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Graffiti de Brest : Tu n'es pas mur !
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Bonjour Magritte !
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La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (3) Groupes : Saint Yves, saint Martin et saint Éloi.
Outre ses boiseries du 16 et 17e siècles et ses statues, la chapelle Saint-Adrien de Plougastel possède trois groupes sculptés qui participent à l'intérêt de la visite.
I. Saint Yves entre le pauvre et le riche.
Bois polychrome, hauteur 80 cm, 17e siècle.
Le thème est si connu qu'il ne trouve son intérêt que par les variations d'interprétations ou les détails particuliers. Ici, ce sont, pour la statue du pauvre, le sac de justice (vide) ; la manche trouée ; le couteau à la ceinture. Pour le riche, le chapeau ; la barbe taillée à la Richelieu ; la perruque frisée ; la forme de la bourse suspendue à la ceinture ; et les pièces d'or, présentes dans la main droite et la main gauche. Quant à Saint-Yves, il porte le surplis et la barrette sur une robe noire, et une pèlerine.
II. Saint Martin donnant son manteau au pauvre.
Niche à volets, bois polychrome ; coffre restauré moderne. Hauteur 80 cm, 17e siècle.
Le motif central est parfaitement conforme à la tradition iconographique des "Charités de saint Martin", où le pauvre est également infirme (jambe de bois; perte de l'oeil gauche), son dénuement contrastant avec la beauté du cheval et de son harnachement et avec la stricte ordonnance de l'uniforme d'officier de Martin de Tours. Ce thème illustre la Légende dorée de Jacques de Voragine.
C'est l'occasion de rappeler que notre mot chapelle vient du nom du lieu où était conservé le manteau (en latin capa) du saint. C'est cette capa qui est aussi à l'origine de la dynastie des Capet.
L'officier porte, plutôt qu'une cuirasse, un plastron sanglé par l'arrière au dessus de son manteau. Son chapeau de feutre noir cylindrique est bien attesté à la fin du XVIe siècle. On le retrouve chez les matelots et officiers de marine aux XVIII et XIXe siècle :voir ici.
Le volet droit (à notre gauche) montre deux évangélistes avec leur attribut, Marc (lion) et Matthieu (ange/homme), et dans des cartouches, saint François et un saint évêque.
Le volet gauche montre Saint Luc (taureau) accompagné d'un saint martyr tonsuré, et saint Jean (aigle) avec saint Nicodème tenant la couronne d'épines et les clous de la Passion.
III. Groupe de saint Éloi.
16e siècle, hauteur : 1 m. Bois polychrome, fond bleu, couleurs rouge, noir, vert orangé et or. Dans une niche à volets dont les colonnes aux sculptures baroques de grappes de raisins et de pampres, saint Éloi est vêtu en évêque, mais a perdu sa crosse.
Le volet placé à notre gauche est sculpté en bas-relief de deux panneaux : Dieu le Père soutenant le corps du Fils et saint Nicolas identifiable aux trois enfants sortant du saloir du boucher. Le premier panneau peut être désigné comme une "Trinité souffrante", thème apparu dans les vitraux de Suger à Saint-Denis au 12e siècle, mais le troisième terme de la Trinité, la colombe, me semble s'être absenté. C'est, en sorte, un Pater dolorosa.
Le volet opposé offre à notre dévotion saint François d'Assise montrant ses stigmates, et un évêque non identifié.
Sources et liens :
HUCHET (Albert), " La chapelle de Saint-Adrien", in Plougastel-Daoulas, Patrimoine architectural et statuaire, Les amis du Patrimoine de Plougastel, imp. Cloître, Landerneau 1987, pp. 86-97.
La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (2) Les statues. Le culte de saint Adrien pour la santé de ses intestins.
Voir La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (1) : d'exceptionnels panneaux sculptés du XVIIe siècle.
La chapelle Saint-Adrien possède de nombreuses statues, mais celle de saint Adrien, et, encore plus discrète, celle de saint Erasme, nous permettre de découvrir un motif statuaire très particulier, l'entérophorie.
Kézako ? Suivez le guide, et ne l'oubliez pas à la sortie.
I. Le culte de saint Adrien, et sa statue.
On s'interroge sur l'origine de ce culte et, dans une monographie sur l'art religieux de Plougastel, on peut lire ceci : " Une légende, rapportée par Arthur de La Borderie, attribue le début de l'évangélisation de la Bretagne à saint Philippe et à un disciple de Joseph d'Arimathie, nommé Drénalus, en breton Drénan, qui aurait fondé l'évêché de Lexobie et serait mort en l'an 92. C'est aussi le patron du Drennec. Mais, au XVIe siècle, le clergé voulut à tout prix remplacer les saints bretons par ceux du calendrier romain, et c'est ainsi qu'officiellement saint Drénan fut changé en saint Adrien, martyr à Nicodème vers l'an 303, reconnu comme ayant le privilège de défendre contre les maladies contagieuses. Mais la ferveur continue à prier saint Drénan.".
Mais quelque esprit savant dénicha un acte du 27 décembre 1414 dans lequel était mentionné le toponyme de saint-Adrien dès le XVe siècle : il y était question de "messe du St. Esprit pour Marguerite fille de Le Burelle pendant sa vie durante et de requiem après son décès; la dite Marguerite" aurait donné à l'abbaye de Daoulas "5 sols de rentes sur terres entre Saint-Adrien et Plougastel ".
En réalité, la curiosité ne s'éveille vraiment que lorsqu'on découvre la statue en bois du saint éponyme, de 1 mètre de haut et datée du 15e siècle ; non qu'elle soit d'une beauté exceptionnelle, mais parce que l'on découvre un personnage tenant des deux mains ses entrailles qui écartent de leur volume la tunique et le manteau.
Oui, un saint entérophore ("qui porte ses intestins") !
J'avais d'abord cru avoir affaire à sainte Émérentienne, que j'avais vu à la Ferrière, mais tenant plutôt les pierres de sa lapidation dans son tablier ; ou saint Mammes, comme à l'église Saint-Martin de Reugny-Neuillé, à Saint-Nicolas de Coulaines (Sarthes), à Notre-Dame du Roncelet à La Mâre ; ou encore saint Mesme ou Mesmin.
Mais les bretons invoquent plutôt, en cas de coliques, saint Adrien, comme à la chapelle Saint-Maudé de Guiscriff (Morbihan),
Mais qu'est-ce que l'entérophorie ? Une version basse de la céphalophorie (Saint Denis, saint Trémeur, sainte Noyale...). Roland Vasseur, qui reprend ce néologisme à la suite de Louis Réau en personne, répond ainsi : " Le personnage entérophore est debout, généralement habillé, son vêtement ouvert à la hauteur de l'abdomen laisse voir une ouverture verticale par où sort les intestins lovés que le saint présente dans ses mains." L'image traduit la nature du supplice enduré. La statue de Plougastel répond parfaitement à cette définition. Rolland Vasseur décrit la statue de saint Mesmin à l'église de Jouy-Mauvoisin, et cite aussi celle de Noyer (Eure), ou de Mamet au Grand-Andely (Eure), de la chapelle de Magnitot dans le Val-d'Oise, etc...
L'auteur cite les saints entérophores suivants, Mesme et Mesmin étant deux formes d’un prénom masculin et de son dérivé (en latin Maximus, Maximimus) dont on rencontre de nombreuses variantes conservées dans la toponymie de diverses régions de France :
" 1) Saint Érasme, appelé aussi saint Elme ou saint Arras, honoré le 2 juin, et quelquefois confondu avec saint Agapit, Agrappart, Agrapa, natalice le 18 août11. Son entérophorie particulière l’écarte de notre sujet, soit qu’il porte ses entrailles enroulées sur un cabestan, soit qu’il subisse le supplice du déroulement des intestins. Il réclamerait à lui seul une étude spéciale.
2) Saint Mammès, honoré le 17 août.
3) Saint Wulmer, honoré le 20 juillet12
4) Saint Vilmer ou Vimer, qui n’est sans doute qu’un avatar du précédent
5) Saint Mexme de Chinon, honoré le 20 août et dont l’entérophorie n’est signalée que par Louis Réau.
6) Saint Mamert ou Mamère et saint Adrien qui ne sont entérophores qu’en Bretagne.
7) Saint Mémor. Mémoire, Mêmor ou Movor qui est spécifiquement breton (Finistère et
Côtes-du-Nord).
8) Signalons également l’existence d’une sainte entérophore : sainte Émérantienne
Seuls gardent leur individualité saint Adrien, saint Érasme, saint Wulmer et saint Mammès, ce dernier ayant donné naissance à une série d’entérophores soit sous l’influence de variations dialectales de son nom ou par assimilation à des noms dont la consonance prêtait à confusion avec le sien ou une de ses variantes. La similitude des noms autorisait les substitutions que favorisaient certaines concordances des natalices. Mamert, Mammerce, Mamet, Mammant, Mammas, Mammard, Mamé, Mesme, Mesmé, Mesmin et Mammès ne sont donc quand ils sont entérophores qu’un seul et même personnage."
Une sainte Émérantienne entérophore est présente en la chapelle Notre-Dame-de-Toute-Aide La Prénessaye , Querrien, Côtes d'Armor. Jusqu'en 1978, la chapelle Saint-Lubin de Plémet en possédait une.
J'avais découverte Émérentienne dans la chapelle Notre-Dame des Fleurs ( Moustoir-Remungol, 56500) lors de ma visite de l'Art dans les Chapelles :
.
Dans la chapelle Notre-Dame-du-Haut de Trédaniel existe une statue de saint Mamert entérophore, de même qu'en la chapelle saint-Maudez de Trébry (22), alors que la chapelle dédiée à Saint Mamert à La Chapelle-Neuve a disparu.
Il est notable que la fête de saint Adrien de Nicodémie comme celle de saint Mesme, se tenait le 8 septembre, date de la fête de la Nativité de la Vierge. Et que cette éviscération n'est pas sans rapport avec l'accouchement.
