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23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 09:30

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Il s'agit d'une baie éclairant la chapelle de confrérie des tanneurs, dédiée à leur patron saint Claude, dans le bas-coté sud de la nef de l'église de Gisors. Elle montre les scènes de la vie de saint Claude, abbé de Saint-Oyend puis évêque de Besançon.

Elle a été offerte par la confrérie des tanneurs la même année que le célèbre Pilier des Tanneurs qui délimitait leur chapelle.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Haute de 6,90 m et large de 3,10 m, elle comporte 4 lancettes trilobées divisés en trois registres, et un tympan à 4 mouchettes, 1 soufflet et 2 écoinçons. Les panneaux figurés sont placés au centre, tandis que les lancettes latérales et les têtes de lancettes, comme le pourtour du tympan, sont remplies par une vitrerie losangée.

 

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La vie de saint Claude débute, au tympan, par sa naissance.  Il naquit vers 607 au château de Bracon, près de Salins dont son père était gouverneur. Il était le fils d'une illustre famille gallo-romaine, celle des Claudia .

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La mère est dans son lit , tandis qu'une femme lui sert, comme c'était l'usage, le brouet  de l'accouchée, un bouillon mélangé de lait sucré et  d'œuf. Les draps et le ciel de lit sont rouges ; des instruments sont posés sur une desserte blanche.

Une sage-femme tient l'enfant dans ses bras, tandis qu'une servante lui prépare sa première bouillie. 

Sur une table basse sont posés une chandelle et une bassine d'eau : un petit chef-d'œuvre de nature morte.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le style très particulier d'Engrand Le Prince, le maître-verrier, se reconnaît déjà par les visages fantomatiques, et par  le traitement des étoffes faisant contraster des zones blanches et des aplats gris clairs.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Mais ce style est encore mieux reconnu par la virtuose avec laquelle est employé le jaune d'argent de densité différente et qui vient faire ressortir les plages blanches comme d'éclatants miroitements de lumière.

 

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Registre de donation : les blasons des tanneurs et la date de 1526.

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La suite attendue de cette naissance est la scène du baptême : nous allons la trouver au registre supérieur. Mais deux panneaux, sous les têtes de lancettes, méritent notre attention.

 La verrière résulte d'une recomposition  malgré qu'elle ait été peu restaurée (avec une contrepartie négative, la présence de "toiles d'araignées des plombs de casse). Elle fut réparée en 1579 par Anthoine Roussel, puis une vaste campagne "d'éclaircissement" au XVIIIe siècle remplaça des verres colorés par des verres blancs losangés : les paroissiens voulaient y voir clair, à cette époque où les seuls éclairages venaient du jour, ou des chandelles .

Sous une macédoine de verres colorés (atelier Labouret 1948), nous trouvons à gauche un calvaire (crucifixion avec Jean et Marie) se détachant sur un fond de remplages et de verres losangés : c'est l'intérieur de l'église où a lieu le baptême de saint Claude juste en dessous.

L'élément intéressant (à mes yeux) se trouve être le blason des tanneurs de Gisors :  un plat rond et un couteau demi-rond ou écharnoir  couleur or se détachent sur le fond azur. ce sont les armoiries qui figurent aussi sur le Pilier des Tanneurs. Ces meubles (le plat et le couteau) sont gravés sur le verre bleu, c'est à dire que le verre bleu a été meulé ("gravé") pour ne laisser voir que le verre blanc du doublage, qui a été peint au jaune d'argent. Une petite prouesse technique.

Nous retrouvons ce blason à droite, présenté par un ange.

L'inscription est la suivante :

EN LAN SIX CENS ET QUATRE PROPREMENT / AINSI QUE AU LONG LA LEGENDE COMPORTE.

Cette date de 604 est celle de la naissance de saint Claude, bien que la date la plus admise soit la date de 607.

La date de 1526, création du vitrail, a été remontée à l'envers, et à l'extérieur du vitrail.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le registre supérieur : le baptême.

