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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 23:06

Zoonymie (étude du nom) du papillon Le Grand Mars changeant Apatura iris (Linné, 1758).

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónomaὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

 

Résumé. 

Apatura : Fabricius, 1807 : selon la règle qu'il s'est donnée pour ses noms de genre de papillons diurnes, Fabricius choisit celui-ci dans la liste des épithètes de Vénus. Selon Strabon, Aphrodite (Vénus) était vénérée dans son temple de la ville du Bosphore Phanagoria sous ce nom d'Apatura, du grec απατη apates, "tromperie, ruse". En effet, la légende voulait que, assaillie par des Géants, la déesse les invita à la rejoindre, un par un, dans une grotte. Alliant à ses appâts la rouerie, la coquine avait d'abord caché Hercule dans la grotte, lequel les tuait chacun leur tour. 

— Iris est la messagère des dieux de la mythologie grecque et la personnification de l'arc-en-ciel. Linné, qui choisit ce nom en 1758, le reprit du Museum Richterianum (1743) de Hebenstreit. Dans cette publication, ce nom latin est accompagné des noms vernaculaires "le Changeant : der Regenbogenfarbiate Schmetterling" [Le Papillon Arc-en-ciel]. Alors que Linné ne crée jamais de nom qui qualifie les caractéristiques d'une espèce, ce nom d'Iris qualifie donc les iridescences ou le chatoiement de couleur des ailes du mâle.

 

—Les noms vernaculaires français ont été successivement Le Changeant ; le Mars (Geoffroy 1762), sans-doute en l'honneur de l'amant de Vénus dans la mythologie,  lorsqu'une seule espèce d'Apatura avait été décrite. En 1779, le R.P. Engramelle nomme le mâle "Grand Mars changeant"  la femelle étant appelée "Grand Mars non changeant" puisqu'elle ne présente pas le chatoiement caractéristique. Une variété est nommée Le Mars Bleu-foncé changeant. Godart le baptise "Nymphale iris", puis "Nymphale Grand-Mars". En 1986, Luquet consacre officiellement le nom de "Le Grand Mars changeant".  Le nom anglais "Purple Emperor" (Wilkes, 1742) honore la grande taille et le goût tout impérial pour les cimes, ainsi que la couleur violet. Le terme allemand "Schiller" signifie "chatoyant".

— Les premières descriptions de l'espèce  iris datent de 1704 par Petiver et 1710 par Ray, après des observations en Grande-Bretagne dans l'Essex.Puis viennent les descriptions de Hebenstreit 1743 (Museum richterianum), Roesel 1746, Wilkes 1742. Linné lui donne son nom spécifique en 1758, mais on ne connait alors qu'une seule espèce sous laquelle on confond A. iris et A. ilia. En 1775, Denis et Schiffermüller décrivent A. ilia, le Petit Mars changeant, ainsi qu'une forme de A. iris aux ailes dépourvues de marques blanches, la forme Iole. Quand au genre Apatura de Fabricius, il n'entre réellement en vigueur qu'en 1831 avec  la publication de Curtis. La plante-hôte que Linné avait mentionné était le chêne, mais dès 1775 cette erreur est redressée au profit du saule. La chenille et sa chrysalide ont été décrites par Harris en 1775. Curtis en 1831 et Duponchel en 1849 en donnent de bonnes illustrations. 

 

 

 

   "Anyone mistaking Purple Emperor for Purple Hairstreak

should give up butterflying altogether and take up ironing."

"Ceux qui confondent Purple Emperor et Purple Hairstreak [Thécla du chêne] doivent renoncer à observer les papillons pour s'adonner au repassage !"

(site the purple empire des fêlés du Grand Mars changeant)   

 

 

         I. Nom scientifique.


1. Famille et sous-famille.

Nymphalidae, Apaturinae.

a) la Famille des Nymphalidae Rafinesque 1815. (fr. Les Nymphalides, angl. Brush-footed Butterflies).

 Rafinesque, C.S. 1815: Analyse de la nature, ou tableau de l'univers et des corps organisés. Palerme. L'Imprimerie de Jean Barravecchia. en français, 224 pp page 127. "Les Nymphales, quatre pattes droites, quatre pattes ambulatoires". Les Nymphales sont, pour Rafinesque, une Sous-famille de la famille Ropalocera ; elle comporte alors 23 "genres".

  Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) est un naturaliste et un archéologue américain d'origine franco-germano-italienne, qui a passé son enfance à Marseille avant de s'installer à Palerme comme herboriste. puis à Philadelphie. 

  Ce grand collectionneur en histoire naturelle s'intéresse à la zoologie, la botanique, la malacologie, la météorologie et la littérature ainsi qu'à la théorie de l'évolution. Grand admirateur de Linné, nom dont il prénomme son fils, il débute son Analyse de la nature par cette dédicace : "La nature est mon guide, et Linnaeus mon maître".

  Cette famille comporte actuellement 13 sous-familles.

 Son nom vient de Nymphales, nom de la quatrième phalange de la nomenclature de Linné, aux ailes dentelées (alis denticulatis) et divisée en gemmati (ailes ocellées) et phalerati (ailes ornées). Le nom est dérivé du grec ancien νύμφη / númphê, « jeune fille » et désigne dans la mythologie grecque les divinités féminines de la nature, généralement considérées comme les filles de Zeus et du Ciel, remarquablement belles, et qui peuplaient la plupart des lieux naturels: forêts et bois, vallées fertiles et bocages, sources et rivières, montagnes et grottes…   

 

 b) Sous-famille des Apaturinae Boisduval, 1840. Les Apaturines, les Mars.

— Jean-Alphonse Boisduval, Genera et index methodicus Europaeorum lepidopterorum, Roret ; Paris, 1840, page 24 :  VIII. Tribu Apaturides.  Deux genres, Charaxes (C. Jasius) et Apatura (A. Iris et A. Ilia).


Larvae inermes, postice sensim attenuatae, capite tantum spinoso, ano atenuatae. Chrysalides sub-angulato-compressae vel angulato-rotundatae. Pedes quatuor gressorii. Areola alarum posticarum aperta. Volatus nobilis, velificans.

Cette sous-famille ne renferme aujourd'hui qu'un seul genre en Europe (Funet, Fauna Europaea), le genre Apatura. Ce genre était décrit ainsi par Boisduval :

Larvae capite-bi-spinoso, ano bi-mucronato. Chrysalides lateraliter compressae, dorso-carinato, capite bifido. — Antennae in clavam fusiformem sensim crescentes. Palpi conniventes, basi sub-distanres, capite longiores, piloso-squamati ; articulo ultimo acuto, sub-inflexo. Alae postica subtus ad angulum ani ocellatae. Statura major, robustior.

Dale explique que ce groupe [il en fait une famille] a été distingué, parmi les Nymphalidés, pour leurs chenilles qui sont sans épines et ressemblent à des limaces.

 

 

 

2. Nom de genre : Apatura Fabricius, 1807 .

    Les Mars ; The Emperors  ;Schillerfalter ; Haïveperhoset .

a) Description originale : 

  Apatura, Fabricius, 1807; "Systema Glossatorum", in Illiger K, Die neueste Gattungs,     "Einstheilung der Schmetterlinge[...]",   Magazin für Insektenkunde  Braunschweig [Brunswick] 6 page 280.  

— Type spécifique du genre :    Papilio iris Linnaeus sélectionnée par Curtis, 1831.

Description par Fabricius : classification basée sur les pièces buccales.

Taster zwei, mittelmässig, zottig, dreigliedrig : zweites Glied sehr lang, vor der Spitze mit einm Haarbüschel, dritter, kegelförmig, flach gedrükkt. Fühler geknopft, Kolbe fein walzenförmig. (Putzfüsse)  Pap. Iris, Bolina, Alimena. 14 Art .  

 — caractères du genre :

      "Grands et beaux papillons dont les mâles montrent de forts reflets bleus ou violets dus à la structure des écailles couvrant le dessus des ailes. Les femelles sont dépourvues de reflets et ont des taches blanches ou orange plus étendues. Les mâles viennent boire sur le sol humide le matin et passent le reste de la journée autour des frondaisons des arbres. Les œufs sont déposés isolément sur le bord des feuilles de saules ou de peupliers. Les chenilles nées en fin d’été hibernent quand elles sont encore très petites sur un rameau, sans aucune protection" (Papillons d'Europe Tristan Lafranchis)

 

 

Ce genre Aricia comporte en France 2 espèces (Dupont et al. 2013):

  • Apatura iris (Linnaeus, 1758). "Grand Mars changeant".
  •  Apatura ilia ([Denis & Schiffermüller], 1775). "Petit Mars changeant".  

Gérard Luquet en 1986  y ajoutait Apatura metis, Freyer 1829 ou "Mars Danubien" et la sous-espèce A. Ilia f.i. clytie D & S., "le Mars orangé".

 

 

— Étymologie du nom 

 

1. Selon les étymologistes en entomologie :    

  —  A.M. Emmet (1991) page 150 :

The name are puzzled authors and may be another of Fabricius' trick name like Zygaena, Lycaena, etc. It was set up as a family name for all the emperors, but the new species is the one most likely to have influenced its derivation. Spuler is probably right in supposing that the main source  is απαταω (apatao), "to deceive", from the deceptive structural colour of the male upperside ; to account for the terminaison -ura, he suggest that it is compounded with ουρα , (oura), a tail, from the slightly elongate, but no fully tailed, tornus of the hindwing. Pickard et al. followed by Macleod, consider that it is an adaptation of Aπατουρια (Apatouria) "a surname of Venus which she obtained from a trick (απατη, apaté) that she played on some Giants". Apaturia was also a tittle of Athena  and a three-day festival celebrated annually in her honour at Athenes was called the Apaturia. Several of these ideas may have been in Fabricius' mind, but the dominant theme seems to be that of deception".

