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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 21:39

 

 

Le Musée ou Cabinet d'histoire naturelle du jardin botanique de Brest 1800-1944.

 

        Sur un sujet analogue, voir mes articles 

Taxidermie et collections ornithologiques au XVIIIème et XIXème sièces. (1)

Taxidermie et collections ornithologiques au XVIIIème et XIXème siècle (2)

Taxidermie et collections ornithologiques au XVIIIè et XIXè (3)

Cet article fait suite avec celui-ci :

Le jardin botanique de l'Hôpital Maritime à Brest.

 

Introduction.

 Cela fera bientôt soixante dix ans que le Musée d'histoire naturelle de Brest et ses collections de botanique, de zoologie, de minéralogie et d'objets exotiques ont été détruits par les bombardements américains d'août et septembre 1944. Curieusement, une certaine indifférence entoure la disparition d'un monument réputé qui anima la vie sociale et scientifique brestoise  pendant près de 150 ans : à ma connaissance, aucun livre n'a été consacré spécifiquement à ce Musée, aucune tentative d'inventaire de ses collections n'a été dressé, aucun travail universitaire ne s'est attaché à en retracer l'histoire. 

  Ce Musée appartenait au Jardin botanique de l'hôpital maritime et un notable travail de documentation sur le musée a été réalisé par Claude-Youenn Roussel dans son ouvrage de 2004 consacré à ce jardin. C'est la meilleure source bibliographique disponible. Néanmoins, le choix du sujet (botanique) a conduit l'auteur à ne pas privilégier la description du musée.

  On parvient à trouver dans les revues spécialisées du XIXe siècle quelques articles donnant des informations sur les collections, et des inventaires partiels y sont indiqués. 

  Cambry en 1794 dans son Voyage dans le Finistère en dressa le premier tableau, puis dans son Histoire de la ville et du port de Brest, volume 2, Prosper Levot donna en 1865 une description du musée.  Souvestre en 1836 se contente de signaler son existence.

  Nous disposons du récit paru en 1927 de la visite du musée que fit au Jardin et au musée le médecin-principal  Louis Charpentier. Après la Seconde Guerre, deux médecins, Bellec et Laurent, ont décrits, dans les Cahiers de l'Iroise, leurs souvenirs des visites du musée avant la guerre : leur témoignage apparaît désormais essentiel, tant les informations sont rares. 

 

  C'est dire que l'ébauche d'une histoire du Musée d'histoire naturelle de Brest, à laquelle je vais me livrer en tout amateurisme, devra être prise pour ce qu'elle est : une tentative.

 

I. Éléments d'une histoire du Musée d'Histoire naturelle de Brest. 

 

  1. Sa création en 1793-94.

   Alors que le Jardin botanique de Brest, précédé par un jardin des simples en 1694, s'était développé sous la direction d'Antoine Laurent à partir de 1771,  le Cabinet d'Histoire naturelle de Brest n'est apparu qu'à la Révolution, créé sous la Terreur an II (1793-1794) par un arrêté de Bréard : "Qu'un Cabinet d'histoire naturelle, destiné à l'instruction publique, serait fondé au Jardin botanique de la Marine, à l'aide de tous les objets provenant des maisons d'émigrés et du dépôt de coquilles et de minerais qui se trouvait dans un magasin de la maison où se tenait l'administration du district" (Brest et le Finistère sous la Terreur, Armand Du Chatellier page 29).  A ce fond s'ajoute, selon P. Levot, un ensemble d'oiseaux amenés sur les côtes bretonnes par un hiver très rude en 1788-89, collectés par les médecin et chirurgien de marine  Dubreuil et Billard : outardes, cygnes, spatules, canards et harles. 

  Cet arrêté de Bréard indique que des collections privées existaient à Brest au XVIIIe siècle. La méthode et la classification des espèces n'étant apparue en histoire naturelle que depuis le Systema Naturae de Linné (1758), il s'agissait certainement, comme c'était l'usage, de rassemblement d'objets insolites, de Curiositas mélangeant des monnaies, des antiquités, des coquillages et des spécimens zoologiques naturalisés ou de tableaux de papillons. On pense, par-exemple, à la collection du Président de Robien en son château de Saint-Thuriau de Quintin, collection qui fut elle-aussi saisie à la Révolution et actuellement partagée entre deux musée et l'Université de Rennes. 

  A Brest, les informations sur les collections réunies sous l'Ancien Régime sont inexistantes. Je ne retrouve que celles de Sartory, de l'abbé Béchennec, de Guillemard et de Despans signalées par J. Cambry en 1794-1795 mais qui avaient peut-être été rassemblées avant la Révolution. En outre, Cambry signale la forte quantité d'oiseaux provenant de Cayenne dans le musée en 1795, laissant supposer qu'un navire d'exploration ait fait escale à Brest de retour de Guyane. 

  Loin d'être attribuée seulement à une décision locale d'un révolutionnaire, cette création doit être située dans un mouvement national qui, à Rochefort, à Toulon comme à Brest, se soucie de former des officiers de santé capables de participer au grand projet d'expansion coloniale, d'exploration des voies maritimes et de recensement des richesses des territoires explorés. A la première école de médecine navale à Rochefort (1722) font suite celles  de Brest ( 1731) et de Toulon (1725 ou 1755). Ces écoles doivent être dotées d'un jardin botanique capable de cultiver les plantes médicinales (base principale de la pharmacopée avec les minéraux et quelques espèces animales) pour traiter les malades, mais surtout servir de support à l'enseignement de la botanique. Enfin, Rochefort et Toulon pour accueillir, étudier, classer et conserver les objets ramenés dans les soutes des navires se dotent également de Cabinets d'histoire naturelle, : à Rochefort en 1815, créé par Hubert ; à Toulon en 1814, créé par le contre-amiral Lhermitte. Les pharmaciens et médecins qui servent comme chirurgien de marine sont d'ailleurs formés à la collecte et surtout aux techniques de conservation dans l'alcool, embaumement, dessication et taxidermie des espèces zoologiques, ou aux techniques visant à ramener des plants botaniques ou à constituer des herbiers*. Si les Muséums restent alimentés au XIXe siècle en "curiosités" exotiques et disparates, comme du XVe au XVIIIe siècle, les récoltes sont néanmoins supervisées par le Muséum de Paris (qui se fait communiquer les pièces qui l'intéresse) dans un but scientifique de systématisation des espèces. Des progrès thérapeutiques découlent souvent des observations des pharmaciens et médecins auprès des "indigènes" : nous verrons ici, puisque les brestois y ont joué un rôle, l'exemple du Niaouli, et celui du curare. Enfin, ces musées servent à la formation et à la sensibilisation des élèves-médecins de marine, comme Victor Ségalen dont l'éveil à cette "esthétique du divers" de l'exotisme connut ses premiers frémissements dans les salles du Musée d'histoire naturelle de Brest.

 * Instruction pour les voyageurs et employés des colonies sur la manière de recueillir, de conserver et d'envoyer les objets d'histoire naturelle; Annales maritimes et coloniales vol.3, 1818 pp 634-672. Ce texte détaille longuement, région par région, les espèces animales et végétales que le Muséum souhaite obtenir.

Instruction sur les moyens de préparer et de conserver les objets d'histoire naturelle à envoyer au Cabinet du Roi à Paris, Annales maritimes et coloniales vol.3, 1818 pp 673-679.

P. LESSON, Manuel de taxidermie à l'usage des marins, Annales maritimes et coloniales, vol.2, Paris 1819 pp 47-63.

  Plus généralement, le mouvement civique qui incita les villes à fonder, lors de la Révolution, des Musées d'Histoire naturelle à partir des cabinets privés s'observe à Paris avec le création du Muséum le 10 juin 1793. A Nantes, la collection Daubusson fut rachetée par la municipalité en 1810. A La Rochelle, c'est en 1782 que Clément La Faille lègue sa collection de 15 armoires et de 12 vitrines, ses 4000 coquillages et ses oiseaux empaillés à la ville. A Grenoble, Gagnon, le grand-père de Stendhal suscite la fondation vers 1775 d'un Cabinet public d'histoire naturelle autour des collections du père Étienne Ducros. Etc...

 

2. Son développement sous la direction des jardiniers-botanistes Antoine Laurent,  et Ferdinand Paugam.

  J'ignore où ce Cabinet (ou Musée, les deux termes étant employés) était alors installé, l'hôpital maritime ayant été détruit par un incendie en 1776, et s'étant installé provisoirement dans l'ancien Séminaire des Jésuites devenu caserne militaire. Pourtant, le Musée d'histoire naturelle de Brest fonctionna bien dès le début du XIXe siècle, sous et après l'Empire, puisque les navires de la marine y déposaient leurs découvertes (Géographe, 1800 ; Cybèle 1817, Golo, 1819 etc...), et que le directeur du jardin botanique, et directeur alors du musée, Antoine Laurent, qui le créa, put écrire qu'il en avait assuré seul le développement, et en avait enrichi les collections. Son successeur en 1820, Ferdinand Paugam a certainement poursuivi cette tache. A partir de 1822, un nouvel hôpital est construit (sa première pierre est posée par le Ministre de la Marine et des Colonies  Aimé Marie Gaspard de Clermont-Tonnerre,, adjacent au jardin botanique, et comportant le cabinet d'Histoire naturelle et ses quatre salles. L'hôpital Clermont-Tonnerre fut achevé en 1835, 

 

Nicolas Broca, pharmacien de marine de 1ère classe  en dressa l'inventaire des 1334 pièces du musée en 1808 , "non compris les insectes et papillons", ou l'inventaire de ses 2000 espèces en 1817.

 

3. Le Musée sous la direction du corps médical dans la seconde moitié du XIXe siècle.

  A partir de 1843 ?? , on substitue, pour le poste de Directeur du jardin botanique, un officier de santé au jardinier-botaniste. Ce médecin, chirurgien ou pharmacien devient alors aussi directeur du musée. 

En mars 1851, un décret stipule que la responsabilité des collections du musée d'histoire naturelle reviendra au pharmacien-professeur (qui a aussi en charge le jardin) pour les herbiers et des collections de minéralogie et au médecin-professeur, pour le reste des collections (zoologie et objets ethnographiques).

  En 1862, on nomma en outre un conservateur attitré du Musée.

       Ce poste, confondu avec celui de jardinier-chef jusque à l'Empire, fut ensuite dévolu, parmi les médecins, chirurgiens et pharmaciens de la marine de l'École navale de médecine, au Professeur de botanique, qui dirigeait le jardin, mais aussi le Cabinet d'histoire naturelle, ou Musée, avec ses collections d'insectes, de mammifères ou de reptiles, d'oiseaux ou de plantes. Les officiers de santé se répartissant en médecins-chef, chirurgiens-chef et pharmaciens-chef, médecins-professeurs, chirurgiens-professeurs et pharmaciens-professeurs, par un décret  de mars 1851, le médecin-professeur fut chargé du cabinet d'histoire naturelle, et le pharmacien-professeur du jardin botanique, des herbiers et des collections de minéralogie.

Liste des différents directeurs et conservateurs du Musée :

 Éd. Vincent, pharmacien, docteur en médecine (Paris 1838), et spécialiste de la botanique de Guadeloupe. Il dirigea le jardin de 1843 à 18??.  (Je trouve ces informations que je ne suis pas parvenu à vérifier dans Comptes rendus du Congrès des sociétés savantes de Paris 1966 Volume 91 Page 115). On signale en 1817 un Vincent, chirurgien de 1ère classe à Brest, et/ou Vincent, chirurgien à bord de l'Euryale lors de sa campagne aux Antilles en 1816).

 Gilbert Henri Cuzent (Brest, 13-12-1820/Brest,14-08-1891), l'historien des hôpitaux de Brest (L'Hospice civil et les hôpitaux de Brest, S.A. d'Imprimerie, 1889 et  In-8, 437 p. (pi.). Brest, Imp. Dumont. Il rédigea aussi Archipel des îles Marquises in Bulletin de la société académique de Brest, Vol. 8, du 1882-1883 (30/12/1883) ; Archipel des Pomutu (Paumotu-Tuamotu)  in Bulletin de la société académique de Brest, Vol. 9, du 1883-1884 (30/12/1884)  ; L'archipel de la Société (l'Annexion de Taïti à la France)  in Bulletin de la société académique de Brest, Vol. 10, du 1884-1885 (30/12/1885) et  Épidémie de la Guadeloupe (1865-1866)  in Bulletin de la société académique de Brest, Vol. 4/1, du 1864-1865 (31/12/1865). Élève en 1839, pharmacien de 3ème classe en 1841, il est embarqué sur la corvette de charge la Caravane  en 1845-1846 et d’octobre 1850 à octobre 1851. Pharmacien de 2ème classe en 1852, il est affecté à Tahiti et se révèle comme un excellent botaniste. Affecté à Pointe-à Pitre de 1863 à 1866, comme chef du service pharmaceutique, il participe activement à la lutte contre l’épidémie de choléra qui sévit à la Guadeloupe. Il quitte l’activité en mai 1867. Membre de la société académique de Brest, conseiller municipal, vice-président de la commission administrative de l'Hospice civil,  Chevalier de la Légion d'Honneur, (Bulletin de la Société Académique de Brest - Tome XVI - 1890-1891)

Fontaine, pharmacien, directeur en 1855.

 Leroy de Méricourt, (1825-1901) médecin-professeur à Brest en 1855. Chirurgien de marine, il avait pris part à la guerre de Crimée, fut nommé professeur à l'école de médecine navale de Brest (1855), et médecin en chef de la Marine, et devint membre associé de l'Académie de médecine. On lui doit de nombreux mémoires sur les maladies exotiques, publiés dans les "Archives de médecine navale", des études d'hygiène navale, et une Histoire Médicale de la campagne de la corvette à vapeur l'Archimède (Station de l'océan Indien, années 1850, 1851, 1852.), 1853.

