Les blochets de l' église Saint-Edern à Plouedern et sa restauration après sa destruction par la foudre le 24 mai 1974 :
Réunion de chantier sous les combles !
Voir aussi :
Après avoir traité des dangers que la foudre fait encourir aux clochers et des moyens de s'en prémunir Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!., après avoir découvert comment une église détruite par le feu peut relever le défi en créant un décor de vitraux contemporains, Les vitraux contemporains de Saint-Sauveur (Finistère)., j'entrais, par hasard, dans l'église de Plouedern en me rendant à La Roche-Maurice, cherchant une nouvelle inscription lapidaire, un N rétrograde, une statue de Sainte Barbe, et j'allais quitter la nef lorsque je pensais à lever les yeux.
Et là, perché à trois mètres de haut, je vis un homme tout nu qui m'observait. Parfaitement, un homme en tenue d'Adam, recroquevillé, tenant en équilibre sur les sablières. J'en poussais un cri : Ah, ça, c'est trop fort !
Personnage n°1 : peintre ; attribut : pinceau.
C'est qu'il n'était pas seul, le bonhomme : à droite, vêtu plus décemment, un quidam m'observait également. Là, encore un autre ! Et là, encore ! J'éclatais de rire, je courais à travers les stalles ou plutôt les bancs alignés en m'exclamant C'est trop ! C'est trop ! Trop fort! Tout le long des sablières du bas-coté droit, huit personnages s'étaient donnés rendez-vous, manifestement convoqués à une réunion de chantier puisque l'un avait encore ses pinceaux, l'autre sa pelle, le troisième des échantillons de couleur, et il y avait même Monsieur le Recteur qui siégeait, accroupi comme les autres.
Identification : Paul Mériguet
personnage n°2 : menuisier (rabot).
Personnage n°3 : le maître-verrier ?
personnage n°4 : le recteur.
Personnage n° 5 : l'électricien, attribut la lanterne.
Personnage n° 6 : ? attribut : le mètre-pliant.
Identification : Un métreur .
Personnage n° 7 ? attribut : le calepin et le stylo. Inscription NISAT PAIX COMM/UN.
Personnage n°8 : maçon ? attribut, la truelle ?
Par Saint-Edern, rêvais-je? Je me revois courant vers le bas-coté bâbord de la grande nef, pour retrouver (j'en étais sûr) huit autres collègues en rénovation du bâtiment, employés de maintenance ou autres artisans qui jouaient les hommes de l'air dans les combles.
Personnage n°9 : ? sculpteur bois, attribut la masse et le ciseau .
Personnage n° 10 : tailleur de pierre , attribut la masse et le ciseau .
Personnage n° 11, le maire, attribut : le village.
Personnage n° 12, architecte : ses attributs : le compas et le niveau.
Personnage n°13 : le couvreur .
Personnage n° 14, le charpentier ? attribut : la scie.
Personnage n° 15 : le peintre, attribut pinceaux et couleur.
Personnage n° 15 : ?? attribut ?? ( chauffage, attribut des flammes?).
Il était temps de retrouver son calme. Ces statues taillées comme les charpentes sculptées médiévales avaient l'allure de ces personnages, drôlatiques, naïfs ou lubriques qui se poursuivent le long des sablières de nos églises, poussant une charrue ou suivant un convoi, mais leur tenue contemporaine montrait bien que leur facture était récente. J'irai me renseigner, et ces têtes de Guignol allaient s'expliquer sur leur présence insolite.
La première chose que je fis, ce fut de consulter le Nouveau Répertoire des églises et chapelles de René Couffon et Le Bars, Quimper 1988, en ligne :
"Elle date du XVIIè siècle, ainsi que l'indiquent les dates de 1609 sur la frise du porche, de 1626 sur la petite porte Renaissance du midi et de 1680 sur la sacristie.
Le porche nord, de type classique et monumental, est en granit à gros grains. L'entablement de la porte d'entrée extérieure est soutenu par des colonnes doriques composites et amorti par un fronton. Au-dessus, attique supportant une niche à coquille et fronton cintré brisé, volutes très accusées. Sur le rampant du gable, décoration en S. Ce porche est voûté sur croisée d'ogives, il n'y a pas de niches pour des Apôtres.
