laquelle est posé un vase portant un phénix; de chaque côté, se trouvaient des écussons dont les armoiries ont été mutilées. Un vase garni de fleurs. placé sur le fronton, et deux statues, dont on ne voit plus que les socles, complétaient cette décoration. " (Rhein 1910)
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"Remplissant l'espace laissé libre entre l'entablement et l'arcade, se trouve une sorte de tympan, décoré d'une coquille que surmonte un vase garni de fleurs, au pied duquel sont fixées deux cornes d'abondance tenues par deux angelots.On y voit deux dauphins à feuillages, surmontés de deux dragons. Ces dauphins s'appuient contre une grande coquille sur laquelle est posé un vase portant un ange. De chaque côté se trouvaient des écussons dont les armoiries ont été mutilées. Un vase garni de fleurs, placé sur le fronton, et deux statues agrémentaient cette partie haute du tombeau. " .(Amiot 1986)
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"Au-dessus du portail principal, un tympan représentant une scène de bêtes mythiques et un vase au-dessus du panneau ajoutent de la hauteur au monument. Au centre de la construction du tympan, une fontaine à coquille surmontée d'un phénix domine la scène. À gauche et à droite, une série de bêtes mythiques,— deux dauphins et deux griffons ailés —, y sont figurés. Deux sirènes (ou une méduse et une sirène) placées à gauche et à droite au-dessus des animaux complètent la scène. Contrairement à la plupart des monuments, cependant, le tympan est encore faiblement polychrome, peut-être en raison de sa hauteur extraordinaire qui a probablement découragé les iconoclastes révolutionnaires. Muratova a suggéré que les couleurs rouge, vert et bleu correspondent aux couleurs utilisées dans les manuscrits du XVe siècle, ce qui implique que ces couleurs sont fidèles à l’original." (Constabel)
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Ma description.
Cet arc au sommet en plein cintre peut être divisé en deux registres.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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1. Le registre supérieur.
— Au centre, une colombe ou aigle déploie ses ailes (comme sur les tombes égyptiennes) qui soutiennent des rubans à glands de passementerie.
— À gauche, une tête féminine se détache sur un fond de feuillage. Le sommet de son crâne est marqué par une croix et deux arceaux. Elle correspond sans-doute à une allégorie, laïque.
— Toujours à gauche, deux blasons bûchés se reconnaissent d'une part par leur forme globalement losangique polycyclique qui est celle du blason de Thomas James dans son Missel, et d'autre part par les rubans qui les entourent. Le "blason" le plus médian, qui forme comme un corps à la tête féminine, n'a pas une forme évocatrice, mais on y distingue une rose, élément clef des armoiries de l'évêque.
— À droite, la tête féminine, bouche ouverte, est coiffé d'une houppe. Elle a également les apparences d'une allégorie.
— Encore à droite, deux autres blasons, losangiques mais polycycliques et à rubans, ont été également martelés. Le plus grand reste néanmoins lisible. Il se divise en deux parties, avec une rose (dans un losange ?) en haut, et trois bandes diagonales ou fasces en bas.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Les armoiries épiscopales de Thomas James figurent sur son sceau et sur le frontispice de son Missel.
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On peut se demander si, parmi les quatre blasons de ce registre, on ne peut y trouver celles deux neveux commanditaires. Ou bien celles de sa nièce Marie James, dont il est attesté par le manuscrit des Blancs-Manteaux qu'elles figuraient sur le monument :
"Le tombeau de Thomas James peut bien n'avoir pas été la seule œuvre de Jean Just dans l'église de Dol. Le même manuscrit des Blancs-Manteaux nous donne un dessin grossier d'un bas-relief en hauteur, représentant jusqu'aux genoux, les bras croisés et les mains dans ses manches fourrées, une jeune fille, nièce de Thomas James. L'épitaphe transcrite est en latin; en voici la traduction:
« Ci-gît noble et très-honnête Marie James, qui en son vivant vénérait Dieu, était pitoyable aux pauvres du Christ qu'elle réchauffait et consolait. Elle a été enlevée pour le ciel l'an de l'incarnation de Notre-Seigneur, 1503, le 10 de mai. Elle a vécu ... ans, quatre-vingt-seize mois 1 et sept jours. Thomas, son oncle, prêtre et évêque de cette église, a fait élever ce monument l'année que dessus. » L'écrivain ajoute : « Au bas il y a un écusson, » et il l'indique par une sorte de dessin. On voit que le monument élevé en 1503 par Thomas, celui-même dont Just a fait le tombeau en 1507, peut ne pas être de notre sculpteur, mais il est nécessaire d'en parler à cause de cette armoirie.
Elle est en losange comme les armoiries de femme, et ce losange est tranché de trois traits et taillé de quatre, ce qui forme vingt losanges, chargés chacun d'une larme ; c'est une pièce peu commune en blason, mais nous savons par notre manuscrit que ces armes se retrouvaient sur le tombeau de l'évêque. On lit en effet à gauche de ce méchant dessin : « Aux deux coins de la corniche et sur les faces des pilastres du tombeau de l'oncle ces armes sont écartelées avec celles des James » et à droite : « Au tombeau de Thomas James, aux ornements des pilastres du dehors, deux petits anges tiennent ce mesme escusson en forme d'escu d'homme".
