La bannière de procession ancienne (XVIIe ou XVIIIe siècle ?) de l'église de Plouezoc'h.
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Sur les bannières, voir :
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L'enclos paroissial de Dirinon IV : les bannières anciennes (XVIIIe siècle).
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Les bannières Le Minor. C'est l'article sommaire.
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La bannière Le Minor de la paroisse "Saint-Yves de la côte sauvage".
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Les bannières, c'est comme les papillons. Le pardon de Kerdévot.
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La bannière Le Minor de la chapelle du Drennec en Clohars-Fouesnant (29).
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L'église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. I. Les bannières.
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Le Pardon de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic le 3 juin 2018.
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La chapelle Notre-Dame-de Tréminou à Plomeur : la bannière, les vitraux, etc.
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L'église de Hauville (Eure) : vitraux anciens, poutre de gloire et bannières.
etc...
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PRÉSENTATION.
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Une bannière de procession ancienne est exposée dans le chœur de l'église Saint-Etienne de Plouezoc'h. Elle fait partie des 48 bannières étudiées par Christiane Le Guillou dans sa thèse de 2013 sur les bannières anciennes, mais je n'ai pas pu trouver de données en ligne sur sa protection ou sa description.
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La Crucifixion.
La face principale est consacrée à la Crucifixion, où le Christ en croix est entouré de la Vierge à sa droite et saint Jean à sa gauche (calvaire). Le soleil et la lune indiquent l'ébranlement cosmique accompagnant la mort du Rédempteur, tandis qu'un crâne rappelle tant le nom Golgotha ("lieu du crâne") , que la croyance au fait que la Croix est érigée sur la tombe d'Adam.
Le décor de rinceaux traverse un fond parsemé de perles. Deux fleurs de lys indiquent que la bannière date vraisemblablement de l'Ancien Régime.
Les lambrequins sont de velours vert, brodé de rinceaux et frangés de cannetilles. Ils ne dissimulent pas de clochettes.
Le gousset (d'origine ?) est de velours vert et rouge.
Les personnages et le décor sont brodés sur une étoffe de soie verte, encadrée d'une bordure. Seules les mains de Marie et de Jean
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Saint Pierre.
La bannière du verso montre saint Pierre élevant ses clefs pour les présenter, et tenant un livre. On retrouve les deux fleurs de lys, les rinceaux et les perles, et les lambrequins, ici rouge et jaunes. Le sol est figuré par des carreaux jaunes, blancs et verts centrés par une pastille de pacotille.
Aucune inscription n'est présente.
La datation n'est pas indiquée dans le travail de Christiane Le Guillou .
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Extraits de la publication de C. LE GUILLOU.
"Les bannières sont réalisées à partir d'un rectangle de velours uni, sur lequel on fixe la scène choisie, réalisée dans l'atelier même ou dans un autre atelier. Des broderies d'accompagnement viennent combler les vides du fond sur lequel se détache la Crucifixion, saint Pierre ou saint Paul .... Pour quelques unes, les plus anciennes peut-être, ce sont des entrelacs, parfois superposés à un lys héraldique ( bannières de Squiffiec et de Plouézoc'h). C'est, de longue date, une manière élégante et traditionnelle de réemployer des broderies anciennes sur un tissu neuf en évitant des travaux trop importants."
"Dans le Trégor finistérien deux paroisses peu éloignées ont conservé de vieilles enseignes : Plouézoc'h est côtière, Plougonven plus terrienne, pourvues toutes deux d'édifices religieux anciens de qualité."
"Les personnages sont réalisés en broderie de rapport, c'est-à-dire brodés sur toile de lin ou de soie puis appliqués sur fond de velours brodé au préalable, (Plouézoc'h, Tréduder, Trédrez, Plougourvest, Le Minihy-Tréguier, Squiffiec, Grâces...)."
