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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 22:15

La verrière du Christ, de saint Louis et de trois saintes ( vers 1510-1515) offerte par l'archevêque Georges d'Amboise ou baie 14 de l'ancienne collégiale du Grand- Andely des  Andelys.

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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"La ville des Andelys est située à environ 32 kilomètres au sud-est de Rouen, sur la rive droite de la Seine, au pied de la falaise calcaire abrupte de la rive concave d’un méandre. Au Moyen Âge, elle est séparée de la rive du fleuve par une zone marécageuse, le Vivier, qui ne commence à se combler qu’à partir du XVe siècle. À cet endroit, la Seine, plus étroite, est d’un franchissement relativement aisé en doublant la pointe de l’île des Trois Rois. Les Andelys sont un ancien vicus gallo-romain installé non loin de la grande voie de Lutèce à Lillebonne et des axes vers Évreux et Lisieux. Clotilde, femme de Clovis, aurait fondé vers 500-525, aux Andelys, un monastère de femmes dédié à la Vierge et l’existence d’une chapelle Sainte-Clotilde dans l’église Notre-Dame plaide pour l’implantation de l’église collégiale après la destruction du monastère par les Normands vers la fin du IXe siècle, sur le site du monastère. Enfin, le site des Andelys aurait accueilli un des palais mérovingiens de la basse Seine, qualifié de vieux palais (vetus palatium) au VIIe siècle, mais aucune preuve archéologique ne permet de le localiser." Marie Casset, 2007, Le manoir des archevêques de Rouen aux Andelys p. 225-234, in Les évêques aux champs, © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007https://books.openedition.org/purh/7143?lang=fr

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"La ville des Andelys, chef-lieu de l'une des principales subdivisions du bailliage de Gisors, était un important pôle d'activité grâce à son port sur la Seine qui alimentait l'arrière-pays. Les contacts étaient constants entre les deux villes administrés par une même bourgeoisie enrichie par l'exercice des offices publics et sensibilisée aux nouveautés artistiques. La reprise de l'activité architecturale s'est faite dans un contexte politique et économique similaire de celui qui présida à la reconstruction de l'église de Gisors.

L'église collégiale Notre-Dame en offre aujourd'hui le principal témoin, dont la place dans la diffusion des formes reste difficile à apprécier faute de chronologie bien précise. Linda Elaine Neagley a récemment proposé de dater les campagnes flamboyantes initiales, situées par cet auteur dans le chœur et la croisée du transept de la première moitié du XVe, en y identifiant les prototypes de tracés et de modénatures adoptés dès les années 1430 sur le chantier de Saint-Maclou de Rouen. Cette chronologie relative nous semble difficile à admettre au vu des rares repères historiques fiables qui invitent à rajeunir sensiblement les travaux de l'église des Andelys : réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506 et mise en place des vitraux de l'époque flamboyante à partir de la décennie 1500." Étienne Hamon , 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=portail+sud++%22grand-andely%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

 

 

Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame (in Gatouillat 2001)

L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —,  en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant, et nous  gardons du début du XVIe siècle la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.

Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,

La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction  des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.

Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :

Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 14 : v. 1510-1515 . armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise 

Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.

Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.

Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde

Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.

Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.

Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval

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Description.

Cette verrière qui éclaire le portail du bras sud du transept en en formant le tympan  mesure seulement 2,50 m de haut pour 2,70 m de large et se divise en 2 lancettes trilobées et un tympan à 2 soufflets et 2 écoinçons. Ce portail, dit "de la cour de l'archevêque de Rouen", donnait accès au manoir épiscopal, comme le rappelle les armoiries de Georges II d'Amboise du soufflet droit.

Elle a été restaurée en 1865 par Duhamel-Marette et en 1987 par Jean-Pierre Tisserand.

Le thème en est la sainte  royauté. Dans des niches centrales à fronton triangulaire, devant un drap d'honneur damassé, un saint roi et une sainte reine (ou la Vierge) forment à gauche et à droite deux figures principales, et ce couple royal est entouré, dans des niches plus petites, du Christ Sauveur et d'un saint évêque autour du roi, ou de sainte Hélène et de sainte Marguerite autour de la reine.

 


 

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LES LANCETTES.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les lancettes  gauches :

Lancette A : le Christ Sauveur.

nimbe crucifère, geste de bénédiction, tunique pourpre et globus cruciger le caractérisent.

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Lancette B : saint Louis (?).

