Ploéven IV. Les Pietà de l'église : celle du calvaire et celle du porche. Le Christ mort assis au sol, jambes à l'équerre.
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Sur Ploéven, voir :
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La chapelle Sainte-Barbe de Ploéven. Son calvaire, son vitrail, sa statuaire, son Pardon.
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Ploéven II. L'église de Ploéven, la Déploration (pierre polychrome, 1547 ).
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Ploéven III. L'église : le calvaire (kersanton, vers 1550) du placître.
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PRÉSENTATION.
Outre la Déploration de 1547, qui peut aussi être désignée sous le nom de "pietà à quatre personnages", l'église de Ploéven possède deux Vierges de Pitié. L'une, évidente, se voit au pied du calvaire du placître. L'autre, plus petite et discrète, est placée au dessus de la porte d'entrée, sous le porche. Cette proximité permet de comparer deux postures différentes du Christ mort.
Dans la première, il est assis à terre, le dos soutenu par la jambe de sa Mère, et les jambes à l'équerre par rapport au tronc. La tête est renversée en arrière, la face tournée vers le ciel. Le bras droit pend, parallèle à la jambe de Marie, l'aisselle appuyée sur son genou. Le bras gauche, fléchi, place la main contre le flanc.
C'est une posture rarement rencontrée. La sculpture y est globalement construite sur la forme d'un triangle isocèle (la Mère enveloppée dans son manteau), triangle sur lequel s'inscrit la ligne brisée, presque en L, de son Fils.
À y regarder de près, les deux jambes ne sont pas parallèles, la jambe gauche est un peu fléchie, et la pointe du pied s'abaisse, tandis que la pointe du pied droit s'élève comme sous l'effet d'un spasme.
Quoique mort, le corps du Christ semble se tendre et son visage clamer une douleur intolérable. Tout, dans la Mère, est rondeur, silence, résignation passive et muette ou chagrin intériorisé, le ruissellement des étoffes exprimant seul l'effusion retenue des larmes. Tandis que l'angulation des membres et du tronc du Fils trace les signes graphiques d'un cri.
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Dans la deuxième pietà, les deux genoux de Marie portent le tronc, le bassin et les cuisses du Christ , alors que le bras droit pend le long de la jambe droite et que les jambes pendent de l'autre coté La forme générale reste en triangle, mais celui-ci est plus haut, plus aigu. Le corps du Christ prend la forme d'un U renversé qui a perdu tout dynamisme
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1. La pietà du calvaire.
Dimension h = 111, la = 85. Kersanton a priori ( la coloration rougeâtre de la pierre disparaît au niveau du visage par exemple) . Main de Marie partiellement brisée.
Rien n'affirme qu'elle appartient dès l'origine au calvaire, et qu'elle a été sculptée par le même artiste.
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La Vierge, assise, est voilée par son manteau et porte la guimpe. Ses mains sont croisées. Ses yeux sont ouverts, et sa bouche est entrouverte. Le visage triangulaire, aux narines larges, est juvénile. La robe apparaît au niveau des manches, qui sont larges, plissées, et peut-être dotée d'un bouton rond.
Le Christ est assis sur le manteau de sa Mère, lequel trace des indentations en coquille d'huître. La main droite repose sur la chaussure de la Vierge.
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2. La pietà du porche.
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3. Autres exemples de pietà Christ "jambes à l'équerre".
— Cast, chapelle de Quillidoaré, calvaire. Milieu XVIe siècle. Les jambes sont croisées (droite au dessus de gauche), les pieds sont parallèles. Tronc adossé au genou droit de Marie, tête tournée vers le ciel. Le caractère naïf de cette posture du Christ y est le plus prononcé.
— Locronan, Pénity : Déploration à 6 personnages (vers 1520). Les jambes sont petites (jambes = hauteur assise). Les pieds sont parallèles.
— Pont-L'Abbé. Pietà vraie (Mère + Fils) du XVIe siècle. Jambes parallèles, pieds parallèles.
— Landudec. Pietà en bois polychrome, non daté.
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Statues_of_Piet%C3%A0_in_Finist%C3%A8re#/media/File:IMGP7212c.jpg
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On imagine l'intérêt de suivre ce fil thématique afin de voir la distribution géographique et temporelle de ce motif.
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Pour mémoire, et pour compléter ce survol, voici la disposition de la Déploration de l'église de Ploéven.
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SOURCES ET LIENS.
— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, Les Pietà du Finistère. numéro 69 de la revue Minihy-Levenez de juillet-août 2001. L'auteur y étudie une centaine de Pietà et de Déplorations.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/204bbff59e0b1d6cf65264a34d22701f.pdf
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred) 1988, Notice sur Ploéven, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3cfe40fff167ac9a521b6a1d446936d8.pdf
— DEBIDOUR (V-H.), 1953, La sculpture bretonne, Rennes 1953, p. 109-116
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes
— Wikipédia, collection de 80 Pietà
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Statues_of_Piet%C3%A0_in_Finist%C3%A8re