  En 1862 et au moins jusqu'en 1878, le conservateur du musée est  Édouard Jean-Baptiste Jacques Philippe Brousmiche (Brest 30 août 1810- 20 février 1894), chirurgien de 3ème classe en 1832, de 2ème classe en 1836, chirurgien principal en 1856, nommé officier de la Légion d'Honneur  en 1862 après 28 ans de service effectif, seize ans à la mer, Commandeur de la Légion d'Honneur en 1871, directeur des ambulances de la société de secours aux blessés de Brest en 1871, nous est surtout connu pour avoir publié les mémoires de son père Jean-François Brousmiche (1784-1863), ancien percepteur devenu secrétaire à l'Intendance sanitaire de Brest :Voyage dans le Finistère en 1829, 1830 et 1831.  Sans être le directeur en titre du jardin, il est nommé conservateur des collections scientifiques du musée le 21 janvier 1862, six mois avant sa retraite, et s'occupe activement avec l'aide du pharmacien Yves-Marie Langonné de l'installation et de la conservation des collections. Celles-ci totalisent alors plus de 10 000 espèces, dont 950 oiseaux, 1600 insectes, 2400 mollusques, et 300 armes, parures et ustensiles. Chirurgien à Brest, Édouard Brousmiche (orthographié parfois Brousmiches) a fait deux campagnes en Océanie, la première à bord de la corvette l'Artémise du 28-10-1851 au 10-05-1854. Il dut rentrer en France pour des raisons familiales et financières,  sur  l'aviso Le Phoque du 11-05-1854 au 20-01-1855.. Il est l'auteur d'une Lettre au sujet d'une épidémie de fièvre bilieuse à Taïti, dans le Messsager de Taïti du 9 janvier 1853,  d' Études hygiéniques sur Taïti, ibid du 6 février 1853, de Notes sur l'état actuel de Taïti, dans la revue coloniale de 1856, XVI, p.615, d'une Contribution à la géographie médicale de Sainte-Hélène, topographie médicale, histoire naturelle, III tomes, de De l'état actuel de Tahiti, (Minéralogie, Géologie, Zoologie, Botanique, Météorologie.) Revue coloniale, 1856, tome XVI, p. 645-649. Il fut l'un des informateurs de Souvestre pour son Finistère en 1836.

  Il est difficile de ne pas le confondre avec son fils  Édouard-François-Charles Brousmiche, né à Brest le 13 décembre 1850, aide-pharmacien en 1871, reçu pharmacien en 1874, membre de la Soc. Acad. De Brest en 1877, chef des travaux chimiques à l'école de médecine de Nantes en 1879, et qui a publié Essai sur le mancenillier (thèse de pharmacie), Paris, Moquet, 1874, in-4°, 40 p. Ce serait lui qui fut, sauf confusion, directeur du jardin botanique de Saïgon en 1888, et auteur vers 1890 d'un Aperçu général de l'histoire naturelle du Tonkin.   

 

  Jules Rochard,  (?-1908) chirurgien en chef de la marine puis Inspecteur général du Service de Santé de la marine, Président de l'Académie de Médecine, Grand Officier de la Légion d'Honneur, "cousin du Maréchal Foch". En poste de directeur du Musée en 1871. Ce célèbre chirurgien en chef de la marine, directeur du service de santé de la marine à Brest  est l'auteur de  Observations recueillies dans le service chirurgical du bagne de Brest, de 1854 à 1858 ; de  Sur la marche de la Phtysie pulmonaire, et, surtout, d'une  Histoire de la chirurgie française. Je donne en annexe des extraits de ses inspections de 1876 et 1878 décrivant le musée.

Arthur Bavay (1840-1923) était directeur du Musée en 1884 : ce pharmacien de marine et grand naturaliste est le découvreur de l'essence de Niaouli : Etude sur deux plantes de la Nouvelle-Calédonie (Le Niaouli et son huile essentielle, l'anacardier) Pharm. Paris, 1869. Le Niaouli ou Melaleuca Viridiflora, myrtacée est un arbre commun en Nouvelle-Calédonie et en Australie, proche parent du Melaleuca Leucadendron qui donne l'huile essentielle de cajeput (voir ici la description par Garnier). Son essence, très connue sous le nom commercial de Goménol® et d'huile goménolée, est antiseptique.

  Il s'illustra aussi en parasitologie (décrivant le nématode responsable de l'anguillulose), en malacologie et en herpétologie. A. Bavay est aussi l'auteur de Catalogue des reptiles de la Nouvelle-Calédonie et description d'espèces nouvelles (1872), Notes sur l'hylodes martinicensis et ses métamorphoses (1872), Récolte des mollusques, conseils aux voyageurs (1895), Mollusques terrestres et fluviatiles récoltés par le Dr Neveu-Lemaire (Mission de Créqui-Montfort et Sénéchal de la Grange en Amérique du Sud), (1904), Addition à la faune malacologique terrestre et marine de la rade et des environs de Brest. (Journ. de Conchyl., XXXVII.1889.etc... Il fit don au Musée d'une riche collection de conchyliologie. Il disposait aussi d'une collection de coléoptères, que signale dans son Bulletin la Société Entomologique de France, dont il était membre. Il fut président de la Société Zoologique de France en 1902. Après sa retraite, il s'interessa aux coquillages des sables coquilliers.

  Il fut titulaire du poste de Professeur d'Histoire naturelle à l'École de médecine navale de Brest. Voir  Un grand naturaliste brestois : le pharmacien de marine Arthur Bavay (1840-1923).

 

 

 

(D'autres pharmaciens s'intéressèrent au Cabinet d'histoire naturelle : François Gesnouin (1750-1814), pharmacien en chef, député aux Cinq-Cents, et Mathieu Thaumur (1759-1847), pharmacien.)  

 

  Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'hôpital Clermont-Tonnerre est occupé par les Allemands qui y construisent un vaste blockhaus ( Bunker n° 018). Violemment endommagé par les bombardements aériens et les combats de la la Libération, l'hôpital est reconstruit en 1952. Il conserve néanmoins les vestiges de l'hémicycle qui constituait l'entrée principale de l'ancien hôpital : un passage y est aménagé qui donne encore accès à ce qu'il reste de l'ancien jardin botanique.

  Le contenu du musée n'avait pas pu être mis à l'abri, le médecin chef allemand n' autorisant pas l'accès aux collections, et lors des bombardements américains du 12 août au 18 septembre 1944, tout a été détruit. Seuls, un petit nombre d'objets polynésiens et dahoméens, qui n'étaient pas exposés, mais conservés dans des malles sont retrouvés intacts dans le mess des officiers. Ils ont fait l'objet de quelques inventaires et publications, et certains ont été exposés à l'Abbaye de Daoulas en 1993 pour l'exposition Victor Ségalen.

  

4. Origine des collections.

  Au fond d'origine, prélevé comme nous l'avons vu sur les collections des aristocrates brestois exilé, s'est ajouté au XIXe siècle tous les objets que les chirurgiens de marine, les scientifiques embarqués, ou les marins eux-mêmes ramenaient des voyages d'exploration. Les collections du Musée étaient donc principalement exotiques.   Une partie des collections était envoyée au Muséum de Paris, avec lequel le jardin et le Cabinet d'Histoire naturelle de Brest était en relation permanente.

 On peut reconstituer la liste très partielle suivante:

  • le Géographe dans sa campagne de 1800, (signalé par Louis Charpentier (Revue Maritime 1927). Cette mention est néanmoins surprenante, le Géographe, initialement commandé par Nicolas Baudin, puis, après son décès à l' Île de France, par Pierre Milius, avait terminé son voyage en Terres Australes le 25 mars 1804 à Lorient ; La corvette qui avait été accompagnée par le Naturaliste, ramenait 23000 pièces d'histoire naturelle qui enrichirent le Muséum du Havre. Certaines pièces ont peut-être été placées à Brest.
  • La frégate la Méduse en 1814 (A. Le Guevel de la Combe, chirurgien).
  • L'Euryale, 1817, venant des Antilles.
  • la Cybèle dans sa campagne de 1817 au Vietnam, chirurgien Huet (cf liste infra).
  • le Golo en 1819, chirurgien Fouilloy aux Antilles, en Guyane et à Madagascar (cf liste infra). 
  • l'Astrolabe en 1826, selon L. Charpentier.
  • l'aviso la Romanche commandée par Martial en 1882-1883 (1ère année polaire internationale) : collections ramenées par les médecins Philippe Hahn et Paul Hyades, après leur exploration du Cap Horn sous l'égide de l'Académie des Sciences.
  • Don par Arthur Bavay de sa collection de coquillages.
  • Les collections de Jules-Louis-Marie Chaze (1824-1852), pharmacien de 3ème classe ; il a navigué en Océanie entre 1844 et 1847 ; il fit escale aux îles Marquises, d'où il rapporta des objets dont il fit don au musée. Les objets retrouvés sont : une superbe jambe en bois, gravée de motifs de tatouage, modèle de tatoueur; deux colliers de dents de cachalot.
  • Don du capitaine d'infanterie de marine Henry-Martin Lamy (1802-??) : objets des Îles Marquises.
  • Dons de Brousmiche (Tahiti, frégate l'Artémise 1851, et Îles Marquises) .  
  • Collection Jacques Bernard Hombron, chirurgien de Marine sur L'Astrolabe 1837-1840 ; Second voyage de Dumont d'Urville au pôle sud et en Océanie   Don de Hombron après 1850, provenant des îles Carolines : deux ceintures en fibres végétales, un collier de coquillage.
  • un avant de pirogue sculpté rapporté par Dupetit-Thouars (prise de possession des Îles Marquises du 28 avril au 31 mai 1842 sur la frégate la Reine-Blanche accompagnée des corvettes La Boussole et le Bucéphale).
  • Les objets de Chaze, Lamy, Brousmiche constituent une collection océanienne dans laquelle C-Y. Roussel et A. Gallozzi mentionnent aussi, venant des Îles Marquises, un collier de coquillage et cheveux humains, un plat en bois sculpté de Nuku Hiva, Marquises, un plat  avec couvercle en bois, deux ornements d'oreille, deux flutes en bambou, six hameçons en nacre et os. 
  • Dons de l'explorateur Jules Crevaux ? les seules informations que j'ai retrouvées (Nature  1876 Page 91) concernent un fragment de bloc granitique poli.
  • M. de Fréminville avait déposé au Musée de Brest une Vipère fer-de-lance "de la plus grande taille" (Annales Annales des sciences naturelles, Volume 1 1824 p. 95.)

 

Modèle de tatouage de jambe, plâtre. Îles Marquises, Océanie © musée du quai Branly, photo Claude Germain - Cliquer pour agrandir, ouverture dans une nouvelle fenêtre Modèle de tatouage de jambe, plâtre. Îles Marquises, Océanie

  © musée du quai Branly, photo Claude Germain

 

        A ces objets rapportés par les navires, on doit ajouter les échanges entre musées. Ainsi, A. Leroy de Méricourt sollicite-t-il, en octobre 1857, le professeur Duméril du Muséum pour obtenir agrandir les collections brestoises de poissons et reptiles par "210 genres de chéloniens, sauriens, ophidiens et batraciens manquant au Musée d'histoire naturelle de Brest". Cette dernière mention indique que le conservateur ne se contentait pas de recevoir passivement les objets, mais qu'il souhaitait disposer, pour une visée d'enseignement, de collections de zoologie systématisées au même titre que son collègue chargé des herbiers et des plants du jardin s'attachait à pouvoir présenter l'éventail complet des espèces aux élèves de l'école navale de médecine.

Les collections encore conservées à l'Hôpital Inter-Armées de Brest.

 Parmi les objets du musée, certains, non exposés, étaient placés dans des caisses militaires qui ont été retrouvées par le médecin-chef Charles Laurent et placés dans le mess des officiers. Elles contenaient des objets polynésiens et dahoméens. En 1945, Marie-Charlotte Laroche du Musée de l'Homme à Paris initia les premliers inventaires et récolements d'objets océaniens dans les collections françaises et publia  au Journal de la Société des Océanistes un article appelant à l'inventaire de l'ensemble des collections océaniennes : Pour un inventaire des collections océaniennes en France, Journal de la Société des océanistes Volume 1 pp. 51-57. Elle y mentionne les objets du musée de Brest.

   Quelques années après c'est Anne Lavondès, spécialiste des cultures polynésiennes (ethnologue à l' O.R.S.T.O.M. et ancien conservateur du Musée de Tahiti et des Iles), qui inventorie les collections de Cherbourg en 1976 puis celles de l'Hôpital militaire de Brest en 1978. Dans le  Journal des océanistes, É. Bouchard signale en 1997 à Brest un crâne humain aux yeux de nacre, trois étriers d'échasse, deux éventails de vannerie, un fragment de peau d'homme tatouée, mais aussi la jambe de bois, une écuelle en bois, une coupe en bois et les deux boucles d'oreille encore conservés. Puis vinrent les inventaires de Sylviane Jacquemin, de Roger Boulay, et de Sophie Serra.

  La collection a participé à des expositions : en 1993 pour l'exposition Brest, Tahiti, Chine, le musée imaginaire de Victor Ségalen à l'abbaye de Daoulas, ou encore en 2002 à Ouessant pour le Salon international du livre insulaire,sur le remorqueur Malabar.

  

1.  Jambe, modèle de tatoueur.  

Long. (sans tenon) : 61,5 cm -Larg.max. : 14,2 cm -tenon ; 6 cm, bois. Origine : archipel des Marquises ou des Tuamotou (Polynésie Française). Donateur : dr Chaze.

 

Modèle de tatoueur. Commentaire de Anne Lavondès, 6 août 1987 : « La jambe représente certainement un modèle de tatoueur marquisien, mais comme les quelques objets de ce type conservés ailleurs, elle pose un certain nombre de questions :les modèles ont-ils authentiquement été sculptés aux Marquises pour des Marquisiens ? ; sont-ils une représentation théorique des modèles possibles ou bien sont-ils des répertoires organisés pour mémoriser et transmettre un savoir sur les motifs utilisés dans certaines circonstances, dans certaines familles, etc... La littérature du XIXe siècle sur les Marquises paraît peu explicite à ce sujet)".

On y reconnaît des motifs de tatouage comme les tiki, des lézards, etc...

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Idem, détail.

