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— Voir sur l'église Notre-Dame de Confort-Meilars :
- Les bannières de procession de l'église Notre-Dame de Confort à Confort-Meilars (29).
- Vitrail de la Résurrection à Confort-Meilars.
- Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de Confort-Meilars.
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Les roues à carillon de Confort-Meilars, de Locarn, de Priziac et de Quilinen.
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— Voir des sablières d'un style comparable:
— L'église Saint-Nicaise de Saint-Nic:
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Les sablières (1566) de la nef et du transept de l'église de Saint-Nic.
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Les sablières de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Le porche sud (1562).
—L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):
— Enfin, voir :
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INTRODUCTION.
Ces sablières n'ont pas été décrites ni étudiées en propre. L'abbé L. Rolland mentionne dans sa description de l'église "Au bas des lambris, on aperçoit des sablières élégamment sculptées. Courant le long des nefs, elles représentent, parmi des animaux fantastiques, la salamandre, de François Ier.". Il est repris en 1933 par C. Parcheminou : "Au bas du lambris, on aperçoit des sablières élégamment sculptées courant le long de la nef. Elles représentent, parmi des animaux fantastiques, la salamandre de François ler. D'immenses gueules de monstres mordent les poutres transversales ."
Couffon, en 1988, mentionne les "Sablières sculptées au-dessus de la quatrième arcade et dans les collatéraux."
Un feuillet distribué dans l'église vers 1988 et cité non sans ironie par S. Duhem décrivait « une belle tête de mandarin chinois, deux incas à la bouche toute ronde, (…) des gauchos à la Colombie, un annamite, un mongol (…).
Enfin, Sophie Duhem, auteure de référence pour les sablières de Bretagne, les cite en 1988 sans les décrire, pour suggérer un rattachement à un atelier actif à Pont-Croix et Plomodiern entre 1544 et 1566, ce que j'étudierai en conclusion.
Leur datation ne peut être déduite que de celle de la charpente, elle-même liée aux dates de construction qui sont imprécises et évaluées entre 1528 et 1560, ou 1528 et 1544, en s'appuyant sur une inscription de fondation de la face nord du chevet "EN. LAN. MVCSXXVIII." (1528). Nous pouvons nous aider de la datation des vitraux du chevet, estimée par Gatouillat et Hérold pour la baie 0 (arbre de Jessé offert par Alain de Rosmadec) vers 1530, tandis que la baie 2 (déplacée en baie 6) porte par inscription la date de 1554. En définitive, entre les deux chronogrammes attestés par inscription, celui de 1528 (chevet) et celui de 1554 (vitrail), je choisis ce dernier, plus cohérent avec les autres ensembles de sablière de même style.
Les services du Patrimoine n'ont mis en ligne, sur la base gertrude, que l'étude du calvaire et ses statues par Larhantec.
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DESCRIPTION.
L'église comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés et un chœur terminé par un chevet à noues multiples de type Beaumanoir. Du type à nef obscure, l'édifice est lambrissé en berceau avec entraits apparents ; les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers.
La quatrième travée de la nef est celle où, du coté nord, est fixée la roue à carillon que chacun repère immédiatement. La corniche de sa charpente lambrissée est sculptée , des cotés nord et sud, de part et d'autre de l'entrait qui traverse horizontalement la nef. Nous trouvons donc là quatre pièces sculptées, deux au nord et deux au sud.
Plus à l'est, dans le chœur, les deux murs parallèles qui précèdent les trois pans coupés sont également coiffés chacun d'une pièce de sablière.
Enfin, deux petites pièces encadrent une lucarne.
Si j'ai été clair, le lecteur aura compris que l'église offre principalement à l'amateur six sablières sculptées, quatre dans la nef et deux dans le chœur... Trois au nord (N1, N2 et N3 d'ouest en est) et trois au sud (S1, S2 et S3). Plus les pièces accessoires.
Le plus simple est de partir de la Roue à carillon, et de tourner dans le fameux sens des aiguilles d'une montre à gousset : N1, N2, N3, S3, S2, et S1.
N1. Trois masques et une frise de vigne avec ses grappes. Bois polychrome.
N2. Deux masques crachant deux dragons à tête semi-humaine. Bois polychrome.
N3 : Grylle (dragon à deux queues, dont une céphalique) mangeant du raisin ; deux anges. Bois peint d'un enduit "chocolat" avec traces de peinture bleue sous jacente.
S3 : créature semi-humaine dont le pied est avalé par un grylle. Deuxième grylle symétrique en miroir. Epillet. Bois peint de couleur chocolat.
S2. La pièce débute par un masque de profil coiffé d'un bonnet à grelot, puis vient un grylle, un semi-humain vêtu de blanc, et enfin un dragon à queue céphalisée. Bois polychrome (blanc, bleu et rouge) sous l'enduit chocolat.
