Le vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux V: la baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis vers 1327.
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Cet article est le cinquième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Les quatre premiers articles montrent les vitraux avant cette apparition du "jaune d'Évreux" et celle des fonds ornés : voir l'introduction dans le premier article.
Avec la baie 23 nous voyons apparaître plusieurs changements :
- l'utilisation du jaune d'argent en rehaut du verre blanc, mais aussi du verre bleu qui devient vert.
- la présence de deux fonds bleus à décor de feuillages, à coté de trois fonds rouges encore uniformes.
- L'enrichissement des dais par des statuettes d'anges musiciens pleins de grâces ou de personnages bibliques ou religieux, des rosaces, des mouchettes très aériennes avec utilisation de verres aux coloris plus clairs et plus délicats.
- Dans les verres clairs géométriques, les têtes de 4 personnages dans des médaillons,
- Dans les mêmes verres clairs, des rinceaux rehaussés au jaune d'argent de plusieurs nuances.
- Mais la perspective est absente, sauf dans le fauteuil de la Vierge de la 2ème lancette. Elle est également absente des dais.
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Cette baie 23 datée de 1325-1327 sous l'épiscopat de Geoffroy du Plessis, va nous introduire dans une nouvelle campagne de pose de vitraux dans le chœur de la cathédrale, après la période 1300-1310. On trouvera dans ce nouveau groupe des baies placées en hauteur :
- la baie 211 offerte par Guillaume d'Harcourt (1325-1327) du coté nord
- la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrière (1325-1330), du coté nord
- la baie 208 du coté sud
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À peine plus tard viendront les baies relevant d'une troisième campagne vers 1330-1333, et qui occupent la place la plus prestigieuse, au centre de l'abside ou rond-point, et sous l'épiscopat de Jean du Prat et de Geoffroy Faë .
Cette nouvelle période, avec ces changements stylistiques conséquents, correspond d'une part à l'apparition dans l'enluminure parisienne des peintures de Jean Pucelle, notamment les Heures de Jeanne d'Évreux (1324-1328), et d'autre part à de grands chantiers par des maîtres-verriers influents : à Paris (dont il ne reste rien), mais surtout en Normandie à Rouen (cathédrale et Saint-Ouen) et à Jumièges.
"les maîtres-verriers de Saint-Ouen ont essaimé dans toute la Normandie : on retrouve leur savoir-faire dans les années 1310-1340 à la cathédrale de Rouen, à la cathédrale d'Évreux, dans les vestiges de Jumièges, à la Mailleraye, à Fécamp, à Dives-sur-Mer, à Auffay, à Saint-Hymer-en-Auge. Les maîtres-verriers anglais contemporains exercèrent un art très similaire notamment à la cathédrale d'York (grande baie occidentale de 1339, Annonciation de 1340). (Vitraux de Haute-Normandie)"
Elle correspond aussi (ou succède ) à l'expression du gothique rayonnant dans la construction du chœur de la cathédrale : "L'édification du chœur s'échelonne sur une période comprise entre 1260-1310. Le sanctuaire est conçu selon le style du gothique rayonnant (technique et esthétique) : l'architecture doit permettre de laisser entrer la lumière divine. Pour cela, les fenêtres sont élargies, les murs pleins disparaissent au bénéfice des vitraux et les faisceaux de colonnettes sans rupture jusqu'à la voûte accentuent l'effet de verticalité."
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Voir :
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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : III. Les baies 22 et 24 (fin XIIIe, 1300-1310, 1320-1330) et la baie 26 (vers 1330).
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Voir aussi :
.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :
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Les vitraux de la baie 15 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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Les vitraux de la baie 17 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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Les vitraux de la baie 19 (vers 1360-1370) de la chapelle du Rosaire de la cathédrale d'Evreux.
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L'arbre de Jessé (baie 0) de la cathédrale d'Évreux (1467-1469).
— Sur les fonds damassés :
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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre (1402) II. La Passion.
