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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 19:41

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Voir sur cette église :

Les inscriptions lapidaires (1550-1684) de l'église Saint-Herlé à Ploaré (Douarnenez).

 

 

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Voir aussi sur les carvelles ou les embarcations de pêche, ou les poissons sculptées sur pierre en Finistère : 

 

Voir les embarcations de pêche sculptées sur bois sur les sablières :

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L'église de Saint-Herlé à Ploaré (quartier de Douarnenez depuis 1945) a été construite à partir de 1548-1550, comme en témoigne les inscription de fondation du coté droit de la façade occidentale.

Or, sur le même mur qui porte ces deux inscriptions, nous trouvons deux bas-reliefs à thème maritime. L'un représente un oiseau au bec long et fort  faisant un piqué sur un banc de poisson, un comportement propre, dans les mers bretonnes, au Fou de Bassan  (et aux Sternes, mais dont la morphologie est bien différente). Le chanoine Pérénnès, à qui on ne peut demander des compétences d'ornithologie, y voyait "un goéland planant au-dessus de quelques sardines.". L'abbé Castel mentionne "  pêcheur, goëlands et poissons ".

Le deuxième bas-reliefplus énigmatique, montre un homme (béret, tunique, bottine) tendant une boule devant lui. Il lève la tête, menton pointé, vers un poisson qui, curieusement, est sculpté à la hauteur de son front et qui, non moins curieusement, possède une queue bien originale.

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Si je compare ces deux scènes à celles de Confort-Meilars, je constate un point commun, leur proximité immédiate avec l'inscription de fondation. J'avais émis l'hypothèse que le seigneur donateur rappelait par ces motifs ses droits à percevoir des taxes sur les pêcheries et les navigations.

Le commentaire le plus intéressant  sur ces bas-reliefs est celui d'Yves-Pascal Castel 

"Comme l'ensemble de l'église. le clocher de Ploaré est né de la volonté d' une grosse paroisse terrienne, plongeant dans l'eau ses bords, de se doter d'un abri pour ses cloches et d'un amer utile pour ses marins. Oeuvre séculaire de la communauté entière, il ne s'y distingue d'autre armoirie que le blason parlant d'un pêcheur aux prises avec un gros poisson, un goëland goulu, au-dessus de sa tête. Les fabriciens chargés de la collecte des fonds et de la gestion du chantier ont inscrit leurs noms que le soleil frisant permet de relever: Antoine Le Bahé, G. Gleuha, Hervé Le Friant, Y. Gourloen. M. Lorans, H. Le Belec, Jehan Le Mor. Ces noms sont suivis de la mention PRO(cureur) FAB(brique). L'un d'entre eux précise « premier fabrique ». Aux noms des fabriques s'ajoutent ceux de maîtres maçons ou maîtres charpentiers. Ceux-ci ne sont suivis d'aucune initiale. "

Mais le patronyme supposé pour ce "blason parlant" (un rébus) n'est pas connu. Voyons plutôt ici une enseigne.

Comment interpréter l'absence de navires ? Peut-être par le fait que la ressource économique de Ploaré venait moins du transport maritime, du commerce et de la pêche en mer que des pêcheries et sécheries ; mais je ne saurai le prouver.

 

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Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

Façade occidentale de l'église Saint-Herlé . Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie) 1898, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, par M. l'abbé J.-M. Abgrall. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Morlaix et à Brest ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques Société française d'archéologie. Derache (Paris), A. Hardel (Caen)  page 141 .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f208.image

— ABGRALL (Jean-Marie) 1916, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall (suite), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère page 74.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f135.item

CASTEL (Yves-Pascal), 1978, Le clocher de Ploaré, amer sur la baie.L'Echo de Douarnenz-Ploaré, n° 223 ; avec une bonne photo de l'inscription de 1550.

"L'Eglise de Ploaré risque de n'attirer l'attention que par le profil étrange et déséquilibré au niveau des étages octogonaux de sa haute tour. Disparates au point de donner au visiteur une impression de malaise, les clochetons sont de hauteur inégale. Deux à l'Ouest semblent moignons mutilés. mal accordés, à la fine pyramide qui se marie pourtant parfaitement avec les deux aiguilles de la façade orientale. Mais il faut prendre les clochers comme les gens, sans vouloir les changer. C'est le meilleur moyen d'en améliorer l'image de marque.

LES NOMS DES COMMANDITAIRES.