Les registres se lisent en une seule scène sur toute la largeur des deux lancettes

L'inscription (sous réserve):

COME SAINCT CLAUDE EN NOTABLE FASON / FUT BAPTISE POUR LA FOY CATHOLIQUE.

DE LARCHEVESQUE DIGNE DE BESENÇON / LUI APPARUT VISION ANGELIQUE

L-- DES ANGES PAR VERTU DEITIQUE / FUT LEDICT SAINCT EN LAIR HAULT  ESLEVE

EN DEMEURANT --- MAGNIFIQUE / DUI SERT SAINCT CLAUDE MAL EST RELEVE

Cette inscription est précieuse car elle permet de mieux comprendre la peinture. Elle relate un événement miraculeux rarement mentionné, et dont je n'ai pu trouver la source, celui de l'apparition de deux anges lors du baptême. Je ne la trouve pas dans la Vita Longior d'après Chifflet et Mabilion, publiée dans les Acta sanctorum page 639, et elle n'est pas relaté par Claude de Rota dans sa Légende dorée de 1535.

L'enfant, échappant aux mains de l'archevêque (Digne ? le prédécesseur de saint Donat, en titre de 627 à 658 ), est soulevé au dessus des fonts baptismaux par les deux anges. Quatre témoins (dont un seigneur, à bonnet à plume et chausses à crevés), placés derrière le prélat,  assistent à cette intervention divine et manifestent leur émerveillement.

Cette scène est d'autant plus intéressante qu'elle aurait été copiée par Jean Chastellain pour la baie 107 de l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris. (Le chœur de l'église Saint-Étienne est entièrement vitré entre 1540 et 1542 ; Jean Chastellain, né en 1490, est décédé en 1541).  

L'attribution de la baie 107 à Chastellain repose sur Grodecki et al. 1978. Mais cette attribution a été remise en cause par Guy-Michel Leproux en 1986 :

"Quant au marché passé le 11 juin 1541 avec la confrérie de Saint-Claude, Chastellain eut sans doute juste le temps de l'honorer avant sa mort, puisque c'est sa veuve qui en assura la mise en place et reçut le paiement (*). Mais ces vitraux, destinés aux fenêtres basses de la chapelle qu'occupaient les confrères, n'existent plus; on les a souvent confondus avec l'une des grandes verrières des travées droites du chœur, où la vie du même saint Claude est narrée, mais dans un style encore gothique qui n'a aucun rapport avec celui de Chastellain. Il s'agit là de l'un des remplois de verrières antérieures à la construction du nouveau chœur décidés par la fabrique de Saint-Etienne du Mont.(**)

(*) Arch, nat., Min. centr., XXXIII, 26; 1541, 11 juin. Analysé dans Ernest COYECQUE, Recueil d'actes notariés relatifs à l'histoire de Paris et de ses environs, Paris, 1905, 2 vol., n° 1987 et 2254

"(**) Ce que confirme un marché analysé par Madeleine Connat, aux termes duquel un peintre-verrier de la paroisse, Jacques Rousseau, s'engageait à « mectre l'autre voirrière de monseigneur saint Claude en la forme joignant [celle de monseigneur saint Claude en la forme joignant [celle de Notre Dame] où y a quatre jours ». Ce qui correspond à la distribution actuelle, la verrière de la Vierge étant encore en place. Madeleine CONNAT, Documents inédits du Minutier central, dans Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 1950, p. 98-113."

Les photos du site Ndoduc  permettent de constater que les quatre panneaux de Saint-Etienne-du-Mont reprennent les mêmes sujets qu'à Gisors (naissance, baptême, précocité de Claude enfant devant les docteurs, sacre comme évêque), mais qu'il ne s'agit pas d'une copie du vitrail gisorcien (l'angle de vue, les cartons sont différents.  Néanmoins, le style en est comparable, et de nombreux détails (baies losangées, crucifix, surplis et aumusses, mitre) sont des citations exactes. Pourtant, aucun auteur n'a évoqué Engrand Le Prince ou son atelier devant cette baie de Saint-Etienne-du-Mont.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les deux anges, l'un aux ailes jaune-vert, l'autre aux ailes rouges, sont vêtus de robes somptueusement rendues, avec des irisations sur le verre bleu qui suppose l'emploi de verres gravés. De même, le rendu de l'enfant, plein de vie et de mobilité par quelques lavis de grisaille, est confondant.

