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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:36

 

 

              Zoonymie du Myrtil Maniola                                       jurtina (Linnaeus,1758). 

 

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

Résumé.

— Maniola jurtina trouve l'origine de son nom scientifique de genre dans les maniolae de la Rome antique, petits épouvantails mimant l'âme des morts, et, pour l'épithète jurtina, peut-être dans la déesse Juturne, qui présidait aux fontaines et aux sources du Latium. Linné avait décerné l'épithète Janira à la forme mâle (plus sombre), considérée par lui comme une espèce proche mais différente. Son nom provenait de celui d'une nymphe marine, une Océanide.

 — De ses noms vernaculaires,  le seul actuellement usité est le Myrtil   car c'est le seul qui a été retenu dans la sélection de Gérard C. Luquet en 1986.  Ce nom que nous devons à Étienne-Louis Geoffroy (1762), renvoie au couple qu'il forme avec Amaryllis dans Il Pastor fido  de J.B. Guarini. Car c'est lui le "Berger fidèle"  d'une œuvre célébrissime du XVIIe au XVIIIe siècle et mise en musique par Haendel et Rameau. Ce nom fut repris par Engramelle avec l'orthographe courante alors Le Mirtil. (1779).

   Mais lorsqu'en 1823, J.B. Godart crée le nom Le Satyre Myrtile  ce nom désigne, cette fois-ci, le héros mythologique Myrtilos, écuyer grec amant d'Hippodamie et qui trahit son maître Œnamaos pour le compte de Pélops sur la promesse d'une nuit avec Hippodamie.

  Linné, puis Geoffroy avaient nommé Corydon, autre berger grec, la forme mâle janira, mais ce nom n'a pas survécu à la réunification des deux membres du couple. C'est aussi un personnage du Berger fidèle, mais c'est surtout un berger des églogues de Virgile.

 

 

 DSCN8236cc

 

 

myrtil 1181cc

 

 

 

Avant de débuter cet article, il faut souligner le  dimorphisme sexuel de l'espèce.  Alors que le dessus du mâle est uniformément marron clair avec un ocelle noir centré de blanc à l'apex de l'aile antérieure, la femelle présente une plage orangée plus ou moins étendue autour de cet ocelle, qui est également plus grand.

 Ces différences ont conduit les auteurs, à commencer par Linné, a décrire ces formes sexuées comme deux espèces distinctes, puis comme des variétés différentes. Pour donner des repères simples, le mâle a porté pour Linné le nom de Janira (Myrtil pour Geoffroy), et la femelle les noms pour Linné de Coridon puis de Jurtina (Corydon pour Geoffroy).

 

 

 

 

I. Nom scientifique

Nom de genre : Maniola Schrank, 1801 ; 

Schrank (Franz von Paula) Fauna boica : durchgedachte Geschichte der in Baiern einheimschen und zahmen Thiere  1 (2): 152, 170.

L'un des cinq genres de Schrank pour les rhopalocères avec les Erynnis ou Dickfalter (les Gros), les Pieris ou Edelfalter (les Nobles), les Maniola ou Stuzfalter (papillons courtauds), les Papilio ou Dornfalter (à Épine), et les Cupido ou Schildsfalter (Signe).

 Schrank décrit notre Maniola jurtina  sous le nom allemand de Rindgras (herbe à bœuf ?) et sous le nom latin de Maniola lemur; il s'agit de son type spécifique pour son genre maniola. Or, cet épithète lemur désigne, dans la Rome antique, les revenants, lemures, um. Horace dans ses épîtres en parle, tout comme Ovide. Selon le site Cosmovisions, les Lémures sont, "chez les Étrusques et les Romains les âmes ou les ombres errantes qui venaient tourmenter la nuit les vivants. On institua pour les écarter des fêtes nommés Lémuries. Elles consistaient en certaines conjurations, pendant lesquelles on jetait des fèves noires aux lémures, et on frappait sur des vases d'airain pour les faire fuir. On célébrait ces fêtes aux ides de mai. Les lémures se divisaient en Lares et en Larves."

      Maniola est selon Emmet "le diminutif de Mania ou Manes, les mânes, l'âme des disparus. J'ai eu du mal à comprendre ce que Schrank avait écrit; il semble les considérer comme les enfants de "furva Proserpine", " dusky Proserpina", et les rapprocher des mânes ou des (frenzy) qui peuvent être vus comme des démons (Hell-born). L'intention, néanmoins, est claire. Il trouvait que même les plus jolis de (ces) papillons avaient des allures lugubres (malgré qu'il y ait inclus l'Apatura iris), et il les traitaient comme des habitants des sombres régions des Enfers, par opposition aux membres de son genre Pieris, les papillons blancs, qui vivent dans les hautes sphères lumineuses. Maniola est l'une des cinq familles dans lesquelles Schrank répartit ses papillons, et est ainsi le nom le plus ancien de ce qui nous est connu comme les Satyrinae ; il est actuellement réduit à un genre, de taille réduite."

   Pour Arnold Spuler , Maniola provient du latin maniolae, "petits esprits maléfiques, images effrayantes pour les petits enfants." Cette proposition me semble la plus simple, et donc la plus judicieuse. Le dictionnaire latin en ligne de Gérard Jeanneau donne en effet : mānĭŏlae, ārum, f.* [mania] :"petits épouvantails, petits loups-garous." Elle me semble bien adapter aux Myrtils, que je regarde maintenant comme des enfants déguisés en loups-garous un soir d'Halloween, le visage passé à la suie, avec un justaucorps marron pour les garçons  et des citrouilles orange pour les filles, trouées d'un gros œil noir !

 * accessoirement, Maniolae, arum est, selon P. Danet 1726, l'ancien nom des Îles Maldives. Pour d'autres, Insulae Maniolae désigne les Philippines. Le terme est employé par Ptolémée.

  Aucun des deux auteurs n'a prêté attention au maniola lemur, mais la mention des lémures indique clairement que pour Schrank, Maniola désigne, même sous une forme diminutive, les spectres des morts venus tourmenter les vivants, et dont la présence malfaisante doit être évitée.  

Conclusion : Maniola signifie "petits épouvantails".

Ce genre est nommé en anglais  Meadowbrown (brun des prairies).


