Zoonymie (étude du nom) de la Virgule Hesperia comma (Linnaeus, 1758).
La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).
Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.
Résumé.
—Hesperia, Fabricius, 1793 : Parmi les 15 noms de "Genre" créés par Fabricius en 1793, les deux premiers, Papilio et Hesperia, accueillent les rhopalocères : les plus grands dans les Papilio, les plus petits (Phalange des Plébeiens de Linné, nos Lycènes et Hespéries) dans les Hesperia. Rien ne permet de savoir si Fabricius choisit ici le nom d'une des nymphes gardant le jardin des Hespérides et ses pommes d'or conférant l'immortalité, ou le nom du Pays du Couchant (l'Espagne ou l'Italie pour les Grecs) et notamment l'Italie, but ultime du troyen Énée guidant son peuple dans l'Énéide de Virgile : Hesperia y sonne comme une Terre Promise.
— comma, Linné, 1758 : du grec kómma, "virgule". Allusion à la forme de la strie androconiale noire présente sur la face supérieure des ailes antérieures, chez les mâles.
— "Le Papillon Virgule", de Geer 1771 : "Les ailes supérieures ont en dessus une tache allongée en forme de trait noir, qui quelquefois a du luisant & qui est dirigé selon la longueur de l'aile. Comme ce trait ressemble en quelque sorte à une virgule, on s'en est servi pour la dénomination du Papillon." Ce nom n'a pas été utilisé, et les auteurs du XIXe et XXe siècle ont employé le nom de "L'Hespérie Comma", Latreille et Godart 1821, jusqu'à ce que G. Luquet ne recommande en 1986 "La Virgule", actuellement adopté partout.
Nom scientifique.
1°) Super-famille des Papilionoidea Latreille, 1802
2°) Famille des Hesperiidae Latreille, 1809 : [Hespéries ou Hespériides]
- Sous-famille des Pyrginae Burmeister, 1878 : [Pyrgines, Hespéries noires]
- Sous-famille des Heteropterinae Aurivillius, 1925
- Sous-famille des Hesperiinae Latreille, 1809 : [Hespériines, Hespéries fauves]
3°) Sous-famille des Hesperiinae Latreille, 1809 : [Hespériines, Hespéries fauves]
- Tribu des Thymelicini Tutt, 1905
- Tribu des Baorini Doherty, 1886
- Tribu des Hesperiini Latreille, 1809
4°)Tribu des Hesperiini Latreille, 1809
- Genre Hesperia Fabricius, 1793
- Genre Ochlodes Scudder, 1872]
2. Nom de genre : Hesperia Fabricius, 1793.
a) Description originale :
Joh. Christ. Fabricii 1793, Entomologia systematica emendata et aucta : Secundun classes, ordines, genera, species, adjectis synonimis, locis, observationibus, descriptionibus /. Hafniae [Copenhague] :Impensis Christ. Gottl. Proft.,1792-1799. 3(1) page 258
Palpi duo compressi, hirti, apice cylindri , nudi. Antennae clava oblonga, saepius uncinata.
- Rurales : espèces n°1-231
- Urbicolae : espèces n°232-349
— Type spécifique: papilio comma L; sélectionné par Dalman en 1816 : Dalman, J. W. 1816. Försök till systematisk Uppställning af Sveriges Fjärillar. (Fortsåttning). Kongliga Svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar, 1816(2): 199-225, page 200.
— Ce genre renferme en France une seule espèce, H. comma.
b) Origine et signification du nom hesperia selon divers auteurs.
—Constant Duméril (1827) page 222 :
étym. mythologique : hesperis, "du soir".
—Gustav Ramann, (1870-76) :
"Die Abendländischen ;..."
L'Ouest, le Pays du Couchant
— L. Glaser (1887) page 132 :
"Abendschwärmerchen", Füchschen (von Hesperus, Abendstern)"
"... ( de Hesperus, l'Étoile du Soir)"
— Anton Spannert (1888) page 53 :
"hesperus Abenstern, hesperius den Abendstern betreffend.."
hesperus l' Étoile du Soir, hesperius, concernant l'Étoile du Soir.
