Les 32 stalles (vers 1522-1529 ) de l'ancienne abbaye de la Trinité de Vendôme. I. Jouées, miséricordes et appuis-mains.
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Voir aussi sur cette église :
Voir dans ce blog d'autres stalles :
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PRÉSENTATION.
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Rappel.
Les stalles sont les rangées de sièges, liés les uns aux autres et alignés le long des murs du chœur des cathédrales ou églises collégiales et abbatiales, divisant les moines, moniales ou chanoines en deux groupes pour le chant (ou la récitation) alternative des psaumes de l’office divin. Ils ont la caractéristique de permettre deux positions : ou bien assise ou bien debout (si le siège est relevé), avec appui sur une « miséricorde ».
Chaque siège est composé ainsi qu'il suit :
— Un dossier ou dorsal occupe la partie arrière du siège ; il peut s'élever plus ou moins haut contre la clôture du choeur et être surmonté d'un dais.
— Des accoudoirs ou appuis-mains, souvent constitués par une figurine sculptée.
— Une parclose, enceinte de bois enfermant le siège de chaque stalle.
— Une "miséricorde", tablette servant de siège mobile autour d'une charnière : abaissée, elle permet de s'asseoir confortablement relevée, elle permet de se tenir debout non moins confortablement puisqu'il est possible de s'appuyer sur une petite console ménagée sous la tablette elle-même. Cette console aussi appelée patience ; est une place très propice, par son volume, à recevoir une décoration sculptée des plus variées.
— Enfin on trouve aussi des jouées qui sont les cloisons limitant les stalles à chaque extrémité.
Les sièges peuvent être en nombre variable selon l'importance de l'église, disposés en simple ou double rang.
Dans ce dernier cas, la rangée de derrière est surélevée : ce sont les hautes stalles, la rangée de devant est presque de plain-pied : ce sont les basses stalles.
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Les stalles de Vendôme.
Les stalles du chœur de l'ancienne abbaye bénédictine de la Trinité de Vendôme avaient été commandées par l’abbé Louis de Crevant (1487-1522) et elles furent terminées par son neveu Antoine de Crevant qui lui succéda de 1522 à 1539, comme en témoigne ses armoiries sur une jouée. Surmontées d’anges musiciens, elles ont des miséricordes sculptées où de pittoresques scènes de la vie quotidienne côtoient les travaux des mois. Les dais ajourés qui les surmontent sont modernes, à part quelques statues d'angelots remployées, mais les miséricordes sont toutes anciennes. Vendues à la Révolution, elles furent réinstallés partiellement en 1838 sous l’égide de l’abbé Caille, prêtre de la paroisse de la Trinité, mais il ne reste que 32 des sièges d’origine.
Elles forment deux rangées en face à face, mais il faut imaginer que jadis, l'espace ouvert sur la nef était fermé par un jubé, et qu'une rangée de stalles s'y adossait pour former dans le chœur un espace en double L , dont le centre était occupé par un ou plusieurs lutrins. Le jubé en bois a été détruit à la Révolution.
"Le jubé occupait l'avant dernière travée de la nef et ses traces sont encore visibles sur le mur des deux bas-côtés. Il était ouvert d'une seule porte à deux battants, de style flamboyant, ornée de deux effigies d'apôtres. A droite et à gauche de la porte, vers la nef, se trouvait un autel, l'un dédié à saint Gilles, l'autre à saint Louis. Ils étaient tous deux du même style que la porte et surmontés d'une rose à jour destinée à éclairer l'intérieur du jubé. Sous le jubé et adossé au pilier nord se trouvait un escalier par où l'on accédait à la tribune. Les bas-côtés étaient également fermés par une porte. Au mur du jubé faisant face à l'autel étaient adossées une partie des stalles hautes et basses, les autres étant réparties à droite et à gauche du choeur. "(Gabriel Plat)
Dans son « Etude sur l'intérieur de l'église de la Trinité », l'abbé Plat fait mention d'un manuscrit émanant de l'un des membres du clergé constitutionnel qui remplacèrent alors les religieux dans l'église abbatiale- Par quelques détails précis et sûrement exacts, le manuscrit, avec son plan daté de 1791, nous donne là disposition des stalles à la veille de bouleversements importants, juste avant leur dispersion.
Ce manuscrit signale que : « dans le choeur des moines les stalles hautes étaient adossées contre le mur du jubé
faisant face à l'autel et contre les deux murs de pierre qui clôturaient le choeur. En ayant était le rang des stalles basses avec deux espaces vides pour servir d'entrée aux stalles hautes ; celles-ci étaient surmontées d'une boiserie à panneaux et à sujets divers sculptés avec un couronnement en saillie formant dais... Entre l'endroit où finissaient les stalles et par conséquent le choeur et les marches du sanctuaire, il y avait un espace plus bas d'une marche que le sol du choeur ».
