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29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 15:05

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Placé dans la quatrième chapelle du bas-coté nord, dédiée à sainte Anne, cette baie haute de 5,50 m et large de 3 m  possède 4 lancettes trilobées et un tympan à 4 mouchettes, 1 soufflet et 2 petits écoinçons. Le décor figuré est placé au centre de verres blancs losangés remplaçant, dès le XVIIIe, des parties manquantes, et se décrit en deux registres.

La verrière a été recomposée, mais peu restituée.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LES LANCETTES CENTRALES.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR. LES DONATEURS ET LEURS PATRONS.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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1°) La partie droite : Pierre Le Pelletier et ses trois fils présentés par saint Pierre.

a) Identification :

Elle est basée sur les saints qui présentent les donateurs, sainte Geneviève pour l'épouse et saint Pierre pour le donateur. (On sait pourtant que les intercesseurs ne sont pas obligatoirement liés aux prénoms des couples). Ce point de départ conduit E. Hamon à écrire :

"Ces figures accompagnent un couple de donateur et leurs enfants dont nous n'avons pu identifier les armoiries associées. La confrontation de ces deux prénoms aux listes des notables de Gisors nous permet de proposer les noms de Pierre Le Pelletier et de son épouse Geneviève." Étienne Hamon ... Gisors et les églises du Vexin français.

Un Pierre le Pelletier fut lieutenant du bailli de Gisors en 1547 : dans des actes concernant les Métiers de Gisors, il  est dit "maistre Pierre Le Pelletier,  écuyer, notre lieutenant en la ville et chatellenie du dict Gisors » page 144, tandis que Adam de Houdon est bailli et capitaine de Gisors. (Passy, 1907). Il appose sa signature sur les statuts des Patissiers Rotisseurs (31 janvier), des Tisserands en drap (24 janvier), des Chaudronniers (31 janvier). Notons dans le même ouvrage qu'en 1538, un Jehan Le Pelletier était Procureur du roi à Gisors. 

Le même, ou un autre "maître Pierre Le Pelletier " et dit , écuyer, député du parlement de Rouen en ... qualité de lieutenant général nommé en 1526, ...lieutenant général de Gisors" (Mémoires Auguste Le Prévost) , et un autre est, plus tard, député du tiers-état de la vicomté de Beaumont-le-Roger. (L. Passy 1907)

 

L'examen des armoiries devrait nous renseigner. Celles de Pierre Le Pelletier pourraient être blasonner comme d'azur, à une fasce d'argent chargée de deux roses de gueules et une molette de sable, au chef une gerbe de blé d'or. Celles de son épouse, inscrites dans un losange comme celle des femmes, sont, pour le parti du mari, presque identiques mais la fasce porte trois roses, la molette ayant disparu. La moitié qui correspond à sa famille serait d'argent à une rose de gueules

Elles ne procurent aucune piste.

Ces armoiries sont différentes de celles ( d'azur, d la fusée d'argent , chargée de trois coquilles de sable) de Henri Le Pelletier, seigneur de Bonnemare marié en 1493 avec Geneviève Jubert du Thil et donateur aux Andelys d'un vitrail réalisée à Rouen par Arnoult de Nimègues mais qui fut adaptée à une baie nouvelle et complétée vers 1540 par Romain Buron  à l'initiative des donateurs, ou de leurs enfants. 

Elles possèdent certains éléments (roses de gueules, éperons de sable, fond d'azur) des armoiries des Le Pelletier originaire du Mans. Les roses de gueules se retrouvent aussi autour d'un chêne arraché chez des membres d'une autre famille Le Pelletier

 

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b) Description.

Le donateur est représenté agenouillé à un autel, tourné vers la droite, partie où se trouvait à l'origine la scène ou le saint personnage vénéré. Il est vêtu d'un grand manteau bleu sur un habit rouge à dentelles aux poignets. Son écu est posé à ses cotés. Ses trois fils sont à genoux derrière lui ; deux ont la tête couverte d'un bonnet.

La rose rouge des armoiries est montée "en chef d'œuvre", c'est à dire que son emplacement est découpé à l'intérieur de la fasce blanche. C'était sans doute le cas pour sa voisine, avant que ne survienne des traits de refend nécessitant des plombs de casse.

 

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Saint Pierre porte un livre et deux clefs. À l'arrière-plan, sur une architecture, Moïse tenant les tables de la loi et Calvaire devant un autel situent la scène dans une église. Les initiales P+S , juste au dessus de la tête nimbée de saint Pierre, ont été négligées par les auteurs recherchant des signatures.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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2°) La partie gauche : Geneviève Le Pelletier et sa fille présentées par sainte Geneviève.