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Les fonds damassés des vitraux (vers 1417) du chœur de la cathédrale de Quimper.
.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.
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Voisine des baies 25 et 27 offertes par l'évêque Mathieu des Essarts, la baie 23 mesure 5,20 m de haut et 3,50 m de large. Elle compte 4 lancettes trilobées, couronnées par un tympan à 9 ajours principaux.
Les lancettes adoptent, comme les baies précédentes, la disposition en litre où une bande horizontale colorée et figurée occupe le milieu d'une verrière décorative claire.
Les bordures colorées étroites portent des motifs végétaux, des castilles et des fleurs de lys.
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Je décrirai les panneaux figurés lancette après lancette, comme le fait spontanément le regard.
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La première lancette.
Elle reçoit deux panneaux figurés superposés dans un édicule.
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Les panneaux supérieurs montrent un évêque agenouillé en donateur de la fenêtre dont il tient une maquette. Au dessus, une inscription est partiellement conservée :
EVESQUE : DONNE : CESTE : V
Lebeurier a lu : LEVESQUE GIEFROY DONNE CESTE VERRIÈRE
Nous pourrions hésiter entre Geoffroy de Bar (en titre en 1298-1299) et Geoffroy du Plessis (en titre en 1310-1327), mais les caractéristiques stylistiques imposent de choisir Geoffroy du Plessis.
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Pour L. Grodecki, « La fenêtre est composite ; les panneaux nos 5-6 que M. Baudot attribue au temps de l'évêque Geoffroi de Bar (1298-1299) sont nettement plus récents : le jaune d'argent y est employé à profusion, le décor d'architecture est identique à celui des vitraux des chapelles droites du chœur de SaintOuen de Rouen (vers 1315-1325). On peut penser que le personnage représenté est Geoffroy du Plessis (avant 1327). "
Pour Baudot (note de l'article de Grodecki), " La fenêtre 12, imposerait l'identification de l'évêque figuré avec ce personnage s'il n'y avait pas eu remaniement du vitrail. Mais le style des architectures justifie une datation nettement postérieure. Nous possédons, il est vrai, une certitude d'emploi du jaune d'argent en Normandie, au Mesnil-Villeman, dans une église rurale, grâce à l'inscription datant de 1313 cette verrière. On pourrait aussi admettre que, par suite de la mort rapide de ce Geoffroy, sa donation n'a pu être réalisée que tardivement par les soins du chanoine Alain de Balau et de son frère qui figurent avec leur nom sur le vitrail."
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Je recueille sur cet évêque les données suivantes :
GEOFFROY II du Plessis.1311—1327.
Mathieu des Essarts mourut le 1er octobre 1310.
Aussitôt après la mort de Mathieu des Essarts, le Chapitre envoya deux chanoines demander l'autorisation d'élire son successeur à Philippe le Bel qui l'accorda, le 8 du même mois (2). Cependant la nomination de Geoffroy du Plessis souffrit quelques difficultés, car il paraît que l'évêché resta en régale jusqu'au 1" juin 1311, et certains auteurs prétendent que Baoul d'Elbeuf précéda Geoffroy. Quoi qu'il en soit de cette question qu'un examen plus approfondi des cartulaires pourra éclaircir, Geoffroy du Plessis était évoque en 1315 lorsque le comte d'Évreux lui enleva le manoir de Saint-Germain par retrait féodal.
Geoffroy II du Plessis, neveu de Geoffroy, chancelier de l'église de Tours, élu évêque d'Evreux, fut chargé par le roi Philippe IV, le 14 février 1311, de conclure un traité entre le roi de France et le roi des Romains. A la date du 5 mars 1311, il est encore appelé évêque-élu dans les registres du Vatican. Par une bulle de Clément V, datée de Vienne, 5 des ides d'avril (9 avril), septième année du pontificat de Clément, Geoffroy, évêque d'Evreux, fut nommé commissaire avec Geoffroy du Plessis, chancelier de l'église de Tours, pour terminer un différend survenu au sujet d'un canonicat. On trouve aussi son nom dans un grand nombre d'actes rédigés dans les années suivantes. On croit qu'il est mort en 1327.