DSCN5038v

 

2. Trois bambous pyrogravés, modèles de tatoueurs.

45,5cm x 3,5cm ; 49cm x 2,5cm ; 62cm x 4. Origine : Archipel des Marquises (Polynésie). Don Dr Chaze.

Motifs  enata, ipuoto, nio peata, motifs végétaux et animaux : raie manta, cent pieds,

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3. Hameçon de cérémonie.

Matériel : os. Origine : Archipel des Marquises. Don du Dr Clavel.

Commentaire d'Anne Lavondès : " ...La tête et le col supérieur de la hampe sont recouvertes d'une ligature ornementale fine en coc tressé... Au sommet sont fixées, du coté externe, deux petites mèches de cheveux repliées sur elle-même et surliées à la base ; du coté interne, se trouve une seule mèche identique. Du coté externe, entre la hampe et la ligature, on distingue encore une petite mèche de cheveux. L'empilage est en bourre de coco tressé."

 Le 'Dr Clavel" serait, ou est sans-doute Charles Clavel, Médecin de 1ère classe et auteur en 1885 de Les Marquisiens, Paris, O. Doin,  Gallica. Il rapporte sa navigation sur le navire hydrographique Le Hugon entre 1881 et 1882.

 

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4. Collier de coquillages.

Collier de coquillages blancs montés sur une cordelette tressée. Origine : archipel des Tuamotu (Polynésie française) ? — Donateur Dr Clavel.

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5. Deux ornements d'oreille.

Ivoire de cachalot. Origine : archipel des Marquises (Polynésie française) Donateur inconnu.

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6. Pectoral et Collier.

Dent de cachalot et fibres végétales.

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7. 

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8. Vase. 

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9. Figures en bois peint, Afrique.

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10. Bol de bois sculpté.

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 11. Plat à couvercle.

45 cm, bois. Origine Nuku Hiva (Marquises, Polynésie Française). Donateur Dr Lamy.

Commentaire de Anne Lavondès : «  Les parties non décorées du plat et du couvercle sont lisses, à surface continue. Le couvercle, qui s'emboîte parfaitement dans le plat lui même est décoré à ses deux extrémités : d'un coté, une tête humaine est sculptée en ronde bosse, perpendiculairement à l'axe du plat, dans le style habituel à ce type d'ustensile. La forme générale est réaliste, avec le crâne convexe, mais les traits du visage sont ceux , stéréotypés, du tiki : des yeux très grands, presque circulaires, nez et bouche larges, oreilles en double spirale, motif en croissant des deux cotés de la bouche. La tête , située à l'extrémité opposée, est sculptée horizontalement dans l'axe du plat, en faible relief . Le visage est très semblable au précédent, mais la bouche est entrouverte laissant apparaître les dents bien visibles et séparées, ce qui est rare sur les motifs en tiki.

Chacune des surfaces latérales du plat est décoré de petits personnages entiers sculptés sans détails en haut relief, bras levés et jambes écartées, relevant le motif simplifié enana, représentant l'homme aux Marquises.3 (Enata : l'homme vivant, le descendant en chair et en os, par opposition à l'ancêtre déifié qu'est le tiki. Le motif regroupe toutes les représentations humanoïdes qui ne sont ni Tiki, ni Poi'i.)

Masque.

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12. hameçon de nacre.

10,5 cm. Origine Îles des Tuamotu. Donateur inconnu.

Ces hameçons de nacre, véritable travail de patience signalés par les voyageurs ( Ile des Pins, Lifou, à Tahiti par Cook en 1770, par James Morrisson), ont disparus en 1880,  remplacés par les hameçons européens en métal. En 2008, l'ethnologue Jean-Michel Chazine a découvert, sur l'atoll de Takaroa aux Tuamotu un véritable atelier de fabrication d'hameçons.

  La coquille était d'abord débitée en pièces carrées avec un autre coquillage. Des limes de corail étaient utilisées pour entamer l'ébauche de l'hameçon et le dégrossir, puis le finissage se faisait à l'aide de radioles d'oursins (Mery, Charpentier, 1997). La nacre provenait des huitres perlières.

La nacre possède un pouvoir attractif sur les poissons, qui fait qu'elle est encore utilisée pour réaliser des leurres dans la pêche aux bonites ou aux rougets (Eric Conte).

Valeur symbolique de la nacre.

Pour Roger Boulay (Abbaye de Daoulas, 2011), "Lumière, blancheur et brillance éclatantes sont interprétées comme des reflets du sacré. dans les cosmogonies polynésiennes, ombre et lumière s'opposent, la seconde étant la constitution même des dieux. En effet, avant les dieux, le jour et la clarté (Ao) prirent la place des ténèbres du temps des origines (Po). Cela explique la grande place de la nacre de coquillage dans la société ancienne (costume de deuilleur, masques de deuilleur, coiffures, pectoraux, colliers, etc.)". Outre cet usage symbolique, la nacre servait aussi d'ustensile de cuisine pour nettoyer et couper les aliments.

 

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13. Pectoral en fibres végétales tressées et collier de dents de cachalots.

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14. Plat rond ko'oka.

Diam. 25 cm, bois. Donateur inconnu.

 

Commentaire d'Anne Lavondès : " La surface externe est entièrement sculptée de motifs traditionnels répétés. Une cordelette de suspension est fixée par une perforation".

 Cet objet reproduit des motifs rappelant le tatouage.

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                        Documents.

 

1. Description par Jacques Cambry en 1794.

1a. Description du musée d'histoire naturelle.

 CAMBRY ( Jacques), Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère : dressé en l'an III (Nouv. éd.)  par Cambry ; publ. par ordre de l'administration du département H. Caillière (Rennes) 1889, pages 124-132, en ligne sur Gallica.


Cette description détaillée fait suite à celle du Jardin botanique entretenu par Antoine Laurent, et elle est précédée page 116 de cette phrase : "Le citoyen Laurent, sans frais, à l'aide de forçats qu'il dirigeait, fit construire une orangerie, une serre chaude, se procura des châssis vitrés, fit élever une galerie pour y placer des plantes desséchées, et le pavillon qui renferme les objets d'histoire naturelle, qu'il sut se procurer à force de demandes, de recherches et d'intelligence."

 

 

  "Cabinet d'histoire naturelle.

C'est encore au citoyen Laurent qu'on doit les pièces qui composent le Cabinet d'Histoire naturelle annexé au jardin des plantes ; avec quelque secours il eût pu l'augmenter. Tel qu'il est, il peut donner à ses élèves une connaissance étenduen des minéraux, des coquillages et des produits si variés de la nature.

A la destruction de l'école des gardes de marine, des pièces qui décoraient leurs salles ont été portées au citoyen Laurent qui les a conservées avec ce soin, cet amour pour les sciences que démontrent sa conduite, sa conversation, l'ordre de tous les objets confiés à sa surveillance.

Dans un cabinet qui précède le grand salon, on voit un tableau donné par le ci-devant roi en 1787 à Lamothe Piquet, lieutenant-général qui sortit du fort de la Martinique avec trois de ses vaisseaux pour couvrir l'entrée d'un convoi français, et combattit l'escadre d'Angleterre composée de treize vaisseaux. Elle était sous les ordres de l'Amiral Hideparker, le 18 décembre 17798. C'est encore une copie d'un tableau fait par le Marquis de Rossel en 1787. Ce tableau historique dont l'action, le cadre et le trophée qui le surmonte, font tout le mérite, servirait de pendant à celui que j'ai décrit au commencement de cette notice.

Le premier plan présente les glassis du fort de la pointe aux nègres. M. de Bouillé commande et les canons sont disposés pour protéger les français.

Les vaisseaux de Lamothe Piquet couvrent le second plan. L 'escadre anglaise, des montagnes qui se perdent dans le lointain, en adoptant la teinte jaunâtre du ciel, garnissent le fond du tableau.

2°) Une gravure sous verre à cadre doré, c'est le combat de la Surveillante et du Québec. Georges Carter pinx. Jean Caldivall sculp.

3°) Deux belles pendules en cuivre de Ferdinand Berthoud dont les tambours ont cinq pouces de diamètre.

Passons au Cabinet d'Histoire naturelle.

Les premières armoires renferment environ cinq cents volumes. L'encyclopédie, Buffon, les voyages de Cook peuvent avoir quelque rapport avec les objets renfermés dans ce cabinet. Il serait à souhaiter qu'on y joignit des livres de botanique, de conchyliologie, de métallurgie qui ne s'y trouvent pas, et qu'on fit transporter à la bibliothèque du district le reste des ouvrages précieux qui s'y rencontrent, on ne sait pourquoi. Ils traitent de matières étrangères à l'histoire naturelle.

Ce sont des atlas.

Des principes sur le mouvement et l'équilibre.

Le Neptune américo-septentrional, du Groenland jusqu'au golphe du Mexique inclusivement.

Un recueil des combats de du Gai-trouin, dessiné par Ozanne,

La description géographique des Antilles possédées par les Anglais.

Les éléments d'astronomie de Cassini.

Les tables astronomique de la Hire, etc., etc.

Je ne vous conduirai pas d'armoire en armoire. Je vous éviterai la lecture des notes que je mets sous vos yeux ; mais selon l'usage dont je ne peux m'écarter, je vous parlerai des morceaux les plus curieux de votre collection d'histoire naturelle.

1°) On y voit des vases, des instruments industrieusement exécutés par des Sauvages.

2°) Des plantes marines, des bois pétrifiés, des mousses.

3°) Des Fossiles des environs d'Angers.

4°) Des cristaux spastiques assez brillants.

5°) Une belle suite de coraux blancs.

6°) Un morceau de cristal de Madagascar d'un pied de long sur huit pouces de large.

8°) Quelques boites de petits coquillages de toute espèce. Des pinnes marines, palourdes, bouches d'argent, des vis, des porcelaines, de forts jolis cardans, de belles harpes, l'arabique, la souris, une porcelaine rare, brune, veinée, d'un blanc terne, en zig-zag, mêlée de jaune, très curieuse, des oreilles de malabares, bonets chinois, le tigre.

9°) Des spaths calcaires, des ardoises herborisées, chargées de pyrites, ardoise sur laquelle est imprimée la forme d'un poisson. Ces objets viennent d'Angers.

10°) Plusieurs morceaux de mines de fer, de plomb, des cristaux, plomb gris, prismatique, stéatite avec marcassites cubiques, des pierres de quadry.

11°) Des montres d'agathe, de marbre, de lapis lazuly, d'aventurines, de jaspe et de sables, des lépas, des huîtres épineuses bien conservées.

12°) Manches de couteaux, becs de canard, le manteau ducal, beau morceau ; concha veneris, moule perlière, des peignes, de beaux marteaux, l'hirondelle, des araignées, corail blanc sur une huître feuilletée, couleur de chair, joli accident ; nid curieux de guêpes de Caienne, des cœurs, des rochers, l'arche de Noé, tête de bécasse, la pavillon frangé, des tonnes, crabes, casques, nautiles, des oursins, etc.

 

Les basses armoires du cabinet contiennent des animaux et des poissons.

1°) La mole.

2°) Une morue à laquelle on a prêté la forme d'un dauphin, charlatanisme de marin.

3°) Une vache marine.

4°) Un requin, une mâchoire de requin ; elle a quinze pouces de diamètre.

5°) Le marteau, poisson.

6°) La flutte.

7°) Un lézard, un caméléon de deux pieds dix pouces de long.

8°) Plusieurs serpents ; un d'eux a douze pieds de longueur, deux serpents corails.

9°) Des caymans.

10°) Le paresseux.

11°) Des animaux plus communs empaillés.

12°) Une chauve-souris de vingt pouces d'envergure.

Une chauve-souris de quinze pouces, la peau du crâne et la chevelure d'un orang-outan dont on a fait un bonnet ; il a huit pouces de diamètre.

Vingt-cinq phioles à l'esprit de vin contiennent des bizarreries d'histoire naturelle, des poulets d'inde à deux tête, un poulet à quatre pattes, un petit monstre humain à tête de singe, dont la bouche est fendue jusqu'aux oreilles.

 

Passons aux oiseaux contenus dans le même cabinet.

Ces oiseaux en général ne sont pas dans un bon état, je ne connais que deux collections de ce genre qui méritent des éloges : je n'en excepte ni celle du Muséum national, ni celle du Muséum de Londres. Spreugly de Bern et le chevalier Aston Levers en Angleterre ont su conserver seuls un air de vie, l'éclat de leurs couleurs aux oiseaux, aux animaux qu'ils ont fait empailler.

Les oiseaux dont je vais vous parler viennent en grande partie de Cayenne.

1°) Le petit pipit bleu ; ainsi nommé de son cri ; il est de la pus jolie forme, le noir, le bleu, le bleu de ciel se mélangeant agréablement sur ses ailes, sous sa gorge ; le dessus de ses ailes est d'un gris soyeux ; son ventre est d'un beau jaune ; il a cinq pouces six lignes de long.

2°) Le grand colibri à ventre de feu ; une nuance d'or et d'émeraude lui sert de gorgeret ; le rubis n'a pas l'éclat de sa palatine ; le brun, le vert doré forment le reste du plumage de ce bel oiseau ; il a six pouces de long. J'oubliais quelques plumes blanches éparses avec ménagement sur la totalité de ce brillant animal, et surtout cette bande noire qui sépare le gorgeret d'une teinte violette qui se mêle au feu de sa palatine.

Parmi dix espèces de colibri, je n'en décrirai que cinq :

3°) Le colibri à gorge blanc de neige, au dos vert ; ses ailes sont diaprées de gris, de bleu, de noir, sans que ces couleurs soient tranchantes. Quatre pouces six lignes de longueur.

4°) Le rubi topase, couleurs brillantes, que des plumes d'un gris foncé font ressortir. Trois pouces neuf lignes.

5°) Un autre colibri ; sa gorge est d'un vert-d'eau doré, son ventre d'un violet éblouissant ; ces deux couleurs se fondent sur le dos, les ailes et la queue sont d'un brun varié. Quatre pouces six lignes.

6°) Un petit colibri ; toutes les couleurs se mélangent sur sa robe.