— Arnold Spuler ( 1908) page 70 :
""hesperius" (sic!) den hesperus, Abendstern betreffend ..."
hesperius, l'hesperus, ou Étoile du Soir.
— August Janssen (1980) page 45 :
"G. esperios = avond.".
Du Grec esperios = soir.
—A. Maitland Emmet (1991) page 144 :
—one of the Hesperides, the nymphs who garded the golden apples of Hera. Linnaeus (1758) had divided the butterflies into six phalanges, the first four containing the larger or "noble" species and the sixth the "Barbari", the barbarians or foreigners which did not fit into the first five categories. Fabricius took the fifth group, the "Plebeji parva", the little commorers, out of Papilio and placed them in a new family, Hesperia. Linnaeus had subdivided the Plebeji into two groups, the Plebeji urbicolae, "city commoners" for the skippers, and Plebeji rurales "country commoners" for the blues. Fabricius placed both groups into Hesperia. Schrank (1798-1803) separated them under the names erynnis and Cupido. latreille (1804) accepted this classification, but used the Fabrician name Hesperia for the skippers and introducted a name of his own, Polyommatus, for the blues. This may not have pleased Fabricius, as alter (1807) he used Hesperia and Lycaena for his two blue families. Latreille's usage of Hesperia for the skippers had priority and the name stayed with that family again the wishes of Fabricius. The application of the name has been steadily whittled down and now it is applied to a small genus with a single British representative ; it is, however, usu Latreille, the source of the family name. Fabricius was fond of devising names that were puns or had double meanings and a link with ἕσπερα (hespera), evening, is likely, the noble butterflies constituting the "Diurni", the species of broad daylight, and the humble smaller species those of the small light or twilight ; there is, of course, no implication of crepuscular flight. The original inclusion of the blues precludes the derivation on taxonomic grounds suggested by Pickard et al., "the Hesperidae forming the connecting link between the Diurni and Nocturni".
L'une des Hespérides, les nymphes qui Garde les pommes d'or de Hera. Linné (1758) avait divisé les papillons en six phalanges, les quatre premiers contenant les espèces de grande taille ou «nobles» et la sixième les «Barbari", les barbares ou étrangers qui ne rentraient pas dans les cinq premières catégories. Fabricius sortit des Papilio le cinquième groupe, les " Plebeji parva", les petits plébéiens, et les a placés dans une nouvelle famille, Hesperia. Linné avait subdivisé les Plebeji en deux groupes, les Plebeji urbicolae, "roturiers de la ville" pour les hespéries, et Plebeji Rurales "roturiers de pays» pour les "blues" anglais [nos lycènes]. Fabricius placé les deux groupes dans Hesperia. Schrank (1798-1803) les sépara ensuite sous les noms Erynnis et Cupido. Latreille (1804) a accepté cette classification, mais utilise le nom Fabricien Hesperia pour les hespéries et introduisit un nom de sa composition, les Polyommates, pour les lycènes. Cela a pu ne pas avoir plu à Fabricius, puisque par la suite (1807) il a utilisé Hesperia et Lycaena pour ses deux familles de lycènes. L'utilisation par Latreille de Hesperia pour les hespéries avait la priorité et le nom est resté avec cette famille contre la volonté de Fabricius. L'application de ce nom s'est réduit progressivement et maintenant il n'est appliqué à un petit genre avec un seul représentant britannique; Il est, cependant, usu Latreille, la source du nom de Famille. Fabricius aimait concevoir des noms qui sont des jeux de mots ou ayant un double sens, et un lien avec ἕσπερα (hespera), le soir, est probable, les nobles papillons constituant le "Diurni", les espèces de grand jour, et les plus petites espèces humbles ceux de la petite lumière ou au crépuscule; sans néanmoins, bien entendu, aucune notion de vol crépusculaire. L'inclusion initiale des lycènes dans ce genre ne permet pas de considérer, avec Pickard et al., que «Les Hesperidae forment le lien entre les Diurni et les Nocturni".
— Hans-A. Hürter (1998) page 453-454 :
Deutung : Hesperia kann als femininum von Hesperius,a, um ( wird im Lateinischen groß geschrieben, weil es von einem Eigennamen abgeleitet ist), angesehen werden und bedeutet dann "die Abendliche". Ebenso kann es sich aber auch um den Hesperidennamen handeln.
