Les frontispices du Systematisches Verzeichniss der Schmetterlinge de Denis et Schiffermüller (1775-1776).
Michael Denis et Ignaz Schiffermüller étaient deux jésuites enseignant à la très réputée Académie Theresianum de Vienne jusqu'au démantèlement de leur ordre en 1773. Denis enseignait les belles-lettres et Schiffermüller le dessin architectural civile et militaire ; ils étaient l'un et l'autre imprégnés de l'esprit des scientifiques des Lumières. En 1775, il firent paraître une "Annonce" d'une Liste systématique des papillons des environs de Vienne. Le même texte paraît l'année suivante, mais seul le titre change : Systematische Verzeichniß der Schmetterlinge des Wienergegend. Dans les deux cas, aucun nom d'auteur n'est indiqué : on apprend seulement en page de titre que ce travail a été réalisé par des enseignants à l'Académie Impériale du Théresianum. En réalité, lorsque le livre se répand à travers l'Europe des naturalistes (sous le nom de Wiener Verzeichniss, W.V en abrégé), les auteurs ne sont plus "Thérésiens", car l'ordre des jésuites a été dissous en septembre 1773 par l'empereur Joseph II, et ils ont perdu leur poste au Theresianum.
Ignaz Schiffermüller.
Beaucoup d'auteurs estiment qu'Ignaz Schiffermüller a été le principal ou même l'unique auteur du Verzeichniss. Un bref portrait de sa carrière est sans doute une introduction nécessaire à la compréhension de sa publication, et de leurs frontispices.
Né à Linz en 1727, il a suivi son noviciat auprès des Jésuites, a étudié la Philosophie à Vienne de 1749 à 1752 en s'initiant à la minéralogie et la numismatique auprès des frères jésuites. Au Gymnasium de Passau en 1752-1754, il rencontre Jean-Baptiste Darmani, autre jésuite qui lui fait découvrir la botanique. Puis vient l'ornithologie et l'entomologie. Après une année à Wiener Neustadt où il enseigne la poésie et la Rhétorique, il revient à Vienne : de 1755 à 1759 il étudie la Théologie à l'Université, puis est nommé sous-régent et préfet au séminaire de Saint-Pancrace. C'est en 1759 qu'il intègre l'Académie du Theresianum. Il accomplit sa troisième année probatoire en 1760-1761 à Judenburg où il mène plusieurs Missions en Haute-Styrie. Il reprend son poste au Theresianum comme Préfet des étudiants les plus âgés ; il est nommé professeur en 1765 et il enseigne pendant plus de 15 ans le dessin architectural et l'architecture civile et militaire et la théorie de construction. Il poursuit aussi sa seconde passion, l'établissement d'une nomenclature scientifique des couleurs.
Pendant ce temps, son intérêt pour l'Histoire naturelle ne le quittait pas. Son professeur de minéralogie Joseph Franz avait été chargé du Musée des Jésuites en 1759 ; parallélement, François-Etienne de Lothringie le mari de l'impératrice Marie-Thérèse (qui donne son nom au "Theresianum") avait poursuivi un Cabinet d'Histoire naturelle. Ignaz débute en 1757 dans la plus grande discrétion une collection d'insectes (principalement des papillons), mais il est bientôt contraint de la dévoiler à quelques amis. Heinrich Joh. Kerens, professeur de Philosophe et de droit naturel (futur évêque de Roermonds) et le directeur du Theresianum, tente de le convaincre de publier ses résultats, mais Schiffermüller manque de confiance en lui. Michael Denis, professeur en Belles-Lettres, l'assure de son aide, et ils vont ensemble prospecter la région de Vienne. De 1770 à 1774, ils partent parfois en excursion de dix jours durant, notamment au Schneeberg, dans les Alpes viennoises, à 2000m. d'altitude ; les collègues (on cite Alois de Goldegg et Lindenburg ) et les élèves du Theresianum participent aussi à la collecte des papillons. Schiffermüller a alors 400 chenilles et papillons, et il passe des heures, assis au coté de Denis pour consulter la 12ème édition (la plus récente) du Systema Naturae de Linné. En 1772, il fait publier son traité des couleurs "Versuch eines Farbensystems". Mais en 1773, alors que le classement des papillons était bien avancé, le pape Clément XIV fait paraître la bulle du 21 juillet 1773 abolissant la Compagnie de Jésus ; cette décision prend effet en Autriche le 14 septembre 1773. Denis est alors nommé bibliothécaire de la Bibliothèque Garelli, adjacente à l'Académie ; il se préoccupe de son œuvre poétique (sous son anagramme de Sined le barde), et n'a plus de temps à consacrer aux papillons. Schiffermüller poursuit seul le travail : il totalise 1150 espèces de papillons, alors que Linné n'en avait publié que 450! Non content de les identifier, de les classer et de les nomer, il étudie et décrit leurs différents stades et leurs mœurs. A la fin de l'année 1775, il est prêt, et publie l'Ankündung ou annonce, qui diffère très peu de l'ouvrage qui aparaît en 1776 sous le titre de Systematisches Verzeichnis der Schmetterlinge der Wienergegend herausgegeben von einigen Lehrern am k. k.Theresianum.
Mais en 1777, un autre coup du sort le frappe : il est nommé directeur du Nordischen Collegiums de Linz. Il s'y rend la mort dans l'âme, emportant sa précieuse collection à laquelle il consacrera à sa passion le peu de temps que lui laissera la direction de 50 élèves. L'année suivante, il reçoit la visite de Paula von Shranck, son aîné de 20 ans dans la Compagnie de Jésus et qui avait été enseignant au collège de Linz de 1769 à 1773. Schrank découvre la collection de Schiffermüller, et reviendra l'aider à la mettre en ordre en 1783. En 1788, le monastère de Linz a été supprimé.
Plus tard, Schiffermüller obtint le décanat (la cure) de Waizenkirchen, à 40 km à l'ouest de Linz et 260 km de Vienne. A sa mort en 1806, sa collection fut sollicitée par le British Museum, mais un médecin et entomologiste de Linz, Caspar Erasmus Duftschmidt s'évertua à amener la collection à Vienne ; elle fut reçue par le Cabinet impérial d'Histoire naturelle (Kaiserlichen Hof-Naturalienkabinett) du Hofburg Palace à Vienne avec l'appui de son directeur Carl Schreiber, mais elle fut détruite lors d'un incendie pendant la révolution de 1848.
Michael Denis (1729-1800) Ignaz Schiffermüller (1727-1826)
ÉTUDE DES FRONTISPICES.
sources d'intérêt :
-intérêt bibliophilique : certains frontispices sont en noir et blanc (exemplaire de Göttingen par ex.) et d'autres sont en couleur. Il existe deux frontispices différents, alors qu'il n'y a eu qu'une seule impression de l'ouvrage, mais deux publications, l'une en 1775 avec le titre Anklündung (Annonce) et l'autre en 1776 sous le titre Systematisches Verzeichniß (Liste systématique ...).
-Les inscriptions (épigraphes) et l'influence de la poésie latine de Virgile.
-Les espèces de lépidoptères représentées.
-Les Cupidons et les techniques de chasse au papillon.
-Le parc du château de Schönbrunn : culture classique latine et nomenclature zoologique.
-La comparaison avec le frontispice du Traité des couleurs de Schiffermüller paru en 1772.
Le Frontispice n° 1.
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Nous voyons, dans un encadrement de plantes dressées en arc, un jardin "à la française" dont la perspective est fermé par un bâtiment. Trois Amours jouent devant nous au premier plan, alors que des papillons et un oiseau butinent les fleurs.