Ces indications, jointes à d'autres éléments épars, comparées à l'état actuel des stalles permettent de faire les constatations suivantes sur les stalles d'origine : les boiseries sculptées : pourtour du choeur, portes latérales, stalles avec dorsal et dais, plancher... tenaient une place importante dans cette partie de l'édifice.
Les stalles formaient un ensemble beaucoup plus considérable qu'aujourd'hui avec deux rangs de hautes et basses
stalles ; elles s'étalaient dans le sens de la nef comme à présent, mais arrivaient jusqu'au premier tiers de la deuxième travée de la nef (à 5,50 mètres environ des grilles actuelles) ; de plus, elles faisaient un retour à angle droit derrière le jubé. Sachant que la largeur moyenne de chaque stalle est de 66 cm (entre 65,5 et 66,5 exactement) c'est autour de 88 que l'on peut évaluer le nombre des stalles à l'origine !
Il ne persiste donc que 32 stalles basses sur 88 stalles hautes et basses à l'origine. Ce nombre peut donner une idée du nombre des moines (une centaine sous l’abbatiat de Geoffroy Ier entre 1093 et 1132).
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Le jubé et les stalles attenantes avaient disparu lorsque Gervais Launay en a donné ce dessin (Encre de chine, lavis et aquarelle sépia)
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DESCRIPTION DES STALLES : JOUÉES, MISÉRICORDES ET ACCOUDOIRS.
Je veux séparer d'emblée les jouées du reste du décor. Même si celles-ci sont très vraisemblablement l'œuvre des mêmes artisans, elles se distinguent (ici comme ailleurs) par leur thématique théologique ou liturgique, en accord avec les sculptures des chapelles, leurs vitraux, avec le pourtour du chœur et témoignent des dévotions spécifiques de l'abbaye au premier tiers du XVIe siècle.
Au contraire, le décor des miséricordes et accoudoirs relève de la "liberté" (relative, car conforme à la tradition de leur art) des huchiers, qui proposent aux moines un espace de divertissement et d'imaginaire ne comportant aucune référence religieuse, si ce n'est pour tendre aux occupants un miroir un peu caricatural de leurs pratiques de prière et de lecture.
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LES DEUX JOUÉES COTÉ EST.
Faisant face à l'autel, et se présentant au visiteur qui pénètre dans le cœur par la clôture latérale, ce sont les seules jouées en place qui soient sculptées. Elles sont formées d'un grand panneau rectangulaire de 110 cm sur 70 flanquée d'une colonnette . Ce panneau est coiffé d'une double volute dont les boucles servent d'assise à deux personnages en ronde-bosse et dont la pointe médiane s'épanouit en piédestal pour un motif religieux.
Cette disposition, commune aux deux cotés, rappelle immédiatement celle des jouées de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, réalisées en 1504-1520 soit dix ou vingt ans auparavant, ainsi que celle des jouées de la cathédrale de Tréguier réalisées en 1508-1512 par deux artisans, dont l'un, Gérard Dru, a un nom de consonance rhénane. Les deux diocèses de situation littorale ont des ports et des foires qui les mettent en communication avec les ateliers d'Europe.
Cette ressemblance se renforce puisqu'on retrouve à Vendôme les personnages comiques des angles des panneaux.
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Les deux jouées sud et nord (étoiles vertes) forment une ensemble centré sur la Passion : La Crucifixion au sud (avec Marie-Madeleine, et les Instruments de la Passion) et la Sortie du Tombeau au nord (surmontée de la Pietà). Ce thème général est en accord avec celui qui est propre à l'abbaye, le culte de la Sainte Larme, et ceux que choisit Louis de Crevant autour du chœur, par sa clôture (2 et 3), l'armoire de la Sainte Larme (2) les vitraux de Marie-Madeleine (chapelle 8) et ceux du transept nord avec Marie-Madeleine au pied de la Croix et de la Croix comme Fontaine de vie (flèches accolées rouges).
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LA JOUÉE SUD-EST : MARIE-MADELEINE AU PIED DE LA CROIX.
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1. Les panneaux en bas-reliefs.
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Le panneau inférieur représente un autel de sacrifice ou plutôt un tombeau orné d'une guirlande entre deux larmes. Celles-ci rappellent le culte de la relique de la Sainte-Larme . Cette Larme était celle que le Christ aurait versé en signe de chagrin et de joie lors de la mort puis de la résurrection de Lazare à la demande de ses sœurs Marthe et Marie (Marie-Madeleine), mais elle est replacée dans un contexte qui en fait l'illustration du chagrin ressenti lors de la Crucifixion (et de la foi en la Résurrection), Marie-Madeleine faisant le lien entre les deux scènes.
