Laisses de mer de l'Anse de Dinan, l' Echinocardium cordatum (Pennant, 1777).
Cet objet translucide et fragile comme une coquille d'œuf est le test* d'un oursin asymétrique en forme de cœur que l'homme, peu soucieux des pléonasmes, à nommé Echinocardium cordatum (en effet cardium, comme cardiaque, signifie "cœur" tout autant que cordatum ). On n'aura guère de mal à lui trouver un nom plus commun, puisque l'animal, quoique sourd, répond aux noms de souris de mer (parce qu'il est, à l'état vivant, couvert d'épines aussi douces et soyeuses qu'un pelage, et aussi surtout parce qu'il vit, durant la journée, au fond d'un terrier creusé dans le sable à 20 cm de profondeur), de souris des sables, d'oursin cœur, d'oursin des sables, d'hérisson de mer ou bien, mais cela froisse ses goûts très simples), de spatangue cordiforme, parce qu'il appartient à l'ordre des spatangoidae. Mais elle se console, la spatangue cordiforme française, en pensant à ses consœurs d'Outre-Manche qui se font traitées de sea potatoes.
* Je vois bien que mon public s'agite, que des fesses se trémoussent sur les strapontins, que des doigts font mine de se lever, que les visages inquiets cachent mal une impatience fébrile, mais que chacun se rassure : vous l'aurez, l'étymologie du mot test, vous connaitrez la raison de l'utilisation, pour désigner cet exosquelette calcaire, de ce mot qui semble venir du latin testis, "témoin", d' où proviennent testicules (les deux témoins de la virilité), testament, témoignage, attester, et...test. (En ancien français, les tesmoings, c'étaient les testicules).
Je pose donc la question qui nous taraude : ces objets s'appellent-ils tests en raison de leur forme de leur forme ovoïde évocatrice ?
Non. Ayant interrogé le CNRTL, foin de querelles intestines, la réponse tombe, formelle : le mot test est... attesté dans cette acceptation depuis 1200 ou 1220 pour désigner une coquille (d'oeuf), une coque (d'amande), une crustace (je crée le mot) de crabe ou d' écrevisse. L'origine en vient du mot qui, au XIIe siècle, désignait les tessons, les débis de pot cassé, à partir du latin testum, "vase d'argile".
Puisque notre appétit de vocabulaire a été aiguisé, il est temps de lui offrir bonne chère, et de découvrir ce que sont les ambulacres (stricto sensu un lieu de promenade, de déambulation), les fascioles et les radioles, et, par défaut car la Souris de mer en est dépourvue, la Lanterne d'Aristote.
Je l'ai dit, l'Oursin jaune s'enterre dans le sable, par petits fonds ; il se pose sur sa face plate, dite face inférieure, ventrale ou orale, alors que sa face convexe, ou aborale va communiquer avec la surface des fonds marins par un long conduit oblique s'évasant en son sommet, et donnant passage au pied ambulacraire. L'hérisson de mer est couvert de piquants qui ne piquent guère, qui sont gris beiges et soyeux et qui servent soit, sur la face supérieure, à soutenir les parois du terrier , soit à la face ventrale, grâce à leur forme spatulée en cuillère, à fouir le sable, creuser le terrier, ou guider la nourriture (du sable chargé d'élements organiques) vers la bouche.
Durant la nuit, il sort pour se nourrir. Pour cela, il dispose d'une grande bouche, mais dépourvue de cet appareil manducateur dont son cousin Paracentrotus lividus (l'oursin commun, quoi) est pourvu et qui comporte cinq dents ; c'est cet organe qui est nommé lanterne d'Aristote.
Le test calcaire est formé de plaques de deux sortes : certaines sont perforées d'orifices qui donnent passage aux pédicellaires et aux pieds ambulacraires, pieds rétractiles munies de ventouses. Ces plaques ambulacraires s'organisent à la face dorsale pour rayonner en une fleur à quatre pétales. D'autres plaques, interambulacraires, sont dépourvues de pores.
La face supérieure dorsale :
La face inférieure ventrale :
Source :
http://mglebrusc.free.fr/textes/la%20mer/Faune/echinocardium.html
http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/aimar2/PAGES/118.htm
II. Autres trouvailles.