L'Annonciation à trois personnages du tympan du porche sud de la chapelle de Quilinen (Landrévarzec) ...et son double.
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Voir aussi sur cette chapelle :
- Le groupe de saint Yves entre le Riche et le Pauvre de la chapelle de Quilinen à Landrévarzec. Bois, XVIe siècle.
- sa Roue de la Fortune et les restes de son carillon.
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L'abbé Abgrall, qui parcourut en vélo à la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant les routes autour de Quimper (dont il était chanoine), a fait remarquer les richesses de la chapelle de Quilinen, non seulement son calvaire, mais aussi le portail méridional :
"Presque au bas du côté sud de la nef, est un porche ou une grande arcade encadrant une porte géminée et dans le tympan une gracieuse statue de la Vierge agenouillée ayant à sa droite l'ange Gabriel portant sur une banderole l' inscription gothique : AVE . GRATIA . PLENA. A sa gauche un autre ange, aussi à genoux, tient l'inscription NOTRE . DAME . DE . BONNES . NOUVELLES. C'est en effet sous le vocable de Itroun Varia Kelou Mad, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, que les Bretons invoquent la Sainte Vierge dans le mystère de l'Annonciation.
Le cul-de-lampe qui soutient la Vierge est formé d'un aigle tenant un écusson; ceux qui portent les anges sont formés de deux lions tenant aussi des écussons sur lesquels on a peint des blasons de fantaisie. Au-dessus de la grande arcade, sont trois ou quatre autres écussons, dont un timbré d'un casque. Ce joli porche de Quilinen est absolument analogue, comme forme et comme dimensions, à celui de Notre-Dame des Fontaines, en Gouézec [fin du XVe]."
René Couffon tente de surenchérir :
"La porte sud avec son archivolte très relevée, ses hauts pinacles et ses portes géminées, est très semblable à celle de Notre-Dame des Trois-Fontaines en Gouézec ; toutes ses voussures reposent sur des colonnettes à chapiteaux."
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I. LE PORTAIL SUD.
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Le tympan.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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Le groupe de l'Annonciation : la Vierge, Gabriel à gauche et un ange à droite.
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Il y a une certaine étrangeté dans cette composition. Seule la Vierge est sous un dais, gothique, et pas forcément homogène. Elle nous fait face, alors que traditionnellement elle est tournée vers la gauche, où l'ange messager fait irruption. Elle est agenouillé sur un épais coussin, mais ses jambes sont vues de profil et non de face comme le corps. Alors qu'une composition triangulaire adaptée au tympan permettait de placer les personnages sur le même plan horizontal, le dais superfétatoire entraîne une position abaissée de Marie, d'autant que les trois culots sont hauts, et que le culot central est plus bas que les autres.
Enfin, le deuxième ange se trouve ici, comme on dit, "comme un cheveu sur la soupe" : où a-t-on déjà vu cela ? Sur le chapiteau de l'absidiole orientée du bras sud du transept d'Issoire , répondrez-vous ! Tandis que les anges sont trois dans la chapelle des Pelletiers de Cracovie, sur un tableau de Jean Le Grand. Je vois que vous avez lu Piotr Skubiszewski.
Certes, Bernardo Daddi peint, en 1335, deux anges, mais ils se tiennent respectueusement l'un derrière l'autre ! Et Fra Filippo Lippi également, en 1443-1450 dans l'Annonciation Murate.
Il y a parfois un troisième personnage, mais c'est une suivante, l'Écouteuse, ou un témoin : sur la frise de Montmorillon ou, en peinture, dans le chœur préroman de Saint-Martin-des-Puits (Aude) ou à Souillac ou à Conques où la servante s'occupe à filer, rappelant que Marie tissait, avec ses compagnes, le voile du temple.
Victor-Henri Debidour trouve cela très astucieux : l'artiste confronté à la nécessité de centrer le tympan, a laissé le centre à Marie, et il a placé derrière elle un deuxième ange ; et parce qu'il fallait bien lui donner quelque chose à dire, il lui a confié un phylactère avec le nom de la titulaire de la chapelle. Mais il a été obligé de grandir le corps de la Vierge, qui, agenouillée, est aussi grande que si elle était debout.
