Noms des Papillons diurnes (rhopalocères)
créés par Linné dans le Systema Naturae de
1758 et dans la Fauna suecica de 1746
Liste complétée par ceux de la 12e édition de 1767, et si besoin de la Fauna suecica de 1761..
I. Carl Linné, nouvel Adam ou premier concepteur d'un Monde Virtuel.
Carl Linné fut sans-doute le premier à concevoir un monde virtuel, parallèle au monde naturel (j'allais écrire "au notre", mais le notre est désormais celui qu'il a créé et sur lequel nous nous sommes établis) et qu'il nomma son Systema Naturae, Système de la Nature.
Bien qu'il se soit prétendu "un nouvel Adam", par référence à la Genèse où Adam attribut un nom à chaque chose,et bien qu'on le compare à un "nouvel Apollon", ce n'est pas dans le passé même mythique que l'on peut trouver des modèles de Linné : il fut le premier.
Face à l'écran blanc du Monde à créer, il bâtit trois Royaumes (nos "Règnes" nous font oublier le sens du terme), Minéral, Végétal et Animal, ou plutôt Animal, Végétal et Minéral.
Ces Royaumes furent divisés en Classes, Ordres, Genres et Espèces. Le Règne Animal fut, pour la première fois depuis la création, divisé en six Classes, Quadrupèdes, Oiseaux, Amphibiens, Poissons, Insectes et Vers. La Classe des Insectes (S.N. page 341) se vit aussitôt répartie en six Ordres, à quatre ailes (Coléoptères, Hémiptères et Lépidoptères), à deux ailes (Diptères) et à zéro ailes (Aptères).
Après cette création des Insecta, Linné, pour se reposer et juger que tout cela est bon, cite un petit poème :
Quaeso ne haec legentes
quoniam in his spernunt multa
etiam relata fastidio damnent
cum in contemplatione natura
ni[hi]l possit videri supervacaneum Pline
Si le lecteur recherche, comme l'auteur l'espère, la référence de cette citation, il parvient au début de Livre XI de Histoire naturelle de Pline. C'est un fragment d'une phrase :
Turrigeros Elephantorum miramur humeros,taurorum colla, et truces in sublime jactus, Tigrium rapinas, Leonum jubas, cum rerum natura, Nusquam magis, quam in miniimis, tota sit. quapropter quaeso ne haec legentes quoniam in his spernunt multa etiam relata fastidio damnent cum in contemplatione natura nihil possit videri supervacaneum.
Je trouve la traduction sur Itinera Electronica :
Nous admirons les épaules des éléphants chargées de tours, le cou des taureaux, leur force [pour] lancer en l'air ce qu'ils saisissent, les déprédations des tigres, les crinières des lions, tandis que la nature n'est tout entière nulle part plus que dans les êtres les plus petits. En conséquence, je prie les lecteurs, malgré le mépris qu'on a pour beaucoup de ces insectes, de ne pas condamner et dédaigner ce qui est rapporté ici : dans l'observation de la nature rien ne peut paraître superflu.
Si le lecteur curieux lit le début du paragraphe, il constate que Linné s'en est inspiré pour sa classification des Insectes ; et, sil est entomologiste, il savoure un très beau passage sur la défense des petites bêtes :
[11,1] (I.) <1> Les Insectes sont nombreux et de diverses espèces, et leur vie est celle des animaux terrestres et des oiseaux. Les uns sont ailés, comme les abeilles; les autres sont ailés et sans ailes, comme les fourmis ; quelques-uns manquent et d'ailes et de pattes. Tous ces animaux ont été appelés avec raison insectes, à cause des divisions qui les coupent tantôt au col, tantôt à la poitrine et à l'abdomen, en segments réunis l'un à l'autre seulement par un conduit ténu. <2> Chez quelques insectes la division n'est pas complète ; un repli l'enveloppe, et les commissures s'imbriquent soit à l'abdomen, soit à la partie supérieure du corps. Nulle part la nature n'a déployé plus d'habileté. (II.) Dans les grands animaux, ou du moins dans les animaux plus grands, le travail fut facile et la matière obéissante ; mais dans ces animaux si petits, si voisins du néant, quelle sagesse, quelle puissance, quelle perfection ineffable ! Où a-t-elle pu mettre un aussi grand nombre de sens dans le cousin? et il y a des animaux encore plus petits! <3> Où a-t-elle placé la vue en sentinelle? où a-t-elle appliqué le goût? où a-t-elle inséré l'odorat? où a-t-elle disposé l'organe de cette voix farouche et relativement si forte? avec quelle subtilité n'a-t-elle pas agencé les ailes, prolongé les pattes, disposé une cavité affamée, espèce de ventre, et allumé une soif avide de sang, et surtout de sang humain? avec quelle adresse n'a-t-elle pas aiguisé l'arme propre à percer la peau, et, comme si elle était au large dans cet appareil si ténu qu'on peut à peine l'apercevoir, n'y a-t-elle pas créé un double mécanisme qui le rend pointu pour perforer, et creux pour pomper? <4> Quelles dents a-t-elle données au taret pour percer les planches de chêne avec un bruit attestant son action destructive, et trouver sa principale nourriture dans le bois ? (Trad. Itinera Electronica).
Ce thème, et ce passage, sont chers à Linné, puisque on le retrouve déjà à la fin de sa Préface du Fauna suecica de 1746 page . Il y est précédé du début du Livre XI (chapitre I paragraphe 2) de Pline, dans cette citation :
In magnis corporibus facilior officina sequaci materia fuit ; in Insectic vero tam parvis atque tam nullis, quae ratio ? Quanta vis ? Quam extricabilis perfectio ?
...citation que Linné avait déjà elle-même employé en 1749 dans ses Dissertations Amoenitates academicae Volume I, chap. Sponsalia plantarum page 72 en la poursuivant. Découvrons la traduction :
Livre XI de Pline Les Insectes : I, 2 :
"Dans les grands corps, ou du moins dans ceux qui sont plus grands, la matière obéissait et se prêtait sans peine à ses desseins ; mais pour façonner ces êtres si petits, que d'intelligence ! quelle puissance, quelle inconcevable perfection ! Où la nature a-t-elle placé tant de sens dans le moustique ? Et bien d'autres sont plus petits encore. Mais enfin, dans cet insecte, où a-t-elle placé l'organe de la vue ? Où a-t-elle fixé le goût, insinué l'odorat ? D'où fait-elle partir cette voix terrible et prodigieuse en raison de la petitesse de l'animal, avec quelle dextérité a-t-elle attaché les ailes, allongé les pattes, disposé en forme d'estomac cette cavité qui sent le besoin des aliments, allumé cette soif avide de sang, et surtout de sang humain ? "
Mais ce divertissement m'éloigne de mon propos.
