La chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal : les crossettes (microdiorite quartzite, XVIe et XVIIe) et autres éléments sculptés.
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Voir sur cette chapelle :
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Iconographie des saints Côme et Damien : la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal.
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La chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal : le retable du chœur (vers 1710).
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La chapelle Saint-Sébastien : la cloche de 1902, et celle de 1599.
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— Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault VII. La crossette.
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L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553).
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L'enclos paroissial de Brasparts. II. Le clocher et ses gargouilles. L'ossuaire et les crossettes.
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La Collégiale Notre-Dame du Folgoët VI : les crossettes du Doyenné.
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Les sculptures extérieures de l'enclos paroissial de Sizun (29).
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L'église Notre-Dame de Rumengol. V : les gargouilles et crossettes.
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L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire, les inscriptions et les crossettes.
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Les crossettes de l'église Notre-Dame-de-Croas-Batz à Roscoff (1522-1545).
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La chapelle Notre-Dame de Berven en Plouzévédé III. Les crossettes (1573-1579).
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Les crossettes des maisons du XVIe et XVIIe siècle de Roscoff. (vers 1560)
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Les crossettes et les gargouilles de l'église de Loc-Envel (22).
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Les crossettes et gargouilles de l'église de Lampaul-Guimilau.
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La sirène et l'ange de l'église de Landévennec. Les deux crossettes nord et sud (pierre de Logonna, 1693 ?) de l'église de Landévennec
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Ploéven VIII. Les six crossettes (granite, XVIIe siècle) de la chapelle Saint-Nicodème.
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PRÉSENTATION.
Les crossettes ne doivent pas être confondues avec les gargouilles, qui sont creuses et servent à évacuer les eaux pluviales. Ce sont des pierres d'amortissement, nécessaires à la structure et à l'équilibre d'un fronton ou d'un pignon, situées à la terminaison de leurs rampants . Elles peuvent être figurées, à thème zoomorphe, fantastique ou anthropomorphe, mais leur thème, loin d'être laissé au bon plaisir du sculpteur, répond à une tradition où les dragons et les lions prédominent, suivi des chiens, des sirènes et des représentations des vices comme la lubricité et la coquetterie dans les deux sexes. Exception faite pour les anges à phylactère, on y trouve aucune figure biblique ou chrétienne. Leur position marginale et intermédiaire (entre murs et toiture) les placent, à l'extérieur des bâtiments, en parallèle avec les sablières à l'intérieur. Elles n'atteignent jamais la grivoiserie débridée ou la scatologie des miséricordes des stalles.
Quoique spectaculaires, les crossettes et sculptures figurées en pierre sur la chapelle Saint-Sébastien n'ont été décrites que par Castel et Leclerc.
Leur datation est déduite de celle de l'édifice : deuxième moitié du XVIe siècle pour le chevet et les transepts, fin XVIIe (1685-1694) pour la nef et le clocher.
Le matériau est la pierre de Logonna (microdiorite quartzite).
Treize crossettes (C1 à C13) s'offrent à notre examen, soit aux rampants des lucarnes à gables (chevet et transept, XVIe siècle) et du fronton du porche, soit aux angles ouest.
À ces crossettes s'ajoutent les figures qui ornent ici les sommets des gables, ou qui cantonnent les étages du clocher.
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Je débuterai ma description par la lucarne orientale du bras nord du transept (c'est à dire là où se présente le plus spontanément le visiteur) et je ferai le tour de la chapelle dans le sens horaire : nous irons ainsi du XVIe au XVIIe siècle.
C1 + C2 : lucarne du bras nord du transept : deux lions.
C3 : façade du chevet : femme tenant une sphère.
C4 : façade du chevet : un lion.
C5 + C6 : lucarne du bras sud du transept : deux lions.
C7 : rampant du pignon du transept sud : chasseur et son chien.
C8 + C9 : fronton du porche sud : deux visages féminin
C10 : angle sud-ouest : visage d'homme moustachu.
C11 : angle nord-ouest : visage de femme
C12 = C13 : pignon du bras nord du transept : deux anges.
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Les 12 figures du clocher seront décrites dans l'article suivant.
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Bras droit du transept. Rampants de la lucarne est. C1 + C2 Deux lions.
Lucarne à gables, aux rampants à crochets en choux frisés sommé d'un fleuron. Blason en kersanton de Gilette de Kergoët et Michel du Bot, mariés en 1554.