Le charme de ce frontispice est qu'il ne naît pas de la fantaisie d'un illustrateur composant un tableau bucolique pour attirer les lecteurs, mais qu'il répond à un programme très précis établi par l'auteur lui-même, le professeur de dessin Schiffermüller. Aussi, comme ces vignettes de Dictionnaires où l'artiste a réuni différents objets et animaux dont le nom débute par la lettre de l'alphabet qui va être traitée, suscitant alors une curiosité attentive et enjouée du lecteur, ce frontispice cumule les détails significatifs, et, notamment, sert de planche naturaliste illustrant les espèces de papillons décrits dans le volume.
On y trouve six espèces animales qu'il s'agit d'identifier ; mais trois autres espèces de lépidoptères ont prêtées leurs ailes aux petits enfants : saurez-vous les reconnaître ?
— Un angelot brandit un objet : lequel ?
— Les deux autres jouent ensemble, mais à quoi ?
— Les fleurs sont-elles identifiables aussi précisément que les papillons ? Quelles sont-elles ?
— Deux haies taillées selon l'art topiaire créent des niches abritant des statues. Pourquoi ?
— Le paysage lui-même est-il identifiable ?
— Enfin, deux inscriptions sont visibles : que veulent-elles dire ?
Autant d'énigmes passionnantes. Par chance, comme dans les albums de mots-croisés, la réponse est, partiellement mais avec précision, donnée dans le chapitre VIII du Wiener Verneizchniss, chapitre dont les sept paragraphes sont entièrement consacrés au commentaire du "Titelkupfel", le frontispice.
Le jeu se double d'un jeu des sept différences, en comparant les deux frontispices.
Cerise sur le gâteau, un troisième frontispice... Ah, ça, c'est la surprise !
I. Les personnages, les insectes et les fleurs.
1°) N'aviez-vous pas envie de commencer par ces belles fleurs rouges et grimpantes qui attirent l'œil ? Il est assez facile d'y reconnaître Campsis radicans - la Bignone ou Trompette de Virginie.
Or, cette plante se nomme en anglais Hummingbirds vine, "Vigne de colibris", ce qui nous aide (si besoin) à nommer le petit oiseau vert dont le bec est introduit dans une des trompettes rouges. C'est le colibri nommé en français Émeraude orvert et dont le nom scientifique est Chlorostilbon mellisugus Linnaeus, 1758 : un oiseau de 7,5 cm.
E. Mulsant et Edouard Verreaux: Histoire naturelle des oiseaux-mouches, ou, Colibris constituant la famille des trochilidés Lyon: Au Bureau de la Société linnéenne,Volume 4 (1861) [2] Louis Victor Bevalet (1808 -) page 194
Voici le commentaire des auteurs :
§ II "Le petit oiseau placé au dessus est représenté dans sa taille naturelle : c'est une espèce de Colibri ou Honigsaucer ("suceur de miel"), l'une des 15 espèces décrites par Linné, Trochilus Mellisugus. Nous savons déjà qu'il existe dans ce Genre des espèces encore plus petites. Sloane et Edward indiquent leur poids, qui n'est que de quelques grains à chaque fois (*). La ressemblance de leur comportement avec celui des papillons, et notamment avec celui des Sphinx a déjà été mentionnée dans une certaine mesure ici (Chapitre IV § 4) mais on trouvera plus de développement chez Catesby (**).
( * ) Ici aussi, on trouve dans le beau Cabinet d'Histoire naturelle du Hofrath Freiherr von Buol deux de ces oiseaux qui sont sensiblement plus petit que celui présenté ici dans notre collection, quoiqu'ils semblent être de la même espèce.
( ** ) Ils obtiennent leur nourriture (disent ces auteurs ) comme les abeilles le font des fleurs. Ils sucent le nectar de la même manière avec leur langue, qui est un tube. Ils volent en l'air par un battement d'aile si imperceptible qu'ils semblent flotter au dessus des fleurs sans bouger. Ils butinent d'une fleur à l'autre, et parce qu'ils vivent par eux seuls , " Catesby, Volume I page 65).
Ce naturaliste a décrit encore (page 65) une autre espèce de ces oiseaux, Trochilus Colubris, sur une Bignone ou "Trompetenblume" ["fleur-trompette"]. Or nous avons cette plante ici, et la Bignone (Bignonia radicans Lin.) n'est pas rare dans les jardins impériaux : nous y avons fait appel pour représenter le Colibri ici, d'autant que le jardinier impérial M. Reichard ♥ von den Schot nous a assuré que, lors d'un séjour aux Antilles, il en voyait des quantités. [...] Catesby appelle ces petites espèces Humming Birds "Oiseau-Bourdon" de la même façon que Réaumur , De Geer et autres entomologistes français désignent les papillons crépusculaires par les noms de "Bourdon" , "Papillons bourdons" ou "Sphinx -bourdon". A contrario, Monsieur Klein donne à ce Genre des Colibris le nom de gatterlinds Papillons Voir Vögelhistories, Vögelverzeichniß , IV famille XIV Geschlet
♥ Sans-doute Johannes Reichardt ou Reichert, jardinier de la cour à Weimar
N.B : Trochilus colubris = Colibris à gorge rubis, Archilochus colubris.
Une troupe de Colubris s'en prennent ici à un Bignonia : Peints par Audubon en 1825 :http://www.nyhistory.org/node/30276
2°) Juste en dessous de ce Colibri, on voit un papillon, presque plus gros que l'Oiseau-mouche, et butinant le même plant de Bignone. Un Sphinx, à l'évidence, mais lequel ? J'allais tièdement opter pour le petit pourceau, le Petit Sphinx de la vigne Deilephila porcellus. Mais j'ai été voir la réponse : il s'agit d'une espèce américaine décrite par Linné en 1758 sous le nom de Sphinx vitis et actuellement connue sous celui d'Eumorpha vitis, ou "Sphinx de la vigne" :
Allons découvrir ce que Schiffermüller (Denis devait sûrement l'appeler "Schiff", ou "le bon Schiff") nous donne comme commentaire :
" Le grand papillon qui apparaît sur cette planche en dessous de l'oiseau, aspirant comme lui le nectar des fleurs, est un Sphinx américain, le Sphinx vitis de Linné. Mérian a décrit aussi ce papillon sur la planche 47 figure 1 de ses Insectes du Surinam. Du moins, Linné se réfère à elle. Notre dessin est reproduit très fidèlement, mais en même temps s'inspire de son illustration et de la description que Linné en donne".
Pourquoi les auteurs n'ont-ils pas choisi l'un des 16 Sphinx dont ils donnent la description dans leur ouvrage page 40 à 43 ? Bizarre. Peut-être est-ce à cause de son envergure (85 à 105 mm), qui dépasse la taille du colibri ? Mais le Sphinx tête de mort peut atteindre 13 cm § Si Denis et Schiffermüller ont placé l'un dessous l'autre un Colibri et un Sphinx, c'est peut-être pour illustrer l'idée d'une sorte de continuité ou de comparaison entre les Ordres du Règne animal : voici leur deuxième paragraphe :
"Nous avons examiné plus haut ( III. Sect. , principalement § II.et III ) quels étaient les genres de papillon qui ressemblaient le plus aux oiseaux : notre opinion était que les Sphinx venaient à la première place, les Phalènes ou papillons de nuit à la seconde place, alors que le troisième groupe, les papillons de jour, se rapprochaient des Insectes "Neßflügelichen" (Neuroptera Linné), et notamment des Demoiselles (Libellula). Cette opinion qui a guidé ensuite notre présentation des papillons ne convaincra peut-être pas immédiatement tout le monde, aussi avons nous cru bon d'en donner une démonstration visuelle.