Nous n'avons pas à chercher ici à quel titre ces armes étaient écartelées avec celles de Thomas James, et si ce n'était pas celles de sa famille maternelle, mais nous avions dans tous les cas à parler de ce tombeau de Marie James, puisque, dans la note qui lui est consacrée, notre manuscrit ajoute à la description du tombeau de Thomas le détail, maintenant détruit, de ces armoiries jointes à celles de James, que le même manuscrit donne en marge de l'épitaphe de l'évêque : « Portoit d'or au chef d'azur chargé d'une rose d'or. »" (A. de Montaiglon 1875)
On sait ce qu'il faut entendre sous le terme de "neveu" et de "nièce" d'un prélat du XVIe siècle.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
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2. Le registre inférieur.
Deux dauphins à queue baguée entourent une coquille. Ces éléments décoratifs sont très représentatifs du vocabulaire de l'Italie de la Renaissance.
Les dauphins non aucun caractère réaliste, mais leur corps écaillé est placé dans une peau végétale verte, leur queue en spirale libère des rinceaux, leur gueule rouge est armée de dents féroces, leur nature animale est, dans un processus de métamorphose et de confusion des genres, végétalisée et modifié par des exubérances artificielles purement décoratives.
Deux oiseaux ou dragons ailés, au corps traité de la même manière, s'affrontent entre une coupe ou fontaine à rubans. Ces oiseaux à gueules carnassières sont dotés de cornes formant un cercle.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
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Cénotaphe (tuffeau, Jean et Antoine Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile 2018.
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Au total, ce fronton servait de panneau indicateur identitaire (par son matériel héraldique) et de manifeste esthétique optant pour le nouvel art italien de la Renaissance. On remarquera, et on s'étonnera peut-être, de l'absence de toute sémiologie religieuse. Ni croix, ni référence christique ou mariale, ni ornement liturgique, pas une mitre ou crosse, pas un ange, même pas un putto qui pourrait passer pour un angelot. La référence à l'humanisme tourné vers l'étude de l'Antique est total.
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II. LE PORTIQUE.
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"L'arc encadrant l'enfeu est surmonté d'un portique, appliqué sur le nu du mur, et qui offre la répétition agrandie du ciborium intérieur.
Les pilastres qui le soutiennent, décorés comme ceux que nous avons décrits sont portés sur de hauts stylobates ornés d'armoiries, aujourd'hui mutilées, de rubans et de vases, et dont la corniche est garnie d'un cordon de rais-de-cœur." (Rhein 1910)
Vu de face, on en décrirait idéalement l'entablement et les trois faces des pilastres droits et gauches.
La description de chaque détail de chaque face est un travail que chaque auteur a éludé. Je prendrai soin de ne pas être exhaustif pour ne pas leur faire ombrage, et ne donnerai qu'une représentation métonymique du corpus sculpté, mais je ne passerai pas à coté de l'occasion de montrer les trésors d'ornementation qu'on y trouve.
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1. Le pilastre droit.
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a) La base ou stylobate. Trophée d'armes.
Un cimeterre, un glaive et une flèche.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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b) le pilastre droit.
Face antérieure.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Deux "faunesses ailées" affrontées tenant une croix.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Deux "dauphins" accouplés par la queue.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Deux faunes sonnant de la trompe recourbée.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Deux putti tenant une vasque.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Deux "lions" au corps de serpent affrontés autour d'une lampe.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Tête de Méduse surmontée de deux dauphins et de deux lions.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Chapiteau. Décor végétal.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Le pilastre droit, face intérieure.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Faune au dessus d'un bassin.
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Vase à acanthes et collier de perle. Masque de faune. Vasque à têtes de lion affrontés.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Bucrane entre deux cornes d'abondance.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Le pilastre droit, face extérieure.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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2. Le pilastre gauche.
a. la face intérieure.
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Cénotaphe (pierre calcaire, traces de polychromie, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Faune au dessus d'un tambour ou bassin.
Sexe martelé.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Deux animaux fabuleux (tête de lion, corps de sirène ou de poisson).
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Deux dauphins ; deux oiseaux buvant à la même vasque.
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Masque de faune grimaçant.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Têtes de faune ; cornes d'abondance.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Faunes soutenant une coupe.
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b. Le pilastre gauche : face antérieure.
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Le médaillon et le cartouche à inscription soutenu par deux putti.
Un cartouche est placé sous un médaillon en couronne de lauriers entourant le profil d'un homme jeune : Jean James sans-doute.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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"Un cartouche, appliqué contre le pilastre de gauche, porte la date du tombeau et le nom de celui qui le fit élever
IOÃNIS . IAMEZ . IURI~U . LAUTI
LEHONII . CÕMENDAT DÕL
THESAU ; ET . CANO . IMP~ESA
ET .CURA . STRUCTUM . AC
ORNAT~U. SEPULCR~U
M .Vcc. VII. " (Rhein 1910)
Transcription : Ioannis Jamez juris laureatus Lehonii commendatarius. Dol thesaur et canonicus . impensa et cura structum ac ornatum sepulcrum 1507 .
Traduction : "Jean James, licencié es-droit, commendataire de l'abbaye du Léhon (près de Dinan), trésorier et chanoine de cette église de Dol fit construire à ses frais ce tombeau en 1507."