En 1318, Geoffroy du Plessis, évêque d'Evreux, institua la fête du très-Saint Sacrement. Il avait, en 1314, assisté à la dédicace de l'église d'Ecouis (Escoïacum). En 1320, il confirma la collégiale de douze chanoines avec un doyen fondée en 1311 à Saint-Martin-Ia-Corneille, et il approuva la fondation des chapelles de S. Pierre et de S. Jean dans l'église Notre-Dame de Vernon.
en 1320, Protonotaire de France, Geoffroy du Plessis fonde le collège du Plessis dans la rue Saint-Jacques à Paris, pour y accueillir les enfants démunis des diocèses d'Evreux, Reims, Rouen, Saint-Malo, Sens et Tours.
Il fut remplacé par Adam de Lîle, mort avant d'avoir été consacré, puis par Jean du Prat en 1328.
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Décor d'architecture.
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On le comparera à celui des vitraux des chapelles droites du chœur de Saint-Ouen de Rouen (vers 1315-1325).
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Le dais est un bel exemple de ces nouvelles architectures couronnant les niches, où un gable central orné de feuillages est entouré de dix pinacles dont deux contiennent des statuettes. Ce sont des anges musiciens, sveltes, aux beaux drapés, l'un jouant de la harpe et l'autre pinçant les cordes d'un instrument à identifier (toutes ces statues auraient mérité des photos de détail). Voir les anges de la baie 19 (entre 1325 et 1339) de Saint-Ouen de Rouen:
http://e-chastel.huma-num.fr/xmlui/handle/123456789/13244
http://e-chastel.huma-num.fr/xmlui/handle/123456789/13245
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Le fleuron du gable est encadré par deux personnages, un moine tenant une croix, et un archevêque.
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Complètement à l'extérieur, et débordant sur la bordure, on remarque deux gargouilles, comparables à celles de la baie 19 de Saint-Ouen :
http://e-chastel.huma-num.fr/xmlui/handle/123456789/13231
http://e-chastel.huma-num.fr/xmlui/handle/123456789/13232
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Le fronton est découpé par une dentelle évoquant les remplages des fenêtres, associant deux rosaces (bleue et rose) et des mouchettes, chacun de ces éléments étant à nouveau divisé par des arabesques, des roses et des mouchettes. Au rouge et au bleu des vitraux précédents s'ajoutent des teintes roses et bleu-clair.
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Les pièdroits (qui apparaissent dans les panneaux sous-jacents) accueillent aussi, parmi des fenestrages semblables, des statuettes , dont celle d'un roi tenant son spectre et d'un ange jouant de la harpe.
Cette architecture nouvelle des peintures sur verre est celle du gothique rayonnant. Mais elle évoque déjà la dentelle du portail nord (gothique flamboyant) de la cathédrale de la fin du XVe-début XVIe (avant 1507) :
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L'évêque mitré, revêtu de la dalmatique, est agenouillé et présente la fenêtre qu'il offre à Notre-Dame. Sa tête et son col sont peints à la grisaille rehaussé de jaune d'argent sur un verre blanc, tout comme la maquette du vitrail. Le fond bleu recouvert d'abord d'un lavis de grisaille révèle son coloris par enlevé de cette grisaille dans un décor de rinceaux.
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Comparez avec le détail de la baie 19 de Saint-Ouen (retournée pour favoriser la comparaison) :
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Le panneau inférieur montre un autre donateur : c'est un ecclésiastique, un dignitaire comme l'indique les orfrois du col et de la bordure de son aube. Son identité est précisée par une inscription :
MAISTRE ALAIN DE BALAIS.
Lebeurier a lu DE BALAIT, Grodecki DE BALAU et F. Gatouillat DE BALAN.