Les grandes arcades en plein cintre de la nef pénètrent directement dans les piliers cylindriques ; les nefs latérales sont aussi lambrissées en berceau.
Au-dessus d'une fenêtre de la sacristie, inscription : "M. H. QVEFFELEAN. RECT / IAC. MORRI. PIER. COEN. FABRIQVE/ 1680."
Mobilier :
En mai 1974, un incendie a détruit la charpente et le mobilier. L'église, restaurée, a été rendue au culte en janvier 1978.
Maître-autel : table reposant sur deux piliers en forme de soc de charrue. - A l'autel du Saint-Sacrement, au nord, sur la porte de bronze du tabernacle les quatre Evangélistes encadrent le calice et l'hostie. - L'autel du Rosaire du XVIIè siècle a été détruit en 1974. Fonts baptismaux placés aujourd'hui dans la chapelle sud : la cuve à godrons porte l'inscription : "A.RIOV. RECTEVR. I. KDELENT. H. APERVE. FABRIQVE. LAN. 1641. R. LE. DORE. FECIT." Le baldaquin en bois polychrome, brûlé en 1974, portait l'inscription : "M. H. MILBEAV. R. Y. KDELANT. F. T. Y. BOVRHIS. FABR. 1661."
Bénitier en forme de cuve hexagonale, décoré de niches ornées de coquilles et d'accolades formées de galons plats, XVIè siècle. - Autre bénitier daté 1679 et surmonté de deux personnages tenant une massue.
Statues - en bois polychrome : Crucifix, saint Laurent, saint Guénolé, sainte non identifiée ; - en pierre : saint Pierre (porche).
Vitraux d'H. de Sainte-Marie, parmi eux le Baptême du Christ, l'Assomption et la Pentecôte.
L'église en 184., dessin de Léon Gaucherel (Gallica)
Le baptistère et le retable de Saint Yves sont partis en fumée (image http://www.plouedern.fr/index.php/plouedern/histoire ) :
Donc, aucune description ici de ces blochets. Un contact auprès de la Mairie ne fut guère plus fructueux.
Alors que des recherches ont lieu dans nos archives pour tenter de retrouver des informations sur les artisans et artistes du Moyen-Âge ou de la Renaissance en Finistère, moins de trente-cinq ans après la réalisation d'un chantier dont nous allons voir qu'il avait rassemblé les noms les plus prestigieux de l'artisanat de restauration d'œuvre d'art en France, aucune trace n'était conservée, aucune information n'était disponible !
Je précédais donc mon article d'un appel aux témoignages, mais celui-ci resta vain.
Petit addendum en avril 2014.
En novembre 2011, j'avais retrouvé la trace de Gérard Jamain, qui avait été chargé de l'expertise et maîtrise des coûts de ce chantier. J'avais échangé un mail et obtenu cette réponse :
Bonjour
L histoire de la restauration de cette eglise incendiée est toujours en 2011 unique en France Le sculpteur de ces sculptures qui représente les acteurs de la restauration est Vincent Fancelli le sculpteur du château de Versailles. Le peintre qui a mis en valeur ces statues est Paul Meriguet le peintre de toutes les têtes couronnées Tout cela sans que cela coûte un cent à la commune Je vais rechercher des documents dans mon dossier d' expertise
Bien cordialement
Gerard JAMAIN
Ingénieur-Conseil et économiste du patrimoine,
Je remercie Monsieur Jamain de ces précieux renseignements. Cela me donne accès aux données suivantes :
1. Gérard Jamain a fondé en 1986 "HÉRITAGE", bureau d'études spécialisé dans la restauration de bâtiments anciens.
Voir sa Notice biographique professionnelle, d'où je tire ces portraits.
Est-ce le mystérieux "personnage n°6" ?
Le site de ce bureau d'étude consacré au chantier de Plouédern une page (in "liste de références") présentant des photographies de l'église après l'incendie de 1974.