Pour remplir l'espace centrale de la Planche apparaissent quelques Génies qui montrent la façon d'attraper les papillons."
Je note que Schiffermüller désigne les Amours, ou Éros, sous le nom de "Génies" (Genien), ce qui me déçoit car je vois dans ces Cupidons à aile de lépidoptères une préfiguration du grand genre Cupido de Schrank ; Si Schiffermüller avait employé le terme de "Cupido" j'aurais été comblé!
Pour cette moitié de l'image, je ne dois plus décrire qu'un plant d'œillets et quelques autres plantules que je suis bien incapable de nommer. Passons à l'autre coté.
3°) L'autre plante grimpante qui forme avec la Bignone une fenêtre ovale est bleue : c'est une Ipomée, de la famille des Convolvuceae. Sans-doute Ipomoea purpurea, la Volubilis, symbole de l'amitié dévouée. Cette idée honorerait nos deux ex-jésuites. Ses fleurs attirent trois papillons différents, et une...libellule.
4°) Le premier des papillons, au sommet de l'arche florale, est le Sphinx de l'Épilobe ou Sphinx de l'Œnothère Proserpinus proserpina Pallas, 1772. C'est une espèce qui mesure 20 à 21 mm (ou 36-45 mm Lepinet.fr) et dont l'article Wikipédia indique que "souvent diurne, ce sphinx visite les fleurs à la façon d'un colibri". De même, le site Lepinet.fr signale : "L'abdomen du Sphinx de l’Epilobe est très caractéristique. Court et trapu, il présente des écailles latérales transformées qui lui confèrent une plus grande agilité en vol, un peu à la manière des colibris. Mais la particularité unique du Sphinx de l’Épilobe réside dans ses ailes postérieures jaunes plus ou moins vives bordées de noir, très visibles notamment lorsque le papillon est en vol stationnaire devant une fleur." Pas d'erreur, Schiffermüller poursuit sa démonstration comparative avec les Colibris.
Voilà le commentaire qu'il y consacre :
"Sur la page opposée est représenté un Sphinx européen qui appartient à notre famille E, et que nous avons désigné sous le nom de Sphinx oenotherae [cf W.V. page 43]. Sa chenille est tantôt verte, tantôt brune. Elle présente sur le onzième anneau, au lieu de la corne des autres chenilles de Sphinx, un disque en forme de miroir. Cette espèce était initialement étrangère, mais elle est très commune dans les jardins européens, [...] sur la plante sauvage Oenothera biennis Lin. Elle est nommée par certains "Gelbe Weiderich", par d'autre "Nacht-schlüßelblume" et par d'autres encore "Richkraute" ou Weinblume", par les jardiniers vulgairement "Rapunzel" [Raiponce], mais plus correctement dans le Traité de botanique de Mr Dietrich "Nachtkerze" [Onagre] (*) ."
"On trouve aussi souvent cette chenille sur le "Schottenweiderich" [l'Épilobe], Epilobium palustre et hirsutum."
5°) Pour suivre l'ordre choisi par les commentaires, observons maintenant le papillon posé à la partie la plus basse du rameau fleuri et qui, à l'inverse des Sphinx et du Colibri, ne butine pas les fleurs ; il est facile de reconnaître ici une noctuelle, et j'avais identifié la Zeuzère du marronnier Zeuzera pyrina en me demandant la raison de sa présence. Vite, le commentaire des auteurs !
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Zeuzera.pyrina.jpg
"Du même coté où se trouve le petit Sphinx est posé au pied du rameau un papillon de nuit aux stries blanches, noires et bleu-nuit. Il correspond à celui que Linné a décrit dans sa Fauna suecica sous le nom de Phalena Noctua pyrina, mais que Poda nomme Ph. N. aesculi. Il se trouve, dans notre Catalogue, Famille N n°3 parmi les "Spinnen" [Le terme Spinnen correspond chez D &S aux Bombyces de Linné ; cf page 60 : Bleichringigte Spinner ; Phalaena Bombyces albapunctea ; Chenilles rongeant le bois de Lyonnet ; Pferdekastanienspinner ; B. aesculi Noct.L. ]
Le mâle, qui n'a jamais été décrit à notre connaissance, possède des antennes en peigne très large et tout à fait remarquables. La femelle est décrite par Réaumur (*) et par Schaffer (**), mais elle a chez eux la moitié de la taille naturelle, et la gravure de Schaffer laisse supposer que son propre dessin est très trompeur. On trouve aussi chez Seba (***) une illustration de notre papillon, mais qui montre sur des ailes ouvertes comme celles d'un papillon de jour, l'aspect [en damier] de la Fritillaire pintade "Blumenblättern der Spielbretblume"(Fritillaria Meleagris) ou un motif semblable à des bonnets intriqués [Traduction très incertaine]
La Phalène aesculi a sur le dessus de ses ailes de fréquents points, ou des taches en partie rondes et en partie allongées, qui ont, sur l'imago fraîchement éclos, l'aspect de velours bleu foncé et qui prennent, selon l'orientation de la lumière la couleur tantôt bleu ciel, tantôt bleu marine, tantôt bleu-noir."
(*) Réaumur, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes Volume.2. planche 38. f.3-4.
(**) Schaffer Abbild. Regensb. Ins. Tab. 31.F.8-9.
(***) Thes. Sebae, in ins. "Phaleine connue sous le nom de Tygre terrestre"...Pyrina Lin.
6°) Au dessus de cette Zeuzère, juste en dessous du Sphinx de l'Épilobe, mais lui faisant face sur les fleurs d'Ipomée, se trouve l'un des papillons les plus beaux, membre de la noble famille des Papilionidae, et dont les deux Viennois ont donné la première description, ce dont ils pouvaient se sentir particulièrement fiers : la Diane, Zerynthia polyxena ([Denis & Schiffermüller], 1775).
§ VI "Au dessus de cette Phalène et en face du petit Sphinx, un papillon est posé sur une "Belle-de-jour" [ "Windeblume", Morgen Glory : Ipomée, Volubilis]. Cette espèce de papillon diurne vit, autant qu'on puisse le savoir, presque exclusivement dans les environs de notre ville, ou là bien plus qu'ailleurs. Ce témoignage vaut aussi envers ceux qui l'ont décrit ailleurs, comme Rösel (*) ou Mr B.R. Scopoli (**). Ce dernier la nomme Hypermnestre. Mais comme Linné avait utilisé déjà ce nom pour désigner un papillon de l'est de l'Inde, nous l'avons nommé Polyxène, désignation destinée aussi à souligner que cette espèce, selon la partition de Linné en Phalanges et subdivision (Equites Trojani, Equites Achivi) et selon sa Nomenclature, vu les marques bleues qui zèbrent son thorax, appartient aux chevaliers troyens comme Hector, Énée ou Hélène etc. [erreur des auteurs, Linné ne cite pas Hélène (Helena) mais Helenus, masculin.] [ Noms des Papillons diurnes (rhopalocères) créés par Linné dans le Systema Naturae de 1758.]"
( * ) Roesel, Insecten Belust. Tom. IV Bande. page 53 et 54. Le papillon illustré planche VII Fig.1- 2 y est très beau et exactement conçu sauf le corps dont il manque des pièces.
( ** ) Scopoli, Entomologia Carniolica, page 149.
"Quelqu'un demandera peu-être pourquoi nous considérons ce papillon comme un Chevalier (Equites,L.) dont les ailes inférieures sont habituellement [schwänge : caudées?] ? Le fait que les deux Chevalier Troyens connus en Europe, Papilio machaon et P. podalirius, portent des queues (caudati) ne fait pas loi. LInné décrit les caractères nécessaires en quelques mots : Alis primoribus ab angulo postico ad apicem longioribus, quam ad basin [...]