 

Nom d'espèce : M. Jurtina.

1. Jurtina Protonyme Papilio [Nymphalis gemmatus] Iurtina Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. p.  475, no. 104. 

Linné avait décrit sous le n°106 de la même page le Ianira comme une espèce séparée : il est apparu qu'il s'agissait du mâle de M. jurtina.

Inversement, la description originale du Papilio Iurtina par Linné est celle de la forme femelle.

On considère avec Emmet que ce nom de Jurtina, qui ne correspond à rien, est une coquille typographique pour " Jurturna, nom d'une nymphe d'une fontaine près de Rome, dont les eaux étaient réputées pour leurs propriétés curatives." Mais mes recherches ne retrouvent pas cette Jurturna mais  Juturna, la déesse des fontaines en général, mais aussi des puits et des sources. La Source de Juturne se trouve sur le Forum au pied du Palatin. 

 L'erreur typographique était plausible entre Jurtina et Jurturna, elle l'est un peu moins entre Jurtina et Juturna.

  Depuis la parution de l'ouvrage de A.M. Emmet, la nymphe Jurtuna qui est née de sa plume s'est repliquée par copie, et mène sa vie promise à l'éternité, comme de nombreux êtres qui doivent leur paternité au lapsus calami.  

Juturna apparaît dans l'Énéide de Virgile Livre XII:

Virgile, dans l'Énéide, en fait à la fois la fille de la déesse Vénilia, divinité antique des eaux douces tantôt considérée comme la parèdre de Neptune tantôt comme celle de Janus, et la sœur du roi rutule Turnus. Elle se métamorphose en son cocher Metiscus et lui rend l'épée forgée par Vulcain qu'il avait perdue. Elle fut obligée par une Furie envoyée par Jupiter, de laisser son frère à son destin, et retourna à sa fontaine déplorant son impuissance à secourir son frère. (Wikipédia 2/03/14) 

2. Janira : Papilio [Nymphalis gemmatus] Ianira Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. p.  475, no. 106. 

  Il s'agit donc de la forme mâle.

 Linné fait lui-même le rapprochement avec Jurtina, après sa description : Alis dentatis fuscis : primoribus subtus luteis ocello utrinque unico ; posticis subtus punctis tribus. Facies P. Iurtina absque litura flava supra primores alas, sed puncta 3 fusca sub posticis. " Ailes dentéles brunes, un seul œil jaune sous les deux ailes antérieures ; trois points sous les ailes postérieures. Même aspect que Iurtina sans la couleur jaune des ailes antérieures, et avec trois points sur les postérieures."

 Janira, Janire, Yanira est une nymphe de l'Océan, une Océanide. Yanira figure dans liste  des Océanides d'Hésiode (Théogonie, 346) . Mais elle est plutôt une Néréïde (nymphe de méditerranée) dans la liste de Homère (Iliade, XVIII, 38) ou d' Apollodore dans sa Bibliothèque. Elle est aussi du nombre des nymphes qui cueillent des fleurs avec Perséphone dans l'Hymne homérique à Déméter.

Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur mit ..., Volume 1, Partie 1 Eugen Johann Christoph Esper 1777: 

3. Corydon :  

a) Dans sa Fauna suecica de 1746 page 239 n°786, Linné citait, comme nom vernaculaire (vulgo) celui de Coridon ; et ce nom est cité dans la description de P. Iurtina du Systema naturae page 475 (avec la graphie Corydon). La mention "vulgo" ne signifie pas que Linné cite un nom utilisé couramment, mais seulement que, dans sa Fauna suecica, il n'a pas institué sa taxinomie liée à la dénomination binominale, et qu'il emploie encore la périphrase latine comme élément scientifique. Il place le nom Coridon, écrit sans italique, sous ce qualificatif de "vulgo". 

b) Dans son édition du Fauna suecica de 1761 page 276 n°1052, Linné donne désormais le nom de Papilio Jurtina sans faire référence au nom de Coridon. 

 

 

Synonymes.

 Papilio jurtina Linnaeus, 1758 (seul synonyme cité par l'INPN en 2013).

Mais le site donne, ou a donné, aussi mention de "chrésonymes" qui sont " une combinaison "nom latin + auteur, date" qui se réfère à un usage publié incorrect de la partie "auteur, date" original de l'espèce. L'INPN les indique au même titre que les synonymes." J'ai relevé :

Epinephele jurtina emihispulla Verity, 1919
Epinephele splendida White, 1872
Maniola jurtina emihispulla (Verity, 1919)
Maniola jurtina hispulla (Esper, 1805)
Maniola jurtina jurtina (Linnaeus, 1758)
Maniola jurtina myrtillus (Fourcroy, 1785)*
Maniola jurtina occidentalis Pionneau, 1924
Papilio hispulla Esper, 1805

Papilio myrtillus Geoffroy in Fourcroy, 1785 *  

 

 * Dans la Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine (Dupont et al. 2013), une note 301 page 147 mentionne que P. Leraut retient la présence de cinq sous espèces en France : jurtina Linnaeus, 1758 ; emihispidula Verity, 1919. Hispulla, Esper 1805 ; mirtyllus Geoffroy in Fourcroy 1785. Localité-type : Environs de Paris ; occidentalis Pionneau, 1924. 

  Je ne donne cette précision que pour souligner l'orthographe de mirtyllus, sur laquelle je reviendrai.

 

Si le nom de Janira n'apparaît plus dans cette taxonomie, les deux termes de janira et jurtina désigne aujourd'hui (Dupont et al. 2013) deux lignées génétiques : le taxon jurtina caractérise une lignée occidentale, et le taxon janira  une lignée orientale (janira  Linnaeus, 1758 : localité-type : sud de l'Allemagne).

 


 

File:Maniola jurtina - Großes Ochsenauge.jpg

Jakob Hübner, das kleine Schmetterlingsbuch n°26.

 

II. Noms vernaculaires.

 

Myrtil (Geoffroy, 1762), Corydon (Geoffroy, 1762) Le Mirtil (Engramelle, 1779)  , Satyre Myrtile.   