Tête restituée.

Ce saint porte les insignes régaliens et  le collier de l'Ordre de Saint-Michel. C'est sans doute une figure allégorique et non historique, car aucun roi portant ce collier n'accéda à la sainteté.

On remarquera que le collier est celui à lacs d'amour, c'est à dire celui qui fut en vigueur depuis la création de l'Ordre en 1469 jusqu'à 1516, date à laquelle François Ier fit remplacer les 23 lacs par autant de doubles cordelières en mémoire de saint François : voir mon article :

http://www.lavieb-aile.com/2017/11/la-baie-0-de-la-chapelle-du-penity-a-locronan.html

Remarquez aussi les chaussures Renaissance, élargies en patte d'ours.

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Lancette C : un saint évêque.

Saint Rémi ?

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les lancettes de droites.

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Lancette D : sainte Hélène (attribut : la Sainte Croix).

Lancette E : une "sainte reine non identifiée (sainte Clotilde ?)

C'est l'interprétation des auteurs de Vitraux de Haute-Normandie, mais pourquoi ne pas y voir la Vierge couronnée ?

Lancette F : sainte Marguerite d'Antioche issant du dragon grâce à son crucifix.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LE TYMPAN.

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Dans les écoinçons  et le compartiment supérieur des soufflets, des anges musiciens jouent de la trompette, de la harpe, du luth ou de la  viole à archet.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les compartiments inférieurs des soufflets forment un ensemble héraldique.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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A gauche, les armoiries de France, couronnées,  d'azur aux trois lys d'or sont entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel et présentés par deux cerfs ailés ou cerfs volants. Ce support  (les "tenants") fut d'abord adopté par Charles VI, contre la coutume de ses prédécesseurs qui avaient des anges, puis Charles VII, Louis XI et Charles VIII ( 1483-1498) , conservèrent les cerfs ailés. Louis XII prit comme tenant des porcs-épics et François Ier des salamandres ... (Viollet-le Duc) .

Si on se fie à ses éléments, la datation d'une tel ensemble s'échelonne entre 1469 et 1516 (collier) mais avant 1498 (mort de Charles VIII) : donc de 1469 à 1498.

Sources : 

http://mairiepussay.fr/pages_textes/village/enigme/blason/texte_blason.html

https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article8090

Viollet-le-Duc, Architecture...

 

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Armoiries de Charles VIII

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À droite, les armoiries sont celles d'un archevêque (mais non d'un cardinal) de la famille d'Amboise, palé d'or et de gueules.Les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie y voient celles de Georges II d'Amboise, archevêque de Rouen le 8 août 1511, mais qui reçut son pallium le 9 mars 1514. Il Il devint  cardinal le 16 décembre 1545. Le créneau de datation de cet ensemble serait donc celui de 1514-1545. Mais il ne correspond pas au créneau des armoiries royales.

J'ignore quelles sont les raisons justifiant d'y voir les armoiries archiépiscopales de son oncle Georges  d'Amboise, dont E. Hamon a signalé son mécénat aux Andelys (réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506). C'est un familier de Charles VIII, et c'est à la suite des pressions du roi qu' il est élu archevêque le 21 août 1493 à Rouen par le chapitre, puis confirmé le 21 avril 1494. Il fut  créé cardinal le 17 septembre 1498 .

Il fit réaliser d'importants travaux sur le château de Gaillon, propriété et résidence d'été de l'archevêché de Rouen, et contribue à transformer le site en un château Renaissance complet (logis et jardins) : il est l'un des introducteurs de la Renaissance artistique non seulement en Normandie, mais en France.

Cette hypothèse conduit au créneau de datation de 1494-1498, parfaitement cohérent avec le créneau des armes royales. Mais qui rajeunirait d'une quinzaine d'années ce vitrail, ... à moins de considérer que la verrière fut réalisée en retard par rapport à la commande.

Les armes du cardinal d'Amboise sont surmontées par le chapeau cardinalice : 

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Armes du cardinal d'Amboise (Matthieu Chaine, Wikipédia)

 

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Le portail méridional , dit "de la cour de l'archevêque de Rouen", qui donnait accès au manoir épiscopal, est surmonté de la rose.

 

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Le portail méridional, gravure in Brossard de Ruville.

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SOURCES ET LIENS.

BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.

https://books.google.fr/books?id=IEIbAAAAYAAJ&dq=armoiries+longuemare+d%27azur&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale  in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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