S1. La pièce est centrée par un masque humain de face coiffé d'un bonnet bleu et portant la barbe. À sa droite vient un grylle à tête de bonne femme grimaçante. À sa gauche un pampre, dont les grappes sont dévorées par un dragon à gueule de loup, ailes nervurées, et queue couverte de pustules, et entortillée.
Autres pièces :
-Homme allongé, bras en avants, coiffés d'un bonnet de fou. Feuilles-plumes fixées à des colliers.
-Dragon à feuille-plumes croquant une grappe.
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I. QUATRIÈME TRAVÉE DE LA NEF, COTÉ NORD.
Deux pièces N1 et N2 séparées par l'entrait et encadrées par des blochets.
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La pièce N1. Trois masques et une frise de vigne avec ses grappes. Bois polychrome.
À l'ouest un blochet à feuille (vigne ?). À l'est, l'entrait à engoulant.
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Au centre, un masque humain de face à barbe bifide, coiffé d'un bonnet plat de couleur bleue.
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Sur le coté droit, deux masques humains de profil, coiffé du chaperon.
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La pièce N2. Deux masques crachant deux dragons à tête semi-humaine. Bois polychrome.
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À gauche, un masque à la face lunaire crache la queue d'un dragon au corps partiellement bûché mais dont on voit les épines et verrucosités, et une collerette de plumes. La tête guillerette serait humaine si elle n'était coiffée d'une crête acérée de dents.
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À droite, un masque humain de profil, coiffé d'un chaperon vert à pointe et queue exubérante libère de sa bouche un dragon ou poisson (pas de pattes). Cette créature a une tête semi-humaine coiffée d'une crête s'achevant en queue entortillée.
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Au centre, les deux têtes s'affrontent en tenant chacune l'extrémité de la crête de son vis-à-vis, ce qui contribue à accentuer la confusion et la dissolution des limites : confusion des formes, ambiguïté des êtres, suppression des séparations entre les règnes végétal, animal et humain.
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Le blochet : une gueule de dragon tenant une tête d'homme.
C'est un élément très intéressant, puisque le dragon tient entre ses dents la tête terrifiée d'un humain. Est-ce le Mal emportant l'âme d'un mécréant ? Une simple dramatisation du décor accentuant le motif des "engoulants" ?
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II. CHEVET, COTÉ NORD. UNE PIÈCE N3 ET DEUX BLOCHETS.
N3 : Grylle (dragon à deux queues, dont une céphalique) mangeant du raisin ; deux anges. Bois peint d'un enduit "chocolat" avec traces de peinture bleue sous jacente.
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Le blochet ouest est délicat à interpréter : un être (ailé ?) désigne de l'index un objet ovoïde (poisson?).
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À gauche, un dragon ailé mange les raisins d'un pampre. Mais ce dragon aux longues oreilles et au corps lisse porte un collier strié, tandis que ses ailes nervurées sont implantées sur l'arrière-train. Sa queue se transforme en un nouvel arrière-train avec ses pattes postérieures, et lui-même doté d'une queue portant un collier. Et enfin, cette deuxième queue s'achève par une tête semi-humaine, de profil. Bref, c'est un grylle.
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À droite, une tête d'ange au centre de ses deux ailes, puis un ange tenant un phylactère.
Le blochet oriental est une tête d'ange.
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III. CHEVET, COTÉ SUD. UNE PIÈCE S3 ENTRE DEUX BLOCHETS.
Blochet oriental : tête d'ange.
S3 : créature semi-humaine dont le pied est avalé par un grylle. Deuxième grylle symétrique en miroir. Epillet. Bois peint de couleur chocolat.
Blochet ouest : tête de dragon.
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Du coté gauche, un "homme" dénaturé par des appendices foliaires ou de plumes, brandit un objet qui forme une crosse, comme un panache de plume. Ses appendices, deux feuilles indentées, sont fixés autour du ventre par une ceinture crénelée. Ses jambes sont nues.
Ce motif nous est connu, car il appartient au vocabulaire d'un sculpteur de sablières qui a travaillé à Plomodiern en 1564, pour le porche sud et la nef de l'église. Une inscription datée sur ces sablières a incité S. Duhem à le nomme J. Brellivet (alors que je pense qu'il s'agit plutôt du nom du fabricien), et c'est sous ce nom qu'elle décrit un corpus identifiable aussi à Saint-Nic en 1562 et 1564, et auparavant à Pont-Croix en 1544, à la chapelle Saint-Tugen de Primelin (après 1533) et celle de Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun en 1554.