Saint Adrien en Bretagne est invoqué pour les maux de ventre, "an droug bouzelloù", mais son homologue Mesmin était aussi consulté pour les hernies et éventrations : hernie ombilicale du nourrisson, hernie inguinale du petit enfant, éventration de la femme.
Je retrouve en Bretagne les occurrences suivantes :
1) Fontaine Saint-Adrien / Sant-Rien Drien ou Drîn Spézet (29) : " On se rend ensuite à la fontaine que l'on doit normalement vider avant d'en prélever de l'eau que l'on boit et dont on se frictionne, sur place ou à domicile si l'on en a emporté. Il y a peu de temps, on étendait une chemise sur l'eau et on l'examinait. Si elle s'enfonçait, manches premières, le malade était condamné. Si elle surnageait, il était guéri.
L'eau de la fontaine possède la vertu d'apaiser les maladies abdominales (contrairement à ce qu'on annonce parfois, l'eau de cette fontaine n'a jamais eu sa source dans la chapelle).
Une guérison des coliques est également obtenue sur place, à l'intérieur de la chapelle où, sur une ancienne borne romaine, est posée une pierre dite "pierre Saint-Adrien". Il suffit de s'en frotter le ventre pour apaiser les coliques les plus tenaces. " (Site Fontaines de Bretagne avec ref. biblio.)
Le même site signale d'autres lieux de culte :
2) à Santec, " La veille du pardon a lieu le traditionnel tantad (feu de joie). Le jour, une procession organisée derrière la statue du saint parcourt les rues du bourg. Au retour dans l'église, les mères, accompagnées de leurs enfants, vont toucher les vêtements du saint. Ici, saint Adrien est appelé à veiller sur les problèmes abdominaux des enfants. "
3) à Persquen (56), église Saint-Adrien, pas d'entérophoriste. " Un culte lui est rendu et on l'invoque pour l'apaisement des maux de ventre. On lui demande également de redonner de la vigueur aux affaires. "
4) à Saint-Barthélémy (56). " le culte est demeuré particulièrement vivant. Au lieu-dit "Saint-Adrien" est construite une chapelle placée sous le vocable du saint. Les pèlerins viennent y demander la guérison de leurs maux de ventre. A cet effet, il leur faut se plier aux exigences des rites ancestraux qui associent les pratiques de la chapelle et celles de la fontaine toute proche. Tout d'abord, il convient de faire le tour de la chapelle, puis on y entre pour prier le saint avant de déposer une offrande dans le tronc. Ensuite, au moyen d'un balai, on balaie le sol (si l'on n'a pas apporté son balai, on trouve, à l'intérieur, près de la porte, des balais de genêt à cet effet).
On se rend ensuite à la fontaine que l'on doit normalement vider avant d'en prélever de l'eau que l'on boit et dont on se frictionne, sur place ou à domicile si l'on en a emporté. Il y a peu de temps, on étendait une chemise sur l'eau et on l'examinait. Si elle s'enfonçait, manches premières, le malade était condamné. Si elle surnageait, il était guéri.
L'eau de la fontaine possède la vertu d'apaiser les maladies abdominales (contrairement à ce qu'on annonce parfois, l'eau de cette fontaine n'a jamais eu sa source dans la chapelle).
Une guérison des coliques est également obtenue sur place, à l'intérieur de la chapelle où, sur une ancienne borne romaine, est posée une pierre dite "pierre Saint-Adrien". Il suffit de s'en frotter le ventre pour apaiser les coliques les plus tenaces. "
Je retrouve aussi :
5). Scaer, chapelle Saint-Adrien, statue du saint entérophore signalée mais non confirmée.
6). A Batz-sur-Mer, la statue de saint Adrien, du XVe, découverte dans un enfeu de Notre-Dame-du-Mûrier ; on la décrit, le saint restant droit impassible pendant que son cœur et ses boyaux sont tombés à ses pieds.
7). Guicliff, chapelle saint-Maudé déjà citée.
8). Le Saint (56), à Bouthiry :Vestiges de la Chapelle de Saint-Adrien : "Au village de Bouthiry, le clocheton reste le seul vestige de la chapelle du XVIème siècle. Il rappelle l'existence de Saint Adrien, dont on peut voir la statue au côté de la Vierge de Pitié (classées). On implorait le saint pour protéger de toutes les épidémies contagieuses et particulièrement de la peste et de la dysenterie. Il était également invoqué pour guérir les enfants de coliques. En ruine au début du XXème siècle, la chapelle est entièrement démolie en 1932. La fontaine est située à 400 m au sud-ouest du petit monument."
9) Chapelle Saint-Maurille Langombrac'h à Landaul (56) : La chapelle est placée sous le vocable de Saint Maurille, mais trois autres saints y sont célébrés : Saint Mamert, Saint Adrien, dont la statue en bois polychrome le représente tenant ses entrailles dans ses mains, et Saint Durlo.
10) A Spézet, dans l'église saint-Pierre, l'Inventaire du Patrimoine décrit une statue du XVIe siècle de Saint Adrien vêtu d'un "ample manteau dont il ramène curieusement les pans entre les deux mains." (GLAD, dossier vert). A l'évidence, sur la photo, ce sont bien les anses intestinales qui pendent en arcs entre les deux mains.
Enfin des statues de saint Adrien sont signalées, sans entérophorie, à Melrand, à Pluméliau,, à Plourac'h dans l'église Notre-Dame, ou à la Chapelle Saint-Adrien de St-Bartélémy (56) où je l'ai photographié tenat l'enclume de son supplice:
Il reste à découvrir qui est ce saint Adrien : un officier de l'armée romaine chargé de participer aux persécutions contre les chrétiens avant de se convertir à leur religion, puis de subir le martyr en 300 à Nicomédie. Bien-entendu, je pense à saint Acace et aux dix mille martyrs, crucifiés sous Adrien en 140 pour le même motif.
La légende de Saint Adrien est rapportée dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, juste après la fête de la Nativité de Marie le 8 septembre. Elle est translatée fidèlement par Wikipédia ainsi :
" Adrianus était officier dans l'armée de l'empereur Romain Galère qui faisait appliquer avec zèle les quatre édits de persécution des chrétiens de Dioclétien. Vers 306, alors qu'Adrianus avait vingt-huit ans, il se convertit devant le courage de trente-trois chrétiens de Nicomédie que Galère avait ordonné de supplicier en les faisant fouetter à coups de nerfs, en leur broyant la bouche avec des pierres, puis en les emprisonnant après leur avoir mis le garrot. Apprenant cette conversion, l'empereur fit emprisonner Adrianus avec les autres chrétiens puis, quelque temps après, le fit comparaître devant lui en présence de ses compagnons pour le faire fouetter ; les coups furent si violents qu'à la fin les entrailles d'Adrianus sortaient de son corps. Puis Adrianus et ses compagnons furent de nouveau jetés en prison. Comme des matrones, dont Nathalie, soignaient en cachette les martyrs dans leur prison, l'empereur Galère ordonna qu'on tranche les pieds puis les jambes des prisonniers puis qu'on fasse brûler leur corps. Adrianus fut le premier supplicié et on lui coupa également une main. Quand on jeta les corps des martyrs au feu, Nathalie voulut se précipiter dans le brasier mais une pluie violente éteignit les flammes. Nathalie récupéra alors la main de son mari qu'elle conserva précieusement. Réfugiée peu de temps après à Constantinople pour échapper à la proposition de mariage que lui avait fait un tribun, elle rendit l'esprit après avoir vu, en songe, Adrianus lui demander de le rejoindre dans la paix éternelle. Les reliques de Nathalie et d'Adrianus ont été transférées, en 1110, de Constantinople au monastère de Grammont en Belgique.
Saint Adrien de Nicomédie et son épouse sainte Nathalie sont fêtés en Orient ensemble le 26 août. En Occident, saint Adrien est fêté le 8 septembre et son épouse Nathalie, qui l'encouragea à souffrir le martyre, est fêtée le 26 août. Il est réputé guérir les maux de ventre."
On le dit aussi patron des soldats, des bouchers et des marchands d'armes. C'est l'un des cinq saints invoqués contre la peste. (avec saint Roch, saint Sébastien, saint Antoine et saint Christophe) L'un de ses attributs est l'enclume, sur laquelle il aurait été martyrisé. Lorsqu'il est représenté en armure, comme un officier romain, il est très proche de saint Acace.
II. La statue de saint Érasme.
J'en étais là de mes découvertes, un peu écœuré par ce étalage de boyaux (je n'apprécie ni les tripes, ni le boudin) et peut-être aussi avais-je, car il était tard, l'estomac dans les talons, lorsque je m'approchais d'une autre statue, posée sur le bahut sculpté, entre deux anges ni céroféraires ni thuriféraires. Une statue bien banale, en pierre polychrome, d'une soixantaine de centimètres et datant manifestement du 15e siècle.
Le saint me souriait benoîtement, habillé comme un père abbé mais tenant de la main droite un objet ; un râteau peut-être, ou une fleur bien fanée.
Si je n'avais pas eu avec moi le guide des Amis du Patrimoine, comment aurais-je pu identifier saint Érasme ? Un saint dont j'ignorais même l'existence et dont aucune chapelle n'avait présenté à ma dévotion l'effigie ! Il n'y avait qu'un seul Érasme pour moi, celui de l'Éloge de la folie.
Or, qui est saint Érasme ? Érasme de Formia, évêque d'Antioche, fut martyrisé sous Dioclétien en 303. En 303 ! Sous Dioclétien ! Comme Adrien ! Ils auraient pu se connaître ! Et comment fut-il supplicié, le bon Érasme ? En-lui-arrachant-les-boyaux.