On peut, en rapprochant ces cinq espèces, se procurer une arriette d'un concert du père Castel (qu'on me pardonne cette expression) et voir un abrégé des plus vives couleurs du microscope solaire. Je les ai vues quelque fois réunies à S[aint]. Domingue.

7°) Le petit louis, espèce de bouvreuil, mais plus léger, plus délicat de forme que ce dernier oiseau ; il a le ventre jaune et le dos bleu ; entre ses yeux, plein de vivacité, est une touffe d'un jaune ocre. Il a quatre pouces six lignes.

8°) Le mannequin à tête rouge, le mannequin à tête jaune.

9°) Deux grimpereaux, l'un à pattes rouge, l'autre à pattes jaunes ; ils diffèrent peu des colibris ; le noir, le violet, le bleu de ciel, se nuancent sur ces oiseaux. Cinq pouces de long.

10°) Le flamand, l'aigrette, le grand penicoptère des indiens ; cinq variétés de contingas des cayennes ; des toucans ; le ramier pintade de Cayenne ; le paon des palétuviers , le plumet blanc de Cayenne parent cette collection.

13°) Le plus singulier de ces animaux est le camoucle de Cayenne ; il est fort et robuste comme un grand aigle, et de la couleur de cet oiseau, mélangée de blanc et de brun ; il porte sur le front une corne de neuf lignes de long, ses ailes sont armées de deux défenses, placées le long de sa poitrine ; elles ont un pouce de long, six lignes de large et sont triangulaires ; le cou de cet animal est trop gros, il a quatre pouces de diamètre et un pied de long ; sa tête est petite, c'est celle du dindon ; il n'annonce pas plus d'intelligence ; les armes dont il est pourvu ne peuvent nuire ; il paraît trop lâche, trop stupide pour les employer ; ses pates sont longues et fortes, et ses griffes peu recourbées, c'est en général un mélange, une caricature de la force et de la faiblesse ; il a deux pieds sept pouces de bec en queue, trois pieds de haut ; sa poitrine, sans y comprendre l'épaisseur des ailes, a dix pouces de large ; sa tête n'a pas un pouce de diamètre et son bec est sans caractère.

Je ne vous parle pas de quelques squelettes, de nids qui se trouvent épars dans les différentes armoires de ce cabinet.

On y voit encore quatre globes, deux octans, six lunettes, deux graphomètres, etc...

Tels sont les objets renfermés dans le Cabinet d'Histoire naturelle du jardin des plantes."

Note sur les noms de coquillage.

  Les  "pinnes marines, palourdes, bouches d'argent, vis, porcelaines, cardans, harpes, l'arabique, la souris, les oreilles de malabares, les bonnets chinois, le tigre ; Manches de couteaux, becs de canard, le manteau ducal, les concha veneris, moule perlière, peignes, marteaux, l'hirondelle, des araignées,  casques, nautiles, des oursins", etc... sont des noms de coquillage, que l'on retrouve en partie dans le Catalogue raisonné des minéraux, coquilles et autres curiosités naturelles d'Étienne-Louis Geoffroy (1753) pages 42 et suivantes, ou dans La conchyliologie, ou histoire naturelle des coquilles de mer, d'eau douce d'Antoine d' Argenville, 1780. Dans le texte qui va suivre, on retrouvera d'autres noms encore (oreille, soleil levant, la musique, le firmament, la tulipe, des moules de Magellan, des vis, des harpes), comme celui de "salle polonoise", coquillage nommé par Geoffroy Selle anglaise ou polonaise (objet 281). Les "oreilles de mer" sont des coquilles d'ormeaux, évoquant les oreilles des Malabares, peuple d'Indoustan se distinguant par des oreilles longues et percées. La "Musique à quatre raye, appelée par certains le Plein-chant", s'y découvre sous le n° 297. La "Gourgandine" est une coquille du genre Vénus, la Vénus flexueuse, bivalve. Le "marron rôti" est une sorte de bigorneau, le "parasol chinois" un bivalve très plat, les "lepas" sont les anatifes, les "Rochers Musique" et les "Pavillons d'Orange" sont des olives ou des buccins, etc...

 

  1b. Les cabinets privés d'histoire naturelle de Brest, origine probable du musée.

a).  Le Cabinet d'histoire naturelle de M. Sartory, est mentionné par Jacques Cambry, Voyage dans le Finistère ou Etat de ce département en 1794 et 1795, Volume 2 page 140 :

"Sartory, peintre-décorateur, artiste italien, réside à Brest. Ses connaissances en mécanique, son imagination ardente feraient souhaiter que des travaux multipliés, un théâtre plus vaste le sortissent d'une espèce d'apathie dans laquelle il existe malgré les sollicitations de ses amis. Il possède une grande quantité d'estampes et de

dessin des maîtres les plus renommés. Son cabinet d'histoire naturelle et de curiosités étrangères, renfermé dans un très petit espace, mais disposé avec l'intelligence d'un homme de goût, d'un artiste, frappe plus au premier coup d'œil, arrête plus dans les détails, que les vastes amas de minéraux et de coquillages que des princes ou de riches particuliers entassent dans de vastes emplacements.

 

Il n'a pas suivi d'ordre précis, les classes inventées par les naturalistes ; le goût seul présidait aux rapprochements qu'il a faits, aux faisceaux d'instruments, , d'ornements, de plumages qu'il a si joliment groupés, au mélange heureux de couleurs produites par ses papillons de la Chine, ses insectes de Surinam, et ses coquilles de l'Asie.

La principale armoire, qui reçoit d'une fenêtre à verre de Bohême un jour brillant et lumineux, contient des salles polonaises, perlées de la Cochinchine, de sept pouces de diamètre, dont la nacre éclatante est nuancée de diverses couleurs. Une oreille de sept pouces de diamètre, le soleil levant, la musique, le firmament, la tulipe, des moules de Magellan, des vis, des harpes, des tonnes, un superbe manteau ducal, des tonnes vertes à bouches opposées, des cœurs, des bouches d'or et des boches d'argent, la grande hirondelle, le choux, le pavillon d'Orange, le marron rôti très rare, espèce de rocher ; des grimaces blanches, des cadrans, le bonnet chinois, des huîtres à longues épines, des oreilles de Malabar, des coraux noirs et rouges, des chevaux-de-frise, poires, rouleaux, araignées, marteaux, etc... ; tous ces objets du plus beau choix, de la plus parfaite conservation.

Le morceau d'histoire naturelle qui 'a le plus frappé a pour base du spath calcaire, mélangé de talc, de mica, croisés dans tous les sens par des morceaux de schorls noirs, fauves, bleuâtres ; ces schorls ont quelquefois 15 lignes de long sur 4,5 ou 6 lignes de diamètre ; ce morceau précieux a 5 pouces de long sur 4 de largeur. Un négociant de la même ville en possède un de la même nature, mais beaucoup plus volumineux.

   J'ai vu parmi les minéraux de Sartory, un bloc de cinabre qui ferait honneur au plus riche cabinet.

Il a dans ses tiroirs les gourgandines , le dormeur, un superbe cœur à tuyau, la cuirasse, des peignes, le parasol chinois, espèce de lepas ; une très jolie harpe à 18 cordes, une huître à robe, d'un blanc mat et luisant, à talon strié, tacheté, d'un beau violet très rare.

Je ne vous parle pas d'animaux empaillés, d'insectes conservés dans l'esprit de vin, d'un millier d'objets curieux réunis dans ce cabinet."

 

   Dans l'édition du Voyage de Cambry complété et annoté par le chevalier de Fréminville (J.B. Le Fournier, Brest 1836), celui-ci indique en note 41 : "La meilleure partie du cabinet d'histoire naturelle de Sartory avait été, par les soins de M. Laurent, acquise pour le cabinet d'histoire naturelle de Brest". Plus précisément, Selon Dany Guillou-Beuzit, auteur d'une édition critique du Voyage de Jacques Cambry, le ministre de l'intérieur écrivit le 28 ventôse an VIII, soit le 19 mars 1800 à l'administration centrale du Finistère pour attirer son attention sur la riche collection de Sartori : « J'ai pensé que cette collection, fruit de trente années de recherches, pourrait contribuer aux progrès de l'instruction publique dans une école centrale. Peut-être regarderez-vous comme avantageux d'entrer en arrangement avec le citoyen Sartori. Sa fortune n'est pas assez considérable pour faire croire qu'il n'entre pas volontiers avec vous en composition. Je pense donc que vous pourrez demander communication des catalogues, ou engager un professeur à se rendre de Quimper à Brest pour examiner ce cabinet et vous en rendre compte » (Arch. dép. Finistère 16L12). Mais les comptes de l'Ecole centrale de Quimper ne font pas apparaître cette acquisition, et le cabinet de Sartori revint à Brest.

   Selon le Dictionnaire des marins francs-maçons, gens de mer et professions connexes de l'Association ponantaise d'histoire maritime 2011  ‎page 474, "SARTORI Ange-Michel, peintre, né le 29 septembre 1744 à Bologne remplace Babron au service de la marine et auprès de la communauté de Brest. C'est un homme d'imagination ardente selon son frère Jacques Cambry qui décrit sa maison dans son Voyage en Finistère. Outre son atelier d'artiste, il possède un cabinet de curiosité qui rassemble des pièces rares venues de tous les continents. Il aime aussi partager ses passions, et c'est ainsi qu'il réunit régulièrement chez lui une sorte d'académie. Il s'était affilié à L'Heureuse Rencontre brestoise le 20 novembre 1798."  Il était maître-peintre de la marine depuis le 1er novembre 1784. Prosper Levot signale que ce "décorateur de la ville jusque sous l'Empire" avait peint en 1792 divers faits d'armes sur un autel érigé pour célébrer la fête de la Fédération, avant que cet autel ne soit renversé sous la Terreur pour être remplacé par la Sainte Guillotine.

  Il me semble, en toute hypothèse que l'on puisse deviner entre les lignes que ce cabinet excitait des convoitises, et qu'il fut d'abord inventorié par Cambry envoyé en repérage, avant que l'on puisse en déposséder Sartori à bon compte.  

  

 

b). Plus loin, J. Cambry écrit :  « Le citoyen Bechenec* possède une jolie collection de coquillage ; quelques morceaux d'histoire naturelle classés avec l'intelligence et l'ordre qui le caractérisent. Son marteau blanc est rare et parfaitement conservé . Le citoyen Guillemard** […] a dans son cabinet de fausses améthystes,[...] il a trouvé de beaux cristaux de roche, des cristaux spastiques, des spates étoilés près de Kerouriou, [...] On peut encore examiner, à Brest, la collection d'histoire naturelle du citoyen Despans, rue de Siam. ».

 

  * peut-être l'abbé Bechennec, 1726-1805, naturaliste à Brest, et responsable du dépôt de bibliothèque de Brest. (rappel : selon Pol de Courcy, en 1864 Brest dispose d' « une société d'émulation ; d'une société académique publiant des travaux historiques sur le département ; trois bibliothèques publiques, celle de la ville de 26000 volumes, celle du port de 18000 vol., et celle de l'école de santé de la marine de 10000 vol. ; un jardin botanique et un cabinet d'histoire naturelle.» Selon un document 2076 de l'enssib.fr/bibliothèque de 2005 la Bibliothèque municipale de Brest,  comme toutes les bibliothèques publiques municipales, se constitue juridiquement à la Révolution en 1789. Les collections de la Bibliothèque trouve leur origine dans les saisies révolutionnaires qui regroupent des fonds provenant de l'abbaye de Saint-Mathieu, des Carmes et des Capucins de Recouvrance. Le 2 novembre 1789, les biens ecclésiastiques sont confisqués et sont déclarés "biens nationaux". En 1795, des commissaires sont nommés "pour assurer à la République la possession de ces objets précieux et remédier autant que possible aux ravages des dégradations…". C'est Jacques Cambry qui est nommé pour le Finistère. Sur les 123 000 volumes qu'il a recensés dans le département, 26 000 sont localisés à Brest. En l'an III, la Convention crée par un décret le dépôt de Brest. Les livres sont alors ventilés entre la Marine (bibliothèque du port) et la ville. On assiste alors à un éparpillement du fonds. Toujours en l'an III, une école centrale du Finistère fut créée ; 638 volumes furent prélevés pour y monter une bibliothèque. En 1801, l'abbé Bechennec, responsable du dépôt de Brest, fut autorisé par le maire, Monsieur Pouliquen, à prendre 22 volumes pour lui tenir lieu d’appointements. En 1802 les biens confisqués sont confiés à la municipalité, puis au fil des ans, le fonds s'enrichit des dons et d’achats effectués par la Ville). 

— Le chevalier de Fréminville indique en note au sujet de la collection d'histoire naturelle de l'abbé Béchennec  : "Le coquillier de Mr l'abbé Béchence (sic) était en effet très beau, mais il a été dispersé après sa mort. Brest possède aujourd'hui deux riches collections de coquilles classées avec intelligence et dignes d'être citées sous tous les rapports. Ce sont celles de feu M. le colonel Kindelan, et celle de son beau-frère M. Riou-Kerhalet, négociant de cette ville". Le colonel Ferdinand Gusman de Kindelan décéda à Brest en 1837, à l’âge de 45 ans. Ce baron espagnol fils d’un général allié à Napoléon avait épousé en 1823 la fille d’un riche négociant et armateur de Brest, Jean-François Riou-Kerhalet. Sa belle chapelle funéraire est visible au cimetière Saint-Martin de Brest.

** Louis-Nicolas Guillemard : né à Rouen, ce secrétaire de l'intendance de la marine à Brest  est aussi poète, et a traduit de l'anglais la tragédie en V actes d'Addisson Caton d'Utique. On lui attribue aussi l'Odyssée ultramontaine (1791), le Dervis et le Loup (1795) et Epître d'un père à son fils prisonnier en Angleterre (1802).

1c. Le commentaire du chevalier de Fréminville sur le Musée d'histoire naturelle en 1836.

