Zoonymie du papillon Le Petit Sylvain
Limenitis camilla, (Linnaeus, 1764).
Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme! [...]
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour. [...]
Oui, je suis le rêveur ; je suis le camarade
Des petites fleurs d’or du mur qui se dégrade,
Et l’interlocuteur des arbres et du vent.
Si je n'étais songeur, j' aurais été sylvain.
Victor Hugo, Les Contemplations.
Victor Hugo, Les Contemplations.
La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).
Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.
Résumé.
— Limenitis Fabricius, 1807 : du grec signifiant "gardien ou protectrice des ports", qui peut être un épithète de Diane ou de Vénus. Sachant la convention que s'est fixée Fabricius de nommer ses genres de papillons diurnes selon un épithète de Vénus, Limenitis s'applique volontiers à Aphrodite limenia, qui était vénérée sous ce nom à Hermione et à Égine.
— camilla (Linné, 1764) : Linné, qui trouve en Homère et en Virgile la grande partie de son inspiration onomastique, fait ici certainement honneur à la très séduisante héroïne des Livres VII et XI de l'Éneide, Camilla reine des Volques, qui combattit Énée. Deux vers connus de tous au Siècle des Lumières et repris par les poètes la décrivaient courant les bois pour chasser, vêtue d'une peau de tigre : "Elle aurait pu survoler un champ de blé, sans le toucher /et sans en abîmer, dans sa course, les tendres épis ". Cela évoque le vol fascinant du L. camilla, qui plane sans effort d'un arbre à l'autre avant de glisser vers le sol, l'effleurant par de rares battements d'ailes avant de s'élever à nouveau, dans l'émerveillement de l'observateur.
La plus grande confusion a régné dans la dénomination de ce papillon, aussi nommé L. sibilla, du nom des prophétesse antiques Sibylles et de l'entomologiste Maria sibilla Meriam.
— Noms vernaculaires : Geoffroy en 1762, dans une description antérieure à celle de Linné, a nommé cette espèce aux ailes sombres barrées d'un bandeau blanc Le Deuil, juste avant de baptiser l'espèce suivante le Demi-deuil (Melanargia galathea) ; puis en 1779, Engramelle préféra le nom de Petit Sylvain, pour indiquer l'habitat de sous-bois où pousse le chèvrefeuille, ou pour évoquer le vol féerique de ce petit être voisin des faunes. Godart en 1821 choisit Le Nymphale Petit Sylvain, qui fut utilisé inconstamment jusqu'à 1986, où G. Chr. Luquet fit adopter par tous le nom Le Petit Sylvain, et écarta définitivement le Deuil de Geoffroy. On doit aussi mentionner le nom anglais de White Admiral (Petiver, 1703), allusion au grade équivalent à notre Vice-Amiral, mais aussi à un uniforme de drap sombre ouvert sur une chemise blanche. Le nom allemand Eisvogel, "oiseau de glace" qui est aussi le nom du Martin-Pêcheur, est aussi plein d'intérêt.
I. Nom scientifique.
1. Famille et sous-famille.
a) Famille des Nymphalidae Rafinesque, 1815.
(fr. Les Nymphalides, angl. Brush-footed Butterflies).
[ N.B : j'observe ici la taxonomie présentée par Dupont & al. (2013). Ces auteurs remarquent dans leur note 209 : "Pelham & al. (2008), se référant aux travaux de Koçak (1981), considèrent Nymphalidae Swainson, 1827, comme invalide, au motif que le nom donné par Swainson est fondé sur le nom générique Nymphalis Latreille, 1804, qui est considéré non comme un synonyme, mais un homonyme de Nymphalis Kluck, 1780. Ces auteurs préconisent l’utilisation de Nymphalidae Rafinesque, 1815 (page 127 : « Sous-famille des Nymphalia »). Rafinesque intégre dans ce taxon de nombreux genres de Nymphalidae. Pour la systématique de cette famille nous avons suivi les travaux de Wahlberg & al. (2009)."]
Rafinesque, C.S. 1815: Analyse de la nature, ou tableau de l'univers et des corps organisés.Palerme. L'Imprimerie de Jean Barravecchia. en français, 224 pp page 127. "Les Nymphales, quatre pattes droites, quatre pattes ambulatoires". Les Nymphales sont, pour Rafinesque, une Sous-famille de la famille Ropalocera ; elle comporte alors 23 "genres".
Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) est un naturaliste et un archéologue américain d'origine franco-germano-italienne, qui a passé son enfance à Marseille avant de s'installer à Palerme comme herboriste. puis à Philadelphie.
Ce grand collectionneur en histoire naturelle s'intéresse à la zoologie, la botanique, la malacologie, la météorologie et la littérature ainsi qu'à la théorie de l'évolution. Grand admirateur de Linné, nom dont il prénomme son fils, il débute son Analyse de la nature par cette dédicace : "La nature est mon guide, et Linnaeus mon maître".
Cette famille comporte actuellement 13 sous-familles. Celles qui nous concernent sont les Danainae (Danaïnes ou Monarques) ; les Libythéines ( Échancrés ou Libythinées) ; les Nymphalinae ; les Charaxinae ; les Apaturinée et les Satyrinae.
Son nom vient de Nymphales, nom de la quatrième phalange de la nomenclature de Linné, aux ailes dentelées (alis denticulatis) et divisée en gemmati (ailes ocellées) et phalerati (ailes ornées). Le nom est dérivé du grec ancien νύμφη / númphê, « jeune fille » et désigne dans la mythologie grecque les divinités féminines de la nature, généralement considérées comme les filles de Zeus et du Ciel, remarquablement belles, et qui peuplaient la plupart des lieux naturels: forêts et bois, vallées fertiles et bocages, sources et rivières, montagnes et grottes…
b) sous-famille des Limenitidinae Butler 1870.
— type-genus: Limenitis Fabricius, 1807.
— Dupont et al 2013, qui me sert de référentiel taxonomique, donne comme auteur pour cette sous-famille Butler, 1870. et non Behr, H., 1864 ["On Californian Lepidoptera. No. IV." Proc. Calif. Acad. Sci. 3 (2): 127);]
http://archive.org/stream/museumsaeriaemit00linn#page/306/mode/1up
b) sous-famille des Limenitidinae Butler 1870.
— type-genus: Limenitis Fabricius, 1807.
— Dupont et al. (2013), qui me sert de référentiel taxonomique, donne comme auteur pour cette sous-famille Butler, 1870. et non Behr, H., 1864 ["On Californian Lepidoptera. No. IV." Proc. Calif. Acad. Sci. 3 (2): 127);]
http://archive.org/stream/museumsaeriaemit00linn#page/306/mode/1up
- Tribu des Neptini Newman, 1870
Genre Neptis Fabricius, 1807
- Tribu des Limenitidini Butler, 1870
c) Tribu des Limenitidini Behr, 1864.
- Genre Limenitis Fabricius, 1807
-
— Ce genre renferme 3 Sous-genres
- a) Sous-genre Limenitis Fabricius, 1807 :
Limenitis populi (Linnaeus, 1758) . Grand Sylvain.
- b) Sous-genre Azuritis Boudinot, 1986
Limenitis reducta Staudinger, 1901. Sylvain azuré.
- c) Sous-genre Ladoga Moore, 1898
Limenitis camilla (Linnaeus, 1764) . Petit Sylvain.
2. Nom de genre : Limenitis, Fabricius, 1807.
Fabricius, 1807, "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges", Magazin für Insektenkunde , Karl Reichard, Braunschweig [Brunswick] (6) page 285, n°32.
Dans la note préliminaire d'Illiger, Fabricius divisait l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes. Le 11ème des 49 genres de Fabricius cités dans l'article contient 14 espèces, dont trois sont nommées : Populi, Niavius et Camilla. Populi est l'espèce-type.
Ce genre est désormais divisé en trois sous-genres :
- Sous-genre Limenitis Fabricius, 1807 Limenitis populi (Linnaeus, 1758). Grand Sylvain.
- Sous-genre Azuritis Boudinot, 1986 Limenitis reducta Staudinger, 1901 . Sylvain azuré. [Présent en Corse]
-Sous-genre Ladoga Moore, 1898 Limenitis camilla (Linnaeus, 1764) . Petit Sylvain.
La classification de Fabricius ou Systema glossata.