On notera la graphie Iamez, que je n'ai pas vérifiée ; la forme Jametz est attestée, comme Jamès, ou Jamet ensuite à Roscoff. (forum cgf)
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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L'inscription du stylobate du pilastre gauche, entre le piédestal et le fût.
SCELTE . STRUXIT . OPUS . MAGISTER . ISTUD
JOHES . CUJUS . COGNOM~E . EST . JUSTUS
ET FLORENTIN9
Scelte struxit opus magister istud Johannes cujus cognomen est Justus et Florentinus.
Le premier mot, scelte, assez rare, signifie : « avec le burin » (de sceltes ou celtis, is). Le verbe struxit vient de struo, ere, structum "bâtir, édifier".
Comment traduire ? "Cet ouvrage a été édifié par le ciseau de maître Jean, dont le nom de famille est Juste et Florentin (Juste le Florentin)" .
Antoine Juste, frère aîné de Jean Juste, est qualifié de florentin en guise de nom de famille en 1505 sous le terme de "Anthoine florentin".
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ANTOINE et JEAN JUSTE, sculpteurs florentins.
"La première occurrence française de Me Anthoine florentin remonte à 1505, date du paiement de la préparation d’une médaille offerte à Louis XII par la municipalité de Bourges lors de son entrée dans la ville. Au cours de l’année 1508, venant d’Amboise où il semble avoir fixé sa résidence, il travaille à Gaillon où il exécute le bas-relief de la prise de Gênes et d’autres statues en marbre et en terre cuite, notamment celles, célèbres, destinées à la chapelle haute du château. En 1510 il est au service du roi et modèle une biche en cire pour le jardin de Blois. Trois ans plus tard, il travaille pour François d’Angoulême et est naturalisé français l’année suivante avec sa nombreuse famille : ses frères Jean et André, sculpteurs comme lui, sa femme Élisabeth et ses enfants – Just, qui suivra les traces de son père, François, Aimée et Madeleine. Enfin, de 1516 jusqu’à sa mort en 1518, Antoine Juste travaille au tombeau monumental de Louis XII et Anne de Bretagne.
Son puîné Jean semble être l’auteur du tombeau de Thomas James à Dol autour de 1505-1507 , puis, dès 1516, il collabore avec Antoine au monument funéraire de Louis XII et devient le chef de l’atelier après la mort de son frère. Il est assisté, jusqu’en 1521, par le jeune Just, fils d’Antoine. Jean et Just auront encore une longue carrière en France.
"Leurs actes de baptême, conservés à Florence et jusqu’à aujourd’hui inédits, permettent en premier lieu de mettre de l’ordre dans les données divergentes des cadastres florentins et de la déclaration de naturalisation.Antoine est né le 15 avril 1481, Jean le 7 novembre 1483, André le 22 août 1487. Ces dates ne concordent pas avec celles que Milanesi avait déduites du cadastre et correspondent seulement partiellement à celles données en 1514 par les témoins Jérôme Pacherot et Barthélémy Guiet, bien informés en ce qui concerne Antoine mais plutôt approximatifs pour Jean, André et le reste de la famille des Juste."
"Sur la base de ces documents, il semble donc qu’au début, à partir de 1503, seul Antoine, au cours de deux voyages, ait sondé la possibilité de faire fortune en France. Et ce n’est qu’après s’en être assuré que, probablement à l’automne 1507, il décide de faire venir sa femme et son fils Just. Celui-ci est né en Italie, comme le prouvent à la fois la déclaration de naturalisation et son acte de baptême du 13 décembre 1501 à Florence.
Jean pourrait avoir quitté assez tôt Florence, déjà au cours de l’année 1503. Il y revient une seule fois en 1510, probablement après la mort de Monna Lisabetta, lorsqu’il fallut réorganiser la gestion des biens familiaux. André, le puîné, arrive le dernier en France, peut-être au cours de l’année 1507, sans doute sans jamais retourner dans son pays natal.En 1503, Antoine est âgé de vingt-deux ans et Jean de vingt ans. Ils sont déjà des artistes formés depuis longtemps si l’on considère que le premier apprentis-sage, dans les carrières florentines, commence ordinairement à l’âge de sept ans. De même pour André qui avait au moins vingt ans au moment de son départ. Les affirmations selon lesquelles ils se seraient tous formés dans l’ombre de Michel Colombe sont donc tout à fait hasardeuses.Il est difficile de connaître la raison pour laquelle Antoine et Jean décidèrent de quitter Florence : les activités familiales étaient florissantes, la famille des Juste de San Martino était bien implantée. Ils avaient leur chapelle dans l’église où Giusto avait fait remanier un retable de Taddeo Gaddi pour y placer son portrait et celui de sa femme Lisabetta, en donateurs." (Bardati et Tommazzo)
Pour l'auteur de l'article Wikipédia, Antoine et Jean se séparent après le chantier de Dol :
" Antoine Juste a travaillé pour le cardinal d'Amboise au château de Gaillon. Les comptes de Gaillon indiquent qu'il est marié à Isabeau ou Isabelle de Pascha. Sous l'égide de l'archevêque de Rouen, il a sculpté pour la chapelle du château une série de douze apôtres en terre cuite, un buste du cardinal et un bas-relief représentant la bataille de Gênes pour la galerie.
