Ma visite de Locronan
Les bannières.
I. Les bannières anciennes :
Trois bannières anciennes sont visibles dans l'église, correspondant aux deux "chapelles" latérales de l'église à droite et à gauche du choeur avec leur autel et leur retable, dédiées l'une au Rosaire et l'autre à Saint Eutrope, et à la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.
Elles ne sont pas datées, mais on peut penser qu'elles ont été réalisées au début du XXe siècle.
1. Notre-Dame du Rosaire : Reine des Vierges
lien : http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=45 page 147
En 1645, une confrérie du Rosaire a été fondée à Locronan, qui a obtenu une chapelle latérale à gauche du choeur pour la dédier à ce culte. En 1668, elle commandait à Maurice Le Roux, peintre et sculpteur de Landerneau un retable pour l'autel. De 1724 à 1738, 761 fidèles s'étaient fait inscrire à cette confrérie, chiffre considérable pour une population, très stable jusqu'à nos jours, de 768 habitants en 1793. Cette confrérie disposait d'un fabrique (François Bellec en 1766).
On peut rapprocher cette date de création de la confrérie des missions du père Maunoir, lequel est venu prêcher à Locronan en 1651, 1659 et 1679.
Au verso, la bannière est consacrée à Sainte Thérèse avec la phrase fameuse "Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre."
2. Saint Eutrope:
Cette bannière est en rapport avec l'ancienne chapelle de Saint-Eutrope et son hôpital adjacent, mais aussi avec la première station de la grande Tromènie.
Il s'agit d'un personnage énigmatique ou légendaire, premier évêque de Saintes, au IIIe siècle, mais aussi contemporain de Jésus dont il serait le treizième apôtre ; vénéré dans le sud-ouest et le centre-ouest de la France, on rapporte qu'un noble breton, Maurice de Kergloaguen, (mariage en 1446) seigneur de Rosampoul près de Morlaix et gouverneur de Saintonge qui introduisit son culte en la commune actuelle de Plougonven, d'où il s'étendit. Le diocèse de Quimper célébra sa fête jusqu'en 1542, date à laquelle elle y renonça en considérant que le saint était un étranger.
L'eglise de Locronan a dédié au saint une chapelle et un hôpital, au XVe siècle, un autel avec son retable à droite du choeur, et elle possède dans son Trésor un reliquaire en forme de coffret du XVIe siècle.
La chapelle a sans-doute été attribuée a un autre culte après 1542, puisqu' au XVIIe siècle, une frérie du Sacre (confrérie du Saint-Sacrement ?) est mentionnée en même temps que celle du rosaire.
Au verso, la bannière est dédiée à Saint Maurice.
2. Notre-Dame de Bonne-Nouvelle :
Cette bannière est en rapport bien-sûr avec la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle à Locronan : Vierges allaitantes IX : Chapelle de Bonne-Nouvelle à Locronan.
Le verso est dédié à Sainte Anne, double hommage à la maternité.
II. Les bannières contemporaine de Pierre Toulhoat et Le Minor.
La bannière de 1953.
C'est la toute première bannière brodée par Le Minor, qui a été créée pour la Grande Troménie de 1953, celle qui, sous l'initiative de l'abbé Combot, vit s'instituer le jeu scénique de Saint Ronan. Elle porte les inscriptions Parrez Lokorn 1953 Sant Korantin Pedit evidomp, "Paroisse de Locronan 1953, Saint Corentin Priez pour nous", avec le saint représenté en évêque du diocèse de Quimper, comme on peut le voir sur la gauche du maître-autel de l'église, et son fameux poisson qui rappelle à la fois la légende où Dieu envoie un poisson miraculeux pour nourrir Corentin pendant sa période érémitisme, mais aussi le Christ selon le symbole tiré du grec ancien ichtus, "poisson" acronyme de lettres grecques signifiant Jésus Christ Dieu Fils Sauveur. Le motif de broderie bigoudène dit d'"arête de poisson" (drein pesk) est bien-entendu largement utilisé, mais aussi les palmettes, les rosettes, les coeurs et les volutes, les chaînes de vie, les soleils (rond plein), les feuilles de fougère (boud radenn) et les cornes de bélier (kornou maout). sur les motifs de broderie du costume breton, voir ici : link)
Pierre Toulhoat, né en 1923 à Quimper, est un "ouvrier d'art" multicartes qui travaille le métal (bijoux, orfèvrerie, médailles), le verre sous forme de vitraux avec l'atelier Le Bihan Saluden, la faïence avec Keraluc, et enfin le tissu avec ses foulards, ses costumes, son linge de maison ... et ses bannières.