S'il n'appartient pas au club très fermé des saints entérophore, c'est que le cruel maître des hautes œuvres voulait sortir du déjà-vu lassant des supplices ordinaires, du lion mangeant sainte Blandine, de l'amputation des seins de Barbe ou d'Agathe, de la roue, de la décollation, des fouets, ou du gril de Laurent. Il avait lu tout le Trattato degli instrumenti di martirio e delle varie maniere di martirizzare de Gallonio et voulait marquer son temps par quelque invention nouvelle.
Or, après lui avoir enfoncé une alène sous chaque ongle des doigts, le bourreau le brûla au fer rouge et l'arrosa d'huile bouillante. Pas de quoi fouetter un chat, direz-vous; lui aussi, et il fit préparer une de ces broches à manivelle qu'il emprunté au rôtisseur ; ayant ouvert le ventre du saint d'un habile coup de scalpel, il compléta cette laparotomie d'une entérotomie et fixa l'extrémité ainsi dégagée des saints intestins sur la broche. Tournant alors la manivelle comme s'il s'agissait de la poignée d'un limonaire, il lui chantait Ramona ou quelqu'air sadique de son invention.
Il allait bientôt devenir le patron des marins, qui l'appelèrent Saint Elme et le voyait allumer des feux sur les basses-vergues, par temps d'orage (les vergues de cacatois étant alors ramenées près du chouquet par leur balancine), des malandrins lui décernèrent comme attribut le treuil de cabestan, seule manivelle digne de lui sur les navires. A la manœuvre, poussant ensemble sur les barres du cabestan pour guinder le mât de hune, ils s'imaginaient voir s'enrouler en spires régulières des boyaux de chanvre, et cela leur donnait du cœur à l'ouvrage, et chaud au ventre.
(plus sérieux :Erasme de Formia wikipédia)
Ce supplice est si connu, et Dieric Bouts, puis Nicolas Poussin, l'ont immortalisé de telle sorte que je suis impardonnable d'avoir méconnu Érasme.
Dieric Bouts, Triptyque du martyr de saint Érasme, 1455, Louvain :
Martyre de saint Érasme Nicolas Poussin, entre 1628 et 1629, Rome, Vatican, Pinacothèque
Pourtant, l'église de Vieux-Vy-sur-Couesnon possède une statue de saint Érasme en entérophore, ce qui est troublant lorsqu'on est à Plougastel face à la fois à un Érasme porteur de râteau (c'est peut-être un treuil) et à un Adrien éventré.
Statue de saint Érasme,Vieux-Vy-sur-Couesnon , 16e siècle (source : inventaire patrimoine)
Selon le site topic-topos, à Vieux-Vy-sur-Couesnon, "À l'entrée du chœur prolongé par la sacristie, se trouvent de part et d'autre une statue de la Vierge à l'Enfant achetée en 1840 et cette représentation de saint Érasme, retrouvée dans une grange. Appelé aussi saint Elme, il porte au creux des mains ses intestins qui lui auraient été arrachés en les enroulant sur un treuil. Il est invoqué pour les maux d'entrailles, par les femmes en couches et les navigateurs dans la tempête."
Un autel lui était dédié à saint-Pol-de-Léon. Il figure parmi les saints martyrs invoqués dans le Livre d'Heures d'Anne de Bretagne : il compte en effet parmi les 14 saints auxiliaires. Edouard Valin signale un devant d'autel le représentant à la commanderie de Lambader.
La présence de ces deux saints est-elle due à une épidémie de peste, ou, mieux, à une épidémie de dysenterie survenue au XIVe siècle ?
Cette association de deux saints entérophore ou littéralement étripé me fait penser à la description de l'église de Daoulas, telle que je l'avais lue dans le Bulletin diocésain de Quimper sous la plume des chanoines Abgrall et Peyron : "Autel de saint-Erasme, où est représenté son martyre, dit le chanoine Pinson, en sculpture à faire pitié ; c'est peut-être de cet autel que provient le panneau en bois sculpté qui se voit au Musée de Morlaix, et où l'on voit les bourreaux dévidant sur un cabestan les entrailles du martyr.
[…] Autel de Saint-Memor ; saint très honoré dans le pays, représenté tenant les entrailles entre ses mains. On le confond avec saint Mamert et saint Adrien, dont on arracha également les entrailles ; mais il semble se distinguer, à Daoulas, de saint Érasme, qui subit un martyre analogue " Bull. Dioc. Arch. Archéol. 1907.
Dans la même église, de l'abbaye qui a peut-être fondé cette chapelle de Saint-Adrien, se trouve ou se trouvaient deux saints qui ont eu des problèmes avec leurs intestins ; saint Érasme, et saint Mémor. Saint Memor possède une croix à Gouesnou, sa statue à la Trinité-Plouzané (Louis Ogès 1974), il est connu aussi comme saint Mémoire .
Par ce détour par saint Érasme, je découvre donc une autre statue entérophore, celle qui existait avant la Seconde Guerre dans la chapelle de La Trinité-Plouzané près de Brest. Elle est décrite par le site de la mairie de Plouzané comme : "Saint Mémor (ou Mémoire), en costume épiscopal, avec mitre et crosse, tenait de la main droite les entrailles qui sortaient de son ventre. Ce saint était invoqué en Bretagne par les personnes qui souffraient de maux de ventre."
A quelques kilomètres, l'église de Saint-Renan, Notre-Dame-des-Liesses renferme une statue de Saint Mémor tenant ses entrailles. A Plouarzel, la chapelle St-Yves en contenait une aussi.
III. Les autres statues.
décrites en parcourant la chapelle les bras du transept du nord au sud.
Saint Corentin.
Bois, 1,15m, 16e siècle.
Sainte Marguerite.
"issant" du dragon.
Vierge et enfant.
Kersanton, La Vierge est couronnée ; l'enfant tient dans la main droite une pomme ou le globe terrestre, et pose la main gauche sur le sein maternel.
Saint Philippe.
Bois, 1 m, 16e siècle. Quel sont les critères d'identification ? (l'apôtre Philippe devrait être pieds nus, et tenir une croix ; l'apôtre qui porte la lance est Mathias).
Saint Fiacre.
Bois ; attributs : la bêche la tenue monastique et le livre.
Saint évêque ou saint abbé. Saint Aaron?
Bois, 1,20 m, 16e siècle.
J'ignore sur quel critère cet évêque a été identifié comme saint Aaron d'Aleth, sant Aihran, ermite du 6e siècle venu du pays de Galles s'installer près de Lamballe avant de se fixer à Aleth, la future Saint-Malo. Il y fonda un monastère dont il fut l'abbé, et son disciple n'était autre que saint Malo ou Maclow.
Saint Rivoal.
Bois, 1 m, 17e siècle.
Dans la nef, à gauche : Sainte Anne.
Kersanton, 80 cm, 16e siècle.
Je rappelle qu'une inscription plaçait la chapelle sous la protection de sainte Anne.
Dans la nef, pignon ouest. Crucifix.
Bois, 1,40m, 15e siècle.
Le pardon se célèbre le deuxième dimanche de mai.
Cette chapelle a été restaurée au cours de l'année 1955.
Sources et liens :
HUCHET (Albert), " La chapelle de Saint-Adrien", in Plougastel-Daoulas, Patrimoine architectural et statuaire, Les amis du Patrimoine de Plougastel, imp. Cloître, Landerneau 1987, pp. 86-97.
VASSEUR (Roland), Saint Mesmin l'entérophore, http://mantes.histoire.free.fr/items/fichiers/1289.pdf.
La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (1) : Présentation générales ; les boiseries du chœur .
Parmi les huit chapelles de la presqu'île de Plougastel, celle de Saint-Adrien,qui appartient à la kordennad de Larvor, est située près de la côte, à 5 km au sud-ouest du bourg au fond de l'anse de Lauberlac'h, sur la rive droite de la rivière, près de l'étang de St-Adrien. Elle dépend du 17ème Breuriez, qui inclut aussi les fermes et hameaux de Kerziuo, Talaouron, Kervern Talaouron, Lauberlac'h, Ti c'hap, Pennanero, Kerzivez, Ti Koz Talaouron, Kerdangui Talaouron, et Koz Forn. Remarquons le toponyme de Kerzivès, que nous allons retrouver.
Voir la carte ici.
Je voudrais mettre toute l'insistance de mon enthousiasme à parler ici des boiseries qui ornent le chœur ; mais je dois d'abord présenter les inscriptions qui accueillent le visiteur.
I. Inscriptions lapidaires et histoire.
Quatre inscriptions en précisent l'histoire. Elles datent de 1549, 1616-1619, 1712 et 1913. La date la plus précoce nous place, dans l'histoire de France, sous François II, dans cette période difficile des Guerres de religion et d'essor du protestantisme ; et, dans l'histoire de la Bretagne, juste après l'union de la Bretagne avec la France. C'est encore l'âge d'or de la la culture du lin et du chanvre et le commerce des toiles (en particulier des toiles fines dénommées "Plougastel blanches"), mais l'hiver 1544 a été si rigoureux que les plantes ont gelé jusqu'aux racines.
1. Inscription de 1549.
Celle qui surmonte la porte moulurée, en anse de panier de la façade sud est en lettres gothique et en breton. Elle nous apprend que " En l'an 1549 fut fondée cette chapelle le second dimanche de mai, au temps de maître Herry a Castel recteur de Plougastel et de Jehan Guergoz dit Monot, gouverneur de cette chapelle, en l'honneur de Dieu, de Notre-Dame de Confort et de saint Adrien".
En. bloaz. mil. pemp. cant/hanter. cant. nemet. unan. ez./voe. fontet. an. chapel. man. en eil/sul. e. mae. en. amser. maesti. Herry /a. castel rector.e. ploecastell. ha. / jahan. guergos dit. monot./govarner. en. chapel. ma(n). en./enor. da. doe. ha ytro(n). Maria. /a Co(n)fort. ha. sant. adrian.
a) la ligne a Confort ha a Sant Adrian semble avoir été ajoutée secondairement.