Linné n'est pas un joueur sur écran vidéo, et son matériau n'est pas le bit : c'est le vocabulaire. Son monde virtuel est tout entier une création sémantique bâtit sur des définitions emboîtées en poupées gigognes du plus vaste vers le plus petit, l'espèce. Il doit donc concevoir, en utilisant son fameux système binominal nom de genre-nom d'espèce, des dizaines de milliers de noms. Comment va-t-il les trouver ? Pour les noms botaniques, il s'est donné (et il a donné à ses successeurs) des règles très précises détaillées ici page 200 "Les Noms", qui débute par cet adage fondamental : "La connaissance des chose périt par l'ignorance des noms" : Noms forgés en grec ou en latin, sans nom de personne hormis les naturalistes, sans référence religieuse (la Gentiane : "Lève-toi et marche" , le Cyperus "Pater noster"), sans nom double ( Bella dona ; Dent de Lion), sans désinence-oïde (règle non respectée), etc.
Où va-t-il trouver les noms nécessaires ? Son idée la plus fréquente est d'aider la mémoire du naturaliste en utilisant un qualificatif d'un caractère physique distinctif de l'animal, ou, notamment pour les insectes, de préciser la plante hôte. Il honore aussi ses collègues ou prédécesseurs, et s'est permis une vengeance personnelle en nommant le genre Sigesbeckia , une petite herbe rampante qui pousse dans la boue, du nom d'un de ses ennemis, Johann Siegesbeck.
Il aura à nommer 691 Coléoptères, 193 Hemiptères, 551 Lépidoptères, 56 Neuroptères, 228 Hymenoptères, 185 Diptères et 205 Aptères : soit trouver 2109 noms d'insectes ! (à l'erreur de comptage près). [Pour info : 1691 insectes dans le Fauna suecica de 1761]
Mais pour aucune autre des six Ordres d'Insectes, Linné ne conçut un système (pas d'autre mot) aussi élaboré que pour celui des Lépidoptères.
Pour illustrer le chemin parcouru, je présenterai d'abord la liste des papillons diurnes du Fauna suecica de 1746.
I. Onomastique des Papillons de jour de la Fauna suecica de 1746.
Par rapport au "Grand Opéra" qui va se déployer 12 ans plus tard dans la 10ème édition du Systema Naturae, avec ses 194 papillons de jour, la liste (certes réduite à la faune suédoise) des 35 espèces de la Fauna suecica (Faune de Suède) va permettre de constater les premières tentatives d'élaborer un système de dénomination permettant de s'affranchir de la lourdeur de la "phrase spécifique". Linné place timidement, à la fin de sa description un nom latin qu'il fait précéder de la mention vulgo dont je ne sais s'il faut la traduire par "de façon vulgaire, non scientifique", ou par "familièrement". Ce nom n'est jamais écrit en italique.
Surtout, on voit Linné tester des thèmes et des séries onomastiques :
- Liée à la hiérarchie aristocratique d'une Cour royale : Amirallis ; Imperator ; Rex ;Principissa ; Princeps ; Comes. (Amiral, Empereur, Roi, Princesse, Prince, Comte).
- Liée à la poésie bucolique : : Faunus ; Satyrus; Coridon ; Alexis.
- Séries binominales soit à partir des plantes hôtes ( Brassicaria latis venis ; minor; vulgaris),soit à partir d'une figure mythologique décrivant les ocelles des ailes (Argus oculatus, fuscus, myops, caecus.), soit par une description de couleur (Butyracea vulgaris.)
- tentatives diverses : Papilio canicularis. P. hyemalis, Aurora, Alpicola.
Néanmoins, la première place est donnée à la phrase spécifique, écrite en italique, dont je donne quelques exemples pour les premières espèces.
La traduction entre guillemet du nom vulgaire est de moi.
I. PAPILIO
Les espèces sont numérotées depuis la première page (n° 1 : Homo sapiens). Le premier insecte porte le n° 337 ; les Lépidoptères vont du n° 772 à 922 (150 espèces), les Papilio ou papillons diurnes de 772 à 808 (36 espèces).
Carl Linnaeus, Caroli Linnaei medic. & botan. prof. Upsal ... Fauna Svecica, sistens animalia Sveciae regni : Quadrupedia, Aves, Amphibia, Pisces, Insecta, Vermes, distributa per classes & ordines, genera & species, cum differentiis specierum, synonymis autorum, nominibus incolarum, locis habitationum, descriptionibus insectorum. Stockholmiae :Sumtu & literis Laurentii Salvii,1746. page 232-248.
n° 772 : Papilio tetrapus ; alis angulatis nigris : margine postico albido. Morio. "Le Bouffon. ou "le Noir""
773 à 775 : pas de nom "vulgo".
776 : oculus pavonis. "Œil de Paon".
777 Amirallis. "L'Amiral"
778 : Bella donna. "La Belle Dame"
779 : Imperator. "L'Empereur"
780 : Rex. "Le Roi".
781 :Principissa. "La Princesse".
782 : Princeps. "Le Prince".
783 : Comes. "Le Comte".
784 : Faunus. "Le Faune".
785 : Satyrus. "Le Satyre".
786 : Coridon. "Corydon", berger des Bucoliques de Virgile .
787 : Alexis. "Alexis", beau berger dont Corydon est amoureux (2ème Églogue).
de 788 à 794 : pas de nom "vulgo".
...
795 : Papilio canicularis : "Le Caniculaire".
796 : P. hyemalis : du grec hiems, "hiver".
797 : Brassicaria latis venis : "du chou aux grandes veines"
798 : brassicaria minor : ("le petit du chou")
799 : brassicaria vulgaris : ("le papillon du chou commun")
[800 : papilio hexapus alis rotundatis albis immaculatis.]
801 : Aurora.
802 : Alpicola. "Alpin", de Alpes et verbe latin colo, "habiter"
803 : Argus oculatus. "Argus ocellé".
804 : Argus fuscus. "Argus brun".
805 : Argus myops. "Argus myope"
806 : Argus caecus. "Argus aveugle"
807 : Butyracea vulgaris. "Le Beurré —couleur de beurre— commun"
808 : Butyracea albo-maculata. "Le Beurré à tache blanche".
Faunus, Satyre, et surtout Alexis et Coridon font référence à la poésie bucolique initiée par le grec Théocrite, mais surtout développée par le latin Virgile : dans le nouveau système de 1758, toute la nomenclature sera fondée sur la mythologie (et non plus sur les bergers et bergères) et sur le monde grec. Si Virgile apparaît, c'est pour son épopée l'Énéide, non pour son œuvre bucolique.