 Dans le Voyage dans le Finistère de Cambry édité et annoté par Fréminville, celui-ci indique, en note n°39 : "Le cabinet d'histoire naturelle , dont le local était joint à ce jardin, devrait être un des plus riches de France, en raison du grand nombre d'objets qui y ont été donnés par des officiers de marine et des officiers de santé du même service, au retour de leurs campagnes lointaines. Mais toujours mal soigné, mal classé, négligé, faute d'avoir été mis sous la direction d'un naturaliste  entendu, ce cabinet a été souvent dilapidé et il n'y reste guère que ce qu'on n'a pas voulu en emporter. Un tel désordre a dégoûté ceux qui se plaisaient à l'enrichir, dans l'intérêt public, et depuis longtemps les navigateurs préfèrent garder pour eux  les collections recueillies dans leurs voyages, plutôt que de les livrer à un pillage révoltant. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas à Brest un professeur de zoologie et d'anatomie comparée, qui serait en même temps spécialement chargé du classement et de la surveillance du cabinet d'histoire naturelle ?Il n'y a qu'un professeur d'histoire naturelle médicale, dont les fonctions se bornent uniquement à faire, tant bien que mal, pendant deux ou trois mois de l'année, un cours de botanique".  Ce point de vue sera repris par Besnou en 1868, qui parle d'une "quasi-spoliation légalisée" par le Muséum entre 1820 et 1833 : cf infra.

2. Description par Prosper Levot en 1865.

 Histoire de la ville et du port de Brest, volume 2 :

   "Au jardin est annexé un musée où la botanique, la zoologie et la minéralogie sont représentées. La galerie consacrée à la botanique contient une riche collection d'échantillons bien choisis des divers organes des végétaux, ce qui permet d'étudier en tout temps la morphologie végétale. Elle possède, en outre, un immense herbier où l'on trouve non seulement les plantes d'Europe, mais encore celles des principales parties du monde, recueillies par les médecins et les pharmaciens de la marine dans leurs laborieuses navigations.

  La collection zoologique a été commencée pendant l'hiver de 1788 à 1789. Les grands froids de cet hiver avait amené aux environs de Brest beaucoup d'espèces d'oiseaux qu'on n'y observe qu'à de longs intervalles, telles que les outardes, les cygnes, les spatules, plusieurs espèces de canards, des hurles, etc. Ce fut l'apparition de ces oiseaux qui suggéra à MM. Dubreuil, premier médecin en chef, et Billard, premier chirurgien en chef, la pensée de créer une collection. Mais les moyens imparfaits de taxidermie qu'on employa n'assurèrent pas une longue conservation aux individus primitivement rassemblés, et il n'en reste qu'une grande outarde en fort mauvais état. Pendant plusieurs années, une seule salle contint ce commencement de collection ; c'est celle qui forme l'entrée du musée. A la paix, les nombreux voyages que firent nos bâtiments dans les diverses parties du monde enrichirent le musée, par suite des dons des officiers de santé et de vaisseau. En 1824, on ajouta une seconde salle que rendirent bientôt insuffisantes les envois du muséum de Paris et les offrandes privées. Lors de la construction de l'hôpital, deux galeries nouvelles furent établies. Dès qu'elles furent prises, M. Léonard, pharmacien professeur, chargé alors du musée (1834) demanda à M. Foullioy, président du conseil de santé, le concours de plusieurs personnes pour le classement des collections. M. Crouan, aîné, pharmacien civil et naturaliste des plus distingués, se chargea de la détermination des mollusques, et Paugam, actuellement jardinier botaniste en chef, de celles des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des poissons ; M. Langonné, pharmacien de la marine, disposa les échantillons de minéralogie, formant le noyau alors restreint de la belle collection actuelle. En 1843 , M. Ad.Vincent, pharmacien professeur, conçut un projet d'installation des galeries de botanique, de minéralogie,et de géologie. Ce projet, approuvé par M. Foullioy, fut réalisé sous la direction de son auteur, par MM. Ed Vincent et G. Cuzent, pharmaciens de la marine, après deux années de travaux préparatoires. Là ne s'est pas bornée la sollicitude de M. Ad. Vincent pour le musée. Par ses dons personnels comme par sa vigilante attention à procurer de judicieuses acquisitions, , il est, à bien dire, le créateur de la collection de minéralogie et de géologie qui, avant lui, se bornait à quelques échantillons contenus dans une montre. En 1858, les galeries avaient besoin d'urgentes réparations. Le temps et l'humidité avaient détérioré un grand nombre d'individus des collections zoologiques. M. Lefèvre, directeur du service de santé, ayant obtenu les réparations nécessaires, toutes les collections furent classées à nouveau par les soins de M. Courbon, alors chirurgien de 2ème classe, sous la direction de M. Leroy de Méricourt, médecin professeur, chargé du musée de zoologie.

Le musée comprend quatre salles. La première contient, outre des curiosités exotiques de différentes nations, une collection d'insectes, peu nombreuse, mais bien classée. La seconde, qui est la plus grande, renferme les oiseaux, les reptiles, les poissons et les mollusques. La troisième est consacrée à la minéralogie, à la géologie et à la botanique.

En 1863, l'accroissement des collections a déterminé le ministère à en charger un conservateur, et M. Ed Brousmiche, ancien chirurgien principal de la marine, a été nommé à ces fonctions."

 

 

 

3. Inventaire du Musée d'histoire naturelle de Brest en 1808. 

Il s'agit, tel que le mentionne le pharmacien Besnou en 1868, de l' Inventaire de 1808 par Broca, pharmacien de marine à Brest. (Pharmacien de 1ère classe en 1827, et alors en poste à Fort Royal).

  • Pièces anatomiques diverses : 14.
  • Mammifères : 48 (espèces ?).
  • Oiseaux : 283.
  • Amphibies : 24.
  • Poissons : 30.
  • Testacés (31 genres, 2097 échantillons) : 229.
  • Crustacés : 11.
  • Insectes « Collection nombreuse ».
  • Zoophytes : 17.
  • Antipates : 17.
  • Gorgones : 29.
  • Madrépores : 30.
  • Nullipores : 8.
  • Éponges : 15.
  • Objets dans l'alcool : 26.
  • Nids et œufs : 19.
  • Fruits de l'Asie et de l'Amérique : 32.
  • Collection de bois : 67.
  • Échantillons de minéralogie : 282.
  • Objets d'ornements, ustensiles, armes : 52.

Total : 1334, « non compris les insectes et papillons espèces, sans compter les doubles ».

Le musée, écrit L. Besnou, "continua à s'enrichir, de nouveautés et de raretés, à tel point qu'en 1817 l'inventaire s'en élevait à plus de 2000 espèces. A deux reprises différentes, la réputation dont il jouissait attira l'inspection de naturalistes et de savants de Paris, à la suite de laquelle (de 1820 à 1832 ou 1833), il fallut concéder pour les établissements de la capitale des sujets rares ou précieux que les savants commissaires avaient le plus remarqués. Après cette quasi-spoliation légalisée, le zèle des donateurs se ralentit. Mais grâce à un subterfuge, on est parvenu, depuis une vingtaine d'années [donc vers 1848] à réchauffer le zèle, et les dons affluent chaque jour. Voici comment on s'y est pris pour se mettre à l'abri des inspections : un tableau des donateurs est affiché dans l'une des salles, et, dans les vitrines ou armoires, chaque objet porte avec son étiquette le nom du donateur, de telle sorte que l'objet n'est considéré que comme mis en dépôt par le donateur. L'on se croit ainsi à l'abri de convoitises nouvelles ou de cessions forcées dans l'avenir."

 

 

 

 

4. Enrichissement des collections du Musée en 1817 au retour de campagne de l'Euryale.

 Collections décrites par Vincent  comme chirurgien sur la corvette l'Euryale commandée par le capitaine Fleuriau, de retour de sa campagne aux Antilles. 

Annales maritimes et coloniales année 1817 volume 2 pp 317-319 : N° 65. NOTE sur divers objets d'histoire naturelle, apportés récemment au Jardin royal des plantes à Brest.

   " Dans l'enceinte du jardin royal des plantes, au port de Brest, on a aussi commencé à former un cabinet de zoologie, qui déjà renferme un assez grand nombre d'individus des diverses familles du règne animal. Cette collection devient chaque jour plus nombreuse par les soins des marins en général, et plus particulièrement par ceux des chirurgiens de la marine, qui se font un devoir d'y déposer les objets curieux et instructifs qu'ils se sont procurés dans le cours de leurs campagnes.

"M. Vincent, chirurgien de la corvette du Roi l'Euryale, commandée par M. le capitaine Fleuriau, a récemment apporté de la Martinique des oiseaux , des vers, des graines, etc... que la collection de la marine ne connaissait pas encore. De ces différents objets nous citerons seulement :

  • L'ANI DES SAVANNES, Crotophaga Ani (Linné), oiseau grimpeur et entomophage qui habite les Antilles, et particulièrement les hautes régions de la Solfatare de la Guadeloupe.(image Wikipédia)Description de cette image, également commentée ci-après

 

  • LE COHÉ ou ENGOULEVENT à lunettes, Caprimulgus Americanus, oiseau nocturne qu'on regarde dans l'archipel des Antilles comme de mauvais présage, opinion vulgaire qu'ont fait naître ses formes et ses mœurs qui se rapprochent de celles du chat-huant. Il ne sort de son trou que vers le crépuscule et fait entendre alors un cri rauque et lugubre. Les pêcheurs croient qu'il annonce la tempête et le naufrage, et ils donnent aussi le nom de Cohé, qui vient des Caraïbes, à certains endroits des côtes où les pirogues courent quelques dangers : telle est l'entrée du Lamentin, dans la baie du Fort-Royal de la Martinique.[Chordeiles minor  Forster,1771 ] ChoMinS_001.jpg

 

  • LE TAMATIA, Bucco Tamatia (Linné). [ Tamatia tacheté Bucco tamatia Gmelin 1788] Description de cette image, également commentée ci-après

 

  • Le TYRAN ou TITIRY, Lanius tyrannus Linné, c'est la pie-grièche des Antilles. [C'est actuellement le Tyran Tritri, tyrannus tyrannus Linné 1758, 220px-Tyrannus-tyrannus-001.jpg

 

  • UN LOXIA qu'on croit être le Loxia indicator, espèce nouvelle décrite par Moreau de Jonnès. [ in Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, Volume 36, 1816, page 356 :  le Cici de la Martinique, sorte de bruant vert-olive]
  • L'ANOLYS, Anolius striatus (Baudin), espèce de lézard.
  • LA GRANDE VIPÈRE FER-DE-LANCE, Vipera lanceolata (Lacépède), Trigonocephalus lanceolatus (Moreau de Jonnès).Bothrops lanceolatus (Bonnaterre, 1790)]  

Si ces animaux n'ont pas le mérite d'être nouveaux ou très rares, ils sont néanmoins peu connus, et doivent rentrer dans une collection qui, par les mêmes moyens, peut devenir, en quelques années, assez considérable et assez riche pour exciter l'intérêt des naturalistes, et pour concourir avec les autres monuments qui décorent le port de Brest, à embellir de plus en plus ce magnifique entrepôt d'une des parties les plus essentielles de la force publique, et de la puissance du monarque."

 

 

5. Enrichissement des collections du Musée en 1818 au retour de campagne de la Cybèle. 

 La  Nomenclature des objets d'histoire naturelle recueillis, préparés et conservés par les soins de M. le Dr Huet,  chirurgien- major de la frégate la Cybèle commandée par M. de Kergariou, capitaine de vaisseau, et déposés dans le cabinet du Jardin royal des plantes à Brest parue dans les Annales maritimes et coloniales de 1819 (autre titre : Observations faites de 1816 à 1818, par CV De Kergariou, commandant de la frégate du Roi, la Cybèle, durant sa navigation dans les mers des Indes et de la chine, côte méridionale de l’île d’Haïnan, île Montanha, îles de Taya, de Tinosa, du Tigre, baie de Gaalong.) est un document extrêmement précieux car c'est l'une des rares sources (avec la liste du Golo) précisant avec exactitude l'identification des espèces rapportées, et que le musée va conserver.

Cette campagne avait été ordonnée pour appuyer les armateurs français dans leurs efforts d'expansion commerciale en Extrême-Orient : le Capitaine de Vaisseau Achille de Kergariou était chargé de montrer le pavillon français, et de porter des cadeaux de Louis-Philippe à Gia-Liong, qui avait pris le pouvoir au Vietnam en 1802 et établi la capitale du pays unifié en la cité impériale de Hué. Partie de Brest le 16 mars 1817, la frégate gagna Pondichéry, Malacca, Manille et Macao, et enfin Tourane (près de Hué) pour y séjourner du 30 décembre 1817 au 22 janvier 1818. Hélas, Kergariou ne put obtenir une audience avec Gia-Long. A défaut de succès diplomatique et commercial, il rapporta des renseignements géographiques et économiques sur la Cochinchine et l'Extrême-Orient. (La mission de la Cybèle en Extrême-Orient, 1817-1818: journal de voyage du capitaine A.de Kergariou , E. Champion 1914, 248 pages, en ligne Gallica)

L'auteur est le chirurgien-major (Jean) Huet.

La liste étant passionnante, essentielle, mais longue, je me contenterai d'en donner le récapitulatif des 900 objets, en renvoyant pour le détail au lien suivant : Annales maritimes et coloniales 1819.

 

  • Quadrupèdes : 7 espèces.
  • Oiseaux : 119.
  • Nids d'ingénieurs : 13.
  • Reptiles : 9.
  • Poissons : 18.
  • Coquilles : 423.
  • Insectes : 251.
  • Crustacés : 7 espèces.
  • Pièces fossiles d'un crustacé : 9.
  • Zoophytes : 8 espèces.
  • Morceaux de bois fossiles : 4.
  • Graines : 26.
  • Échantillons de marbres : 3
  • Dent molaire d'éléphant : 1,
  • sans oublier une paire de pantoufles chinoises et un parasol chinois.

L'auteur signale dans cette liste les espèces remarquables suivantes que le muséum de Brest ne possédait pas:

  • Le singe douc. Celui ramené par la Cybèle mesure 3 pieds 2 pouces. Le singe  douc, ou douc à pattes grises (Pygathrix nemaneus) est un singe que l'on ne trouve qu'au Vietnam et au Laos. (image Wikipédia)
  •  290px-Red-shanked_Douc_at_the_Philadelph

 

 

  • La colombe à coup de poignard.
  • La colombe verte.