 

0. Avant l'Âge des Noms : Aldrovandi (1602) et Réaumur, 1734.

— La première description et illustration de ce papillon remonte à Ulysse Aldrovandi dans son De animalibus insectis libri septem, cum singulorum iconibus (1602) tableau septima page 246 fig.13.

  — Ferchault de Réaumur donne en 1734 une bonne description du Myrtil, mais ses amis de l'Académie ne pourront parler de ce papillon qu'en donnant la référence de sa publication : "Vous savez, ce papillon dont Réaumur parle dans " Mémoires pour servir à l'histoire des insectes tome 1 page 270-271 planche 11 fig. 1 et 2"". Comme ses confrères n'avaient pas lavieb-aile pour leur mettre des liens sous leur souris, ils devaient chausser leurs lunettes et consulter dans leur bibliothèque le bon volume  avant de savoir qu'il était question de ce qui deviendra le Myrtil. Commode!

  "Les papillons que nous rassemblons dans la troisième classe ont le même port d'ailes et la même forme d'antennes que ceux des classes précédentes, ils ont même de commun avec ceux de la seconde de ne pas se poser, et de ne marcher que sur quatre jambes, mais ils n'ont point, comme eux, leurs premières jambes terminées en cordon de palatine* ; elles sont faites comme les autres jambes, mais si considérablement petites que les yeux ont peine à les voir.

Un papillon très commun dans les prairies et dans les champs vers la fin de juin, pendant tout le mois de juillet et même plus tard est de cette classe. Le dessous de ses ailes inférieures est d'un gris dans lequel il entre ds teintes de jaunâtre ; le dessous des supérieures est d'un assez mauvais feuille morte, et ce qu'il offre de plus remarquable est une tache en œil, assez noire, et dont le centre est marqué par un petit point blanc ; les surfaces supérieures des quatre ailes ont des couleurs semblables à celles des surfaces inférieures."

  *On me demandera quels sont ces "cordons de palatine" dont parle Réaumur. Je répondrai en citant Littré Les « cordons de palatine sont des fourrures que portent les femmes autour du cou et sur les épaules en hiver. Ils ont été ainsi nommés de la princesse palatine, seconde femme du duc d'Orléans, frère de Louis XIV. L'occasion en est expliquée par la princesse : " Aussi suis-je en ce moment très à la mode ; tout ce que je dis ou fais, que ce soit raisonnable ou absurde, tous les courtisans l'admirent ou s'extasient ; jugez-en vous-même ; j'ai eu l'idée, par le froid qui règne, de reprendre une vieille fourrure, afin d'avoir plus chaud au cou ; voilà qu'aujourd'hui tout le monde en commande sur le même patron, c'est la plus grande mode du moment, Lettre du 14 déc. 1676, dans Revue german. t. XXI, p. 176. 

 

1. Myrtil, Geoffroy 1762 : la femelle.

 Myrtil, Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 50 n°18.

Je présenterai l'étude du nom Myrtil, issu du Pastor fido de J.B. Guarini (1589), en fin d'article en raison de l'ampleur du sujet. 

Dans l'édition éditée par Fourcroy en 1785,  abrégée mais comportant les noms latins de structure binominale conformes aux exigences de la taxonomie, le nom devient "18. P[apilio] mirtyllus. Le Mirtil". Myrtil ou Mirtil, l'orthographe du nom français n'était pas fixée à l'époque. Papilio mirtyllus pouvait dés lors prétendre à être reconnu comme synonyme (cf supra) ou sous-espèce sous le nom actuel de Maniola mirtyllus. Mais l'orthographe latine allait favoriser une transcription en M. myrtillus : on voit combien ces détails peuvent être diaboliques.

  Si le nom du héros littéraire s'écrit indifféremment Myrtil ou Mirtil au XVIIIe siècle, il n'en va pas de même du latin myrtillus ou Myrtilus. En toute logique, pour transcrire le nom propre Myrtil, nom français du personnage Myrtillo du poème de Guarini, Fourcroy aurait pu écrire Myrtilus, forme latine du nom grec Myrtilos, héros mythologique, et patronyme latin attesté dans une lettre de Cicéron (Myrtilus, assassin présumé d'Antoine). Choisir l'orthographe Myrtillus le détournait  de façon malheureuse vers l'évocation de Vaccinum myrtillus ("petite myrte") bien connu de la Matière Médicale de E-F. Geoffoy (page 380). Mais rien ne justifie, si ce n'est l'achoppement d'une plume et la distraction d'un rédacteur fatigué, cette forme mirtyllus

 

"En dessus ce papillon est tout brun, si ce n'est que le milieu de ses ailes supérieures est fauve, ce qui forme une large tache de cette couleur...etc."

 

 

  1'. Corydon, Geoffroy, 1762 : le mâle, décrit comme une espèce différente.

Le Corydon, Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 49 n° 17.

   On pardonnera à Geoffroy d'avoir décrit comme deux espèces les deux sexes puisque nous avons vu que Linné avait également décrit le mâle sous ce nom de Coridon en 1743 puis Corydon avant d'opter pour le nom de Papilio janira, et la femelle sous celui de Papilio jurtina

  Le nom n'est donc pas une création de Geoffroy, comme je l'ai d'abord pensé.

Geoffroy donne en référence le Fauna suecica de Linné (sans citer le nom Coridon), son Systema Naturae (en mentionnant le nom jurtina), puis Hoffn., Petiver, Ray, et Réaumur.

 "Ses quatre ailes sont en dessus de couleur brune un peu cendrée, et celles de dessus ont chacune une tache longue transverse plus foncée, qui, partant du corps ou de la base de l'aile, s'avance jusqu''à la moitié environ. De plus, elles ont chacune à leur angle extérieur un petit œil noir, avec un point blanc dans son milieu".

  Dans l'édition de Fourcroy, le nom devient : P. jurtina. Le Corydon.

 


 2. Le Mirtil, Engramelle 1779.

   Jacques Louis Engramelle 1779 Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1   n° 54 page 125, planche 28  par J.J. Ernst et J. Juillet.

Engramelle donne la description du mâle (fig. 54 c et d), puis d'une femelle (fig.e-f) :

"...elle est plus grande que le mâle. Son fond est à peu près le même que le mâle, mais la couleur fauve de ses ailes est plus distincte. On y trouve le même œil, mais plus grand".

