Les vitraux de Gérard Lardeur
à l'église de Saint-Sauveur (Finistère).
voir : Les vitraux de Gérard Lardeur à Bannalec (29).
Dans un article précédent, j'ai dit la grande misère des églises et des clochers frappés par la foudre. Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.
Foudre et clocher : Sainte Barbe invoquée en breton à Pleyber-Christ.
A Saint-Sauveur (29), au cœur des Enclos paroissiaux, en 1992, un incendie ravagea totalement l' église, ne laissant que le clocher et quelques murs : quand on voit ce qu'il reste de l'église de Pont-Christ (1533) qui a subi le même sort* à la fin du XIXe siècle et qui ne montre aujourd'hui que de sinistres ruines, on évalue la performance réalisée par le maire Jean Billon et par tous ceux qui relevérent le défi de restaurer l'église, et, mieux, d'oser y installer des vitraux contemporains.
* André Croguennec a montré que l'église de Pont-Christ n'a pas été victime d'un incendie, mais de l'incurie, la toiture s'étant effondrée en 1890 après avoir été longtemps négligée. Le résultat est le même : des ruines, là où se dressait un sanctuaire abritant des œuvres d'art et un témoignage de foi laissé en héritage par nos prédécesseurs.
Le passé, tenace, reste inscrit sur un linteau :
Les vitraux sont issus de l'atelier de Gérard Lardeur, maître-verrier (1931-2002) qui réalisa ici l'une de ses dernières œuvres.
La maîtrise de la lumière et de ses magies apparaît dans sa totalité lorsqu'on supprime, par une photo au flash, l'effet de la lumière extérieure ; on ne voit alors qu'un mécano qui fait grise mine :
Au contraire, en plein jour,voilà l'effet produit :
Parfois, on s'approche, par le renoncement à la couleur et par la sobriété des lignes, des vitraux cisterciens : et on songe, bien-sûr, au travail de Soulages à Conches.
Vu de trop prés, on se demande si quelque artisan n'a pas oublié là son échafaudage et ses échelles.
Vu d'un peu plus loin, le charme opère : c'est fort !
Il reste encore à voir une belle Piéta, et Sainte-Anne :
L'église a été inaugurée le 14 mai 2000. J'imagine la joie des paroissiens, et leur fierté : une bien légitime fierté.