Notre-Dame de (ré)Confort est honoré à Confort-Meilars (29), ou à Berhet(22). J'ignore la raison de la mention de son culte ici.
b). Noms cités :
Il semble y avoir une fréquente confusion de lecture (Bull. Soc. arch. finist. 1916 : l'inscription ne mentionne pas Henry du Chastel, mais Herry a castell rector e ploecastell.
Je ne trouve que peu de noms de "recteurs" de Plougastel : Marion, Mazeas, Cornily, Le Maucaire. A l'époque, Plougastel était un prieuré de l'abbaye de Daoulas, et en 1542 ou 1549, l'abbé de Daoulas était Olivier du Chastel (1535-1550).
— On lit également couramment dans les transcriptions "Kergoz dit Monot" (Bull. Soc.arch. Finist. ;Patrimoine sacré de Y.P. Castel) : Il existe un manoir de Kergoz au Guilvinec, et aussi à Taulé. Mais c'est à tort qu'on lit Jean Kergoz là où est inscrit Jahan Guergoz : ce patronyme est attesté au XVIIe siècle à la Forest-Landerneau ; l'étude normative des lieux de Plougastel signale qu'il s'agit, comme toponyme, d'une forme ancienne de l'actuel toponyme Vergos : " Formes anciennes attestées : 1549 : Guergos ; 1588 : Guergoz ; 1589 : Le Vergoz; 1669 : Vergoz; 1671 : Le Vergoz; 1682 : Le Vergoz; 1706 : Vergos; 1815 : Le Vergoz; 1827 : Vergoz". Cette forme mutée et contractée signifie "vieille aulnaie".
L'inscription désigne un gouverneur (qui dirige la fabrique de la chapelle ou de la paroisse) du nom de Guergoz ; il pouvait être "dit Monot", du nom de ses parents par exemple, l'anthroponyme Monot étant courant à Plougastel.
2. Inscription de 1616-1619.
Sous la fenêtre du chevet a été encastrée une inscription en trois pierres de kersanton, dont deux blocs ont été inversés par rapport au sens de lecture. Elle mentionne une dédicace à Sainte Anne, faisant suspecter qu'elle provienne d'un autre édifice, notamment peut-être d'un ossuaire dit "chapelle Sainte-Anne".
CESTE CHAPELLE FVST FONDEE / L /(AN) 1616 : LHONNEUR : DE / S .ANNE : P : LES : HABITANS ET BIENFACTEVRS DE PLOV(GASTEL) MI :MAZET : I K(ER)DRAON : FABRI / ET PARACHEVEE : L : 1619 M : IAC : DAVIT : CVRE : ET : H : ROLLANT : ET : F : CORR : ESTANT : GOVERNERS : S : ANNA / O(RA PRO NOBIS).
Nous disposons donc des noms de paroissiens suivants :
- Mi(chel) Mazet, fabricien (le patronyme Mazé est attesté à cette époque)
- I. Kerdraon, fabricien. (patronyme de Plougastel s'il en fut)
- M(essire) IAC Davit, curé.
- H. Rollant, gouverneur. Cette graphie est attesté sur la paroisse.
- F. Corre, gouverneur.
3. Le calvaire en pierre de kersanton et de Logonna est daté de 1594 et de 1712.
Ce calvaire est décrit ainsi dans l'Atlas des croix et calvaires du Finistère (n° 1913) :
"1913. Saint-Adrien, l. k. 5 m. 1594, 1712. Base à rebord de section octogonale, deux degrés, socle cubique, fût à pans: 1594, croisillon, statues géminées: Jean-personnage à la bêche (Fiacre?), Vierge-saint au livre, inscription: I: MARI IAC et G BOT FAB 1712. Croix, branches rondes, fleurons-boules, anges au calice sous le crucifix, Christ lié. ".
Nous trouvons donc la mention du fabricien de 1712, G. Bot, et peut-être d'un Jean-Marie Jac (ou Jacq). .
De ce coté : Christ crucifié entouré d'un apôtre (Jean ? Pierre?) et de la Vierge. Au centre, deux anges recueillent le sang du Sacrifice dans un calice.
De ce coté, le Christ aux liens est entouré de saint Jean et de saint Fiacre.
4. Plaque commémorative 1913.
Au dessus de la porte du pignon ouest se trouve une vilaine plaque de ciment (autres temps, autres mœurs) datant de 1913.
Er bloaz 1913
Ar Chapel-man zo het nevezet
Hirret eo het, he Zoun adsavet
En honor Sant-Adrien henniget
Fr. CARDINAL Person
Cl. GRIGNOUX Fabric dens Kergoat
G. BROUSTAIL Mestr-mansoner
II Les boiseries du chœur.
Je n'en n'ai trouvé la brève description que dans la monographie consacrée au patrimoine religieux de Plougastel , et elles ne semblent pas faire partie du mobilier classé Monuments historiques. Pourtant, elles ont suscité mon profond intérêt, et mon admiration enthousiaste, par l'effet d'ensemble qu'elles créent, par la diversité des motifs sculptés et leur témoignage d'un art encore très imprégné par les répertoires de la renaissance, et enfin par les inscriptions qu'y ont laissé les donateurs.
1. Vue d'ensemble.
Les boiseries forment, jusqu'à hauteur d'homme, un parement continu du mur du pignon, et du mur qui, à droite, sépare la sacristie du chœur ; à gauche, elles se prolongent par un meuble composite, qui semble fait d'un coffre bas, et d'un dessus d'autel avec son tabernacle. Il s'y ajoute deux beaux tabourets et un devant d'autel. Les mentions chronographiques indiquent une datation de 1611 à 1739, contemporain de la période baroque mais évoquant au béotien que je suis la sculpture Renaissance.
On voudra bien tolérer les approximations et balourdises de mon vocabulaire, et formuler avec moi des vœux pour que des spécialistes de l'art nous donnent une description compétente.
Groupe à gauche de l'autel :
Groupe à droite de l'autel :
Je ferais ma visite de gauche à droite, ou, comme aurait dit le recteur, du coté de l'évangile vers celui de l'épître.
Le bahut à banc de gauche.
Son entablement centré par un masque comporte dans des médaillons ovales, une date, celle de 1611, et les initiales HN. Cette date de 1611 rejoint les dates de 1616 et 1619 de l'inscription qui plaçaient la chapelle sous la protection de sainte Anne.
Au dessous, sous une sobre frise, une porte munie d'une serrure est sculptée en bas-relief d'une Véronique présentant le voile portant le visage du Christ, entre deux pilastres moulurés soutenant un cintre. De part et d'autres, quatre panneaux verticaux permettent au sculpteur de puiser dans le répertoire des entrelacs.
Simple visiteur, je ne me suis pas livré à une expertise pour savoir s'il s'agit d'un seul meuble, ou de l'assemblage d'une sorte de buffet (ou d'un coffre destiné à recevoir l'Eucharistie) sur un coffre bas. Car, supportant l'ensemble précédent, nous trouvons, formant une banquette basse joliment recouverte de velours frangé de pompons rouges, verts et jaunes, un meuble disposant aussi d'une forte serrure, et où, entre deux montants rainurés qui se poursuivent plus haut, deux panneaux encadrent un visage.
Ce visage présenté sur un cuir, émacié, barbu, au front plissé, est-il celui de Dieu le Père, ou bien du Fils ? Les deux panneaux portent eux aussi des cuirs, à maillon de chaîne, rinceaux et médaillons portant les monogrammes du Christ et de la Vierge, IHS et MAR.
Les boiseries de gauche.
Elles portent en bas à gauche l'inscription KERVELLA. KERZIVÈS tracée au ciseau, sans cadre. J'ai fait remarquer en commençant que Kerzivès est un lieu-dit proche de Saint-Adrien et appartenant à son Beuriez ; nul doute que Kervella, patronyme très courant dans la Presqu'île, est, en 1952, le propriétaire et exploitant de Kervizès. Les généalogistes mentionnent un Joseph Kervella, né le 18 mai 1853 à Kerzivès izella. Les toponymistes signalent les formes anciennes attestées :1542 : Kerdiffez ;1600 : Kerdifes ;1662 : Kerdivez ; 1815 : Kerdives ; 1827 : Kersivez
Ce nom de lieu est formé de Kêr, village, lieu habité et d'un second élément dont les formes anciennes sont difez, difes. Selon L.M. Bodénès, p. 192, ce mot viendrait du vieux-breton difeith, moyen-breton difez, qui signifie inculte à propos d'un terrain.
Le village se répartit en Kerzivès Izelan en bas, Kerzivès kreis au milieu, et Kerzivès uhelan en haut.
Il comporte une bande verticale sculpté de rosaces entrelacées surmontées de la date de 1652 ; des bandes verticales identiques deux à deux l'encadrent , faisant se succéder des motifs de pointe de diamant, puis un parchemin plissé semé d'écailles, puis une variation du motif précédent.
Les boiseries murales de droite.
Elles comportent trois parties, portant chacune une inscription propre.
A la droite immédiate de l'autel :
Cet ensemble est signé en bas et à droite JÉZEQUEL KERZIVÈS : un donateur du même village a donc participé à la décoration de la chapelle.
D'un style bien différent de l'ensemble de gauche, celui-ci est centré par un saint Jean-Baptiste naïvement dessiné, et aux jambes curieusement croisées en Z comme si, tenant sa croix comme un violon, il esquissait un entrechat. Son oriflamme ne porte pas l'inscription Ecce agnus dei qui tollis peccata mundi, mais un simple X. La date de 1644 évoque, sous Louis XIV, le commerce encore prospère des toiles de lin à Plougastel ; ou bien, la mission que Julien Maunoir prêcha dans la paroisse, provoquant moult miracles, moult confessions et conversions.