  L'orthographe du Père augustin Engramelle n'est nullement fautive, car Mirtil est une variante courante au XVII et XVIIIe siècle pour Myrtil, soit dans les éditions du Berger fidèle de Guarini (Il pastor fido, ou le berger fidelle, 1664, Paris, Gabriel Quinet : ou Le Berger fidèle, Pierre Marteau, Cologne 1686), soit dans des œuvres inspirés de ce grand succès comme Intermedes de musique et de danse pour la comedie de Mirtil et Melicerte: representée à Fontainebleau le octobre 1698 par Banzy, ‎Guerin d'Estriche, ‎Michel Richard de Lalande ; ou Mirtil: pastoral en musique, ornée de Ballets par ‎Raymond Poisson en 1721 ;  Les amours de Mirtil par Marc Ferdinand Groubentall de Linière en 1761 ; ou Mirtil ou Le moineau des religieuses du couvent de *** de Paris, poëme héroïque de 1762 ; ou enfin Mirtil et Amarilis par Carlo Guiseppe Toeschi, ‎Christian Cannabich, ‎Etienne Lauchery en 1767.

  On a vu que Fourcroy avait repris cette orthographe dans son édition de Geoffroy en 1785.

 

3. Le Jurtine et le Janire, Charles de Villers, 1789.

P.G. jurtina (Jurtine) et P.G. janira (Janire), de Villers, Caroli Linneai Entomologia, 1789, pages 31 et 32 . Comme il s'agit d'une (tentative de) traduction des noms latins, on ne peut leur reconnaître le titre de nom propre qu'à titre indicatif.

 

4. Satyre P[apilio] Janire  Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 271 .

Même remarque que pour De Villers : cette simple traduction ne peut pas être reconnue comme la création d'un nom vernaculaire.

 

5. Le Papillon Myrtil Latreille, 1803.

Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, Paris :Deterville Volume 17 page 69.

  Le papillon Myrtil est décrit comme étant le P. Janira de Linné, le Myrtil de Geoffroy, alors que le Jurtina de Linné, Corydon de Geoffroy sont présentés comme des variétés.


 6. Satyre Janira, Latreille et Godart 1819.

Le Satyre Janira, Satyrus janiraEncyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9 1819 page 539 n° 163.

 Dans cet article écrit par Jean-Baptiste Godart, les difficultés liées aux formes sexuées et aux variétés sont clarifiées : P.N. janira de Linné est présentée comme le mâle, P.N. jurtina de Linné  et le Coridon du Fauna suecica  1ère édition sont présentés comme la femelle:

 "Linnaeus a donné le mâle de ce satyre sous le nom de Janira, et la femelle primitivement sous le nom de Coridon, puis sous celui de Jurtina. Plusieurs auteurs ont fait de même."

Les références bibliographiques y sont, en outre, très complètes.

    

 

 7Le Satyre Myrtil,  Latreille 1819.

Le Satyre Myrtil  P.A. Latreille, 1819, "Article Satyre",  in  Nouveau dictionnaire d'histoire naturelleappliquée aux arts SA-SEN Paris : Deterville Volume XXX page 230.


8. Le Satyre Myrtile Godart 1823.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Vol.1 p. 151     n°50, planche XXV n°7 sext. par C. Vauthier et Lanvin.

 

 Le Satyre Myrtile ! Il semble qu'un virus ait introduit dès l'origine dans les chromosomes du nom Myrtil un gène très instable responsable de mutation régulière de son orthographe. Mais nous avons affaire ici à Jean-Baptiste Godart, ancien proviseur du lycée de Bonn (il le signale dans la page de titre) après avoir été sous-directeur du lycée Louis-le-Grand. Quelqu'un qui connaît les Belles Lettres et les Humanités. Il me semble qu'il a voulu détourner le Myrtil de Geoffroy, nom d'un personnage de Guarini, vers Myrtilos, héros grec et mythologique, dont la forme française est, dans les dictionnaires de l'époque*, Myrtile.

*Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins par François Sabbathier 1781 page 419

  On sait peut-être que Godart était un admirateur de Napoléon, incitant ses élèves pendant les Cent Jours à souscrire une forte somme à l'Empereur. Il appréciait aussi sans-doute le style empire, ou le peintre David, l'école néo-classique, et le retour des grecs et des romains musclés et virils, armés et exaltés. Signe d'une époque, il n'appréciait peut-être plus les bergers et bergères des pastorales de Virgile, il trouvait peut-être les élégies romaines trop décadentes, et aspirait à plus d'héroisme et de glorieuses épopées ?

  Par le simple lettre -e qu'il ajoute au zoonyme de Geoffroy, il tourne le dos aux amours de Myrtil et de la belle Amaryllis, et accueille Myrtilos l'écuyer mytique du roi Œnomaos. Jetez-moi ces musettes, et sonnez Trompettes !

 

"Le Satyre myrtile" fut repris par Hippolyte Lucas 1834 page 71 ; P.A.J.  Duponchel Chenilles 1849 page 186 n°76 ; le Nouveau Dictionnaire Larousse de 1898 .

 

 


9. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose de retenir pour  nom Le Myrtil . Il exclut Le Myrtile de Godart* en raison de l'orthographe "erronée" ; La Jurtine et La Janire de C. de Villers qui ne sont qu'une traduction de Linné ; Le Corydon de Geoffroy qui s'applique à la forme sexuée mâle ; et Le Mirtil du R.P. Engramelle qui est une variante orthographique.

* mais repris par  K.F.Berge, H. Rebel 1912, dans l'adaptation française de J. de Joannis : Guide de l'amateur de Papillons, Paris : Baillère et Fils.

 

 

 


10. Noms vernaculaires contemporains :

Entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle, les lépidoptéristes français cessèrent de mentionner le nom vernaculaire et parlèrent entre eux du jurtina ou du janira. On le vérifie, pour la littérature bretonne, dans le "Catalogue raisonné des lépidoptères" (1882) de Griffith  et la "Contribution à la faune des lépidoptères du Finistère".( 1910) de C. Picquenard .

 Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) page 168-170 utilisent le nom scientifique Epinephele janira et évitent toute mention d'un quelconque Myrtil.

 


—Bellmann / Luquet 2008 :  le Myrtil.