Jean Juste Ier s'est installé à Tours où il a passé quelques années dans l'atelier de Michel Colombe. Ce dernier était célèbre pour la Mise au tombeau se trouvant dans l'abbaye de Solesmes. Michel Colombe avait été formé à Dijon, influencé par Claus Sluter et le réalisme flamand. Il a créé un style mélangeant le réalisme flamand et la douceur française transmis par Michel Colombe avec un charme venant de la flexibilité et de la complexité des formes. Jean Juste Ier a sculpté les tombeaux de Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, à Ancenis, de Thomas Bohier, bâtisseur du château de Chenonceau, dans l'église Saint-Saturnin de Tours, et de l'abbé Louis de Crévent, abbé de la Trinité, à Vendôme. Il a exécuté le tombeau d'Artus Gouffier à la demande de sa veuve Hélène de Hangest, entre 1532 et 1537 pour la collégiale Saint-Maurice du château d'Oiron (Deux-Sèvres), ainsi que celui de sa belle-mère, Philippe de Montmorency
À la mort de Michel Colombe, vers 1514, les frères Juste se sont remis à travailler ensemble. François Ier leur a confié la réalisation du tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne dans la basilique Saint-Denis. Sa réalisation a duré de 1516 à 1531. Antoine étant mort en 1519, le tombeau est donc essentiellement l'œuvre de Jean Juste Ier. Il est possible qu'André, le frère de Jean Juste Ier ait travaillé sur le projet. Juste de Juste a participé à la réalisation du tombeau."
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Soubassement du pilastre extérieur gauche, cénotaphe (pierre calcaire, traces de polychromie, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Le pilastre gauche, suite.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Pilastre gauche, face extérieure.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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III. LE CÉNOTAPHE INTÉRIEUR.
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Là encore, il faudrait décrire scrupuleusement le "tombeau" qui sert de base, les quatre colonnes, l'entablement, le fronton en demi-cercle et le fond.
"Aux angles, des stytobates font saillie. couverts de vases et de rinceaux et surmontés d'une moulure continuant celle qui couronne le tombeau. Ils portent de légères piles rectangulaires ornées, sur leur face antérieure, avec un art consommé, de ces gracieux motifs qu'aimaient à prodiguer !es décorateurs italiens du XV'' siècle griffons, satyres, amours, tètes de Méduse, vases, etc. Les chapiteaux sont garnis de feuilles d'acanthe qui. aux angles, se replient en volutes sous tes abaques concaves.
L'entablement se compose d'une frise et d'une corniche: la première, ornée a sa base d un rang d'oves, présente, au-dessus. une décoration courante rappelant celle des pilastres. La corniche est formée de plusieurs cordons superposés de perles, d'olives, de rais-de-cœur, d'oves, de dés et de feuillage. Le plafond du baldaquin est divisé en caissons ornés de rosaces; il abritait autrefois la statue de l'évêque, dont on ignore la position, mais qui ne pouvait être qu'accoudée ou agenouillée, par suite de l'espace restreint, qui lui était réservé. Sur le mur du fond, un demi-relief mutilé représente deux anges portant un petit personnage qui figurait l'âme du défunt.
Remplissant l'espace laissé libre entre l'entablement et l'arcade, se trouve une sorte de tympan, décoré d'hippogriffes et d'une grande coquille que surmonte un vase garni de fleurs. au pied duquel sont fixées deux cornes d'abondance. " (Rhein, 1910)
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1°) TYMPAN OU FRONTON INTÉRIEUR.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Dans le fronton, autour d'une coquille, deux "anges" plus antiques que chrétiens évoquent plutôt des Vertus ou des Allégories. Ils sont accompagnés de cornes d'abondances, de vases et de vasques. Sans aucun élément religieux.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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L'entablement répète trois fois le même motif : l'affrontement de deux griffons et des rinceaux fleuris de roses.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Les colonnes ou pilastres intérieurs : le coté droit.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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le pilastre droit du cénotaphe intérieur : la face intérieure.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Le pilastre du fond, à droite, face intérieure.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Bucrane.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Sirène bifide.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Les colonnes ou pilastres intérieurs : le coté gauche.
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On y découvrira des épis de blés, des roses, des fruits et légumes, de fines tiges, et un masque de faune.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
2°) LE BAS-RELIEF AUX DEUX ANGES.
Ces anges présentaient jadis les armoiries et la croix épiscopale de Thomas James au milieu d'une profusion de rubans.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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On comparera ces anges gracieux avec ceux du centre du monument du Frontispice du Missel de Thomas James : ceux-ci présentent le Christ Sauveur entouré de chérubins :
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3°) LE PSEUDO-SARCOPHAGE.
Il est décrit ainsi dans le manuscrit des Blancs-Manteaux :
" Un tombeau de pierre blanche dorée sur filets, de figure quarrée oblongue, de quatre pilastres semblables de façon au grand, soutenant architrave, frise et fronton; sur la table duquel, qui est de quatre pieds de haut, est la figure de l'évesque James en habits sacerdotaux, mitre en teste, deux petits anges soutenant les oreillers, et derrière sont deux petits demi-piliers ou supports quarrez sur lesquels sont deux anges assis soutenant les armes, à la tête avec casque, des pieds avec mitre, et, au fond, deux grands anges en bas-relief, tenant les armes avec la simple croix; sur le devant, deux niches avec la figure de deux Vertus, et au milieu, une plaque de cuivre enchâssée. » (A. de Montaiglon p. 396)
Le "gisant" de l"évêque en habits sacerdotaux a disparu, de même que la plaque de cuivre avec son inscription, tandis que le bas-relief montre encore les deux anges mais non les armoiries et la croix.