Il se caractérise par des créatures humaines au gros œil de profil, au front proéminent au dessus d'un menton fuyant, et emplumés de feuilles-plumes attachés à des ceintures. Toujours allongés et de profil, ils tiennent souvent, en paires, un cartouche à poignées.
Ses dragons portent aussi des appendices foliaires fixés sur des colliers ou ceintures à la queue et aà l'arrière-train.
Une autre caractéristique est l'emploi de la gouge (droite ou creuse) pour réaliser des séries de marques en C (pour faire les écailles) ou en I, et du foret pour exécuter des séries de cupules (les verrues des dragons). L'artiste utilise aussi les longues empreintes de la gouge creuse pour rendre les plumes ou la collerette de blochets mal dégrossis, et au cou épais. Ces caractéristiques ne sont pas retrouvées à Confort-Meilars.
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Le grylle attrape le pied gauche de l'homme. Sa tête de dragon ou d'oiseau se prolonge par un corps aux rainures vrillées, corps doté de quatre feuilles-plumes en crochets. La queue est céphalique, avec une tête coiffée d'un "chapeau" (d'une crête) à prolongement frontal et postérieur en volutes.
La volute postérieure se croise en crochet avec la partie homologue de la coiffure de la queue d'un deuxième grylle, qui, à droite, mange un gros épi. Et ce dernier naît d'une tige à double rang de feuilles, reprenant ainsi les formes des feuilles-plumes des grylles et de l'homme, dans un nouvel exemple de confusion malicieuse des règnes.
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IV. QUATRIÈME TRAVÉE DE LA NEF, COTÉ SUD.
Deux pièces S1 et S2 séparées par l'entrait et encadrées par des blochets.
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-Blochet complexe.
-La pièce S2. Elle débute par un masque de profil coiffé d'un bonnet à grelot, puis vient un grylle, un semi-humain vêtu de blanc, et enfin un dragon à queue céphalisée. Bois polychrome (blanc, bleu et rouge) sous l'enduit chocolat.
-Entrait à engoulant.
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Le masque de profil, aux cheveux longs et raides, est coiffé d'un bonnet dont la corne, projetée en avant, s'achève en balle (grelot ?), ce qui évoque un fou ou acrobate. Il embrasse la petite tête d'oiseau d'un grylle aux longues écailles et aux feuilles-plumes habituelles. La queue de ce grylle s'achève en tête coiffée d'un bonnet bleu enrubanné.
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L'homme (ou créature semi-humaine) au centre tend les bras vers la chevelure du grylle, et l'empoigne. Il semble porter un bonnet carré. Il est vêtu d'une tunique blanche plissée, bouffante à la taille. Ses jambes sont repliées en grenouille, mais il n'échappe pas à la morsure du dragon qui le poursuit.
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Ce très beau dragon appartient au style de "Brellivet" par ses oreilles d'âne, son grand œil d'horus et sa collerette de plumes, mais il s'en éloigne par un corps soigneusement poncé, et non entaillé de coups de gouges. Il est équipé d'ailes de chauve-souris. Sa queue se termine par une tête (c'est très commun parmi les dragons bretons), mais cette tête singe le masque de profil de début de pièce, et la queue du grylle.
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Pièce S1. Elle est centrée par un masque humain de face coiffé d'un bonnet bleu et portant la barbe. À sa droite vient un grylle à tête de bonne femme grimaçante. À sa gauche un pampre, dont les grappes sont dévorées par un dragon à gueule de loup, ailes nervurées, et queue couverte de pustules, et entortillée.
Le blochet est une face lunaire, taillée en console.
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Le bas-coté sud ("transept").
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Pièce de gauche. Homme allongé, bras en avants, coiffés d'un bonnet de fou. Feuilles-plumes fixées à des colliers.
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Pièce de droite. Dragon à feuille-plumes croquant une grappe.
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Blochet : buste de femme tenant un objet (ses genoux ?).
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Masque crachant des feuilles.
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AUTRES PIÈCES.
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Jeune garçon en sarrau plissé soufflant dans une chalemie qui génère des feuilles.
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CONCLUSION.
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J'ai compté
7 masques, de face et de profil.
4 dragons, la plupart dotés d'une queue céphalisée.
4 grylles (chimère mi-humaine, mi-animale)
3 hommes (ou créatures semi-humaines) allongés,
2 "anges".
Le point le plus remarquable est l'homogénéité de ce décor sculpté, déclinant en 6 à 8 pièces finalement le même motif, celui de dragons ou de dragons-grylles menaçant de dévoration des hommes, tout cela sous le signe de la métamorphose entre êtres humains, animaux, animaux fantastiques et végétaux par le biais de l'ingestion réciproque. Les frontières entre espèces sont défaites par le double truchement d'anneaux de feuilles-plumes, et des queues prenant visage humain.