La tête d'un spectateur apparaît entre les charmants visages blonds des anges.

À l'arrière, une boule de feu traduit sans doute l'intervention divine.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'archevêque et la famille Claudia assistant au baptême.

 

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les couleurs !  J'ignore comment l'étoffe blanche à reflets bleu-vert est faite. Mieux, à sa gauche, un  verre à rayures roses et orange. Et la jambe du seigneur, avec ses crevés, son ruban et des bandes blanches et jaunes !

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le registre intermédiaire. Saint Claude maîtrise précocement les Écritures.

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QUE SAINCT CLAUDE APPRENT LI TESTEMENT / DIEBLE PAR FREQENTEZ LECTURE

QU- BIEN SOUVENT DISPUTOIT HAULTEMENT / A CONNAISTRE DE LA SAINCTE ESCRITURE

LUN DECLARANT CHOSE SI OBSCURE / AUNCUN ESFOIS QUONQUES NE PENSE

ENFFANS ENFFANS AYEZ DAPPRENDRE CURE / NOBLESSE NEST QUE DE SCIENCE

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La capacité de saint Claude de lire les saintes Écritures est souligné par tous les auteurs. Nous le voyons ici, après l'âge de sept ans, face à son maître, qu'il épate par ses connaissances alors que ses petits camarades en sont encore à ânonner le B-A BA, suivant du doigt la ligne de leur livre ou bavardant avec dissipation.  Un petit chien blanc (très fréquent dans les vitraux de cette époque) indique que Claude, son maître, appartient à la noblesse. 


 

"qui usque ad septimum annum, cum decenti cura, in domo parentum suorum nutritus fuit. Transacto autem septimo ætatis suæ anno, ab ipsis parentibus, probatissimis litterarum magistris instruendus traditus fuit; quibus artes quas liberales vocant, infra paucos annos, plene didicit. Infra cujus temporis spatium, non solum artes prædictas, verum etiam libros veteris & novi Testamenti, historias sive passiones sanctorum Martyrum, atque vitas sanctorum Confessorum; [historias sacras legit:] nec non & sermones seu homilias sanctorum Doctorum, sub ipsis magistris adolescens, sibi legendo percurreret. "

"Saint Claude fut instruit au foyer de son illustre famille jusqu’à l’âge de sept ans. Il fut ensuite confié à des maîtres habiles. Ses progrès dans les lettres humaines furent rapides, et Dieu lui donna la grâce de faire également d’admirables progrès dans la pratique des vertus chrétiennes. Il aimait à étudier les divines Écritures, les Ouvrages des Pères de l’Église, la vie des Saints. On le voyait souvent aux pieds des autels, assistant avec ferveur à la messe et aux offices religieux. Il recherchait la société des personnes pieuses et fuyait la compagnie des méchants. Modeste dans son maintien, circonspect dans ses paroles, malgré son extrême jeunesse, il s’efforçait d’éviter tout ce qui pouvait être un prétexte ou un sujet de blâme. Enfin, la pureté de son âme se reflétait jusque dans les traits de son visage: Claude avait l’angélique regard d’un séraphin.

Gollut dit qu’il porta les armes jusqu’à l’âge de vingt ans ; mais, destiné par une sincère vocation à la milice sainte, Claude embrassa à cette époque l’état ecclésiastique et fut reçu au chapitre de l’église cathédrale de Besançon, qui vivait dans la plus édifiante régularité, suivant les institutions et les exemples de l’archevêque saint Donat. Il y fut chargé d’enseigner la science sacrée aux jeunes clercs, et remplit cette fonction avec un brillant succès.

