Le vitrail de l'Arbre de Jessé
de l'église de Moncontour (22).
XVIe siècle
Classé Monument Historique en 1890.
Est-ce parce qu'il a été "trop bien" restauré ? Ou parce qu'il ne m'a réservé aucune surprise, aucune énigme, avec ses treize rois parfaitement comptés, ses deux prophètes à leur place en faction autour de son Jessé bien endormi, sa Vierge sage ? Je n'ai pas eu le coup de foudre.
Cela ne fait rien, il vient s'ajouter à ma série des Arbres de Jessé bretons sur la liste récapitulée ici : Le vitrail de l'arbre de Jessé à Férel (56).
Il occupe la baie 4, du coté sud, et mesure 5 mètres de haut sur 1,90 m de large. Il se compose de trois lancettes, celle du centre montant jusqu'au sommet de la baie où elle est encadrée de deux écoinçons.
Daté par estimation des années 1530-1540, il a été restauré en 1891-1893 par l'atelier Bonnot de Paris avec reconstitution de remplage, les meneaux ayant disparu.
I. Registre inférieur.
Panneau Ia, le prophète Jérémie.
Inscription suscitabo david germen justum, citation de Jérémie 23,5 : Ecce dies veniunt, dixit Dominus, suscitabo david germen justum : "Le temps vient, dit le Seigneur, où je susciterai à David une race juste : un roi régnera qui sera sage, qui régnera selon l'équité, et qui rendra la justice sur la terre".
Le panneau est moderne, mais il reprend le carrelage en damier noir et blanc, la tenture rouge et la posture de désignation par l'index du panneau 1c.
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Panneau 1b : Jessé endormi.
Jessé est assis sur un banc blanc avec un ornement d'or devant une draperie rouge tendue en dais depuis le panneau 2b. Le registre du dessus permet de découvrir que deux angelots sont accoudés sur cette tenture, comme pour découvrir le spectacle tout en retroussant l'étoffe.
Jessé est vêtu d'un manteau damassé d'or, d'une tunique verte laissant apparaître les manches violettes, dont celle de droite montre un revers bleu clair sur le poignet. Il est coiffé d'un turban violet. Un coussin de velours rouge se termine par deux glands à franges bleus.
Le tronc de l'Arbre, sous forme d'une masse grisâtre, sort de la partie basse de sa poitrine.
Panneau 1c : Isaïe.
Le bas du panneau a été refait entièrement, ainsi que la tête du prophète.
Un phylactère énonce la citation fondatrice des Arbres de Jessé, Et flos de radice ejus ascendet. “Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines, un rejeton poussera”
II. Registre intermédiaire inférieur.
Panneau 2a. David
Panneau 2b. Le roi Salomon.
Il est entièrement moderne, couronné comme un roi de France, doté d'un sceptre, d'un collier évoquant celui d'un Ordre royal. Je le nomme Salomon par présomption.
Panneau 2c.
L'élement remarquable est l'emploi de verre rouge gravé.
III. Registre intermédiaire supérieur.
Je renonce à décrire chaque panneau : l'arbre porte au total treize rois de Juda, dont seul David est identifiable, qui portent tous la couronne, tous (sauf David) le sceptre, dont trois sont imberbes, dont un est assis, six debout et cinq en "chevalier servant". Les rois de la colonne centrale nous font face, les autres sont tournés vers l'axe médian, et la plupart semblent saluer, ou désigner de la main ou du sceptre, la Vierge et son Fils. Leurs vêtements et aspects rassemblent des caractères de rois hébraïques (longs manteaux et longues barbes, turbans) et ceux des costumes des nobles de la Renaissance (chausses, barbes taillées, bottes ou chaussons à crevés, camail d'hermine, etc...).
L'arborescence en rinceaux tracés au compas prend des allures de sculptures de pierre, dont les feuilles servent de support à des bases de colonne où les rois prennent place.
Panneau 3a. Un roi.
Panneau 3 b. Deux rois.
Panneau 3c. Un roi.
IV. registre supérieur.
Panneau 4a, deux rois.
Emploi de verre rouge gravé pour le roi supérieur.
Panneau 4b, deux rois.
panneau 4c, deux rois.
V. Faux tympan.
Il est formé par le dernier panneau de la lancette médiane et de deux écoinçons.
Panneau central, La Vierge.
Vierge à l'Enfant (très restaurée), couronnée et nimbée, en robe vieux-rose et manteau bleu, se détachant sur un réseau de rayons de lumière blanche. L'Enfant tend la main gauche vers une colombe.
Les écoinçons sont modernes.
Liens et Sources.
René Couffon, Contribution à l'étude des verrières anciennes du département des Côtes-du-Nord
mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord. 1936, pages 100 à 121
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/gsdl/collect/tap/archives//HASH014a/bb4393a0.dir/0000005422685.pdf