 

  • L'oiseau de paradis. [Paradisier]                               Paradisiers

 

  • Deux Loris (perroquets),
  • Une pie-grièche rouge et noire,
  • Un gros-bec dit Calfat, et trois du même genre. Gros-bec Padda :1 par Roussin (Source)cardinal_roussin001.jpg
  • Un caméléon bifide,
  • Un serpent python "de vingt pieds de long, et assez bien conservé",
  • Un serpent d'eau d'une espèce très rare,
  • dans les Crustacés, deux marteaux blancs,

En outre M. Huet signale d'autres espèces moins rares, mais que Brest ne possédait pas :

  • Quatre écureuils palmistes [ Écureuil d'Ebi, Écureuil des palmiers ; L'Écureuil palmiste (Epixerus ebii) est un écureuil que l'on trouve au Ghana, en Guinée, en Côte d'Ivoire, au Libéria, en Sierra Leone.]   Image http://www.planet-mammiferes.org
    EpixEbi1.jpg

 

  • Un chat-tigre, [Oncille (Leopardus tigrinus)] image :http://touslesfelins.free.fr/oncille.htm                 oncille.jpg

     

  • Un albatros, des corbeaux, des mainates, une (sic) coq des bois, une caille de Manille,
  • une espèce de tortue que Brest ne possédait pas,
  • un tupinambis, 
  • parmi les poissons, un pégase, deux anthias, un suchet,
  • parmi les coquilles, deux casques, assortis; Deux peignes rares et estimés ;
  • dans les insectes et papillons, plusieurs espèces que le port ne possédait pas.

 

 

 

      6. Enrichissement des collections au retour de campagne de la flûte Le Golo, 1819.


Nomenclature des Objets d'histoire naturelle recueillis, préparés et conservés par les soins de M. le Docteur FOUILLOY, Chirurgien-major de la flûte LE GOLO,, commandée par M. le Baron DE MACKAU, Capitaine de frégate, et déposés dans le cabinet du Jardin royal des plantes à Brest.

 

 n.b : Fouilloy était assisté du chirurgien en second Cornus. De Mackau, appelé en 1818, au commandement de la corvette Le Golo, quitta Brest le 23 mai 1818, "portant à sa destination M. Milius commandant et administrateur pour le roi de l’île Bourbon" se porta aux îles du cap Vert, au cap de Bonne-Espérance, à Madagascar, à Cayenne, aux Antilles françaises et à la Jamaïque . Chargé d'exécuter des travaux hydrographiques et de recueillir des renseignements sur les nouveaux états de l'Amérique méridionale et de l'ancienne colonie de Saint-Domingue, , il explora la côte de Madagascar. Il rentra à Brest le 13 juin 1819.

Liste détaillée en ligne sur google books

  • Mammifères : 13 spécimens (dont 4 makis, 2 mangoustes, 1 fourmillier, 1 stérope)
  • Oiseaux : 168  (dont perroquet noir, promerops, touraco, todier organiste, guépier vert, albatros, frégate, manchot).
  • Amphibiens : 1 (desséché).
  • Boa devin (1), tupinambis ou cordyles (2) : 3 animaux empaillés (cordyle sauve-garde ; cordyle cordyle ; cordyle à deux carènes).
  • Reptiles : 12 animaux conservés dans l'alcool (lézards, stellion, iguane, couleuvre, gecko ; scinque algire ;  caméléons cornus ou bifides) .
  • Squelettes de caméléons : 3 .
  • Mollusques : 1 calmar.
  • Coquilles : 162 .
  • Insectes : 120 spécimens, dont 5 papillons.

TOTAL : 483 pièces.

  • Humérus, Cubitus, radius et première cervicale de baleine.
  • Crâne malgache.
  • Squelette d'agami crepitans.(agami trompette, Amazonie)Description de cette image, également commentée ci-après
  • Griffe d'aigle.
  • Substances végétales : 22. (Feuilles de l'hydrogeson fenestralis, Cannelle, vanille, muscade sauvage, muscade du Para, résine du Comnier, noix de Tonquin, féve de Tonquin ; Résines d'acajou oriental, de spondias, de l'hymenea [courbaril], ; Fruit d'Ouapa, encens de Cayenne, écorce du mimosa bourgoni, girofle, écorce de giroflea surinamensis, plantes aquatiques, graines de bibace, fruit et fleur de l'asclepias de Nouvelle-Guinée, coton jaune, bouteille contenant du lait de caoutchouc, un régime de raphia)
  • Substances minérales : 5.
  • Instruments de musique : une lyre malgache ; un violon malgache.
  • Armes ; une sagaie.

 

7. Inventaire du Musée de Brest en 1868.

Brest par Monsieur Besnou, ancien pharmacien en chef de la marine:  Annuaire des sociétés savantes de France et des congrès scientifiques 1870  page 306-311.

  Depuis le décret de 1862 organisant le corps des officiers de santé de la marine, un conservateur a été nommé : si le  professeur d'histoire naturelle est chargé de la surveillance du musée, l'installation et la conservation des collections relève d'un conservateur, qui est, cette année là, le docteur Brousmiche. Celui-ci fait appel à des collaborateurs spécialisés dans les collections de minéralogie, paléontologie ou géologie, comme le pharmacien Langonné.

   Le musée possède alors plus de dix mille objets « parfaitement classés, étiquetés avec détail et le plus grand soin, pour en faciliter l'étude et propager le goût de l'histoire naturelle ».

ZOOLOGIE.

  • Mammifères (suivant Cuvier) : 250 espèces.
  • Oiseaux (d'après Orbigny) : 950 espèces.
  • Reptiles (Duméril) : 290 espèces.
  • Poissons (Valenciennes) : 280 espèces.
  • Insectes ( comte Dejean) : 1600 espèces.
  • Crustacés (Milne Edwards) : 225 espèces.
  • Mollusques (Lemark) : 2400 espèces.
  • Zoophytes et tuniciers (Desjardin) : 222 espèces.
  • Nids et œufs : 150 espèces appartenant presque tous aux espèces du pays.

 

MINERALOGIE.

  • Paléontologie (d'Orbigny) : 500 échantillons.
  • Géologie (Coquand) : 400 échantillons.
  • Minéralogie  (Dufresnoy) : 1600 échantillons.
  • Roches finistériennes, collection très riche.
  • Types de cristallographie nombreux.

 

OBJETS DIVERS (ETHNOGRAPHIE).

  • Armes, ustensiles, parures : plus de 300.

8. Les singes anthropomorphes du Musée, mensurations par Armand Corre (1882).

CORRE (Armand), "Quelques mensurations de crânes chez des singes anthropomorphes", Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris 1882- Page 392-397.

 

L'article débute ainsi "J'ai l'honneur de communiquer à la Société le résultat de quelques mensurations extérieures, pratiquées sur quatre crânes de gorilles et un crâne de chimpanzé du musée d'histoire naturelle de Brest." et donne les mensurations des crânes de :

  • deux gorilles mâles, parvenus à leur complet développement".
  • un gorille femelle adulte,
  • une espèce particulière, que le défaut d'ouvrages ne me permets pas de déterminer".
  • un chimpanzé adulte.

 

9. Ostéologie de cétacés et tête d'une Baleine australe, 1868 et 1880.

Cette tête est mentionnée page 37 de l' Ostéographie des Cétacés vivants et fossiles de Beneden et Gervais, Paris, A. Bertrand (1880) : "Les musées qui conservent des restes de Balaena Australis sont [...] 4° Une tête sciée transversalement et deux paires de mandibules sont conservées au Musée d'histoire naturelle de Brest".

 On la trouve aussi mentionnée dans la liste publiée par P.J. Van Beneden, « Les squelettes de cétacés et les musées qui les renferment » Bulletin de l' Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique 37è année, 2ème série, T. XXV., Bruxelles 1868 p. 95.

"Brest.

Balaena australis. Tête.

Pterobalaena rostrata. Rostre avec fanons en p)lace.

Kyphobalaena du Cap. Vertèbres et bras.

Physeter macrocephale. Maxillaire ninférieur, jeune.

Delphinus tursio. Squelette.

Pseudorca ? Tête.

Delphinus rostratus. Tête.

Delphinus dubius. Tête.

Delphinus delphis. Tête."

 

10. Bulletin du Muséum, 1901.

 

Le Bulletin du Muséum, vol. 7 de 1901 page 360, dans un article sur le Jade ascine de Nouvelle-Calédonie  signale ceci : "L'hôpital maritime de Brest, dans une collection créée et alimentée par MM. les officiers du corps de santé de l'armée de mer, avait, eu 1878, quelques spécimens taillés d'une variété compacte de jade calédonien d'un vert olive très foncé (hache canaques)"

11. Inventaire de 1908 dans la revue L'Homme Préhistorique.

Revue L'Homme Préhistorique, Revue mensuelle illustrée d'archéologie et d'anthropologie préhistoriques Mai 1908 page 160.

 "Musées départementaux.

Musée d'histoire naturelle, à l'hôpital maritime (Cons. Léonard). Ce musée, très riche, est malheureusement peu connu ; il contient une des plus belles séries ethnographiques françaises remontant à une époque déjà lointaine.

Zoologie : Bonne collection d'étude ; riche déjà en reptiles.

Ethnographie : Afrique, Chine, Japon, Indes, Alaska, Nouvelle Calédonie, Fidji, Salomon, Samoa, Australie, Nouvelle-Zélande, marquises, Nouvelles-Hébrides, (idoles en tronc de fougères arborescentes, Dr Jenevin*), Taïti (vêtement de fête de la reine Pomaré, contre-amiral Penhoät*) ; vêtements de fête de vahinés ; proue sculptée d'une pirogue, Dr Brousmiche, etc.

Préhistorique.

— Jardin botanique, à l'Hôpital maritime.

— Musée d'anatomie, à l'Hôpital maritime (Cons. : Condé).

 —Musée, à l'Arsenal."

* Dr Jenevin, médecin de la marine à Brest, en poste au Sénégal en 1872. Il figure ensuite  parmi l'État-major de La Vire en 1874 comme médecin de 2ème classe sous le commandement de Jacquemart dans le cadre de la mission dit du Passage de Vénus à l'île Campbell (Nouvelle-Zélande) et en rendit compte dans les Archives de Médecine navale 1875 n° 23 : Passage de vénus. Mission de la vire à l'île Campbell. Par H. Jenevin... / Conditions géographiques, Hydrologie, Végétation, Faune, Climatologie, Pathologie. Les poteaux de case en fougère arborescente et les éffigies sont bien connues des oceanistes :Jean Guiart  "Les effigies religieuses des Nouvelles-Hébrides" Journal de la Société des océanistes 1949 Volume 5 pp. 51-86  

** Jérome-Hyacinthe Penhoat (Roscoff, 1812-Paris 1882) était Major général à Brest en août 1864. Promu contre-amiral, il  prit en novembre 1866 le commandement de la Division navale du Pacifique avec pavillon sur la corvette cuirassée La Belliqueuse, premier bâtiment de ce type à partir en campagne lointaine. Il gagna le Pacifique par le cap Horn, effectua en avril 1869 une mission au Japon et rentra en France par l’océan Indien en bouclant ainsi un tour du monde qui démontra la bonne endurance des bâtiments cuirassés." (fr.scribd.com/doc/50399/Amiral-Penhoat-ne-a-Roscoff-1812‎). Le passage à Tahiti de Penhoat daterait donc de 1869-70, alors que la reine Pomaré IV s'était soumise au protectorat français.

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      Portrait de la reine Pomare IV peint par Charles Giraud, 1851 : RMN-Grand Palais, Musée du Quai Branly 

 

 

 

      12. Extrait du rapport d'inspection générale du Médecin Général Jules Rochard en 1876.

     J'accorde de l'importance à ce document notamment parce que c'est le seul qui me procure l'emplacement qu'occupait le Musée : dans la cour Crevaux (Cour du Conseil de Santé), au premier étage, et donc par déduction au dessus de la salle du Conseil de Santé. C'est dans le même bâtiment que se trouvait la bibliothèque, sans-doute au troisième étage.

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    "Les collections de zoologie, de minéralogie, de géologie et de botanique occupent presque tout le premier étage d'un des bâtiments qui forment la cour d'entrée. Des galeries spacieuses, bien disposées, renferment les collections les plus riches et les plus complètes de nos écoles. Elles sont bien classées et bien entretenues, mais l'humidité du climat détériore rapidement les pièces et nécessite des soins constants. 

  Un seul gardien est affecté à ce service et il ne suffit point à entretenir dans un état convenable de propreté des salles aussi vastes et des vitrines aussi nombreuses. Il serait à désirer qu'un journalier lui fût adjoint au moins pendant deux jours de la semaine. La demande en a été faite par le directeur du Service de santé et appuyée par le préfet, mais elle a été repoussée parce que Brest est le seul port qui se soit plaint de l'insuffisance de son gardien.

  Or, les collections réunies de Rochefort et de Toulon n'égalent pas l'importance de celles de Brest. Les objets d'histoire naturelle s'y conservent d'eux-même, et à Brest il faut s'en occuper sans cesse. Enfin, les galeries d'histoire naturelle sont, ainsi que le jardin botanique, ouvertes au public tous les jeudis pendant l'été. C'est un but de promenade et un objet de distraction pour une ville qui n'en a guère ; aussi la foule y afflue-t-elle au grand détriment de la propreté des tapis et du parquet qu'il faut nettoyer à fond le lendemain."

 

  Un rapport d'inspection du même auteur date de 1878 :

  "L'École de Brest est favorisée entre toutes par l'importance de ses collections, et la variété des sujets d'étude que lui assure son grand mouvement de malades.