 -Trad. ce nom a rendu les auteurs perplexes et il est peut-être l'un des noms farceurs de Fabricius comme Zygaena et Lycaena, etc. Il avait été établi comme le nom d'une famille pour tous les Empereurs,  mais la nouvelle espèce est la plus susceptible d'avoir influencé sa dérivation (?). Spuler a probablement raison de supposer que la source principale est απαταω ( apatao ) , " tromper " , en relation avec le caractère trompeur de la couleur de la face supérieure mâle ; pour rendre compte de la terminaison -ura , il suggère qu'il est dérivé de ουρα , ( oura ) , "une queue", pour l'aspect un peu allongé , mais pas entièrement caudé, du tornus de l'aile postérieure. Pickard et al. suivi par Macleod , considèrent qu'il s'agit d'une adaptation de Aπατουρια ( Apatouria ) " surnom de Vénus qui elle a obtenu d'un tour ( απατη , Apate) qu'elle a joué à des Géants " . Apaturia était aussi un titre d'Athéna, et une fête de trois jours célébrée chaque année en son honneur à Athènes a été appelé l'Apaturia. Plusieurs de ces idées ont peut-être pu exister dans l'esprit de Fabricius , mais le thème dominant semble être celui de la tromperie" 

— Spuler (1903-1910) page 13 :

Von απαταω und αονρα einen Schwanz vortäuschend, wegen der geringen Hervorragung an den Hinterflügeln ? Oder von  απαταω täusche, wegen der je nach der Beleuchtung wechselnden Färbung [Schiller]?

  -Trad. De απαταω et  αονρα  "un semblant de queue"  en raison de la petite protubérance sur les ailes arrières? Ou de απαταω, "trompé" en raison des variations de coloration  en fonction de l'éclairage  [Chatoyer]?

— Janssen (1980) page 39 :

apatein, bedriegen, nl. de kleuren.

  -Trad. : Du verbe grec apatein "tricher, tromper" par allusion aux couleurs.

— Ramann (1870-1876) page 48 :

Apaturidae : Apaturos war eine Stadt und in derselben ein Tempel des Venus, also sind apaturiden der Venus geweihte Falter.

Apatura : Dieses Geschlecht Apatura sind also der Venus geweihte Schmetterlinge und wenn die Dame wie im grauen Alterthum, und wenn auch, wie beim Aeneas, in einen Nebelschleier gehüllt zu uns aus ihren himmlischen Räumen herabsteigen wollte, würde sie diese Weihegabe der Apaturen, der Schillerfalter, gewiss mit graziösem Lächeln entgegennehmen.

  -Trad. : Apaturidae: Apaturos était une ville et, dans celle-ci un temple de Vénus, donc les Apaturidés sont des papillons  consacrée à Vénus. 

   Apatura Ce genre Apatura est, de même, dédié à Vénus et quand la Dame [?? qui dans la haute antiquité, et même si, comme dans Énée, voudrait descendre de ses espaces célestes pour nous envelopper dans un voile de brume, serait ce oblation de Apaturen, l'empereur pourpre , certainement accepter avec le sourire gracieux.]

 

— Sodoffsky (1837) p. 81:

Richtiger Apaturia, ein Beiname des Venus, die Listige. Von απατη, List, die sie anwandte, um einige Giganten in die Gewalt des Hercules zu bringen.

    -Trad.  Plus exactement Apaturia, une épithète de Vénus, la Rusée. De απατη, "la ruse" qu'elle utilisa pour triompher de quelques géants de la puissance d'Hercule.

 

— Glaser (1887) page 121 :

Von απαταω, täusche u. οὑρἁ Leunis, nach diesem, sowie Sodoffsky und Krafft : statt Apaturia, die "Listige", Beiname der Venus, von απαταω,  aber auch Oktoberfest der Athener zu Ehren des Hephästos !.

 -Trad. De απαταω, "tromper" et οὑρἁ Leunis, d'après ce dernier, ainsi que Sodoffsky et Krafft: à la place de Apaturia, la "rusée", épithète de Vénus, de απαταω, mais aussi fête d'Octobre des Athéniens en l'honneur d'Héphaïstos!.

  — Dale (1890) page 119 :

Apatura, a surname of Vénus, which she obtained from a trick she played on some giants. Strabo, XI, 757.

Apatura, surnom de Vénus, qu'elle obtint d'un tour qu'elle joua à quelques géants. Strabon, XI, (page) 757.

— Spannert (1888) page 31 :

πατος patos Weg. aber auch thierischer Koth. In dieser Bedeutung bei Nicander Alexipharmaca ; ούρέω uréo bewache οὖρϛ uros Wächter, das vorgesetzte α ἐπιτατικὀν epitaticon, auch intensivum genannt, welches also den Sinn des Wortes verstärkt. Die Sucht der gattung nach dem genusse des thierischen Kothes ist bekannt ; man kann leicht eine größere Anzahl der Falter zugleich mit einem Netzschlage überdecken, wenn die sonst so scheuen und gewandten Flieger an ihrer bevorzugten Speise saugen. Leunis hat abgeleitet  απαταω täusche, oder οὐρά Schwanz.

  -Trad. : "patos πατος façon. mais également "excrément des animaux". Nicandre*  l'emploie dans ce sens dans son Alexipharmaca : ούρέω uréo "qui gardaient" οὖρς uros, "gardes"  [, le supérieur α ἐπιτατικὀν epitaticón, aussi appelés intensivum**, de sorte que renforce le sens du mot]. L'attirance de l'espèce envers les excréments d'animaux est connue, qui peut facilement observer ensemble un grand nombre de papillons habituellement très timides, en train d'aspirer leur nourriture préférée. Leunis donne απαταω "tromper"  ou οὐρά "queue"."

* Nicandre de Colophon, 2e siècle av. J.C., dont l'Alexipharmaca peut se lire en ligne. Ses 630 hexamètres traitent des poisons et de leurs antidotes.

**intensivum : particules grecques appelées "prépositions" servant, comme dans le -'a- grec, à augmenter la signification du mot au début duquel elles sont placées.

 

 

— Hans A. Hürter (1998) page 188-190 : je ne donnerai que la conclusion.

Deutung : Der Erstbeschreiber dieser Gattung heißt bei F.W II und bei Hemming Fabricius, bei Spuler Ochsenheimer. Beide hatten ihrem damaligen Bildungsstand gemäß gute Kenntnisse der Antike. Sie haben zwar nicht hinterlassen, was sie zu der Namensgebung beflügelte, aber es darf durchaus angenommen werden, daß auch in diesem Falle die Namenwahl willkürlich war, unabhängig vom Aussehen oder verhalten der tiere dieser Gattung. Es ist unwarscheinlich, daß Fabricius oder Ochsenheimer auf so undeutliche Weise wie Apatura den Begriff "einen Schwanz vortäuschend" ausdrücken wollte, vielmehr darf vermutet werden, daß der Beiname der Athene bzw. Aphrodite Apaturia maßgebend war und das i entweder mit Absicht oder durch Übertragungsfehler entfiel. Demzufolge ist weder die Erklärung Spulers noch die Janssens einleuchtend : die Auslegung Ramann is zwar romantisch schön, aber nicht treffend. Da erscheint Glaser mit dem Beinamen der Venus/Aphrodite schon eher glaubhaft, nur weiß man über das "Oktoberfest zu Ehren des Hephästos" recht wenig. Bei Pauly heißt es lediglich : "pflegten die Athener am Apaturienfeste Fackeln am Herde anzuzünden und in Prachtgewändern dem Hepaistosopfer mit einem bestimmten Festtage der Apaturien in Verbindung zu bringen" (Pauly 2. Halbbd. 1894.S.2678). Spannert unternimmt den untauglichen Versuch, den Namen mit dem Verhalten der Tiere dieser Gattung in Verbindung zu bringen ; das Ergebnis ist entsprechend. Sodoffsky hingegen ist auf der richtigen Fährte, nur seine Übersetzung "die Listige" kann  so wörtlich nicht hingenommen werden. Mit größter Wahrscheinlichkeit ist mit Apatura der Beiname der Aphrodite (oder Athene) gemeint.


Trad/charabia : Le premier à décrire ce genre est , en FW II et Hemming Fabricius dans Spuler Ochsenheimer . Tous deux avaient leur ancien niveau de l'éducation , conformément à une bonne connaissance de l'antiquité . Bien que vous n'avez pas quitté ce qu'ils s'inspirent de l'appellation , mais il peut très bien supposer que le choix du nom était arbitraire dans ce cas , quelle que soit l'apparence ou le comportement des animaux de ce genre . Il est improbable que Fabricius ou Ochsenheimer aient voulu exprimer cette piste si vague que Apatura le terme « une queue semblant " a  , mais on peut supposer que l'épithète d'Athéna ou Aphrodite Apaturia a été décisive et que la lettre -i- soit absente  soit à dessein ou par des erreurs de transcription . L'interprétation de Ramann est en effet romantique, mais pas au point: En conséquence, ni l'interprétation de Spuler ni celle de  Janssens ne sont claires.  Glaser apparaît déjà plus crédible avec le surnom de Vénus / Aphrodite, mais  ce que nous savons à propos de l' "Oktoberfest en l'honneur d'Héphaïstos" rend cela beaucoup mooins crédible. Pauly indique simplement que «les Athéniens avaient coutume  lors des fêtes des Apaturies d'utiliser des torches pour allumer le foyer et d'apporter la splendeur des robes du Hepaistosopfer avec certains jours fixes de Apaturien dans le cadre" (Pauly 2 Halbbd 1894.S.2678.). Spannert entreprend la vaine tentative  de rapprocher le nom  avec le comportement des animaux de ce genre, et le résultat est similaire. Sodoffsky est en effet sur ​​la bonne voie, bien que sa traduction de "List" ne peut pas être pris si littéralement. Très probablement, on entend par Apatura l'épithète d'Aphrodite (ou Athéna).

 

—Doux et Gibeaux (2007) : 

Apatura : probablement dérivé du grec apatao, "décevoir", "tromper", par allusion au reflet bleu évanescent des ailes supérieures du mâle : le suffixe -ura (du grec oura, "queue") ferait allusion à l'aspect "caudé" de l'angle anal des ailes postérieures (selon Spuler,1903-1910). D'après d'autres auteurs (Pickard & al., puis Macleod), Apatura pourrait être une transcription d'Apatouria, une épithète que Vénus avait reçue pour avoir joué un tour (en grec apate) à quelques géants.