L'article cité en référence n'est pas écrit par Fabricius, mais par Johan Karl Wilhem Illiger. Illiger, qui fut conservateur du musée zoologique de Berlin en 1810, après avoir pris en charge les collections du comte von Hoffmannsegg, a fait paraître la revue Magazin für Insektenkunde de 1802 à 1807. Dans celle-ci, il donne une présentation anticipée des genres de lépidoptères que Fabricius s'apprête à publier dans son Systema glossata :
L'histoire de la publication du Systema glossatorum de Fabricius est en elle-même le petit roman tragique et complexe d'un manuscrit perdu. Ce nom de Systema glossatorum suppose d'abord que l'on sache que Fabricius, dont la classification des insectes reposait sur la structure des pièces buccales utilisait le terme de Glossata (les Glossates) pour désigner les Lépidoptères, ou Papillons : en d'autres termes, il s'agit de sa Classification des Lépidoptères, la dernière de sa série des Systema après Systema eleutheratorum [les coléoptères] Kiliae 1801, Systema rhyngotorum [les hémiptères], Brunsvigae 1803, Systema piezatorum [les hyménoptères], Brunsvigae 1804 et Systema antliatorum [les diptères], Brunsvigae 1805.
Le manuscrit du dernier des Systema a été terminé le 4 mars 1806 et envoyé à Reichard, le même éditeur que les précédents à Brunswig, et qui éditait aussi le Magazin für Insektenkunde d'Illiger. C'est dans la sixième et dernière parution de cette revue que Illiger écrivit un article sur "La dernière classification par genre des papillons des genres linnéens Papilio et Sphinges", Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges (cité supra, 1807 pp 277-289), anticipant la parution du premier volume de la Systema Glossatorum, annoncée pour Pâques 1808. Quant à Fabricius, il donna un résumé de son ouvrage dans "Zeitung fur Literatur und Kunst in den Konigl. Danischen Staaten," Kiel, 11. Sept. 1807 (pp. 81-84) sous le titre: "Etatsrath Fabricius Rechenschaft an das Publikum fiber seine Classification der Glossaten. Joh. Christ. Fabricii systema glossatorum, Vol. I ".
Hélas, avant que ne paraisse le livre, l'éditeur fit faillite, et ses créanciers saisirent le matériel et vendirent les travaux en cours à des chiffonniers. On ignore ce qu'est devenu le manuscrit original de Fabricius, mais néanmoins, les sept premiers feuillets déjà imprimés de son livre ont été conservés, en trois exemplaires. L'un de ceux-ci est maintenant à la Bibliothèque du Musée zoologique de Berlin : elle comporte les pages 1-112 avec la page de titre et s'intitule Systema glossatorum, sans mentionner "volume I". Elle a fait l'objet d'un fac-similé publié par F. Bryk en 1938. Un autre exemplaire appartenait à K.A Dohrn à Szczecin [Stettin], qui l'a légué au Musée zoologique de Szczecin ; après la seconde guerre mondiale, il devint la propriété de la Bibliothèque Royale de Copenhague. Il comprend les pages 3-112, sans la page de titre. Enfin, l'American Museum of Natural History de New-York détient depuis au moins 1903 le troisième exemplaire. Il ne se compose que des pages 1-80, page de titre incluse.
Comme Dohrn signale que le numéro 6 de la revue d'Illiger avait brûlé lors d'un incendie chez l'imprimeur, Brik pense que le manuscrit de Fabricius a été détruit lors du même incendie. Ce manuscrit ne devait porter que sur le volume I, puisque la liste des genres, par laquelle Fabricius débute (page 9-12) ne comporte pas les Noctuidae et les Geometridae.
Felix Brik (1938) sembla avoir utilisé une épreuve de la bibliothèque de la Berliner Naturforschung Gesselschaft, publiant un fac similé qui apporte les noms de nouvelles espèces par rapport à Illiger. (J Chr Fabricius Systema Glossatorum Nature 143, 784 (13 Mai 1939). Par son Opinion n° 137 du 30 octobre 1942, l'ICZN établi que les noms génériques publiés par Illiger sont à créditer à "Fabricius (in Illiger), 1807" et par extension de l'Opinion n° 137, les noms triviaux du fac-similé de Briks sont indiqués "Fabricius (in Brik), 1938".
Sources du paragraphe:
SL Tuxen Annu Rev. Entomol.1967, http://www.annualreviews.org/doi/pdf/10.1146/annurev.en.12.010167.000245
Voir aussi Taeger, Nota lepidopterologic 2001
https://archive.org/stream/notalepidoptero242001soci#page/n89/mode/2up/search/fabricius
Étymologie du nom de genre limenitis.
Si, en latin, il existe le nom limen, inis, "seuil, porte, maison, borne, frontière", qui ne doit pas nous égarer, c'est un autre nom latin, Limenitis signifiant "des ports", du grec ancien Λιμενιτις (de λιμήν, "un port, havre"), qui fournit l'étymologie necessaire.
D'où provient ce qualificatif "des ports" ?
Fabricius, dans sa présentation du Systema glossatorum ( déjà cité, in Zeitung für Literatur und Kunst in den Königl . Dänischen Staaten [ Kiel ] , Septembre 11 1807, p. 83), donne des indications précieuses sur ses règles d'attribution des noms : il écrit qu'il est en train de changer un certain nombre de nom donnés par Linné car il souhaite faire apparaître le nom de la plante hôte. "Les noms de genre ne posent pas de problèmes importants, il faut seulement éviter qu'ils soient trop longs, et qu'ils ne soient pas déplaisants à l'oreille. Pour les papillons de jour, j'ai choisi différents épithètes [cognomina] de Vénus, et pour les papillons de nuit, ceux de Diane. Ils semblent être les plus appropriés. Leurs homologues grecs [qualificatifs d'Aphrodite ou d'Artémis] ont tendance à être durs, longs et désagréables."
Dans ces conditions, il semble probable que le genre limenitis soit en relation avec l'épiclèse d'Aphrodite Limenia Λιμενια, protectrice des ports.( http://www.theoi.com/Cult/AphroditeTitles.html)
Cet épithète, avec ceux de Limenites, Limentis et Limenoscopus (Limenitês, Limenitis, Limenodkopos), signifient " protecteur/trice ou superintendant/e des ports" : c'est le surnom de plusieurs divinités comme Zeus (Callimach. Fragm.114, 2e ed. Bentl.), Artemis (Callim. Hymn. dans Dian. 259), Aphrodite (Paus. ii. 34. § 11; Serv. ad Aen. i. 724), Priapus (Anthol. Palat. x. 1, 7), et de Pan (Anthol. Palat. x. 10.) http://www.mythindex.com/greek-mythology/L/Limenia.html. Effectivement, Aphrodite n'a pas l'exclusivité de ce titre, et son inverse nocturne Artémis le reçut également : "Limenitis, Limniatis, Limnatis,Limnea, nom donné par les pêcheurs à Diane, qui l'invoquaient comme la déesse des marais et des étangs" P. Chompré, 1778 Dict. portatif de la Fable.
Une autre difficulté est que l'épithète exact que reçoit Aphrodite est plutôt Limenia ou λιµνήσιος Limnesia, "des Ports" que Limenitis, qui est attesté pour Diane.
Néanmoins, plusieurs textes attestent l'existence de ce culte rendu à Aphrodite Limenia, protectrice des ports, le plus récent et le plus universitaire corroborant le travail le plus ancien, que Fabricius a pu consulter pour rechercher ses épithètes de Vénus :
1) Gérard de la Chau (abbé), Dissertation sur les attributs de Vénus, Paris : Lamy, 1780 page 8.
et Pierre-Henri Larcher, Mémoire sur la déesse Vénus 1776 page 111 :
"La dénomination de Limenia ou Limnesia paraît plus restreinte et plus bornée [que celles de Marina et de Pelagia], et bornée seulement aus ports sur lesquels Vénus était censée veiller, comme on le voit dans une épigramme de l 'Anthologie et comme on l'apprend de Servius. (Est Limnesia Venus qu portibus praest Servius in Aenid.I). Cette dernière épithète est citée par Pausanias (Corinthiae, 2, 34,11 ) qui dit que l'on voyait à Hermione une statue de Vénuslimenia de marbre blanc, remarquable par sa hauteur et sa beauté."
2. Marie-Karine Lhommé : Un commentaire en catalogue, les Vénus du Servius Daniélis (AEN. 1, 720) Eruditio Antiqua 4 (2012) : 313-355.
" Vénus des ports.