Le qualificatif "vulgo" ne doit pas laisser croire que Linné rapporte une dénomination courante vernaculaire, et tous ces noms sont en latin, langue des savants et des clercs. Linné ne cite pas non plus sauf exception (Oculus Pavonis, Ammiralis, Bella dona) des noms devenus courants entre naturalistes après avoir été créés par l'un d'eux. Il est lui-même le créateur de ces noms, dans une tentative de se libérer du lourd système de la phrase descriptive et des citations bibliographique qui aboutira en 1758 à la dénomination binominale. On le voit proposer un qualificatif, débuter une série sur la Cour royale, puis une série mythologique, reprendre des noms descriptifs, et terminer par une métaphore (beurre = jaune).
II. L'Onomastique des Papilio du Systema Naturae : Présentation.
La dixième édition du Systema Naturae est un livre écrit par Charles Linné, publié en deux volumes à Stockholm en 1758 et 1759, et qui marque le point de départ de la Nomenclature Zoologique. Linné y applique en effet au règne animal la nomenclature binominale qu'il avait utilisé pour les plantes dans le Species Plantarum de 1753.
Auparavant, les animaux étaient décrits par les scientifiques par une phrase spécifique plus ou moins longue, mais difficile à mémoriser, à classer, ou à comparer.
Le règne animal est divisé en six classes, celle des Insectes étant la cinquième.
La Classe des Insectes est divisée en six Ordres, selon les caractéristiques des ailes : Coléoptères, Hémiptères, Lépidoptères, Neuroptères Hyménoptères Diptères, Aptères.
L'Ordre n° III, celui des Lépidoptères, est défini par la phrase latine caractérisant les Ailes, la Bouche et le Corps : Alae IV, imbricatae squamis, os lingua involuta spirali, Corpus pilosum.(Quatre ailes à écailles imbriquées: Bouche : langue enroulée en spirale. Corps couvert de poils).
Les Lépidoptères sont eux-mêmes divisés en Papilio, Sphinx et Phalaena, correspondant aux Papillons de jour, Papillons crépusculaires et Papillons de nuit.
Les Papilio sont au nombre de 192 (numérotés) à 194, et classés eux-mêmes en six"phalanges", selon une magnifique vision d'ensemble de la dénomination des espèces.
John Lewis Heller, se fondant sur l'étude de quelques 200 noms donnés aux espèces du genre Papilio du Systema Naturae, montre que Linné les a puisé principalement dans deux sources, les Fabulae de Gaius Julius Hyginus (disponibles pour lui dans les éditions de 1681 et de 1742) et les Syntagmata de Deis de Giraldi (dans les éditions de 1548, 1696, et autres), l'étude de ces sources lui permettant de détecter avec certitude certains cas dans lequel Linné a commis quelques erreurs de copie et d'autres plus rares où il a entrepris de forger de nouveaux noms.
L'un des apports des Syntagmata de Giraldi est lié à son intérêt pour les épithètes des dieux et déesses : on y trouve, Cinxia pour Junon, et Paphia pour Vénus
Quand Linné se mit à la tâche de préparer la dixième édition de Systema Naturae il décida d' appliquer aux Animaux autant qu'aux plantes les principes d' un nouveau système binaire de nomenclature qu'il avait expérimenté dans plusieurs travaux précédents. La réforme , très simple, mais très originale consistait à trouver pour chaque espèce un mot singulier de reconnaissance, ou « nom trivial », qui était alors imprimé dans la marge en face du numéro et du nom générique et spécifique, de la créature. Auparavant, les espèces n'étaient pas désignés par un nom, mais par , mais une phrase diagnostique comprenant souvent huit ou neuf mots. Le nouveau "nom trivial" se révéla ainsi très précieux par sa concision et remplaça vite les "phrases spécifiques" et bientôt vinrent remplacer les expressions de diagnostic, jusqu'à ce que les naturalistes estiment nécessaire de donner seulement deux mots qu'ils appellent les noms génériques et spécifiques pour identifier les espèces décrites dans leurs manuels.
On notera aussi, si on se rapporte à l'édition de Linné, que tous les noms spécifiques sont écrits avec une majuscule, à quatre exceptions près (polychloros, similis, dissimilis, assimilis) : cela indique que les noms sont empruntés soit à des personnages (mythologiques ici), soit aux Plantes hôtes. L'emploi de ces majuscules a été supprimé dans la taxonomie actuelle. Cet emploi majoritaire chez les Lépidoptères, est par contre très rare, par exemple, chez les Coleoptères, nommés selon leur aspect, leur habitat mais exceptionnellement placés sous le patronage de la mythologie.
Papiliones dividuntur in VI Phalanges :
A. Equites. Alis primoribus ab angulo postico ad apicem longioribus, quam ad basin ; his saepe antennae filiformes
— Trojane, ad Pectus maculis sanguineis (saepius nigri) 1-17.
— Achivi, pectore incruento, ocello ad angulum ani :
- Achivi alis absque fasciis : 18-19.
- Achivi fasciatis : 20-40.
B. Heliconii alis angustis integerrimis striatis : primoribus oblongis : posticis brevissimis : 41-51.
C. Danai, alis integerrimis
— Candidi, alis albidis : 56-74.
— Festivi, alis variegatis : 75-87.
D. Nymphales, alis denticulatis :
—Gemmati, alis ocellatis :
- Ocellis in alis omnibus : 88-103.
- Ocellis in alis primoribus : 104-106.
- Ocellis in alis posticis : 107-110.
— Phalerati, alis caecis absque ocellis : 111-144.
E. Plebeji parvis : larva saepius contracta.
— rurales, alis maculis obscurioribus : 145-161
— urbicolae, alis saepius maculis pellucidis : 162-168.
F. Barbari, corollarii loco adjecti, ad ordines non relati : 169-192.
Traduction (sous réserve).
Les papillons sont divisés en 6 phalanges;
A. Les Chevaliers. Ailes antérieures plus longues au coin arrière de l'apex qu'à la base, antennes souvent filiformes
- Troyens, (souvent noir) au thorax marqué de taches rouge-sang 1-17.
- Achéens ou Grecs, sans thorax ensanglanté,, avec un ocelle vers le coin de l'angle anal :
- Achéens aux ailes sans rayure, 18-19.
- Les Grecs, aux ailes striées, 20-40.
B. Les Heliconiens, ailes étroites entièrement striées, les antérieures allongées, les postérieures courtes, 41-51.
C. Les Danaiens [Grecs de la guerre de Troie], aux ailes integerrimis ("intègres", interprété comme "complétement arrondie, sans queue, proéminences ou creux" par Emmet 1991) de couleur unie
- Les Blancs, ailes blanches, 56-74.
- Les Joyeux, aux ailes colorées, 75-87.