Le panneau principal montre non pas la Crucifixion, mais Marie-Madeleine agenouillée au pied d'une croix où sont placés les Instruments de la Passion : le fouet la colonne et les liens de la Flagellation, la Lance et l'éponge d'hysope, les clous, le marteau et la Couronne d'épines de la Crucifixion, et la tenaille et l'échelle de la Déposition. Le chiffre XXX du titulus renvoie sans doute aux 30 deniers de Judas. On voit aussi le flacon d'aromate de la sainte, et le crâne d'Adam. Ces éléments figurent aussi sur la clôture de chœur de 1528, témoignant de l'importance du thème pour le commanditaire. Voir le panneau des Instruments de la Passion de la clôture de chœur :
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Le drapé très particulier du manteau de Marie-Madeleine devrait permettre d'identifier la gravure qui a servi de modèle. Ce manteau a en effet glissé (ce qui permet de dévoiler la longue chevelure spécifique de la sainte) et son repli vient former une ample orbe en dossier de fauteuil bien reconnaissable. Dans un nouveau lien avec la Bretagne, ce drapé se retrouve sur une série de calvaires du Finistère entre 1527 et 1555, à Pencran, Plomodiern, Pleyben, Saint-Ségal, Saint-Divy, Saint-Servais, etc..
La figure de Marie-Madeleine au pied de la Croix est si importante pour Louis et Antoine de Crevant qu'elle apparaît sur la seule enluminure pleine page du Bénédictionnaire de l'abbaye de la Trinité, avec les armes d'Antoine de Crevant.
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Le thème n'est pas original, et avait été illustré magistralement en sculpture par Claus Sluter vers 1402 au Puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol ; mais cette œuvre a perdu depuis son crucifix et sa Madeleine éplorée. Je renvoie à mon article sur ce Puits, et mon étude rapide du thème iconographique en peinture (1333 par Simone Martini ; 1414 par les frères Limbourg ; 1428 par Masolino ; 1442 par Fra Angelico). Vers 1540-1550, il est présent sur les calvaires du Finistère, mais aussi sur les maîtresses-vitres de Basse-Bretagne :
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1539 : maîtresse-vitre de l'église de La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec.
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1540 L'église Saint-Salomon de La Martyre VIII : les vitraux du chœur (vers 1540). La baie 0.
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1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec.
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1550 : maîtresse-vitre de Guimiliau Attribuable à l'atelier Le Sodec
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1560 : Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Attribué à Le Sodec.
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Dans les angles supérieurs, le sculpteur s'offre un peu de récréation À gauche, la tête d'un homme de profil, coiffé d'un bonnet conique à oreillettes. À droite, un fou crachant des feuillages, et qu'on identifie par les grelots de son bonnet.
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Le panneau principal montre non pas la Crucifixion, mais Marie-Madeleine agenouillée au pied d'une croix où sont placés les Instruments de la Passion : le fouet la colonne et les liens de la Flagellation, la Lance et l'éponge d'hysope, les clous, le marteau et la Couronne d'épines de la Crucifixion, et la tenaille et l'échelle de la Déposition. Le chiffre XXX du titulus renvoie sans doute aux 30 deniers de Judas. On voit aussi le flacon d'aromate de la sainte, et le crâne d'Adam. Ces éléments figurent aussi sur la clôture de chœur de 1528, témoignant de l'importance du thème pour le commanditaire. Voir le panneau des Instruments de la Passion de la clôture de chœur :
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Le drapé très particulier du manteau de Marie-Madeleine devrait permettre d'identifier la gravure qui a servi de modèle. Ce manteau a en effet glissé (ce qui permet de dévoiler la longue chevelure spécifique de la sainte) et son repli vient former une ample orbe en dossier de fauteuil bien reconnaissable. Dans un nouveau lien avec la Bretagne, ce drapé se retrouve sur une série de calvaires du Finistère entre 1527 et 1555, à Pencran, Plomodiern, Pleyben, Saint-Ségal, Saint-Divy, Saint-Servais, etc..
La figure de Marie-Madeleine au pied de la Croix est si importante pour Louis et Antoine de Crevant qu'elle apparaît sur la seule enluminure pleine page du Bénédictionnaire de l'abbaye de la Trinité, avec les armes d'Antoine de Crevant.
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Le thème n'est pas original, et avait été illustré magistralement en sculpture par Claus Sluter vers 1402 au Puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol ; mais cette œuvre a perdu depuis son crucifix et sa Madeleine éplorée. Je renvoie à mon article sur ce Puits, et mon étude rapide du thème iconographique en peinture (1333 par Simone Martini ; 1414 par les frères Limbourg ; 1428 par Masolino ; 1442 par Fra Angelico). Vers 1540-1550, il est présent sur les calvaires du Finistère, mais aussi sur les maîtresses-vitres de Basse-Bretagne :
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1539 : maîtresse-vitre de l'église de La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec.
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1540 L'église Saint-Salomon de La Martyre VIII : les vitraux du chœur (vers 1540). La baie 0.
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1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec.
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1550 : Guimiliau Attribuable à l'atelier Le Sodec
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1560 : Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Attribué à Le Sodec.
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Dans les angles supérieurs, le sculpteur s'offre un peu de récréation. À gauche, la tête d'un homme de profil, coiffé d'un bonnet conique à oreillettes. À droite, un fou crachant des feuillages, et qu'on identifie par les grelots de son bonnet.