— Chinery / Luquet  2012 : Le Myrtil.

— Doux & Gibeaux 2007 : Le Myrtil

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : Le Myrtil.

 — Lafranchis, 2000 : le Myrtil.

— Perrein, 1012 :  Myrtil.

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : Myrtil.

— Wikipédia : "Le Myrtil".

 

 

 

 

Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

Tentatives de traduction à prendre comme de simples indications... La majorité des noms semblent calqués sur le nom anglais Meadow Brown . Le zoonyme allemand est remarquable par la métaphore qu'il crée autour de la présence de l'ocelle ; il est repris en hongrois..

  • Tummahäränsilmä en finnois,
  • Meadow Brown en anglais. (le "Brun des prairies")
  • Slåttergräsfjäril ou Slåtterfjäril en suédois.("Papillon de fauche" : du foin?)
  • Großes Ochsenauge en allemand. ("Grand Œil de bœuf")
  • Pļavas vēršacītis en letton ( ...des prairies)
  • Okáč luční en tchéque, ("Grand des prairies")
  • Očkáň lúčny en slovaque ("Grand des prairies")
  • Nagy ökörszemlepke en hongrois, ("Grand œil de bœuf")
  • Græsrandøje en danois (œil ? prairie)
  • Bruin zandoogje en néerlandais ("Brun des prairies").
  • Rappringvinge en norvégien ("papillon ocellé") 
  • Paprastasis jautakis satyras en lituanien ( "Satyre ?")
  • Çayıresme en turc, 
  • La Loba en espagnol.
  • Przestrojnik jurtina en polonais.

      Langues celtiques  : 

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge); écossais (Gàidhlig ); manois ( gaelg :île de Man).

  •  ? en irlandais

  •  

    Donnag faiyr 

    en manois 
  • ailean donn en gaélique écossais*
  • leòmainn-donn en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (cymraeg).

  •  pas de nom en breton ; 

  • Gweirlöyn y ddôl (en gallois Gweir = graminées, Gweirlöyn = Heath anglais  = lande cf. Gweirlöyn bach y waun (Small Heath ou Fadet), Gweirloÿn mawr y waun (Large Heath) )  Il existe une forme gweirloynod y ddôl

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources.   http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

 Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR


 IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 

Première mention : Merrett, 1666.

  • The Brown Meadow Ey'd Butterfly ; male : Petiver, 1699. ("l'Ocellé brun des prairies")
  • The golden Meadow Ey'd Butterfly ; female : Petiver, 1699. ("le papillon Ocellé doré des prairies")
  • The Brown Meadow-Eyed; male : Petiver, 1717. ("l'Ocellé brun des prés")
  • The Golden Meadow-Eyed ; female : Petiver, 1717. ("L'Ocellé d'or des prés")
  • The Meadow Brown or Meadow-Brown, Albin, 1720 ; Wilkes, 1747-49 ; Harris, 1766 ; et la majorité des auteurs. ("Le Brun des prés")
  • The Meadow Brown Argus : Lewin, 1795. ("L'Argus brun des prés")
  • The Large Meadow Brown : Morris, 1853. ("Le Grand brun des prés").

 

 

       

               Origines du zoonyme Le Myrtil.

   Étienne-Louis Geoffroy a créé en 1762, sous le règne de Louis XV, 48 noms de Rhopalocères dont dix d'entre eux, du n°13 au n° 22 portent un nom lié à la mythologie et aux Belles Lettres : ses numéros 13. Le Silène, 14. Le Tristan, 15. La Bacchante , 16. Le Tircis, 17. Le Corydon, 18. Le Myrtil., 19. Le Satyre., 20 L' Amaryllis, 21. Le Procris, 22 Le Céphale. 

   Avec le Myrtil,  Geoffroy choisit de nous laisser avec les bergers d'Arcadie, cette région mythique de Grèce où un Âge d'or permet aux bergers et aux bergères de jouer de la flûte, de composer des odes et de se faire souffrir les uns les autres les mille tourments délicieux de l'amour pastoral.

    1.  Myrtile, le cocher Myrtilos.

A l'origine, selon Pausanias (Pausanias ou le voyage historique en Grèce, traduit en français.  par l' abbé Geyon en 1781, Livre VIII, la plaine de Phéneon), Myrtile, ou Myrtilos Μυρτίλος n'a rien d'un berger, mais ce fils d' Hermes est l'écuyer (ou cocher) d' Oenomaüs, roi de Pisa en Élide. Les lecteurs d'Apollodore Epitomé II, 1-9  ou de Properce, ou seulement de Wikipédia connaissent l'histoire de ce roi à qui un oracle avait prédit qu'il serait tué par son gendre, et qui était si peu pressé de donner sa fille Hippodamie en mariage qu'il avait fixé aux prétendants une condition : le vaincre sur un parcours hippique qu'il était  lui-même sûr de remporter: L'un de ses atouts, c'était l'adroit Myrtilos  : "Il conduisait les chevaux avec tant d'adresse que sur la fin de la course son maître Onemaüs atteignait toujours ceux qui, pour avoir Hippodamie osaient entre en lice avec lui, et aussitôt il les perçait de son javelot. Myrtil lui-même devint amoureux de la princesse, et n'osant pas disputer contre son maître, continua ses fonctions d'écuyer, mais on dit qu'il trahit Onemaüs en faveur de Pelops après avoir fait promettre à celui-ci qu'il le laisserait jouir d'Hippodamie durant une nuit. Pelops ensuite sommé de lui tenir sa promesse fut si indigné de son audace qu'il le jeta de son navire dans la mer. On ajoute que son corps poussé par les flots sur le rivage fut recueilli par les Phénéates qui lui donnèrent sépulture."  Pausanias ne précise pas que c'est en dévissant l'une des roues du char que le cocher donna la victoire à Pélops, ni qu'il avait exigé outre une nuit d'amour la moitié du royaume de Pelops,  ni enfin qu'il mourût en maudissant sa lignée, ce qui est capital puisque ce sont ces imprécations funestes contre Pélops qui sont à l'origine de tous les malheurs des Atrides.