La belle affaire ! Depuis toujours, ce problème du centrage de la scène entre Marie et Gabriel placés latéralement a trouvé sa solution, en y plaçant une colonne, ou un lys dans son vase, ou une fenêtre, et cette colonne, ce vase ou cette ouverture ont acquis dès lors un sens spirituel élaboré. Ailleurs, c'est le lutrin qui occupe cette place, avec le livre des Écritures. Ou Dieu le Père, ou la colombe.
Face à un cadre identique à celui de notre tympan, dans les cellules de San Marco, Fra Angelico utilise l'arc d'ogive en y inscrivant un silence, le lieu du Mystère.
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On voit bien, si on accepte de se l'avouer, que tout cela n'est pas équilibré et laisse deviner une réorganisation de l'espace dans l'après-coup.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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La Vierge.
Elle est vêtue d'un manteau bleu qui vient recouvrir sa tête, sans dissimuler entièrement ses cheveux blonds. Il recouvre une robe très simple, sans décolleté, vieux-rose, plissée dans sa moitié inférieure, avec un mouvement des plis qui glisse vers sa gauche. Ses mains, s'échappant du revers entrebaillé du col place les deux paumes face à face, dans un geste tenant à la fois de l'étonnement, de la prière et de l'acceptation.
Le visage est doux, rond, la bouche est petite, le regard songeur, le nez droit prolongeant la courbe des deux sourcils épilés.
Debidour l'a dit, nous hésitons devant cette masse en bas à droite : sont-ce ses jambes et ses pieds aux talons dressés ? Seul peut-être le pan trop long du manteau, s'étalant devant le gros coussin, nous convainc que Marie est bien à genoux.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'Ange Gabriel.
C'est tout lui : le genou fléchi, mais dans l'élan de sa course, tenant les paroles de l'Annonciation sur un phylactère, et présentant le lys, la palme ou le bâton désormais brisé, mais que nous imaginons bien.
Le message est tourné vers la Vierge, en lettres gothiques minuscules AVE (en bas) puis la partie perdue GRATIA, et en haut PLENA : Ave gratia plena, Je te salue, pleine de grâces.
Il est sobrement vêtu d'un manteau qui le couvre entièrement, et dont le seul ornement est l'amict, replié sur le rabat du col en formant deux pointes bien repassées.
Nous ne pouvons plus dire si ses beaux cheveux bouclés étaient retenus par un bandeau. Son visage est beau, son regard expressif, ses lèvres à peine ouvertes.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'ange acolyte.
Lui aussi est agenouillé sur un petit coussin, mais il amorce progressivement un mouvement de rotation et de renversement en arrière, dont la retenue, le naturel et la grâce nous charment, pour nous regarder avec un demi-sourire parfaitement réussi. Son aube vient bouffer sous l'effet d'une ceinture ou d'un cordon, donnant aux plis l'occasion de souligner la torsion du tronc.
L'amict est cette fois ci plissée en W, ce qui m'évoque immédiatement les anges de l'atelier ducal du Folgoët (1423-1509) dont c'est l'une des spécificités, tant au Folgoët qu'à la cathédrale de Quimper, à Rumengol, à Daoulas, ou Saint-Herbot. Ces amict se retrouvent aussi sur les vitraux (1402) de Merléac.
http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-du-folgoet.i.l-autel-des-anges.html
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Il tient sa banderole en diagonale comme une écharpe de miss, et malgré les lettres manquantes nous y lisons :
NOSTRE DA~ME DE B.
On notera les lettres conjointes DE. Il y a en effet un tilde au dessus du A et il faut lire NOSTRE DAMME. Cette forme est attestée en France en 1287 à Reims, en 1480 en Anjou, ou à Liège dans la Chronique de Jean d'Oustremeuse, en Pays de Hainaut en 1461, mais aussi en 1776 dans l'appellation "Nostre-Damme de Kerdévot" en Ergué-Gabéric.
La dénomination "Nostre Damme de Bonne Nouvelle" est attestée à Rennes en 1526.
Elle ne permet donc pas une datation précise.
La suite de l'inscription est effacée, hormis un groupe de deux lettres, et il faut donner foi aux relevés de l'abbé Abgrall, un auteur suffisamment précis et soucieux d'épigraphie pour le mériter.
C'est aussi le nom de la Vierge vénérée à la chapelle de Bonne Nouvelle de Locronan (Kelou Mad), ou à celle de Quillidoaré de Cast , toutes les deux très proches de Quilinen. En breton, on la désignait sous le vocable Itron Varia a Gelou Mad, même sens.
