C'est sur la digue de l'étang de Curnic à Guisseny le 19 avril que je retrouve pour la première fois cette année les chenilles jaune et noir de ce qui est peut-être la Zygène du trèfle, Zygaena trifolii (Esper, 1783).
Noces chez les Zygènes de la filipendule : usurpation.
Mes papillons de juin : papillons de nuit
J'arrive au moment où les chenilles, après s'être bien nourris de lotus, comme les compagnons d'Ulysse au pays des Lotophages,sont sur le point de fabriquer leur cocon, ou, pour certaines, en sont encore à devoir échapper aux appétits des araignées, et, pour d'autres, ont déjà monter leur tente à travers lesquelles on devine encore bien leurs couleurs :
La chenille ne risque rien des oiseaux, du-moins ceux qui ont bien appris le cours sur les couleurs aposématiques
et qui ont retenu que cette couleur jaune signifie : attention, danger, présence de composés cyanhydriques, dont la consommation nuit gravement à la santé. Plus sages que nos fumeurs, ils s'abstiennent.
La plante-hôte de Zygaena trifolii est le lotier, que voici avec ses chenilles :
Ailleurs, le lotier est en fleur, avec de belles couleurs :
Les deux stades co-existent tranquillement ; la chrysalide est réputée de voisinage peu dérangeant.
En voici une qui est tout-juste en train de fabriquer son hamac :
Elle est en plein travail de tissage, elle s'active, elle s'active, et elle termine par un tête-à-queue que j'admire, moi qui ai déjà tenté d'éffectuer la manoeuvre dans un sac de couchage ; elle, elle y parvient au prix de quelques contorsions acrobatiques, et elle pourra se remettre de son lumbago par un repos alité prolongé.
Celle-ci s'est aménagè une petite lucarne :
je n'ai plus qu'à laisser ce petit monde se plonger dans la nuit de la nymphose et ses rêves d'opiomane jusqu'à l'émergence : j'irais voir si c'était vraiment la zygène du trèfle.