Was Fabricius, der den Namen 1793 erstmals veröffentliche, sich dabei dachte, ist nicht mehr zu ermitteln.
Interprétation : Hesperia peut aussi être considéré comme le féminin de Hesperius, un, um (est avec une majuscule en latin, car il est dérivé d'un nom propre), et signifier alors «le Soir". Mais il peut aussi être lu, de même, comme le nom Hespérides.
Il n'est plus possible de déterminer ce que Fabricius, qui a publié le nom pour la première fois en 1793, a pensé.
— Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 232 :
"-Hespérie : d'Hespéria, l'une des Hespéries, les nymphes qui gardaient les pommes d'or d'Hera. Fabricius se complaisait à inventer des noms reposant sur des calembours ou possédant un double sens, de sorte qu'un lien avec le mot grec Hespera, "soir", est vraisemblable : aux papillons "nobles", les "Diurni", les papillons du plein jour, Fabricius a très bien pu vouloir opposer les espèces plus petites et plus humbles, celles de la faible lumière ou du demi-jour, donc, du soir. (Emmet, 1991:144) cela, bien entendu, ne préjuge en rien d'un vol crépusculaire des espèces concernées. C'est du reste aussi l'opinion de Spuler (1901-19018 : 70) pour qui le nom générique Hespéria est forgé sur hesperius, "qui concerne Hesperus", l'Étoile du soir [ou Étoile du berger], en raison des relations [de ce groupe de Lépidoptères] avec d'autres familles qui n'appartiennent pas aux Rhopalocères". L'inclusion originelle par Fabricius des Azurés dans les Hespéries exclut cependant la dérivation fondée sur une base, taxonomique telle que la suggère Pickard et al. "les Hesperiidae formant le lien entre les Diurni et les Nocturni" et reprise par Spuler."
— Perrein et al. (2012) page 122 :
d'Hesperia, l'une des Hespérides nymphes du Couchant, gardiennes du jardin aux pommes d'or ; lors de sa création par Fabricius, cette famille regroupait des petites espèces, notamment des Lycènes.
— Arizzabalaga & al. (2012) :
Hesperia : Les Hesperides, vigilants del jardi del mateix nom; del grec: ponent, occident
c) Discussion
Hans Hürter a raison de dire qu'il est aujourd'hui impossible de savoir ce qui a motivé le choix de Fabricius. En 1793, celui-ci consacre son Entomologie systématique à ce qu'il nomme les Glossata (en raison de la spiritrompe "lingua spiralis inter palpos"), correspondant aux Lepidoptera de Linné. Il les répartit en 15 groupes : . Le caractère le plus remarquable des noms de cette liste est...son hétérogénéitè tant grammaticale (noms masculins et féminins) que génétique, puisque certains noms sont repris de Linné (Papilio, Sphinx, Bombyx, Noctua, Pyralis (Pyralides chez Linné) Phalaena Tinea, Alucita) ou de Geoffroy (, Pterophorus). Cossus est un nom d'espèce chez Linné, 1758 et chez Geoffroy, reprise d'un nom de Pline. Les noms créés par Fabricius sont (sauf erreur) Hesperia, Sesia, Zygaena, Hepialus, Hyblaea. Cette fois-ci, le genre féminin l'emporte, mais n'est néanmoins pas exclusif. Hyblaea est le nom d'une ville ancienne, Megara Hyblaea. Zygaena est le nom du Requin marteau depuis Gessner ou Aristote. Sesia viendrait selon Emmet du nom grec d'un papillon de nuit ou de sa chenille (sees). Hepialus est issu du grec hepialos nom d'un papillon de nuit chez Aristote, le grec hepialos qui désigne aussi une fièvre témoignant de l'attrait fébrile des papillons vers la lampe.
Comme nous le voyons, ces données, par leur diversité, ne nous aident pas.