D. Les Nymphes, aux ailes dentelées;
-Les porteurs de joyaux, aux ailes ocellées;
- aux ocelles sur toutes les ailes, les ailes et tout, 88-103.
- Ocelles sur les ailes antérieures, 104-106.
- Ocelles sur les ailes postérieures: 107-110.
- Les harnachés, aux ailes aveugles (sans ocelles), 111-144.
E. La Plèbe, les petits , aux chenilles de forme souvent courte et ramassée.
- Les ruraux, aux ailes assombries de taches plus foncées: 145-161
- Les villageois ou urbains, dont les taches des ailes sont transparentes: 162-168.
F. Les Barbares, ajoutés ici en complément, sans ordre, 169-192.
Ce système onomastique particulièrement original crée une unité cohérent qui s'oppose aux dénominations faisant référence, pour les autres classes d'insectes ou les autres ordres animaux, à un épithète décrivant une caractéristique morphologique ou général (Homo...Sapiens), ou la plante hôte, ou honorant un naturaliste par la forme latine de son nom.
Curieusement (ou, du moins, sans que j'en ai lu l'explication), dans la douzième édition du Systema Naturae (1766-1768), alors même que la note de bas de page p. 744 stipule que les Papiliones sont divisés en VI phalanges, celles-ci sont énumérées de a) à e), avec disparition de la dernière phalange f) des Barbari. Tous ces Barbari de 1758 étaient des espèces venant de l'Inde. Ainsi, Idas, dernière espèce n°192 dans cette liste des Papiliones de 1758, disparaît en tant qu'espéce indienne, mais son nom est utilisé dès le Fauna suecica de 1761 parmi les plebeji rurales, et dans la 12e édition du S.N comme nom de la femelle du papilio argus, toujours dans les Plebeji.
III. Liste des Rhopalocères du Systema naturae de 1758 (complété par le S.N 12é éd.).
I. Papilio (Rhopalocères, Papillons diurnes).
N.B : j'ai supprimé pour faciliter la lecture le nom générique Papilio, commun à toutes les espèces.
A. Première phalange . Eques ou Chevaliers.
1. Equites Trojani, Les 17 Chevaliers troyens. 1 à 17.
Ils reçoivent donc les noms des héros troyens de la Guerre de Troie dans l'Iliade.
- priamus – Ornithoptera priamus : le roi Priam
- hector – Pachliopta hector : Hector, fils de Priam
- paris – Papilio paris : Pâris, fils cadet de Priam, qui a enlevé Hélène pour l'épouser.
- helenus – Papilio helenus Helenus, fils de Priam.
- troilus – Papilio troilus, Troïlos, fils de Priam.
- deiphobus – Papilio deiphobus : Deiphobe, fils de Priam.
- polytes – Papilio polytes, : Polytes, fils de Priam.
- pammon – Papilio polytes : Pammon, fils de Priam.
- glaucus – Papilio glaucus, Glaucus, fils du chef lycien Hippoloque.
- anchises – Parides anchises : Anchise, père d'Énée.
- polydamas – Battas polydamas : Polydamas fils de Panthoos et guerrier d'élite.
- memnon – Papilio memnon, Memnon, fils d'Eos et roi d'Ethiopie, il est tué par Achille.
- agenor – sous-espèce du Papilio memnon. Agenor, fils d'Anthénor, guerrier d'élite.
- sarpedon – Graphium sarpedon. Sarpédon, compagnon de Glaucos, et tué par Patrocle.
- aeneas – Parides aeneas. Énée, fils d'Aphrodite, guerrier de Troie.
- panthous – Ornithoptera priamus. Panthous, vieillard de Troie.
- pandarus – Hypolimnas pandarus. Pandare, archer tué par Diomède.
12eme édition. : Helena passe dans les Trojani.
polydorus
2. Equites Achivi, les 24 Chevaliers achéens (grecs) 18-40.
Ils reçoivent les noms des héros grecs de la Guerre de Troie dans l'Iliade.
- helena – Troides helena : Hélène dont la beauté est à l'origine de la guerre de Troie.
- menelaus – Morpho menelaus : Ménélas, roi de Sparte et mari d'Hélène.
- ulysses – Papilio ulysses. Ulysse, héros de l'Iliade et de l'Odyssée, roi d'Ithaque.
- agamemnon – Graphium agamemnon Agamemnon, roi de Mycène et chef de l'armée des grecs.
- diomedes – Papilio ulysses . Diomède, roi d'Argos ; il blessa Vénus lors des combats. Inséparable de Sthénélos (cf).
- patroclus – Lyssa patroclus (hétérocère). Patrocle, ami d'Achille, tué par Hector.
- pyrrhus – Polyura pyrrhus : Pyrrhus, fils d'Achille, aussi nommé Néoptolème.
- leilus – Urania leilus (hétérocère). Erreur pour Leitus, signalée par Chompré page 593
- ajax – [rejeté] : Ajax le grand, le plus fort des guerriers grecs avec Achille.
- machaon – Papilio machaon : Machaon, médecin du camp grec.
- antilochus – Papilio glaucus. Antilocus, fils aîné de Nestor.
- protesilaus – Protesilaus protesilaus
- nestor – Morpho menelaus Nestor Roi de Pylos, le plus âgé des guerriers grecs.
- telemachus – Morpho telemachus. Télémaque, fils d'Ulysse.
- achilles – Morpho achilles. Achille, roi de Phtyie, fils de la Néréide Thétis.
- podalirius – Iphiclides podalirius. Podalire, frère de Machaon et médecin lui aussi.
- teucer – Caligo teucer. Teucer, fils de Télamon et demi-frère d'Ajax.
- idomeneus – Caligo idomeneus. Roi de Crète et petit-fils de Minos.
- demoleus – Papilio demoleus. Demoleos (Virg. Énéide, V,260) ; Quint. 8, 4, 24.
- demophon – Archaeoprepona demophon. Demophon, fils de Thésée.
- eurypylus – Graphium eurypylus. Deux guerriers grecs portent le nom d'Eurypyle à Troie, le fils d'Évémon et le fils de Télèphe.
- nireus – Papilio nireus. Nirée fils de Charops et roi de Syme.
- stelenes – Siproeta stelenes. Stelenus (var. de Sthelenus et plus correctement Sthenelos) fils de Capanée, compagnon de Diomède dans le Livre IV de l'Iliade.
- philoctetes – Antirrhea philoctetes. Philoctète, compagnon d'Héracles, révéla aux Grecs où était les flèches indispensables à leur victoire.