"est et Limnesia, quae portubus praeest"
Vénus est liée à la mer par sa naissance de l’écume des flots, mais elle ne semble pas spécialement liée aux ports côté romain. C’est Portunus qui préside aux ports, comme le dit la glose de SD dans les mêmes termes : SD 5, 241 : PORTVNVS deus marinus qui portubus praeest. « Portunus : dieu marin qui a la protection des ports. »
À Hermione, Pausanias (2, 34, 11) évoque une Aphrodite Pontia kai Liménia et à plusieurs autres reprises, côté grec, des sanctuaires d’Aphrodite sont situés sur des côtes, à proximité de sanctuaires de Poséidon.
Les errances d’Énée en Méditerranée donnent lieu à la consécration de nombreux temples d’Aphrodite sur des îlots ou en bord de mer. Denys d’Halicarnasse (1, 51, 3) signale, parmi d’autres toponymes liés à Énée, un promontoire appelé Port-Aphrodite, au lieu-dit Athénaion, qui fut le premier endroit où Énée mit le pied en Italie : τοῦτο δὲ τὸ χωρίον ἐστὶν ἀκρωτήριον καὶ ἐπ´ αὐτῷ θερινὸς ὅρµος, ὃς ἐξ ἐκείνου λιµὴν Ἀφροδίτης καλεῖται. « Cet endroit est un promontoire qui offre un mouillage l’été, et qu’on appelle depuis ce moment port d’Aphrodite. »
Limnesios peut être interprété différemment (voir les sens proches en grec de λιµήν, port et de λίµνη, marais, mer) comme lorsqu’ Isidore (Etym. 17, 33) rapporte un autre nom de la centaurée : Centauream Graeci vocant quoniam a Chirone Centauro fertur reperta. Eadem et λιµνήσιος, quia locis humectis nascitur. « Les Grecs l’appellent Centaurée parce que c’est le centaure Chiron qui la découvrit, comme on le rapporte. La même est appelée aussi limnesios, parce qu’elle naît des lieux humides.» On retomberait alors sur une Vénus née de l’humidité, née de la mer."
3. Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de C.Daremberg et E.Saglio (1877-1919) Tome I vol.1 page 308 :
" Une double fête de Poséidon et d'Aphrodite Limnesia et Galenaia, c'est-à-dire , qui apaise la mort et conduit au port, avait lieu à Égine. D'abord on offrait un sacrifice au dieu des mers en mémoire de ceux qui étaient morts en naviguant, puis on se livrait à une joie dissolue en célébrant les bienfaits de la déesse de l'amour. En Acarnanie également, Aphrodite était fêtée comme déesse marine par des combats navals " Plutarque, Quaestr. gr.44 ; Athen. XIII, 55, 95.
Les entomologistes qui se sont penchés sur le nom Limenitis ont retrouvés les mêmes données que moi, mais Sodoffsky (1837) page 81 [Limenitis : beiname der Venus, der Diana und anderer Gottheit. Cf Vollmer, 1143] comme Westwood et Humphrey (1841) page 60 [Limenitis : "one of the name of Venus : Vollmer, 1143] renvoient à la même référence, celle de Vollmer.
1836 :http://books.google.fr/books?id=HhMYAAAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
A.M.Emmet (1991) qui ignore la régle que s'est fixé Fabricius, signale bien le grec limenitis, "gardien de port", un épithète attribué aux dieux qui protègent les ports, et se demande si Fabricius ne s'est pas souvenu que le premier spécimen de sylvain avait été capturé par David Krieg dans la ville portuaire de Leghorn. Il avait été adressé à Petiver, qui le nomma Papilio Livornicus, " the Leghorn White admiral ".
Les autres étymologies (selon Hürter) :
— Arnold Spuler : page 14 : Beiname einer griechischen Göttin, "épithète d'une déesse grecque".
— Janssen page 39 : Limné = moeras, de voedselplant van Limenitis populi, populier, groeit op vochtige plaatsen, " Limne signifie -marais-, la plante hôte le peuplier poussant dans les endroits humides".
— Ramann page 52: Jedenfalls kömmt der Name dieser Unterabtheilung der Nymphaliden vonlimen, die Schwelle, die Grenze, der Weg her, weil die Limeniten, welche den deutschen Namen Eisvögel führen, am häufigsten auf Waldwegen angetroffen werden , " Quoiqu'il en soit le nom de cette sous-division des Nymphalidae vient du latin limen, le seuil, la frontière, ou ici la route parce que les limenitinés qui portent en allemand le nom de Eisvögel, " sont le plus souvent observés le long des sentiers forestiers".
— Dale page 128 : Limenitis, a greek word signifying harbour keeping, an epithet applied to several divinities, but especially to Diana. "Limenitis, mot grec signifiant "gardien des ports", un épithète qui s'applique à plusieurs divinités, mais spécialement à Diane".
Le genre Limenitis présente une vingtaine d'espèces, mais deux seules sont rencontrées en Bretagne : le Petit Sylvain Limenitis camilla, et le Sylvain azuré L. reducta. J'ai décrit ce dernier ici :L' Alto Merse, reserve naturelle de Toscane.
Je rappelle les différences entre les deux:
L. camilla dispose d'une double rangée de points noirs sur la face inférieure de l'aile postérieure.
L.reducta ne dispose que d'une simple rangée de points noirs sur cette face inférieure, mais la coloration de cette face est plus rougeâtre. Sur le recto, l'aile antérieure du L. reducta offre une marque blanche supplémentaire bien marquée, entre les taches principales et la tête ( L. camilla présente, au mieux, une trace blanchâtre).
Le nom du sous-genre ladoga Moore [1898].
L'actuel Limenitis camilla, sous-genre ladoga, appartenait il y a quelques années au genre Ladoga.
Moore, Lepidoptera indica, London [Londres], L. Reeve et Co, 1890-1907 [1898]. 3, p. 174.
L'entomologiste britannique Frederic Moore (1830 -1907) était conservateur assistant du muséum de la Compagnie anglaise des Indes orientales à Londres. Il fit paraître Lepidoptera indica de 1890 à 1912, un important travail en douze volumes sur les lépidoptères du sud de l’Asie et qui sera terminé après sa mort par Charles Swinhoe (1836-1923). Moore fit aussi paraître The Lepidoptera of Ceylon de 1880 à 1887.
Étymologie obscure ; A.M. Emmet suppose un néologisme mais fait remarquer qu'il existe un lac Ladoga au Nord-est de Saint-Pétersbourg en Russie.
L'interrogation du moteur de recherche me fait découvrir qu'un navire baleinier de 340 tonnes a porté le nom Lagoda ; certes ce n'est pas le même nom, mais le trois-mât barque devait initialement porter le nom du lac russe ; les consonnes g et d ont été inversées par le peintre en lettres, et les marins refusèrent de corriger l'erreur, en raison des malheurs qui s'abattraient à coup sûr sur un navire rebaptisé. (Hélas, les entomologistes qualifient cela de "superstition", et s'étonnent naïvement de voir les populations de papillons dont ils ont dix fois modifié le nom, péricliter ou disparaître.) Le Lagoda avait été construit en 1827 au Massachusetts comme navire marchand, puis il a été armé comme baleinier à Boston. Il a été détruit en 1899. Un modèle réduit à l'échelle 1/2 de 89 pieds de long est exposé au New Bedford Whaling Museum : c'est le plus grand modèle de baleinier existant.
Avec sa coque noire et sa ligne de faux sabord de navire marchand essayant de faire croire qu'il est armé de canons, savez-vous quoi ?
Il ressemble parfaitement à un Ladoga camilla, qui était l'espèce-type du genre ladoga.
3. Nom d'espèce : Limenitis camilla (Linnaeus, 1767)
a) la publication originale.
http://archive.org/stream/museumsaeriaemit00linn#page/306/mode/1up
P[apilio] N.[ymphalis] camilla : Linnaeus, C. 1764. Museum S:ae R:ae M:tis Ludovicæ Ulricæ reginæ Svecorum, Gothorum, Vandalorumque. In quo animalia rariora, exotica, imprimis insecta & conchilia describuntur & determinantur. Holmiae. Laur. Salvii 1764 720 pp. page 304 n°122 .
(M.L.U en abrégé)
Localité-type : Allemagne : Habitat in lonicera caerulea Germania.
La répartition de cette espèce présente deux grandes aires disjointes : Europe et Caucase d’une part, sud est de la Russie, Chine et Corée d’autre part. Elle est signalée dans toute la France sauf le domaine méditerranéen. Les chenilles se nourrissent sur diverses espèces de Chèvrefeuilles. (Dupont et al. 2013)
b) Synonymes (INPN, Muséum) et sous-espèces.