Après avoir vécu pendant douze ans au milieu des prêtres qui faisaient l’ornement de l’Eglise de Besançon, et se sentant pressé par un ardent désir de servir Dieu d’une manière plus parfaite encore, Claude se retira dans la solitude."

 

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Comparez avec le panneau correspondant de Saint-Etienne-du-Mont.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Une foule de détails peut être observée : le meuble en marbre à scènes antiques, la vaisselle d'étain et l'étude des reflets et des volumes qu'elle suscite, la précision des reflets au jaune d'argent du bougeoir, les deux arrière-plans sur verre bleu, l'un montrant le château paternel sur une colline, et l'autre les monuments de la ville de Salins, le verre sur le meuble et la bouteille dans une niche, etc.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le maître tient la férule, instrument de son autorité. La tunique courte est en verre rouge gravé, les zones gravées étant peintes au jaune d'argent.

 

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le registre inférieur.

 

Une inscription, complétée au XXe siècle (notamment en minuscule) indique ceci :

St CLAUDE évêque et patron des tanneurs, 

TU PROTEGES AVEC LE CUIR SOLIDE

LE GISORSIEN toujours RESTE LUCIDE

CONTRE LA BISE ET CONTRE les malheurs

A LOUEE TA VIE TON AIDE il quérit

UN ENGRAND LE PRIEUR siècle xvie

DES ANS DU FEU réparèrent LES BRIS

ET MERLET ET GENDREAU siècle XXe

Cette inscription n'a pas été relevée, ni dans Les Vitraux de Haute Normandie (qui indique seulement qu'elle évoque les méfaits de la Seconde Guerre mondiale), ni par l'abbé Blanquart, pourtant elle présente un certain intérêt. D'une part, elle indique le nom du maître-verrier, "Engrand Le Prieur", que  nous rapprochons d'Engrand Le Prince.

D'autre part, il mentionne deux autres noms, Merlet et Gendreau .

Jean Merlet est l'architecte en chef qui conduisit les restaurations de l'église entre 1946 à 1973.

Gabriel Gendreau est un architecte des Monuments historiques, décédé en 2015,  qui signa notamment, avec Jean Merlet , l'ouvrage La cathédrale d'Evreux, huit siècles d'histoire.

Cette partie de l'inscription date donc de la seconde moitié du XXe siècle.

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Comparez avec le panneau correspondant de Saint-Etienne-du-Mont.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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À gauche est représenté le sacre de saint Claude comme évêque de Besançon. Jean Lafond remarquait en 1943, dans la mitre et dans la chape de l'évêque, "l'extrême liberté et la rapidité du travail.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les clercs qui assistent à l'intronisation, à droite, portent  un surplis blanc sur une soutane soit rouge  à manches larges, soit bleu, et certains sont coiffés de la barrette. Mais ils portent sur le bras gauche une pelisse,  l'aumusse des chanoines. Alors que les verres utilisés sont, pour le 3/4 de la surface, des verres blancs peints de grisaille, la diversité des matières, des plis et des reflets donne un effet chatoyant extrêmement riche.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Il reste à souligner que Nicolas et Pierre Le Prince réalisèrent en 1527, —l'année suivant ce vitrail— la baie 9 de l'église Saint-Etienne de Beauvais dans la chapelle Saint-Claude. Ses quatre lancettes et son tympan sont consacrés à la Vie de saint Claude, mais la relation de cette Vie débute exactement là où la baie de Gisors l'avait laissée. Comme elle, elle est légendée, et on y retrouve la même écriture. 

On retrouve aussi (beaucoup plus développés) les vues de monuments en arrière-plan, avec une reprise de l'une des tours de la baie de Gisors :

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Nicolas et Pierre Le Prince, 1527, baie de saint Claude, église de Beauvais. Photographie lavieb-aile

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Document : Etienne Hamon page 321

 

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Verriers et peintres verriers.