De part et d'autre du saint précurseur de son cousin, c'est une exubérance baroque de motifs floraux sur le thème des rinceaux, des treilles où des oiseaux picorent, comme sur les colonnes des retables, les grains de gras raisins, des ribambelles de feuilles, des acanthes qui n'atteignent pas encore les frénésies profuses de Jean Le Pautre et n'incluent ni anges ni animaux.
Les boiseries adossées au mur de la sacristie.
Celles-ci sont signées LE GALL.PEN .AN. HEACH. Z8 LI. Elles sont beaucoup plus tardives, datées de 1739 : nous sommes sous Louis XV, la révolte des Bonnets Rouges contre l'absolutisme a eu lieu (1675) et a été écrasée, le commerce des toiles a périclité par perte des débouchés anglais.
Pen an neach Rozegad est un hameau qui dépend de la chapelle de Saint-Guénolé toute voisine, de l'autre coté du bras de mer : carte.
L'élément central que le riche exploitant Le Galla a commandé au sculpteur (est-ce la même lignée de sculpteur local depuis le premier panneau de 1611 ?) représente un oiseau au sommet d'un arbre. Cet oiseau est stylisé, hiératique, et sa présence au sommet des branches fleuries qui sortent d'un vase a une force d'évocation qui en fait, avant tout, un symbole ; symbole de vie et de renouveau bien-sûr, dominant un Arbre de vie qui renvoie à celui de l'Apocalypse 22,2. (voir la bannière de Lannelec à Pleyben : Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, la Vierge. Le vase est un symbole féminin ou marial. Le tout évoque la fécondité, le rayonnement glorieux.
Les panneaux verticaux qui l'encadrent sont occupés par des rosaces-soleil et des rosaces-chrysanthèmes.
Panneau à droite de la porte de la sacristie.
Celui-ci porte (cachés par une statue de Vierge à l'enfant signée Y. Floch. M.ANTONI.1940,) les noms de PIRIOU.KERZIVÈS . GRIGNOUX. KERGOAT.
Il s'agit donc de la troisième mention du village de Kerzivès, ici associé au patronyme Piriou. Quand au sieur Grignoux de Kergoat, c'est ce fabricien mentionné sur l'inscription de 1913 (si ce n'est lui, c'est donc son frère, ou bien quelqu'un des siens). Serait-ce la mention d'une restauration du début du XIXe siècle, sur un morceau de bois encore respecté par les vers ? Je n'ai pas trouvé de date (une fois encore, je n'ai effectué qu'une visite de fin de journée profitant des Journées du Patrimoine, ce n'est pas un inventaire qualifié). D'autres ont vu une signature de KERVELLA KERDONCUFF DE GODIBIN datée de 1638, qui m'a échappée.
Au dessus, c'est un nouveau catalogue des motifs de sculpture bretonne qui semble trouver plaisir à épuiser mon vocabulaire de frises de rosettes à huit pétales ronds ou bifides , croisillons, macarons, tous inclus dans des entrelacs et spirales et des fonds martelés au poinçon.
Sources et liens :
HUCHET (Albert), " La chapelle de Saint-Adrien", in Plougastel-Daoulas, Patrimoine archietctural et statuaire, Les amis du Patrimoine de Plougastel, imp. Cloître, Landerneau 1987, pp. 86-97.
Société archéologique du Finistère - 1916 vol. 43 p. 82.
Les sculptures de l'artiste chinois Li XiaoChao
au Stang-Alar.
Le Conservatoire botanique de Brest expose actuellement l'œuvre du sculpteur chinois Li XiaoChao tirée d'une série Bai Lu Yuan consacrée à la vie d'un village (1930-1960) de la province du Shaanxi : Treize personnages en bronze, grandeur nature, sont disposés dans le parc, au bord des étangs des cascades ou du ruisseau, et attendent les visiteurs avec une telle aménité, une telle rondeur bonhomme des expressions, une telle humanité que chacun retrouve sur ces visages étrangers les traits familiers d'un maître d'école, d'un artisan, ou d'une personnalité de sa ville ou de son village ; et le talent de l'artiste fait que c'est le regard que, enfants, nous poserions sur eux que nous retrouvons instinctivement.
Un des critères les plus sûrs pour s'en convaincre est d'observer comment les promeneurs, et leurs enfants, s'approchent de ces villageois, les touchent, leur parlent, tirent la barbiche du Maître ou se photographient à leur coté.
Nous en faisons d'autant plus volontiers de vieilles connaissances qu'une plaque de cuivre indique à qui nous avons affaire : l'instituteur, la grande sœur, le joueur de trompette, ou nous met dans la confidence : méfiez-vous du menuisier, il a un sale caractère.
1. Le maître d'école.
Je connais bien sa façon affable mais intimidante de surveiller la cour, sa manie de garder les mains derrière son dos, parce que celui-ci est un peu voûté, sa ressemblance avec Seymour Skinner (le proviseur des Simpsons) : je suis sûr qu' un jour (mais en quelle classe ?) j'ai eu le même prof.
2. Le grand-père et son petit-fils.
Il fait "coucou" en cachant les yeux de grand-papa, qui adore ça.
3. Le promeneur des oiseaux.
Il tient sa cage comme une lanterne accrochée au ciel. Peut-être promet-il chaque matin à ses oiseaux la liberté ? Mais comment pourrait-il renoncer à leur compagnie, et se résoudre à la solitude ?
4. Les enfants ramassant des herbes.
Et si les herbes des champs tombaient du ciel, toutes rôties comme des alouettes ? Et si les nuages, si hauts et si fins, étaient les fleurs du jardin bleu ? Et si ?
5. Le Maître de Feng-Shui.

6. La petite sœur portant son frère.
7. Le chanteur de Quingqang.
Le Yiyang Qiang弋阳腔: ou Yiyang est l'un des quatre grands systèmes musicaux de la période Ming.
8. Le Menuisier "Drapeau Rouge".
9. Le trompettiste.
10. La mère et l'enfant.
11. La Coquette.
"Vous, qui passez sans me voir, sans même me dire bonsoir, donnez-moi, un peu d'espoir" (air connu, Charles Trenet) :
La Coquette ne regarde que son reflet dans le miroir. Elle s'est placée au bord du chemin, d'où elle surveille du coin de l' œil les très nombreux promeneurs, guettant leurs réactions face à ses charmes.
Mais comme la vie est ingrate avec elle ! Les passants passent et repassent, et ne semblent pas la voir.
N.B : ayant pris ces images à l'insu des visiteurs du jardin, je les supprimerai bien-entendu à la première demande.
FIN
Le Mémoire sur le régime des gens de mer de Chardon de Courcelles, 1780.
Résumé.
Au XVIIIe siècle, les escadres de la marine qui partent pour quelques mois en mer en reviennent trop souvent, dans le port de Brest, avec leur équipage éreinté par le scorbut, maladie sévère dont on ignore alors, et pour longtemps encore, qu'elle est due au manque de vitamine C. Les médecins, l'Académie de marine s'interrogent sur ses causes : l'air vicié des navires est le premier coupable, mais lorsque l'alimentation est suspectée, elle l'est à partir des étranges et archaïques concepts médicaux de la médecine hippocratique ou de Galien. Les plantes antiscorbutiques utilisées sont le Raifort, la Passerage, le Trèfle d'eau, la Centaurée, la Cochléaria, l' Oseille, le Cresson d'eau, la Véronique Beccabunga.
En 1767, un auteur, Poissonnier-Desperrières, accuse dans son Traité des maladies des gens de mer les salaisons de produire un chyle putride, et suggère de donner aux matelots un "régime végétal sec", à base de riz et de lentilles.
Les marins, les médecins des ports protestent contre cette extravagance, mais l'auteur est puissant et il a l'appui de la cour et de l'Académie des Sciences. Il publie un second Mémoire acerbe et même désobligeant contre ses détracteurs.
Le premier médecin du port de Brest, Étienne Chardon de Courcelles, est tout à fait opposé à ce régime, mais se garde de polémiquer et conserve la position neutre et désengagée propre à ses fonctions.
Cinq ans après son décès, en 1780, La Coudraye, qui a été vilipendé comme de Courcelles par Poissonnier-Desperrières, publie un Mémoire sur le régime des gens de mer par Chardon de Courcelles.
L'année 1779 avait été marquée par un désastre sanitaire qui illustre l'acuité de ces débats : l'escadre du Comte d'Orvilliers après son fiasco contre les anglais, avait débarqué 9000 malades à Brest. L'épidémie de typhus engendrée par cet afflux entraîna, dans toute la Bretagne, 45 000 morts, et 175 000 morts sur l'Ouest de la France (Maine, Anjou, ...).
L'appertisation, ou mise en conserve des aliments qui préserve les vitamines fut mise au point par Nicolas Appert en 1795-1805.
Ce n'est qu'en 1912 que l'existence de vitamines fut découverte, et en 1935 que la vitamine C fut isolée.
Prologue.
A la différence des autres ouvrages d'Étienne Chardon de Courcelles, médecin en chef et premier directeur de l'École de chirurgie navale de Brest, et qui traitaient de la saignée (1746 et 1763), de l'anatomie (4 volumes, 1753), des opérations les plus ordinaires de la chirurgie (1756), des Formules pharmaceutiques en usage à Brest (1756), parce qu'ils étaient, dans une visée didactique, la version imprimée des cours qu'il donnaient aux élèves-chirurgiens, ce Mémoire sur le régime des gens de mer n'est pas destiné à poursuivre l'instruction des chirurgiens. Publié à titre posthume en 1780 cinq ans après la mort de Chardon de Courcelles, il est en rapport avec les deux autres fonctions de ce médecin, lequel avait joué un rôle éminent de lutte contre les épidémies qui frappèrent Brest, et qui, depuis 1752, était un membre très actif de l'Académie de marine établie à Brest.