12 eme édition :
Jason (était dans les Barbari)
Orontes
Xuthus
Podalirus
Phidipus
Jason (bis)
Medon
Aegistus
B. Deuxième phalange, les 15 Heliconii : ceux du mont Hélicon.
"Ceux du Mont Hélicon", ce sont les Muses, leur mère Mnémosyne et leur dieu tutélaire, Apollon.
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apollo – Parnassius apollo, Apollon, patron des Muses.
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mnemosyne – Parnassius mnemosyne. Déesse de la Mémoire et mère des neuf muses.
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piera – Haetera piera. Père des Piérides (autre nom des Muses)
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aglaja – [rejeté] Aglaïa ou Aglaé, la plus jeune des trois Grâces.
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terpsicore – [nomen dubium]. Muse de la Danse
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calliope – Stalachtis calliope. Muse de la Poésie épique
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polymnia – Mechanitis polymnia. Muse de la Rhétorique
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urania – Taenaris urania. Muse de l'Astronomie.
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euterpe – Stalachtis euterpe. Muse de la Musique
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ricini – Heliconius ricini. PLANTE HÔTE
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psidii – Thyridia psidii. PLANTE HÔTE
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clio – Eresia clio Muse de l'Histoire.
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thalia – Actinote thalia. Muse de la Comédie.
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erato – Heliconius erato. Muse de la poésie lyrique.
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melpomene – Heliconius melpomene. Muse de la Tragédie.
12eme édition 1767:
Pasithoe : l'une des Nymphes Océanides
Horta
Cepheus
Melite
Mneme
Mopsa
Thallo
Charitonia
Aedea
Euryta
Crataegi classée ici et non dans les Danai (erreur)
C. Troisième phalange, Les Danai.
De ces papillons, Linné précise en note de bas de page que les Danai blancs ont reçu le nom d'une des cinquante filles du roi Danaos (les Danaïdes) et que les Danai festivi ont reçu celui d'un des cinquante fils d'Égyptos, leurs époux. Les noms de ces personnages varient selon les auteurs anciens, et il s'avère que Linné a puisé parmi la liste dressée par Hygin dans sa Fable. http://en.wikipedia.org/wiki/Daughters_of_Danaus
1. Danai candidi : les 19 danaiens blancs.
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anacardii – Protogoniomorpha anacardii. PLANTE HÔTE.
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crataegi – Aporia crataegi, PLANTE HÔTE
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brassicae – Pieris brassicae, PLANTE HÔTE
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rapae – Pieris rapae, PLANTE HÔTE
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napi – Pieris napi, PLANTE HÔTE
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sinapis – Leptidea sinapis, PLANTE HÔTE
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daplidice – Pontia daplidice. Une Danaïde.
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cardamines – Anthocharis cardamines. PLANTE HÔTE
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euippe – Colotis euippe. Une Danaïde.
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glaucippe – Hebomoia glaucippe. Une Danaïde.
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pyranthe – Catopsilia pyranthe. Une Danaïde.
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arsalte – Heliopetes arsalte. Une Danaïde.
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hyparete – Delias hyparete. Une Danaïde.
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damone – [nomen dubium]. Une Danaïde.
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trite – Rhabdodryas trite. Une Danaïde.
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hyale – Colias hyale. Une Danaïde.
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sennae – Phoebis sennae. PLANTE HÔTE
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rhamni – Gonepteryx rhamni. PLANTE HÔTE
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hecabe – Eurema hecabe. Une Danaïde.
Fauna suecica 1761 :
1045 Arcania : l'une des Danaïdes [parfois nommée Arcadia]
1046 Hippothoë ; l'une des Danaïdes
1047 Hero : l'une des Danaïdes
12eme édition :
Idea
Helica
Monuste
Demophile
Acasta
Belia
Pyrene
Eupheno
Heleita
Scylla
Eubule
Philea
Ecclipsis
2. Danai festivi : les 12 Danaiens bariolés (gaiement colorés).
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midamus – Euploea midamus. Un fils d'Égyptos.
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niavius – Amauris niavius. Un fils d'Égyptos.
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enceladus – [nomen dubium]. Encelade, Un fils d'Égyptos.
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obrinus – Nessaea obrinus. Un fils d'Égyptos.
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perius – Parathyma perius. Un fils d'Égyptos, marié à Hyalé.
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plexippus – Danaus plexipus.Un fils d'Égyptos.
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chrysippus – Danaus chrysippus. Un fils d'Égyptos.
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cassiae – Opsiphanes cassiae. PLANTE HÔTE
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sophorae – Brassolis sophorae. PLANTE HÔTE
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mineus – Mycalesis mineus. Un fils d'Égyptos.
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hyperantus – Aphantopus hyperantus. Un fils d'Égyptos.
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pamphilus – Coenonympha pamphilus. Un fils d'Égyptos.
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xanthus – Catoblepia xanthus. Un fils d'Égyptos.
12eme édition :
Zetes
Caeneus
Pinthaeus
Eribote
Perlus
Misippus
Philomenus
Clytus
Aeropus
Canthus
Hyperbius
D. Quatrième phalange : les Nymphales ou Nymphes.
1. Les 23 Nymphales gemmati.
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io – Inachis io : Io, aimée par Zeus puis transformée en génisse.
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almana – Junonia almana. ??. Ville de Macédoine, sur l'Axius.
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asterie – Junonia almana. Asteria, déesse Titane qui échappa aux avances de Zeus en sa forme d'aigle en se transformant en caille.
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aonis – Junonia lemonias. Aonides, surnom des Muses tirés des Monts Aoniens en Béotie
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oenone – Junonia oenone. Nymphe du mont Ida, première femme de Pâris.
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lemonias – Junonia lemonias. Limnoria, Néréide (Hygin) ? Pour Heller, Le nom Lemonias ne peut guère s'expliquer que comme un dérivé de l'épithète Lemoniades ( Giraldi 173c). Les Lemoniades sont des nymphes chargées d'inspecter les plaines et les prairies (Cicéron, de la nature des Dieux).
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orithya** – Junonia orithya. Néreide (Hygin ; Homère)
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feronia – Hamadryas feronia : Nymphe Virg. Aen.VIII 564) ; divinité secondaire romaine, une déesse des sources et des bois, dont le culte était très répandu en Italie centrale, notamment sur le mont Soracte, à Terracine, à Furfo, à Pisauro, ainsi qu'en Etrurie, etc. C'était dans son temple, à Terracine, que l'on affranchissait les esclaves, ce qui explique qu'on l'ait parfois identifiée avec la Liberté (Libertas). http://mythologica.fr/rome/romaines.htm
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maera** – Lasiommata maera, L'une des 50 Néréides.
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ligea** – Erebia ligea. Une des Sirènes ou des nymphes (Virg. Georg. IV 336.). Néréide de la liste de Hygins.