 

— Perrein et al. (2012). 

      Étymologie obscure, comme plusieurs noms donnés par Fabricius (Colias, Lycaena, Zygaena), qui aime les jeux de mots. Apatouria, du grec apataô, "tromper, décevoir", et oura, "queue" est une épithète de Vénus lorsqu'elle joue aussi un tour -apatê- aux Géants, allusion aux reflets bleu-violet trompeur du mâle? Apaturia est également un titre d'Athéna, la fille de Zeus et de Métis, ainsi que le nom des festivités données en l'honneur de la déesse guerrière et protectrice.

 

Discussion étymologique.

      Remarques préalables.

a) Emmet (1991) éprouve souvent des difficultés avec les noms de genre de Fabricius, qu'il soupçonne toujours a priori d'être un farceur, ce qui complique son interprétation.

b) Les auteurs français Doux et Gibeaux (2007) et Perrein (2013) reprennent, presque littéralement, l'analyse d'Arthur-Maitland Emmet (1991) , mais Gibeaux ne méprend sur le sens du verbe anglais to deceive qu'ils traduit par "décevoir" alors que ce faux-ami signifie "tromper, illusionner". [Wiktionnaire :"Du moyen anglais deceyven, issu de l’ancien français deceivre (« tromper, trahir »), lui-même issu su latin decipere (« tromper, duper »)] .

 

L'origine de ce nom semble sans-doute plus simple aujourd'hui, et, avec l'appui des moteurs de recherche , et des déclarations de Fabricius sur ses noms de genre, il est possible d'affirmer qu'il désigne une épithète de Vénus, et que les autres pistes peuvent être abandonnées.

  En effet, comme je l'ai signalé à chaque fois que la zoonymie amène à étudier un nom de genre créé par Fabricius, nous savons que ce dernier a cherché à décerner (dans la majorité des cas) une épithète de la déesse Vénus/Aphrodite aux genres des papillons diurnes, et une épithète de Diane/Artémis aux genres de papillons nocturne. C'est donc un postulat de départ, face à un genre de rhopalocère créé par Fabricius, de le comparer à la liste des épithètes (plus justement des épiclèses) de la déesse de l'amour. Or, on la trouve chez Strabon, Géographie Livre XI, 2,10 :

En grec : §10 Ἔστι δὲ καὶ ἐν τῇ Φαναγορείᾳ τῆς Ἀφροδίτης ἱερὸν ἐπίσημον τῆς Ἀπατούρου· ἐτυμολογοῦσι δὲ τὸ ἐπίθετον τῆς θεοῦ μῦθόν τινα προστησάμενοι, ὡς ἐπιθεμένων ἐνταῦθα τῇ θεῷ τῶν γιγάντων ἐπικαλεσαμένη τὸν Ἡρακλέα κρύψειεν ἐν κευθμῶνί τινι, εἶτα τῶν γιγάντων ἕκαστον δεχομένη καθ' ἕνα τῷ Ἡρακλεῖ παραδιδοίη δολοφονεῖν ἐξ ἀπάτης.

[Je surligne Aphrodite et Apatouros ; il s'agit bien-sûr ici d'Aphrodite grecque et non de Vénus latine]

Traduction : §10. Mais pénétrons dans le Corocondamitis, nous y rencontrons successivement Phanagorée, ville de grande importance, Cépi, Hermonasse, et le temple d'Apaturum consacré à Vénus. De ces différentes localités, il en est deux, Phanagorée et Cépi, qui sont situées dans l'île dont nous venons de parler tout de suite à gauche de l'entrée du Corocondamitis ; les autres sont à droite, au delà de l'Hypanis, dans la Sindiké où se trouvent aussi, sans parler de la résidence du roi des Sindi située tout près de la mer, Gorgipia et Aboracé. Comme les habitants de ces localités sont soumis aux rois du Bosphore, on leur donne à tous le nom de Bosporani. Mais les Bosporani d'Europe ont Panticapée pour capitale et ceux d'Asie [Phanagoria ou] Phanagorium (ce nom a les deux formes). Phanagoria paraît être l'emporium ou marché des denrées apportées du Palus Maeotis et des pays barbares situés au-dessus, comme Panticapée est celui des marchandises qui arrivent du côté de la mer. Phanagoria possède aussi un temple célèbre de Vénus Apaturos. Voici comment on explique l'épithète Apaturos jointe au nom de la déesse : on prétend d'après je ne sais quel récit des mythographes que Vénus, se voyant assaillie en ces lieux par les Géants, aurait appelé Hercule à son aide, l'aurait caché au fond d'une caverne, puis, donnant accès à chacun des géants l'un après l'autre, les aurait tous ainsi au fur et à mesure livrés par traîtrise (ex apatês) aux coups d'Hercule (http://remacle.org/bloodwolf/erudits/strabon/livre112.htm trad. Amédée Tardieu, 1867, Hachette). Texte en grec et latin ici page 424.

 Il est inutile d'aller plus loin : l'épithète est bien attestée pour la déesse Vénus, par un auteur grec de référence. 

Si on souhaite néanmoins pousser d'avantage l'analyse, il ne sera pas difficile de montrer que cette information était  disponible pour Fabricius au début du XIXe siècle, et que l'une des formes employées étaient bien Apatura. En effet, le moteur de recherche interrogé avec les mots Vénus-apatura dans le fenêtre de dates 1700-1805 indique de nombreux auteurs faisant mention de cette "Vénus apatura". La principale, car elle est rééditée sous différents titres et différentes langues (français/allemand/néerlandais/anglais) ce qui témoigne de sa diffusion, et donc de son accessibilité pour le danois Fabricius, est une  Histoire universelle  dont le premier exemple trouvé, le Notitia orbis antiqui, sive Geographia plenior, ab ortu rerumpublicarum date de 1706 par l'allemand Christoph Cellarius page 217. On y lit :

 

Apud hanc urbem est fanum Veneris Apatura [Apaturæ] , id est dolosæ , ab [лжлтц] apate quia dolo ibi gigantes auxilio Herculis fingitur occidisse. Plinius Phanagoria , et pane defertum Apaturos Idem inter Cepos & Phanagoriam interponit  Stratocleam ad Bofporum

Les auteurs ont repris ce passage textuellement, et c'est celui qui se retrouve encore sous les plumes des étymologistes cités précédemment. Il est en français dans Histoire universelle depuis le commencement du monde jusqu'à présent Royaumes du Bosphore II, 33 1745 page 733 :

     Les villes les plus remarquables du Bosphore asiatique étaient anciennement Phanagoria, que quelques géographes placent sur les bords du Pont Euxin, mais d'autres sur ceux du Palus Méotide ; mais que Pline et Méla mettent dans une presqu'île voisine, qu'ils appellent Corocondama.

II y avait autrefois près de cette Ville un fameux Temple, dédié à Vénus Apatura, ainsi nommée d'après Apaté , mot Grec qui veut dire "Tromperie", par allusion à un stratagème qu' Hercule lui suggéra, & par le moyen duquel elle vainquit les Géants. Cette ville était, suivant Strabon, la capitale du Bosphore en Asie.

On retrouve aussi cette citation dans l'édition du Notita orbis de Cellarius de 1732 page 302, dans l' Antiquitates asiaticae par Edmund Chishull 1728 page 10, en néerlandais : Algemeene histori  Volume 8 par Kornelis Westerbaen page 859, ou en allemand dans Uebersetzung der Algemeinen Welthistorie  Volume 8 par Baumgarten, 1749.

 Fabricius aurait aussi très bien pu consulter, dans un de ces dictionnaires mythologiques très courant, une liste des épithètes de Vénus : par exemple celle de Bernard de Montfaucon 1722, L'Antiquite expliquee et representee en figures, Volume 1 :

"On l'appelait Apatura , Argynnis, Calva, Callipygos, Capitolina, Colias, Cloacina, Erycina, Euplœa, Libitina, Mehcnis , Myrtea , Paphia, Peribaiîa, Phila, Pythonica , Tymborychos, Urania, qui est la même que Venus céleste".

En 1801, Il pouvait trouver cette liste des surnoms de Vénus:

"Acidalia, Acraea, Aenéis, Amathuntia, Amathusia, Amica, Anadyomène, Anosia, Apaturia, Aphacitis, Aphrodite, Apostrophia, Appias, Arginussa, Armata, Barbata, Boeotis, Basilis, Byblia, Callipyga, Calva, Cloacina, Cnidia, Coa, Coelestis, Colias, Colotis, Cypria, Cythéréa, Dia, Dione, Epistrophia,Erycina, Euploea, Felix, Genitrix, Hecaerge, Hélaera, Hospita, Idalia, Marina, Mascula, Mechanitis, Mélanis, Mélinaea, Migonitis, Morpho, Murtia, Naxia, Pandemos, Paphia, Pontia, Praxis, Schoenis, Sicyonia, Sponsa, Symmachia, Syria, Verticordia, Zérène, Zérinthia." (P. Chompré, Dict. port. de la fable, (2) p. 978)

  D'autres auteurs du XVIIIe et début XIXe siècle ont utilisé la forme Apaturia, mais Bernard de Monfaucon, que je viens de citer, réserve ce nom page 198 aux Apaturies, fêtes de famille de la Grèce antique, notamment à Athènes. Dans Pausanias, Corynthie chap. XXIII, Apaturia est une épithète de Minerve/Athéna. Mais dans son Dictionnaire portatif de la fable (un livre de référence depuis 1727) dans l'édition de 1801 page 114, Pierre Chompré donne indifféremment pour Apaturia les deux sens, de "surnom de Vénus" et de "Surnom de Pallas" c'est-à-dire Athéna.

[Apaturia est l'épithète spécifique d'une espèce marine, Marcia apaturia Römer,1864., qui appartient aux Veneridae, mollusques bivalves dont le genre principal créé par Linné en 1758 pour la praire commune se nomme...Venus]

 

Annexe de ce paragraphe :

 

 Dans sa publication, Fabricius divise l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes. Il a donc du créer autant de noms de genre.