En effet, l'Académie de marine se souciait de tous les sujets qui touchaient à la Flotte : architecture navale, mathématique, hydrographie, manœuvre, voyage, mais aussi médecine. Parmi les sujets d'hygiène et de médecine navale les plus préoccupants se trouvaient les soins à donner aux noyés ; le moyen de dessaler l'eau de mer ; l'habillement des marins; la ventilation des cales ; et, surtout, l'alimentation des équipages, dont on pressentait bien qu'elle jouait un rôle crucial dans la survenue du scorbut.
Le "régime végétal sec" de Desperrières.
En 1767, l'un de ses membres, Antoine Poissonnier Desperrières avait fait paraître un "Traité des maladies des gens de mer ; par M. Poissonnier-Desperrières, conseiller-médecin ordinaire du Roi, censeur royal, & médecin de la Grande chancellerie. / A Paris : chez Lacombe, libraire, quai de Conti. M. DCC. LXVII. , 1767. Il y attribuait la cause du scorbut, et d'autres maladies, à l'air froid et humide, et, comme l'écriront lors de la seconde édition les membres de l'Académie Royale des Sciences, "L'auteur déduit les maladies des gens de mer d'une seule et même cause, dont il prouve fort bien l'existence et l'influence. Cette cause est la diminution ou la suppression de l'insensible transpiration, et la dépravation de l'humeur, dont la sortie a été empêchée. Ce principe unique est, sous la plume de M. Desperrières, fécond en conséquences aussi utiles que lumineuses, et l'on peut dire que c'est étendre l'art que de l'abréger de cette manière". (p. 507). .
Comme l'écrit son biographe le Roy de Méricourt (Archives de médecine navale, 1865, n° 03) "La première édition fut enlevée très rapidement. Cet ouvrage eut un très grand succès, il valut à son auteur le titre d'associé ordinaire de la Société royale de médecine. En 1780, le gouvernement estima qu'il y avait lieu de faire faire une seconde édition ; elle fut exécutée par les soins de l'imprimerie royale du Louvre. Mais la récompense la plus éclatante qu'obtint Desperrières fut le brevet d'adjoint à la place d'inspecteur et directeur général de la médecine dans les hôpitaux de la marine. Pour pouvoir porter son traitement à 6000 francs, un autre brevet lui conférait le titre d'adjoint à la place d'inspecteur et directeur général de la médecine, de la pharmacie et de la botanique pour les colonies. […] Il se rendit en 1779 en mission à Brest, pour combattre l'épidémie de typhus qui ravageait l'escadre du lieutenant d'Orvilliers et la ville. Il s'occupa avec persévérance du régime des marins et si, comme nous le dirons, il ne soutint pas une bonne cause, il le fit du moins avec conviction et dans de louables intentions. A la suite du Traité des fièvres de Saint-Domingue, il publia son Mémoire sur les avantages qu'il y aurait à changer la nourriture des gens de mer (Paris 1772.) " http://archive.org/stream/mmoiresurlesav00pois#page/32/mode/2up.
Ce second Mémoire ne comportait que 13 pages, dans lequel Desperrières modifiait son point de vue initial (le scorbut est lié à l'air humide, et l'alimentation n'y joue pas un grand rôle) pour prôner résolument "son" régime végétal sec. Dans cette conception originale, Desperrières défendait l'idée d'un régime végétal "sec", allégé en produits animaux —notamment de salaisons— accusés d' être dépravés, d'aggraver ce blocage des émonctoires et de causer les maladies putrides.
"Je crois avoir prouvé , dans mon traité des maladies des gens de mer, que les salaisons dont les matelots font usage, sont la principale cause de scorbut et des autres maladies qui les affligent. […] On convient généralement que les substances animales, quoique salées, sont susceptibles d'une dégénérescence visible, qui ne peut qu 'accélérer la tendance qu'ont à la décomposition toutes les liqueurs du corps humain : ceux qui ne se nourrissent que de ces substances, sont nécessairement plus exposées que les autres hommes à ces maladies putrides, pour lesquelles j'ai tan,t recommandé le régime végétal."
Dans sa proposition diététique, il supprimait à l'équipage les trois repas hebdomadaires de morue, et deux de viande salée, accordant malgré tout aux matelots le lundi et le jeudi à dîner "la moitié de la ration ordinaire de lard". En échange, "5 onces de riz assaisonné avec une demi-once de sucre et un peu de gingembre", alterné avec 6 onces de lentilles (ou de fèves blanches, ou de pain) assaisonnées avec des oignons confits au vinaigre, du sel et une demi-once d'huile. Au souper, la soupe habituelle, mais assaisonnée « d'une once d'oseille préparée au beurre ».
A la suite de ces treize pages, Desperrières avait fait imprimer, à son insu, les Observations sur le Mémoire de M. Poissonnier Desperrières (p 17-31) que le Chevalier de La Coudraye avait fait parvenir à l'Académie de marine pour signaler les effets délétères constatés lors d'un essai de ce régime sur la Belle-Poule, et l'amaigrissement qu'il avait provoqué chez les marins.
A la suite, Desperrières publiait son Mémoire en réponse sur les Observations...(p. 35-60).
Le régime végétal sec soumis à l'expérience.
On comprend qu'ainsi gratifié par 6000 frs de traitement, l'auteur ait tenu à défendre ses idées. Il en fit faire l'essai en 1770 par M. Herlin, chirurgien-major de la Marine sur les malades uniquement à bord de la flûte L'Écluse, puis le fit ordonner en 1771 à tout l'équipage sur la frégate la Belle-Poule, commandée par M. Doives, Capitaine de frégate, sous les yeux de M. Metier, chirurgien de la Marine et ami de M. Herlin.
Comme l'écrivit plus tard J.B. Fonssagrives : " On a peine à croire que le système pythagoricien de Poissonnier-Desperrières soit sorti du domaine de la spéculation , et cependant il fut bien et dûment essayé à bord de la frégate la Belle-Poule, comme nous l'apprend une réfutation très victorieuse des idées de Poissonnier due à M. le Chevalier de la Coudraye, enseigne de vaisseau qui avait pu voir le régime végétal sec à l'œuvre. « Dès les premiers jours de notre traversée, dit M. de la Coudraye, un grand nombre de nos matelots furent attaqués d'aigreur d'estomac, de cours de ventre, de coliques. J'allais souvent sur le gaillard d'avant voir et questionner, et j'eus lieu de me convaincre qu'au bout de quelques jours, le dégoût et la crainte de ce régime avaient fait de tels progrès que beaucoup ne se nourrissaient qu'avec leur pain trempé dans du vin ou mangé avec une gousse d'ail et du sel...Vers la fin les manœuvres s'exécutaient avec lenteur ; nous en cherchions la cause dans le frottement des vergues et des cordes, mais il fallait l'attribuer à la diminution des forces de l'équipage. "
"Poissonnier-Desperrières, s'étayant du témoignage de M. Métier, chirurgien-major de la frégate la Belle-Poule, qui, gagné au système végétarien, semblait avoir juré in verba magistri, publia en 1774, et comme réfutation du travail de M. de la Coudraye, un deuxième mémoire, aussi acerbe, d'aussi mauvais goût, et aussi empreint que le premier d'une physiologie chémiatrique surannée. Il invoquait, en faveur de son système, et le témoignage de M. Mercier, et la longévité des anachorètes, et celle des Corses et des Limousins, qui vivent presque exclusivement de châtaignes. Entré dans cette voie de prédilection paternelle, il ne songea plus à s'arrêter ; il fit remarquer que les forçats, nourris de pain grossier et de légumes de rebut, « n'ont le scorbut que quand ils sortent de l'hôpital où ils ont été nourris de viande fraîche (sic) », et proposa le régime végétal exclusif comme moyen curatif de cette maladie."
"L'expérience, fort heureusement, ne laissa pas ces illusions debout : le nombre des malades de la Belle-Poule, bien que le temps fût demeuré favorable et que sa navigation eût été très douce, s'accrut dans les proportions suivantes : mai, 5 ; juin, 24 ; juillet, 32 ; août, 14 (relâche à Malaga et à Cadix) ; septembre, 52 ; octobre, 44. A l'arrivée de la Belle-Poule à Brest, il y eut de telles protestations de la part de l'équipage, que M. de Ruisembito, intendant de la marine, dut le passer minutieusement en revue après le désarmement." (Traité d'hygiène navale, ou de l'Influence des conditions physiques et morales dans lesquelles l'homme de mer est appelé à vivre et des moyens de conserver sa santé, 1856, par le Dr J.-B. Fonssagrives p.622-624).
M. de la Coudraye, apprenant que ce régime, loin d'être réfuté par les faits, allait être généralisé par ordonnance à tous les vaisseaux, et sachant qu'on se préparait à renouveler le marché des vivres de la Marine, lut alors, dit-il, à l'Académie quelques notes rédigés à la hâte.
L'Académie de marine étudie le régime Desperrières.
En fin 1771 ou janvier 1772, l'Académie entendit donc le rapport de La Coudraye sur les effets du régime sur l'équipage de la Belle Poule ; puis, le 9 janvier 1772, elle entendit le médecin Herlin, adjoint à l'Académie lire le mémoire du chirurgien Métier, (chirurgien de la Belle-Poule) favorable au régime de Desperrières. " L'Académie arrêta que ce mémoire que nous n'avons pas retrouvé, pas plus que ceux de La Coudraye serait remis au portefeuille avec les autres touchant cette matière, ainsi que le tableau des journées que les matelots avaient passées au poste des malades, lequel était joint au mémoire. Le 6 février, Courcelles s'étant désisté du rapport, on nomma en sa place Beauchaîne. A la séance suivante, 13 février, Briqueville lut le rapport demandé par l'Académie et qui, signé Beauchaîne, Roquefeuil et Briqueville, a été enregistré au tome IX, pages 112-117. Il y est dit, sous forme de conclusion, que les faits qui se sont passés sur la Belle-Poule ne suffisent pas pour porter un jugement définitif qui condamne ce genre de nourriture. L'Académie crut devoir ajouter que de pareils essais ne devaient être faits que par gradation et non en changeant tout à la fois, ainsi qu'on avait fait à bord de la frégate. Courcelles, lui, était complètement opposé à ce régime, ce que prouve son mémoire publié en 1781, c'est-à-dire six ans après sa mort, par La Coudraye, et qui est la réfutation complète de l'ouvrage de Poissonnier-Desperrières. Le jugement de l'Académie ne mis pas un point final au débat.