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Dans les spirales supérieures où courent des feuilles d'acanthe prend place un couple de bouffon.
Tout en haut, sur les volutes, deux hommes sont assis ; celui de droite est le roi David jouant de la harpe. Celui de gauche est sans doute un prophète de l'Ancien Testament, barbu, au facies léonin, lisant un livre ouvert.
Sur le plateau central deux anges tenaient le blason du cardinal Antoine de Crevant . En 1967, C. Bayle écrit "Il manque actuellement la partie supérieure de ce blason : le chapeau cardinalice et les mains des anges tenant la cordelière". Aujourd'hui, les bras amputés des anges ne tiennent plus rien.
"Sur ce blason, en partie abîmé aujourd'hui, figuraient le chapeau cardinalice avec cordelière à cinq houppes et un écu aux armes des Crevant : « écartelé d'argent et d'azur » mais avec en plus « un lambel à trois pendants en chef », c'est-à-dire un filet d'où pendent trois denticules à la partie supérieure. Ces armes ne sont pas celles de Louis mais d'Antoine de Crevant, son neveu et successeur comme 33e et dernier abbé régulier de la Trinité de 1528 à 1539.
D'après ces observations, on peut penser que si Louis a fait achever la construction de l'édifice, il est fort possible
que ce soit Antoine qui, poursuivant l'oeuvre de son oncle, ait aménagé l'intérieur de l'église et soit aussi le continuateur des stalles, (ce qui expliquerait certaines différences de style ou de manière dans les sculptures).
Un autre fait vient renforcer cette hypothèse : l'abbé Plat écrit qu'en 1520, sous la direction de l'abbé Antoine de Crevant, on ajoute une clôture sur le pourtour du choeur, en pierre dure à la base, tendre à la partie moyenne, en bois à la partie supérieure. Sur cette clôture figurent également les armes d'Antoine de Crevant, (seule différence, la cordelière portait dix houppes au lieu de cinq)." (C. Bayle)
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Au revers, deux autres personnages se faufilent dos à dos dans les sinuosités. L'un d'eux souffle de bon coeur dans une trompette coudée en S. Un couple anonyme de bourgeois est représenté en haut-relief, l'homme coiffé d'un bonnet, la femme d'une coiffe à linge plié sur le dessus.
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LA JOUÉE NORD-EST. LA SORTIE DU TOMBEAU ET LA PIETÀ.
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Après la Crucifixion, la Sortie du Tombeau.
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" Au-dessus de ce panneau, deux soldats armés s'enroulent dans des volutes. Pour se divertir ou peut être inspiré par la forme des spirales, le sculpteur a représenté un d'eux sortant d'un coquillage comme un escargot. Au revers, deux autres personnages, deux pèlerins entourés de coquilles Saint-Jacques." (C. Bayle)
Ces deux soldats sont ceux de la Sortie du Tombeau (toujours au nombre de quatre), qui sont comiquement expulsés du panneau pour prendre place ici.
Il faut souligner la liberté d'expression de l'artiste, qui reprend le chapiteau ionique en le renversant pour couronner sa jouée de façon parfaitement innovante.
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La Pietà entre deux saintes femmes.
"A la partie supérieure de la jouée, sculptée en ronde-bosse et lui donnant son nom : une Piéta, la Vierge tenant le
corps du Christ, entourée de deux Saintes femmes tenant un livre. Les drapés des robes sont amples, un peu compliqués, mais fort justes ; le corps du Christ est bien rendu anatomiquement, les mains sont un peu grosses, mais il en est ainsi pour tous les personnages des stalles. Ce thème avec sa composition n'est pas nouveau : il a été repris maintes fois par les sculpteurs, les imagiers et les peintres."(C. Bayle)
Identifier les deux femmes comme des Saintes Femmes est un peu rapide, puisqu'elles portent l'habit de moniales et sont plongées dans une pieuse lecture.
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LES MISÉRICORDES.
Je n'en ai photographié que 28. Elles sont présentées en parcourant les deux rangées de stalles en partant de la jouée sud-est.
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"Elles forment actuellement un ensemble de 32 sujets presque tous authentiques. Dans leur
répartition actuelle on ne trouve aucun ordre si ce n'est parfois une concordance épisodique entre les sujets de droite et de gauche. On a voulu y voir représentés les travaux des mois et les signes du zodiaque. Certains sujets s'y rapportent en effet sans équivoque : la vendange, le sagittaire,... mais d'autres, si variés dans leurs thèmes ne peuvent entrer dans ce cadre. Pour y mettre un peu d'ordre, nous en avons distingué trois groupes : Les sujets décoratifs ; Les travaux ; Les sujets divers enfin." (C. Bayle)
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1. Un lion.
On a pu y voir un signe du zodiaque.
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2. Un chasseur armé d'un pieu et sonnant de sa trompe.
Il formerait un ensemble logique avec le lion, si cet animal n'était pas si exotique. Ou bien c'est un trait d'humour, comme dans les marges des enluminures. Sa trompe, sa gibecière et sa pique le désigne comme veneur.