...Ainsi que des photos du chantier :
En regardant ces images en 2014, je réalise que les blochets étaient initialement placés dans la nef : on imagine l'effet qu'ils produisaient sur les paroissiens assistant au divin office sous le regard allumé de ces marionnettes des Guignols ! Surtout que les anges peints sur la voûte...non, je n'en dis rien pour l'instant. Bref, on peut penser que le curé, qui avait déjà sur sa statue des lèvres pincées et un regard consterné par le fait d'appartenir à cette mascarade, ou bien Monseigneur (car la réouverture du sanctuaire au culte a dû s'accompagner d'une cérémonie de dédicace) a dû intervenir en haut lieu pour faire (mais à quelle époque ?) déplacer les proéminences phalliques et peinturlurées dans les bas-cotés.
On trouve aussi dans le site de la société Héritage la mention suivante :
Maître d'ouvrage :La Mairie de Plouédern
Maître d'œuvre Gérard Cailliau - DPLG et ABF ... J'identifie donc :
2. Gérard Cailliau, architecte des Bâtiments de France, est surtout connu pour la réalisation du Pont de Cornouaille à Bénodet en 1972. (Il serait apparenté avec la sœur aînée du général de Gaulle, Marie-Agnès, qui avait épousé en 1910 Alfred Cailliau)
Je poursuis mon enquête :
3. Paul Mériguet "le peintre de toutes les têtes couronnées" : voir le site de l'Atelier Mériguet-Carrère qui donne une haute idée des techniques qui ont été employées sans-doute à Plouedern. Cet atelier créé en 1960 est dirigé par Antoine Courtois, qui prit le relais de Paul Mériguet
Notice nécrologique de Paul Mériguet en 2014 dans La Nouvelle République : "Après son CAP de peintre, passionné d'art et d'histoire ancienne, il réalise des décors de théâtre pour la troupe de son village. A 30 ans, il crée un atelier de décoration à Paris. Il avait de par son savoir-faire une réputation internationale. Spécialiste du trompe-l'œil, des dorures, des cuirs gaufrés, il a travaillé à la restauration de monuments historiques nationaux étrangers.
Il a participé en particulier aux travaux de décoration et de restauration du château de Versailles, des cathédrales d'Amiens et de Beauvais, de l'opéra Garnier, du palais de l'Élysée et l'hôtel Matignon. Son atelier compte encore aujourd'hui 120 compagnons amoureux du travail bien fait.
A Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire) dont sa femme est originaire, il a été l'instigateur de la résurrection de l'antique foire au safran (qui aura lieu cette année le 15 février). Il est également un des précurseurs de la culture du chêne truffier en Touraine.
Il était chevalier de la Légion d'honneur, chevalier national du mérite, chevalier des arts et lettres et chevalier du mérite agricole. Il est décédé samedi 18 janvier [2014] dans sa 83e année."
Photographie de Paul Mériguet.
4. Vincent Fancelli "le sculpteur du château de Versailles".
Vincenzo Fancelli, d'Alfortville restaurateur officiel du château de Versailles, est intervenu aussi dans la restauration des 22 stalles de la cathédrale Saint-Pierre de Saint-Claude (Jura) qui avaient été détruites par un incendie en 1983 (près de 200 statues de Jehan de Vitry). (Voir le Dossier de restauration avec la photographie de Vincenzo Fancelli (vers 1991) page 28 et 29 que l'on comparera au personnage n°9)
Portrait en 1966 par Jacques Haillot © Jacques Haillot/Apis/Sygma/Corbis
Voir aussi ici un autre portrait de 1966.
Vincent Fancelli appartient à une lignée d'artisan ; Otello Fancelli ouvrit d'abord dans les années 1920 un atelier à Pise sur la célèbre Piazza Miracoli, puis s'installa à Paris après la seconde guerre mondiale avec son fils Vincenzo, en se spécialisant dans la restauration et la reproduction de modèles anciens. Ils intervinrent dans la restauration du Musée Carnavalet, de l'Hôtel de Sully, du Château de Chambord, et, sous la direction de Gérard Van der Kemp, dans celle de la Chambre à coucher de Marie-Antoinette à Versailles. Depuis 1985, l'Atelier Fancelli (Paris-New-York) est dirigé par Jean-Pierre Fancelli.
http://www.heritage.tm.fr/index2.htm
"Un jour —raconte Hervé Duhot— Fancelli est arrivé avec un appareil photo et nous a tous photographié !". Il en a tiré ces statues.