Le 9 avril, le chevalier La Coudraye communiqua à l'Assemblée un mémoire de Desperrières en réponse aux observations qu'il avait lues à l'Académie. Non content d'avoir fait imprimer ces observations sans son aveu, Poissonnier-Desperrières y avait répondu par des expressions indécentes. Délibérant sur cet objet, l'Académie pensa judicieusement qu'elle ne devait point se mêler dans des questions de procédés ; mais attendu que le mémoire de Desperrières était offensant pour plusieurs officiers de la marine et particulièrement pour le chevalier La Coudraye qu'elle voyait avec plaisir au nombre de ses membres, elle approuvait ses justes réclamations et la lettre qu'il adressait à ce sujet au ministre . Nous ne savons ce que répondit Boyne ; mais, le 1er octobre, on lut le mémoire d'un nouvel adversaire de Desperrières : c'était le médecin Auffray, chirurgien-major de la Dédaigneuse. Son travail, intitulé : Mémoire de M. Auffray sur le régime végétal proposé par M. Desperrières, est dans le tome I des Correspondants, page 105-115. L'essai qu'on avait fait du régime végétal de Desperrières dans la moitié des vaisseaux de l'escadre d'évolutions commandée par le comte d'Orvilliers ne lui paraissait pas devoir déterminer à le préférer à la nourriture ordinaire des équipages. Courcelles, chargé du rapport sur le mémoire Auffray, le rédigea naturellement dans le même sens, et, du reste, se borna à une simple analyse. Son rapport est dans le tome I des Correspondants, pages 149-152."
Voir la liste des manuscrits conservés du fond de l'Académie royale de Marine :http://www.academiedemarine.com/PJ1_InventaireacademieroyaledeBrest.pdf
076 TI
P. 105 - 115. « Mémoire de M. Auffray (chirurgien-major de la Dédaigneuse) sur le régime végétal proposé par M. Desperrières. »
P. 112 - 117. Rapport de Beauchaîne, Roquefeuil et Briqueville, condamnant le régime végétal proposé pour les gens de mer par Antoine Poissonnier - Desperrières.
P. 149 - 152. Rapport de Chardon de Courcelles sur le Mémoire d'Auffray (cf. p. 105.).
Novembre 1773 : le Conseil de marine du Port de Brest s'inquiète.
Le "Conseil de marine" est, dans les ports de Rochefort, Brest et Toulon, la structure administrative du port. Composé du Commandant du port, qui le préside, de l'Intendant, du directeur général de l'arsenal, du commissaire général des ports et arsenaux de marine et du major de la marine et des armées navales, il se réunit tous les quinze jours ; le secrétaire du conseil est le contrôleur de la marine qui n'y a pas de voix.
En 1773, le Conseil avait entendu M. de Briqueville lui lire un rapport manuscrit de Desperrières sur le régime végétal, régime qui lui avait déjà été présenté et qui avait entraîné "les changements nécessaires pour la formation de la ration de mer, dans le prochain Traité des vivres. Elle convoqua le premier médecin du Port, Chardon de Courcelles, pour connaître son avis, et ce dernier remit au Conseil un Mémoire "qui a paru démontrer la nécessité de mitiger l'austérité du régime végétal sec proposé par Desperrières". Ce mémoire de Courcelles ayant mérité les éloges du Conseil, celui-ci arrêta "que ce mémoire serait adressé au ministre (De Boyne) le plus tôt possible". Signatures d' Etienne-Claude Chevreau, commissaire de marine; Gouber ; Hector ; Comte de Grasse, capitaine de vaisseau ; La Tullaye ; Henri de Boulainvilliers de Croy capitaine de vaisseau ; De Saint-Victoret. : Carlier d'Herlye, capitaine de vaisseau ; M. de Saint-Julien, capitaine de vaisseau ; Guichen Capitaine de vaisseau ; le Comte de Roquefeuil : commandant de la marine à Brest ; Charles -Claude de Ruis-Embito : intendant de la marine à Brest depuis 1771 ; le Comte de Breugnon, commandant de la marine à Brest. Et au dessous, pour extrait, Casa-Major, Commissaire et contrôleur de la marine à Brest de 1770 à 1776. [les mentions biographiques sont ajoutées par moi]. Extrait de la séance du Conseil le 15 novembre 1773, cité dans le Mémoire sur le régime des gens de mer de de Courcelles p. 22.
Antoine Poissonnier Desperrières publie un seconde édition de son Traité en 1780.
Traité sur les maladies des gens de mer seconde édition revue, corrigée & augmentée. Par M. Poissonier Desperrières, écuyer, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, ancien médecin ordinaire du Roi, médecin de la grande chancellerie & de la généralité de Paris, inspecteur général adjoint des hôpitaux de la marine & des colonies, censeur royal, de l'académie de Dijon, & de la Société royale de médecine / A Paris, de l'Imprimerie royale. M. DCCLXXX (1780) gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6254868n ou http://books.google.fr/books?id=R_TaYMhh-mgC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
On n'y lit aucun propos désagréable à l'égard de Chardon de Courcelles, mais au contraire des louanges.
Le Mémoire sur le régime des gens de mer de Chardon de Courcelles.
L'exemplaire conservé au Service Historique de la Marine à Brest sous la cote 7142 provient de la Bibliothèque de l'Académie de marine, et porte les fers dorés aux deux palmes de l'académie ; il a ensuite appartenu au XIXe siècle à la bibliothèque du Port, puis à celle de l'École de médecine navale de Brest, comme en témoignent les deux cachets encrés.
Il comporte un Avant-propos de l'Éditeur (le Chevalier de la Coudraye) pages 1-16, puis un Avertissement de l'Auteur page 17-32, avant de débuter le Mémoire sur la nourriture des gens de mer pages 33-215, suivi d'un Supplément, page 215-216, et de la copie de la Lettre de M. DES PERRIERES à M. DE COURCELLES en date du 16 mars 1771, pages 216-287. Cette dernière Lettre est annotée de commentaires en guise de réponse de de Courcelles.
Dans son avertissement, De Courcelles signale que ce Mémoire est le même que celui qu'il a présenté à la demande du Conseil de marine en novembre 1773.
S'il est tout entier au service d'une sorte de droit de réponse de Chardon de Courcelles à la Lettre de Poissonnier-Desperrières de mars 1771, il contient néanmoins un exposé des idées du Premier médecin du port sur l'alimentation des marins, et sur ses conceptions sur la maladie scorbutique.
Le régime actuel est le meilleur compromis possible.
"Si, dans l'approvisionnement des vivres des vaisseaux, on ne devait avoir égard qu'à la salubrité , sans autre considération, le choix ne serait pas embarrassant : de bon pain, de la viande fraîche, des plantes potagères, des légumes frais, des fruits suivant les saisons, de bon vin et de bonne eau en suffisante quantité mériteraient, sans contredit, ma préférence. Mais l'impossibilité de se pourvoir de plusieurs de ces denrées, et même de les conserver en à la mer, parce qu'elles sont susceptibles d'une prompte altération ; l'encombrement excessif qu'elles entraîneraient avec elles ; des vues d'économie, bien ou mal entendues, ont dû nécessairement partager l'attention des puissances maritimes."
On ne peut faire cuire du pain frais pour tout l'équipage. : on le remplace par du biscuit.
On ne peut proposer de la viande fraîche. Où logerait-on les bestiaux et leur nourriture.
Les plantes, légumes et fruits frais ne se conservent pas. On emploie donc des légumes secs.
Comme boisson, la bière et le cidre sont interdits à bord (ordonnance de 1669), sauf de Dunkerque à Saint-Malo. Il reste l'eau, le vin et l'eau-de-vie.
"Moyennant ces diverses substitutions, la subsistance des marins de réduit au biscuit, aux viandes salées, aux légumes secs et au fromage. Voila en quoi consiste le comestible. Leur boisson est la même qu'à terre.On convient assez généralement que ces sortes de substances, pour être plus de garde, ne sont pas absolument des plus saines, ni exemptes de corruption, même en les supposant de la meilleure qualité ; qu'elles influent, à bien des égards, dans les maladies des marins. Mais il y aurait de l'exagération à prétendre qu'elles en sont l'unique et la principale cause. Mille exemples du contraire démentiraient cette prétention. Malgré les inconvénients et les défauts de cette nourriture, on ne pourra disconvenir qu'il était difficile d'en imaginer une qui soit plus convenable pour la mer, et plus assortie à une classe d'hommes accoutumés à ne vivre que d'aliments grossiers, et destinés à des travaux pénibles et continuels."
Critique du régime végétal sec de Desperrières en cinq points.
"Son système n'est établi que sur un fondement ruineux, et porte à faux Dans ses Mémoires, il exagère trop les vices de l'ancien régime et les avantages du sien. [...]Pour lever toute équivoque, et ne pas prendre le change, il convient d'observer que le régime dont il est question ici consiste en substances farineuses et légumineuses sèches, telles que pois, les fèves, les fayoles, les lentilles, le riz, le gruau, etc. à l'exclusion des végétaux frais et décents."
De Courcelles cite alors, pour critiquer le régime végétal (nous dirions « végétarien »), le tome VII de l'Histoire Naturelle de Buffon, dans lequel ce dernier condamne sans équivoque le « régime pythagoricien », et décrit ceux qui s'y adonnent, « leurs yeux éteints ne jettent que des regards languissants, leur vie semble ne se soutenir que par effort », et, comme le remarque de Courcelles, « il semblerait que M. de Buffon aurait voulu peindre l'état de l'équipage de la Belle-Poule .