  Les collections et les musées n'ont pas subi de changement. Les collections sont toujours entretenues, avec le même zèle et le même talent, par le conservateur M. Brousmiche, et c'est toujours avec la même peine qu'il parvient à maintenir l'ordre et la propreté [...] Les instruments historiques, qui constituent une collection scientifique de premier ordre, sont restés dans les vitrines qu'ils occupaient sous la surveillance du conservateur du musée. Les instruments en service courant ont été rangés dans des armoires qu'on a installées dans la pièce principale du logement du médecin résident. On en a dressé le catalogue et il en a pris charge." 

 

13. Le témoignage de Louis Charpentier (Revue maritime 1927).

 

   "Au delà des plates-bandes , une charmille de gros arbres protégeait l'eau calme et limpide d'un petit bassin, tandis qu'une haie de fuchsias et de camélias précédait l'entrée d'un petit musée. L'étonnement ne s'y pouvait plus contenir dès qu'apparaissaient tant de richesses scientifiques, tant de trésors que personne ne gardait, que rien n'annonçait. Et l'impressionnant silence qui régnait en ces petites salles invitait mieux que quiconque au respect des collections. Il semblait que l'esprit de tous ceux qui avaient concouru à les former flottait partout dans la pénombre, guidant nos pas, attirant nos regards, et attisant nos pensées. Dans le jour doux et tendre, brillait l'or fané des papillons exotiques, les couleurs toujours vives des oiseaux, et la laque ternie des étiquettes, rappelant toutes, orgueilleusement, les multiples souvenirs d'un grand passé. : ...Campagne de la Cybèle, 1817...Campagne de l'Astrolabe, 1826...puis d'autres noms également célèbres, Le Géographe...Campagne de 1800. Les formes les plus étranges, les teintes les plus variées s'unissaient pour révéler derrière les vitrines tout un monde inconnu de mammifères, d'oiseaux, de poissons, de coquillages, tout un arsenal insoupçonné d'armes, de vêtements, de livres et d'objets de toute nature.

14. Le récit du médecin-principal Charles Laurent en 1963.

       " Ils ne sont plus, hélas, qu'un mélancolique souvenir pour ceux qui les ont connus, et les nouvelles générations ignorent même qu'ils ont existé. Mais ils sont restés bien présents à la mémoire de ceux qu‎'y menaient leurs promenades d'enfants. 

Ils étaient deux, mais les visiteurs n'étaient admis que dans un seul, celui qui se trouvait dans l'enceinte de l'Hôpital. Il était ouvert une ou deux fois par semaine, et on y accédait par la grande porte du Jardin Botanique, rue Lannouron. Un jardin délicieux, planté dans un rempli des vieux remparts de Vauban, enclos de grands murs et disposés en trois terrasses ; la plus haute était dominée par ce que les enfants appelaient pompeusement le labyrinthe, et qui n'était qu'un sentier en spirale montant sur une butte et menant à un petit kiosque ombragé de beaux arbres dont un gingko biloba dont le nom nous amusait autant que la forme curieuse de ses feuilles. Il y avait plusieurs pièces d'eau ; dans l'une d'elles s'était noyé un jeune garçon et on nous mettait en garde contre ses dangers ; tout à coté, un petit cours d'eau sur lequel passait un pont rustique ombragé de hauts bambous aboutissait aux bacs des plantes aquatiques . Partout des fleurs, partout des grands arbres : nous savions que parmi eux se trouvaient des espèces extrêmement rares en Europe, mais notre science n'allait pas jusqu'à savoir lesquelles. Les plates-bandes où se cultivaient autrefois les « simples » destinées aux soins des malades étaient encore ceinturées de leurs buis. Tout en bas, deux énormes serres étaient adossées au mur d'enceinte, une chaude et une froide, où poussaient des plantes exotiques dans une odeur moite de terre humide : des fougères, des orchidées, et au centre un grand bananier qui menaçait de percer la voûte de verre. Dans ma petite enfance j'y avais vu un singe, mais on avait dû s'en séparer parce que, paraît-il, il mordait les visiteurs.»

 

«  Du jardin, on allait au Musée, enchantement pour nos yeux, nous livrant tous les trésors des pays exotiques : cinq salles remplies de souvenirs des campagnes lointaines, curiosités d'ethnologie ou d'histoire naturelle. Le point de départ en avait été les collections saisies chez les émigrés, mais il s'était considérablement augmenté au cours des ans. Au temps de la marine à voile,n les campagnes pouvaient atteindre sept ou huit ans d'absence ; les escales étaient longues et, pour les occuper, les marins d'autrefois avaient tous un violon d'Ingres. Quel que fut le corps auquel ils appartenaient, quel que fut leur grade, la plupart s'intéressaient aux sciences naturelles et formaient une collection d'insectes ou de coquillages, de pierres ou d'oiseaux. On m'a parlé de l'un d'eux dont la spécialité était de recueillir lui-même et de demander à tous ses camarades des petits sacs de sable ramassés dans chacune de leurs escales . Et il passait sa vie à trier ces sables venus de tous les coins du monde, pour y chercher de minuscules coquillages (1). […] Les enrichissements du Musée venaient de sources moins impures, comme en témoignait la longue liste des donateurs écrite sur un tableau. Les marins sont, par définition, des gens instables et errants. Peu d'entre eux possédaient dans Brest, qui était une ville d'appartements en location et non d'hôtels particuliers , les greniers familiaux où chaque génération peut déposer les souvenirs de la précédente. Quand l'un d'eux mourait, les héritiers ne pouvaient conserver ces encombrantes collections, et, s'ils ne les vendaient pas ou ne les faisaient vendre à la « Foire aux Puces » de la place de la Liberté, ils les offraient au Musée. Le nouveau Brest est d'ailleurs bâti sur le même type, sauf qu'il n'y a plus de Foire aux Puces, ni de grenier pour la fournir, ni d'ailleurs de collectionneurs de coquillages pour emplir les greniers.

Peu à peu les vitrines s'emplissaient et débordaient au gré des décès et des dons ; la dernière entrée, peu avant la dernière guerre, fut, si je ne m'abuse, celle d'un fou de Bassan. Leur importance était grande et bien connue des spécialistes, aussi recevaient-elles les visites des savants du monde entier.

Mais si nous n'étions pas des savants, nos yeux ne s'émerveillaient pas moins devant les trésors qu'on nous montrait : des momies dans leurs sarcophages couverts d'inscriptions incompréhensibles, un kaiak esquimau, une anguille pêchée à Kerhuon et qui vécut quarante ans dans un aquarium ; elle avait pour voisine des axolotls rosâtres et nus, aveugles venus de quelque grotte de l'Amérique Centrale, et qui se traînaient lentement d'une pierre à l'autre. Plus loin, une procession annamite, des bouddhas, un morceau de pain, souvenir du siège de Paris en 1871, des balafons, des idoles en fougères arborescentes. Puis des lions empaillés, un peu rapés parce que les petits visiteurs les prenaient comme montures, encadrant l'énorme squelette d'un gorille, tué, si j'ai bonne mémoire, par l'amiral Réveillère. Plus loin, des vitrines combles d'oiseaux naturalisés, de papillons et de coléoptères aux couleurs splendides, de pierres merveilleuses, de crustacés, de coquilles de toutes tailles et de toutes formes. Au plafond, des serpents, des tortues marines . Une vitrine contenait un mannequin revêtu d'une robe de la reine Pomaré, en fines lanières végétales disposées en couche épaisses et drapées à la mode du second empire, avec un petit chapeau de même matière dans le style de ceux de l'impératrice Eugénie : on est loin du légendaire tuyau de pipe que lui accorde généreusement la chanson.

Mais nous étions peut-être encore plus impressionnés par de longues vitrines garnies de bustes de plâtre blanc, rangés comme pour une dernière inspection, aux têtes rasées et figées, moulage qu'un médecin disciple de Gall avait pris au temps de Louis-Philippe sur tous les cadavres de forçats qui défilèrent à l'amphithéâtre.

Lorsque je revins à Brest en 1945, après sept ans d'absence, tout avait brûlé. Restaient seulement deux à trois caisses contenant quelques vestiges d'ethnologie polynésienne ou dahoméenne. La belle robe de la reine Pomaré avait flambé comme les oiseaux de paradis, comme les colibris. Je fis tamiser les déblais tombés au rez-de-chaussée, mais on ne récupéra que quelques haches préhistoriques. Lorsque je demandais au second maître chargé des travaux si l'on avait conservé quelques-uns des moulages, il me répondit après mûre réflexion et un bon accent brestois : « Ah, vous voulez parler des médecins généraux ! Eh bien, ils ont tous disparu. ». "

(1). Ce savant qui demandait aux naturalistes de collecter des échantillons de sable coquillier  n'est autre qu'Arthur Bavay, qui passa les dernières années de sa vie à trier les minuscules coquillages, au laboratoire de Malachologie du Muséum de Paris.   

15. Le récit du docteur Robert Bellec en 1977.

       " Notre visite commençait, presque rituellement, par le petit musée édifié en contre-bas, dans l'Ouest du jardin. Obéissant à une simple et claire injonction apposée sur le perron d'entrée, mon père insérait sa canne, ma mère son ombrelle, dans les orifices numérotés d'un caillebotis prévu à cet effet.[...]

  Le fond des collections provenait d'échantillons curieux des trois règnes de la Nature, et de témoins anthropologique rapportés des cinq continents par de longues générations de Médecins de marine et d'Officiers de vaisseaux. L'hôpital maritime et le laboratoire d'anatomie de l'École-Annexe de Médecine navale y avaient aussi apporté leur contribution.

[...] On y trouvait un pêle-mêle un peu naïf, un capharnaüm sans façon, sans pédantisme mais non sans charme, où chacun pouvait trouver pâture selon le niveau de ses connaissances, et la couleur de son esprit. […]

   Au centre de la première salle, dans un aquarium stagnant et trouble, gisait une anguille énorme et caoutchouteuse que l'on disait centenaire, et que je n'ai jamais pu voir sortir de sa morne léthargie.

   Au fond, dans une pénombre peu rassurante pour l'âme timide de l'enfant que j'étais, reposait dans une vitrine basse une longue série de visages blafards et décharnés, semblant échappés des pages des « Misérables ». C'étaient des moulages mortuaires fixant le dernier rictus des plus marquantes vedettes de l'ancien bagne de Brest : le pseudo Colonel, Comte Pontis de Sainte-Hélène (alias Coignard), et bien d'autres forçats condamnés à temps ou à vie pour des crimes célèbres dans les annales des siècles précédents.

   Les masques funéraires de criminels suppliciés à Brest, tels les mutins assassins du Fœderis Arca, avoisinaient une curiosité d'un ordre un peu différent mais aussi peu plaisant : la face hideusement déformée d'un « conscrit réformé pour laideur extrême (don du Servie de Santé de la Marine).

   Une sorte de placard vitré, au ras du plancher, recèlait une momie d'origine imprécisée, obscure forme humaine, presque indéchiffrable sous ses bandelettes poudreuses.

   Je n'appréciais guère le coté « Musée Dupuytren » de ces collections-là. Par contre, l'ouverture que le musée offrait sur les mystères de la nature et les énigmes du vaste monde m'attirait irrésistiblement. Aussi recherchais-je autant que je le craignais l'indéfinissable et délicieuse peur que je retrouvais, chaque fois, derrière le seuil de cette salle.

   Par l'entrée dans la salle suivante, l'œil était inévitablement sollicité vers le plafond, où était suspendue, tels d'insolites ex-voto, une foule compacte de formes sombres d'où pendaient, au bout de ficelles, des étiquettes jaunies.

     Tortues de terre et de mer, squales divers, un énorme poisson lune (Orthogoriscus mola* disait l'étiquette), et même un « organe mâle de cachalot », trophée dérisoire qui suscitait, depuis plus d'un siècle, peut-être, un évident amusement chez les adultes et la perplexité des enfants. Premier contact avec l' "esprit carabin".

Iguanes des Antilles, crocodiles d'Afrique et de Madagascar, caïmans et alligators des Amériques. Et des serpents, des serpents des serpents. De toute grosseur, de toute longueurs et de toutes nuances dans la gamme des bruns. Naturalisés, bien-sûr — on disait alors « empaillés » — et figés en des attitudes rectilignes assez peu évocatrices de la vie . Ils n'en remplissaient pas moins d'admiration les âmes enfantines alors très candides et réceptives car pas encore prématurément blasées par l'audiovisuel.

Une place de choix avait été faite, dans cette même salle, à une vitrine verticale, groupant en un ensemble un peu arbitraire la carcasse d'un grand orang-outan, un petit squelette d'enfant (« Mort à l'âge de 7 ans », précisait une inscription manuscrite qui me donnait le frisson), le crâne démesuré d'un nouveau-né hydrocéphale et — pourquoi dia

ble ? — plusieurs œufs d'autruche.

[…] Je glissais donc au plus vite, dis-je, devant ces tristes dépouilles, pour aller contempler une série de bocaux où macérait dans l'alcool une longue file de caméléons et de lézards. J'avais un faible (les enfants ont de ces attirances incompréhensibles) pour un petit lézard d'Amérique Centrale, rayé de bandes transversales bleuâtres et rose passé..[...]

On entrait — enfin ! Dans le réceptacle des Merveilles. Du moins la dernière salle recélait-elle, à mon regard d'enfant, les plus admirables trésors du monde.

Les murs en étaient recouverts de cadres vitrés, contenant une foule des plus beaux insectes ou arachnides des cinq continents. Coléoptères cornus couleur de cuivre oxydé, scorpions d'acier bruni, mygales énormes et velues, et, surtout, papillons multicolores au milieu desquels resplendissait l'éclair bleu des grands « morphos » des forêts guyanaises.

Des vitrines basses regorgeaient, telles des coffres de corsaires, de tous les coquillages des mers chaudes dont les formes, contournées et griffues, chatoyaient de toutes les irisations des nacres. D'autres ployaient sous des fragments de minéraux rares, de cristaux ?. D'autres présentaient des spécimens de coraux et de gorgones. D'autres encore des pirogues, des sampans, des jonques en réduction.

Dans toutes les encoignures, des totems, des statuettes polychromes d'Afrique Noire, des masques guerriers, des tikis polynésiens sculptés dans des troncs de fougères arborescentes.