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aegeria – Pararge aegeria, Nymphe, l'une des quatre Camènes
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galathea** – Melanargia galathea, Galatée, l'une des Néréides (Hygin)
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cyrene – Salamis anacardii. Nymphe mère d'Aristée Hygin fab.XIV
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semele – Hipparchia semele, Sémélé, fille de Cadmos et maîtresse de Zeus.
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Papilio leda – Melanitis leda. Léda, séduite par Zeus transformé en cygne.
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helie** – [nomen dubium]. Halié, Néreide (Apoll. Homère)
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jurtina – Maniola jurtina. Erreur pour Juturna, fille de Venilia et déesse des sources.
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aeropa – Lexias aeropa. Aeropé, fille de Catrée, femme d'Atrée et maîtresse de Thyeste.
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janira – Maniola janira. Nymphe de l'Océan.
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cardui – Vanessa cardui, PLANTE HÔTE
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pipleis – Pour Pimpleis, surnom des Muses habitant Pimplia.
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lampetia – Cupha lampetia. Fille d'Apollon et de Neaera (Hom. Odyss); une des Héliades dans Ovide (Met.2). Fille d'Helios et de Neaera, sœur de Phaetusa (Hygin 154).
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iris – Apatura iris. Messagère des Dieux.
http://www.mythologie.fr/Nymphes_noms.htm
** : voir infra phalerati
12ème édition
Fidia
Briseis
Megera
Lybie
Hermione
Phaedra
Hedonia
Dejanira
Tulbaghia : Ryk Tulbagh (1699-1771), gouverneur du Cap.
2. Les 34 Nymphales phalerati.
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populi – Limenitis populi. PLANTE HÔTE
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antiopa – Nymphalis antiopa. Reine des Amazones, amoureuse de Thésée.
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polychloros – Nymphalis polychloros CARACTERE
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urticae – Aglais urticae. PLANTE HÔTE
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c-album – Polygonia c-album, CARACTERE
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c-aureum – Polygonia c-aureum CARACTERE
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dirce – Colobura dirce. Femme qui maltraita Antiope Hygin fab.8
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amathea** – Anartia amathea. Néreide citée par Homère (Iliade XVIII) avec Panope, Galathea, Orythia, Maera, : "comas-pulchra alathea".
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atalanta – Vanessa atalanta. Héroïne championne de course épouse d'Hippomène. (Hygin Fab.185)
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venilia – Pantoporia venilia. Déesse romaine des eaux douces, parèdre de Neptune, ou épouse de Janus, mère de Juturna et de Turnus (Virgile, Énéide 10 :75). Figure sur la liste des inditamenta.
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alimena – Hypolimnas alimena . ?? Lieu en Sicile (Salines)
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leucothoe** – Athyma perius.Fille du roi de Perse séduite par Helios sous l'apparence de sa mère. OU Néreide dans la liste d'Hygins
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phaetusa – Dryadula phaetusa. Fille d'Helios et de Neaera, sœur de Lampetia.Hygin F.154.
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bolina – Hypolimnas bolina. Nymphe dont l'histoire (elle est poursuivie par Apollon et se jette dans la mer) n'est connue que par Pausanias VII 23, 4, mais qui est nommée par Giraldi dans une liste de nymphes avec Aegeria et Juturna.
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clytia – Papilio clytia. Amant malheureux de Leucothoé. Mais on attend ici un nom féminin.
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neaerea – Pyrrhogyra neaerea. Nymphe ou Oceanide mère de Lampetia et Phaetusa par Helios (Hom. Odyss)
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acesta – Tigridia acesta. Jeune troyenne mère d'Aceste et femme du dieu fleuve Crimisos . Ou ville sicilienne qui prit le nom d'Aceste (Virg. Énéide, 5)
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similis – Ideopsis similis CARACTERE
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assimilis – Hestina assimilis CARACTERE
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dissimilis – Papilio clytia CARACTERE
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panope** – Papilio clytia. Panope, Nymphe cité par Homère (Iliade XVIII ). Néréide citée par Hygins, Apollodore, et Hésiode.
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rumina* – Zerynthia rumina. Déesse de l'allaitement.
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levana* – Araschnia levana, (génération de printemps). Déesse antique romaine de la reconnaissance de l'enfant par le père.
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prorsa* – Araschnia levana, (génération d'été). Déesse antique romaine des accouchements. Parfois couplée à sa sœur Porrima.
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lucina* – Hamearis lucina. Déesse antique romaine de la naissance ; Épithète de Junon.
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maturna* – Hypodryas maturna. Déesse antique romaine présidant à la maturité du blé.
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cinxia* – Melitaea cinxia. Déesse antique romaine de la "nuit de noce" où se dénoue la "ceinture" (cinxia) de la femme, puis épithète de Junon protectrice des mariages .
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paphia – Argynnis paphia. Epithète de Vénus.
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cytherea – Adelpha cytherea. Epithète de Vénus.
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aglaja – Argynnis aglaja. Aglaia ou Aglaé, l'une des trois Grâces avec Thalia et Euphrosyne.
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lathonia – Issoria lathonia.Lathona, mère d'Apollon et d'Artémis.
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euphrosyne – Boloria euphrosyne : L'une des trois Grâces.
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niobe – Argynnis niobe. Fille de Tantale et épouse d'Amphion (Hygin IX)
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vanillae – Agraulis vanillae : PLANTE HÔTE
* Nous avons ici une série onomastique de six noms de divinités de l'ancienne Rome, divinités mineures de la vie quotidienne féminine. On pourrait y associer ceux qui figurent sur la liste des indigitamenta comme Venilia
** Série de sept ou huit Néréides répartie dans les Nymphales entre gemmati et phalerati : orythia, maera, galathea, lige[i]a, [helie], , amathea, leucothoe, panope.
12eme édition
Cydippe ; Néréide
Tipha
Ariadne.
Jatrophae
Canace
Amphinome
Phaerusa (au lieu de Phaetusa 10eme ed). Phéruse, Pheroysa, est l'une des Néréides.
Iphicla
Idmone
Elea
Ancaea
Janassa
Sibilla
Camilla
Dido
Nauplia
Hypermnestra
Nesea
Lena
Dia :
Niphe
Adippe
E. Cinquième phalange : les 24 Plebeji ou Plébéiens.
Les Plébéiens ou gens du peuple, les petits, les sans-grades reçoivent les noms de musiciens, sculpteurs, artisans, d'un cheval, ou d'un nain devin (Tages).
1. Les 17 Plebeji rurales
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cupido – Helicopis cupido. Cupidon fils de Vénus.