 Hermes projeta l'image de Myrtilos dans le ciel, où le Cocher figure parmi les constellations, mais son cadavre est rejeté sur la côte d'Eubée, et enterré à Pheneos en Arcadie derrière le temple d'Hermes, où on le vénère comme un héros.

Pris de remords, ou pour calmer le fantôme de Myrtilos, on dit que Pélops décida d'ériger un autel en son nom dans l'hippodrome d'Olympie. Avant chaque course, on faisait des offrandes et les conducteurs de chars lui adressaient des prières, de crainte que son fantôme, connu sous le nom de Taraxippos (du grec taraxis, « confusion » et hippos, « cheval »)  ne vienne terrifier par ses apparitions les chevaux et provoquer des accidents.

 

   Mais de cette tragique histoire, les versificateurs français (ou italiens) n'ont retenu qu'une chose : le tombeau de Myrtil se trouve en Arcadie, donc c'est un berger, beau de surcroît (on lit partout :"le beau Myrtil"), et amoureux forcément. Vous prenez votre lyre, vous troussez un poème, il y faut un berger : ce sera Tircis, ou ce sera Myrtil. Voyez Molière, dans la première entrée de ballet des Amants Magnifiques (Pastorale, sc. 5) où Myrtil est amoureux de Climène, ou dans sa pièce (non achevée) Myrtil et Mélicerte (1699), où  des bergers aux noms de tous les jours, Lycarsis, Eroxéne, Daphnis, Mopse, Nicandre, Acante ou Tyréne entourent l'amoureux de service. Ou bien lisez le Myrtil et Chloé de Claris de Florian, grand auteur de poésie pastorale.

  Bref, au XVIe siècle Myrtile et Hippodamie laissèrent la place à un couple autrement célèbre, celui de  Myrtil et Amaryllis.  Frappez les trois coups de brigadier, levez le rideau, car les voilà qui entrent en scène :

 2. Myrtil et Amaryllis, pastorale tragi-comique.

Il Pastor Fido. 

 « Beautés cessés d’estre cruelles
Vous aurés des bergers fidelles. »

La pastorale  Il  Pastor Fido (Le Berger fidèle), fut composée entre 1580 et 1583 et publiée en 1589 par le poète italien Giovanni Battista Guarini (1538-1612) 

     En 1589, Giovanni-Battista Guarini publie une pastorale en forme de tragi-comédie, « Il Pastor fido » (Le Berger fidèle), composée pour rivaliser avec l’Aminta de Torquato Tasso (« Le Tasse »). Le poème, l'une des œuvres les plus célèbres du XVIe siècle, a fait l'objet de plus d'une centaine de réimpressions ;traduit et diffusé dans toute l'Europe, il fait d'Amaryllis l'héroïne favorite des chansons et des romans et la réplique de Mirtillo à l'acte 1 scène 2 deviendra une chanson célébrissime, "Cruda Amarilli", mise en musique par de nombreux compositeurs de l'époque qui l'inclurons dans leurs livres de madrigaux respectifs : Claudio Monteverdi, Luca Marenzio, Benedetto Pallavicino Giaches de Wert, Sigismondo d'India, Alessandro Grandi, Tarquinio Merula et Heinrich Schütz. Nicolas Chédeville en composera six sonates pour musettes... Haendel en tira un opéra (Il Pastor fido, 1712), qu'il remania en 1734. Jean-Philippe Rameau s'en inspira également pour une cantate, Le Berger fidèle (1728).  

Argument :

Les bergers et bergères de la terre d'Arcadie sont soumis à une malédiction qui les obligent à sacrifier chaque année une jeune fille pour éviter les pires tourments dont les affligent Artémis qui a été un jour offensée. Ayant consulté un oracle pour savoir s'ils pouvaient échapper à ce cruel destin, ils reçurent cette réponse : « Vous ne verrez jamais la fin de vos malheurs, Que l'Amour n'ait uni deux cœurs, Qui descendent tous deux d'une race immortelle et qu'un Berger fidèle et généreux n'ait réparé l'honneur d'une femme infidèle, Par la noble ardeur de ses feux. Montano, prêtre de Diane, et qui descend d'hercule, se sent obligé d'accorder son fils Silvio à la belle Amaryllis, fille de Tityre, qui descend lui-même du dieu Pan. Mais Silvio, qui ne s'intéresse qu'à la chasse, est nullement préoccupé par Amaryllis, tandis que celle-ci, au contraire, est très attirée... mais par le beau berger Myrtil, connu comme le fils de Carino, qui vient de débarquer dans la région et qui l'aime passionnément.

La perfide Corisca aime également Myrtil, et tente de se débarrasser de sa rivale en faisant surprendre les amants lors d'une de leurs rencontres. Ils sont conduits devant le grand prêtre, qui doit selon la loi les condamner à mort. Mais, coup de théâtre, Carino révèle qu'il n'est pas le père, et que Myrtil est le fils de Montano : c'est l'heureux dénouement, Myrtil le « berger fidèle », descendant d'un dieu épouse Amaryllis de sang divin également, et l'Arcadie est délivrée de sa terrible peine.

Parmi les personnages des cinq actes de la tragi-comèdie, on trouve aussi, indice précieux dans mon enquête, outre Myrtil et Amaryllis, les noms de Corydone et d'un vieil homme nommé Satyre (Satire et Coridon dans la traduction de Pierre du Marteau). Soit les numéros 17 à 20 des papillons de Geoffroy.  

Dans l'esprit des beaux esprits du XVIIIe siècle comme Geoffroy et ses lecteurs, Amaryllis et Myrtil, comme Procris et Céphale, étaient des noms aussi unis que, pour nous, Roméo et Juliette.

 

 

La première traduction en français fut donnée par Roland Brisset en 1593 Le Berger Fidelle, Pastorale, de l’Italien du Seigneur Baptiste Guarini Chevalier, à Tours, chez Jamet Mettayer Imprimeur Ordinaire du Roy, 1593.  (Autres rééditions: Paris, 1598, Rouen 1600 , 1609 ; Paris, 1609 bilingue, 1610 , 1622 , Rouen 1625 , Rouen 1648 )

En 1623 paraît la deuxième traduction d’Antoine Giraud, à Paris, chez Claude Cramoisy.

En 1637, de la troisième traduction due à Antoine de Bueil  à Paris, chez Augustin Courbé.