Ailleurs, les reflets sombres de bois poli ou de fer patiné des pagaies tahitiennes et des armes « de sauvages » : sabres dahoméens, casse-têtes canaques, boomerangs, lances hérissées de dents de requin, sagaies barbelées, kriss malais, évoquaient irrésistiblement les « flèches empoisonnées, n'y touchez pas ! »  deTartarin de Tarascon — et fleuraient un cannibalisme très authentique.

Parmi les colliers tahitiens couleur de cire et des oiseaux-mouches sans globe, l'évocation réduite, en moelle de jonc aux tons d' ivoire jauni, d'un temple cingalais et de ses palmiers.

 

Enfin, la merveille des merveilles : une robe d'apparat, en pâles et fines lanières végétales, offerte jadis en souvenir, à quelque jeune et bel officier par la dernière reine Pomaré.

* Ou Orthragoriscus mola : Mémoires de l'Académie royale des sciences, des lettres et des ..., Volume 38, 1871, page 84 : le musée de Brest conservait deux poissons lunes. (Observations sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les ..., Volume 16, 1789, page 58 : Description du poisson nommé Lune ou Mole, pêché à Brest.)

 

      N.B. A coté du jardin botanique de Brest et de son musée, deux autres villes disposaient d'un jardin rattaché à l'hôpital maritime, et d'un musée d'histoire naturelle : Toulon, et Rochefort, dont le musée est attaché à la mémoire du naturaliste Lesson. Les trois villes se dotèrent aussi d'un observatoire. On comparera avec intérêt cette histoire à celle, très documentée celle-là, du musée d'histoire naturelle de Metz : http://shnm.free.fr/collectionsH.N.METZ.html

 

Miscellanées :

Annales  Société Académique de Nantes et du Département de la Loire-Inférieure - 1888 - Volumes 59 à 60 - Page 329 :"... au Musée d'histoire naturelle de l'hôpital de la Marine à Brest, un Syrrhapte paradoxal mâle, n° 651 du catalogue, sur l'étiquette duquel on lisait : « Tué par M. Sallerin à Guilers [Finistère), hiver de 1865. Il est à craindre qu'il y ait eu erreur"

  

 

 Bulletin de la Société préhistorique française 1911 Volume 8  Page 535 : « Il existe, au Musée d'Histoire naturelle de l'Hôpital maritime de Brest, une hache océanienne, ayant cette même forme lenticulaire ; mais j'ignore si elle est pourvue de quelque particularité, ne l'ayant entrevue, ily a une trentaine d'années, »

 

A votre tour de visiter, grâce à ces descriptions, le Musée ressuscité :

Le Mola, Diodon mola, la Lune:

[Illustrations de Ichtyologie ou histoire naturelle générale et particulière des Poissons] / Krüger, J. F. Hennig, Pater Plumier... [et al.], dess. ; Ludwig Schmidt, G. Bodenehr, J. F. Hennig... [et al.], grav. ; Marcus Elieser Bloch, aut. du texte - 128

 

 

Le singe douc :

[Illustrations de Histoire naturelle générale et particulière avec la description du cabinet du roy, t. XIV] / De Sève, Buvée L'Amériquain, dess. ; Louis Le Grand, Chevillet, C. Baquoy, grav. ; Georges-Louis Leclerc Buffon, aut. du texte - 43

      L'Agami :

[Illustrations de Histoire naturelle des oiseaux, t. IV] / De Sève, dess. ; De Lignon, Guyot, C. Baron... [et al.], grav. ; Georges-Louis Leclerc Buffon, aut. du texte - 25

 

Le Tupinambi :

[Illustrations de Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens, t.I]. Tome premier / De Sève, dess. ; Leroy, Chevillet, veuve Tardieu, grav. ; Bernard-Germain-Etienne de Lacépède, aut. du texte - 20

       Un Lori.

  [Illustrations de Histoire naturelle des oiseaux, t. VI] / De Sève, dess. ; Le Villain, Mansard, Haussard... [et al.], grav. ; Georges-Louis Leclerc Buffon, aut. du texte - 8

Le Palmiste, dessin par de Seve :

[Illustrations de Histoire naturelle générale et particulière avec la description du cabinet du roy, t. X] / De Sève, Buvée L'Amériquain, dess. ; Louis Le Grand, Baron, C. Baquoy... [et al.], grav. ; Georges-Louis Leclerc Buffon, aut. du texte - 28

 

L'Oiseau de paradis (Oiseaux et plantes peints à la gouache, avant 1800)

Oiseaux et plantes peints à gouache - 25

 

L'Ani "ou bout de tabac" :

[Illustrations de Histoire naturelle des oiseaux, t. VI] / De Sève, dess. ; Le Villain, Mansard, Haussard... [et al.], grav. ; Georges-Louis Leclerc Buffon, aut. du texte - 21

 

 

Nota Bene :

On ne confondra pas ce musée avec celui de la Société Académique de Brest (active de 1858 à 1913) ; mais il peut être intéressant à certains esprits curieux d'en trouver ici l'inventaire paru en 1896 :

 

MINISTERE DE L INSTRUCTION PUBLIQUE  : ANNUAIRE DES MUSEES SCIENTIFIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES DES DÉPARTEMENTS PREMIÈRE ANNÉE 1896 PARIS ERNEST LEROUX, EDITEUR

 "BREST : Collections scientifiques et archéologiques annexées au Musée de peinture, place de la Halle.

Histoire naturelle. — Métallurgie, minéralogie régionale, marbres, coquilles d'Océanie (recueillies par Dumont d'Urville, dans l'expédition au pôle Sud), Oiseaux du pays ; tête humaine trouvée dans le désert de Suez.

Ethnographie. — Armes asiatiques, cambodgiennes, cochinchinoises et océaniennes. Instruments d'observation maritime.

Archéologie. — Antiquités préhistoriques et celtiques : silex, bronze, poteries. Collection gréco-romaine provenant du Musée Gampana. Antiquités romaines et franques : meules, armes,poteries. Collection lapidaire du Moyen Age et de la Renaissance provenant des abbayes de Découlas et de Landévennec ; tombe d'abbé du xiie siècle ; écusson du xvi* siècle ; gargouille du xveme siècle, etc. Meubles. Fragment de colonne en granit et autre sculpture provenant d'un palais du Cambodge.

Numismatique : deux collections, Tune de pièces de toute nature non classées, provenant de la Société académique; l'autre de 20,000 monnaies, médailles commémoratives, effigies d'hommes illustres, jetons de villes et de corporations, monnaies seigneuriales et obsidionales, essais monétaires, etc. La collection des monnaies françaises commence à Louis IX.

Conservateur. M. Henri Hombron, q A. Ouvert tous les jours, de midi à 4 h. Pas de catalogue."

— En 1908, la revue L'Homme Préhistorique en donnait le descriptif suivant :

"Musée de la ville de Brest, galeries de la salle des fêtes fondé en 1877. Il contient des collections intéressantes, malheureusement très mal ou pas du tout classées et installées de la façon la plus défectueuse, sans ordre, éparpillée aux quatre coins des salles.

Géologie et minéralogie du Finistère et des Côtes du-Nord (Coll. Barillé)

Oiseaux du Finistère (Coll. Mériel)

Palethnologie et archéologie locale.

 

 

 

Ethnographie : Bonnes pièces africaines et océaniennes (Delorissa et Dr Carof). Riches collections de l'Inde, Cocinchine et Chine de l'amiral Reveillère. Très belle série des Marquises (Coll. Barbeau-Vieillard)."

 

 

Sources et liens.

 Revue L'Homme Préhistorique, Revue mensuelle illustrée d'archéologie et d'anthropologie préhistoriques Mai 1908 page 160.       

  • ABBAYE de Daoulas, Ségalen et l'exotisme, Rencontre en Polynésie, Somogy 2011.
  • BELLEC (Robert), docteur «  Requiem pour un paradis perdu », in Les Cahiers de l'Iroise 24ème année n°1, janvier-mars 1977, pp 30-37.
  • BENEDEN, Van (.P.J ) « Les squelettes de cétacés et les musées qui les renferment », Bulletin de l' Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique 37è année, 2ème série, T. XXV., Bruxelles 1868  p. 95.
  • BENEDEN, van (Pierre Joseph), 1809-1894 ; GERVAIS, Paul, 1816-1879 Ostéographie des Cétacés vivants et fossiles, comprenant la description et l'iconographie du squelette et du Système dentaire de ces animaux, ainsi que des documents relatifs à leur histoire naturelle Paris, A. Bertrand (1880) page 37.  
  • BESNOU L. "Travaux des Sociétés savantes pendant l'année 1868", Annuaire des sociétés savantes de France et des congrès scientifiques, Paris 1870 pp. 306-311.
  • BOULAY(Roger), Annuaire des collections publiques françaises d'objets océaniens : base Joconde (Roger Boulay est conservateur au Musée des arts d'Afrique et d'Océanie etChargé de mission pour les collections océaniennes auprès de la Direction des Musées de France : http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/decouvrir/expositions/oceanie/oceanie-texte.htm)
  • BOULAY (Roger), Le bambou gravé kanak Editions Parenthèses 1993,77 p. Google book.
  • BROCA (Nicolas) et PICHON "Catalogue raisonné ou tableau analytique et descriptif des plantes cultivées à l'École de Botanique du Muséum impérial maritime du Port de Brest, classées suivant le système sexuel de Linné" , corrigé par Joh. Frid. Gmelin, avec concordance des familles naturelles de Jussieu; précédé d'un Abrégé du système du premier de ces Auteurs et de notes explicatives des différentes parties des plantes, et des abréviations employées dans l'ouvrage, Brest 1811, in-8° 3ff et XIV 10 -571 pp. Voir catalogus Nantes
  • CAMBRY (Jacques), Voyage dans le Finistère ou État de ce département en 1794 et 1795.  378 pages, Edition du Layeur  2000.
  •  CAMBRY ( Jacques), Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère : dressé en l'an III (Nouv. éd.)  par Cambry ; publ. par ordre de l'administration du département H. Caillière (Rennes) 1889, pages 124-132, en ligne sur Gallica.
  • CHARPENTIER (L.) Médecin-Principal, "Les jardins botaniques de la marine", Revue maritime, 1er semestre 1927, pp 6-30. 
  • CORRE (Armand), "Quelques mensurations de crânes chez des singes anthropomorphes", Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris 1882- Page 392-397.
  • FOUILLOY, Chirurgien-major "Nomenclature des Objets d'histoire naturelle recueillis, préparés et conservés par les soins de M. le Docteur FOUILLOY, Chirurgien-major de la flûte LE GOLO,, commandée par M. le Baron de MACKAU, Capitaine de frégate, et déposés dans le cabinet du Jardin royal des plantes à Brest " in  Annales maritimes et coloniales 1819 pages 720-727.
  • HECKEL, Edouard  "Etude sur le Gorille du Musée de Brest." Revue d'Anthrop., 1876, t. V., pp. 1-20, pl. i. 45. ou - Paris : E. Leroux, 1876, 20 p. (Édouard Marie Heckel est un botaniste et un médecin français, né le 24 mars 1843 à Toulon et mort le 20 janvier 1916 à Marseille ) 
  • HUET  "Nomenclature des objets d'histoire naturelle recueillis, préparés et conservés par les soins de M. le Dr Huet, chirurgien- major de la frégate la Cybèle commandée par M. de Kergariou, capitaine de vaisseau, et déposés dans le cabinet du Jardin royal des plantes à Brest", in  Annales maritimes et coloniales: publiées avec l'approbation du ministre 1819, pages 39-45.
  • JACQUEMIN Sylviane, L'exploration des collections d'objets d'Océanie, OCIM, PDF http://doc.ocim.fr/LO/LO060/LO.60(5)-pp.23-27.pdf

  • KAN (Anne-Gaelle), Le jardin botanique deBrest au XVIIIe (1694-1820) thèse sous la direction de Sylviane Llinares. Publié  en 2000. 1 vol. (120 f.) : ill. en noir et en coul. ; 30 cm + 1 CD-Rom
  • LAURENT (Charles), Médecin-Général, « Les Musées de l'Hôpital Maritime de Brest », Les Cahiers de l'Iroise 10ème année n°2, 1963 p. 87-91.
  • LAVONDÉS ( Anne) Les collections ethnographiques de l'Hôpital militaire de Brest  Paris : Musée de l'Homme 1978. (Anne Lavondès est ethnologue, ingénieur de recherche ORSTOM et ancienne conservatrice du Musée de Tahiti et des Îles).
  • LESSON René-Primevère, chirurgien de marine à Rochefort , Manuel de taxidermie à l'usage des marins, Annales maritimes et coloniales, vol.2, Paris 1819 pp 47-63.
  • LEVOT (Prosper) Histoire de la ville et du port de Brest, vol. 1 : La ville et le port jusqu'en 1681, Brest, 1864, 387 p.
  • LEVOT (Prosper)Histoire de la ville et du port de Brest, vol. 2 : Le port depuis 1681, Brest, 1865, 387 p.
  • ROUSSEL Claude-Youenn, GALLOZZI Arièle Jardins botaniques de la marine en France : mémoires du chef-jardinier de Brest Antoine Laurent (1744-1820); avec la participation d'Yves-Marie Allain, Olivier Corre et Yannick Romieux ; préfaces de Pascale Heurtel et Catherine Junges ; reportage photographique original d'Hervé Ronné [Spézet] : Coop Breizh, impr. 2004 1 vol. (315 p.) : ill. en noir et en coul., couv. et jaquette ill. en coul. ; 30 cm.
  • VINCENT Pharmacien de marine, : " NOTE sur divers objets d'histoire naturelle, apportés récemment au Jardin royal des plantes à Brest". Annales maritimes et coloniales année 1817 pp 317-319.
  • Instruction pour les voyageurs et employés des colonies sur la manière de recueillir, de conserver et d'envoyer les objets d'histoire naturelle; Annales maritimes et coloniales vol.3, 1818pp 634-672.
  • Instruction sur les moyens de préparer et de conserver les objets d'histoire naturelle à envoyer au Cabinet du Roi à Paris, Annales maritimes et coloniales vol.3, 1818 pp 673-679.

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