7°) Il reste à décrire la libellule verte qui est posée sur une fleur d'Ipomée : c'est, selon les auteurs, l'Agrion jouvencelle, Coenagrion puella, dont on distingue peu de caractères distinctifs hormis peut-être les ptérostigmas sombres.
Elle fait l'objet du paragraphe 7
§VII : "Enfin, un insecte de l'ordre des Neuroptères ( Neuroptera Lin.) se trouve sur le frontispice, juste en dessous du papillon. Pour les lecteurs qui sont encore très nouveaux arrivants en Entomologie, nous dirons que c'est une nymphe aquatique, ou Demoiselle (Wassernymphe oder Jungfer) ( Libellula Lin.), la dernière de la liste décrite par Linné (n° 21 Puella) [En réalité n°18 : Linné page 546] . Les yeux sont écartés l'un de l'autre, et les ailes incolores sont marqués d'un point brun. Le dos et toute la surface supérieure de l'abdomen est vert clair ( corpore viridi aurato) [?]. La poitrine, et la moitié inférieure du corps est jaune pâle, et la plaque arrière a deux lignes jaunes coupées en longueur."
"Notre intention en plaçant cette petite créature sur l'illustration à côté des papillons est facile de deviner, et nous l'avons déjà indiqué à l'occasion, : nous voulions illustrer la transition avec notre premier genre de papillon, les papillons diurnes, et rappeler aussi dans une certaine mesure à l'esprit les espèces de cet Ordre d'Insectes."
8°) Les Cupidons et leurs ailes. Deux Amours aux ailes de papillon admirent des papillons épinglés sur un plateau rond ; un troisième tient une baguette (recouverte de glu) et attrape ainsi les papillons ( cf. Virgile). L'Amour de gauche porte les ailes d'un Papilio apollo. Celui de droite est équipée des ailes d'Aglia tau L., l'hétérocère "la Hachette".
— Papilio apollo (ici dessiné par Hübner, ami de Schiffermüller) :
— Aglia tau L. ( site lepiforum Hans-Joachim Weigt) :
— dans les parterres du jardin à la Le Nôtre, cinq autres putti poursuivent les papillons : le groupe le plus proche est formé de trois petits joufflus qui ont soit les ailes blanches et orange des mâles d'Anthocharis cardamines L., l'Aurore., soit les ailes bleus d'un Azuré mâle (par exemple Polyommatus icarus).
Peints par Hübner :
9°)
II. L'arrière-plan : Schönbrunn ?
A l'arrière-plan s'étend, autour d'un bassin et d'un jet d'eau central, et d'une allée médiane menant à un bâtiment lointain qui ferme la perspective, trois ensembles de parterres délimités par des lignes de buis. De chaque coté, deux portiques végétaux sont taillés de dix niches qui abritent, sans-doute, les statues d'Hommes Illustres.
Bien qu'il soit très vraisemblable que nous soyons ici en face d'un jardin théorique, sorti d'un dessin d'architecte, il est possible d'évoquer le parc du château de Schönbrunn à Vienne, avec ses jardins à la française réalisés par Jean Tréhet, sa Gloriette (1775), sa fontaine de Neptune (réalisée après 1776), et surtout son Grand Parterre, qui avait été bordé, sous la direction de Johann Wilhelm Beyer entre 1773 et 1780, par 32 sculptures grandeur nature représentant des divinités mythologiques et des vertus, œuvres notamment de J.B. Hagenauer.
Apollon Amphion Flore nymphe Angerona
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Sculptures_in_the_Sch%C3%B6nbrunn_Garden
Si je m'y attarde, c'est que j'y vois une intention de Schiffermüller qui, dans son rôle de nomenclateur, a dû, comme Linné avant lui, associer la capture d'un nouvelle espèce (sujet du motif des Amours chassant les papillons) avec la détermination d'un nom tiré de la mythologie (comme Polyxène, fille de Priam, princesse troyenne pour leur Papilio polyxena).
J'ai donc choisi parmi les 32 statues de Schönbrunn, celles correspondant à Papilio apollo, Papilio amphion, Les Nymphales, et Angerona prunaria L.1758.
Ces statues répondent aussi en écho aux deux citations latines de Virgile pour illustrer combien les naturalistes de la fin du XVIIIe siècle vivaient dans un monde structuré et scandé par les références à l'Antiquité grecque et latine.
III. Les inscriptions et épigraphes.
—F. Landerer sculpt : gravée par F. Landerer : Ferdinand Landerer (Stein 1730-1795) graveur sur cuivre et peintre, qui contribua aussi aux autres publications de Schiffermüller, notamment son Versuch eines Farbensystems de 1772 (cf infra). Professeur pour le dessin des ingénieurs à l'académie militaire, il était donc un collègue de Schiffermüller. (On mentionne qu'il travaillait à Vienne depuis 1760).
On remarquera que Landerer n'est pas mentionné comme le dessinateur, le peintre ou l'auteur du frontispice (on trouverait alors "Landerer pinct. ou fecit"), et, d'ailleurs, seul un naturaliste a été capable de dessiner et de mettre en couleur avec précision les espèces de lépidoptères : l'auteur est, sans nul doute, Ignaz Schiffermüller.
— En haut : première épigraphe : Numeros et nomina Virg. Geor I.
" ÉPIGRAPHE n. f. XVIIe siècle. Courte sentence, courte citation placée en tête d’un ouvrage ou d’un chapitre pour en indiquer l’objet ou l’esprit."
Il s'agit d'une brève —mais cruciale— citation du Livre I des Géorgiques de Virgile. Comme on le verra, elle a été déjà utilisée par Schiffermüller dans son Traité des couleurs de 1772 ; cette répétition d'emploi indique qu'il s'agit, sinon d'une devise personnelle, du moins d'un manifeste auquel le naturaliste se reconnaît particulièrement. Or, elle se traduit par "dénombr(er) et nomm(er)", ce qui résume effectivement la mission que Linné a confié à ses disciples et que tous les naturalistes reprennent à leur compte. Ce Mot d'ordre semble évident, mais pourtant, avant Linné, la nécessité d'une Désignation d'une espèce par un Nom Propre (avec sa structure double générique et spécifique) n'était apparue à personne.
Ce dénombrement et cette dénomination est non seulement la base du Verzeichniss avec sa Nomenclature et ses nombreuses nouvelles espèces, mais c'est aussi la préoccupation de tout le mouvement d'exploration des Lumières : on n'appréhende bien que ce qui est nommé, classé, répertorié. Cette taxinomie est caractéristique de l'épistémè de l'époque.
Numeros et nomina est donc plus qu'un Mot d'ordre : c'est un Credo.
Par ailleurs, les vers de Virgile parlent de la capture des animaux par des "lacs" ou pièges et par de la glu ; ce qui est le sujet du frontispice.