Les diverses solutions proposées sont :
- Hesperus, du grec Hesperos [cf. Vesper qui a donné vêpres] : "l'étoile du soir" c'est à dire la planète Vénus à la tombée de la nuit, et qui est proche de la Lune. C'est notre "étoile du berger". A contrario, Phosphorus est l'étoile du matin. [En réalité, il s'agit dans les deux cas de la même planète, mais cela, nous ne le savons qu'a posteriori grâce aux connaissances astronomiques. La phrase "Hesperus est Phosphorus" (deux noms propres différents désignent la même réalité) ouvre à de longs débats en philosophie du langage, et il est amusant de la croiser dans cet article de zoonymie).
- Hesperis est l'heure du soir. Elle est fille d'Hesperos et mère des Hespérides.
- Hesperius est Hesperis ; elle est associée à Aphrodite (Vénus) en raison de sa beauté.
- Les Hespérides sont des nymphes, filles d'Hesperus ; puisque celui-ci est associé au soir, il est aussi lié à l'occident, le coté où le soleil se couche (lat. occidere, "tomber"). Ces nymphes sont donc les gardiennes d'un jardin situé à l'extrême ouest du monde antique, en Afrique du nord ou en Espagne. leur nom et leur nombre varient selon les auteurs. Elles sont trois selon Hésiode : Aegle, «lumière éblouissante»), Erytheia et Hesperethusa («soleil couchant»). Pseudo-Apollodore en nomme : Aigle , Erytheia, Hesperia et Arethusa. Fulgence donne quatre Hespérides, nommés: Aegle, Hespérie, Medusa . Apollonius de Rhodes les nomme Aigle, Erytheis et Hespera. Hyginus dans sa préface des Fabulae les nomme names Aegle, Hesperie and Aerica. Selon d'autres sources, les trois filles d'Hesperus sont Ægle, Arethusa et Hesperethusa. Petrus Apianus en nomme sept qui sont les filles d'Atlas : Aegle, Erythea, Arethusa, Hestia, Hespera, Hesperusa et Hespereia.
- Malgré ce choix, la recherche du mot "hesperia" par moteur de recherche entre 1750 et 1770 juste avant la publication de Fabricius) donne un tout autre sens : Hesperia est non pas le nom d'une nymphe, mais celui d'une terre : soit le lieu mythique où se trouve le jardin d' Héra et où pousse l'arbre aux pommes d'or qui procure l'immortalité à celui qui les croque. Je jardin est gardé par les Hespérides, mais aussi par un dragon à cent têtes, Ladôn. Plus généralement, toute la partie Occidentale de l'Europe était appelée Hesperia. L'Italie s'appelait Hesperia magna ou proxima , et l'Espagne était Hesperia ùltima
-
Dans l'Énéide de Virgile, Hesperia est le nom poétique de l'Italie, pays promis aux Troyens après la destruction de leur ville par les Grecs : Énée guide les siens vers cette terre où il établira son royaume comme vers un littéral Far West dont la conquête justifie d'affronter tous les dangers et, pour Énée recueilli par Didon à Carthage, de s'arracher aux bras de la reine. Pour Linné et de Fabricius, et tous leurs contemporains, nourris au lait de la poésie de Virgile et d'Horace, Hesperia désigne d'abord le but de l'épopée d'Énée.
Pour choisir parmi ces propositions, il me paraît légitime d'écarter les formes qui s'écartent de celle choisie par Fabricius : Hesperus, Hesperius, Hesperis et Hespera.
Par contre, je ne peux choisir entre l'Hesperia la nymphe des Hespérides et l'Hesperia italique de l'Énéide. Les naturalistes-nomenclateurs ont largement fait appel aux œuvres de Virgile pour nommer les papillons, tant le poète de Mantoue a nourri leur formation scolaire (voir l'épigraphe de l'Histoire des insectes de Geoffroy et celles du Verzeichniss de Denis & Schiffermüller). Bien que les noms géographiques soient rares sous la plume de Fabricius, le nom Hybleia en donne pourtant un exemple patent. Le point final de la destination des Troyens est une suite logique de l'histoire racontée par Linné dans les noms des cinq phalanges des Equites (les guerriers Grecs et Troyens), des Heliconii (les Muses guidées par Apollon), des Nymphales (les Nymphes) et de Danaïdes reconstituant tout le monde enchanté de l'Antiquité grecque selon Homère et Hyginus.