Ladoga camilla camilla (Linnaeus, 1764)
- Ladoga camilla xylostei (Prunner, 1798)
- Ladoga camilla (Linnaeus, 1764)
- Limenitis sibilla (Linnaeus, 1767)
- Papilio camilla Linnaeus, 1764
- Papilio sibilla Linnaeus, 1767
- Papilio xylostei Prunner, 1798
LERAUT retient la présence de deux sous-espèces en France :
- camilla Linnaeus, 1764.
- xylostei Prunner, 1798. Localité-type : Stupinigi, Turin, Piémont, Italie.
c) étymologies.
c1) Camilla princesse des Volsques.
Une grande quantité de noms (de plantes ou d'animaux) créés par Linné provenant soit des œuvres d'Homère, soit de celles de Virgile, et puisque l'on trouve dans l'Éneide de Virgile un très beau passage consacré à la geste de Camilla, princesse des Volsques, il est très probable que cette héroïne soit à l'origine du nom du Papilio camilla de Linné. Par ses traits de fée des bois et d'amazone sauvage et guerrière, gravés en vers inoubliables pour des générations de lettrés , elle est capable d'exalter durablement un esprit.
C'est surtout dans le Livre XI que sont présentés les Volsques, [une tribu de l'Italie centrale, qui, au 5e siècle av J.C., tenta de gagner la mer Tyrrhénienne en menaçant dangereusement le Latium], leur roi Metabus et sa fille Camilla, la reine des Volsques, amazone chasseresse et cavalière experte. Dans l'épopée, Énée, soutenu par Vénus contre Junon, affronte les latins dirigés par Turnus, lors d'un combat de cavalerie, durant lesquels Camille meurt, tuée par ruse par Arruns, d'un coup de javelot.
Mais auparavant, l'histoire de la jeune fille est racontée y trouve, chapitre XI, 532-724, l'histoire de Camille, la fille du roi des Volsques Metabus et de son épouse Casmilla.
Dés la fin du Livre VII, Virgile présente Turnus le Rutule, et sa future alliée Camille la Volsque. Celle-ci, qui est vouée à Artémis la vierge chasseresse, est une sauvageonne des bois, maniant l'arc et la fronde. Deux vers ont pu inspirer Linné, tant la légereté de Camille "plus rapide que le vent" rappelle celle d'un papillon sylvestre : Illa uel intactae segetis per summa uolaret / gramina nec teneras cursu laesisset aristas : "Elle aurait pu survoler un champ de blé, sans le toucher,/ et sans en abîmer, dans sa course, les tendres épis".
Voici cette célèbre première apparition dans le poème :
bellatrix, non illa colo calathisue Mineruae
femineas adsueta manus, sed proelia uirgo
dura pati cursuque pedum praeuertere uentos.
Illa uel intactae segetis per summa uolaret
gramina nec teneras cursu laesisset aristas,
uel mare per medium fluctu suspensa tumenti
ferret iter celeris nec tingueret aequore plantas.
Illam omnis tectis agrisque effusa iuuentus
turbaque miratur matrum et prospectat euntem,
attonitis inhians animis, ut regius ostro
uelet honos leuis umeros, ut fibula crinem
auro internectat, Lyciam ut gerat ipsa pharetram
et pastoralem praefixa cuspide myrtum.
7, 805-813.
Guerrière, elle n'a pas habitué ses mains à la quenouille
ni aux corbeilles de Minerve ; mais c'est une fille endurante
aux durs combats, et à la course elle est plus rapide que les vents.
Elle aurait pu survoler un champ de blé, sans le toucher,
et sans en abîmer, dans sa course, les tendres épis ;
ou, suspendue à une vague gonflée, elle aurait pu marcher
en pleine mer, sans y tremper la plante de ses pieds agiles.
Tous les jeunes gens sortis des maisons et des champs,
et aussi la foule des matrones l'admirent et la regardent passer ;
l'esprit stupéfait, ils restent bouche bée en contemplant la pourpre,
parure royale voilant ses épaules lisses, la fibule d'or nouée
dans ses cheveux, sa manière de porter son carquois de Lycie
et le myrte champêtre qui se termine en pointe de fer.
L'histoire reprend au Livre XI. Le roi des Vosques Metabus, chassé par ses sujets, doit traverser dans sa fuite le fleuve Amasenus. Voyant les flots grossir, et portant dans ses bras sa fille, il choisit de la placer sous la protection de Diane, la déesse vierge et chasseresse : pour cela, il la ligote sur un javelot par des liens d'écorce et de liège, et lance son arme et son bébé vers les cieux jusqu'à la rive opposée.
sonuere undae, rapidum super amnem
infelix fugit in iaculo Camilla. Virgile, Eneide, XI, 561-62
"Les ondes résonnèrent, et par dessus le fleuve rapide,
Camille l'infortunée s'enfuit, fixée à son javelot strident."
Regardons la passer dans le ciel latin, nue, cramponnée à la hampe de frêne, serrée sous l'écorce comme l'arbre enlacé par le chèvrefeuille, femme-bois vouée à la forêt et aux forces sauvages : car c'est ainsi qu'elle pourra le mieux servir d'icône à notre papillon de l'orée des bois, dont le vol léger papillonne autour de sa plante-hôte, le chèvrefeuille.
Ipse sinu prae se portans iuga longa petebat
solorum nemorum : tela undique saeua premebant
et circumfuso uolitabant milite Volsci.
Ecce fugae medio summis Amasenus abundans
spumabat ripis : tantus se nubibus imber
ruperat. Ille, innare parans, infantis amore
tardatur caroque oneri timet. Omnia secum
uersanti subito uix haec sententia sedit.
Telum immane manu ualida quod forte gerebat
bellator, solidum nodis et robore cocto,
huic natam, libro et siluestri subere clausam,
implicat atque habilem mediae circumligat hastae ;
quam dextra ingenti librans ita ad aethera fatur :
ʻ Alma, tibi hanc, nemorum cultrix, Latonia uirgo,
ipse pater famulam uoueo ; tua prima per auras
tela tenens supplex hostem fugit. Accipe, testor,
diua tuam, quae nunc dubiis committitur auris ʼ.
Dixit et adducto contortum hastile lacerto
immittit : sonuere undae, rapidum super amnem
infelix fugit in iaculo stridente Camilla.
At Metabus, magna propius iam urgente caterua,
dat sese fluuio atque hastam cum uirgine uictor
gramineo donum Triuiae de caespite uellit.
Non illum tectis ullae, non moenibus urbes
accepere neque ipse manus feritate dedisset :
pastorum et solis exegit montibus aeuom.
11, 544-569
Chassé de son royaume, honni pour ses violences et sa superbe,
Métabus, quand il sortit de l'antique ville de Priverne,
fuyant au travers des combats et de la guerre, emporta
dans son exil sa fillette nouveau-née, et lui donna le nom
de sa mère Casmille, quelque peu changé en Camille.
La tenant contre son coeur, il gagnait la longue ligne des crêtes
des forêts solitaires : de partout les traits cruels le pressaient,
et les Volsques allaient et venaient, avec des soldats tout autour de lui.
Soudain, durant sa fuite, le cours de l'Amasénus se gonfla,
bouillonnant au ras de ses rives, si violent avait été l'orage
qui avait déchiré les nuages. Métabus, prêt à plonger, hésite
par amour pour son enfant ; il a peur pour son précieux fardeau.
En pensée, il envisage toutes les solutions, et soudain décide ceci :
le guerrier tenait en sa main puissante un immense javelot,
un trait solide fait de chêne noueux et durci au feu ;
il y attache sa fille, enveloppée dans une écorce de liège sylvestre,
et la fixe habilement au milieu de la hampe.
De sa droite de géant,
il balance alors le trait, et tourné vers le ciel, dit :
ʻ Bienfaisante fille de Latone, hôtesse de ces bois, voici ta servante,
je te la consacre, moi, son père ; tenant tes armes, en suppliante,
elle est la première à fuir un ennemi à travers les airs. Ô déesse,
je t'en prie, reçois celle que je confie maintenant au caprice des vents ʼ.
Il dit et, ramenant son bras en arrière, brandit son trait et le lance :
les ondes ont résonné et, au-dessus du courant rapide,
l'infortunée Camille fuit, attachée à un javelot strident.
Alors Metabus, serré déjà de très près par une troupe nombreuse,
se jette dans le fleuve et d'une touffe d'herbes il retire triomphant
à la fois la lance et sa fille, et les offre en présent à Trivia.
Puis,
Hic natam in dumis interque horrentia lustra
armentalis equae mammis et lacte ferino
nutribat, teneris immulgens ubera labris.