Virgile, Géorgique Livre I. Trad. Itinera Electronica
Du texte à l'hypertexte
[1,130] praedarique lupos iussit pontumque moueri,
mellaque decussit foliis ignemque remouit
et passim riuis currentia uina repressit,
ut uarias usus meditando extunderet artis
paulatim, et sulcis frumenti quaereret herbam,
ut silicis uenis abstrusum excuderet ignem.
tunc alnos primum fluuii sensere cauatas;
nauita tum stellis numeros et nomina fecit
Pleiadas, Hyadas, claramque Lycaonis Arcton.
tum laqueis captare feras et fallere uisco
1,130] qui commanda aux loups de vivre de rapines, à la mer de se soulever; qui fit tomber le miel des feuilles, cacha le feu et arrêta les ruisseaux de vin qui couraient çà et là: son but était, en exerçant le besoin, de créer peu à peu les différents arts, de faire chercher dans les sillons l'herbe du blé et jaillir du sein du caillou le feu qu'il recèle. Alors, pour la première fois, les fleuves sentirent les troncs creusés des aunes; alors le nocher dénombra et nomma les étoiles : les Pléiades, les Hyades et la claire Arctos, fille de Lycaon. Alors on imagina de prendre aux lacs les bêtes sauvages, de tromper les oiseaux avec de la glu ...
— En bas : deuxième épigraphe Leges et Foedera Virg. G.I.
Citation de Virgile, Georgiques, I :continuo has leges aeternaque foedera certis
[1,60] continuo has leges aeternaque foedera certis
imposuit natura locis, quo tempore primum
Deucalion uacuum lapides iactauit in orbem,
unde homines nati, durum genus.
[1,60] Telles sont les lois et les conditions éternelles que la nature a, dès le début, imposées à des lieux déterminés, lorsqu'aux premiers temps du monde Deucalion jeta sur le globe vide les pierres d'où les hommes naquirent, dure engeance.
Le livre est donc placé sous les auspices de Virgile. C'était déjà le cas de l'ouvrage de Geoffroy , qui citait les Géorgiques de Virgile dans sa page de titre : admiranda tibi levium spectacula rerum Virg. Georg. iv..
On pourra comparer (et opposer partiellement) ici cette page avec le frontispice de l'Aurelian de Moses Harris de 1778, qui cite, lui, le Psaume 111 : "The Works of the Lord are Great, Sought out of all them that have pleasure therein" "Grandes sont les œuvres du Seigneur ; tous ceux qui les aiment s'en instruisent"
Le frontispice n°2 :
L'image est inversée à la fois parce que les fleurs et insectes qui se trouvaient à droite sont à gauche et réciproquement, mais aussi parce que le paysage a changé comme si l'observateur s'était retourné pour contempler le parc du château.
Si les papillons et la libellule sont les mêmes, ils se sont disposés différemment ; de même l'Ipomée purpurea est placée au dessous de la Bignone, et l'arcature opposée est constituée d'une Ipomée couleur mauve, au-dessus d'une plante à fleurs jaunes ; les œillets ont disparus.
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Surtout, ce deuxième frontispice permet de mieux détailler les activités des Cupidons.
Techniques de chasse aux papillons chez les Amours (Cupido puer).
Prenons notre loupe : Les Cupidons sont désormais cinq au premier plan : l'un tient un filet particulier, à deux branches articulées en ciseau et dont les deux raquettes carrées se referment sur le papillon. L'autre tend, apparemment, une branche couverte de glu où est accroché un ver de terre (??) et un papillon, les autres se montrent leurs captures ou les fixent sur un de leurs deux plateaux (à fond de liège ?). On foit parfaitement , si ce n'est l'épingle, du moins le geste d'épinglage que fait le petit Éros aux ailes de Hachette. Un filet plus habituel pour nous, mais assez court est posé à terre. A l'arrière-plan, dans le parterre de gauche, deux Amours pourchassent de leur filet les papillons. On reconnaît dans leur dos au premier plan comme précédemment les couleurs et motifs des ailes de Papilio apollo et d'Aglia tau,et d'Anthocharis cardamines mais aussi, derrière les ailes bleues d'un Azuré, un pan des ailes d'un Nacré ou d'un Collier argenté.
Les filets en pince sont trés utilisés à l'époque. Harris les décrits dans son Aurelian (1766 et 1773) comme "Scissors-net" ou plutôt "Scithers-Net" et Michael Samson (2000) indique " c'est une variante du filet qui consiste en une paire de raquettes fixées à deux morceau de fer rivetés l'un à l'autre et dont le manche dispose d'anneaux pour recevoir le pouce et l'index ; selon Harris, les fers à friser des coiffeurs font très bien l'affaire ; on les dénomme parfois "les forceps".
Mais il n'est pas besoin de traverser la Manche pour les trouver, et Engramelle en donnera une très bonne illustration en 1779 dans son Papillons d'Europe peints d'après nature page 198
"Ce filet ou pince Fig.23, quoique très bon pour la chasse, n'est pas si commode que les précédents ; il est fort lourd et ne peut de porter dans la poche. Il est par conséquent plus embarrassant à la promenade : à cela près, il réunit tous les avantages des autres, et son exécution est moins coûteuse. Son manche est composé de deux morceaux de bois d'environ trois pieds de long, coudés depuis la charnière a jusqu'en bas, pour que les mains du chasseur ne se touchent pas en fermant le filet ; ses raquettes de gaze ou de marli de treize pouces sur onze, sont entourés d'un fort fil de fer d'une ligne au moins de diamètre, et forcément arrêtées au bout de chaque branche. Pour qu'elles ne se renversent pas en fermant l'instrument, on les assujettit avec deux arc-boutants faits du même fil de fer qui font deux demi-cercles en dehors, comme on le voit sur cette figure."
On notera que le dessinateur est le R.P. Engramelle lui-même, à la différence de toutes les autres gravures de son ouvrage. Peut-être est-ce même un autoportrait ?
(Cliquer pour agrandir)
On trouve un autre modèle, plus éloigné de celui que manie le putto , sur la Planche II :
De même, nous voyons mieux sur ce frontispice le jeune "Génie" qui tend un morceau de bois; j'"ai dit plus haut que j'imaginais (influencé par Virgile lui-même) que cet enfant de Vénus tentait de les capturer au gluau. Mais je peux aussi imaginer maintenant qu'il a capturé une femelle, l'a attaché par un fil à son bâton, afin d'attirer les mâles.
En digression, cela me rappelle cette gamine de Paris que Nabokov (dans Autres Rivages) avait rencontré sur les quais, tenant attaché ainsi à un fil — selon lui par jeu sadique— un Vulcain.
Là encore, Engramelle atteste de cette pratique, même s'il ne conseille pas d'attacher la femelle à un fil : "Une femelle de papillon est un appât certain pour attirer les mâles : ainsi lorsqu'on aura pris une femelle, on pourra la fixer avec une aiguille sur une tige ou une feuille. Les mâles du canton viendront la visiter."
Cette méthode était utilisé par les éleveurs de Bombyx du mûrier pour l'accouplement :
Abbé Brotier, 1793 "Mémoire sur les connaissances et l'usage de la soie chez les Romains" in Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles lettres, Volume 46 page 458:
Quand les papillons sont entièrement sortis de leur cocon, et que leurs ailes sont développées, on les prend, on les attache avec un fil par une aile à un petit faisceau de moelle séchèe de grand millet, ; le fil avec lequel on les attache doit être assez long pour leur laisser la liberté de marcher et de voltiger ; on attache à chaque faisceau un papillon mâle et un papillon femelle, chacun à une des extrémités du faisceau et le dos tourné l'un à l'autre. Il y a en a qui n'attachent au faisceau que la femelle, et laissent le mâle en liberté : d'une façon ou d'une autre l'accouplement est bientôt fait.
III. LE CHAPITRE VIII DU WIENER VERZEICHNISS : LA DESCRIPTION DU FRONTISPICE.
On trouve, si on en avait besoin, un argument supplémentaire pour considérer ce Frontispice comme un Manifeste lorsqu'on découvre que le chapitre VIII du Verzeichniss est consacré à le décrire, sous le titre Erklärung der Titelkupfers ("Explication sur le Frontispice"). Il comprend les pages 236 à 244 réparties en sept paragraphes.