Le patronyme le plus probable est celui de DE BALAY, famille noble de Bourgogne (La Chesnay-Desbois page 226).
https://gw.geneanet.org/alaindufour11?n=de+balay&oc=&p=jean
Mais aucun chanoine, aucun clerc d'Évreux ne répond à ce nom.
Le jaune d'argent permet de n'utiliser qu'une seule pièce de verre pour la face du clerc, et sa chevelure tonsurée.
Le manipule est en verre bleu. La dalmatique est lie-de-vin.
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Il est temps de présenter cette technique du jaune d'argent :
IL faudrait, maintenant présenter ce fameux jaune :
"Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, nitrate ou sulfure) et d'ocre. Historiquement, la composition des premiers vitraux rassemblaient essentiellement les couleurs rouge, bleue, jaune et verte. Une nouvelle technique de coloration apparaît en Occident au début du XIVe siècle, elle s'applique au revers de la pièce avant cuisson et permet de teinter localement le verre sans coupe ni mise en plombs supplémentaires. L'apparition de cette méthode coïncide avec une évolution fondamentale de l'esthétique et du style de l'art de la peinture sur verre. Le procédé donne alors une palette de couleurs enrichie : les teintes obtenues varient du jaune clair (chlorure d'argent + ocre), au jaune orangé (sulfure d'argent + ocre), en passant par le vert quand il est apposé sur un verre bleu. A la même époque, la qualité des verres s’améliore, ils sont plus fins, plus réguliers et l'utilisation de verres incolores permet d'éclairer largement les verrières.
L'une des plus belles verrières de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle Saint-Louis (la 4ème côté nord du chœur). Il s'agit de la baie 23, dont les panneaux ont été exécutés vers 1325-1330 avec l'emploi du jaune d'argent, notamment sur verre bleu. Les verrières des lancettes représentent l'évêque Geoffroy agenouillé en donateur, un chanoine, la Vierge à l'enfant et la charité de saint Martin. La qualité du jaune d'argent utilisé par le maître-verrier a fait notamment la renommée des vitraux de la cathédrale lui donnant le nom de jaune d'Évreux, passé à la postérité." (GOSSE-KISCHINEWSKI & HENRY) .
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Détail sur l'inscription.
Elle est limitée par des réglures. Ses fûts droits, épais, serrés, aux empattements en losange évoquent la textura quadrata (en usage du XIIIe au XVe siècle). On note des lettres conjointes DE, un signe de séparation des mots en point prolongé par une petite queue. Cette écriture diffère franchement de l'inscription précédente, mais on la retrouve en quatrième lancette pour mentionner Jehan de Balay.
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La deuxième et la troisième lancettes. La Vierge à l'Enfant ; la Charité de saint Martin.
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La deuxième lancette : la Vierge à l'Enfant assise dans une cathèdre.
Le fond rouge est uniforme. La Vierge est couronnée, nimbée et voilée et porte une robe bleue sous un manteau pourpre. Elle tient une fleur à la main gauche tandis que son Fils repose sur son bras droit. Sous l'effet d'une probable restauration, la main droite compte six doigts.
Les rehauts de jaune d'argent porte sur les chevelures et les détails d'architecture et du fauteuil. Ce fauteuil introduit ici un effet de perspective avec ses lignes de fuite convergents plus ou moins vers l'épaule droite de la Vierge.
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Là encore, le dais à triple gable (chacun centré par une rose) et pinacles est surmonté de statuettes. Ce sont deux anges tenant des phylactères et faisant un geste très gracieux de la main ; le carton a été renversé. Une inscription est presque lisible.
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La troisième lancette : la Charité de Saint Martin.
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Sous un dais semblable au précédent , où deux anges jouent de la harpe et de la viole ou mandole, et sur un fond de verre rouge uniforme, saint Martin, à cheval, coupe un pan de son manteau d'officier pour l'offrir à un pauvre qui s'appuie sur un bâton. Le manteau bleu forme un V inversé qui réunit comme une tente les protagonistes.
