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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 13:59

Exposition de la Bibliothèque

de Brest à Bellevue :

Baleine en vue !

 

Que du bonheur : enfance, drôlerie, verve de l'imagination et des talents. 

  

Frédéric Bihel, Aquarelle sur papier fait main.


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Aurélia Grandin verso (détails).

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Aurélia Grandin recto :

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Pinocchio et Gepetto dans le ventre de la baleine, version pop-up.

Prosperine Desmazure, Richard Johnson, Ed. Quatre Fleuves, 16 p..

 

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Patricia Chemin, papier de soie et acrylique.

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Martine Bourre, La Baleine en carton (détail).

 

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 Collection particulière, Puzzle.

 

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Moby Dick en Pop up : superbe !

Editions Gallimard Jeunesse, Illustrations en linogravure de Joëlle Jolivet, edition papier Gérard Lo Monaco.

 

Queequeg was George Washington cannibalistically developed.”

"Queequeg était un sosie de Georges Washington en plus cannibale" : phrase admirable de Melville, où se tient tout son humour, son art froid du renversement des valeurs par la confrontation des opposés.

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PS. Mon grain de sel : Cachaleine et Balot, une question de genre.

   Ma première lecture de Moby Dick  — évènement s'il en est dans la vie d'un lecteur — date du temps où je lisais aussi les aventures des Damien (Gérard Janichon et Jérome Ponchet), celle de Kurun autour du monde de Le Toumelin, avant de dévorer Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres, de Joshua Slocum, ou, bien-sûr, Vagabond des mers du sud de Moitessier. Comme tant d'autres, nous économisions, mon épouse et moi, chaque sou pour pouvoir acheter, un jour, le voilier de nos rêves.

  Soucieux d'éviter les dépenses, j'avais trouvé un exemplaire de Moby Dick dans une brocante. Cette exposition réveillant mes vieux souvenirs, je retrouve le gros volume ( dont le choc de la découverte de Melville a gravé physiquement dans mes neurones la typographie et les teintes de la couverture), pour constater qu'il s'agit d'un des 3000 exemplaires de la traduction d'Armel Guerne aux éditions Le Sagittaire de 1954, illustrée par William Klein, sous le titre Moby Dick [sans tiret] ou le cachalot blanc.

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  Elle est dotée d'un avant-propos du traducteur suisse, Herman Melville ou l'art transversal, de 14 pages.

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 Chaque traduction de Moby Dick se jauge sur son incipit : faut-il traduire la phrase  : Call me Ishmael, par « Je m'appelle Ishmaël. Mettons. » (Giono) au détriment de la concision de Melville, ou par « Appelez-moi Ismaël.» (Henriette Guex-Rolle, dans l'édition Garnier-Flammarion, et Jaworski dans l'édition de la Pléiade) ? Tout l'humour de Melville est déjà présent dans cette distanciation avec son narrateur, où il nous dit presque appelons-le Ishmael, "si vous y tenez", comme un marionnettiste qui montre sa tête au dessus de son personnage et en révèle les ficelles.

De même le "mettons" de Giono est-il, pour Jean Jamin, signe "de supposition et de concession, ", signe aussi de connivence voire de "mise" au sens d'enchère, de jeton  jettant précisément un doute sur tout nom propre et insistant par cette faille sur l'aspect conventionnel des signes identitaires auxquels nous nous attachons tant. 

  On pouvait traduire aussi par "Je me nomme soit-disant Ismaël". Cette simple première phrase fait  éclater déjà sa polysémie. 

 Armel Guerne choisit : « Appelons-moi Ismahel. » , avec le repositionnement du "h" conférant au prénom un ton hébraïsant (?)

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 J'emprunte à Wikipédia le rappel des cinq éditions françaises de Moby-Dick :

  • Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono, Gallimard, 1941.
  • Armel Guerne, Éditions du Sagittaire, 1954 ; rééd. Phébus en 2005.
  • Georges Saint-Marnier, Éditions Walter Beckers, Kapellen-Anvers, 1967, en 2 vol.
  • Henriette Guex-Rolle, Garnier-Flammarion, chronologie et préface par Robert Silhol, collection GF, no  236, 1970 ; rééd., traduction introduction, notes, glossaire, chronologie et bibliographie par la traductrice, illus. bois originaux par Hélène Abplanalp, Édito-Service, Genève, 1970 ; rééd. collection Les livres qui ont fait le monde, cercle du bibliophile, 1970 ; rééd., introduction, bibliographie et chronologie par Jeanne-Marie Santraud, coll. « GF », n° 546, Flammarion, 1989.
  • Philippe Jaworski, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2006.  

 La traduction d'Armel Guerne est donc la seconde, après celle de Giono qui a fait référence par son succès. Mais alors que Giono parlait de Moby Dick comme d'une baleine blanche, ce qui est une faute manifeste et très certainement délibérée de l'auteur de Pour saluer Melville (1941) qui ne pouvait ignorer qu'il s'agit là du récit d'une chasse obsessionnelle au grand cachalot blanc, Armel Guerne rétablit la justesse de traduction tant dans le titre que dans le texte et parle d'un cachalot, d'un mâle solitaire d'une espèce sexuée (mâle et femelle) dont le genre grammatical est le masculin.

 Il nous faut donc être fidéle à la fois à la grande tradition française depuis Giono de la "baleine blanche" (terme qui ne définit, zoologiquement, que le béluga, mais qui évoque dans notre imaginaire Jonas, Pinocchio, les parapluies, les corsets et les soutiens-gorges, l'animal muni de fanons et ne s'alimentant que de krill, la victime innocente des cruels chasseurs nippons, Greenpeace, et enfin des chants langoureux venus d'outre-tombe), indéfectiblement féminine et à la fois à The Whale, le cachalot à la tête rectangulaire remplie de spermaceti, à la mâchoire en scie alignant ses dents de dragon, et capable de fureur agressive inséparable (tels sont nos stéréotypes) de la masculinité.

  Si on ajoute à cela que l'anglais peut utiliser selon le contexte he, it ou she comme pronom pour désigner ce mâle, que cette langue attribue aux navires le genre féminin (the ship), et que les marins dans leur jargon féminise ou masculinise les animaux qu'il chassent selon l'action de chasse tout en signalant son souffle par un invariable She blows (Elle souffle !, qu'Armel Guerne traduit par : Souffle, sou-ouffle !), on comprendra les savoureux enjeux de genre qui se cachaient involontairement derrière mon Cachaleine ou Balot.

 Source : le passionnant article d'Isabelle Génin La baleine blanche a mauvais genre.

  Philippe Jarowski dans l'édition de La Pléiade, Gallimard 2006, traduit souvent the whale par "le cachalot", mais traduit, par exemple, le passage Mast-head, there! Look sharp, all of ye! There are whales hereabouts! "If ye see a white one, split your lungs for him! du chapitre 31 par "Ohé, les vigies ! Ouvrez l'œil, tous ! des baleines dans les parages ! Si vous en voyez une blanche, donnez de la voix !" (p. 156)

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Published by jean-yves cordier

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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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