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Geneviève Le Pelletier (?) se tient agenouillée derrière le même autel tendu du même drap damassé vert que son époux, ses armoiries losangiques à ses cotés.

Son livre d'heures à tranche dorée et ornée de motifs géométriques est ouvert devant elle.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La femme est vêtue d'une robe rouge à encolure carrée, et aux très larges manches de fourrure. L'avant-bras qui en sort est revêtu de manches bleues lacées par des aiguillettes et se terminant par de la dentelle. Sa main droite porte cinq bagues, des demi-joncs d'or dont deux sur le majeur. Il faut décrire aussi la ceinture jaune, nouée, la chemise de dentelle, remontant haut et serrée par un ruban doré où une croix est suspendue, et enfin le chaperon à bavolet , cet escoffion surmonté d'un grand pan de toile noire se relevant au dessus du visage et descendant dans le dos. Les cheveux sont ramassées sur les tempes par une résille.

 

 

La jeune fille porte une tenue analogue, mais l'encolure de la robe est ronde, et les bagues sont absentes.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Sainte Geneviève tient un livre dans sa couverte bleue, mais elle est identifiée par le cierge de sa main gauche. En effet, celui-ci donne lieu à une scène spécifique de cette sainte, celle dans laquelle un ange allume la mèche tandis qu'un diable tente de l'éteindre grâce à un soufflet. Ici, où le panneau est sans doute incomplet, seul le diable (d'un beau verre rouge gravé) et son accessoire sont bien visibles, tandis que l'amorce de l'ange se distingue à gauche.

Voir le thème iconographique du cierge, de l'ange et du diable dans mon article sur Brennilis :

http://www.lavieb-aile.com/2016/09/notre-dame-de-breac-ellis-en-l-eglise-de-brennilis-une-vierge-a-la-demone.html

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. SAINTE CLOTILDE ET LA VIERGE À L'ENFANT.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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1°) Sainte Clotilde.

 

La sainte occupe une niche tronquée au fond damassé (motif à rouelles) couronné d'un dais où deux anges soutiennent une clef portant les initiales R.B.

L'abbé Blanquart, qui a pu les examiner dans un  état plus complet, en a résolu le monogramme, celui du peintre verrier ROMAIN BURON. Il en a donné un relevé précieux :

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Blanquart 1885 page 73. numérisation Google BNF.

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Sous cette inscription, la niche se complète d'une voûte en cul de four et de baies grillagées, et d'un bandeau où se lit l'nscription : SANT CROTI . (N rétrograde).

 

 

" Le panneau de gauche représente sainte Clotilde, elle porte la couronne royale, son manteau bleu est fleurdelysé, sur ses épaules on voit une étoffe violette ; à la ceinture, une large chaîne d'or formant des festons; la jupe est d'un beau rouge. A la hauteur des épaules, on lit SANT CROTI. La tête se détache sur une voûte d'église. Au haut de la verrière, un écusson est tenu par deux anges. De la main gauche, la Sainte tient une église dorée et très ornée, qui se détache en clair sur les autres couleurs plus sombres. " (L. Coutil, 1909)

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Le culte de sainte Clotilde s'explique par la proximité des Andelys, lieu où la sainte épouse de Clovis avait créée,  un monastère, le premier monastère qu’elle fit bâtir en France, en 511, avant même celui qu’elle fit édifier à Chelles. Il fut détruit lors des invasions normandes du début du 10e siècle, mais une fontaine miraculeuse de Sainte Clotilde y fut  à l’origine d’un pèlerinage, qui avait lieu chaque année, le jour de la fête de la Sainte Clotilde, le 2 juin. 

Vers 1540, la collégiale des Andelys fut dotée de 3 verrières de la Vie de sainte Clotilde (baies 20, 24 et 26).

Ce culte explique aussi que Clotilde soit représentée ici tenant la maquette d'une église, celle des Andelys : elle s'inspire de la statue identique, du XIVe siècle, qui y est conservée. 

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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2°) La Vierge à l'Enfant.

Elle est placée dans le même cadre (niche tronquée, tenture damassée, cul de four, initiales R.B...) et le bandeau porte l'inscription AVM / PLA qui renvoie à l'oraison AVE MARIA GRACIA PLENA.

La Vierge est nimbée, couronnée, vêtue d'un manteau bleu, d'un surcot rouge et d'une robe violette. Son fils porte le nimbe crucifère et tend la main vers l'objet que lui présente sa mère et que la barlotière ne nous permet pas de distinguer.