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betulae – Thecla betulae, PLANTE HÔTE
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pruni – Satyrium pruni, PLANTE HÔTE
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quercus – Quercusia quercus, PLANTE HÔTE
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marsyas – Pseudolycaena marsyas. Satyre joueur d'aulos qui défie Apollon (Hygin CLXV)
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thamyras – Arhopala thamyras. Joueur de cythare et poète thrace, qui défia les Muses.
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arion – Maculinea arion. Arion, poète grec du VIIe siècle. [ou : Cheval immortel du roi d'Argos Adraste].
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argus – Plebejus argus. Géant aux cent yeux.
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argiolus – Celastrina argiolus DIMINUTIF.
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rubi – Callophrys rubi PLANTE HÔTE
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philocles – Mesosemia philocles. Poète tragique, neveu d'Eschyle.
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timantes – [nomen dubium]. Peintre grec.
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athemon – Dynamine athemon. Peintre grec
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caricae – Nymphidium caricae. PLANTE HÔTE.
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phereclus – Panara phereclus. Constructeur du navire de Pâris dans l'Iliade.
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lysippus – Riodina lysippus. Sculpteur grec.
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virgaureae – Lycaena virgaureae PLANTE HÔTE.
12ème édition :
-Polybe : grand historien grec auteur des Historia (v. 150 avant notre ére)
-Thero : Théron, nom correspondant à trois héroïnes de la mythologie grecque
-Echion : l'un des cinq hommes de Sparte qui ont aidé Cadmos à fonder la ville de Thèbes.
-Boeticus : adjectif de couleur brun-roux ? Plutôt, pour Boeoticus, "Béotien", habitant de Béotie, région de Grèce autour de Thèbes, dont les paysans étaient réputés lourdauds et naïfs correspondaient à nos "péquenauds" : de vrais "rurales".
- Thyra : épouse d'un roi du Danemark ? ou plutôt : de Tyr ?. Non résolu.
-Thysbé : le couple de Pyrame et Thisbé, victime d'un drame décrit par Ovide
-Zeuxo nom d'une Océanide dans le catalogue d'Hésiode..
-Philiasus : non résolu
- Pirithous : Fils de Zeus ou d'Ixion et roi des Lapithes
- Tespis Thespis d'Icare, poète et dramaturge grec
- Lara : déesse romaine du silence.
- Pamphilus
-Arcanius : l'une des Danaïdes
-Metis : Océanide, fille d'Océan et de Thétis, personnifiant l'intelligence rusée.
-Neleus : Nélée, fils de Poseidon et de Tyro et frère jumeaux de Pelias.
- Talaus : roi d'Argos, l'un des Argonautes.
- Peleus, héros grec, frère de Télamon et ami d'Heracles.
- Priassus : Priasus, l'un des Argonautes dans la liste d'Hygin.
- Phlaeas : ? Phlias, argonaute / Phloea, surnom de Proserpine.
- Hippothoe : l'une des Danaïdes.
- Hero. Prêtresse d'Aphrodite, qui forme un couple d'amant avec Léandre
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comma – Heperia comma. CARACTERE
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proteus – Urbanus proteus. Dieu Protée qui prend toutes les formes.
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phidias – Pyrrhopyge phidias. Sculpteur grec.
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bixae – Pyrrhopyge phidias. PLANTE HÔTE (Bixa = Roucou)
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polycletus – Hypochrysops polycletus. Sculpteur grec.
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malvae – Pyrgus malvae, PLANTE HÔTE
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tages – Erynnis tages. Dieu nain étrusque qui enseigna la divination et les haruspicines.
12ème édition :
Augias : Argonaute, fils du roi Phorbas d'Elide.
Protumnus
Thrax
Butes : Boutes d'Athènes Argonaute, apiculteur
Actorion. Actor, Argonaute
Pitho
Ileus
Niso
Spio
Phaleros : argonaute, archer athénien.
Caeneus : Caénée le Lapithe, argonaute.
Voir Commentaires sur les noms de la phalange Plebejus infra
F. Sixième Phalange les 26 Barbari ou Barbares (Les Argonautes). page 487-488
Linné écrit en bas de page 487 : Barbarorum nomina ab Argonautis desumsi.
De nombreux noms sont tirés de la liste des Argonautes donnée par Hyginus dans ses Fables chap. XIV "Argonautae convocati"
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bates – Colobura dirce. Boutes ? : Argonaute
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tiphus – Pyrrhogyra neaerea.Tiphys, argonaute.
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jason – [nomen dubium] : Jason, chef des Argonaute
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iphiclus – Adelpha iphiclus. Argonautes
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hylas – Neptis hylas. Argonaute; écuyer d'Heracles.
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idmon – [nomen dubium]. Argonaute
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ancaeus – Nessaea obrinus.Ancée, argonaute
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eleus – Adelpha cytherea . Ele[ct]us, Argonaute Hygin (Hic fuit Eleus)
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amphion – Phaedyma amphion. Argonaute (Hygin)
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telamon – Cyrestis telamon. Télamon, Argonaute
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eribotes – [nomen dubium. Eribotes, argonaute.
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eurytus – Pseudacraea eurytus. Eurytos fils d'Hermes, Argonaute.
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ceneus – Delias ceneus: Cénée, argonaute
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mopsus – Mechanitis polymnia: Mopsos, argonaute.
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cepheus – Acraea cepheus: Céphée de Tégée, argonaute
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zetes – Acraea zetes. Zétès, Argonaute
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priassus – Entheus priassus. Priasos, fils de Cénée, Argonaute
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acastus – [nomen dubium]. Acaste, Argonaute
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neleus – Hyalothyrus neleus. Nélée, père d'un argonaute, Periclymenos.
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encedon – Acraea encedon : ??
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pinthous – Moschoneura pinthous : plutôt Pirithous?
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nauplius – Eresia nauplius : Nauplios, fils de Clithonée, Argonaute.
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ixilion – [nomen dubium] : argonaute (in P. Chompré)
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idas – [supprimé] : Argonaute
Commentaires.
A. Sur les dénominations par plante-hôte.
Sur les 192 espèces, 25 portent le nom de leur plante nourricière : Aucun Equites, 2 Heliconii (ricini et psidii), 11 Danai (anacardii, crataegi, brassicae, rapae, napi, sinapis, cardamines, sennae, rhamni, cassiae, sophorae), 4 Nymphales (cardui, populi, urticae, vanillae) et 8 Plebeji ( betulae, pruni, quercus, rubi, caricae, virgaureae, bixae, malvae) ; aucun Barbari.