Quatrième traduction en 1652,  due à Léonard de Marandé chez Preuveray.

Cinquième traduction du Pastor Fido est due en 1664 à l’abbé de Torche.

En 1677, traduction édité chez Pierre du Marteau à Cologne (Google books)

Guarini  inspire à Haendel  son opéra en trois actes Il pastor fido est un opéra en trois actes dont la Première fut jouée en 1734.

Le Chevalier Simon Pellegrin crée en 1726 sous le titre Le Pastor-Fido  sa "Pastorale heroïque en trois actes, Précedez d'un Prologue". La pièce fut jouée par les Comédiens Français.

Myrtil apparaît encore dans la cantate Le Berger fidèle de Jean-Philippe Rameau composée vers 1728.


 

La Guirlande de Jean-Philippe Rameau, 1751.

Sous le titre de La Guirlande, Rameau compose en un acte de ballet une autre adaptation du Berger fidèle qui sera créé en 1751. Comme elle précède de peu la date de parution de L'Histoire abrégée des insectes de Geoffroy, on peut penser qu'elle joue un rôle important dans son inspiration : j'en présenterai l'argument (Wikipédia), pour noter qu'on y rencontre Amaryllis:

  "Les amants Zélide et Mirtil ont des guirlandes de fleurs magiques qui ont la propriété de rester fraîches et vertes tant qu'ils restent fidèles l'un à l'autre.

Mais Mirtil courtise Amaryllis et sa guirlande commence à se faner puis se dessèche. Regrettant son infidélité, il dépose sa guirlande sur l'autel de l'Amour dans l'espoir que le Dieu la fera reverdir et refleurir et qu'il lui préservera l'amour de Zélide. Mirtil parti, Zélide trouve sur l'autel la guirlande de son amant et l'échange avec la sienne qui est restée fraîche.

Retournant à l'autel de Cupidon, Mirtil y retrouve une guirlande fraîche, qu'il croit la sienne. Il loue le Dieu et va retrouver Zélide pour trouver celle-ci en possession d'une guirlande fanée. Il se refuse pourtant à admettre que sa bien-aimée ait pu le tromper, lui pardonne alors qu'elle lui apprend le stratagème : elle lui pardonne aussi.

Les guirlandes retrouvent leur fraîcheur, et les deux amants célèbrent leur amour."

 

 On voit donc Mirtil et Amaryllis réunis dans La Guirlande de Rameau, Myrtil côtoyer Tyrcis dans Les Amants magnifiques de Molière. Geoffroy, dans le choix de ses noms de papillon, ne s'est pas préoccupé, comme l'était Linné, de puiser dans Homère, Virgile et Horace ses zoonymes ; c'est surtout à la littérature pastorale française du XVII et XVIIIe siècle qu'il rend hommage  et aux œuvres théâtrales et musicales qu'elle inspire. Certes, elle emprunte le nom de ses bergers et bergères aux antiques grecs et latins, mais, à travers la Renaissance italienne, elle parle surtout de la vogue des idylles, pastorales et églogues commence au XVIe siècle avec Clément Marot, Maurice Scève, Ronsard, Honoré d’Urfé, et qui s'épanouit au XVIIe.

  Mais comment prouver qu'Étienne-Louis Geoffroy était amateur de ces pastorales ? Ai-je son ticket d'entrée à l'Opéra (Académie Royale de Musique) pour écouter Rameau ? En 1751, il avait 26 ans.  Non, mais je dispose du catalogue de bibliothèque de son père Étienne-François Geoffroy (1672-1731), décédé lorsqu'il avait 6 ans. On y trouve Il Pastor Fido di Batt. Guarini,  Amsterdam 1654. Mais ce titre, ou les adaptations, ne se trouvent pas dans la bibliothèque ou de son oncle Claude-Joseph (1685-1752), qui l'éleva. 

 Geoffroy choisir ses noms dans le répertoire de la littérature ou des spectacles de son siècle. Sa culture est celle d'un médecin pétri (comme Linné, ou comme tous les médecins, tous les hommes cultivés de son temps) de culture grecque et latine, récitant sans peine Horace et Virgile, et son Histoire abrégée des insectes commence, juste en dessous du titre, par une citation de la 4eme Géorgique de Virgile, admiranda tibi levium spectacula rerum, "je te chanterai le spectacle admirable des petites créatures".

 

 Là encore, si je consulte la bibliothèque de Geoffroy père, je trouve, outre un Horace, quatre éditions de Virgile:

Virgilius, ex emendat. Theod. Pulmanni, Amst. 1637.

Virgilius, cum notis TH. Franabii. Amst. Blaeu, 1650.

Virgilius, per Jo. Ogilvium editus. Lond. 1663.

Virgilius, cum interpret. & notis Car. Ruaei, ad usum Delphini. Paris, 1682.

 La bibliothèque de l'oncle Claude-François [en ligne ici] est encore plus riche, avec trois Virgile en latin, quatre en latin-français, et un volume de commentaires.

 

 

   Le Corydon

 C'est le papillon qui vient dans l'ouvrage de Geoffroy  juste après le Tircis, en toute logique puisque Corydon est le berger qui, dans la septième Églogue de Virgile, affronte Thyrsis dans un duel poétique. 

 Le nom a été choisi, je l'ai signalé, par Linné dans sa première édition de Fauna suecica de 1746.

 Son nom vient du grec κόρυδος korudos, "alouette huppée".

  a)  Corydon apparaît pour la première fois dans la littérature chez le poète bucolique grec Théocrite, de Syracuse, dans sa IVe Idylle. Corydon s'entretient avec Battus, le console de ses chagrins, lui ôte une épine du pied, tout en surveillant ses brebis. Il est selon Carault 1897 "un paysan naïf et maladroit, fort mauvais musicien" 

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Il lui apprend la sagesse :

Songe, quand tu gémis, qu'un lendemain s'avance,

Couronné de plaisirs, de fleurs et d'espérance,

Ici bas tout finit, et le ciel tour à tour,

Nous verse les frimas et nous donne un beau jour !