Ce serait le duc Jean IV qui après avoir remporté la bataille d'Auray en 1364, aurait décidé d'honorer Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle par la création d'un couvent : "La nouvelle qui fust apportée à ce prince par un héraut au fort de la bataille de la deffaitte et de la mort de son ennemi donna à ce monastère le nom de Couvent de Bonne Nouvelle."
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Le duc Jean IV favorise l'implantation des Jacobins (Dominicains) à Rennes, en 1369, et c'est dans ce couvent de Bonne-Nouvelle (ou des Jacobins) qu'a lieu le don miraculeux du tableau de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle en 1466 : le couvent devient au XVIe-XVIIe un lieu de pèlerinage incontournable.
Il aurait fait débuter la construction d'une chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle à Rennes, , et Guy XII de Laval aurait fait poursuivre les travaux.
La statue de Notre Dame figure dans un retable à volet ainsi que le gisant de saint Herbot à la chapelle Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou, or cette chapelle porte sur son porche sud de 1498 les armes ducales.
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Voir aussi la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle de Pleyben, celle de Roscoff, de Trébeurden, celle d'Uzel, etc.
https://www.bretagne-cotedegranitrose.com/offres/chapelle-de-bonne-nouvelle-trebeurden-fr-2714457/
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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Quel sourire ! An-gé-lique.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, moulage) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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COMMENTAIRES.
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L'abbé Abgrall puis René Couffon insistent plus, dans leur description de ce portail, sur le monument architectural que sur le tympan et ses trois statues en ronde bosse.
Pourtant, ce groupe est singulier pour au moins deux raisons :
a) il est en calcaire, dans un pays où les sculptures en pierre sont en granite ou en kersanton.
b) Le groupe de l'ange tenant le phylactère AVE GRATIA PLENA et de la Vierge mains ouvertes pour signifier le fiat de son adhésion compose une Annonciation, mais la présence d'un deuxième ange présentant le nom de Notre Dame de Bonne Nouvelle est incongru ou du moins très inhabituel.
Surtout, cette œuvre est remarquable par sa beauté.
On cherchera pourtant en vain une étude (hormis peut-être dans les placards inaccessibles de la DRAC) qui lui soit consacrée en propre et qui réponde aux questions qu'elle suscite.
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Datation.
Pour situer le cadre temporel, disons que la chapelle date de la seconde moitié du XVe siècle.
Le riche matériau héraldique de la façade sud, des culots de ces trois personnages, et de l'intérieur, étudié avec brio par Michel Mauguin, indique que le début de la construction se situe entre 1450 et 1457 en raison des armoiries de Jean Lespervez, (l’évêque de Quimper de 1450 à 1471) ; de Pierre II (duc de Bretagne de 1450 à 1457 ), tandis que les armes de Jan du Quélenec en alliance avec Marie de Poulmic, confirment que le début des travaux est antérieur à 1460. Cette construction s'est réalisée en deux étapes, la nef en premier puis le chœur et le transept. La fin des travaux est moins précise, à la fin du XVe siècle. Le portail sud daterait donc de ce créneau initial 1450-1457 prolongé jusque vers 1490. Mais ce n'est qu'un indice pour la datation de l'Annonciation elle-même, contemporaine ou plus tardive.
Daniel Kernalegenn souligne que "Si on regarde par contre les blasons peints sur les culs de lampes des statues de l’Annonciation nous avons un couple de 1413 (Kerguelen-Quistinic) et deux autres alliances non connues mais dont l’une des familles est chaque fois la famille de Launay. Ce qui est troublant dans ces trois blasons c’est que l’on ne retrouve pas le mariage fondateur qui donne un poids énorme à la famille de Kerguelen dans cette chapelle et qui est le mariage qui a été célébré en août 1449 entre Guillaume de Kerguelen et Blanche de Launay (La famille de Launay habitait le manoir de Penn ar yeun à 1km de la chapelle ; la famille de Kerguelen habitait au manoir de Keranroc’h à 5 ou 6 km). Si ce mariage avait été célébré avant le début de cette construction il aurait été en première place (des petits nobles bien sûr) dans les blasons de cette partie."
Matériau : le calcaire.