Lorsque Linné classe les espèces de sa 5ème Phalange des Plebejus sous-divisions des urbicolae , cela signifie pour lui, dans le cadre onomastique qu'il s'est fixé page 458 du Systema Naturae, qu'il doit lui attribuer le nom propre d'un paysan (plutôt pour les Plebejus rurales) ou d'un habitant des villes de l'Ancienne Grèce : un cadre facile à respecter lorsqu'il s'agissait des Equites ou combattants légendaires de L'Iliade, des Heliconii ou Muses, des Nymphales ou Nymphes et encore des Danaïdes, dont les noms figurent dans de nombreuses compilations de l'Antiquité. Mais les Plebéiens sont, presque par définition, la plèbe des inconnus, des sans-gloires : des anonymes. Linné (ou ses collaborateurs) manquent soudain d'inspiration. Il fait appel à des artistes dont le nom a été conservé par la postérité, comme Philocles,Timantes, Athemon, Marsyas, Thamyras, Phereclus, Lysippus qu'il place dans ses P. rurales, et comme les sculpteurs Phidias et Polyclète, qu'il place dans les urbicolae. Mais il doit faire appel aux noms des plantes-hôtes pour six de ses 17 rurales (betulae, pruni, quercus, rubi, caricae , virgaureae), et pour 2 de ses 7 urbicolae, bixae et malvae.
Parmi ce total de 8 noms de plante-hôte, 4 ne sont pas confirmées comme des plantes nourricières des chenilles : caricae, virgauraea, bixae et malvae. Quand à Callophrys rubi la Ronce est loin d'être sa plante-hôte principale.
—caricae : de Carica papaya ; en réalité la plante-hôte appartient aux Fabacées.
— virgauraea : de Solidago virgaurea ou Verge d'or. En réalité, les plantes-hôtes sont des Rumex, dont R. acetosella.
— bixae : de Bixa orellana L. 1753 = Roucou ; en réalité, la plante-hôte appartient aux Hypericaceae du genre Vismia.
— Malvae : genre décrit par Linné en 1753 et contenant les Mauves véritables comme M. sylvestris ou Grande Mauve, et M. alcea ou Alcée (à ne pas confondre avec l'Alcea ou Rose-trémière du Genre Alcea). En réalité, les chenilles de Pyrgus malvae se nourrissent sur les Potentilles.
Linné indique dans sa description de 1758 deux plantes-hôtes, Malva et Althaea. Althaea est un genre décrit par Linné en 1753, celui des Guimauves avec Althaea officinalis ou Guimauve officinale.
Ces exemples illustrent les dangers auxquels un nomenclateur expose le nom qu'il crée lorsque celui-ci repose sur des caractères morphologiques ou phénologiques ou sur le nom de la plante-hôte, éléments susceptibles de changement en fonction des données actuelles de la science. Les noms propres mythologiques ou autre indépendant de l'espèce décrite résistent beaucoup mieux au temps qui passe.
B. Equites et Plebeji.
Les six phalanges crées par Linné pour ses Papiliones (rhopalocères) peuvent être considérés en deux groupes principaux : c'est ce que fera Hübner en 1819 dans son Verzeichniss en ne créant que deux Phalanges, Nymphales et Gentiles, c'est à dire Personnages mythologiques d'une part, et Personnages Humains de l'autre. Parmi ces derniers, se trouvent les Equites et les Plebeji, c'est à dire les deux grands éléments de la nation romaine depuis le VIe siècle av.J.C , les Praticiens issus des Patres, et les Plébéiens. Chez Linné, la phalange V des Plebeji s'oppose à la phalange I des Equites, les phalanges II, III, et IV relevant de la Mythologie surnaturelle, si je puis dire.
Les Plebejii sont eux-mêmes répartis chez Linné en deux sous-catégories, les Rurales et les Urbicolae, ce qui correspond à la Plèbe romaine, constituée de 90% d'agriculteurs, mais dont les membres des villes se répartissaient en proletarii, artisans (tisserands, cadreurs, tuiliers, boutiquires ou tabernarii), et Homines quasi-boni (riches financiers et négociants en gros).
Mais cette classe a laissé dans l'Histoire moins de personnages célèbres ou légendaires, et Linné, pour son onomastique, a souvent fait appel à une dénomination par la plante-hôte, ou aux noms d'artisans-artistes musiciens, sculpteurs, peintres ou architectes.
Bibliographie, Sources et Liens.
A. Les sources de Li
1. Pline, Histoire naturelle (1er siècle)
2. Hyginus, Fabulae
3. G. G. Giraldi, De Deis gentium. (1548).
Lilius Gregorius Gyraldus ou Giglio Gregorio Giraldi (Ferrare 1479 - Ferrare 1552) De Deis Gentivm Libri Sive Syntagmata XVII
De Deis Gentium varia et multiplex Historia, in qua simul de eorum imaginibus et cognominibus agitur, ubi plurima etiam hactenus multis ignota explicantur, et pleraque clarius tractantur. Ad Herculem Estensem II. Ferrariensem Ducem IV. Lilio Gregorio Gyraldo Ferrariensi auctore, Basileae 1548
Syntagmata en ligne : http://www.uni-mannheim.de/mateo/itali/autoren/giraldi_itali.html
4. Benjamin Hederich Gründlisches Mythologisches lexicon (1724)
http://www.zeno.org/Kategorien/T/Hederich-1770
B. Étude critique de l'Onomastique linnéenne.
— HELLER (John Lewis) - 1983 -"Studies in Linnaean method and nomenclature", Marburger Schriften zur Medizingeschichte, Bd.1983;7:1-326.Frankfurt am Main ; New York : P. Lang,
Ce recueil comporte dix essais , dont les sept premiers d'entre eux ont été réédités de diverses revues avec des illustrations de texte et un registre complexe, discutant des méthodes de Linné de catalogage et de nommer les animaux et les plantes dans le Systema Naturae et d'autres travaux. Ils comprennent une étude (I, 1946) des sources linnéennes pour les noms triviaux mythologiques des papillons, et un autre (VI , 1972) sur ses citations de la poésie classique. Ses méthodes pour cataloguer ces ouvrages sont comparés ( III , IV , V et IX ) afin de clarifier la relation historique entre le système de Linné de la nomenclature binomiale pour les organismes et ses références abrégées et généralement binomiale à des livres ou des articles dans ses synonymies. Les abréviations énigmatiques « Liste . mut . » et « Liste loqu. » sont expliquées dans l'étude II. l'étude VIII montre que « Caput Oculus » se réfère à une matière médicale chinoise qui avait été présenté à Linné. L''étude X énumère les personnes qui ont été honorés avec des noms triviaux en zoologie.
C Liens.
Listes de noms mythologiques :
— Mythologia. fr : http://mythologica.fr/grec/index.htm http://mythologica.fr/grec/argonaute.htm
— Hyginus, Fabulae Bibliotheca augustana
— Pierre Chompré Dictionnaire portatif de la fable, Volume 1 argonautes
Linné,
Systema naturae 1758 BHL