Vtque pedum primis infans uestigia plantis
institerat, iaculo palmas armauit acuto
spiculaque ex umero paruae suspendit et arcum.
Pro crinali auro, pro longae tegmine pallae
tigridis exuuiae per dorsum a uertice pendent.
Tela manu iam tum tenera puerilia torsit
et fundam tereti circum caput egit habena
Strymoniamque gruem aut album deiecit olorem.
Multae illam frustra Tyrrhena per oppida matres
optauere nurum : sola contenta Diana
aeternum telorum et uirginitatis amorem
intemerata colit. Vellem haud correpta fuisset
11, 570-580
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/virg/V11-532-724.html#Casmille
Là, dans les broussailles, dans des tanières épineuses,
il nourrissait sa fille de lait sauvage, pressant les mamelles
d'une jument d'un troupeau sur ses lèvres tendres.
Dès que l'enfant eut imprimé ses premiers pas sur le sol,
il arma les mains de sa petite fille d'un javelot pointu
et suspendit à son épaule un arc et des flèches.
Elle n'a point d'or dans les cheveux, pas de long châle pour la couvrir,
mais une peau de tigre pend du haut de sa tête le long de son dos.
De sa main tendre encore, elle a lancé déjà ses flèches d'enfant ;
à l'aide d'une lanière souple elle a fait tourner par-dessus sa tête
une fronde et a abattu grue du Strymon ou cygne blanc.
Plus tard, Camille sera une vierge guerrière combattant Énée pour venger son père, et c'est ce personnage qu'illustre l'opéra de Bononcini Il trionfo di Camilla, regina de Volsci : elle n'aura plus rien d'aérien, plus rien à voir avec un papillon sylvestre.
L'entomologiste anglais Adrian Hardy Hawoth, membre de la Société linnéenne de Londres, auteur de 22 noms de genres d'hétérocères, a écrit en 1803 dans Lepidoptera Britannica : sistens digestionem novam insectorum Lepidopterorum " page 30 :
The graceful elegance displayed by this charming species when sailing on the wing, is greater perhaps than be found in any other we have in Britain. There was an old Aurelian of London, so highly delighted at the inimitable flight of Camilla, that long after he was unable to pursue her, he used to go to the woods, and sit down on a stile, for the sole purpose of feasting his eyes with her fascinating evolutions*.
The following admirable lines of Pope, Virgil and Dryden although not all of them exactly necessary to elucidate this subject, I cannot refrain from transcribing in this place :
[…] Not so when swift Camilla scours the plain,
Fleis o'er the unbending corn, and skims along the main
( Alexander Pope. An Essay on Criticism, 1711).
Vel mare per medium fluctu suspensa tumenti
ferret iter celeris nec tingueret aequore plantas.
(Virgile, 7, 810-811)
She swept the seas, and, as she skimm'd along, / Her flying feet unbathed on billows hung (Virgil's Dryden, 1697)
* "Le spectacle plein de grâce et l'élégance que déploit ce charmant espiègle lors de son vol est sans doute le plus grand parmi ceux que nous pouvons trouver en Grande Bretagne. Il y avait jadis un Aurélian [littéralement un Chrysalidien, un passionné des papillons] de Londres qui était tellement ravi par le vol de ce papillon, qu'il fut pendant longtemps incapable de poursuivre sa chasse, se contentant d'aller dans les bois et d'y rester assis adossé dans le seul but de se régaler des évolutions fascinantes du camilla."
Ces trois citations montrent d'une part combien l'image poètique de Camille au pied léger parcourant les bois comme une nymphe aérienne est heureuse, combien elle a séduit les esprits du XVII au XIXe siècle, et d'autre part comment elle s'impose immédiatement à un amateur de papillon comme Haworth. Autant d'arguments pour faire de la princesse volsque La camilla de Linné. Lorsqu'on lit la description actuelle du papillon sur le site U.K Butterflies, l'emerveillement devant les caractéristiques du vol du papillon fournit un argument supplémentaire :
The White Admiral is a woodland species and a delight to behold as it literally glides along forest rides, flying from tree to forest floor and back up with only a few effortless wing beats. For this reason, some of its closest relatives on the continent are known as "gliders". When settled, the adults are unmistakable, with their black uppersides intersected by prominent white bars. The undersides of this butterfly are, however, in complete contrast to the black-and-white uppersides, and are surely one of the most beautiful of all species found in the British Isles.
D'autres éléments sont à verser à cette plaidoirie : l'existence de papillons portant l'un le nom deTurnus, l'allié de Camilla, le roi des Rutules d'Ardée et l'autre celui d'Archaeoprepona camilla, ou A. camilla metabus
— Le Papilio turnus (actuel glaucus). Je redécouvre alors que Turnus est le frère de la nymphe Juturne, déesse des fontaines dont Linné a donné le nom (déformé) à Maniola jurtina Elee est la fille de Venilia, et elle joue un rôle important au chapitre 12.. Zoonymie du papillon Myrtil, Maniola jurtina. Fabricius, qui décrit dans Species insectorum page 17 le Papilio turnus, cite Linné en référence (Mantissa I,536). Le lectotype de l''espèce est conservé sous le protonyme Papilio Eques turnus, 1771.
—Archaeoprepona camilla (Godman & Salvin, [1884]) Archaeoprepona camilla camilla Archaeoprepona camilla metabus (Fruhstorfer, 1916), réunit dans le même nom Camilla et son père Métabus.
Il me restait à rechercher si Acca*, l'amie de Camille, qui est auprès d'elle au moment de sa mort, a donné son nom à un papillon. Bien-entendu : il a été donné par Hübner en 1819 au Pantoporia venilia (Linnaeus, 1758) ou Acca venilia.
*Son nom rappelle Acca Larentia, mère nourricière de Romulus.
Poursuivant le jeu de cette famille, je demande Opis, la nymphe qui fut charger par Diane de venger la mort de sa protégée en tuant le meurtrier Arruns : je trouve la Nymphale opis, nommée par Fabricius (Species insect. tII page 97 n° 428.) et par Drury Papilio opis Drury, [1773]; Illust. Nat. Hist. Exot. Insects 2 : pl. 18, f. 5-6 qui porte actuellement le nom de Cynandra opis, The Brilliant nymph.
Je découvre aussi le cocher de Turnus, Metiscus (Eneide 12, 468 ) un genre de la famille des Hesperidae. http://en.wikipedia.org/wiki/Metiscus. Ou bien une Callicore du Venezuela, Diaethria euclides metiscus (Doubleday 1849).
Un Polyommate (Latreille et Godart 1819 page 613) a porté le nom de Messapus, celui qui décocha une flêche vers Énée (Eneide, 12, 481-493).
Autres étymologies, autres étymologistes.
A. Selon le Dictionnaire Gaffiot, le mot Camilla possède deux sens au féminin. Au masculin, Camillus possède également deux sens :
-
camilla, ae, f. (camillus), jeune fille de bonne famille, aide dans les sacrifices : Macr. S. 3,8,7 ; Serv. En. 11,58.
-
Camilla, ae, f. Camille [reine des Volsques, alliée de Turnus] : Virg. En. 7, 803.
-
Camillus, i m., enfant noble, aide dans les sacrifices : P. Fest. 93 ; Serv. En. 11, 543 ; Varr. L. 7,34 ; Macr. S. 3,8,7..
-
Camillus, i, m. surnom des Furius ; nott Camille,[célèbre dictateur qui sauva Rome des Gaulois] : Liv. 5, 19, 2.//Au Plur. Les Camilles, les gens comme Camille : CIC. Sest. 143, etc.
Bien qu'il soit éminemment probable que Linné ait puisé dans l'Énéide de Virgile le nom de son papillon, ce nom de camilla peut donc désigner une jeune noble romaine, une assistante auprès de l'autel de sacrifice, ou une femme de la famille romaine des Camille (comme son tullia est formé sur Tullius, nom de Cicéron).
B. On peut aussi citer Camille, sœur des trois Horiaces et fiancée à l'un des Curiaces dans la tragédie Horace de Corneille reprenant Tite-Live, I, 24.
C. Les étymologistes en entomologie.
— A.M. Emmet 1991 page 152 : camilla : the name of a Volscan princess mentionned by Virgil in the Aeneid.
— Arnold Spuler page 15 : römischer Frauenname :"nom de femme romaine".
— August Janssen, page 39 : Romeinse vrouwennaam :"nom de femme romaine".