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C1. Rampant droit : un lion s'appuyant sur une console.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite).
Tous les lions de crossettes du XVIe siècle en Basse-Bretagne se ressemblent, avec la moitié antérieure du corps frisée, la moitié postérieure lisse, la queue passant entre les pattes et faisant retour sur le dos, les pattes à fourrure en mèches, la tête débonnaire au front bouclé et à la langue pendante, et prenant appui sur une console, plus rarement un os (témoin de leur fonction ancillaire au service de la Mort), et plus rarement encore (et pas ici) un petit être.
Ils témoignent, dans cette marge de l'édifice, de la croyance en un intermonde, qui n'est jamais terrifiant, mais qui monte la garde.
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C2. Rampant gauche : un lion s'appuyant sur une console.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), 2ème moitié XVIe siècle.
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Façade orientale du chevet.
Ses rampants à crochets en choux frisés sommé d'un fleuron s'appuient sur de solides contreforts à pinacles. Blason en microdiorite quartzite de Jean de Kergoët et Perrine de Kerjean, mariés en 1541.
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C3. Rampant droit de la baie est du chevet. Femme tenant une sphère.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), 2ème moitié XVIe siècle.
La crossette est cachée par le pinacle du contrefort qui vient l'englober. À gauche, nous voyons deux jambes fléchies, chaussées, et d'allure plutôt masculines. À droite, le personnage qui émerge est plutôt féminin par sa coiffure, et tient une sphère, évoquant les femmes proposant une pomme, en allégorie du Désir. La crossette reste ici beaucoup plus ambiguë que dans d'autres cas. Elle mériterait un examen plus rapproché et d'un point de vue plus favorable que celui du touriste au sol.
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C4 . Rampant gauche de la lucarne du chevet. Un lion.
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Ange tenant un parchemin.
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Rampants de la lucarne est du bras sud du transept : deux lions.
Lucarne à gables, aux rampants à crochets en choux frisés sommé d'un fleuron. Blason en kersanton des Kergoët .
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C5. Rampant droit de la baie est du bras sud du transept : un lion.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), 2ème moitié XVIe siècle.
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Crossette C6. Rampant gauche de la baie est du bras sud du transept : un lion s'appuyant sur une console en forme d'os.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), 2ème moitié XVIe siècle.
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Sommet du pignon du bras sud du transept : deux têtes.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), 2ème moitié XVIe siècle.
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Crossette C7. Rampant gauche du pignon du transept sud : un chasseur et son chien.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), 2ème moitié XVIe siècle.
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LA NEF (XVIIe)
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Sommet de la deuxième lucarne du bas-coté sud. Deux têtes.
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Le porche sud (1685).
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entablement : deux visages. Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), fin XVIIe siècle.
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Crossette C8 : rampant droit du fronton du porche sud. Visage féminin.
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Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), fin XVIIe siècle.
Les crossettes du XVIIe siècle C8 à C11 sont toutes des têtes de même facture, trois féminines et une masculines. Avec leurs chevelures nattées ou bouclées, leurs joues très pleines, et la coiffure à boucle frontal de l'homme, elles rappellent celles des églises de Trégarvan et de Landévennec, qui partagent le même secteur géographique, le même matériau et des datations proches (vers 1690 pour Trégarvan et 1693 pour Landévennec), ainsi que, pour C10 et C11, l'élection pour les rampants du pignon occidental. Cela est suffisant pour proposer de voir l'intervention du même atelier de sculpture de pierre de Logonna dans les trois édifices ; et d'en rechercher désormais d'autres interventions.
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Crossette C9 : rampant gauche du fronton du porche sud. Visage féminin.
Pierre de Logonna (microdiorite quartzite), fin XVIIe siècle.
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Sommet de la lucarne de la première baie du bas-coté sud : deux têtes.
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Crossette 9 : rampant droit, angle sud-ouest : visage d'homme.
Cet homme aux moustaches frisant en spirales se retrouve sur d'autres édifices.
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Crossette 10 : angle nord-ouest : visage de femme.
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Crossette 11 : Angle nord-est de la nef : ange les mains levées
Il vole, vêtu d'une tunique plissée, , le visage tourné vers le ciel et les paumes exposées à la Divinité qu'il vénère.
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Crossette 12 : Angle nord-est du transept : ange les mains levées.
Il forme une paire avec l'ange précédent.
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SOURCES ET LIENS.
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— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire, 2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm.
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