Je n'ai pas lu que ce "tombeau" ait jamais contenu la dépouille de l'évêque. C'est pourquoi j'emploie le terme de cénotaphe.
"Le soubassement était orné de rinceaux au milieu desquels un cartouche, soutenu par des anges, portait l'épitaphe de l'évêque, inscrite sur une plaque de cuivre. Cette plaque a disparu au moment de la Révolution, mais le texte nous en a été conservé par les Bénédictins dans la collection des Blancs-Manteaux (BibI. nat., tr. 22321). Blancs-Manteaux, t. XLV, p. 85.) et par Dom Taillandier (Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. Il,p. LXIV. :
D.Thomas James, Jurium doctor, patria Albinus de Cormierio, patre Petro, Sixti papae tempore, arcis santi (sic) Angeli Romae castellano et Francisci Britonum ducis oratore ac procuratore, Penthevriaeque archidiacono. Leonensis episcopus creatus et paulo post in Dolensem episcopatum transfertur. Vir quidem optimus et divini cultus cupidus et assiduus. In derelequintes clemens pauperum, pupillorum et viduarum causas et vitam propria manu ita tutatus est, ut ab omnibus merito pater pauperutn diceretur. In religiosos benignus, virgines egenas elam dotabat; cilicio utens, bis aut ter in hebdomada jejunans; familiares parentum loco habens post bellorum turbines inter Francorum regem Carolum VIII et Franciscum Britannia ducem, Dolensisque civitatis diruptionem et ecclesiae depredationem vi factam, quae fuit 11 octobris 1482, et urbis et nundinarum et halle et castrorum atque molendinarum
factus est restaurator; ab Alexandro Papa VI, ob ejus eximias virtutes, crucis defendendae beneficum ante se per diocesim et sibi et successoribus obtinuit ut in armis ac sigillis ubique palla possent . Dolenses episcopi uti. Ecclesiam mirifice fundationibus dotavit, juraque ecclesiae et dignitatum semper tutatus est : ornamentisque ex auro et serico, vasisque argenteis et auratis decoravit. Obiit praesul nonas aprilis, die Veneris sancta, hora nona, 1503. Passionem devote nudiendo et hic collacrymantibus omnibus sepelitur. Sedit annis uno et vigenti, diebus septem. Cujus anima requiescat In pace. Amen ».
"M(essire) Thomas James, docteur en Droit, de Saint-Aubin du Cormier, fils de Pierre James, [qui ?] était, sous le pape de Sixte IV, [gouverneur] au château Saint-Ange porte-parole et représentant du duc de Bretagne François II et archidiacre de Penthièvre est devenu évêque de Léon, et peu après transféré à l'évêché de Dol. Ce fut un homme excellent qui servait Dieu avec zèle et assiduité. Il était indulgent envers les coupables. Il défendit personnellement la cause et la vie des pauvres, orphelins et veuves, si bien que tous le reconnaissaient fort justement comme le père des pauvres. Généreux pour les religieux, il dotait secrètement les jeunes filles sans ressources ; il portait un silice et jeûnait deux ou trois fois par semaine ; il considérait les gens de son entourage comme parents ; après les troubles des guerres entre le roi de France Charles VIII et le duc de Bretagne François, la destruction de la ville de Dol et la mise à sac de son église le 11 octobre 1482, il restaura la ville, le marché, la halle, les fortifications et les moulins ; à cause de ses vertus exemplaires, le Pape Alexandre VI lui concéda, ainsi qu'à ses successeurs, le privilège de faire porter devant lui la Croix à travers son diocèse, , de sorte que les évêques de Dol pouvaient utiliser le Pallium partout dans leurs armoiries d'or et de soie, de vases d'argent et d'or. On l'ensevelit ici en écoutant pieusement le récit de la Passion, au milieu des larmes de tous. Il avait occupé le siège épiscopal durant vingt et un ans et sept jours. Que son âme repose en paix !' Amen." (d'après une traduction de Patrick Amiot 1986)
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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"De chaque côté, des nielles, encadrées de pilastres et garnies d'une coquille, renferment les statues mutilées de la Force et de la Justice. " (Rhein, 1910)
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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Le coté gauche.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Les médaillons des cotés du "tombeau".
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Sur les faces latérales,se trouvent les médaillons des deux neveux de l'évêque d'un type purement italien, exceptionnel en France pendant la première moitié du XVI siècle.
1°) Le médaillon du coté gauche. hauteur 45 cm.
"A gauche, Jean James, qui fit élever le tombeau, est représenté coiffé d'un bonnet à gland [sic], au milieu d'une couronne de feuillage que contourne une banderole sur laquelle on lit SPES MEA IN DÑO. [Mon espoir dans le Seigneur]. Au-dessous, se trouve l'inscription suivante :
DO : JO : JAMES : JUR : LAUREATUS
LEHONII : CO~MENDA : AC HUIUS
ECCLIE : THESAU : ET CANO : ETAT
XXXI ANNI : M : Vcc : VII. " (d'après Rhein 1910).