Dans les Très Riches Heures du duc de Berry, la scène de chasse (au sanglier) illustre le mois de décembre. Mais ailleurs, c'est le mois de Mai qui est associé à la chasse.
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3. La semaison. Octobre
Le paysan est représenté au moment où il remplit son semoir, suspendu sur les épaules et noué en poche par la main gauche, de graines puisées dans un sac (ou plutôt, il sème à la volée, tous les trois pas, et le sac de grain est derrière lui). Il est vêtu d'une tunique à manche courte, au dessus d'une chemise, il est coiffé d'un bonnet couvrant les oreilles et il est chaussé de bottes. Un arbre sans feuille indique l'hiver ou le début du printemps (mois de mars). Un escargot équilibre la composition.
Dans le calendrier des Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 13r , la semaison correspond au mois d'octobre. Dans le Grand Calendrier et Compost des Bergers, Octobre porte en devise JE JETTE LA SEMENCE DEDANS LA TERRE.
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Dans les Très Riches Heures du duc de Berry, les semis sont illustrés aussi dans le mois d'octobre (mais pour le mois de mars, aussi par un paysan dans un champ entrain de vanner des graines. Pour le mois d'octobre, la tenue vestimentaire est identique à celle de la miséricorde, les "bottes" sont en fait des houseaux au dessus de chaussures basses, et le bonnet à oreilles se comprend mieux.
http://www.info-histoire.com/images/2010/08/les-tres-riches-heures-du-duc-de-berry-octobre.jpg
"Les scènes des travaux des champs et des occupations de la vie tout au long de l'année offrent l'occasion de fixer les gestes et les actions les plus variés avec un souci très poussé de vérité et d'exactitude. Elles proposent en même temps des exemples parfaits de compositions décoratives prouvant une réelle sensibilité dans la manière de rendre, de grouper, de répartir les formes et les lignes. En les dessinant il-m'a été donné de découvrir quantité de petits détails intéressants qui auraient échappé à un examen même attentif. C'est un résumé de la vie, des gestes, des modes et des coutumes à la fin du XVe siècle. Remarquons successivement :
« Les semailles », où, sur une petite surface, le sculpteur est parvenu à bien traduire l'attitude pourtant difficile du semeur car elle résulte de la combinaison de deux mouvements : la marche et le geste du bras. Les accessoires ne sont pas oubliés qui équilibrent la composition. (Actuellement ce personnage n'a plus de visage et les mains sont endommagées)." (C. Bayle)
"Les miséricordes offrent encore un catalogue de la mode au XVe siècle dans un milieu surtout rural. Les hommes sont souvent vêtus de la jaquette ou robe courte, à hauteur des genoux. La partie supérieure ou corsage avec les manches est assez ajustée, la partie inférieure ou jupe est très plissée ; sa longueur a varié selon les époques et les modes. "
Comme les jupes, les chapeaux sont portés par les hommes ; ils se taillent de mille façons et les nombreux exemplaires de la collection que nous offrent les stalles ne nous contrediront pas (PL 8) : ronds comme celui du « sujet grotesque », coniques ou pointus comme ceux du « vigneron » ou du « fabricant de chandelles », à bords retroussés ou en forme de toque comme chez le « rapporteur » ou « le valet de chiens », chaperon en forme de cape les deux mendiants, capuce des moines... d'autres enfin, monumentaux comme le couvre-chef du « bourgeois » composé d'une calotte recouvrant les oreilles et d'une étoffe volumineuse : la touaille.
Remarquons que les hommes portent les cheveux longs au-delà des oreilles.
Les jambes sont protégées par des jambières courtes, fixées par divers procédés. Quant aux souliers, ils ont tous
des bouts ronds, ce qui situe les personnages après 1480 date à laquelle les dernières chaussures « à la poulaine » disparurent et furent remplacées en réaction par des chaussures moins encombrantes... qui devaient bien vite changer de forme à leur tour. " (id)
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4. La tuée du cochon, ou "tue-porc", ou "pèle-porc".
On tue le cochon à la Saint-Martin le 11 novembre, ou entre octobre et février. Dans le calendrier des Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 15r, , il illustre le mois de décembre.
"« Le tueur de porcs » avec la gerbe de paille longue, bien liée, qui servira à brûler les soies de l'animal mort.".
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5. Dispute de deux infirmes voleurs.
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Sont-ce "deux mendiants qui se querellent pour avoir la meilleure part de l'aumône" (C. Bayle), ou plutôt un voleur s'enfuyant après avoir dérobé l'aumône d'un infirme équipé d'une canne.
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6. Motif végétal à cinq fruits.
Les fruits semblables à des mures sont coiffés d'une feuille à trois parties. Cinq tiges sont nouées ensemble.
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7. Joueur de cornemuse.
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Jean-Luc Matte décrit l'instrument avec 1 bourdon d'épaule se séparant en deux parties inégales (fourche)
http://jeanluc.matte.free.fr/fichsz/vendome.htm
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8. Les vendanges. Septembre.