Dans son étude sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne, Emmanuelle Le Seach écrit:
"Cinq types de pierre ont été utilisés dans la sculpture bas-bretonne : le kersanton, le granite, le grès feldspathique, la pierre de Logonna et le calcaire. [...] Le calcaire est pour la Basse-Bretagne une pierre d'importation qui provient le plus souvent de la vallée de la Loire (Saumur, Angers) mais la localisation des zones d'extraction ne peut être précisée sans des analyses pétrochimiques poussées. On la rencontre six fois dans le catalogue à partir du XVe siècle (Kergloff), toujours de manière polychrome, ce qui gêne parfois son identification".
Le catalogue d'E. Le Seac'h est extrêmement complet, pourtant il ne comporte ni ce groupe de l'Annonciation de la chapelle de Quilinen, ni le Saint Cadoc (pierre calcaire) ni la statue de N.D. de Kilinenn ( enpierre calcaire également) , et pas d'avantage les autres œuvres en calcaire remarquables par leurs dates : la Vierge allaitant dite Notre-Dame de Languivoa, datée du XIVe siècle, à Plonéour-Lanvern, et La Mise au tombeau (fin XVe-début XVIe) de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé .
http://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-vierge-allaitant-de-la-chapelle-de-languivoa-a-plone
http://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-mise-au-tombeau-de-l-abbatiale-sainte-croix-de-quimperle.html
Les six sculptures en calcaire du catalogue sont :
— La Pietà aux 2 anges de douceur de Saint-Herbot en Plovevez-du-Faou, XVe
http://www.lavieb-aile.com/2017/03/l-enclos-paroissial-de-saint-herbot-en-plonevez-du-faou.v.la-pieta-et-les-deux-anges-de-douceur-xvie-siecle.html
— La Pietà assistée de deux anges de Plozevet (XVIe) : même sculpteur qu'à Saint-Hernot.
— La Pietà à l'ange de compassion de Melgven (1499)
— La Pietà accompagnée de six anges de Penmarc'h (XVIe)
— La Pietà (XVIe) accompagnée d'un ange de la chapelle de Trémorvezen à Névez
— La Pietà assistée de deux anges de Kergloff (XVe)
Cet inventaire des sculptures en calcaire n'est pas exhaustif, même en lui ajoutant deux autres Pietà , sans angelots se trouvent dans le Morbihan à la chapelle Notre-Dame-la-Blanche à Theix, et de l'église Saint-Pierre-es-liens de Plescop. Mais il est notable que sur ces onze œuvres, dix concernent spécifiquement la Vierge et que sept comportent des anges. Cinq sont antérieures au XVIe siècle.
Je vais donc faire, du fond de mon incompétence, le pari que ce groupe sculpté date de la deuxième moitié du XVe siècle, et qu'il est donc contemporain de la construction du portail sud. Cela me permettra de me focaliser sur cette période pour une mise en parallèle avec d'autres Annonciations.
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3. Sujet : l'Annonciation sur le tympan.
L'Annonciation se retrouve dans les églises ou chapelles bretonnes suivantes :
- La Ferrière, église Notre-Dame, bas-coté, kersanton, atelier ducal du Folgoët, 1423-1468.
- Rumengol (Le Faou), tympan du porche intérieur qui date vers 1468. Date ? Atelier ?
- La Martyre, porte triomphale, kersanton, 1520-1530.
- Pleyben, église Saint-Germain, porche sud, kersanton. Atelier Prigent (1527-1577)
- Châteaulin, chapelle Notre-Dame, kersanton, Atelier Prigent (1527-1577)
- Bodilis, église, contrefort du porche de 1585-1601, kersanton, par Roland Doré.
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La seule Annonciation occupant le tympan d'un porche se trouve à Rumengol. Elle mérite d'être comparée à celle de Quilinen. Le lien vers mon article ouvrira à une discussion iconographique.
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Avant de quitter ce portail, voici les culots armoriés (après restauration): je renvoie à l'article de Michel Mauguin pour les commentaires.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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II. LA SCULPTURE ORIGINALE A L'INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE.
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"La municipalité avait été alertée en juin 2006 de l’état de conservation déplorable du groupe de l’Annonciation conservé dans le tympan du porche sud de la chapelle. Cette œuvre de très grande qualité, selon les dires de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), était en très grand danger. Après bien des péripéties, et une première entreprise de restauration qui fait faillite, l’œuvre a enfin été restaurée par Hélène Gruau, une restauratrice de sculptures travaillant à Tours. Malheureusement cette œuvre, réalisée en pierre calcaire, même restaurée, ne pourra être remise à son emplacement initial car elle est devenue trop fragile. Il aurait bien entendu été très dommage de laisser vide l’emplacement initial de ces trois sculptures et c’est pourquoi leurs copies sont actuellement en cours de réalisation." (Bulletin communal de Landrévarzec)
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Cette excellente initiative est d'autant plus appréciable que, nous l'avons vu, les moulages n'ont pas à rougir de leur statut de fac-similé, et que le portail en est fortement embelli.