  Le danois Johannes Christian Fabricius (1745-1808)  a séjourné en Écosse puis à Londres lors d'un voyage de 1766 qui le mena ensuite en Italie pour examiner les collections d'Aldrovandi. Puis, de 1772 à 1775, il passe ses étés à Londres où il étudie notamment les insectes rapportés par Solander et Banks de leur voyage. Mais à partir de 1790, il séjourne tous les étés à Paris, étudiant cette fois la collection entomologique d'Olivier et devient ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833), l'auteur du genre Vanesse. Il a donc eu accès, pour les sources de ses noms de genre, aux bibliothèques de Paris ou de Londres.

 

En outre, Fabricius a confié qu'il avait puisé les noms de genre qu'il a créé pour ses papillons diurnes dans le (vaste) répertoire des épithètes de Vénus (ou Aphrodite pour les grecs) alors que ses genres de papillons de nuit recevaient les surnoms de Diane/Artémis, déesse lunaire:

  Fabricius, dans sa présentation du Systema glossatorum ( in Zeitung für Literatur und Kunst in den Königl . Dänischen Staaten [ Kiel ] , Septembre 11 1807, p. 83), donne des indications précieuses sur ses règles d'attribution des noms : il écrit qu'il est en train de changer un certain nombre de nom donnés par Linné car il souhaite faire apparaître le nom de la plante hôte. "Les noms de genre ne posent pas de problèmes importants, il faut seulement éviter qu'ils soient trop longs, et qu'ils ne soient pas déplaisants à l'oreille. Pour les papillons de jour, j'ai choisi différents épithètes [cognomina] de Vénus, et pour les papillons de nuit, ceux de Diane. Ils semblent être les plus appropriés. Leurs homologues grecs [qualificatifs d'Aphrodite ou d'Artémis] ont tendance à être durs, longs et désagréables."

Les noms de genre de Fabricius sont donc liés au nom de Vénus, car ils reprennent les épithètes de la déesse en ses différentes attributions (Limenitis protectrice des ports ; Pontia protectrice de la mer ; Acraea protectrice des lieux élevés ; Euploea de la navigation ; Nymphidium protectrice des mariages ; Melanitis de la nuit ) et en ses différents sanctuaires (à Colias, à Paphios, à Amathus en Chypre, sur le mont Kastion, sur le mont Erix, en Cnide —doritis la bienfaitrice—) ou selon le nom de ses courtisanes (Thaïs, Argennus, Neptis sa petite-fille, voire même Vanessa de Swift) ou selon ses qualités (Urania la céleste, Morpho aux belles formes ou aux formes changeantes, Apatura la trompeuse, Mechanitis l'ingénieuse à ourdir des ruses).

 

 

 3.  Nom d'espèce : Apatura iris, (Linné, 1758).

 

a) Description originale

 

      Nymphales gemmati. Iris n°110. P[apilio].N[ymphales]. Caroli Linnaei, Systema naturae per regna tria naturae : secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. [10e édition] Holmiae [Stockholm] : Impensis Direct. Laurentii Salvii, 1758-1759. 1 page 476

—Références de Linné:

- Richter. Mus. 336 Papilio Iris.

- Roesel ins. 3. t. 42.

- Wilkes Pap. 63.t. I. a2.

— Habitat in Quercu Germaniae, Angliae, etc. P. Forskål  [Linné se rapporte au témoignage de Pehr Forsskål, naturaliste suédois qui avait suivi les cours de Linné à Uppsala, puis avait été à Göttingen en 1753 préparer un doctorat de langues orientales ; d'où, sans-doute, la mention "Germaniae". Il appartient aux 17 "apôtres de Linné" envoyé en missi dominici dans le monde entier récolter des spécimens. Lui-même participa à un voyage en Arabie, explorant l'Égypte et le Yémen, pays où il succombe à la malaria. Par contre, la mention "Angliae" renvoie sans-doute à Wilkes.]

 

— Description :  Alis subdentatis subtus griseis : fascia utrinque alba interrupta ; posticis supra uniocellatis.

 Statura P. Populi. Pedes duo antici angustissimi mutici. Alae omnes supra caerulescenti-nigrae ; subtus cinereo-griseae. Primores supra maculis albis sparsis in medio et exterius. Subtus griseo cinereo variae maculis albis, cum ocello occultato intra marginem exteriorem. Posticae supra fascia alba et ocello ferrugineo versus postica : subtus cinereae fascia alba dentata lateribus ferruginea cum puncto sub ocello.

 — Localité-type :  Angleterre, désignée par ICZN (1954); dans la même Opinion 264, le lectotype est désigné comme étant la figure 1 de la planche 29 de R. South 1906 The Butterflies of the British isles. Openlibrary.com Pl. 29.

butterfliesofbri00sout_0106.jp2&scale=4& 

 

 

— Répartition et plante-hôte : Selon Dupont et al. (2013), cette espèce a une répartition eurasiatique de la péninsule Ibérique au nord-est de la Chine. Elle est signalée dans presque toute la France. Les chenilles se nourrissent sur diverses espèces de Salicaceae, principalement Salix caprea L.  (mais aussi Salix fragilis  et Salix cinerea) .

 

 

 

 

 

.  

b) Synonymes (Muséum-INPN) et Formes.

L'INPN ne cite pas d'autres synonymes que le protonyme Papilio iris.

On trouve pourtant cette liste (Wikipédia ; Leraut) :

  •  Apatura Suspirans (Poda, 1761)

  • Apatura junonia (Borkhausen, 1788)

  • Papilio rubescens Esper, 1781

  • Apatura iris f. jole (Denis & Schiffermüller, 1775)

  • Apatura pallas Leech, 1890

  • Apatura iris f. Chrysina Oberthür, 1909

  • Papilio Beroe Fabricius, 1793

  • Apatura iris recidiva Stichel, [1909]

 

— La forme iole. Elle se définit par l'absence de toute marque blanche, ce qui donne un papillon complètement noir sur le dessus et le dessous (c'est la forme décrite  par Schiffermüller), ou, par extension, par la forte réduction des taches et bandes blanches (certains parlent alors de semi-iole ou iolata). Image coll. Cockaine NHM

Iris ♂ : Homme - cliquez pour agrandir ab.iole ♂ Homme - cliquez pour agrandirab.iolata♂Homme - cliquez pour agrandir

 

— La forme Lugenda a été décrite par Cabeau, pour décrire  un  spécimen d'iris  avec  avec trois petites taches blanches aux ailes antérieures,   l'absence complète de bande blanche transversale aux ailes postérieures, pas de lumière ante bande marginale, et l'œil de l'angle anal pupillé de gris bleuté.  Image coll. Cockaine NHM.

         iris ♂ : Homme - cliquez pour agrandir        iris ab. lugenda ♂:  mâle - cliquez pour agrandir


c) étymologie du nom iris. 

 

— Dale (1890).

Iris, the Rainbow, personified in Greek Mythology, into the messenger of Juno, a young woman dressed in a robe of many colours, so admirably beautiful that she has been justly called the daughter of Thaomas, a poetical personage, whose name is derived from a Greek word that imports to admire, and what is more admirable than that Bow , which is formed by drops of water in a cloud opposite to the sun.

 -Trad. Iris, l'Arc-en-Ciel, personnifié dans la mythologie grecque, par la messagère de Junon, une jeune femme vêtue d'une robe de plusieurs couleurs, si admirablement belle qu'elle a été justement appelée la fille de Thaumas*, un personnage poétique, dont le nom est dérivé d' un mot grec qui signifie "admirer", et ce qui est plus admirable que cet Arc, qui est formé par des gouttes d'eau dans un nuage face au soleil.

*Dans la mythologie grecque, Thaumas (en grec ancien Θαῦμας / Thaûmas, « le Merveilleux, le Prodigieux », de θαῦμα / thaûma, signifiant « merveille », « miracle »), fils de Pontos (le Flot) et de Gaïa (la Terre), est une divinité marine primordiale personnifiant les merveilles de la mer. (Wikipédia)

 

       

— Spuler (1903-1910) page 13.

Griech. Göttin des Bogenlebens.

  -Trad. Déesse grecque de l'Arc-en-ciel.


— Janssen (1980).

Göttin des Regenboog ; wegens de weerschijn van de vleugels van het mannetje.

-Trad. Déesse de l'Arc-en-ciel ; à cause des reflets des ailes du mâle.

— Glaser page 50 :

Iris, Göttin des schimmernden Regenbogens Götterbotin etc.

-Trad. Iris, déesse du chatoyant Arc-en-ciel, messagère des dieux etc.

— Ramann, page 121

"... war die Tochter des Thaumas und der Elektra und galt als geflügelte Botin der Götter, namentlich der Juno" (griech. Hera). "Für ihre Dienste wurde sie in gestalt eines in Farben spielenden Bogens an den Himmel versetz."    

Trad. : était la fille de Thaumas et Electra et était une messagère ailée des dieux, en particulier de Juno "(grec Hera). Pour se déplacer elle prenait la forme d'un arc-en-ciel.  "

— A. M. Emmet, (1991) page 150.

Iris was the messenger of the gods and the personification of the rainbow, an appropriate name because of the iridescence of the male upperside. Linnaeus attributes the name to J.C. Richter (1689-1751) of Leipzig, whose museum was one of the source he studied in the preparation of his Systema Naturae.

 -Trad. Iris était la méssagère des dieux et la personnification de l'arc-en-ciel, un nom approprié en raison de l'iridescence de la face supérieure des ailes du mâle. Linné attribue ce nom à J.C. Richter de Leipzig, dont le museum était l'une des sources qu'il étudiait lors de la préparation de son Systema Naturae.

 

— Doux et Gibeaux (2007) page 222 :

Fille de Thaumas et d'Électre, messagère des dieux, personnification et déesse grecque de l'arc-en-ciel ; ce nom est particulièrement approprié, faisant allusion à l' "iridescence" de la couleur locale de la face supérieure du mâle.

 

— Perrein et al. (2012) page 265:

Iris est la messagère des dieux de la mythologie grecque et la personnification de l'arc-en-ciel. Le Grand Mars changeant est le nom, emprunté au dieu de la mythologie romaine, donné au seul mâle par Engramelle (1779), la femelle étant appelée "Grand Mars non changeant".