Je trancris maladroitement : Dominus ? Johannis James juris laureatus Lehonii commendatarius ac huius ecclesiae thesaurus et canonicus aetat 31 anni 1507.
Et je traduis :
"Maître Jean James, licencié en droit, [prieur] commendataire de [l'abbaye] de Léhon, et trésorier et chanoine de cette église [de Dol], âgé de 31 ans, 1507."
Ces médaillons sont typiquement florentins par la forme du bonnet carré porté par le chanoine, par la coupe de cheveux, la chemise courte ; chanoine séculier dont rien ne laisserait deviner l'état ecclésiastique si l'inscription ne le précisait pas.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile septembre 2018.
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2°) Médaillon du coté droit : François James.
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À droite, est placé le médaillon représentant François James, frère du précédent, avec l'inscription lue par Rhein ainsi:
M: FRANCISCV[S]..
JAMES : HVIVS : ECCL
SCOLASTICVS : AS : CA
CONDITORIS FRATER 1507." (Rhein 1910)
Transcription : Magister ? Franciscus James huius ecclesiae scholasticus as canonicus conditoris frater 1507.
Traduction : Maître François James scholastique et chanoine de cette église et frère [du précédent] 1507.
Maistre François James est donné comme propriétaire de la métairie de Villemain à Bagué-Morvan dans la Réformation de la noblesse de l'évêché de Dol en 1513 (tandis que feu maistre Thomas James évesque de Dol possédait la métairie du Clos à Carfantein, métairie sur laquelle il fonda son obit).
Ce neveu est mentionné dans une lettre adressée à l'évêque de Dol par Attavante à propos de son missel : :« A questi di èpassalo di qui M. Francesco, nipote ..., con una vostra lettera. — Aujourd'hui est passé ici messire François, neveu de ..., avec une lettre de vous, » par laquelle on priait Attavante de remettre à ce neveu le missel de l'évêque breton. Les points de suspension de l'édition sont faciles à remplir, au moins comme sens. C'est François James qui est allé à Florence vers 1483, chez Attavante, et il faut lire: « Messire François, neveu de l'évêque Thomas James, » ou mieux encore « neveu de l'évêque de Dol ».
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Cénotaphe (pierre calcaire, Jean Juste, 1507) de l'évêque de Dol Thomas James dans la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
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Conclusion.
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Le monument funéraire de l'évêque Thomas James à Dol-de-Bretagne doit être replacé dans la succession des monuments de ce type en France au XVe et XVIe siècle, comme ceux, d'influence gothiques du duc Jean de Berry à Bourges ou ceux des ducs de Bourgogne à la Chartreuse de Champmol pour évaluer l'influence de l'art italien de la fin du XVIe
Xenia Constabel a mené cette comparaison dans sa thèse, et elle confronte le Cénotaphe de Dol avec un ensemble de sept autres monuments relevant de la même influence :
"La période comprise entre 1494 et 1512 montre une multitude d'éléments «anciens» en sculpture funéraire introduits dans toute la France, bien que la majorité de la Renaissance les monuments ne furent pas installés avant le début du nouveau siècle. Au lieu d'assumer un succès prédéterminé de l'art de la Renaissance italienne par rapport à son prédécesseur gothique, il est donc nécessaire d'examiner l'impact de l'opportunité historique et géographique de sculpture «antique» sur l'art funéraire français. Sur un échantillon de dix-sept monuments subsistants mis en service, construits ou achevés entre 1494 et 1512, seuls huit monuments peuvent être distingués directement sous l'influence de l'italien réfléchi et engagé avec le discours sociopolitique, c'est-à-dire construits en Italie, utilisant des matériaux italiens, des ornements «anciens» ou de l'artisanat italien. Les huit monuments antiques ont été commandés par des patrons du plus haut ordre social: trois ont été commandés par Louis XII ou son épouse Anne de Bretagne; deux étaient commandés par des nobles notables; et trois par des membres de la noblesse ou du clergé.
-Les monuments commandés par le couple royal étaient le tombeau des ducs d'Orléans ; le monument de François II duc de Bretagne et son épouse à Nantes; et le monument de Charles Orland et Charles de France (les enfants décédés de Charles VIII et Anne de Bretagne) à Tours.
-Les tombeaux de Raoul de Lannoy (décédé en 1513) et de son épouse à Folleville, et de Louis de Blanchefort à Ferrières-en-Gâtinais, commandés par de grands nobles.
-Dans la dernière catégorie, il y a les tombeaux de Mgr Thomas James à Dol-de-Bretagne et de Mgr Guillaume Guéguen à Nantes.
On peut aussi compter les restes de l'enfeu de Claude de Saint-Marcel à Montbrison dans cette catégorie.
En examinant des exemples spécifiques de ces trois catégories de patron, ce chapitre suggère que les expéditions italiennes ont ouvert une fenêtre d'opportunités politiques et artistiques à la fois à la royauté et à la noblesse. Il propose qu'entre 1494 et 1512 des éléments «antiques» de la sculpture funéraire aient été choisis de manière active et délibérée par leurs clients pour utiliser, représenter et renforcer leurs intérêts professionnels et politiques en Italie." (X. Constabel)
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SOURCES ET LIENS.