(Transcription du texte en caractères typographiques "fraktura" sous toutes réserves, et avec de nombreuses erreurs)
I §.
Nun einmal hinweg mit Streitigkeiten ! Zweifel, Einwürfe, Werkmale oder Unterscheidungszeichen, Ab // und Untertheilungen, Namen, Beinamen, und was dergleichen mehr trocknes Zeug ist, hat lange genug gedauert.
Wir gestehen es ; wer wird es aber bei dem unzählichen heere der Insecten zu einer ordentlichen naturgeschichte nicht vorläufig nöthig finden ? Allein nun sind wir über alles, was ermüden konnte, weg ; nun därfen wir gleichsam das Amt verdrießlicher Schullehrer niederlegen : und in einem gefälligeren Tone nur erzählen, was löbliche Wißbegierde begnügen, was angenehme Bewunderung erwecken, was etwan auch häusliche Würthschaft befördern kann.
Die wenigen Kupfertafeln haben wir beygefüget, um etwa manchen, in der Schmetterlinggeschichte bisher unbewanderten Lesern oder auch angehenden Insectenförschern von einer jeden der neun theils Gattungen, theils Abheilungen ein oder zwei Beispeile vor Augen zu legen, und dadurch richtigere begriffe beyzubringen ; oder auch (es sei nun schon gesagt) um uns und unsere sonst sehr geschickte, aber in diesem Fache noch unerfahrne Künstler da, bei diesem Bande, zu üben, wo kleine Unrichtigkeiten, wenn welche unterliesen, weniger nachtheilig wären.
sonst sehr geschickte , aber in diesem Fache noch unerfahrne Künstler da, bey diesem Bande, zu üben, wo kleine Unrichtigkeiten, wenn welche unterliefen, weniger nachtheilig wären.
II §
Wir untersuchten oben (III. Absch.,vornehmliche II.u.III. §) welche von den angenommenen den Schmetterlinggattungen vor den zwey übrigen mehr Achnlichkeit mit den Vögeln hätte. Unser Ausspruch war, dieser Vorzug komme den Abendschmetterlingen oder Schwärmern zu; den Phalänen bestimmten wir den zweyten Platz, und nur den dritten den Tagschmetterlingen oder Faltern, als die den netzflügelichten Insecten (Neuroptera L.) namentlich einigen Jüngferchen (Libellulae) näher kamen.
Diese Meynung, die uns dann in der Anordnung der Schmetterlinge leitete, wird vielleicht nicht bey allen Liebhabern der Insectenkenntniß sogleich Beifall erhalten. Wir fanden daher für gut , sie einigerweise auch ihren Augen zur Prüfung vorzulegen. Den Mittelraum der Tafel anzufüllen , schienen einige Genien , die die Art, Falter zu haschen, vorstellten, vor andern Dingen dienlich. Aber die einzelnen darauf vorgestellten Thierchen möchten manchen unserer Leser zum Theile unbekannt seyn.
III §
Der kleine, oben, ganz in seiner natürlischen Größe geschilderte Vogel ist eine Art des Kolibri oder Honigsauger, den herrn von Linné die fünfzehnte (Trochilus Mellisugus). Man weiß schon, daß es von dieser Gattung noch kleinere Arten giebt. Sloane und Edward geben ihr Gewicht an, das jedesmal von weinigen Granen ist*. Wie viele Aehnlichkeit aber ihre Lebensart mit jener der Schmetterlinge, vornehmlich der Schwärmer, habe, ist schon oben (IV. Abschnitt IV §) einiger massen angezeigt ; und man kann es noch genauer aus Catesby** vernehmen.
(*)Auch hier finden sich in dem ansehnlichen naturalienkabinete des Hofraths Freiherr von Buol zwey solche Vögelchen, die merklich kleiner sind, als das hier aus unserer Sammlung vorgestellte ; ob sie schon von der nämlichen Art zu seyn scheinen.
(**) Sie erhalten ihre Nahrung (schreibt verselbe) nach Art der Bienen, von Blumen. Sie saugen den Honigchau aus denselben mittels ihrer Zunge, die ein Röhrchen ist. Sie erhalten sich in der Luft durch ein so schnelles, so unbemerkliches Flattern, daß sie ohne alle Bewegung der Flügel über den Blumen zu schweben scheinen. Sie schwärmen von einer Blume zur andern ; weil sie von diesen allein leben » I. Bande. 65.S.
Dieser Naturforscher stellt eben dort (65. Tafel) eine Art dieser Vögelchen (Trochilus Colubris L.) auf einer Bignonie oder Trompetenblume vor, ohne doch eine Ursache davon zu geben. Wir haben eben diese, hier in den kaiserlichen Garten nicht seltene Pflanze (Bignonia radicans Lin.) mit dem Vogel zu schildern um so viel mehr gewählet, weil uns der k.k . Hofgärtner Herr Reichard (*) von der Schot versichert, daß man diese Vögelarten, derer er einst in den antillischen Enländern eine beträchtliche Menge auf Rosten weil.
Franz des I. gesammelt hatte, meist mit dieser Blume fange ; indem man sie von einer Laube mit zweey Fingern ausstreckt, und dann des begierig darein stechenden Vogels Schnabel seft hält. Catesby nennt diese kleinsten Arten "Humming Birds", bienenartig Summende Vögel ; wie Réaumur, de Geer und andere französische Entomologen die Abendschmetterlinge mit dem Namen "Bourdons", "Papillons-bourdons" oder "Sphinx-bourdon" belegen. Dem Herrn Klein aber heißt eben diese Gattung der Vögel auch glatterdings Schmetterlinge. Man sehe seine Vorber, zür Vögelhistorie, furzes Vögelverzeichniß, IV. Familie XIV. Geschlet.
IV §
Der große Schmetterlinge, der auf dieser Tafel unter dem Vogel, aus den Blumen der nämlichen Pflanze saugend, erscheint, ist ein amerikasnischer Schwärmer, Sphinx Vitis Lin. Auch Merian hat diesen Abendschmetterlinge auf ihrer 47. Tafel I fig. (Ins. Surinam) geschildert. Wenigstens beziehet sich der Hr. v. Linne darauf. Unser Stück, das getreulich entworfen ist, weichet doch von ihrer Abbildung sehr merklich ab ; trifft aber zugleich mit der linneischen Beschreibung um so viel richtiger ein.
Auf der entgegengeseßten Seite kommt oben ein kleiner europäischer Schwärmer vor. Er steht in der Familie E, und heißt uns Sphinx Oenotherae. Seine Raupe ist bald grün, bald braun ; hat auf dem eilften Ringe, statt des ben andern Schwärmerraupen gewohnlichen hornes, eine länglischtrunde, ein wenig erhobene, spiegelförmigte Wackel.
Sie lebt auf einer ursprünglich fremden, nunmehr aber in den europäischen Garten sehr gemeinen, ja hier auch schon außer denselben zuweilen wild wachsenden Pflanze, oenothera biennis Lin. ;
Die von einigen gelber Weiderich, von andern Nachtschlüßelblume, und wieder von andern Richkraut oder Bleinblume, von den Gärtnern insgemein Kapunzel, von Hrn Dietrich aber (Pfl. R.) schicklicher Nachtkerze genennet wird.(*). Man findet diese Raupenart doch fast eben so oft auf einem ganz inländischen Sumpfges wächse, dem Schottenweiderich (Epilobium palustre und hirsutum), von dem wir aber schon einer andern Schwärmerart ben Namen gegeben hat.