Elles correspondent bien-sûr au mois de septembre, dans les Très Riches heures du duc de Berry , ou dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 12r.
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9. Un centaure bandant son arc.
Il est doté d'ailes de chauve-souris.
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10. Homme portant une hotte et tenant un bâton.
C. Bayle propose d'y voir "ce personnage baptisé « le rapporteur », colporteur ou braconnier, arpentant la campagne avec un bâton et portant dans sa hotte... des rats... d'où son nom !"
Effectivement, ce sont bien des rats : encore un sujet rare et étonnant. Mais je n'ai pas trouvé de confirmation du nom de "rapporteur", qui serait plutôt un rébus ou un rat porte une hotte sur le dos, un rat-porteur. Ce serait un chasseur de rats, un collègue des taupiers .
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11. Tête de Maure.
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12. La tonte des brebis. Juin ou Juillet.
Le Calendrier et Compost des Bergers donne en devise à Juin JE TONDS LES BREBIS.
La tonte des brebis illustre le mois de Juillet des Très Riches Heures du duc de Berry .
"« La tondeuse de brebis » est une jeune fille car elle n'a pas encore de coiffe et ses cheveux tombent sur ses épaules. Assise parmi les fleurs des champs, au milieu de ses moutons, elle nous regarde, le geste suspendu pour quelques instants... (Elle n'a plus de visage non plus)"
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13. Valet séparant deux chiens se disputant un os.
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14. Dragon chimère à plusieurs têtes.
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MISÉRICORDES DU COTÉ NORD.
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15. Homme se réchauffant au feu.
C'est le motif caractéristique du mois de février sur les Zodiaques et les calendriers : Voir les Très Riches Heures du duc de Berry
Dans le Calendrier et Compost des Bergers, Février énonce JE BRÛLE DU BOIS.
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16. Guerrier tenant un cimeterre et une rondache.
Ce guerrier redoutable appelé « le sarrasin » est vêtu d'une tunique aux longues manches fendues à grelots, comme les acrobates. Son bouclier est orné d'un serpent.
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17. Homme tenant un verre et une cruche parmi les joncs.
Ce "joyeux buveur" pourrait correspondre au mois d'avril .
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18. Âne bâté portant une charge de bois.
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19. Le fabricant d'oribus.
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Ce « marchand d'oribus » fabrique les chandelles de résine que l'on suspendra sous la hotte de la cheminée ou dans la fente d'un bois nommé oribanier. L'épicier les vendait en paquets.
"Oribus, nom donné aux chandelles de résine dans le pays compris entre les rivages de l’Armorique jusqu’en haut de la Loire, et encore usité en deçà d’Amboise dans les campagnes du Vendômois." (Honoré de Balzac, Les Chouans, 1829)
"Autrefois, on avait les oribus, les longues chandelles de résine que l’épicier vendait en paquets […] On les serrait dans la fente d’une baguette qu’on enfonçait entre deux briques, sous la hotte de la cheminée ; et la mèche de ficelle pétillait, postillonnait des gouttelettes chaudes, et sa chanson vous tenait compagnie." (Maurice Genevoix, Raboliot, 1925)
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20. Deux feuilles entrelacées.
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21. Homme accroupi, vu de dos.
Il soutient la miséricorde comme un atlante, mais l'effet comique naît de son chapeau vu de haut et surtout de l'éventail formé par les plis de sa tunique et de ses jambes écartées comme un crapaud.
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22. Homme taillant du bois derrière une palissade.
Ce serait "un vigneron taillant la vigne dans son enclos (C. Bayle)
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23. Escargot mangeant une feuille à 5 digitations.
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24. La porteuse de baquets.
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"Les femmes portent robes et jupes longues qu'elles relèvent avec un cordon sous la ceinture pendant le travail ainsi que le pratique « la porteuse d'eau » ; la tête est couverte d'une coiffe aux nombreux replis, les jeunes filles restent tête nue et ne se « coiffent » qu'à la veille du mariage.
« La porteuse d'eau », plus âgée que la tondeuse de brebis, revient de la fontaine, ses deux seaux accrochés à la palanche ; elle relève un pan de sa robe pour mieux marcher."
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25. Feuillage.
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26. Le masque crachant des feuilles de chêne.
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27. Homme soutenant la miséricorde.
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28. Deux hommes attachés par la taille et formant une étoile à six branches.
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LES APPUI-MAINS.
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"Les accotoirs. On en compte 15 de chaque côté des stalles.
Les crosses de feuillages alternent régulièrement avec les formes humaines. Tous ont acquis sous l'action des mains et des bras une très belle patine mais beaucoup ne sont pas intacts.
Les accotoirs faits de feuillages reprennent les motifs habituels en les adaptant à leur forme et à leur fonction ; la plupart sont pleins et massifs. Seuls, les deux premiers, côté droit, sont évidés intérieurement.