D'un autre coté, les Nymphes, êtres féeriques et gracieux des lieux naturels, sont si bien accordées à l'image des papillons qu'il pouvait être très tentant pour Fabricius de puiser encore dans le répertoire de leur nom comme l'avait fait Linné.
L'Enéide, origine du nom de genre de papillon Hesperia, Fabricius, 1793.
3. Nom d'espèce : Hesperia comma (Linnaeus, 1758).
a) Description originale
c) Localité-type, répartition et description.
— Localité-type : Suède, désignée par Honey, M. R. & Scoble, M. J. 2001. Linnaeus's butterflies (Lepidoptera: Papilionoidea and Hesperioidea). Zoological Journal of the Linnean Society, 132(3): 277-399, page 314. Pour Verity (1940) : "in Europa", Suède méridionale, par considération de la première citation, celle de la Fauna suecica, d'autant que les échantillons de Linné sont encore conservés.
— Selon Dupont & al. 2013, cette espèce est présente dans la région paléarctique et la région néarctique. Elle est signalée dans toute la France. Les chenilles se nourrissent sur des Fétuques du groupe ovina L et sur Nardus stricta L.
— Selon Wikipédia, C'est un petit papillon d'une couleur marron moutarde avec sur son revers des taches blanc argenté caractéristiques.La chenille est de diverses couleurs, verte, marron grisâtre quelquefois rose foncé. Le Comma est univoltin, il vole en une seule génération entre mi-juin et mi-septembre. Il hiverne au stade d'œuf ou de très jeune chenille. Les plantes hôtes de sa chenille sont des Poaceae, principalement Festuca ovina mais accepte aussi Lotus corniculatus, Ornithopus perpusillus. Le Comma réside sur friches sèches et sur pelouses.
d) Synonymes INPN (Muséum) et sous-espèces.
Liste des synonymes :
-
Augiades comma (Linnaeus, 1758)
-
Hesperia comma comma (Linnaeus, 1758)
-
Papilio comma Linnaeus, 1758
Sous-espèces.
Selon Dupont & al. (2013) Tshikolovets retient trois sous-espèces en Europe et dans le bassin méditerranéen :
- comma Linnaeus, 1758
- benuncas Oberthür, 1912. Localité-type : Tazoult, Algérie. Les pièces génitales de ce taxon sont différentes (Higgins, 1975).
- pallida Staudinger, 1901. Localité-type : Syrie. Ce taxon semble en situation parapatrique avec la lignée nominative dans les Balkans.
e) Origine et signification du nom comma
Les interprétations des étymologistes :
—Gustav Ramann, (1870-76) page 111:
"Das Wort Comma heisst eigentlich ein Einschnitt und bedarf wohl als bekanntes Interpunktionszeichen keiner Erklärung."
— L. Glaser (1887) page 133 :
(Komma, od. Beistrich)
— Anton Spannert (1888) page 53 :
"Einschnitt Komma ; wegen der entsprechenden Zeichnung auf den Oberflügeln [sic!] des Mannes."
— Arnold Spuler ( 1908) page 72:
nach dem komma-artigen Fleck beim♂ (dem beistrichförmigen Duftschuppenfleck).
D'après la tache en forme de virgule du mâle (la tache androconiale)
— August Janssen (1980) page 45 :
de kommavormige vlek van riekschubben op de voorvleugels van het mannetje".
D'après la tache androconiale en forme de virgule sur les ailes du mâle
— A. M. Emmet (1991) page 144 :
"κομμα (komma), the comma, from the sex-brand on the male forewing. In classical Greek κομμα signified a "period" or sentence in a speech, or the caesura or pause in a line of verse ; later it became the name of a mark of punctuation, cf. [thymelicus] linea and lineola . Linnaeus' description is brief and ambiguously worded. He speaks of white spots without stating that they are on the hingwind underside. In consequence early British authors like Harris (1775) conclued that comma was the name of the Large Skipper which (unless they were right) is not described in Systema Naturae. It is significant that Linnaeus makes no reference to the descriptions of the large skipper by Petiver and Ray. "
"κομμα (Komma), la Virgule, de l'androconie sur l'aile antérieure du mâle. En grec classique κομμα signifie une «période» ou une phrase dans un discours, ou la césure ou pause dans un vers; plus tard, il est devenu le nom d'une marque de ponctuation, cf. [Thymelicus] linea et lineola. La description de Linné est brève et formulés de manière ambiguë. Il parle de taches blanches sans préciser qu'ils sont sur la face inférieure des ailes postérieures. Par conséquent les premiers auteurs britanniques comme Harris (1775) concluent que Comma est le nom du Large Skipper [Ochlodes sylvanus] qui (sauf si ils avaient raison) n'est pas décrit dans le Systema naturae. Il est significatif que Linné ne fait aucune référence à la description du Grand Skipper par Petiver et Ray.
— Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 260 :
comma : du grec kómma, "virgule". Allusion à la forme de la strie androconiale présente à l'avers des ailes antérieures, chez les mâles.
— Perrein et al. (2012) page 122 :
du grec komma, "morceau, segment", par la suite une marque de ponctuation: la virgule ; en raison du gros trait androconial du mâle.
— Arizzabalaga 2012 :
Hesperia comma Per la forma en coma de l’androconi del mascle
Discussion :
Tout a été dit, un point c'est tout.
...sauf ceci : Les androconies des Hespéries : influence sur les Noms Propres des Thymelicini.
III. Noms vernaculaires.
I. Les Noms français.
1. Le Papillon Virgule, Charles de Geer, 1771
Charles de Geer,1771 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes 2 (1) page 189 Planche 1 figure 4 et 5.
"Papillon à ailes d'un jaune d'ocre en dessus avec un trait noir, & verdâtres en dessous à taches quarrées blanches. Il est petit, mais le corps est fort gros à proportion de l'étendue des ailes, qui sont étroites et peu longues. Le dessus des ailes est d'un jaune d'ocre tirant sur l'orange, mêlé de nuances plus claires & de nuances brunes, surtout vers le bord postérieur. Les ailes supérieures ont en dessus une tache allongée en forme de trait noir, qui quelquefois a du luisant & qui est dirigé selon la longueur de l'aile. Comme ce trait ressemble en quelque sorte à une virgule, on s'en est servi pour la dénomination du Papillon. Le dessous des ailes, dont la couleur est verdâtre, a plusieurs taches quarrées blanches. La tête et le corps, qui sont gros et massifs, sont couverts de poils verdâtres placés sur un fond noir. Les antennes & leur bouton sont d'un jaune d'ocre, mais du coté extérieur le bouton est noir."
2. "Hespérie Comma" , Latreille et Godart 1819
Latreille et Godart Encyclopédie méthodique : Entomologie, ou Histoire naturelle des crustacés et des insectes, Paris : Vve Agasse tome 9, page 769 n°115.
Cet article permet de disposer de l'ensemble des références bibliographiques sur cette espèce, notamment par les auteurs germaniques, autrichiens ou suisses.
3. "Hespérie Comma " , Godart 1821,
Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d'Europe, Paris : Crevot 1821, page 237 n°90 Planche peinte par Vauthier et gravée par Lanvin.
4. L'Hespérie Comma, la chenille, Duponchel, 1849.
—Philogène Auguste Joseph Duponchel 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. BHL.Library page 214.
"Cette chenille vit sur la Coronille variée (Coronilla varia)" [ce qui ne s'est pas confirmé]
5. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.
Dans son article Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe paru dans Alexanor en 1986, Gérard Luquet recommande pour Hesperia comma l'emploi du nom vernaculaire "La Virgule" (avec une note [20]) mais écarte "Le Comma", imitation du nom scientifique.
note [20] "Il semble que ce soit par erreur que Rappaz indique avoir lui-même créé le nom de "Virgule" pour l'Hesperia comma. Je l'ai en effet relevé dans d'autres ouvrages publiés antérieurement au sien."
6. L'étude du nom vernaculaire par les auteurs récents.
— Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 260 :
Simple traduction du nom scientifique de l'espèce .
7. Noms vernaculaires contemporains :
Charles Oberthür et Constant Houlbert , dans leur Faune armoricaine de 1912-1921, utilisent le nom scientifique de
—H. Bellmann / G. Luquet 2003 : "La Virgule ".
— Doux & Gibeaux 2007 : "La Virgule".
— Lafranchis, 2000 : "La Virgule" .
— Perrein et al. 2012 : "Virgule".
— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : "La Virgule"
— Wikipédia : " Le Comma (ou Virgule)".
8. Discussion.
Signe de ponctuation ayant la forme d'un petit trait courbé vers la gauche (,), placé à droite et au bas d'un mot pour séparer les membres d'une phrase ou indiquer une pause faible, la virgule est emprunté au latin classique virgula « petite baguette, petite verge », à cause de sa forme.
Le nom vernaculaire La Virgule, comme le nom scientifique H. comma appartiennent aux noms de papillons faisant appel à un signe typographique : soit un point , ou un deux-points, soit des lettres ou des chiffres, qu'ils écrivent parfois eux-mêmes ( Autographa gamma et iota) sur leurs ailes : je citerais ainsi bipunctaria et bipunctella, bipunctosa, c-album, c-nigrum, charactera, gamma, graphodactyla, iota ipsilon, l-album, l-nigrum, lamda, lambdella, leucographa, mi, ni, nigripunctella, notata, psi, sigma, unipunctata, v-ata, v-flava, w-album, w-latinum, ypsillon et zeta.
III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.
La dénomination est dominée soit par la virgule noire de la face supérieure des ailes antérieures, soit par les taches blanc-argent de la face inférieure des postérieures.
- "Silver-spotted Skipper" en anglais. "Skipper à points d'argent."
- "Komma-Dickkopffalter" en allemand "Le Grosse-tête Virgule"
- "Dard de taques blanques" en catalan Nom de genre "Dards" "Pel seu vol directe i rapid" Nom spécifique "Dard de taques blanques" "Per les taques blanques al revers de l’ala posterior" "La Flêche (le dard) à taches blanches".
- "Gelsvažalis storgalvis" en lituanien
- "Súmračník bieloškvrnný" en slovaque : "Skipper points blancs"
- "Soumračník čárkovaný" en tchèque "Skipper pointillé"
- "Dorada manchas blancas" en espagnol : "Doré à taches blanches".
- "Vesszős busalepke" en hongrois
- "Tačkasti skelar" en serbe
- "Kommabredpande" en danois
- "Kommavlinder" en néerlandais papillon Comma
- "Valkotäpläpaksupää" en finnois
- "Livadni debeloglavac" en croate
- "Kommasmygger" en norvégien : Skipper comma
- "Silversmygare" en suédois : Skipper argent.
- "Komapunnpea" en estonien : Hesperie Comma
- "Esperia comma" en italien Hespérie comma
- "Karłątek klinek" en polonais Hespérie comma
- "Gümüş Benekli Zıpzıp" en turc. Hespérie aux points d'argent.
Langues celtiques :
1. langues gaéliques : irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).
-
en irlandais
- en mannois.
-
"" en gaélique écossais*
2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (Welsh, cymraeg).
-
pas encore de nom en breton ;
-
" Gwibiwr arian" en gallois. :
*Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources. http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html
Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR
IV. Le nom vernaculaire anglais selon M. Salmon (2000).
Première observation Moffet ? 1634, Merret, 1666, Harris, [1772] 1775.
- "The Pearl Skipper" Harris, 1775 ; Donovan,1800 ; Samouelle, 1819 ; Rennie, 18332 ; Humphrey & Westwood, 1841 ; Wood, 1852 ; Morris, 1853 ; Stephens, 1856 ; Newman, 1860 ; W.E. Kirby, 1906 ; Newman & Leeds, 1913.
- "The August Skipper" : Lewin, 1795.
- "The Silver-spotted Skipper" : Haworth, 1803 ; Jermyn, 1824 ; Morris, 1853 ; Newman, 1871 ; Furneaux, 1894 ; South, 1906 ; et la plupart des auteurs suivants.
Bibliographie, liens et Sources.
— Funet : Hesperia comma.
— Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Hesperia comma.
— UK Butterflies : Hesperia comma.
— lepiforum : Hesperia comma.
— jardinsauvage.fr : Hesperia comma.
— Site de l'Association Rousillonaise d'Entomologie : qui interdit un lien direct. Suivre donc accueil ->Lepidoptera ->etc... ; http://r.a.r.e.free.fr/ :
Bibliographie : Zoonymie des Rhopalocères : bibliographie.