De nombreux détails sont soigneusement peints et rehaussés de jaune d'argent, comme les chevelures, la barbe, les mors, les grelots de l'harnachement, l'étrier, mais la réputation de ce panneau vient surtout de la bande verte du manteau du saint, sous son coude, puisqu'elle est obtenue par application de jaune d'argent sur un verre bleu clair. Hélas, mes photos ne rendent pas suffisamment justice à cet événement artistique.
On admirera aussi les sinuosités fluides des deux chevelures et de la crinière, ainsi que le fin tracé de l'œil du cheval.
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La quatrième lancette. Deux donateurs, l'évêque et Jean de Balay.
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Dans un édicule semblable à celui de la première lancette, à trois étages et à huit statues, deux personnages — un évêque et un clerc— en dalmatique jaune sont présentés en donateur, par reprise inversée des cartons de la première lancette.
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L'évêque [Geoffroy du Plessis] en donateur.
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Sous les statuettes d'un saint évêque et d'un roi tenant un phylactère, l'évêque est figuré agenouillé mains jointes, mais il ne tient plus la maquette de la baie. Le fond bleu est orné de rinceaux.Geoffroy du Plessis est-il représenté deux fois, ou bien s'agit-il, par commémoration, d'un autre évêque ?
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Le donateur suivant est un clerc (tonsuré) en vêtement liturgique de cérémonie et portant au bras le manipule (vert). Une inscription indique ABE IEHAN DE BALAU.
Il appartient donc à la même famille qu'Alain de Balay (ou balau, Balan, Balait) qui lui fait face en première lancette .
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Enfin, on trouve une inscription en bas de lancette, dans une écriture différente des précédentes, et de lecture difficile.
HSN~ IEHAN DE BARES .
P.F. Lebeurier a lu : ..SSU JEHAN DE BA ..."
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Les médaillons des verreries décoratives .
Quatre médaillons en grisaille et jaune d'argent occupent le centre des panneaux placés immédiatement au dessus des panneaux colorés. Les têtes de deux rois et deux jeunes hommes sont peints de trois-quart.
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Les têtes de lancettes.
Elles sont occupées par deux médaillons et deux écus armoriés.
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Dans le premier médaillon, la tête d'un homme d'âge mur, aux cheveux courts (mais non tonsurés) est peinte en grisaille et jaune d'argent.
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La tête de lancette suivante renferme un écu armorié d'un évêque, puisqu'il est traversé par une crosse en pal. Il a été blasonné en 1874 comme étant d'argent à deux fasces échiquetées de gueules et d'azur, de deux traits, accompagnées de neuf mâcles de sable posées 3.3.3..Les armoiries ont été attribuées par l'auteur de l'article de 1874 comme étant celles de Geoffroy de Bar, mais uniquement en raison de leur présence sur la baie 23 (où l'évêque était identifié alors comme tel).
Sur mon cliché, les fasces sont plutôt échiquetées de sable et d'azur.
Il serait précieux de pouvoir lire ces armoiries à partir de données héraldiques. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas affirmer que ce sont celles de Geoffroy de Bar, ni de Geoffroy du Plessis.
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Le document ci-dessous n'est qu'une mise en image des attributions basées sur les verrières d'Evreux : il ne confirme donc rien.
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La troisième tête de lancette reprend le même écu, mais sans la crosse épiscopale. Mais le damier de la fasce comporte des carrés rouge, donc "de gueules" : le mystère s'épaissit.
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Enfin, la dernière tête de lancette offre un médaillon où est peint un clerc, tonsuré.
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SOURCES ET LIENS.
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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item
complété par de Burey :
— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.
—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;
— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.
— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.
https://artifexinopere.com/?p=17412
— FOSSEY Jules 1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...
— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385
— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.
—GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.
http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ) et Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2001_num_159_3_1042_t1_0286_0000_3
"Les vitraux des chapelles du chœur mis en place à partir de 1300 ne reflètent pas seulement les remaniements de l'édifice au XIIIe siècle, mais aussi des changements d'ordre technique, liturgique et religieux. L'introduction et le développement de la technique du jaune d'argent peuvent être suivis à leur exemple. Les plus anciennes verrières des chapelles du chœur (celles de Louis de France ou de l'évêque Matthieu des Essarts) ne montrent pas encore de trace de cette nouvelle technique. Dans la deuxième décennie, en revanche, elle s'affirme, quoique hésitante au début, comme dans l'image du chanoine Raoul de Ferrieres, récemment redécouverte. Au XVe siècle, les réseaux des fenêtres furent refaits selon les formes modernes de l'architecture flamboyante, mais ces travaux achevés, les vitraux gothiques furent remis en place. Aussi les panneaux des réseaux ont-ils été mal insérés dans les ouvertures des nouveaux couronnements, comme on peut l'observer dans la chapelle de Louis de France, comte d'Evreux . A l'époque du flamboyant, on ne réemploya pas seulement des vitraux anciens, mais on ajouta aussi des éléments nouveaux, surtout dans les grisailles du XIVe siècle. Ces compléments du XVe siècle ont été enlevés à l'occasion du remontage des vitraux après la guerre pour garder l'unité du style . Ces panneaux représentent des personnes ayant fait des fondations dans les chapelles. Pour en laisser un témoignage visuel, ils ont fait insérer leurs images dans les grisailles déjà en place . En les mettant en dépôt après la guerre, on a amputé les chapelles de témoins historiques importants. Nous avons observé ailleurs que, quand les chapelles passaient à une autre famille, cette dernière adaptait les vitraux à cette nouvelle situation . Ainsi la famille de l'Aubespine a introduit ses armoiries dans le vitrail de Jacques Cœur à Bourges ; on peut mentionner un changement encore plus profond à la cathédrale de Moulins : dans le vitrail dit des ducs , trois grands personnages et une sainte ont été introduits dans celui-ci par la famille de Dornes .
Les verrières les plus connues sont celles du chœur. Se sont aussi les seules qui ont été prises en considération hors des frontières. Ainsi ces vitraux sont-ils régulièrement considérés comme des modèles utilisés par les artistes qui ont exécuté les peintures de la clôture du chœur de la cathédrale de Cologne . Mais faut-il vraiment penser à un rapport direct entre Évreux et Cologne? La recherche antérieure a toujours daté les vitraux d'Évreux du 2e quart du XIVe siècle en rapport avec ceux de Saint-Ouen de Rouen (1325-1339). En revanche, F. Gatouillat les rapproche, à juste titre, de la peinture parisienne des années 1330. Il est donc plus probable que les verriers d'Evreux et les peintres colonais se sont servis des mêmes modèles parisiens, aujourd'hui perdus, pour la création de leurs œuvres. F. Gatouillat, qui connaît parfaitement les conditions de création du vitrail et de sa technique, a réussi à redresser plusieurs jugements erronés sur ces œuvres. En effet, le vitrail est un médium qui demande une approche prudente et une expertise que l'on ne peut s'approprier que par une longue expérience. Ces images fragiles ont rarement été conservées sans restaurations. Souvent les vitraux ont été déplacés à l'intérieur même de l'édifice pour compléter des lacunes. Ainsi, des ensembles importants ont été démembrés ce qui est justement le cas d'une partie des vitraux de la cathédrale d'Évreux et non des moindres. Je mentionnerai le cas des « verrières royales » : F. Gatouillat a fourni la preuve que le roi de France se trouvant depuis 1956 dans la baie 210 du chœur est bien Charles VI parce que la tenture fleurdelisée du fond n'a pas été refaite à la fin du xviir siècle mais date bien de 1390/95. Comme elle le souligne, les verriers du XVllf siècle n'auraient pu, techniquement, créer un tel élément. L'analyse du vitrail dans l'atelier du restaurateur a permis de constater l'état original de cette