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— AMIOT Patrick, 1986 Dol-de-Bretagne d'hier à aujourd'hui.
— BARDATI (Flaminia) & MOZZATI (Tomasso), Des collines florentines à Tours: Antoine Juste et sa famille.
ttps://www.academia.edu/2433298/Des_collines_florentines_%C3%A0_Tours_Antoine_Juste_et_sa_famille
— BARDATI (Flaminia) & MOZZATI (Tomasso), Jérôme Pacherot et Jean et Antoine Juste : artistes italiens à la cour de France, Studiolo 9, varia
— CONSTABEL (Carla Rebecca), 2014, Northern French Tomb Monuments in a Period of Crisis, c. 1477-1589 Thesis submitted for the degree of Doctor of Philosophy, :Department of the History of Art and Film University of Leicester
https://ethos.bl.uk/OrderDetails.do;jsessionid=5FA05D63C97BF982D475C75A63F1FFB0?uin=uk.bl.ethos.631521
pdf en ligne
— COUFFON (René), La cathédrale de Dol.
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_42/La_CathAdrale_de_Dol__.pdf
— GAUTIER (Toussaint) 1860, Cathédrale de Dol. Histoire de sa fondation, son état ancien et son état ...
— KERBEUZEC (Henri de) [abbé F. Duine] Le Tombeau de Thomas James dans la cathédrale de Dol, Rennes, Plihon et Hervé, 1895, In-18°, 40 pages. (non consulté)
https://books.google.fr/books/about/Henri_de_Kerbeuzec_abb%C3%A9_F_Duine_Le_Tomb.html?id=PkVyQwAACAAJ&redir_esc=y
— MONTAIGLON (Anatole de) 1875, La famille des Juste en Italie et en France [I], Gazette des beaux-arts, 12 (1875), pp. 385-404
https://archive.org/stream/gazettedesbeauxa37pari#page/394/search/james
— MONTAIGLON (Anatole de) 1875, ‘La famille des Justes en France [II]’, Gazette des beaux-arts, 12 (1875), pp. 515-526
— MONTAIGLON (Anatole de) 1876, --- ‘La famille des Justes en France [III]’, Gazette des beaux-arts, 13 (1876), pp. 552-568.
— MONTAIGLON (Anatole de) 1876, --- “La famille des Juste en France [IV].” Gazette des Beaux-Arts, 13 (1876), pp. 657-670.
— MURATORA ( Xenia), 2000 "The tomb of Bishop Thomas James in the cathedral of Dol: a monument of the Early Italian Renaissance in Gothic Brittany," England and the Continent in the Middle Ages: Studies in Memory of Andrew Martindale. Proceedings of the 1996 Harlaxton Symposium, Ed. John Mitchell and Matthew Moran, Stamford, 2000, pp 349-364
— Base Palissy
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM35004610
— RHEIN (André), 1910, La cathédrale de Dol, par M. André Rhein Bulletin Monumental 1910 pages 369-433
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k311003/f552.item.texteImage
— VITRY (Paul), 1901, Michel Colombe et la sculpture française de son temps.Paris, Lib. centrale des beaux-arts. Pages 205-218.
https://archive.org/stream/michelcolombeetl00vitruoft#page/204/search/James
"Tombeau de Thomas James à Dol.
A quelle date les Juste arrivèrent-ils en France ? Il n'est pas très facile dire d'une façon exacte. Mais l'œuvre la plus ancienne à laquelle leur nom soit attaché est le tombeau de Thomas James, évêque de Dol.
Ce Thomas James était un de ces évoques dont nous avons parlé plus haut, que leurs fonctions avaient, dès le xve siècle, appelés au delà des monts, et qui avaient appris de bonne heure à connaître et à goûter l'art italien. Mais rien ne nous prouve que, relégué dans son évêché breton, il ait personnellement exercé une grande influence autour de lui sur le mouvement italianisant. [Note Nous savons qu'il avait commandé un missel au miniaturiste Altavante et qu'il l'envoya chercher par son neveu François James. (Cf. Leltere Pittoriclie, 1822, Milan, III, p. 328-9.) ]
Nous savons aussi qu'il se trouvait à Rome au moment où il fut nommé évêque de Léon, en 1478, et qu'il se fit faire à ce moment un sceau épiscopal par un artiste italien. Ce sceau représentait une Annonciation, sous un édicule de forme classique. (Cf. A- Ramé, Note sur le sceau de Thomas James, évêque de Léon et de Dol, Bull, archéol. du Comité des trav. historiques, 1882, p. 449-434, grav.) Il ne paraît même pas, ainsi que Commines, avoir songé lui- même à se préparer un tombeau selon ses goûts. Ce sont ses neveux, Jean et François James, les inscriptions du monument en font foi, qui se chargèrent de ce soin.
Ce tombeau de Dol a été signalé par Mérimée dès 1836 (Notes d'un voyage dans l'Ouest, 1836, p. 117). Il est très célèbre aujourd'hui et très souvent cité pour sa signification historique. Il est loin cependant d'être égal à sa réputation, au point de vue artistique.