 

— Hans-A. Hürter (1998) :

 Wenngleich Linne uns nichts über die Wahl des Namens iris hinterlassen hat, ist dennoch mit Sicherheit anzunehmen, daß dieser ausgezeichnete Kenner der Antike nicht etwa die Pflanze oder gar den kleinasiatischen Fluß, sondern die Göttin im Sinn hatte.

 -Trad. Bien que Linné n'a rien nous a laissé sur le choix du nom de l'iris, il est clair que  cet excellent connaisseur de l'antiquité n'a pas eu à l'esprit  la plante ou même le fleuve de l'Asie Mineure, mais la déesse qui porte ce nom .

 

Ma discussion étymologique .

      Face à un zoonyme, il est deux écueils à éviter : celui d'ouvrir un dictionnaire ou un répertoire mythologique et d'y recopier les données, et celui de chercher dans l'espèce animale une justification morphologique ou comportementale du choix du nom.

  Chacun sait, ou apprend facilement dans les dictionnaires que Iris est "une déesse, messagère des dieux (en particulier Héra), associée à l'arc-en-ciel". On peut préciser sa généalogie (fille de Thamaus et d'Électre), citer ses occurrences fréquentes et ses nombreux épithètes dans Homère ("aux ailes d'or", "aux pieds rapides", etc.), son rôle dans l'Énéide de Virgile, ou, si on a l'âme des poètes, rappeler que l'arc-en-ciel est alors désigné par la métaphore de "l'écharpe d'Iris". Un clic sur la liste des homonymes, ou dans sa mémoire, fait penser aussi un nom de la fleur, du sphincter de la pupille, d'un insecte, ou, comme Hürter le mentionne, d'un fleuve d'Anatolie centrale, la rivière Yeşilırmak. 

  Le second écueil doit être absolument éviter chez Linné, qui ne choisit jamais un nom dans le but de qualifier un trait remarquable de l'espèce à laquelle il fixe l'étiquette zoonymale (ah, c'est la première fois que je crée ce "zoonymal". L'Histoire le retiendra). 

 Le rôle du zoonymologiste —benkoi, "toponymiste" est bien dans le dictionnaire— serait de délaisser ces copier-coller et, par exemple, de souligner que Linné était déjà l'auteur du nom de plante Iris en 1753 dans son Species Plantarum page 38. C'est ici accessoire.

Mais, dans l'exemple qui nous occupe, il fallait surtout noter (comme le fit Emmet) que Linné ne crée pas, pour ce papillon, le nom d'Iris, mais qu'il le reprend, comme il l'indique lui-même, au Museum richterianum (voir infra). Dés lors, la règle "jamais d'épithète qualificatif chez Linné" tombe.

  Au contraire, Hebenstreit, auteur du Museum richterianum, associe son nom latin Papilio coloribus varians dictus iris à des noms vernaculaires Le Changeant, der Regenbogenfarbiate Schmetterling. (Trad. Papillon changeant de couleur. Nommé Iris, le papillon couleur d'arc-en-ciel.) qui indiquent tous que le nom fait référence au chatoiement des ailes du mâle par une métaphore à l'arc-en-ciel et à sa déesse.

   Dans la nouvelle Evidence-based Zoonymy qui s'annonce comme une nouvelle Éve, il est possible d'affirmer que Apatura iris tire son épithète spécifique des reflets irisés du violet des ailes du mâle, par une poétique évocation de la déesse Iris et de son écharpe arc-en-ciel. CQFD.

 

 

                       Archéo-taxonomie.

 

1°) La première description : Petiver 1704.

 James Petiver, Gazophylacii naturae et artis decades Londres 1704 page 38.

A.2 Papilio Oculatus è fulco aureo mixtus, umbrâ purpurascente. Mr Dale's Purple Eye. This I observed amongst Mr Dale's collection of English Butterflies, and is the only one I have yet seen.

 -Trad. Papillon ocellé et brun mêlé d'or, ombré de pourpre. Le Papillon ocellé pourpre de Mr Dale. Je l'ai observé dans la collection de Papillons Anglais de Mr Dale, et c'est le seul que j'ai vu.

   "James Pétiver (c1663-1718) était apothicaire, propriétaire d'une pharmacie "A l'enseigne de la Croix Blanche rue Aldersgate à Londres", et pendant des années, cette adresse fut aussi familière à ses confrères apothicaires qu'à des capitaines, des marchands, des planteurs, des chirurgiens et médecins, à des ministres du culte, ou à des consuls, ambassadeurs et conseillers privés , des Pairs du royaume et voyageurs ou correspondants étrangers de Moscou jusqu'au Cap de Bonne-Espérance, des Colonies Britanniques jusqu'au comptoirs espagnols du Nouveau Monde. De cette boutique partaient des milliers de lettres et de requêtes de conseils médicaux mélangées à des médicaments et remèdes, des articles scientifiques, des livres, des colis de papier d'emballage et de bouteilles à large col, et des instructions détaillées pour des naturalistes amateurs ou des collectionneurs sur le départ vers une région voisine en Angleterre ou pour une destination lointaine. Et à cette adresse arrivaient d'autres milliers de demandes, dont la plupart concernaient des identifications scientifiques, des es questions sur la classification, les mœurs, l'habitat, la collection ou la préservation de spécimens botaniques ou d'autres articles d'histoire naturelle, et des centaines de colis de graines, de plantes séchées, d'insectes, de serpents, d'oiseaux, de poissons, et de petits animaux pour les collections de Mr Pétiver et de ses amis, dont l'appétit pour de tels objets était insatiable. Dans cette boutique étaient rassemblés, derrière les bocaux de plantes et de drogues liées à l'exercice de la profession d'apothicaire, l'une des plus vastes et des plus variées collections d'histoire naturelle qui existait en Angleterre durant les premières années du  dix-huitième siècle. Sir Hans Sloane, dont la réputation de collectionneur a éclipsé même celle de James Pétiver, lui avait dit-on offert 4000 Livres de sa collection. Après la mort de ce dernier, il acheta les spécimens et les manuscrits qui restaient dans le magasin ."

  Ainsi commence la présentation biographique de James Pétiver par R.P. Stearns pour l'American Antiquarian [lire en ligne]. 

 

    Samuel Dale (1659-1739) était aussi apothicaire (et peut-être médecin) en la ville de Braintree, Essex, à 50 km au nord-est de Londres. C'était un grand ami du naturaliste John Ray, "le Père de l'Histoire Naturelle britannique", qui habitait à Black Notlay, à un mille au sud de Braintree. Il participait avec lui à des sorties de collecte d'insectes. Il est l'auteur en 1693 d'une Pharmacologia (à l'époque, un traité de botanique appliquée), et d'une Histoire des Antiquités de Harwich et Dovercourt (1730), qui est un traité de géologie décrivant les fossiles de la montagne de Harwich. Son nom est attaché à un fossile, Buccinum dalei Sowerby, 1825. Il est en relation avec divers correspondants (Pétiver, Sloane) à qui il envoie des spécimens. Pétiver le cite dans son Gazophylacii une seconde fois page 58 en faisant référence, pour le Curcuma officinalis à sa Pharmacologia. Il faisait aussi parvenir des papillons à John Ray, qui décrivit en 1710 dans son Historia insectorum un Papilio minor qui passa pour la première description de Cyaniris semiargus.

Pétiver a vu cette espèce "dans la collection de Mr Dale" : on ignore donc à quelle date ce dernier l'a capturé, dans une fourchette 1690-1704.

 

 

2°) La seconde description et la première capture : John Ray, 1710.

Cette description n'est pas citée dans The Aurelian Legacy de Salmon, ouvrage de référence, mais elle est signalée par William Dale page 121 comme "la première mention de la présence du Purple Emperor en Grande-Bretagne". Charles Earl Raven , dans "John Ray, Naturalist, his life, his works" page 412 considère aussi que le papillon décrit par Ray dans son Historia insectorum page 126 est "certainement Apatura iris". Le spécimen a été capturé par D. Courtman "près de Heveningham Castle (Essex)" en juillet 1695. Aujourd'hui, la seule localité nommée Heveningham se trouve dans le Suffolk, mais le site de Hedingham Castle se trouve bien en Essex, à 20 km seulement de Braintree et de la capture par Dale. L'équation Heveningham = Hedingham est partagée par C.E. Raven.

IV. 2. Papilio major nigra seu pulla, alis supina parte maculis albis notatis. Alae exteriores peramplae sunt, supernè pullae, maculis albis dualibus parvis prope extimum angulum, dualibus majoribus prope imam alam circa mediam latitudinem, tribus superius fere contiguis prope exteriorem alae marginem, tribus tandem majoribus prope interiorem pictae etc...(description de 20 lignes)


 

3°) les références de Linné.

a) Hebenstreit 1743 : Museum richterianum page 336.

HEBENSTREIT Johann Ernst  1743 Museum Richterianum Kupferstich, aus: Johann Ernst Hebenstreit, Museum Richterianum, Leipzig 1743. Écrit en deux colonnes parallèles en latin et en allemand.  In-folio . Frontispice gravé par Boèce, portrait gravé de l'auteur par Bernigeroth d'après Manjock, 17 planches hors-texte dont 14 coloriées et 3 en noir. imprimé à Compte d'auteur à partir de la description du cabinet de curiosités de Johann Richter par le docteur en médecine Johann Hebenstreit  (1703 - 1757) Banquier et commerçant, Richter constitua sa collection avec l'aide de Johann Platner, professeur à Leipzig. Ses armoires comportaient en plus de 2000 Spécimens de Minéraux, fossiles, et pierres précieuses et presque autant de spécimens de zoologie.

 

Papilio, coloribus varians. Iris dictus, ex quercu. Eichen-Schmetterlinge ; le Changeant : der Regenbogenfarbiate Schmetterling.

-Trad. Papillon changeant de couleur. Nommé Iris, [chenille sur le] chêne. Le papillon du chêne, le papillon couleur d'arc-en-ciel.