tenture. L'auteur a pu également reconstituer une troisième verrière de cette série magnifique grâce a une découverte heureuse faite après la parution de la monographie. Une Vierge de très grande qualité, mais très endommagée, a été retrouvée en dépôt à Evreux. Après une soigneuse étude des descriptions anciennes, F. Gatouillat a pu la mettre en rapport avec l'image de Blanche de Navarre, reine veuve de France (aujourd'hui son image et ses armoiries sont placées dans la fenêtre 208 du chœur). L'auteur souligne à juste titre que ces vitraux ont été créés par des artistes au service de la cour, mais qu'ils se distinguent des œuvres encore conservées de ce milieu, comme ceux de Bourges (la Sainte-Chapelle et la cathédrale, particulièrement les chapelles Aligret, Trousseau et Boisratier). Cette observation rejoint les recherches faites sur l'art des cours européennes. L'art commandité par les membres des cours princières ne recherche pas l'unité de l'expression, mais se plaît à affirmer les goûts personnels des différents personnalités impliquées . Le chapitre sur le vitrail ébroïcien du XV est d'un intérêt primordial. La restauration en cours des verrières de la chapelle d'axe commandées par le roi Louis XI a incité l'auteur à entreprendre une recherche approfondie sur ces œuvres. Elle a réussi à reconstituer la production de trois ateliers différents, deux travaillant à Evreux (à l'église Saint-Taurin) et un à Rouen, qui se sont partagés la création des vitraux de la chapelle d'axe de la cathédrale d'Evreux. Il est rare dans l'histoire de l'art français du XV siècle, surtout dans l'histoire du vitrail, de pouvoir redécouvrir des groupes cohérents d'œuvres et de suivre l'activité des mêmes artistes sur plusieurs décennies. Souvent, comme par exemple à Bourges ou à Moulins, on ne connaît que les vitraux d'un ou de deux monuments tandis que le reste de la production de l'atelier a disparu. Quoique ces vitraux de la troisième décennie du XV siècle n'atteignent pas la qualité des verrières royales, leur étude nous renseigne d'avantage sur le fonctionnement des ateliers, la manière de travailler des verriers et la coopération entre les différents ateliers. Ceci n'est possible que lorsqu'une grande densité de vitraux a été conservée comme c'est le cas en Haute-Normandie."
–GOSSE-KISCHINEWSKI ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07
http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf
— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228; https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4
" Puis, vers le troisième quart du XIIIe siècle, préparé par quelques essais isolés et disparates (à Chartres, en particulier), apparaît l'encadrement par arcade brisée sous un gable gothique. A côté de l'exemple célèbre de la cathédrale d'Amiens (fenêtre centrale du chœur, 1268), on pourrait citer certaines baies de Saint-Urbain de Troyes, où l'ancienne forme du dais voisine avec celle-ci, proprement gothique, et que Mme Kraft-Frodl compare à une épure d'architecte.
Ce décor, tantôt d'une grande simplicité, tantôt enrichi de claires-voies, de galeries, de pinacles, de pignons à arcs-boutants (comme à Saint-Ouen de Rouen, dans les fenêtres basses du chœur, vers 1325), reste rigoureusement « plat », découpé sur un fond uni ou quadrillé. Ces architectures peintes de la fin du XIIIe et du XIVe siècle sont l'expression parfaite de la tendance gothique à multiplier, dans l'édifice, ses éléments en miniature, ses « répétitions » réduites (selon la thèse de Sedlmayr).
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Mais, dès le milieu du XIVe siècle, une nouvelle tendance naît et se développe : celle de l'architecture « en perspective », due à l'influence italienne, giottesque ou siennoise. Les verrières de Koenigsfelden, celles du chœur d'Evreux, puis celles de la cathédrale de Vienne montrent ces perspectives qui, à nouveau, introduisent dans l'encadrement peint des formes qui ne sont pas celles de l'architecture gothique contemporaine : coupoles, mâchicoulis et motifs d'architecture militaire, constructions semblables à des praticables de théâtre : la Herzogsfenster de Saint-Étienne de Vienne en est le meilleur exemple.