Comme l'ensemble de l'église. le clocher de Ploaré est né de la volonté d' une grosse paroisse terrienne, plongeant dans l'eau ses bords, de se doter d'un abri pour ses cloches et d'un amer utile pour ses marins. Oeuvre séculaire de la communauté entière, il ne s'y distingue d'autre armoirie que le blason parlant d'un pêcheur aux prises avec un gros poisson, un goëland goulu, au-dessus de sa tête. Les fabriciens chargés de la collecte des fonds et de la gestion du chantier ont inscrit leurs noms que le soleil frisant permet de relever: Antoine Le Bahé, G. Gleuha, Hervé Le Friant, Y. Gourloen. M. Lorans, H. Le Belec, Jehan Le Mor. Ces noms sont suivis de la mention PRO(cureur) FAB(brique). L'un d'entre eux précise « premier fabrique ». Aux noms des fabriques s'ajoutent ceux de maîtres maçons ou maîtres charpentiers. Ceux-ci ne sont suivis d'aucune initiale. Ainsi sans doute, Nicolas Trétout et Maréchal. Vers la fin des travaux, au XIIè siècle, ce sont les recteurs qui réclament la paternité de l'ouvrage. Indication d'une emprise cléricale plus grande sur la construction. M(essire) H. Paillard fait suivre son nom du R. désignant la fonction. Son successeur est plus modeste. Il ne donne que des initiales G.P. mais ajoute, en toutes lettres, son titre: Recteur. En 1736, le dernier en date de ceux qui signalent leur intervention dans l 'édification de l'église. P. G. Huguet R(ecteur) se donne le curieux, mais habituel titre de V(énérable) et D(iscret) M(essire) ! ...

LA CONDUITE DES TRAVAUX On a ainsi le nom des hommes qui ont présidé à l'œuvre: fabriciens, recteurs et maîtres. L'observation des dates permet d'établir. grosso modo, le calendrier d'un chantier qui, continu pendant un demi siècle, connut par la suite une longue interruption: 1548, 1550, 1551.1555,1558,1559.1560. Dix années de travaux jusqu'à la 43è assise de pierre, à raison donc de trois à quatre assises par années, c'est à-dire un mètre de hauteur environ. Ce n'est pas rapide, mais en accord avec la sagesse du temps. Le chantier est financé en dehors de tout système de crédit, ne pouvant fonctionner que sur les rentrées annuelles. La charge de six ou sept ouvriers environ n • était pas pour grever inconsidérément le budget de la paroisse. Les charrois de pierre étant effectués par les paroissiens eux-mêmes, ces ouvriers taillent la pierre, prenant Je temps de sculpter ornements, inscriptions. et motifs en relief. Us sont payés fort vraisemblablement à la quinzaine. Le fait que l'on ait fait figurer sur la façade occidentale pêcheur, goëlands et poissons affirme le rôle joué par l'économie d'un port dans les destinées d'une église paroissiale au double visage: maritime et rural. De 1560 à 1570, monte le carré de la tour. Jusqu'à la première galerie. L'on y compte 33 assises. Sentirait-on un fléchissement dans l'activité du chantier par rapport à la décennie précédente ? Ce n 'est pas impossible .

En 1572, alors que l'on poursuit le travail au niveau des étages octogonaux. on pose les fondations de la future église. Des murs extérieurs viennent ceinturer l'église bas. se encore debout. Le procédé de 1 'enveloppement était courant qui permettait l'utilisation de l'ancienne église. On comprend ainsi que pendant 20 ans le clocher n'ait gagné qu'une dizaine de mètres, trente assises, jusqu'au moment où en 1593. les troubles de la Ligue viennent stopper le chantier après une activité de presque 50 ans ... A peine commencée. l'érection de la pyramide est arrêtée. Elle ne reprendra que 90 ans plus tard. En effet, il faut attendre le dernier quart du XVlle siècle pour voir les recteurs prendre la relève des fabriciens. Le recteur Paillard fait voûter le porche (L673). Le recteur G.P. continue la pyramide (1684). Nicolas Trétout entreprend la charpente (1693). Ainsi. vers les dernières années du XVIIè siècle, l'église de Ploaré offre l'allure définitive qu'on lui connaît maintenant. moins les clochetons hauts (1736) et la sacristie."

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/71107299c5b07ac24c3b33e18198e841.pdf

COUFFON (René), 1988, Notices Douarnenez

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DOUARNEN.pdf

 

PÉRÉNNÈS (HENRI), 1939, Notice de Ploaré, BDHA page 225

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56d47066d5bc94bb64f58549386360.pdf

 

 

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Published by jean-yves cordier

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