— Gustav Ramann, page 53 : ist ein zuweilen noch gebrauchter Frauenname, übrigens war es auch in Virgils Aeneide aufgeführte Volskische Heldin. "est parfois encore utilisé comme nom de femme, mais il est mentionné dans l' Éneide de Virgile pour désigner l'héroïne des Volsques. parfois encore utilisé le nom de la femme, par la façon dont il a été mentionné dans l'Enéide Volsques l'héroïne de Virgile."
— L. Glaser, page 122 : röm. Frauenname, z.B. Virg. Aen. VII. 803, Volsca de gente Camilla : "nom de femme romaine, par exemple dans Virgile, Éneide VII,803, de la famille des Camille".
— Anton Spannert page 32 : ein altrömischer, ebenso jetzt noch überall gebräuchlicher Frauenname : " un ancien nom romain, devenu de nos jours un nom féminin très courant".
Taxonomie.
Dans sa description, Linné renvoie à son Systema Naturae de 1758, page 486, où il a décrit parmi les Papilio barbarus un P. Amphion (du nom d'un fils de Zeus au chant capable de déplacer les pierres), papillon habitant en Inde, et qu'il nomme ici par erreur Aphion.
En réalité, c'est assez complexe, puisque Linné a donné quatre descriptions qui se renvoient les unes aux autres :
1. P. Amphion : Syst. Nat. ed 10 (1758), p. 486 n° 177.
2. P.N.P. Camilla, M.U.L (1764) p. 304 n° 122, qui renvoie à Aphion, erroné pour Amphion, SN 10 : 486 n°177 qui se réfère :
-à Pet, gaz, 12, t. 12, f 10
-à Roesel, ins. 3, t.33, f. 3,4
En Observation, Linné ajoute : Differt imprimis a Praecedenti Macula rubre alarum posticarum ad angulatum ani, quam in quibusdam deesse observavit Roeselius. "Il se distingue principalement du précédent par une tache rouge de l'angle anal de l'aile postérieur, que Roesel n'a pas observé."
Or "l'espèce précédente" est celle-ci :
3. P.N. P [ pour Papilio Nymphales Phalerati ] Prorsa M.L.U 1764 p. 303 n° 121
qui se réfère à :
-Roesel, ins. 3 ,t 70, f 1, 2, 3.
Une Observation ajoute : Haec descriptio facta est ad Papilionem Ros. 3. t. 70. f. 1, 2, 3, quam meriam varietatem Camillae ; Roeselii vero pag. I t. 8, f. 6,7. « alia omnino ab hac proposita est species.
4. P.N.P. Sibilla , Syst. Nat. 2, ed 12 (1767), p. 781 n° 186, et qui se réfère :
- MLU p.303 *sub Prorsa:
-au Papilio rivularis de Scopoli, Carn.443
- à Roesel, ins. 3, t 70, f1, 2, 3
- avec la mention simillis camillae, "semblable à camilla".
et la description alis dentattis fuscis concoloribus fascia alba : subtus lutescentibus.
5. P.N.P. Camilla, Syst. Nat. 2, ed 12 (1767), p. 781 n° 187, et qui reprend sa description de 1764 auquel il se réfère :
-M.L.U. 304 [le Camilla de 1764]
- Papilio Amphion Syst. Nat. ed 10 (1758), p. 486 n° 177.
- -à Pet, gaz, 12, t. 12, f 10
-à Roesel, ins. 3, t.33, f. 3,4
avec la description : alis dentattis fuscis subconcoloribus albo fasciatis maculatisque, angulo ani rubro. (je souligne les différences avec sibilla)
Linné a donc décrit ses espèces selon deux illustrations tirée de Insecten-Belustigung (1740) du peintre et naturaliste August Johann Roesel, celle du tableau 33 (camilla) et celle du tableau 70 (Prorsa et Sibilla). Prorsa (du nom d'une déesse romaine qui préside aux accouchements ) et Sibilla (du nom des Sibylles, mais aussi de Anna Maria Sibylla Meriam, l'auteur de metamorphosis insectorum surinamensium) décrivent donc la même figure , et peuvent donc être considérés comme une seule espèce. Or puisqu'en 1767 Linné écrit que sibilla est semblable à camilla...
Néanmoins, les naturalistes suivants ont été bien embarrassés par cette confusion. En 1890, W. Dave, décrivant page 133 l'espèce Limenitis sibilla, cite Donovan qui, en 1799, constate que dans le Syst. Nat. de Linné 1767, camilla et sibilla sont décrites comme deux espèces différentes par l'existence de la coloration rouge de l'angle anal. Comme il ne constate pas cette couleur sur les spécimens de Grande-Bretagne, il en déduit que la forme anglaise est camilla, et que sibilla correspond à une espèce australienne.
http://www.biodiversitylibrary.org/item/31397#page/121/mode/1up
Selon Latreille et Godart (Encyclopédie méthodique vol. 116, 1819, p. 403) , "Linné, d'après les figures sus-mentionnées de Roesel, a donné le mâle de cette espèce sous le nom de Sibilla, et la femelle sous celui de Camilla". Or, pour ces auteurs, " le dessus des femelles est un peu fouetté de roux vers l'origine des ailes supérieures". Les deux sexes ne se distinguent pourtant que par des subtilités telles que, selon UK butterflies, la taille légèrement supérieure de la femelle, sa couleur légèrement plus brune, et ses ailes plus arrondies.
De fait les taxons Papilio sibilla et Papilio camilla sont tenus pour synonymes.
Le Papilio camillus de Fabricius (1781) et le Papilio Camillus de Cramer (1780).
Décrit dans le Species insectorum vol.2 page 11 en 1781, Papilio camillus (Fabr.1781), un papillon d'Afrique, l'actuel Cyrestis camillus cotoyait son homonyme africain Papilio camillus (Cramer, 1780), l'actuel Azanus isis (Dury, 1773).
Le Papilio camilla de Denis et Schiffermüller.
Pour compliquer un peu plus, les deux viennois Denis et Schiffermüller publièrent en 1775 ceci
[Denis, J. N. C. M. & Schiffermüller, I.] 1775. Ankündung eines systematischen Werkes von den Schmetterlingen der Wienergegend, herausgegeben von einigen Lehrern am k. k. Theresianum.. Vienne. 322 pp, page 172.
Ce Papilio camilla (D&S, 1775) correspond à l'actuel L. reducta Staudinger, 1901, le Sylvain azuré.
En 1872, W.A Lewis, conscient de toutes ces ambiguïtés contenues dans le Catalogue de Kirby et celui de Staudinger datant tous les deux de 1871, propose de les résoudre (r
evue The Zoologist de mai 1872 page 3074) en introduisant les noms qui ne manquent pas d'humour de Limenitis anonyma et Neptis innominata.
Décision de la Commision de Nomenclature ICZN.
1. En 1959, la Commission supprime les noms de anonyma Lewis 1872 ICZN. (Opinion 562).
2. Rejet du nom Papilio sibilla (Linnaeus, 1767) : Opinion 1917.
II. Noms vernaculaires.
Le Deuil (Geoffroy, 1762). Le Petit Sylvain (Engramelle, 1779) (Luquet, 1986) ; [Le Sibille (de Villers, 1789). Le Camille, id.]; la Nymphale Petit-Sylvain (Godart, 1821).
1. Le Deuil, Geoffroy, 1762.
- Le deuil, Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 73 n° 45 .
- P.[apilio] luctuosus, le deuil, Geoffroy in Fourcroy, Entomologia Parisiensis, 1785 p. 249 n°45.
"Papilio alis dentatis, supranigris, subtus fusco-rubris, utrinque maculis albis fasciatim positis.
Leche. Nov. ins. sp. p.27 n.54, f.15. Mala. Papilio hexapus, supra niger, alis omnibus macularum transversali albo, inferioribus dentatis.
Ray, ins. p. 126. n.2. Papilio major nigra S. pulla, alis supina patre maculis albis nottatis.
Rosel. Ins. Vol.3, supplem. I, tabl. 33, fig.3,4 & Tab. 70, f.1,2,3, class. I. Papil.diurn.
Le deuil a ses ailes un peu dentelées à leur bord. En dessus elles sont noires, avec une bande transverse de taches blanches allongées, qui parcoure les quatre ailes dans leur milieu. Cette bande est composée de huit taches sur les ailes supérieures, et de sept sur les inférieures. Au dessus de cette bande, il y a sur les ailes de dessus une tache seule séparée, formée en croissant ; et, plus basque la bande, il y en a deux autres, l'une grande et l'autre petite, à coté l'une de l'autre proche l'angle extérieur, et au dessous de ces trois dernières trois points de couleur fauve. Sur les ailes inférieures, au dessous des sept taches blanches, il y a autant de lunules ou croissants de couleur fauve, dont les pointes regardent le bord de l'aile, et dont la dernière ou septième forme presque une tache ronde. En dessous, les ailes sont fauves ou d'un brun rougeâtre, avec les mêmes taches blanches qu'en dessus, outre deux autres qui se rencontrent sur les ailes inférieures à leur base, ou à l'endroit de leur attache avec le corps. De plus, les quatre ailes sont bordées en dessous d'une rangée de points noirs. Les yeux de l'insecte sont bruns et ses pattes blanches. Je ne connais point la chenille de ce papillon, que je n'ai trouvé qu'une seule fois."
