Le buste-reliquaire en argent et les statues de saint Guénolé (Gwennolé) au Musée de Landévennec.
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Voir, sur Landévennec :
- Le buste-reliquaire en argent et les statues de saint Guénolé (Gwennolé) au Musée de Landévennec.
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Le Pardon de saint Guénolé à l'abbaye de Landévennec le 1er mai. Prosesion ha gousperoù.
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Le cimetière de bateaux (militaires) de Landevennec en 2013.
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"La bannière Le Minor de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage"
et : Mes 150 articles sur la Presqu'île de Crozon.
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Saint Guénolé, fondateur de l'abbaye de Landévennec, était l'un des trois de fils de sainte Gwen et de saint Fragan. Au Vème siècle en Bretagne., ils auraient débarqué, venant probablement du pays de Galles, dans la baie de Saint-Brieuc pour se fixer à Ploufragan (Côtes d’Armor).
Guénolé, vers 470, est confié encore enfant à saint Budoc pour être formé dans l’ermitage de celui-ci, situé sur l’île Lavret, dans l’archipel de Bréhat. Vers 485, il manifeste le désir de se rendre en Irlande pour vénérer les restes de saint Patrick qui vient de mourir, mais l’apôtre lui apparaît en songe pour lui indiquer qu’il est préférable de rester en Armorique pour y fonder une abbaye. Avec onze autres disciples de saint Budoc, il s’établit dans une autre île appelée Tibidy,. Au bout de trois ans, en 490, il fonde une nouvelle abbaye à Landévennec qui devient le centre religieux de
la Bretagne de l’ouest. Il y meurt en 532.
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I. LE BUSTE RELIQUAIRE EN ARGENT (XVe siècle).
Orfèvre inconnu, Léon (?), milieu du XVe siècle. Buste-reliquaire en argent repoussé en partie doré, au décor ciselé et gravé, de 21 cm de haut, 18 cm de long et 11,5 cm de large. Poids 600 g. Classement M.H. Le 2 avril 1982. (Y-P. Castel)
Il provient de l'église paroissiale de Saint-Frégant et serait selon Castel (cf. infra) le reliquaire, non pas de Saint Guénolé, mais de sont père Fracan. Pourtant, il est présenté dans le musée de Landévennec comme "buste-reliquaire de saint Guénolé.
Le buste-reliquaire de saint Guénolé proprement dit est conservé à Locquénolé, avec un bras-reliquaire. Les deux bustes de Fragan et de Guénolé sont très comparables, et proviennent du même atelier anonyme.
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Description.
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Le visage est ovale avec un crâne tonsuré et une grande largeur bi-auriculaire, puis un triangle dont la pointe s'adoucit sur un menton rond. Le front exceptionnellement large témoigne de la force intellectuelle et spirituelle du saint.
La forme losangique des yeux est immédiatement remarquée, centrée par le cercle double de la pupille. Ces losanges s'inscrivent dans l'amande oculaire très saillante sous la ligne en T de la cavité orbitaire, ce qui contribue à l'impression très forte du regard, qui n'est ni doux ni sévère, mais grave et profond comme s'il s'adressait avec force au spectateur.
La ligne fine des sourcils vient doubler d'un trait fin les arcs presque plats des orbites, arcs dont la coalescence vient dessiner la ligne du nez. La tige étroite, à peine pyramidale de celui-ci s'épanouit ensuite en les deux mamelons des narines.
La bouche aux lèvres presque absentes est fermée, rétive à la parole. Un léger pointillé marque l'existence d'une courte barbe, qui remonte sur les joues.
Le premier abbé de Landévennec porte une chemise (est-ce un amict ?) remontant sur le cou avant de s'évaser en une courte fente : le V réellement graphique qu'il forme répond par symétrie à la ligne du nez.
La tunique qui recouvre cette chemise s'ouvre en un V très évasé, et tandis que les épaules sont lisses, une ornementation de feuilles et fleurs à cinq pétales occupe la partie médiane, un peu comme une étole.
Le plateau du reliquaire est orné de deux rangs perlées.
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La vue de profil permet au visiteur de remarquer la forme des oreilles dont le contour dessine un G fermé. Dix rangs de hachures mangent les mandibules en guise de barbe très taillée.
Surtout, cette vue lui permet de satisfaire sa curiosité concernant cet anneau du sommet du vertex : qu'est-ce que c'est ?
Ce n'est pas un accessoire capillaire, ou une coiffure insolite, mais c'est la boite contenant la relique. En se haussant du col, on parvient à voir le couvercle en verre, et un fragment certainement authentique à l'intérieur.
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L'analyse de l'expert :
"Saint-Frégant, devenue paroisse en 1971, était auparavant une simple trève de Guissény. Fracan, le saint éponyme du lieu, fondateur de l'abbaye de Landévennec, mieux connu que son père, et d'ailleurs choisi, conjointement avec saint Louis, comme patron de l'église paroissiale. De son oncle Conan Meriadec, Fracan aurait reçu le gouvernement des comtès de Léon et de Cornouaille, et il se serait illustré à Guissény dans une bataille contre les pirates.