 

Johann Ernst Hebenstreit (1703-1757) était un médecin allemand et naturaliste. Il était étudiant à l' Université de Leipzig, où  il a obtenu en 1728 son diplôme de philosophie, un an plus tard, son doctorat en médecine. En 1731, il devient membre de l' Académie allemande des sciences Leopoldina . En 1731, il a été nommé par Auguste II à la tête d'une expédition en Afrique pour y étudier l'histoire naturelle et se procurer des spécimens d'animaux sauvages pour la  ménagerie royale. Après la mort d'Auguste, en 1733, la mission a été interrompue, et Hebenstreit retourna à Leipzig comme professeur de médecine et d'anatomie . Au cours de la tourmente entourant le soulèvement de mai à Dresde (1849), les échantillons prélevés sur l'expédition d'Afrique ont été perdus.


b) Roesel Insecten Belustigung volume 3 page 251 tab.42: 

Version allemande : page 251  

 version néerlandaise : De schoone Veerschyin Vlinder page 298 http://www.biodiversitylibrary.org/item/31188#page/298/mode/1up

Der Monatlich herausgegebenen insecten Belustigung Zwen und Vierzigste Supplements Tabelle. Der zu den tagvögeln der ersten classse gehörige, ungemein schöne Schillervogel. Tab. XLII.

 

§1. Ob mir gleich von diesem ausnehmend schönen Tagpapilion, aus anderer Schriften, gar nichts bekannt its, als daß er in dem Museo Richteriano, p.336. Unter die grösseren tageSchmetterlinge gesetzet, und daselbst  " Papilio , coloribus varians. Iris dictus, ex quercu. Eichen Schmetterling ; le Changeant : der Regenbogenfarbigte Schmetterling", genennet werde ; ob mit auch gleich aus meiner eigenen Erfahrung, von seiner historie wenig wissend ist : so hab ich es doch, eben um seiner Schönheit willen, der Mühe werth zu seyn erachtet, denselben, in so ferne ich ihn kenne, zu beschreiben

Attention : Roesel représente en illustration Ilia, alors que Linné a décrit Iris :  En effet, Apatura ilia  présente à l'aile antérieure un ocelle orange centré de noir qui le différencie d'Apatura iris

 

            n298_w372

 

c) Wilkes 1742.

La référence de Linné correspond à Wilkes, Benjamin: English Moths and Butterflies: Together with the Plants, Flowers and Fruits

, London in fleetstreet, [1749] page 63

The Purple High-flyer or Emperors of the Woods [Purple Emperors Butterfly]. 

-Trad. Ni la chenille ni la chrysalide de ce charmant papillon ne sont connus, bien qu'ils ont été cherchés avec la plus vive insistance pendant plusieurs années dans le passé. Le papillon paraît à la fin de juin et le début de juillet et peut être capturé dans Comb-Wood dans le Surrey, près de Westram dans le Kent, et ailleurs encore. Il vole comme un Sphinx, adorant grimper en flèche et parcourir les airs. Quand il se pose, c'est en général au plus haut sommet d'un chêne, d'un ["Hasle?] ou d'un frêne. Et ce qui est singulier, j'ai vu personnellement vingt d'entre eux les uns à coté des autres sur la même branche, alors que ce papillon semble particulièrement sauvage lorsqu'il est en vol, lorsqu'il est posé, vous pouvez agiter votre filet à ses cotés sans le déranger beaucoup.

 

 

Image : University of Glasgow.http://special.lib.gla.ac.uk/exhibns/month/july2004.html

                                julylog.jpg

L.1.9_plate120wf.jpg

 

  Voir aussi Wilkes, B.: One Hundred and Twenty Copper-Plates of English Moths and Butterflies. 1773 page 120 :

The Purple High-flyer, or Emperor-Butterfly. Quercus rubor. Papilio iris.

 

 

4°) Les auteurs après Linné 1758 : progression de la taxonomie.

      En 1758, on ne connaît qu'une seule espèce, et on décrit sous le même nom nos Apatura iris, ilia, metis, et leurs sous-espèces ; la chenille et la chrysalide n'ont pas été identifiés. Enfin, les Genres n'existent pas. Il reste donc du travail pour les successeurs (et pour moi dans cette présentation historique).

a) Le genre Apatura nommé par Fabricius n'a pas été adopté immédiatement, et Latreille classa cette espèce sous son genre Nymphales. Le genre Apatura a été utilisé par Leach, puis décrit complètement par John Curtis en 1831, avec Iris comme espèce-type.

John Curtis 1831 . British Entomology; being illustrations and descriptions of the genera of insects found in Great Britain and Ireland: containing coloured figures from nature of the most rare and beautiful species, and in many instances of the plants upon wich they are found. Vol. V. Lepidoptera, Part. I. Londres.

Image BHL 338

                      n45_w343

 

b) Autres descriptions d'espèces et de formes.

— En 1761, Poda décrit le Papilio iris de Linné, puis, à la suite un Papilio suspirans, considéré actuellement comme synonyme d' A. iris : Poda, N. 1761. Insecta Musei Græcensis, page 70

 Cet épithète est le participe présent du verbe latin suspiro, "soupirer" ; il se traduit donc par "soupirant", ce qui n'a pas beaucoup de sens, sauf à penser au sens, attesté, du verbe suspiro : "désirer ardemment, soupirer pour ou après quelqu'un ou quelque chose", comme dans notre langue où un soupirant est un amoureux. On pourrait alors imaginer que le qualificatif désigne surtout l'amateur de papillon dans sa quête de ce papillon rare.

 

— Deux autres espèces ont été décrites par Denis et Schiffermüller en 1775 : Papilio Ilia et Papilio Jole. (Systematisches verzeichniss page 171.) La plante-hôte de papilio Iris est identifiée correctement : le saule Salicis vitellinae*, et non le chêne comme l'indiquait Linné. La plante-hôte de P. ilia est aussi indiquée (Salix viminalis**)

* Salix vitellina L. = salix alba var. vitellinae = osier jaune.

**Salix viminalis L. = osier vert, osier des vanniers.

 


Nach herren Linné lebt diese Raupe auf Eichen : « Habitat in Quercu Germaniae, Angliae &c. » Er berufst sich auf herren P. Forskäl : und hat dieser seine Meinung nicht etwa, wie H. Poda, aus dem Musaeum Richter : entleknet, wo dieser falter schon Eichenschmetterling hieß, zu latein : P. coloribus varians Iris dictus ex quercu (page 226) ? Der Besizter und der herausgeber derselben Sammlung scheinen doch auch fonst die Raupen ihrer Schmetterlinge nicht so genau untersucht zu haben. Wenigstens haben wir von dieser Art keine auf eichen entdecken können ; ob wir schon auf denselben von andern Schmetterlingraupen vielleicht hundert Arten gefunden haben. Und hier fliegen diese falter am häufigsten in den nächstgelegenen Donauinseln, wo nicht eine einzige Eiche wächet. Wir trafen sowohl unsere erste als zweite Raupenart immer nur auf verschiedenen Weidenarten, und sogar  auf Palm oder Saalweiden (Salix Caprea) an. Bei Rösel (4.Bande  214 S.) und hrn Kleemann (74.S) kann man ein gleiches lesen

 

  -Trad. "D'après Linné, la chenille vit sur le chêne : « Habitat in Quercu Germaniae, Angliae &c. » . Il s'appuie sur P. Forskäl ; et celui-ci fonde son opinion [non par exemple de Mr Poda) du Richter Musaeum, dans lequel le papillon est déjà indiqué en latin comme lié au chêne  "P. coloribus varians Iris dictus ex quercu" (page 226) . Le propriétaire de la collection ou l'auteur de sa description ne semblent pas avoir examiné de près des chenilles de ce papillon. Pour notre part, nous n'avons jamais découvert cette espèce sur un chêne, alors que nous y avons observé une centaine d'autres chenilles de papillon. Ici, ce papillon vole le plus souvent dans les îles du Danube les plus proches, où aucun chêne ne pousse. Nous avons trouvé tant notre premier que notre deuxième chenille sur différentes espèces de saule, et même sur le Saule marsault ou Palmier-saule (Salix caprea). On peut lire également Roesel (tome 4 page 214) ou Kleeman (page 74). 

 

c) La chenille : La même année 1775, Moses Harris révélait dans The Aurelian qu'il avait résolu l'énigme de la plante-hôte et des stades intermédiaires dès 1758 de la façon suivante : un "Aurélien" (passionné de papillon), Mr Drury, avait découvert le 26 mai près de Brentwood (Essex) sur un saule une drôle de chenille et, sachant que Harris s'y intéressait, lui avait confié. Harris n'en avait jamais observé de semblable, avec deux cornes comme des antennes d'escargot. Il l'avait nourri et le 6 juin, elle s'était transformée en une chrysalide d'un beau vert-petit-pois. Le 23, il assista, avec une joie indicible, à l'émergence d'un "Purple Emperor", "l'un des plus beaux papillons de cette partie du globe". Lire son récit dans Dale The history of our British Butterflies page 118.

 

— En 1781 (ou 1829), Esper décrit dans son chapitre Tab. LXXI Abanderungen und Geschlechtsverschiedenheit der P. Iris (Amendement et différences selon le sexe) l'Iris rubescens. (Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der natur page 109)

Pl. 71 Fig. 2 et 3 Iris rubescens, et 4 Iris vulgaris.

             dieschmetterling01espe_0293.jp2&scale=4.

 

— En 1793, Fabricius décrit son Papilio Béroë  Ent. Syst. III page 111, comme un équivalent du Papilio Jole de D.&S. et reconnut aujourd'hui comme synonyme, ou comme une forme de A. iris

— En 1829, Freyer décrit Apatura metis (Le Mars Danubien)  en Hongrie : Beiträge zur Geschichte europäischer Schmetterlinge mit Abbildungen nach der Natur de Beitr. eur. Schmett. 2 : 166pp, pl. 49-96.

 

— En 1777-1783,  J. A. E. Goeze   donne 21 références bibliographiques de Papilio iris dans Entomologische Beyträge zu des Ritters Linné zwölften ..., Volume 3,Numéro 1 page 268 

Parmi celle liste, je choisis :

— Esper Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur  page 139-140 . Mais sa planche XI est celle d'A. ilia.