La couronne est ornée d'étoiles, 

L'élément le plus remarquable est le grand cercle jaune à anneaux concentriques blancs dans lequel le couple se détache ; il répond au nimbe de Marie, traité de la même façon au jaune d'argent. Ce halo, et la couronne ornée d'étoiles, amène Callias Bey et al. à effectuer judicieusement  le rapprochement avec la gravure de Dürer Bratsch 31 de 1508 de la Vierge couronnée d'étoiles. L'objet qui réunit les mains de la mère et celle du fils est alors une pomme, ou du moins une sphère. Le croissant est absent sur le panneau vitré.

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Gallica : [La Vierge sur un croissant de lune, avec une couronne d'étoiles] : [estampe] ([1er état]) / AD 1508 [A. Dürer] [monogr.]

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE TYMPAN.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les auteurs de Vitraux de Haute Normandie décrivent les trois mouchettes du tympan comme étant les scènes de la vocation de saint Pierre (Lc 5:1-11). Pourtant, il s'agit plutôt des scènes de l'Apparition du Christ aux apôtres (Jn 21:1-24), encadrant de chaque coté celle de Pierre marchant sur les eaux (Mt. 14:22-33).

En effet, au centre, nous voyons saint Pierre (manteau rouge et robe or du registre inférieur) marchant sur les eaux : Et il dit: Viens! Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi!  Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?

 

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La mouchette de gauche montre une Pêche miraculeuse. Parmi les quatre personnages, Jésus est dans une nef à deux mâts et écarte les mains, tandis que trois pêcheurs dans une barque tirent des filets remplis de poissons.

Or, dans le Nouveau Testament, il y a deux pêches miraculeuses, une avant (Lc 5. 1-11 ) et une après (Jn 21. 1-24 ) la résurrection de Jésus-Christ.

La première, relatée par Luc, est à l'origine de la vocation des apôtres Pierre, Jacques et Jean, qui abandonnant leurs filets se mettent à la suite du Christ et deviendront 'pêcheurs d'hommes'.

La seconde, relatée par Jean, est liée à une manifestation de Jésus ressuscité au même groupe de pêcheurs, confirmant par un repas pris ensemble l'aspect physique de sa résurrection et le caractère universel de la mission qui leur est confiée (153 poissons dans les filets). Jean ne présente pas l'événement comme 'miracle'.

La présence de Jésus dans une barque inciterait à voir ici le texte de Luc.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Pourtant, la mouchette de droite montre clairement le Christ ressuscité : en effet, il se tient sur la berge et il tient la croix et l'étendard de sa victoire sur la mort. Cela correspond au texte de Jn  21. 1-7 :

 

"Après cela, Jésus se montra encore aux disciples, sur les bords de la mer de Tibériade. Et voici de quelle manière il se montra. Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples de Jésus, étaient ensemble. Simon Pierre leur dit: Je vais pêcher. Ils lui dirent: Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent et montèrent dans une barque, et cette nuit-là ils ne prirent rien. Le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage; mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus. Jésus leur dit: Enfants, n'avez-vous rien à manger? Ils lui répondirent: Non.  Il leur dit: Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le retirer, à cause de la grande quantité de poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: C'est le Seigneur! Et Simon Pierre, dès qu'il eut entendu que c'était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu, et se jeta dans la mer."

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le peintre-verrier Romain Buron élève des Le Prince de Beauvais:

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Romain Buron est un peintre et maître-verrier français de Gisors, actif entre 1534 et 1575 (*). Principal disciple d'Engrand Leprince à Beauvais, où il aurait pu séjourner comme apprenti, il est l'auteur de nombreuses verrières à l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche ou encore à la Collégiale Notre-Dame des Andelys. (D'après Wikipédia)  (*) Callias Bey et al. étendent son activité à 1531, date du baptême de son fils Jehan, à 1589. 

"Romain Buron et peut-être les autres membres de sa famille documentés par les archives, Jean son père connu de 1521 à 1579 ou Guillaume son frère actif au moins de 1550 à 1579, prolongèrent depuis Gisors la façon de Beauvais, adaptée à leur manière au delà du mileu du XVIe siècle. " (Callias Bey p.50)

 

1°) Romain Buron à Conches vers 1535-1540.