(*) Dieser Namen ist von dem nachtlichen Aufblühen der hochgelben in einer langen Lehre stehenden Blumen herenommen, und schon auch von dem Nomenclator der linneischen Pflanzengattungen (Versuch einer deutschen Nomenclatur der linneischen Gattungen. Erfurt) allein angewendet worden. Die übrigen angeführten Veneunungen kömten die Pflanze seicht mit der Campanula Rapunculus und Rapunculoides, mit der gemeinen Lysimachia und Polygala und mehr andern, benen dieselben edenfalls bengelegt werden, vermengen machen.
V §
Auf der nämlichen Seite mit dem kleinen Schwärmer ruhet unten an den Ranken ein weißer, schwarzblaugesprengter Nachtschmetterling. Er stellet denjenigen vor, der bei Hrn v. Linne einst (fauna suec.) Ph. Noctua Pyrina hieß ; ist aber, nach Poda (**) dei Namen Ph. N. aesculi führet. In unserm verzeichnisse kömmt er unter den Spinnern vor, (Fam. N, n°3), zu denen er ganz gewiß gehöret. Das Männchen, das, soviel uns bekannt ist, noch nirgends abgebildet, oder beschrieben ist, hat sehr breit gekämmte ganz sonderbare Fühlhörner. Das Weibchen ist bei Réaumürn (*) und Schäffern geschildert ; aber bei jenem hat es kaum die Hälfte der natürlichen Größe ; und das schäffersche Bild läßt vermuthen, daß desselben Urbild gar sehr verlogen war. Bei Seba wird ebenfalls eine Abbildung für den gegenwärtigen Spinner angegeben (**) ; allein sie zeigt Schmetterlingsflügel, die durchgehends den Blumenblättern der Spielbretblume (Fritillaria Meleagris) oder der Verflechtung eines Körbchens ähnlich sehen . Die Phalaena aesculi hat auf ihren niedlichen weißen Oberflügel häusige Puncte, oder theils runde, theils länglichte Fleckchen, die, wenn der Schmetterling frisch ausgekrochen ist, einigermassen erhoben, einem dunkelblauen Sammet sehr ähnlich, und bey verschiedener Wendung bald hellblau, bald seegrün, bald schwarzblau scheinen. Wie werden zu seiner Zeit beydes Geschlecht samt der Raupe mit der größten Genauigkeit zu entwerfen trachten.
(**) Insecta Mus. Graec. Pag. 88. Ph . Noctua, Hippocastani.
(*) Tom.2.tab.38. f.3-4.
(**) Abbild. Regensb. Ins. Tab. 31.F.8-9.
(***) Thes. Sebae, in ins. Phaleine connue sous le nom de Tygre terrestre...Pyrina Lin.
VI §
Ueber diesem Spinner, zu nächst bei dem kleinern Schwärmer ist ein buntscheckichter Falter an einer Windeblume vorgestellt. Dieser artige Tagschmetterling wohnt, soviel bisher bekännt ist, fast nur in der nächsten Gegend um unsre Stadt, oder doch nirgends häusiger, als hier herum. Dieß Zeugniß gegen auch die, die ihn anderswo beschrieben haben, Rösel (*) und H. B. R. Scopoli (**). Der letztere nennt ihn Hypermnestra ; aber da der Ritter Linnäus diesen Namen schon einem ganz verschiedenen ostindischen Falter (Papil.198) beygelegt hat, haben wir denselben mit Polyxena verwechselt, welche Benennung zugleich andeuten soll, daß diese Schmetterlingart nach der linnäischen Nomenclatur und Untertheilung (Equites Tröes, Equites Achivi) im Betrachte der blutrothen Mackeln, die sich an der Brust des Thierchens jederzeit zeigen, zu den trojanischen Rittern, wie die P.P Hector, Aeneas, Helena u.s.m. Gehöre.
(*) Insecten Belust. Tom. IV. Bande. 53 u.54 . S. Der Falter ist dort (Tab. VII. Fig.1-2) sehr schön und genau entworfen, den Leib ausgenommen, der an dem ihm zugeschickten Stücke mangelte.
(**) Entomolog. Carniol. Pag. 149.54
Uber mit welchen Grunde, wird vielleicht jemand sagen, zählt man diesen Falter überhaupt den Ritter (Equites L.) dei, die sonst an den Unterflügeln Schwänge tragen ?Daß die zween in Europa bisher bekannten Ritter, P. Machaon und P. Podalirius, geschwänzet sind (caudati), macht noch kein Gesätz. Linnäus meldet bei Bestimmung dieser seiner ersten Phalanx mit keinen Worte von diese
n Anhängen, die seine ost »und west » indischen, Ritter zum Theile haben, und zum Theile gänzlich vermissen. Er nimmt für den Charakter jener falterarten nur das Verhältniß des Maakes an, das an den Oberflügeln der Untenrand gegen dem Innenrande hat (« Alis primoribus ab angulo postico ad apicem longioribus, quam ad basin »). Nun aber haben die Oberflügel aller vollkommen ausgewachsenen Stücke dieser Art wirklich einen längern Unten als Innenrand. Der Leib ist über dieß nach der Länge bunt gestreiset, die Unterflügel sind sehr verlängert (*) und an der innern Seite hohl ausgeschreiset ; sie umfassen daher auch den Leib des ruhenden Falters nicht, ja sie stehen von demselben sehr merklich ab. Dieß sind aber sämtlich deutliche Verkmaale, durch die sich die erwähnten zwo europäischen Ritterarten, auch ohne die geschwänzten Unterflügel von andern Faltern immer unterscheiden würden. Ja der scharfsichtigste Reaumür hat das letztere, die hohlgekrümmten, den Leib in der Ruhe nicht umfassenden Unterflügel für sich allein für ein so beträchtlich Unterscheidungszeichen seiner vierten Falterclasse (Les Papillons à queüe) angesehen, daß ner ausdrücklich erinnet, Falter, die so gestaltete Flügel trügen, würden von dieser Classe seyn, wenn auch die Flügel nicht in Schwänze verlängert wären (**) ; ebwohl dergleichen Falterart zu seiner Zeit noch nicht entdecket war. Endlich kann man wohl auch an den Unterflügeln unsrer Art die vier oder fünf Zahne, die gewiß sonderbar, und durch die Zeichnung oder durch den bunten in den Mittelraum vordringenden Saum gleichsam verlängert sind, einigermassen für Schwänze gelten lassen.
(*) Diese Länge der Unterflügel ist auf der Lafel noch nicht genau ausgebrücket.
(**) Mémoires pour l'Hist. Des Ins. Tom. I. Mem. VI. Pag.345.
So dachten wir, bevor wir noch die Raupe kannten. Als wir dieseentdeckten, und sahen, daß sie, ganz wie die Fenchel und die Mandelfalterraupe, zu ihrer Vertheidigung am Genicke eine fleischichte Gabel verborgen habe, wurden wir in unsrer Meinung um so viel mehr bestättiget.
Die Raupe ist sehr artig, an zacken und allen farben, was sent sehr selten, dem falter ähnlich. Aber wir müßen uns für die eigentliche Geschichte der Art etwas vorbehalten !