On peut supposer, en l'absence d'autres preuves, que le buste en argent conservé à Saint-Frégant abrite une relique de son crâne, visible à travers la lunette circulaire montée en bâte d'un fort relief au sommet de la tête. Le galon qui orne celle-ci comporte des rinceaux et un blason à fond lisse dont la forme dissymétrique est sans doute l'indice d'une réfection.
L'ouvrage, soigné dans ses assemblages, traduit, par ailleurs, un savoir-faire artisanal, perceptible dans la stylisation des formes, — visage évasé, oreilles collées — et des éléments anatomiques — yeux aux pupilles ciselées s'inscrivant dans un losange très accusé, nez traité à l'équerre, bouche d'un trait repoussé incertain, sourcils, enfin, soulignés d'un trait continu ciselé — . Les rinceaux qui ornent la chasuble, élégamment dessinés sur un fond mati sont, néanmoins, d'une technique rapide et peu refouillée.
Perpétuant modestement, au niveau local, les formules du XIVe siècle, l'œuvre présente des analogies de composition et de technique si évidentes avec le buste conservé à Locquénolé qu'il est vraisemblable de voir en ces deux pièces les produits d'un même atelier actif vers le milieu du Xve siècle. Ces analogies donnent également à penser que le buste de Saint-Frégant pouvait être, à l'origine, et comme celui de Locquénolé, porté par quatre pieds en forme de lions, tous disparus." Yves-Pascal Castel, Les orfèvres de Basse Bretagne, APIB - Les Cahiers du Patrimoine, 1994, p.227.
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II. LES STATUES EN BOIS PRÉSENTÉES EN VITRINE.
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Une grande vitrine en angle accueille le visiteur. Elle contient 5 statues provenant de 5 sanctuaires du Finistère dédiés à saint Guénolé.
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1. Saint Gwénollé. Bois polychrome, XVe siècle, provenant de Kergloff.
Il est représenté avec une robe verte recouverte sur les épaules par un capuchon noir couvrant la tête. Il tient un livre (la Règle de son monastère) et un bâton terminé par une boule (le bâton pastoral d'Abbé) dont la hampe est brisée. Ses pieds sont nus.
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2. Saint Gwénnolé en habit mauriste. Bois polychrome, XVIIIe siècle.
Il porte la tonsure en couronne. Malgré l'uniformité de la couleur blanche, trois pièces de vêtements doivent être distinguées : une tunique ou robe (visible aux avant-bras), la coule à larges manches, et le scapulaire (blanc ourlé d'or) recouvrant la tête et descendant en pan rectangulaire devant (et en règle derrière) le tronc. Je ne parviens pas à trouver une description satisfaisante de l'habit des mauristes afin de mieux assurer mon texte.
C'est en 1628 que l'abbaye de Landévennec a été rattachée à la Congrégation bénédictine de Saint-Maur (comme de nombreuses abbayes bretonnes à Rennes en 1627, Redon, Léhon et Le Tronchet en 1628, Saint-Mathieu de Fine-Terre en 1655, etc)
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3. Saint Gwénnolé, bois polychrome, XVe siècle.
Le saint, tonsuré en couronne, porte un surplis (à galon doré) et une chasuble verte à revers rouge et tient un livre. Il est déhanché et penché en avant.
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4. Saint Gwénnolé, bois polychrome, XVIIe siècle, provenant de l'église Saint-Guénolé de l'Île de Sein.
Il porte une chape rouge et or à fermail et orfrois sur un court surplis à dentelles et une étole, au dessus d'une robe sombre. La crosse qu'il tenait est perdue.
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5. Saint Gwénnolé. Bois polychrome, XVe siècle (?).
Le saint, tonsuré, porte une aube et une chasuble, il tient un livre, tandis que son bâton pastoral a disparu.
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LA STATUE DE SAINTE GWEN. ALLAITANT SES TROIS FILS SAINTS VENEC, GUÉNOLÉ ET JACUT.
Moulage de l'original présent dans la chapelle Saint-Venec à Briec.
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Groupe de sainte Gwen aux trois mamelles allaitant saint Guénolé, Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile mai 2019.
Groupe de sainte Gwen aux trois mamelles allaitant saint Guénolé, Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile mai 2019.
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IV. Saint Gwénnolé. LA STATUE DE PROCESSION DE L'ABBAYE MODERNE.
Bois polychrome. Date ?
Voir :
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V. LA STATUE DE KERSANTON VERS 1500-20.
Voir description que je reprends ici :
Matériau : kersantite (roche magmatique au très beau grain extraite en rade de Brest près de l'Hôpital-Camfrout depuis le XVe siècle). Louis Chauris indique qu'au cours de son histoire, l'abbaye a fait appel aux trois principaux types (faciès) de kersanton : gris à grain moyen — église romane—, noir à gros grain blason au griffon d'Henri de Morillon abbé de 1425 à 1442 — et noir à grain fin, comme pour ce saint Guénolé, mais aussi pour le gisant de Jehan du Vieux-Chastel, dans la même variété.