On mesure la rupture de sa création artistique par arpport aux bannières d'autrefois, dont les plus anciennes sont de très précieuses oeuvres, mais dont celles du XIXe et première moitié du XXe siècle tombent sous le coup des critiques de la production saint-sulpicienne, quasi industrielle et standardisée (on changeait le nom du saint patron) sur catalogue, malgré que le travail de broderie et de passementerie (cannetilles, perles et verroterie) souvent éffectué par des carmélites soit admirable de minutie.
On remarque les deux clochettes suspendues sous la bannière.
Le verso :
Il porte l'inscription : ADOROMP DOUE E SAKRAMANT AN AOTER qui signifie "Adorons Dieu, dans le sacrement de l'autel ". Deux anges sont prosternés devant une stylisation d'un ostensoir, qui devient un soleil, la force cosmique fondamentale, ou l'embrasement de l'Amour.
Il s'agit de l'un des cantiques bretons incontournables, un chant de communion qui est entonné lors des pardons :
Adoromp holl, e sakrament an Aoter
Gwir Vab Doue, Jezuz hon mestr, hon Salver
Speredou evurus, priñsed eus e balez
Adorit-eñ ganimp, meulit-eñ da james, meulit-eñ da james
Adorons tous, dans le sacrement de l'autel,
Le vrai Fils de Dieu, Jésus notre maître, notre Sauveur,
Esprits bienheureux, princes de son palais,
Adorez-le avec nous, louez-le à jamais, louez-le à jamais.
S'agissant d'un chant de communion, il est logique de retrouver les épis de blé et la grappe de raisin à la partie basse.
2. la bannière de 2007 :
Il s'agit de la treizième bannière dessinée par Toulhoat pour Le Minor . Elle est dédiée au saint patron de Locronan, Saint Ronan, avec la mention Parrez Lokorn, Sant Ronan Pedit evidomp.
On lit encore Kee tramor Dan arvoric, en dessous d'une scène où un ange guide le misainier de Ronan qui quitte l'Irlande et qui navigue "à travers les mers vers l'Armorique".
Azeahadi an aviel : l'ange indique l'endroit où Ronan doit accoster pour évangéliser les bretons : à proximité du Menez Hom.
Il est entouré de paroissiens de divers corps de métiers, et on distingue la mère de famille et son enfant,le laboureur, la fileuse, le bûcheron, la prêtre ou le moine, les outils de l'architecte ou du maçon.
En dessous se lit AD 2007, année de Dieu 2007, et PA OA FRANÇOIS SAVINA PERSON, qui désigne le commanditaire, le père François Savina, curé de Locronan qui, le 8 juillet 2007, mena la procession à travers les rues, les champs et les chemins sur les traces de Saint Ronan en passant par les douze étapes de la Grande Tromènie.
- Sant Maoris, Saint Maurice.
- Sant Telo, Saint Théleau, correspondant à la chapelle du même nom à Plogonnec,
- Sant Ronan,
- Sant Yann, Saint Jean,
- Sant Gwenolé, Saint Gwénolé
- Sant Ouen, Saint Ouen patron de Quéménéven,
- Sant Miliau, Saint Milliau dont la statue vient de Plonevez-Porzay
- I.V Kélou mad, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, et la chapelle éponyme
- Santez Anna ar Palud, Sainte Anne-la-Palud, dépendant de la paroisse de Plonévez-Porzay,
- Sant Eutrope,
- Ecce Homo, dont la statue marque la station nommée "le père éternel",
- Sant Gremen, Saint-Germain, saint patron de Kerlaz