Les vitraux (baies 0 à 6) du chœur de l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche représentent des scènes de la Vie de sainte Foy et de la Passion du Christ. Ils ont été réalisés principalement vers 1535, la plupart d'après des gravures d'Albrecht Dürer, à Gisors dans l'atelier de Romain Buron, un élève d'Engrand Leprince (la baie B porte une signature). Pendant longtemps, l'inscription « Aldegrevers ho anno domini XX », découverte en 1855 dans le galon du costume de saint Louis, sur la baie 1 du Supplice de sainte Foy, a fait attribuer à tort les verrières au Heinrich Aldegrever, élève de Dürer. La thèse actuelle est que Romain Buron a copié intégralement un carton d'Aldegrever — Quatorze enfants dansants en rond...pour les putti du registre inférieur —, y compris la signature. Cette gravure datant de 1535, les verrières dues à Romain Buron à Conches ne peuvnet être antérieurs à cette date. Le monogramme de Romain Buron sur la lame du sable de saint Pierre dans la baie 3 (Jésus au Mont des Oliviers). La baie 11 de Conches , la Vierge aux litanies, vers 1540, est aussi attribuée à romain Buron.

"Il s'agit d'œuvres vivement colorées, parfois de façon un peu surprenante. Dans la baie sud de l'abside de Conches, les personnages évoluent dans des architectures pareilles à des décors de théâtre, qui associent étrangement un rose violet, un vert et un violet soutenus, comme on le voit avec peut-être plus de modération dans le vitrail de Saint-Claude à Saint-Etienne de Beauvais (1527)" (Callias Bey p. 50)

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2°) Romain Buron à la collégiale des Andelys, vers 1540 1550.

Le peintre a signé la baie 106, mais l'attribution de la baie 18, de l'adaptation de la baie 16 est probable, de même  que celle des plus belles verrières de la nef (126, 128 et 130), des baies 102 et 104 du Credo apostolique du chœur. 

"Les dais d'architecture et surtout le tympan du vitrail signé de Notre-Dame des Andelys par exemple, montrent aussi que Romain Buron apprit de ses maîtres l'emploi virtuose  du jaune d'argent. Il leur empruntait même des schémas ou éléments de composition" (Callias Bey p. 50)

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3°) Romain Buron à Gisors vers 1530-1540.

Pour la collégiale de Gisors Engrand Le Prince réalisa en 1526 dans son atelier de Beauvais  la baie 21 de la Vie de Saint-Claude, puis en 1527 son fils Nicolas réalisa la baie 26 de la Vie des saints Crépin et Crépinien. 

"Sans-doute grâce à l 'équipement laissé par Tassin Burel et aux vitraux créés dans les chapelles Saint-Claude et Saint-Crépin en 1521 et 1560 respectivement par Engrand et Nicolas Le Prince, un atelier se créa à Gisors, dirigé par Jean Buron, documenté de 1521 à 1560. En 1543, il réalise une verrière peinte à Gisors, consacrée à la vie de Saint Luc. Les deux fils de Jean Buron, Guillaume et Romain, prirent sa succession et exécutèrent, dans les années 1560, au moins cinq verrières historiées pour les fenêtres hautes de la nef et pour les baies des chapelles, toutes perdues. Romain, encore actif l'année de sa mort en 1589, ne travailla comme peintre-verrier pour la fabrique de Gisors qu'à partir de 1558, alors qu'il était en âge de travailler dès 1531.C'est au second quart du XVIe siècle qu'appartiennent les verrières documentées ou signées de Saint-Etienne de Beauvais et des Andelys qui ont permis de reconnaître la main de Romain Buron dans les verrières de Gisors, du chœur de Conches et de Jumièges. Les attributions ds panneaux de Gisors et de Conches, confirmées par des initiales R.B. correspondraient à la phase précoce de sa carrière, consacrée à une commande privée." (d'après E. Hamon)

 

En 1555, Romain Buron réalise en quelques jours une verrière de Saint Gervais et saint Protais :

"Le roi Henri II  fit son entrée à Gisors le lundi 25 novembre 1555. À cette époque, Gisors, autour de son église, était l’objet d’un bouillonnement artistique propre à la Renaissance, et nombreux étaient les corps de métiers peintres, sculpteurs, vitriers qui gravitaient autour du chantier de l’église.

Henri II, fils de François I° était roi depuis huit ans lorsqu’il vint visiter Gisors. Après le service solennel du jour de son entrée, le roi eut l’occasion d’assister à d’autres cérémonies religieuses dans notre ville. Comme une sorte de défi, Romain Buron décida de réaliser un vitrail en l’honneur de la présence du roi à Gisors.