"Au moment du lancement de la reconstruction der l'église, Gisors n'abritait sans doute aucun atelier important de peinture ou de peinture sur verre. Un seul spécialiste du vitrail exerçait semble-t-il dans la ville, Tassin Burel, qualifié ded « verrier » en 1489 à l'occasion de la pose de verres incolores dans les fenêtres du château. C'est lui qui, jusqu'à sa mort en 1518, fut chargé de la plupart des travaux de vitrerie dans l'église en chantier, y compris de la réparation de panneaux peints comme ceux de la verrière 'des Tanneurs » en 1513. Le large éventail de ses compétences, il est également plombier dès 1483 et serrurier-horloger- interdit cependant de voir en lui un artiste ayant pratiqué la peinture sur verre à grande échelle et dans le cadre de créations originales et ambitieuses. Pour preuve, c'est vers les ateliers rouennais que se tournaient les commanditaires les plus exigeants : la fabrique de Gisors elle-même en 1504-1505 pour la réalisation des vitraux des saints patrons de l'église, et, quelques années plus tard, le vicomte de basset pour les verrières qu('il offrit à la collégiale Notre-Dame du Grand -Andely.

À cette date pourtant, la paroisse pouvait compter sur d'autres verriers locaux comme Guillaume Delahaye, fournisseur de lanternes à l'église en 1500-1508 qui répara les vitraux incolores losangés des logis du château en 1514. Quand au « verrier » nommé Aubin qui figure ponctuellement dans les comptes de 1517 pour la fourniture de 274 verres blancs, il s(agit probablement d'un négociant ou d'un producteur installé à l'intérieur de la ville et non d'un artisan spécialisé dans la mise en œuvre du verre plat.

Après le décès de Tassin Burel, cette activité connut un formidable renouveau à Gisors. Se constitua alors, sans doute grâce à l'équipement du défunt et à l'influence des créations beauvaisiennes attestées à Gisors par la présence des vitraux des chapelles Saint-Claude et Saint-Crépin exécutés en 1526 et 1530 respectivement par Engrand et par Nicolas Le Prince, un atelier dirigé par Jean Buron, documenté de 1521 à 1560, qui se spécialisa progressivement dans la peinture sur verre."

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f121.image

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 120

CHIFFLET, Illustrationes Claudianae

—  GRODECKI ( Louis), Françoise Perrot, Jean Taralon, 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, éditions du CNRS (collection Corpus vitrearum Recensement, volume 1), p. 38] 

HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors  et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

— LAFOND, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux: suivie d'un suivie d'un essai historique sur le jaune d'argent, et d'une note sur les plus anciens verres gravés, Lainé, 1944 - 137 pages

— LEPROUX (Guy-Michel ), 1986, Fontainebleau et les arts décoratifs : l'exemple du vitrail Journal des Savants  Année 1986  1-3  pp. 133-154

https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1986_num_1_1_1496

PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors,  ed. C. Lapierre, Gisors page 327

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327

Site Wikipédia en

https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Diocese_of_Saint-Claude

GOYAU (Pierre-Louis-Théophile-Georges) 1913, Saint-Claude , Encyclopédie catholique (1913) , volume 13

http://www.encyclopedie-universelle.net/Saint%20Claude.html

Acta sanctorum page 634 :

https://books.google.fr/books?id=sHZCAQAAIAAJ&pg=RA1-PA70&dq=%22sancto+claudio%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiqhdiuqpzeAhVQxxoKHXPqDMg4FBDoAQhRMAg#v=onepage&q=%22sancto%20claudio%22&f=false

https://www.heiligenlexikon.de/ActaSanctorum/6.Juni.html

VITRAUX :

Louviers - Eglise Notre-Dame - Vitrail avec saint Claude et Claude Le Roux (baie n°24)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Louviers_-_Eglise_Notre-Dame_-_Vitrail_avec_saint_Claude_et_Claude_Le_Roux_(baie_n%C2%B024).jpg

Saint-Etienne-du-Mont , baie 107, Vie de saint Claude :

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm2/his_StClaude.htm

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_h/saint-etienne-du-mont_paris.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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