 

b) Corydon est aussi un berger de la Deuxième Églogue du poète bucolique latin Virgile. Riche propriétaire de troupeaux de moutons et de chèvres, il est amoureux d'Alexis ("protection"), un esclave de Iollas, propriétaire urbain. Il a jadis aimé Amaryllis, puis, rebuté avec dédain, il l'a abandonnée. 

"O cruel Alexis, tu dédaignes mes chants, tu n'es point touché de ma peine; à la fin, tu me feras mourir. Voici l'heure où les troupeaux cherchent l'ombre et le frais; où les vertes ronces cachent les lézards; [2,10] où Thestylis broie l'ail et le serpolet odorants, pour les moissonneurs accablés des feux dévorants de l'été. Et moi, attaché à la trace de tes pas, je n'entends plus autour de moi que les buissons qui retentissent, sous un soleil ardent, des sons rauques des cigales. Ne m'eût-il pas été moins dur de supporter les tristes colères [2,15] et les superbes dédains d'Amaryllis? […][2,45] Viens, ô bel enfant! Voici les nymphes qui t'apportent des lis à pleines corbeilles; pour toi une blanche naïade cueillant de pâles violettes, les plus hauts pavots, et le narcisse, les joint aux fleurs odorantes de l'anet; pour toi entremêlant la case et mille autres herbes suaves,[2,50] elle peint la molle airelle des couleurs jaunes du souci. Moi-même je cueillerai les blanches pommes du coing au tendre duvet, et des châtaignes, qu'aimait mon Amaryllis: j'y joindrai la prune vermeille; elle aussi sera digne de te plaire. Et vous aussi, lauriers, myrtes si bien assortis, je vous cueillerai, [2,55] puisqu'ainsi rassemblés vous confondez vos suaves odeurs. Tu es sot, Corydon; Alexis ne veut pas de tes présents" 

  Dans la Septième Églogue, Corydon, tout à son avantage, affronte Thyrsis dans une joute poétique dont le beau et jeune Daphnis est le juge. Il triomphe, et Virgile en fait un maître de poésie, représentatif de l'esthétique virgilienne. 

 

  Il est donc amusant, en suivant Corydon à travers les églogues virgiliennes, de rencontrer deux autres noms de papillons, Amaryllis et Thyrsis. 

 

    N.B Il existe aussi un lycène, Lysandra coridon (Poda, 1761), qui fut aussi nommé Polyommate corydon, Lycaena corydon, c'est notre Argus bleu-nacré.

 

 

 

 


Liens et sources.

— Site Funet


— Inventaire National du Patrimoine Naturel du Muséum d'Histoire Naturelle, Myrtil.

 

Images : voir les superbes dessins de Hübner:

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr 26http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/69604#/summary 

 

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DAVE (Charles William) 1890 The history of our British butterflies containing - a full bibliographical note of each species, with copious extracts from the old authors; and full descriptions of all the British species, their eggs, caterpillars, chrysalides and varieties, with a notice of their habits, localities, frequency,  J. Kempster : London 1890 BHL library.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013.

 Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. 

  http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

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— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

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  — FABRICIUS (Johann Christian) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

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— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

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— KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

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 http://www.biodiversitylibrary.org/item/53843#page/11/mode/1up

— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

— MACLEOD (Roderick Donald) Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres 1959.

— MOFFET (Thomas) Insectorum, sive, Minimorum animalium theatrum.  Londini : Ex officin typographic Thom. Cotes et venales extant apud Guiliel. Hope, 1634.  BHL.

— OBERTHÜR (Charles), HOULBERT (Constant), Faune entomologique armoricaine. Lépidoptères. Rhopalocères, Rennes : Imprimerie Oberthür 1912-1921, 258 pages.


— PERREIN (Christian) 2012 , Biohistoire des papillons, Presses Universitaires de Rennes 2012.

— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 

— RÉAUMUR [René-Antoine] de Ferchault 1734-1748 Mémoires pour servir à l'histoire des insectes   Paris : Imprimerie Royale, 6 volumes, de 1734 à 1748 [un 7e, copie du manuscrit original, paraîtra en 1928], 267 planches gravées par Simoneau, Lucas, Haussard et Fillioeul. En ligne BHL.  Voir aussi VALLOT J.N. 1802.

— SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

 

— SCUDDER, S. H. 1875. "Historical sketch of the generic names proposed for Butterflies: a contribution to systematic nomenclature". Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, 10: 91-293. http://biodiversitylibrary.org/page/3076769#page/269/mode/1up

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— SOUVESTRE (Émile), 1836  Voyage dans le Finistère par Jacques Cambry, revu et augmenté par- : "Tableau systématique des lépidoptères qui se trouvent dans le département du Finistère" par  [(Hesse et) Le Borgne de Kermorvan] Brest : Come et Bonetbeau, 1835 page 165

— SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

—SPULER  (Dr Arnold), Die Europas Schmetterlinge, 1901-1908. Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL:http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

— TOLMAN (Tom), LEWINGTON (Richard), Guide des papillons d'Europe et d'Afrique du Nord, traduction et adaptation française Patrick Leraut,  Paris : Delachaux et Niestlé 1999 et 2009, 384 pages.

— VALLOT J.N. Concordance systématique, servant de table de matières à l'ouvrage de Reaumur, Paris : Grégoire, Thouvenin, 1802. En ligne Google books.

  — VILLERS (Charles de) 1789 Caroli Linnaei Entomologia, faunae Suecicae descriptionibus aucta : DD. Scopoli, Geoffroy, de Geer, Fabricii, Schrank, &c., speciebus vel in systemate non enumeratis, vel nuperrime detectis, vel speciebus Galli australis locupletata, generum specierumque rariorum iconibus ornata; curante & augente Carolo de Villers .. Lyon : Pietre et Delamollière, (1789).https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.

      Liste complète des références des auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

 Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Godart BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :  http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Latreille et Godart 1819 :   http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné  S.N  http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

Linné Fauna suecica 1743 :

Linné Fauna suecica 1761 : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/46380#/summary

http://books.google.fr/books?id=Jps-AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=elinguis&f=false

Linné, Mantissa plantarum   http://bibdigital.rjb.csic.es/spa/Libro.php?Libro=947&Pagina=545

Moffet :    http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/60501#/summary

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rottemburg : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologiacarniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaer : http://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

   

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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