De fil en aiguille dans une botte de foin, j'ai fini (juin 2014) par reconstituer la réunion de chantier. J'ai en effet rencontré Hervé Duhot, le couvreur, qui a retrouvé ce document :
Les participants aux réunions de chantier étaient donc :
Gérard CAILLIAU, Architecte des Bâtiments de France, Quimper,
Gérard JAMAIN, Métreur Monuments Historiques 6bis rue Louis Barthou Rennes.
Hervé ROPARS, Maire,
Entreprise de Menuiserie-Charpente A.M.C. Rennes, DAVALIS : JULIOT, chef charpente.
Entreprise de maçonnerie Christophe GAILLARD, Bénodet
Entreprise de peinture RAUB, Brest : peintre Claude JAOUEN.
Entreprise de couverture Hervé DUHOT, Landerneau.
Entreprise d'élecricité CADIOU, directeur technique JOSSET.
Entreprise de Chauffage STEINER, Ploudalmézeau.
Entreprise de vitraux Hubert SAINTE MARIE, Quintin.
Décoration : Paul MÉRIGUET.
Sculpture pierre : MOURAD-HORCH.
Cloches : BODET.
Paratonnerre : CAILLOT.
Il manque ici :
Le recteur MALLÉJAC,
Le sculpteur bois Vincente FANCELLI.
L'énigme étant résolue (hormis l'identification du personnage n°7), je peux m'intéresser à d'autres aspects de la petite histoire de Plouedern.
Une découverte macabre : des rouquins au sous-sol !
Mr. Cailliau ayant fait ôter le pavement de l'église, on découvrit alors des cadavres, dont la particularité était que ce qui restait de leur tignasse était d'une forte couleur rousse. Il s'agirait de victimes d'une épidémie de peste, la coutume étant alors de passer les corps au brou de noix pour éviter la transmission de l'épidémie. (information orale non vérifiée).
Un dégats des eaux trois ans après le chantier !
En 1982, le maire —Hervé Ropars— et le recteur s'alarmaient de constater que l'humidité faisaient des ravages et que la peinture se décollait par larges plaques (les murs avaient été peints de motifs polychromes tels que des arcades rouge-brique encore visibles aujourd'hui par endroit). Pire, la mérule, le terrible ennemi des charpentes, avait déjà rongé les lambris de la sacristie et s'attaquait au parquet de chêne. N'aurait-on pas pu prendre des précautions pendant la remise en état, demandaient-ils "sans vouloir,incriminer quiconque" à l'architecte Cailliau ? Le Télégramme de Brest qui relate l'événement se fait le porte-parole de leurs interrogations : "si on avait drainé les murs de pierre épais, si on avait traité les bois, un tel ravage se serait-il produit ? La municipalité "lève les bras au ciel à la recherche d'une aide providentielle qui saurait enrayer l'extension du mal dans ce joyau du patrimoine". L'affaire fut portée devant le tribunal administratif (1984) et le Conseil d'Etat (1987) —cf Annexe—, afin de sauver "la voûte où les anges aux figures naïves ont des sourires innocents".
"Les An-ges de-eu nos campa-gneu, ont entonné l'hy-imneu des cieux".
La voûte de la nef est effectivement merveilleusement peinte d'un ciel pommelé de cumulus que chevauchent, tels des adolescents sur les voitures tamponneuses, de frais angelots attentifs à éviter les obstacles constitués par les monogrammes de Marie. Mais si on les regarde de près, on remarque que quelques uns ont les traits de jeunes bretonnes de chez nous. Un hasard ? On raconte que les peintres leur ont prêté une ressemblance avec les dames qui leur avaient accordées leurs faveurs.
ANNEXE
Jugement du Conseil d'Etat du 15 juin 1987. En ligne.