L'interprétation de ce décor, en opposition avec les motifs religieux (cultuels ou hagiographiques), ne peut être donnée. Au mieux, elle peut être suggérée, mais chaque proposition ou hypothèse soulevée se rit d'elle-même tant elle est en deçà de ce qui est représentée. Un charme évident naît de cette indétermination de ce qui est donné à voir, mais ce charme n'appartient pas au domaine du fantastique, ni de la poétique, et ni encore du folklorique ou du transgressif.
Pour retrouver un terrain plus argumenté, il faut souligner l'intérêt des rapprochements stylistiques avec les sablières de Pont-Croix, Cléden-Cap-Sizun et Primelin, toutes communes voisines ou proches de Confort-Meilars, et de Plomodiern et Saint-Nic, plus éloignées au nord du Porzay. Les hommes allongés bras tendus en avant, presque nageant ou volant dans l'étroite bande de bois, ont sur un visage de profil le même œil vu de face, de taille excessive, le même front en melon et le même menton fuyant. La métamorphose par des feuilles-plumes prenant naissance par des colliers ou anneaux est également caractéristique.
Pourtant, dans ce corpus, Confort-Meilars se distingue par les corps lisses des dragons, par un goût du travail bien poncé soulignant des volumes musculeux.
On voit combien le travail d'analyse des sablières, si superbement établi pour toute la Bretagne par Sophie Duhem, peut encore être affiné, notamment pour le Finistère, par la confrontation de dossiers iconographiques comme celui que je propose ici.
Enfin, il doit sortir de ce cadre pour s'enrichir de la comparaison avec les œuvres de sculpture sur pierre contemporaines, comme les crossettes souvent riches en dragons (mais pas à Confort-Meilars).
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SOURCES ET LIENS.
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— COUFFON (René) & LE BARS (Alfred), 1988, Notices
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/MEILARS.pdf
"Suivant la généalogie de la Maison de Rosmadec, l'édifice actuel fut bâti en même temps que l'ancienne église de Landudec, entre 1528 et 1544, par les soins d'Alain de Rosmadec et de sa femme Jeanne du Chastel. La date de fondation inscrite sur la face nord du chevet, "EN. LAN. MVCSXXVIII. LE. SECOND. DIMANCHE. DAVST", vient confirmer cette assertion, mais les nombreux poissons et les caravelles sculptées sur le tympan du portail ouest montrent la participation importante des pêcheurs et armateurs, comme à Roscoff et à Penmarc'h. Au cours de la construction, il y eut repentir, les deux premières travées ayant une largeur légèrement supérieure aux deux dernières.
L'édifice actuel comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés et un choeur terminé par un chevet à noues multiples. De part et d'autre du clocher encastré sont deux réduits : côté sud, ossuaire ajouré de deux baies et donnant sur l'intérieur ; côté nord, chapelle des fonts. Le pignon ouest est percé à la base par un portail influencé par celui de Saint-Corentin, mais les voussures ne sont décorées par aucune guirlande de feuillages.
Le chevet, du type Beaumanoir, est contrebuté par des contreforts ajourés d'un quatre-feuilles du plus heureux effet. L'un des remplages renferme une fleur de lys, les deux autres sont flamboyants.
Du type à nef obscure, l'édifice est lambrissé en berceau avec entraits apparents ; les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers ; elles sont simplement épannelées dans les deux premières travées et bien moulurées dans les deux dernières.
Sablières sculptées au-dessus de la quatrième arcade et dans les collatéraux.
Arcs diaphragmes sur la nef et les bas-côtés entre la troisième et la quatrième arcade.
BIBL - B.D.H.A. 1933 : Notice (par l'abbé Parcheminou) - J. Rolland : La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) - R. Couffon : Notre-Dame de Confort (S.F.A. C.A. 1957) - R. Grand : L'art roman en Bretagne (Paris, 1958) - Ass. Bret. : Congrès de Douarnenez, 1965
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. pages 3 ; 19 : 143 et 179. Voir les pages 142 à 146 pour les sablières attribuées à "Bréllivet".
"Quelques représentations exceptionnelles [de scènes sexuelles] doivent être signalées : une scène de masturbation apparaît dans la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une sculpture damée laisse deviner deux figures enlacées se présentant mutuellement leurs organes à Brennilis, et, à Confort-Meilars, un petit homme est coiffé d'un chapeau à crête phallique" (p. 179)
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"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.
L'œuvre, datée de 1564, est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.
Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les plus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.
Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."
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— ROLLAND (J.), 1922, La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) : in Infobretagne
http://www.infobretagne.com/meilars-confort-chapelle.htm
— PARCHEMINOU (Corentin), 1933, Meilars-Confort, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie (BDHA)
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/295fd408ca344ed8913a9ae63b8516cd.pdf
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