Nur eines können wir noch zu erörtern nicht wohl umgehen. Wohl belesene Naturforscher möchten uns sonst etwa, da wir dieser, als einer der hiesigen Gegend meist eigenen Art auch einen neuen Namen schöpfen, eines nicht geringen Versehens beschuldigen. Wird sie denn nicht, können sie sagen, schon vom Linnäus in dem Natursysteme unter dem Namen Rumina (Pap. N° 200) genau beschrieben ? Ist sie nicht auch bei Catesby unter den carolinischen Vögeln (*) deutlich entworfen ? — Wir müßen gestehen, daß die catesbysche Abbildung auch uns gleich beim ersten Anblicke auf den Gedanken geführet hat, man habe durch die selbe unsern Falter schildern wollen. So gleich oder ähnlich sind Größe, Flügelform, Wackeln, Zeichnung und Farben. — Aber wie ? Soll sich diese österreichische Falterart zugleich in Carolina finden ? Nein ! Man hat nicht nöthig, sie gar so weit entfernet zu glauben. Denn, obschon H. v. Linne Catesbys Schilderung anziehet, überseßet er doch seinen P. Rumina in unser Europa (« habitat in Europa australi »).
*) Catesby, carolina, Vol. 2, tab. 95.
Und freilich, Catesby giebt ja selbst seinen Schmetterling, ob er ihn schon unter den carolinischen Vögeln anführet, für keinen Amerikaner aus : er zeigt im Gegentheile durch die lateinische Aufschrift (« Papilio medius Gadetanus ») deutlich an, daß derselbe in der gegend von Cadix zu hause sei. Mit Spanien und Portugal aber hat die Wienergegend auch einen P. Daplidice, eine PH. Noct. L. album, eine Ph. Geom. Pantaria und mehr andere Schmetterlinge gemein — So ist denn kein Anstand mehr, die zween falter für eine und die nämliche Art zü erklaren ? — Ja doch ! Ein sehr breites schwarzes Querband auf denden Seiten der Unterflügel, eine hochgelbe sehr verbreitete Wackel auf der Unterseite eben derselben, sechs rothe Fleckten auf der Oberseite der Borderflügel, die auch Hr. Linnäus für ein Unterscheidungszeichen des Rumina aufgenommen hat, (supra in primoribus alis punctis sex...rubis ») und dergleichen andere Werckmaale, die sich bei dem catesbyschen, nie aber bei unserem Falter finden. — Wie nun?— Wir sind der Meinung, die Rumina Lin. sei eine verschiedene Art, die sich doch ganz an unsere Polyxena anschmiegt (*).
Seba entwirft (The. Tom.4 Tab. 40 f.14) eine dritte, die gleichfalls der unsrigen an der Zeichnung und dem Flügelrande sehr ähnlich steht, aber als seladongrün beschrieben wird (**). Würden wir nicht manchen Naturforscher einen gefälligen Dienst leisten, wenn wir, um dergleichen Verwandtschaften ins Licht zu seßen, solche ausländische Schmetterlinge bei der Geschichte und Abbildung unserer Familie, etwa in Vignette beifügten ?
(*) Was wir von dem osbeckischen Falter, den der Ritter ebennfalls für den P. Rumina anführet, halten sollen ; sind wir noch ungewiß. Ja der Beschreibung desselben (« Pa. Tetrapus ; alis ex coccino luteo argenteo nigroque variegatis ») macht uns sonderbar das argenteo irre.
VII §
Endlich ist auf dem Titelkupfer, gleich unter dem Falter, von dem bisher gehandelt worden, ein Insect aus der Ordnung der mit neßförmigten Flügel (Neuroptera Lin.) vorgestellet. Nur für diejenigen Leser, die in der Insectenkenntniß noch gar sehr Neulinge sind, haben wir beizuseßen, daß es eine Wassernymphe oder Jungfer (Libellula Lin.) und zwar eine Abänderung der leßten linneischen Art (n°21. Puella) ist. Die Augen sind von einander entfernet ; die in der Ruhe aufgerichteten ganz ungefärbten Flügel haben einen braunen Randpunct ; der Rücken und die ganze Oberseite des Hinterleibes ist blankgrün (corpore viridi aurato) ; die Brust, und die untere hälfte des Leibes blaßgelb ; der Rückenschild mit zwo gelben Linnen nach der Länge durchschnitten. Die Absicht, die wir hatten, dieses thierchen auf der Tafel neben den Schmetterlingen zu entwerfen, wird man leicht errathen ; ja wir haben sie schon ein und andersmal angedeutet : wir wollten den Uebergang von unsrer letzten Schmetterlinggattung, den Faltern, auf die Arten dieser Insectenordnuug einigermassen auch vor Augen legen. Doch läßt sich ein richtiges Urtheil von der Verbindung zwoer dergleichen Ordnungen nur aus der Vergleichung einer größer Anzahl solcher Arten fällen.
IV. LE FRONTISPICE DU VERSUCH EINES FARBENSYSTEMS de SCHIFFERMÜLLER (1772).
https://archive.org/stream/versucheinesfarb00schi#page/n3/mode/2up
Il est très interessant, pour comprendre le Wiener Verzeichniss de Denis et Schiffermüller, de jeter un coup d'œil au Versuch eines Farbensystems que Schiffermüller avait fait paraître en 1772, trois ans auparavant, car les ressemblances entre les deux livres sont frappantes : même éditeur, Augustin Bernardi, même disposition typographique du titre, bien qu'elle reçoive ici la gravure qui sera isolée en frontispice, même graveur Landerer, même mention de la fonction d'enseignant au Theresianum (im K.K theresianischen Collegio), même disposition du texte, et même façon de faire surmonter chaque page d'un motif à trois couronnes de fleurs ; même typographie intérieure, même système de notes en bas de page.
Lorsqu'on vient de détailler le frontispice du Verzeichniss, il est étonnant de rencontrer dans la gravure du Farbensystems des éléments communs : les Éros (sans ailes ici, bien-sûr) y forment un groupe central étudiant la théorie des modulations de couleurs, mais d'autres explorent le milieu naturel et semblent procéder à la collecte, dans des boites, d'échantillons alors que d'autres observent l'eau s'écoulant d'un jet et, vraisemblablement, la palette de ses reflets irisés. Dans une planche intérieure, on les retrouvera encore, étudiant les variations chromatiques de la lumière.
Pareillement encore, on retrouve la succession de niches abritant des statues, et cela renforce la conviction que chaque détail est voulu, réfléchi, et porte un sens à décrypter.
Cette conviction culmine avec la découverte des mêmes épigraphes de Virgile, placées de la même manière aux deux antipodes d'une couronne de rameaux.
Sources.
— [Schiffermüller, Ignaz, et Michael Denis] : Systematisches Verzeichniß der Schmetterlinge der Wienergegend herausgegeben von einigen Lehrern am k.k. Theresianum. Wien, Augustin Bernardi, 1776. avec un frontispice en couleur, page de titre calligraphiée, 2 planches gravées et une vignette, 322 pages, in 4°.
— HOFFMANN (Emil, Linz-Kleinmünchen), 1952 , "Ignaz Schiffermüller", Zeitschrift der Wiener Entomologischen Gesellschaft, 37.Jahrg.(63Band), 15 Oktober 1952 n°4-5 pp 57-64.
http://www.landesmuseum.at/pdf_frei_remote/ZOEV_37_0057-0065.pdf
—MALICKY, "Ein Besuch bei Ignaz Schiffermüller", Entomologisches Nachrichtenblatt 8,4, avril 1961. http://www.landesmuseum.at/pdf_frei_remote/EN_8_4_1961_0001-0004.pdf
— SPETA (Franz) 2003 "Schiffermüller (1727-1806) Une biographie ", Denisia (8) sept.2003 11-14. http://81.10.184.26:9001/personen_add/Schiffermueller_Ignaz_DENISIA_0008.pdf
"Ignaz Schiffermüller der erste Wissenschaftlich arbeitende Lepidopterologe, eine Sohn Oberösterreich" Apollo, sn, sd. http://www.landesmuseum.at/pdf_frei_remote/APO_19_0001-0002.pdf