Geoffroy donne sa description cinq ans avant celle de Linné et ne peut donc pas citer cet auteur ou le nom de P. camilla. Inversement, Linné n'a pas cité Geoffroy.
Il donne en référence l'illustration de Rösel von Rosenhof, tableau XXXIII et LXX.
http://www.biodiversitylibrary.org/item/31188#page/240/mode/1up
Sur le plan de la zoonymie, ce papillon est apparié avec l'espèce suivante, le Demi-deuil (P. leucomelanos Geoffroy in Fourcroy p. 249) par l'utilisation de la métaphore d'un costume de deuil (noir avec un bandeau blanc) ou de demi-deuil (noir et blanc à parties égales). Le qualificatif latin choisi pour l'édition de Fourcroy est le bel adjectif luctŭōsus, a, um : " - 1 - qui cause de la peine, douloureux, déplorable, affligeant, triste. - 2 - plongé dans le deuil, infortuné". Dict. Jeanneau).
Je regrette l'abandon de ce nom, qui, tout en décrivant parfaitement la couleur de base des ailes, créait une évocation très expressive, propre à notre langue maternelle, dont on s'amusait à trouver le complément avec sa moitié, le Demi-deuil, dans une courte série qu'un Grand-deuil serait venu compléter. Sans son grand frère le Deuil, le Demi-deuil est désormais un peu orphelin.
(En 1869, un texte signale encore cette appellation sous le terme de Deuil-azuré).
2. Le Petit Silvain, Engramelle 1779.
Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 29 planche 11 fig. 13 par J.J. Ernst gravée par J. Juillet, 1779.
Engramelle donne en réference le P.N. sibilla de Linné Syst. Nat. ed. 12 ; les mêmes planches d' illustration par Rösel que Geoffroy ; Esper Tome I tableau XIV fig. 2 et 3. Enfin, il souligne la ressemblance —mais non l'identité — de son Petit Sylain avec le Deuil de Geoffroy.
Nous ne savons pas pourquoi Engramelle n'a pas repris ce zoonyme et a préféré celui de Sylvain.
Le nom vernaculaire de Sylvain est attesté en France selon mes recherches depuis la parution de l'ouvrage d'Engramelle , avec quatre espèces,
- le Grand Sylvain ou Sylvain, Papillons d'Europe, pl IX n°10 et X n°11
-le Petit Sylvain, pl XI n°13
-le Sylvain azuré , pl. XI n° 4
-et le Sylvain coenobite pl. X n° 12 .
Mais ces noms vernaculaires ont été reliés aux noms scientifiques de la manière suivante durant tout le XIXeme siècle :
Grand Sylvain : Nymphalis populi
Petit Sylvain : Nymphalis Sibylla,
Sylvain azuré : Nymphales camilla,
Sylvain coenobite : Nymphales lucilla.
Aussi tous les Dictionnaires d'Histoire Naturelle, les Encyclopédies, Godart et Duponchel dans leur Histoire Naturelle des Lépidoptères, A. Dupuis dans son guide des papillons, (1863), Hippolyte Lucas dans l'Histoire naturelle des lépidoptères ( 1834), Boisduval dans la Collection des chenilles ( 1832), et Cuvier, et Latreille, Émile Blanchard, Pierre Boitard, les Sociétés linnéennes même considérèrent que le Sylvain azuré se nommait camilla, et que le Petit Sylvain portait le nom de Sibilla.
Le nom vient du latin sylva, la forêt, les bois, ou plutôt du nom latin du dieu des forêts, Sylvanus ou Silvanus. Dans la religion antique des romains, Sylvain appartient aux Dii, et il cherche à pénétrer dans les maisons : "Voilà donc l'enfant sorti sans danger du sein de sa mère. Mais, les dieux ne l'abandonnent par; et continuent à l'accompagner en bataillons serrés. On craint que Sylvain ne vienne tourmenter sa mère et ne pénètre dans la maison où elle repose : afin d'éloigner le sauvage esprit des bois, on lui rappelles le présence des hommes dans la demeure, d'abord en frappant le seuil de la porte d'un coup de la hache du bûcheron, puis en le heurtant encore du pilon du meunier et enfin en le balayant avec le balai du moissonneur". Dictionnaire
En poésie, ce sont de petits êtres qui accompagnent les faunes et fréquentent les bois. En zoologie, il qualifie les espèces qui vivent dans les bois (pas toujours : le Chevalier sylvain Tringa glaerola). Parmi les papillons, l' Hespérie du dactyle est nommée la Sylvaine.
Il s'accorde bien à un papillon de la famille des Nymphalides, au vol féerique de Peter Pan.
3. Le P.P. (Sibille) sibilla, Charles de Villers, 1789.
Le P.P (Camille) camilla, Charles de Villers, 1789
Le ( Sibille), C. de Villers, Caroli Linneai Entomologia, 1789, page 46 n°77.
Le (Camille), C. de Villers, Caroli Linneai Entomologia, 1789, page 46 n°78.
Les noms de Sibille et Camille sont des traductions indicatives (placés entre parenthèses) des noms latins de Linné.
De Villers indique en Observation son embarras : Obs. An hi duo papilio Sibilla et Camilla una & eadem species, uti credidit D. Fabricius. An species diversae ? Incertum. In opere recentiore non jure citantur Sibilla & Camilla D. Esp pour papilio. Sibilla Linné, ut ex descriptione patet. Solis larvis dubium solvi potest. V.
"Remarque. Sybilla et Camilla sont-ils une seule et même espèce de papillon , comme le croyait M. Fabricius. Des espèces différentes ? [ou : diverses variiétés ? ] Incertain."
4. Satyre P[apilio] Sibille, (P. Sibilla) Walckenaer 1802.
Walckenaer Faune parisienne 1802 page 272 n°32.
6. Le Nymphale sibylla, Godart et Latreille, 1819.
LATREILLE (P.A), GODART (J.B) 1819 , Encyclopédie méthodique, ou Entomologie, Paris : Vve Agasse tome 9, 1819, page 342 et page 402 n°176 .
Le numéro 177 est nommé La Nymphale camilla mais correspond au Sylvain azuré d'Engramelle.
Le texte descriptif de Godart commence ainsi : "Linnaeus, d'après les figures susmentionnées de Roësel, a donné le mâle de cette espèce sous le nom de sibilla et la femelle sous celui de camilla". (ce qui n'a guère de sens).
7. Le Nymphale Petit-Sylvain , Godart 1821.
Le Nymphale Petit-Sylvain : Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot 1821/1823 page 116 n°37 Planche XXVIII 6tert. peinte par C. Vauthier et gravée par Lanvin.
Jean-Baptiste Godart cite les noms suivants après son titre Le Nymphale Petit-Sylvain :
"Papilio Sibilla et Papilio Camilla Linn(1) ; Le Petit-Sylvain (Engram. Pap. d'Europe) ; Le Deuil (Geoff.).
(1) Linné a donné le mâle sous le nom de Sibilla et la femelle sous le nom de Camilla)."
Ce nom a pourtant été repris par Pierre Hippolyte Lucas 1834, page 42; Pierre Boitard 1843 ; P.A. Duponchel en 1849, page 18 ; Maurice Sand, 1862 ; ...
Le Borgne de Kermorvan, dans Le Tableau des lépidoptères du Finistère (Souvestre, 1836) page 165, utilise le nom Le Limenète sybille, Limenitis sibilla, avec les initiales a.c., "assez commun".
6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.
Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose de retenir le nom de Petit Sylvain, à l'exclusion des formes le Petit Sylvain azuré, le Deuil, le Sibille.