Thomas James était mort en 1504 ; la date de 1507, plusieurs fois répétée sur le monument, fait supposer que le tombeau ne fut terminé qu'à cette époque. D'autre part, on lit sur le grand pilastre de gauche, entre le j^iédestal et le fût, cette inscription tracée en lettres gothiques très simplifiées : « Scelfe struxit opus magisler islud Jolies cujus cognomen est Justus et Florentinus. » Jean Juste serait donc, d'après cette inscription, l'auteur du tombeau de Dol. [1. D'après les dates citées tout à l'heure, celui-ci n'aurait eu que vingt ans en 1504 et l'on a supposé avec raison, semble-t-il, que cette inscription avait pu être ajoutée après coup lorsque Jean Juste eut atteint plus tard toute sa renommée. (Cf. Giraudet, Artistes tourangeaux, 229.) ]En réalité il avait dû être aidé par son frère aîné Antoine, arrivé sans doute en France en même temps que lui et que nous allons trouver immédiatement après occupé à des travaux importants à Gaillon.
C'est donc très vraisemblablement entre 1504 et 1507 qu'Antoine et Jean Juste apparurent pour la première fois en France, appelés par les neveux de Thomas James. Remarquons que cette date coïncide avec celle de presque toutes les grandes œuvres italiennes importées ou exécutées sur place, dix ou douze ans seulement, en général, après le retour de Charles VIII .
Ce monument ne fut-il pas, comme bien d'autres, apporté tout fait d'Italie ? Cela ne parait pas probable, surtout à cause de la matière dans laquelle il est taillé, matière qui n'est pas le marbre, mais une pierre tendre comme celle de la vallée de la Loire.
La composition du monument est ici absolument différente du type du tombeau français : elle comprend un petit édicule en forme de tabernacle adossé à l'italienne, celui-ci est couronné par un fronton et emboîté lui-même dans un second édicule de forme analogue surmonté d'un autre fronton. Tous les éléments décoratifs, pilastres, entablements, tympan, écoinçons, en sont assez mal agencés, et leur ensemble incohérent dénote une certaine inexpérience. Le tout est couvert à profusion de ces ornements qui commencent à être si fréquents, même en France : arabesques, rinceaux, dauphins accouplés, etc. ; les pilastres de l'intérieur surtout sont d'une finesse de ciselure remarquable et d'une virtuosité que n'avaient pas encore atteinte et que n'atteindront même jamais nos français italianisés ; les deux pilastres de l'extérieur rappellent vaguement ceux de l'encadrement de Solesmes, mais ils sont beaucoup plus grêles et plus classiques avec leurs médaillons, leurs vases, leurs satyres, etc.
Quant à la statue du personnage qui devait figurer dans cette espèce d'enfeu, elle a complètement disparu, toutefois les dimensions très restreintes de la place qui lui étaient réservée nous font supposer qu'elle devait être ou bien ridiculement étriquée, ou bien à demi couchée dans une pose contournée que l'on n'avait pas encore pu voir en France et qui n'entrera dans les habitudes que vers le milieu du xvie siècle '. Notons enfin, sur le devant du soubassement, dans des niches à coquilles, les traces de deux figures de Vertus, la Force et la Justice. Au fond de l'enfeu, deux anges volants en demi-relief; enfin sur les côtés du sarcophage, deux médaillons représentant les profils des deux frères James. Ces médaillons, d'une exécution un peu molle, sont d'un type purement italien : les quattrocentistes avaient réalisé sous cette forme des chefs-d'œuvre incomparables ; mais nous ne la trouverons reprise que très tard dans l'art français du milieu et de la fin du xvie siècle : les médaillons de Dol sont des œuvres isolées et qui resteront sans influence immédiate.
Donc si l'on met de côté quelques éléments très spéciaux à l'art italien qui ne s'acclimateront jamais en France, ou seulement beaucoup plus tard, ce qu'il faut retenir de cette œuvre nouvelle, c'est encore sa partie décorative, qui allait simplement augmenter la masse des documents livrés à l'activité de nos ornemanistes avides de revêtir la livrée italienne, en admettant même que ce monument ait pu exercer quelque influence, perdu comme il l'était au fond de sa Bretagne.[sic !]"
— WIKIPEDIA
Médaillon représentant Jean James, neveu de l'évêque Thomas James. Détail du tombeau de Thomas James en la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne (35).
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dol-de-Bretagne_(35)_Tombeau_de_Thomas_James_04.JPG
Médaillon représentant François James, neveu de l'évêque Thomas James. Détail du tombeau de Thomas James en la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne (35).
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dol-de-Bretagne_(35)_Tombeau_de_Thomas_James_05.JPG
Sceau de 1478 :
— RAMÉ (Alfred), Note sur le sceau de Thomas James, évêque de Dol.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k856630c.image
— MISSEL REALISE PAR ATTAVANTE EN 1483
— DEUFFIC (Jean-Luc), 2007, « Attavante degli Attavanti et le missel de Thomas James, évêque de Dol (+ 1504) » [archive], sur Pecia, le manuscrit médiéval.
http://blog.pecia.fr/post/2007/08/12/Attavente-et-le-missel-de-Thomas-James-eveque-de-Dol-1504
—DELISLE Léopold
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1882_num_43_1_447089
—Images :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Missel_de_Thomas_James
https://bvmm.irht.cnrs.fr/resultRecherche/resultRecherche.php?COMPOSITION_ID=7246
https://bvmm.irht.cnrs.fr/iiif/12483/canvas/canvas-1333478/view
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