la double évolution qui, chez nous, se dessine à la fin du xive siècle : d'une part, naissance du « dais en perspective », véritable tour peinte sous laquelle s'abrite le personnage isolé (à Saint-Séverin de Paris, à Évreux, etc.) ; d'autre part, apparition d'architectures en perspective qui unifient plusieurs compositions de lancette, véritables « enfeus » comme celui qui couronne la fenêtre de Charles VI à la cathédrale d'Evreux"
— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.
https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3
— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental Année 1953 111-4 pp. 317-358
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745
— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252
— LEBEURIER (P-F.), 1868, Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868
https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n41
"La chapelle 42 montre, dans la partie supérieure de la verrière, deux écussons semblables à celui de la chapelle précédente. Ses formes contiennent: 1° l' inscription : LEVESQUE GIEFROY DONNE CESTE VERRIÈRE ; au-dessous un évêque à genoux, présentant un vitrail ; plus bas, un personnage, les mains jointes, avec l'inscription: MAISTRE ALAIN DE BALAIT; au-dessous encore l'inscription : MAISTRE ALAIN DE BARES ;
2° un écusson d'argent, à la fasce d'azur,, accompagnée de 3 cœurs de gueules, 2 en chef et 4 en pointe ; la Vierge et l'enfant Jésus dans un berceau; au-dessous un cavalier (S. Maurice?) et des fragments de l'inscription : SANCTA MARIA ORA PRO NOBIS;
3° Saint Martin donnant la moitié de son manteau ; au-dessous un évêque bénissant de la main droite et tenant une croix de la gauche, un fragment d'inscription: CUJUS G' AMEN ;
4° un évêque à genoux, les mains jointes, l'inscription: MOS. JEHAN DE BALAIT; au-dessous un autre personnage ayant la couronne de moine et un fragment d'inscription: ...SSU JEHAN DE BA ..."
— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).
https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain
— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.
https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_
— LILLICH (Meredith Parsons),, 1994, The Armor of Light: Stained Glass in Western France, 1250-1325
https://books.google.fr/books?id=IUyakUxMpcMC&dq=M.+Beucher:+%27Les+Verri%C3%A8res+du+choeur+d%27Evreux%27&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental Année 2000 158-2 pp. 89-107
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371
— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux
http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html
— xxx
http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf
— Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame
http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm
https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm
— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2
— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental Année 1990 148-4 pp. 462-464
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1990_num_148_4_4386_t1_0462_0000_3
— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie Année 1992 42-3 pp. 239-257
https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1992_num_42_3_1927
INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.
a) Jean Pucelle :
—Les Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349)
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733
— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h
— Bible de Robert de Billying BnF latin 11935 Décoration achevée en 1327.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447
— Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51
http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299
—Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c
— Influence : Heures à l'usage d'Amiens
http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659
— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle Scriptorium Année 1949 3-2 pp. 211-217
https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230
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Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328 par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328, elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.
Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)
La Vierge de Jeanne d'Évreux (69 cm de haut) est une œuvre anonyme réalisée à une date située entre 1324 (date où Jeanne devient reine) et 1339 (date du don inscrite sur le socle), conservée et exposée au musée du Louvre, dans les salles du Trésor de Saint-Denis du département des Objets d'art. Jeanne d'Évreux, reine de France de 1324 à 1328, en a fait don à l'abbaye de Saint-Denis en 1339. Sur un socle soutenu dans les angles par des figurines de lion, Marie tient l'Enfant Jésus. Dans sa main droite, elle tient une fleur de lys, reliquaire qui contenait à l'origine les reliques du lait, des vêtements et des cheveux de la Vierge, tandis que l'Enfant pose sa main sur sa joue.
Sur le socle, des petits piliers ornés des figures de prophètes séparent des plaques d'émaux qui retracent les événements de la vie du Christ sur terre.
Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.
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COMPARATIF :
—Chartres, baie 36 (1328)
— Rouen, Saint-Ouen, baie 19 : miracle du cheval rétif. 86 clichés :