 

 

              II. Noms vernaculaires.

 



I. Les Noms français.

 

"Le Changeant" (Hebenstreit, 1743) ;  "Le Mars" (Geoffroy, 1762) ; "Le Grand Mars changeant" /"Le Grand Mars non changeant" / "Le Mars bleu-foncé changeant" (Engramelle, 1779) ; "Le Nymphale Iris" (Godart, 1819) ; "Le Nymphale Grand-Mars" (Godart, 1823) ; "Le Grand Mars changeant" (G. C. Luquet, 1986).

0. Le Changeant, Hebenstreit, 1743.

      J'ignore si Hebenstreit donne ici un équivalent français des noms latin et allemand qu'il a créé, ou s'il reprend ce nom d'une tradition plus ancienne. C'est, bien-entendu, un qualificatif des ailes "versicolores". Ce qui est remarquable, c'est qu'il n'a pas été repris par les auteurs français, mais qu'il a été régulièrement cité par les auteurs germaniques (Roesel, Esper), dont les viennois ( D. & S.). 

1. Le Mars, Etienne-Louis Geoffroy, 1762.

— Le Mars, Étienne-Louis Geoffroy, 1762 Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique Vol. 2 page 61

"Papilio alis subangulatis, supra nigro violaceis ; albo fasciatis, subtus fulvo, fusco, albidoque variis, singulis ocello nigro coeruleo.

 -Trad. Papillon aux ailes dentelées, le dessus noir-violet ; bande blanche, le dessous fauve, brun et blanc, un seul ocelle bleu-noir.

Rosesel. ins. Vol.3 suppl.. tab.41 class. Papil. diurnes

Le mars. Longueur 14 lignes. Largeur 2 pouces 10 lignes.

 

  Je n 'ai qu'un seul individu de ce papillon que je n'ai point attrapé, mais qui m'a été donné après avoir été pris dans un jardin à Paris. Ce papillon unique est fort beau, malheureusement il est gâté et mutilé. Ses ailes grandes, sont un peu anguleuses, ce qui n'est pas commun parmi les papillons à six-pieds. En dessus elles sont d'un beau violet changeant, qui pouvait bien être taché d'un peu de blanc, mais le frottement paraît avoir fait disparaître ces taches. En dessous, les ailes sont marbrées de brun et de fauve, avec des bandes transverse blanches. De plus, chaque ailes a en dessous un œil. Ces yeux sont plus grands sur les ailes supérieures, et beaucoup plus petits sur les inférieures. Sur ces dernières, ce n'est qu'une tache ronde noire chargée d'un peu de bleu, au lieu que ceux des ailes supérieures sont de plus entourées d'un large cercle de couleur fauve claire. Je ne connais point la chenille de ce papillon, ni l'endroit où elle se trouve."

 

   Cela semble en réalité une description de notre Apatura ilia, le Petit Mars changeant, qui se distingue par ses ocelles des ailes supérieures. Mais, à la date à laquelle Geoffroy écrit, cette espèce n'a pas encore été décrite (elle le sera en 1775 par Denis et Schiffermüller). On peut donc  considérer alors que ce nom "Le Mars" est le précurseur des noms vernaculaires des deux espèces, où, du moins, que le nom vernaculaire "Le Grand Mars changeant" trouve ici son origine historique. 

  Geoffroy cite en référence Roesel, mais non le Papilio iris de Linné, lequel citait pourtant la même description de Roesel. Peut-être ne disposait-il que de la Fauna suecica de Linné lorsqu'il étudia cette pièce de sa collection ?

 En 1775, Denis et Schiffermüller citaient "Le mars (Geoffroy)" à la page 171 du "Wiener verzeichniss" dans leur présentation du Papilio iris de Linné. De même, Fabricius en 1793 (Ent Syst.III p. 111), qui décrit iris, ilia et son Beroë, cite Geoffroy en référence de P. iris.

Dans l'édition de Fourcroy en 1785, page 244, édition qui respecte les exigences de dénomination binominales et en latin, le Mars porte le nom de Papilio Iris. 

Il est classé par Geoffroy parmi ses Argus (en raison de l'ocelle des ailes postérieures), et comme le premier d'entre eux.

  J'ignore  pourquoi Geoffroy choisit ce nom ; celui-ci évoque bien-sûr le dieu romain Mars, homologue du dieu grec Ares, dieu de la guerre, fils de Jupiter et de Junon, époux de Bellone, amant de Vénus, et père de Rémus et Romulus par son union avec Rhéa Silva. Tout d'abord, il s'agit du seul nom de dieu grec ou latin sous la plume de Geoffroy. Ensuite, Mars n'a aucun rapport direct avec Argus, ce héros qui donne son nom à la nouvelle classe d'espèces inauguré par ce papillon. Celui-ci n'a aucun trait particulièrement martial. Enfin, sa couleur caractéristique bleu-violet n'est pas un attribut du dieu latin. Tout au plus, si —ce qui n'est pas indiqué— Geoffroy connaissait le nom choisi par Linné, on peut penser à cette scène de l'Iliade où Vénus, blessée par Diomède, emprunte son char à Mars pour regagner l'empyrée, Iris étant la conductrice du char. Voilà une piste bien ténue.

 

2. Le Grand Mars changeant Engramelle, 1779 ; Le Grand Mars non changeant ; Le Mars bleu-foncé changeant.

— "Le Grand mars changeant" : Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature, Tome I page 137 Planche 31 fig.62 a,b (le mâle) dessinée par Ernst et gravée par J.J. Juillet. 

— "Le Grand Mars non changeant" : Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature, Tome I page 143 Planche 33 fig. 65 a,b (la femelle) et fig.65 c,d (variété).

— "Le Mars bleu-foncé changeant", Engramelle, Papillons d'Europe peints d'après nature, Tome I page 145 Planche 33 fig. 67 a,b (le mâle).

— Dans le Supplément : page 268 Planche 68 Supplément 14 fig. 62 f,g. Variété mâle et fi.e la chrysalide.

— Dans le Supplément : page 271 Planche 69 Supplément 15 fig. 62 h,i (variété) et l (variété).

      Comme l'expliquera Godart en 1819,

"Engramelle fait de ce lépidoptère trois espèces distinctes, savoir "le Grand Mars changeant", "le Mars bleu-foncé changeant", et "le Grand Mars non changeant". Les deux premières se rapportent au mâle dont le dessus a un reflet d'un bleu-violet, tantôt aux quatre ailes à la fois, tantôt aux deux antérieures seulement, tantôt à celles de droite ou de gauche, selon le point d'où vient le jour. La troisième est la femelle dont le dessus est sans reflet."

En 1779, le Papilio ilia de Denis et Schiffermüller a été décrit, et donc Engramelle lui réserve le nom de "Petit Mars changeant" ; il crée aussi les noms de "Grand Mars orangé" et de "Petit Mars orangé".

 

4. P.R.iris (Iris)  De Villers, 1789

Charles de Villers, Caroli Linnaei Entomologia page 32. Simple mention entre parenthèse d'un nom français, qui est ici identqiue au nom latin. .

5. Papillon Iris , Wackenaer, 1802.

C.A Walckenaer, Faune parisienne ou Histoire abrégée des insectes page 263 n°7;

Ce nom n'est qu'une transcription en français du Papilio iris de Linné.

Il indique "la chenille est épineuse et a des raies transversales jaunes".

6. Nymphale Mars changeant. Latreille, 1804.

In Latreille, Hist. Nat. vol. 14

Papilio iris Linn. , Fab. Geoffr. n° 29. Engram. Pap. Europ. n°62.

7. Le Nymphale Iris , Godart, 1819.

Latreille et Godart Encyclopédie méthodique, Paris : Vve Agasse tome 9, page 411 n°200

Cet article permet de disposer de l'ensemble des références bibliographiques sur cette espèce, notamment par les auteurs germaniques, autrichiens ou suisses.

 

8. Le Nymphale Grand-Mars, Godart 1821,

      Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d'Europe, Paris : Crevot 1821/1823,  page 121  Planche 6 quart. peinte par Vauthier et gravées par Lanvin. 

  "Le Grand-Mars changeant et Le Grand-Mars non changeant, Engram., Pap.d'Eur. Envergure 33 à 37 lignes. Le Grand-Mars changeant et le Grand-Mars non changeant sont les deux sexes de cette espèce. Le mâle a été surnommé Changeant parce qu'il a en dessus, et selon le point d'où vient la lumière, un reflet d'un bleu plus ou moins vif. La femelle n'a pas de reflet, c'est pourquoi on l'a appelée par opposition Mars non changeant. Dans celle-ci et dans celui là, le dessus de toutes les ailes est d'un brun noirâtre avec une bande blanche, transverse sur le milieu ; et une bande grisâtre beaucoup moins large, en avant du bord postérieur, bord dont les échancrures sont liserées de blanc. La bande du milieu des premières ailes est tortueuse et elle se compose de six taches inégales et rapprochées trois à trois." (etc.)

 Godart n'a, manifestement, pas observé la chenille :

"La chenille vit au haut des chênes, ce qui fait qu'on se la procure difficilement." 

      Image BHL Pl.6 quart fig.1

                  n188_w272

 

       Bory de Saint-Vincent (Dict. Hist. nat. 1828) et Pierre Boitard (1828) utilisent le nom de "Nymphale Iris".

 Le nom de "Nymphale Grand-Mars" a été repris  par J.B. Boyer de Beauregard (1824), Hippolyte Lucas (1834) page 44 , O.F. Constant (1840) Aristide Dupuis (1863).

  Le Borgne de Kermorvan en 1836 (in E. Souvestre)  ne cite pas ce papillon dans sa liste des lépidoptères du Finistère : il le considère donc —à tort— absent de ce département.

 

9. Les chenilles.

  Duponchel 1849.

  —"Genre Apatura : Chenille ayant la partie supérieure de la tête divisée en deux longues pointes ou cornes divergentes ; le corps finement chagriné, s'amincissant postérieurement et se terminant en queue fourchue. Chrysalide comprimée latéralement, très renflée et carénée du coté du dos, avec la tête bifide ; suspendue seulement par la queue".