Il donne en note le commentaire suivant :
" Comme je l'ai indiqué dans l'introduction de ce travail, les noms vernaculaires d'Azuritis reducta et de Ladoga camilla ont été couramment intervertis dans la littérature entomologique, manifestement en raison de la confusion qui a longtemps régné dans la nomenclature latine de ces deux espèces (reducta Stgr = camilla D. & S. ; camilla L. = sibilla L.) Égaré par cette situation confuse, J. Lupold, adaptateur d'O. Danesh, a même été jusqu'à créer un "Petit Sylvain azuré", "hybride lexical" particulièrement révélateur de ce contexte passablement équivoque. La récente création par Boudinot (Nouvelle revue d'Entomologie,* N.S., 2 (4), 1985 (1986) : 403-409) du genre azuritis pour le "Sylvain azuré" devrait mettre un fin à cette situation, puisqu'elle introduit un moyen mnémotechnique simple permettant d'associer correctement, sans risque d'erreur, le nom vernaculaire et le nom scientifique correspondant de cette espèce."
*Description d'un genre nouveau parmi les Limenitini palearctiques (Lepidoptera, Nymphalidae). Actuellement un sous-genre de Limenitis, où se classe L. reducta.
7. Noms vernaculaires contemporains :
Charles Oberthür et Constant Houlbert , dans leur Faune armoricaine de 1912-1921, utilisent le nom scientifique de Limenitis camilla , mais cite en bas de page 84 "le Petit Sylvain".
—Bellmann / Luquet 2008 : "Le Petit Sylvain".
— Chinery / Luquet 2012 :"Le Petit Sylvain".
— Doux & Gibeaux 2007 : "Le Petit Sylvain".
— Higgins & Riley /Luquet 1988 : "Le Petit Sylvain".
— Lafranchis, 2000 : "Le Petit Sylvain" .
— Perrein, 1012 : "Petit Sylvain" .
— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 :"Petit Sylvain".
— Wikipédia : " Petit Sylvain".
III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.
Outre deux noms originaux traités plus bas, les éléments de désignation sont la taille (petit, petite) et la plante hôte (chèvrefeuille).
- The White Admiral en anglais (L'Amiral blanc").
- Kleiner Eisvogel en allemand. ("Petit papillon "oiseau de glace" ou "Martin-pêcheur").
- Kuusamaperhonen en finnois ("papillon du chèvrefeuille")
- Sibilla en italien
- Ninfa de bosque en espagnol ("nymphe des forêts", donc "Sylvain").
- Mažasis juodmargis en lithuanien ("le petit noir et blanc")
- Tryfjäril en suédois ("try papillon").
- Bělopásek dvouřadý en tchèque.
- Lytse Iisfûgelflinter
- Kleine ijsvogelvlinder en néerlandais ("Petit papillon "oiseau de glace")
- Hanımelikelebeği en turc ("papillon du chèvrefeuille")
- Hvid admiral en danois ("Amiral blanc")
- Kis lonclepke en hongrois ("Petit papillon du chèvrefeuille).
- Pokłonnik kamilla en polonais
- Väikelumik en estonien
- Bielopásavec zemolezový en slovaque.
- Ленточник камилла en russe ("petit ...")
a) le nom anglais "White Admiral".
Les anglais désignent Vanessa atalanta sous le nom de Red Admiral (Amiral Rouge), et Limenitis camilla sous celui de White Admiral (Amiral Blanc). Ces noms sont parmi les premiers donnés à des papillons, en l'occurence par James Petiver en 1699 pour le Red, et en 1703 pour le White. Puis vint un Blue Admiral Kaniska canace (Linn. 1763) asiatique et un Yellow Admiral Vanessa itea (Fabr.1775) d'Australie.
La Royal Navy avait été organisée à l'époque élisabéthaine en trois escadres, la rouge (Drapeau rouge, commandée par l'amiral de la flotte), la blanche (drapeau blanc, commandée par le Vice-amiral) et la bleue (drapeau bleu, commandée par le contre-amiral). Un Amiral Jaune viendra plus tard, désignant "un post captain" promu amiral sans attribution d'escadre, par défiance sur ses capacités à commander (voir ici) .
Nelson, Edward Vernon, et Edward Hawke :
Je place ces images par simple association entre les ailes des "Admirals" et les tenues de ces hauts personnages, sans aucune argumentation historique. Chacun reconnaîtra White Admiral et Red Admiral.
Plus tard, avec l'entomologiste Wilkes (1741), le nom se transforma en White Admirable et Red Admirable.
Voir infra chap. IV la suite.
b) le nom allemand "Eisvogel".
"Eisvogel", littéralement "glace-oiseau", est le nom vernaculaire du Martin-pêcheur, bien qu'on ignore les raisons d'un tel surnom, généralement attribué aux couleurs métalliques "glacées" du plumage (par le vieil allemand eisan, "chatoyer, briller").
Le "Kleine Eisvogel" est notre Petit Sylvain, le Blauschwarzer (Bleu-noir) Eisvogel notre Sylvain azuré L. reducta, et le Großer Eisvogel est notre Grand Sylvain L. populi.
J'ignore pour quelle raison ces papillons sont nommées ainsi, mais les trois Limenitis ont des couleurs chatoyantes, c'est à dire changeant de couleur comme l'œil des chats selon l'angle de vue.
Langues celtiques :
1. langues gaéliques : irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).
-
The White Admiral en irlandais
- en mannois.
-
? en gaélique écossais*
2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (Welsh, cymraeg).
-
pas de nom en breton ;
-
manten wen en gallois.
*Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources. http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html
Voir aussi :http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR
IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000).
- The White Leghorn Admiral : Petiver, 1703 ("L' Amiral Blanc de Livourne").
- The Leghorn white Admiral : Petiver, 1706. ("L'Amiral Blanc de Livourne")
- The white or White Admiral : Petiver,1717 ; Berkenhout, 1769 ; Haworth, 1803 ; et la plupart des auteurs. ("l'Amiral Blanc")
- The White Admirable : Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766 ; Brown, 1843 ; Newman & Leeds, 1913. ("L'Admirable Blanc")
- The Honeysuckle : Rennie, 1832 ("Le Chèvrefeuille").
Je crus d'abord que Leghorn était le nom de l'amiral en l'honneur de qui Petiver avait nommé l'espèce. Mais il ne s'agit que du nom de l'endroit d'où le papillon a été amené au collectionneur.
James Petiver avait nommé le Red Admiral en 1699. Il continue donc la série trois ou quatre ans plus tard, et l'uniforme noir du papillon, traversé par un grand pan de chemise blanche, lui inspire sans-doute le nom de White Admiral.
Ce qui est certain, car il en fit mention dans son Gazophylacii (latin Gazophylacium, i : "salle du trésor"), c'est ceci :
Papilio LIVORNICUS superné nigrescens, inferne aureus, fascia alba utrinque insignitus. The White Legorn Admiral. Mr. Robert Barklay, Surgeon, brought me this first from Legorn, which it was caught in London by Mr Bonavert. "Papillon LIVORNICUS, dessus noir, dessous orange, bandeau blanc marqué sur les deux côtés. The White Legorn Admiral. M. Robert Barklay, chirurgien, m'a amené de Legorn ce premier spécimen, qui avait été pris à Londres par M. Bonavert."
Legorn ou Leghorn : Le port de Livourne (Livornicus) au sud-est de Gènes, célèbre pour la défaite des anglais dans la bataille de Leghorn en 1653, qui assura aux néerlandais le contrôle de la Méditerranée.
Bonavert : il s'agit sans-doute de Gédéon Bonnivert (1673-1703) , dont le nom s'orthographie aussi Bonivert ou Bonavert. Né à Sedan en Champagne de Pascal et Judith Bonnivert ; naturalisé anglais en 1699 ; officier dans l'armée de William III en Irlande ; il est connu par ses récoltes botaniques conservées dans le Catalogue du Sloane Herbarium du British Museum. Petiver le cite aussi, à propos du fucus dealensis, dans son Musei.
- Biographie par James Britten in Journal of Botany page 107-112.
- D.O. Vijnands : "Plants collected by Gédéon Bonnivert in the gardens of Johan Stickers." Arch. of Natural History, 1991, 27-29.
- Le Journal de Bonnivert ou Voyage en Irlande en 1690.
Selon C.W. Dave (1890) page 132 le premier spécimen anglais rapporté est celui de l'Historia insectorum de John Ray, 1710. Il informe les lecteurs qu'il a été pris en Essex, non loin de Tolesbury, par D. Morton, qui lui a envoyé le 11 juillet 1695. Dans le Papilionum Brittaniae Icones de 1695, Petiver écrit « White Admiral. Found about Dullidge and Wickham, near Croyde, as also at Henly-upon-Thames. »
Liens et Sources.
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— Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Limenitis camilla.
— UK Butterflies : Limenitis camilla
Images : voir les superbes dessins de Hübner:
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