Les photographes regretteront seulement que le groupe original soit placé sur un autel de la chapelle nord, sous une fenêtre orientée à l'est, et que les photos soient perturbées par l'incidence de la lumière du jour. Par contre, les statues sont désormais parfaitement accessibles au regard.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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"Nostre Damme de Bonne Nouvelle"
L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'ange Gabriel.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'ange acolyte.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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L'Annonciation (calcaire polychrome, XVe siècle ?) du portail sud de la chapelle de Quilinen. Photographie lavieb-aile 3 mars 2019.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie) 1903, BDHA, Quimper
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4f196b88dd412e5e8404c70acf3860ca.pdf
"Les portes jumelées en plein cintre se voient un peu plus tard aux deux portails sud de la chapelle de Quilinen en Landrevarzec et des Trois-Fontaines en Gouézec."
"Un sujet que l'on a figuré dans un certain nombre d'églises, c'est l'Annonciation. Au Folgoat, d'un côté de l'immense maîtresse vitre, la Sainte-Vierge est agenouillée sur un prie-Dieu, et de l'autre côté, en face d'elle, est l'ange Gabriel. Même groupe à la façade du porche Sud de Pleyben, 1588, à l'arc de triomphe de la Martyre, à la porte Sud de la chapelle de Quilinen, en Landrévarzec, au porche de Rumengol, en 1537, et à l'entrée du porche de Bodilis, en 1631. Ici l'ange Gabriel tient un lis entouré dune banderole portant sa salutation : Ave gratia plena. En face, la Vierge est à genoux sur un coussin, ayant à ses pieds un vase d'où sort un lis autour duquel s'enroule également une banderole, avec sa réponse : Ecce ancilla Domini, flat mihi secundum verbum tuum, ".BDHA 1903 page 32"
"Après saint Michel, l'Archange Gabriel ; mais celui-ci a beaucoup moins de représentations dans nos églises. Nous trouvons de lui une magnifique statue dans le sanctuaire du Juc'h, en face de Notre-Dame. Par ailleurs ii figure dans le mystère de l'Annonciation â côté de la maîtresse fenêtre du Folgoat, au joli petit porche de N. D. de Quilinen, en Landrévarzec, au fond du porche de Rumengol, à la façade de ceux de Bodilis et de Pleyben, aux calvaires de Tronoën, en Saint Jean Trolimon, de Plougonven, Plougastel et Pleyben. Dans ces groupes l'ange Gabriel est presque toujours figuré à genoux, vêtu d'une dalmatique et tenant un lis ou un sceptre autour duquel s'enroule une banderole portant sa salutation : Ave gratia plena. " BDHA 1903 Page 75
— ABGRALL (Jean-Marie) et PEYRON (Henri), 1917, Notice sur Landrévarzec, “ Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie 1917,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/249.
"Cette chapelle, située à 1.500 mètres du bourg, se trouve au bord de la route de Quimper à Châteaulin, près du 11e kilomètre. Elle présente extérieurement une ornementation très riche du côté de l'abside et sur la façade Midi, et est accompagnée d'un calvaire remarquable dont il sera fait une description détaillée. Le mur Est, formant l'abside droite et une branche de transept Nord, est percé de trois belles fenêtres et appuyé par quatre contreforts surmontés de pinacles aigus hérissés de crossettes. Sur la façade Sud on trouve trois autres jolies fenêtres, une petite porte élégante et deux contreforts, dont l'un très massif, renferme un escalier qui desservait autrefois un jubé intérieur ou une tribune qui, sur sa face extérieure, contient une niche renfermant une statue de saint Pierre, en pierre blanche, maintenant dégradée, mais offrant toujours, dans les bordures de ses vêtements, des broderies d'une extrême finesse rappelant le genre et le style des draperies des personnages composant l'ancien Sépulcre de Sainte-Croix de Quimperlé.