Conseil d`Etat statuant au contentieux
N° 66284
Inédit au recueil Lebon
2 / 6 SSR
Errera, rapporteur
Schrameck, commissaire du gouvernement
lecture du lundi 15 juin 1987
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Vu la requête sommaire et le mémoire complémentaire enregistrés les 20 février 1985 et 20 juin 1985 au secrétariat du Contentieux du Conseil d`Etat, présentés pour la commune de PLOUEDERN, représentée par son maire en exercice et tendant à ce que le Conseil d`Etat :
1° réforme le jugement du tribunal administratif de Rennes du 20 décembre 1984 en tant qu`il limite à 35 749,29 F l`indemnité due par M. X... et l`entreprise A.M.C. en réparation des dommages constatés à l`église paroissiale à la société des travaux qui y ont été effectués,
2° condamne M. X... et l`entreprise A.M.C. à procéder aux travaux de réfection nécessaires pour faire disparaître les désordres ou, à défaut, à lui verser une somme égale à leur coût tels que l`expert commis les a estimés,
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu le code civil
Vu la loi du 28 pluviôse an VIII ;
Vu le code des tribunaux administratifs
Vu l`ordonnance du 31 juillet 1945 et le décret du 30 septembre 1953
Vu la loi du 30 décembre 1977
Après avoir entendu :
- le rapport de M. Errera, Conseiller d`Etat,
- les observations de la S.C.P. Waquet, avocat de la COMMUNE DE PLOUEDERN et de Me Boulloche, avocat de M. X...,
- les conclusions de M. Schrameck, Commissaire du gouvernement
Sur les responsabilités :
Considérant en premier lieu qu`il ressort de l`instruction, et notamment du rapport de l`expert désigné en référé, que les désordres limités affectant les enduits et peintures intérieures de l`église de PLOUEDERN ne sont pas de nature à rendre l`édifice impropre à sa destination ; que dès lors, en tout état de cause, ils en peuvent engager la garantie décennale des constructeurs qui ont participé aux travaux de remise en état de cet édifice à la suite d`un incendie
Considérant en second lieu qu`il est constant que les désordres importants affectant le parquet, les lambris et l`estrade de la sacristie et qui sont de nature à rendre ce local impropre à sa destination, sont dus à l`action du mérule ; qu`il ressort du même rapport que la prolifération de ce champignon a été rendue possible tant par la modification résultant desdits travaux des conditions générales de la ventilation de l`édifice et de son équilibre hygrométrique que par la réalisation de ces ouvrages en bois sans ventilation de leur face cachée, ce qui constitue un manquement aux règles de l`art ; qu`ainsi ces désordres engagent la garantie décennale tant de M. X... qui a dirigé les travaux, et qui, en sa qualité d`architecte des bâtiments de France, devait connaître les caractéristiques de cet édifice inscrit à l`inventaire des monuments historiques et dont les murs étaient saturés d`humidité et veiller à ce que les précautions indispensables fussent prises que de la société A.M.C. qui a réalisé les ouvrages en bois de la sacristie sans respecter les règles de l`art ; que les premiers juges ont fait une correcte appréciation de leur parts respectives de responsabilité en la fixat à 70 % pour M. X..., architecte, et à 30 % pour la société A.M.C.
Sur la réparation :
Considérant que, par le jugement attaqué, les premiers juges ont alloué à la COMMUNE DE PLOUEDERN la somme de 35 749,29 F à laquelle se montent, suivant l`expert, les travaux nécessaires pour la remise en état de la sacristie après élimination du "foyer" de mérule ; que si la commune demande la majoration de cette somme, elle se borne, dans le dernier état de ses conclusions, à se référer aux propositions de deux techniciens consultés par elle ; que ces documents, en raison notamment de leur absence de précision, n`établissent pas que l`expert judiciaire aurait fait une appréciation insuffisante des travaux strictement nécessaires à la réparation durable des seuls dommages qui engagent la garantie décennale des constructeurs
Considérant qu`il résulte de ce qui précède que l`appel principal de la COMMUNE DE PLOUEDERN et le recours incident dirigés par M. X... contre la commune doivent être rejetés ; que, par voie de conséquence les conclusions d`appel provoqué dirigées par M. X... contre les entreprises ayant participé aux travaux ne sont pas recevables
Article 1er : La requête de la COMMUNE DE PLOUEDERN, ensemble les conclusions d`appel incident et d`appel provoqué de M. X..., sont rejetées.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à la COMMUNE DE PLOUEDERN, à M. X..., à la société A.M.C., au ministre de l`intérieur, au ministre de la culture et de la communication et au ministre de l`équipement, du logement, de l`aménagement du territoire et des transports.