Elle a été commandée par Jehan du Vieux-Chastel, dernier abbé régulier de Landévennec de 1496 à 1522 et restaurateur de plusieurs monastères relevant de l'abbaye.
La crosse est brisée (sauf l'implantation), mais l'Abbé porte la mitre à fanons, les chirothèques, les anneaux (chaque doigt long de chaque main porte une bague, alternativement sur la phalange ou sur la phalangine), la chape à orfrois, tandis qu'il tient le livre ouvert de la Règle.
À la base sont sculptées les armoiries fascées d'or et de gueules à six pièces de la famille du Vieux-Chastel, avec la crosse propre à l'abbé, mais aussi des sortes d'étoiles qui sont des hermines . Car ces armes sont :
" ... 3 fasces accompagnées de 10 hermines 4.3.2.1. « Ses armes se voient, dit Missirien, en toutes les vitres de l'église et du couvent, et sa tombe est élevée en belle pierre, en la chapelle, du costé de l'Evangile, hors du choeur ; on montre encore de vieux ornements de draps d'or qu'il avait donnés, et un très grand et très riche calice d'argent vermeil doré ». Il restaura, nous dit Dom Mars, plusieurs des prieurés du monastère, enrichit son église de chapelles, le choeur de stalles, et la sacristie de divers ornements et peintures. Il mourut le 19 Octobre 1522, laissant 11 livres à la chambrerie du monastère, et fut enterré devant l'autel qu'il avait érigé en l'honneur de sainte Barbe, et qui, au XVIIème siècle, était dédié à Notre-Dame. Ce fut le dernier Abbé régulier. Il dut faire restaurer la maison des Abbés, à Quimper, car on a trouvé, dernièrement, en démolissant la vieille aile du couvent des Dames Ursulines, un linteau de cheminée portant ses armes."
On peut voir le gisant de cet Abbé au Musée de Landévennec.
http://www.lavieb-aile.com/2019/05/le-gisant-de-jehan-du-vieux-chastel-abbe-de-landevennec.html
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ANNEXE. LES HABITS MONASTIQUES.
(présentés au Musée)
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"Le vêtement du moine comporte la tunique et la coule, coule d'étoffe épaisse en hiver, de drap lisse ou élimé en été ; en outre, un scapulaire de travail et, comme chaussures, des bas et des souliers."
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SOURCES ET LIENS.
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— CASTEL (Yves-Pascal), 1994, Les orfèvres de basse Bretagne , [Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Région de Bretagne] ; Yves-Pascal Castel, Denise Dufief-Moirez, Jean-Jacques Rioult... [et al.] ; avec la collab. de Jacques Berroyer, Stéphane Caroff, Colette Dréan ; photogr., Guy Artur, Norbert Lambart , Rennes , APIB [Association pour l'Inventaire de Bretagne], 1994 .-439 p.-XVI f. de pl. en coul. : ill., couv. ill. en coul. ; 28 cm
— Article Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gu%C3%A9nol%C3%A9_de_Land%C3%A9vennec
— Eglise Saint-Guénolé à Locquénolé (Finistère) :
Le bras reliquaire (H. 38 cm, en argent sur âme de bois) de saint Guénolé date du XVème siècle : on y trouve, ciselés, de larges motifs végétaux.
Le buste reliquaire (H. 0,23 m, en argent) de saint Guénolé date du XVème siècle : "Quatre petits lions couchés constituent les pieds qui portent le buste, dont le vêtement est ciselé de feuilles de chêne et de feuilles découpées. Sur le haut de la tête, qui porte la tonsure monastique, une lunette de cristal permet de voir la relique, qui est un morceau de boîte crânienne. Sous la plaque de la base une inscription tracée à la pointe : Yves Rivoalen 1697".
http://locquenolepatrimoine.unblog.fr/leglise/le-tresor-de-leglise-2/
— Chapelle Saint-Guénolé (1696) à Loperec. Statue en bois, XVIe
Fontaine Saint-Guénolé (1658) à Kervent, près de la chapelle supra, Lopérec
Saint-Hernin. Statue en bois, XVIIe
Chapelle Saint-Guénolé, Tonquédec (22) : statue ancienne en bois polychrome de saint Guénolé en habit mauriste, tenant une crosse dans la main droite (18e siècle)
Chapelle Saint-Guénolé à Locunolé, Quistinic : statue de procession, bois, XVIIe.
Eglise Locunolé à Quistinic.
Chapelle Saint-Guénolé à Gulvain (Edern). Pas de statue. Un écu aux armes d´un abbé Tanguy de Landévennec a été incorporé au chevet
Eglise Locunolé à Quistinic. Locunolé (lieu consacré à Guénolé), dépendait au 11e siècle de l´abbaye de Landévennec et faisait partie d´une ancienne paroisse qui couvrait les territoires actuels de Tréméven, Querrien et Saint-Thurien. Ancien prieuré, Locunolé devient paroisse du diocèse de Cornouaille en 1667.
Eglise saint-Guénolé (Ile de Sein)
Chapelle Saint-Guénolé à Trévou-Tréguignec