C’est ainsi qu’en peu de temps il créa deux vitraux de saint Gervais et saint Protais (les saints patrons de la ville) agrémentés des armes du roi et de la ville de Gisors et de trois fleurs de lys d’or sur fond d’azur. Le roi « fut estonné de voir que si promptement l’on avait fait cet ouvrage qui est la vitre sur notre maistre-autel et en fut bien content… ». Un artiste gisorsien avait en cette année 1555 étonné un roi de France.Il ne subsiste rien aujourd’hui à Gisors de l’œuvre de Romain Buron. Le vitrail qui avait étonné Henri II fut remplacé au XIX° siècle par une œuvre paraît-il médiocre qui ne survécut pas à l’incendie de 1940, ce qui fut hélas le sort de nombreux autres chefs-d’œuvre de notre église." (https://actu.fr/normandie/andelys_27016/gisors-histoire-romain-buron-lartiste-gisorsien-qui-a-etonne-le-roi-de-france_11071410.html)

En 1583, il réalise pour la baie 30 un vitrail sur les Prophètes et les Sibylles, et en 1588 il le remet en état.

4°) Romain Buron à Beauvais.

— En 1572, le peintre est appelé par le marchand Nicolas Brocard pour réaliser une verrière pour la chapelle Saint-Eustache de l'église Saint-Etienne de Beauvais : c'est la baie 18, présentée ici dans ce blog.

13 mai 1572 : « Comparut personnellement Romain Buron, maistre vitrier demourant à Gisors, lequel recongnut avoir promis et par ces présentes promet à Nicolas Brocard, marchant demeurant à Beauvais, à ce présent et acceptant, de faire et fournir deux espaces de vittres estans en la chappelle Saint Eustache, en l'église Saint Estienne dud. Beauvais, et en icelles deux espaces historyer comme une pestilence mortelle assaillit les serviteurs et chambrières de monseigneur saint Eustache et les occyst tous, et peu de temps aprez tous ses chevaulx et toutes ses bestes moururent soudaynement, et comme aucuns des compaignons dud. monseigneur saint Eustache entrèrent par nuyct en sa maison et ravyrent et emportèrent or et argent et le despouillèrent de toutes autres choses, mesmes que luy, sa femme et enfanz s'en fuirent par nuict tous nudz de biens, et comme nonobstant toutes lesd. adversitez mon seigneur saint Eustache rendit grâces et louanges? à Dieu, et au dessoubz desd. hystoires pour mettre et hystorier deux priantz qui seront pourtraictz au mieulx que led. Buron pourra faire les personnes de feu Mahiot Brocard, père dud. Nicolas et Huguette de Bray, sa femme, et au dessoubz desd. Priantz et le tout rendre et livrer, faict et parfaict d'aussi bonnes estoffes et matières que les autres vittres estans en lad. chappelle, assavoir la moictyé desd. hystoires en dedans le jour de Toussaintz prochain venant, et l'autre moictyé le jour de Noël prochain venant; et moyennant ce led. Brocard sera tenu et promet aud. Buron, ce acceptant, de luy bailler et payer au feur et à mesure qu'il besongnera, assavoir dix huit sous pour chacun pied desd. vittres; lesquelles estoffes et matières dessusdites led. Buron sera tenu livrer à ses despens, hors mis le fer, lequel fer led. Brocard sera tenu livrer avecq le plattre qu'il conviendra. » 

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— Jean Lafond, Romain Buron et les vitraux de Conches. L'énigme de l'inscription « Aldegrevers », Bayeux, impr. Colas, 19421.

— Van Moé Émile-Aurèle, Jean Lafond. Romain Buron et les vitraux de Conches. L' énigme de l'inscription «Aldegrevers ».Bayeux, impr. Colas (1942). (Extrait de l'Annuaire normand, 1940, 1941.) [compte-rendu] Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1942  103  pp. 271-272 http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1942_num_103_1_460361_t1_0271_0000_2

— LAURENT (Brigitte), 1986, Les Vitraux de Romain Buron à Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors (Eure) : Directeur de recherche, Madame Anne Prache. Paris IV Sorbonne, 1986.

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SOURCES ET LIENS.

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— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f127.item.zoom

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 171

 

— COUTIL (L.) 1919, Le culte de sainte Clotilde aux Andelys (Eure) et en Normandie, par L. COUTIL, correspondant du ministère de l'Instruction publique, membre de la Société , Recueil de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure, Ancelle fils (Évreux) éditeur , page 33.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63160499/f101.item.r=clotilde.texteImage

— HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors  et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

 

— PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors,  ed. C. Lapierre, Gisors page 261-263

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327

 

 

— PASSY (Louis) , 1907, LE LIVRE DES MÉTIERS DE GISORS AU XVIe SIECLE PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DU VEXIN , PONTOISE SOCIÉTÉ historique DU VEXIN

https://archive.org/stream/lelivredesmtie00pass/lelivredesmtie00pass_djvu.txt

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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