"La scène du Calvaire avec les seuls Marie et Jean « le disciple qu'il aimait » est la plus fréquente. La mère à la droite de son Fils, les mains jointes, le disciple semblant converser, s'adresser au crucifié. C'est un motif innombrable en peinture, reproduit et diffusé sous forme de gravures. Le peu de diversité des bannières recensées, leur ressemblance, tend à témoigner d'origine très proches, sinon communes, non encore identifiées. A Plouézoc'h comme à Locquémeau, le périzonium s'envole, les deux bras de la croix sont flanqués de la lune et du soleil, ainsi que sur l'une des bannières conservées au château de Kerjean ."
"Les PIERRE répondent à deux modèles, Portier du ciel avec les clés, ou Premier Pape. A cette dernière appellation répond la seule bannière de Locmélar. Pour être complet, il faut ajouter quelques Pierre en compagnie, où le premier prélat est représenté avec un autre vénérable local. Les Pierre Portier du Ciel, nettement plus nombreux, ont été représentés au moins de deux façons, différentes mais proches, sachant que deux objets symboliques sont incontournables : le livre et les clés. Vu de face, le saint porte le livre au niveau de la ceinture au creux de son bras replié à Plouguerneau bannière fort restaurée.
A Plouézoc'h, une restauration très respectueuse, permet de conserver à l'oeuvre sa cohérence, mais souligne les divergences de traitement : l'atelier, ou le concepteur, n'est sans doute pas un Tuberville ou un Landais, comme le laissent supposer le sol carrelé qui rappelle les pavements moyenâgeux, et les peu habituels festons ovales. Ces deux caractéristiques pourraient suggérer par contre un rapprochement avec la bannière du Trône de Grâce de Locquémeau. L'autre Pierre Portier, cette fois vu de trois-quart, se retrouve identiquement, à Pleyber-Christ, Saint-Pierre Quilbignon, Locmélar, Le Minihy-Tréguier, Plougourvest.
En rapprochant les diverses versions de l'effigie de saint Pierre, appelée par nous « Portier du ciel », on constate qu'elles sont identiques... sauf la taille de l'auréole, particulièrement large à Saint-Pierre-Quilbignon et au MinihyTréguier, à Locmélar, nettement plus réduite à Plouézoc'h."
"Les lambrequins.
Les lambrequins des bannières sorties des ateliers Landais, Tuberville, Marzin sont découpés en cinq festons ronds, très réguliers, dont les creux reçoivent quatre clochettes de bronze. Dorées à Plougourvest, elles sont le plus souvent dissimulées par une jupe de passementerie. Frangés de cannetille et galonnés d'or, ornés d'un motif extrait d'un fleuron, les lambrequins assument la double fonction d'orner élégamment le bas de la bannière et d'améliorer sa tenue au vent. Tous les ateliers n'ont pas adopté cette forme arrondie, il y a aussi des festons rectangulaires, (Locquénolé, Hengoat, Locmélar ). Et le nombre peut varier : trois à Pleyber-Christ, six pour la Cathedra Petri de Locmélar pour accueillir recto verso, les douze apôtres dont le mode de broderie semble dater l'oeuvre du XVIe siècle. D'autres ateliers, sans doute moins expérimentés, installent des festons moins réguliers généralement brodés (Plouézoc'h)."
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La bannière de saint Pierre.
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SOURCES ET LIENS.
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— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2010. Les bannières religieuses en Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les ”vieilles” bannières. 79 pages + 38 illustrations hors texte Ceci est le chapitre d’une thèse 2010.
https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00546728/document
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01231402/file/These-2013-SHS-Histoire-GUILLOU_Christiane.pdf
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2013. Les bannières religieuses , une approche du catholicisme bas-breton. Thèse de doctorat d'histoire de l'art sous la direction d'Yvon Tranvouez. UBO Brest / CRBC.
www.theses.fr/2013BRES0070.pdf
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2016, Les bannières de Basse-Bretagne, Société des Amis de Louis Le Guennec.