Les accotoirs à forme humaine représentent des têtes de moines serrées dans leur capuchon. La comparaison des
expressions des visages est amusante. Un moine tient un livre ouvert mais nous regarde avec un aimable sourire. Notons qu'ils ont tous des visages ronds et pleins ce qui est évidemment la forme exigée pour un accotoir. Deux têtes de mort nous ramènent à des pensées plus graves ; elles sont traitées très sommairement : une simple boule percée de trous et un profil rectiligne.
Les fidèles laïques ne sont pas oubliés ; on en compte autant que de moines. Ils sont souvent représentés en buste
et épousent parfaitement la cambrure de la cloison de séparation des sièges, mais plusieurs d'entre eux portant un très beau drapé sont abîmés au visage.
Il faut noter la pieuse attitude de cette femme disant son chapelet . Une certaine rudesse se remarque dans
la forme des mains ainsi que dans le visage qui la rend plus touchante encore. Le monde de la rue et des marchands est encore évoqué par une autre femme aux cheveux longs, en habit de ville, un panier au bras, un sac plein auprès d'elle.
Nous avons gardé pour la fin peut-être les deux plus belles figures de cet ensemble : une tête de femme et une
tête de vieillard, toutes deux recouvertes d'un grand voile avançant en visière et plongeant une partie des visages dans l'ombre. Elles sont traitées comme de la grande sculpture, évitant les simplifications et les raccourcis exigés par la petite taille des sujets comme dans les autres parties des stalles. Si le visage de la femme est encore rond avec une dominance des courbes, les traits du vieillard, fouillés et burinés dans un bois dur et presque noir sont parfaitement observés : enfoncement des orbites, cassure du nez, saillie des pommettes... qui font naître de belles oppositions! d'ombres et de lumières. La technique de cette sculpture diffère sensiblement de celle des autres accotoirs." (C. Bayle)
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Vieillard barbu coiffé d'un capuchon.
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Moine lisant.
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Prophète ? Homme barbu au bonnet conique tenant un phylactère.
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Femme au baquet . Samaritaine ??
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Buste d'un jeune homme.
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Tête de mort coiffée d'un linge.
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Femme voilée priant mains jointes, son chapelet au bras gauche.
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Tête d'une femme voilée.
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Feuille enroulée.
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Fou sous sa capuche à grelots, au visage [grimaçant ? bûché.
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Feuille enroulée.
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Moine (ou moniale) lisant.
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Moine joufflu et difforme levant son visage vers le haut.
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Moine joufflu, tête couverte.
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Moine au visage bûché.
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Moine à la barbiche.
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CONCLUSION.
Je rapporterai la conclusion de l'article de Claude Bayle, dont je découvre qu'il fut professeur de dessin au lycée Ronsard de Vendôme :
"Un riche éventail des possibilités de la technique du bois sculpté nous est encore offert par les stalles, depuis les
simples ornements géométriques d'inspiration lointaine et barbare, imitant les imbrications de tuiles, d'écaillés, les
cannelures, les spirales sur les fûts des colonnettes qui bordent les jouées, - en passant par la décoration des panneaux en bas relief, des miséricordes en plus hauts reliefs, jusqu'à la sculpture en ronde bosse des anges ou des personnages surmontant les jouées.
La décoration des stalles possède une autre qualité : elle fait partie intégrante du meuble ; elle n'est ni de matière différente, en bois de couleur par exemple (excepté l'ange fait de plâtre !) ni rapportée comme on le fera plus tard ; elle gagne par là en simplicité.
La représentation des scènes empruntées à la vie religieuse et monastique, citadine ou rurale a donné l'occasion aux tailleurs d'images de s'exprimer dans une langue simple et franche particulièrement savoureuse, souvent pleine de fantaisie et d'humour ; mais cette tournure d'esprit que l'on trouve assez fréquemment au moyen-âge, sous une exagération pleine de drôlerie, cache peut-être une certaine angoisse devant le monde."
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On peut partager sa remarque concernant l'inspiration "encore gothique" des huchiers, fidèles à leurs traditions, mais on ne peut en déduire que Vendôme, et en particulier les abbés de La Trinité, méconnaissait l'art de la Renaissance, puisque, en même temps que ces stalles étaient mises en places, la clôture de chœur en pierre, très influencée par l'art "à l'antique" et l'École de Fontainebleau, mais aussi le tombeau de Louis de Crevant (aujourd'hui disparu, mais sans doute par Jean Juste), ou hors de l'abbaye le tombeau de François de Bourbon commandé par sa veuve Marie de Luxembourg prouvent le contraire. Sur ce dernier se retrouvent des grylles, des masques feuillagés dans des enroulements de rinceaux qui sont aussi présents sur les stalles.