Presque au bas de ce côté de la nef, est un porche ou une grande arcade encadrant une porte géminée et dans le tympan une gracieuse statue de la Vierge agenouillée ayant à sa droite l'ange Gabriel portant sur une banderole l' inscription gothique : AVE . GRATIA . PLENA. - A sa gauche un autre ange, aussi à genoux, tient l'inscription NOTRE . DAME . DE . BONNES . NOUVELLES. C'est en effet sous le vocable de Itroun Varia Kelou Mad, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, que les Bretons invoquent la Sainte Vierge dans le mystère de l'Annonciation. Le cul-de-lampe qui soutient la Vierge est formé d'un aigle tenant un écusson; ceux qui portent les anges sont formés de deux lions tenant aussi des écussons sur lesquels on a peint des blasons de fantaisie. Au-dessus de la grande arcade, sont trois ou quatre autres écussons, dont un timbré d'un casque. Ce joli porche de Quilinen est absolument analogue, comme forme et comme dimensions, à celui de Notre-Dame des Fontaines, en Gouézec."
— ABGRALL (Jean-Marie) En vélo autour de Quimper page 26.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102119s/f27.image.r=quilinen
— ABGRALL (Jean-Marie) BDHA 1901.
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1901.pdf
— Anonyme, 1960, "Eglises et chapelles de la Région de Châteaulin", C 1960, p. 22, I 1961, Association Bretonne, Congrès de Châteaulin - juillet 1960 - T LXIX Bulletin du 88° congrès - Conférences et mémoires
— BULLETIN COMMUNAL DE LANDREVARZEC 211
http://www.landrevarzec.fr/IMG/pdf/bulletin-communal_25_landrevarzec_01-2011.pdf
"La municipalité avait été alertée en juin 2006 de l’état de conservation déplorable du groupe de l’Annonciation conservé dans le tympan du porche sud de la chapelle. Cette œuvre de très grande qualité, selon les dires de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), était en très grand danger. Après bien des péripéties, et une première entreprise de restauration qui fait faillite, l’œuvre a enfin été restaurée par Hélène Gruau, une restauratrice de sculptures travaillant à Tours. Malheureusement cette œuvre, réalisée en pierre calcaire, même restaurée, ne pourra être remise à son emplacement initial car elle est devenue trop fragile. Il aurait bien entendu été très dommage de laisser vide l’emplacement initial de ces trois sculptures et c’est pourquoi leurs copies sont actuellement en cours de réalisation. Nous espérons que ces statues, originaux et copies, seront à leurs places respectives avant le début de l’été."
— CASTEL (Yves-Pascal), LUBIN (Joël), 2014, Landrévarzec La chapelle Notre-Dame de Quilinen, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, pages 133 à 154.
— COUFFON (René), 1988, http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/LANDREVA.pdf
La porte sud avec son archivolte très relevée, ses hauts pinacles et ses portes géminées, est très semblable à celle de Notre-Dame des Trois-Fontaines en Gouézec ; toutes ses voussures reposent sur des colonnettes à chapiteaux.
Mobilier : groupe de l'Annonciation avec deux anges à banderoles, "AVE GRATIA PLENA" sur celle de Gabriel, "NOTRE DAME DE BONNES NOUVELLES" sur l'autre (tympan du portail sud),
— DEBIDOUR (V.-H.°, 1953, La sculpture bretonne, étude d'iconographie religieuse populaire, Rennes, p.91.
"Lorsqu'il s'agit d'un tympan, un problème de répartition se pose à l'artiste : il est souhaitable, évidemment, de laisser le centre à Marie ; c'est ce qui a été fait à Quilinen, mais il a fallu, malgré le dais au dessus et une console au dessous, allonger exagérément le corps pour qu'il meuble toute la hauteur : agenouillé, il a à peu près les proportions qu'il aurait debout : Gabriel, en génuflexion à la droite de Marie, et nettement plus petit, déploie vers elle un phylactère à Ave gratia plena en lettres gothiques. Mais l'équilibre a exigé en face un autre ange tout semblable — dont l'infériorité se marque pourtant à ce qu'il n'a qu'une robe simple et non la belle dalmatique de l'archange, — et qui, faute d'avoir quelque chose à dire, porte sur sa banderole le titre de dévotion de la chapelle : « Notre-Dame de Bonnes-Nouvelles »."
—Dossier Monuments historiques Dossier IA29005115 réalisé en 1992
— Dossier PA00090046
http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, Presses Universitaires de Rennes.
— MAUGUIN (Michel), 2016, Les armoiries de la chapelle de Quilinen alias Kilinenn en Landrévarzec, Bulletin SAF
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