[Certes elles ressemblent à des limaces, mais] "ce qui rachète cette ressemblance qui n'est pas à leur avantage, c'est leur couleur d'un beau vert tendre et la manière gracieuse dont elles portent et meuvent leur tête, soit en marchant, soit dans l'état de repos".

"Leurs chenilles sortent de l'œuf au milieu de l'été, croissent très lentement, passent l'hiver engourdies sous quelques arbres, et se réveillent au printemps pour continuer de croître jusqu'au milieu de juin. Parvenues à cette époque à toute leur taille, elles se transforment en chrysalides. L'insecte parfait éclot quinze jours après, et se montre du 25 juin au 20 juillet."

— "Apatura iris. La chenille de cette Apature diffère principalement de celle du Petit Mars : 1°) par les cornes de sa tête qui sont beaucoup moins longues et non bifurquées. 2°) par une ligne jaune qui règne le long du corps au dessus des pattes. 3°) par quatre petits points bleus placés au dedans, et vers l'extrémité des deux lignes jaunes obliques qui se terminent dans cet endroit par deux petites épines couchées sur le milieu du dos."

 

N.b ; Duponchel, tout en signalant l'erreur de son ami Godart qui faisait du chêne la plante-hôte, donne pour sa part le tremble et les peupliers noir et blanc comme plante-hôte.

"Apatura Grand-Mars", Iconographie et histoire naturelle des chenilles Planche XXV fig. 71 a,b par Dumenil, gravée par Dupréel.


    apatura-Grand-Mars-chenille-Duponchel.png

 

 


10. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose comme nom principal "Le Grand Mars changeant" et comme nom accessoire "Le Grand Mars" et  "Le Chatoyant". Ce dernier nom est accompagné d'une référence vers Rappaz (Raphy), 1979 Les Papillons du Valais (Macrolépidoptères).R. Rappaz édit. Sion.

    Dans le même temps, Gérard Chr. Luquet donnait à l'ensemble de la sous-famille des Apaturinae le nom de "Mars", nom qu'il intégrait dans les noms vernaculaires des espèces Le Grand Mars changeant, Le Petit Mars changeant (A. ilia), Le Mars orangé (A ilia f. i. clytie) et Le Mars danubien (A. metis).

 


11. Noms vernaculaires contemporains :

 

  Charles Oberthür et Constant Houlbert , dans leur Faune armoricaine de 1912-1921, utilisent les noms scientifiques de Apatura iris Linn. puis ajoutent : " ailes d'un brun noirâtre avec un reflet changeant bleu violacé chez les mâles, ce qui lui a fait donner par les anciens auteurs le nom de Mars changeant. Puis, page 78 "Le Grand Mars changeant est plus rare dans l'Ouest que dans l'Est de la France, etc..." 

 


—Bellmann / Luquet 2008 : "  Le Grand Mars changeant" 

— Chinery / Luquet 2012  : "Le Grand Mars changeant"

— Doux & Gibeaux 2007 : "Le Grand Mars changeant".

— Higgins & Riley /Luquet 1988 :" Le Grand Mars changeant ". 

— Lafranchis, 2000 : " Lle Grand Mars changeant" .

— Perrein et al. 2012 : "Grand Mars changeant".

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 :  "Grand Mars changeant".

— Wikipédia : " Le Grand Mars changeant".


 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

      Le terme allemand "Schiller", qui décrit l'ensemble des Mars ou Empereurs, signifie "miroiter, chatoyer, avoir des reflets irisés".

Le terme anglais "purple" correspond à notre violet (comparer les couleurs illustrant les articles "Pourpre" et "Purple" de Wikipédia).

 

  • "Grosser Schillerfalter" en allemand
  • "Purple Emperor" en anglais (Empereur Pourpre)
  • "Häiveperhonen" en finnois
  • "Irissommerfugl" en norvégien (papillon Iris) et en danois
  • "Grutte Wjerskynflinter" en frison.

  • "Apatura iride" en italien
  • "Tornasolada gran" en espagnol
  • "Velika modra preljevalica" en croate : (Grand preljevalica bleu)
  • "Kilnioji vaiva" en lithuanien
  • "Sälgskimmerfjäril" en suédois.
  • "Batolec duhový" en tchèque
  • "Grote weerschijnvlinder" en néerlandais (Grand papillon Reflet)
  • " Райдужниця велика" en ukrainien,
  • "Nagy színjátszólepke"en hongrois
  • "Mieniak tęczowiec" en polonais
  • "Ssuur-kiirgliblikas" en estonien.
  • "Dúhovec väčší" en slovaque.

 

 


Langues celtiques  : 

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).

  •  en irlandais

  •  en mannois.
  • "" en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (Welshcymraeg).

  •  pas de nom en breton ; 

  • "Mantell borffor" en... gallois. 

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilée par Emily Edwards, Agent des communications gaélique, à partir de diverses sources.   http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

 Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR

 

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IV. Les noms vernaculaires en anglais (M.A. Salmon, 2000).

Première description : Pétiver 1704.

  • "Mr Dale's Purple Eye" : Petiver, 1704.
  • "The Purple Emperour" ou "Purple Emperor" : Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766 ; Haworth, 1803 ; Jermyn, 1824 ; Morris, 1853 ; et la plupart des auteurs suivants.
  • "The Emperors of the Woods", : Wilkes, 1747-1749 ; Berkenhout, 1769 ; Brown, 1832.
  • "The Purple Shades" : Lewin, 1795.
  • "The Emperor" : Rennie, 1832.
  • " The Emperor of Morocco" : Morris, 1853.

J'ajoute à cette liste de M.A. Salmon la description de E Donovan en 1793 dans The Natural History of British Insects (2) sous les noms de The Emperors of the Wood , Purple High Fleyer : planche XXXVII BHL libr.

                               n7_w469   

 


         Bibliographie, liens et Sources.

 

 

— Funet : apatura

— Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : apatura iris

— UK Butterflies : Apatura iris.

— lepiforum :  Apatura iris

 —Images : voir les superbes dessins de Hübner ( Aricia agestis n'est pas représenté).

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr. http://www.biodiversitylibrary.org/item/138312#page/35/mode/1up

 

                 I.  Étymologie des lépidoptères :


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— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler : Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GLASER, L, 1882 "Zur Nomenklatur des deutschen Tagfalter, in Entomologischen Nachrichten, Stettin 1882  pages 303-317,

  https://archive.org/stream/entomologischena81882berl#page/310/mode/2up/search/lycaena)

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

— JERMYN  L.: The Butterfly Collector's Vade Mecum: or a Synoptical Table of English Butterflies. 1824. http://archive.org/stream/butterflycollect00jerm#page/n6/mode/1up

 

  — HELLER (John Lewis) - 1983 -"Studies in Linnaean method and nomenclature", Marburger Schriften zur Medizingeschichte, Bd.1983;7:1-326.Frankfurt am Main ; New York : P. Lang,

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— ISAAK (Mark) Curiosities of the biological nomenclatureen ligne.

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 — KEMPER Heinrich 1959 Die tierischen Schädlinge im Sprachgebrauch, Berlin : Duncker & Humblot 1959. Google books.

— MACLEOD (Roderick Donald) 1959 Key to the names of British Butterflies and moths, 86 pp. Londres.

— RAMANN (Gustav) 1870-76, Die Schmetterlinge Deutschlands und der angrenzenden Länder in nach der Natur gezeichneten Abbildungen nebst  erläuterndem Text, 4 Bände, Band 1, Arnstadt 1870-1876. 

— SODOFFSKY (W), 1837. "Etymologische undersuchungen ueber die gattungsnamen der Schmetterlinge von W Sodoffsky, in Riga", Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, n° VI, Moscou : imprimerie d'Auguste Sémen, 1837, 167 p. Archiv.org.

 — SPANNERT (Anton), 1888, Die wissenschaftlichen Benennungen der Europäischen Großschmetterlinge mit sâmmtlichen anerkannten Varietâten und Aberationen, Karl Duncker : Berlin,1888, 239 pages.

 —SPULER  (Dr Arnold), 1901-1908, Die Europas Schmetterlinge, . Vol.1. Allgemeiner Teil —Spezieller Teil. I-CXXVIII + 1-386 + [1]-[6], 265 fig. dans le texte, E. Schweizelbart'sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Dr Sproesser édit., Stuttgart, Allemagne. En ligne sur BHL

— Numen. The Latin lexicon :  http://latinlexicon.org/index.php

— Mythologie : CHOMPRÉ Pierre Dictionnaire mythologique de la fable, 1727, plusieurs rééditions dont éditions augmentées en 1801 par Millin.

            Édition 1775 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205494m.pdf

 



        II. Bibliographie entomologique : Rhopalocères.

— ALBIN, E.: A Natural History of English Insects: Illustrated with a Hundred Copper Plates, Curiously Engraven from the Life. 1720. GDZ Göttingen

— ALDROVANDI (Ulysse) 1602 De animalibus insectis libri septem, cum singulorum iconibus. J. B. Bellagambam (Bononiae) 1602 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k991248

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BERGSTRÄSSER (Johann Andreas Benignus)  Icones Papilionum Diurnorum: Quotquot Adhuc In Europa Occurrunt ..., http://reader.digitale-sammlungen.de/resolve/display/bsb10231126.html

— BILLBERG (Gustav John) : Enumeratio insectorum in Museo Gust. Joh. Billberg ,[Stockholm] :Typis Gadelianis, 138 p. http://www.biodiversitylibrary.org/item/105024#page/87/mode/1up

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

 BOISDUVAL Histoire naturelle des insectes Roret 1836 books.google.fr/books?id=2Kgi4FH6kj0C

— BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre) 1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833]. BHL Libr

—  BOISDUVAL (Jean-Alphonse) Essai sur une monographie des zygénides : suivi du Tableau méthodique des lépidoptères d'Europe Paris : Méquignon-Marvis 1829 Gallica

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

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ou (images) University of Glasgow : http://special.lib.gla.ac.uk/exhibns/month/july2004.html

— Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

— Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

Références Bibliographiques en taxonomie : http://butterfliesofamerica.com/US-Can-Cat.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :

 http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes 

  http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   — http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

— site d'identification ;http://r.a.r.e.free.fr/interactif/photos%20nymphalidae/index.htm

 

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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