"D'autre part, si nous trouvons sur les stalles des corbeilles de feuillages, des mascarons ou des figures mêlées
aux éléments floraux, nous sommes encore loin des rinceaux subtilement modelés en fines arabesques de la Renaissance. Leur inspiration comme leur plastique est encore gothique, malgré leur date tardive et leur proximité de cette vallée de la Loire où vont s'épanouir les nombreux châteaux. Vendôme alors ne devait pas tout à fait ignorer les révélations apportées par l'Italie puisqu'un de ses comtes, François de Bourbon, s'y trouvait auprès de Charles VIII. Mais d'une façon générale, dans l'art du bois comme dans celui de bâtir le progrès de la pénétration italienne en France a été lent et ce n'est que sous Louis XII que commence l'élimination progressive des formes gothiques par les formes de la Renaissance. La tradition des maîtres français du moyen-âge reste puissante et la tradition gothique, se maintient encore davantage dans l'art religieux. On assiste même sous Louis XII et Charles VIII à un renouveau de l'art gothique qui est peut-être aussi son dernier sursaut. " (C. Bayle)
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Ma propre conclusion est qu'il faut désormais, après avoir étudié les stalles comme une monade, les replacer dans le contexte du décor choisi dans et autour du chœur de l'abbaye, les éclairer par la connaissance des goûts des commanditaires, et plus largement par les grands courants spirituels monastiques.
Il faut aussi comparer ces stalles à celles qui sont réalisées ailleurs à la même époque, et tenter de déceler des ateliers. Wikipédia propose une liste (considérable) des ensembles de stalles en France par département,, mais il faudrait aussi la classer par ordre chronologique, .
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SOURCES ET LIENS.
— BAYLE (Claude), 1968, - Les stalles de l'église de la Trinité de Vendôme par M. Claude Bayle ,Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. (Vendôme) pages 16-44.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58186490/f18.item.r=stalles.texteImage
— PLAT (Gabriel), 1934, l'église de la Trinité de Vendôme,
http://www.vendomois.fr/societeArcheologique/ressources/livres/triniteVendome.pdf
Les stalles vendues à la Révolution et rachetées en 1835, ont repris leur place dans le choeur de la Trinité, mais avec bien des modifications qui en rendent aujourd' hui l 'étude difficile. Les dais ajourés qui les surmontent sont modernes, à part quelques statues d'angelots remployées. Mais les miséricordes sont toutes anciennes, sauf une ou deux assez suspectes et d ' ailleurs n'offrant que des motifs décoratifs. Les sujets représentés sont empruntés à diverses séries de modèles, dont les travaux des mois et les signes du zodiaque. Les séries sont incomplètes, soit que nous ne possédions pas toutes les miséricordes, soit que dès l'origine le tailleur d'images ait choisi à sa fantaisie les sujets qui lui agréaient davantage dans les dessins mis à sa disposition. Voici les sujets traités, tels qu'ils se trouvent aujourd ' hui répartis, à gauche et à droite du choeur :
Côté nord : deux lutteurs (Gémeaux?); une porteuse d'eau (Balance?) ; le vigneron (février ou mars) ; le fabricant d ' oribus ; le franc buveur (juin ou juillet) ; le fou; l ' homme qui se chauffe (janvier) ; le Capricorne.
Côté sud : le valet de chiens; la tondeuse de brebis (mai) ; le rapporteur, motif assez rare qui forme un calembour en action; le Sagittaire; la vendange (septembre) ; le joueur de musette; la querelle des mendiants ; le tueur de porcs (décembre) ; le semeur (octobre) ; le chasseur (avril) ; le Lion.
Tous ces sujets, traités avec beaucoup de verve et de réalisme, forment un ensemble des plus intéressants. On peut leur assigner comme date le quatrième quart du XVe siècle.
— VENDÔME ET LA RENAISSANCE.
http://www2.vendome.eu/docs/art16112590843.pdf
—Vendôme , abbaye de la Trinité et ses stalles de chœur
Description de 14 stalles.
http://cathedrale.gothique.free.fr/Abbaye_Trinite_Vendome_stalles.htm
— MUSICASTALLIS:
http://www.plm.paris-sorbonne.fr/musicastallis/resultats.php?simplesrc=vend%C3%B4me&page=1
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.SOURCES ET LIENS LES STALLES..
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WIKIPEDIA, Liste des miséricordes en France.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_mis%C3%A9ricordes_de_France
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente
https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes
— ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.
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— BILLIET (Frédéric) Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages
.— BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p.
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Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3
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https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/stalle-du-choeur-decor-en-bas-relief-d-une-jouee-la-vierge-des-litanies/08160568-5bd4-486b-8dce-04262e6e6f4e
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https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/
La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site http://www.stalles-dg.info/Pag/accueil.htm
— BEAUVAIS : Inscription sur la 10ème stalle du côté gauche en haut sur une miséricorde : DE avec étoile et lune
https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/ensemble-de-83-stalles/afd61497-aa6e-4021-b20b-5c2f92980865
— SOISSONS
https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-tugdual-stalle-01/8f9c774e-d69b-4e48-9974-d08ce13d859b
http://perso.numericable.fr/tessonmic/Les%20Stalles%20en%20Bretagne.pdf
— MUSICASTALLIS
http://www.plm.paris-sorbonne.fr/musicastallis/