Dans son Avertissement, il fait la critique du régime de Desperrières en cinq raisons :
"La première, parce que ce plan de réforme me parut, ainsi qu'à tout le département, outré, trop austère, et insuffisant pour entretenir en santé et vigueur des hommes destinés à des travaux pénibles et fatigants.
La deuxième, parce qu'il n'est fondé que sur des raisonnements plus spécieux que solides, et sur des faits la plupart notoirement faux et exagérés, tous dénués de circonstances requises pour faire preuve.
La troisième, parce que sur les deux propositions fondamentales de ce Mémoire, M. des Perrières est formellement en contradiction avec ce qu'il enseigne dans son Traité des Maladies des gens de mer, publié en 1767, auquel néanmoins il renvoie pour la preuve.
La quatrième, parce qu'il n'est pas moins contraire à l'expérience.
La cinquième enfin, parce qu'abusant à chaque page, comme il ne cesse de faire dans son deuxième mémoire, de l'expression vague et équivoque de régime végétal, il attribue indistinctement aux substances farineuses et légumineuses sèches, des propriétés qui n'appartiennent qu'aux végétaux frais et récents."
ANNEXES.
Biographie de La Coudraye. (Extraits) http://cths.fr/an/prosopo.php?id=114837
François Célestin LOYNES de LA COUDRAYE (25 mai 1743 à Fontenay-le-Comte (Deux-Sèvres) - 15 novembre 1815 à Saint-Pétersbourg (Russie)) Membre adjoint de l’Académie royale de Marine en 1771, membre ordinaire en 1774, sous-secrétaire de l’Académie en 1775 et 1779, retiré en 1781, membre vétéran en 1789.:
Officier de Marine et homme politique. Fils de Jean-Baptiste Jacques Daniel de Loynes (1706-1769), marquis de La Coudraye, gouverneur de Fontenay-le-Comte en 1743, et d’Henriette Suzanne Bertrand de La Villette (1708-1775). Garde de la Marine le 27 mars 1758, aide de port le 1er juin 1765, garde du Pavillon Amiral le 25 février 1762, enseigne de vaisseau le 18 août 1767, lieutenant en second au 1er bataillon du régiment de Saint-Malo le 1er mai 1772, second lieutenant de fusiliers le 1er janvier 1770, lieutenant de vaisseau le 14 février 1778, autorisé à se retirer pour raison de santé le 1er juillet 1780.
Le 22 décembre 1761, il embarque sur la frégate de 32 canons l’Opale qui capture, l’année suivante, deux transports de troupes anglais chargés de renforts pour le siège de La Havane (6 juin-14 août 1762) avant de faire naufrage près de l’île Mogane le 23 juillet 1762.
En février 1763, il est sérieusement brûlé à la main en combattant un incendie qui ravageait un magasin de biscuit dans l’arsenal de Brest.
Embarqué du 22 juillet au 2 septembre 1763 sur la prame la Thérèse, chargée de transporter des bois de marine pour l’arsenal de Brest, il procède à des observations et à des expériences « sur la nature et la qualité des prames » et envoie au secrétaire d’État de la Marine un mémoire soulignant l’utilité de tels bâtiments aux Antilles.
Sous-aide-major attaché à la compagnie d’apprentis-canonniers de Brest le 1er mars 1769.
Affecté au détail des constructions à Brest le 1er décembre 1776.
Les 6 et 7 septembre 1778, il participe à la prise de l’île de la Dominique à bord de la frégate de 32 canons l’Amphitrite.
Embarqué sur le vaisseau de 110 canons la Bretagne, il prend part à la campagne de la flotte du lieutenant général d’Orvilliers à l’ouvert de la Manche du 3 juin au 14 septembre 1779.
Il a rédigé une cinquantaine d’articles sur des sujets concernant la Marine pour l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Sources et liens.
DONEAUD du PLAN (Alfred) Histoire de l'Académie de marine, Berger-Levrault (Paris) 1878-1882 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65484612/f202.image.r=%20courcelles.langFR
FONSSAGRIVES ( J.-B.professeur à l'École de médecine navale de Brest.) Traité d'hygiène navale, ou de l'influence des conditions physiques et morales dans lesquelles l'homme de mer est appelé à vivre, et des moyens de conserver sa santé Paris 1856.
LE ROY DE MÉRICOURT: Pierre Poissonier et Antoine Poissonnier-Desperrières, Archives de médecine navale 1865 n°3 http://www2.biusante.parisdescartes.fr/livanc/?p=187&cote=90156x1865x03&do=page
Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest 1804-1836...
...tel qu'ils figurent dans le dossier de manuscrit Ms 14 du Service Historique de la Marine à Brest.
Il s'agit des l'inventaires successifs des acquisitions à partir de 1804, et non du fonds plus ancien issu de la partie médicale de la Bibliothèque de l'Académie de Marine créée en 1752 et devenue la Bibliothèque du Port.
Ceux-ci peuvent apparaître de faible intérêt, puisque le Ministère de la Marine a fait paraître entre 1838 et 1843 le catalogue complet de l'ensemble de ses bibliothèques dont celle de l'hôpital de Brest. À quoi bon me fatiguer?
La Bibliothèque de l'hôpital maritime, comme celle du Port dont elle est une émanation, dépendaient en effet du ministère de la Marine, lequel a procédé sous les trois ministères de l'amiral Dupérré entre 1836 et 1842 à l'inventaire de l'ensemble de ses bibliothèques ( 2 à Paris, Brest, Toulon, Rochefort, Lorient Cherbourg, et six ports Outre-mer) et a publié le résultat sous forme d'un catalogue de cinq tomes, le Catalogue général des livres composant les bibliothèques du département de la Marine et des Colonies.
Le volume qui nous intéresse le plus, car il est consacré aux "sciences et arts" et contient le plus de livres provenant de la bibliothèque de l'hôpital, est le tome 2 de 1839 : c'est le seul à ne pas être disponible en ligne ! Catalogue général des livres composant les bibliothèques du département de la marine et des colonies. Tome II, Sciences et arts en général : n°s 3505 à 10132 / Louis-Marie Bajot, Prosper Levot, Paris, Imprimerie royale, 1839.XXVII-868 p. ; 24 cm Tome 2 1839 n°3505 a 10132.
Les autres tomes sont :
Tome I : 1838 :Théologie, législation et administration de la marine, législation et administration en général, sciences et arts relatifs à la marine : n°s 1 à 3504.
Tome III : 1840 : Géographie et voyages.
Tome IV 1842 : Histoire et Belles Lettres.
Tome V : 1843 :liste alphabétique par nom d'auteurs et par titre des ouvrages anonymes .
On peut les consulter au Service Historique de la Défense (à Vincennes, et, pour certains volumes, à Cherbourg, Lorient, Toulon, etc.)
Sous le ministère de l'amiral Dupérré, les bibliothèques de la marine, "depuis longtemps languissantes et presque nulles", bénéficièrent après évaluation des besoins propres à chaque site de copieuses dotations d'ouvrages de la part de leur tutelle. Dés l'année 1837, les acquisitions connaissent une augmentation exponentielle...mais pilotées par Paris qui envoie à chaque port les mêmes ouvrages et les mêmes revues.
A défaut d'avoir accès à cet inventaire complet de 1838-1843, j'ai recopié les différents inventaires...jusqu'à 1837, le travail devenant trop important : disons que c'est un début. Cela permettra déjà de connaître la documentation disponible pour les officiers de santé et les élèves de l'École de médecine navale dans le premier tiers du XIXe siècle, au moment où la médecine émergea de l'hippocratisme ou du galénisme pour entrer dans l'ère anatomo-clinique avec Laennec.
I. Inventaire de 1810.
sous le titre "NOTICE des livres données par le préfet pour la bibliothèque de l'École de santé":
64 bis. BALLEXER Education physique des enfants, in-8°
65. SCHENCK, Observationes medicae, in f°
66.BIANCHI, historia hepatica, in 4°, 2 T.
67.CULLEN, Nosologia , in 4°.
68.MORGAGNI, Desedibus et causis morborum, in 4°, 2T .
69.POMME ou SOMME, Maladies nerveuses, in 4°,
70. WANSWIETEN, Di cognos et curandis morbis, in 4°, 5 vol.
71.HALLER , Disputationes medicae, in 4°, 7 vol.
72.HISTORIA, morborum, annis 1669, 1700, 1701, in 4°.
73.TRILLER, Opuscula medica, in 4°, 2 vol.
74.. WANSWIETEN, Constitutionis epidemicae etc., in 4°.
143. DIOSCORIDE, Commentaire de Mathiol, in f°.
144. MAURICEAU, Maladies des femmes grosses, in 4°, 2 vol.
145 . HIPPOCRATES, Medicina, in 4°.
146. PEYRITHE, Cours de médecine, manuscrit, in 8°.
147. STOLL, Medicina, in 8°.
148. GRIMAUD, Traité des fièvres, in-8°.
149. GARDANNE, Maladies vénériennes, in 8°.
150. UNDERWOOD, Maladies des enfans, in-8°.
151. STORCK, Préceptes de médecine, in-8°, 2 vol.
152. QUARIN, De febribus et inflammationibus, in-8°, 2 vol.
152 bis, TOURTELLE, Traité de médecine, in-8°, 3vol.
153. SELLE, Pyrétologie méthodique, in-8°.
153 bis, THIERRY, La vie de l'homme respectée, in-12°
154. CELSE, Introduction à la médecine, in-12), 2 vol.
154.bis, WHYTT, Avis aux femmes enceintes, in-12°.
155. GOETZ, Traité de la petite vérole et de l'inoculation, in-12°.
156. TURNER, Maladies de la peau, in-12°, 2 vol.
157. RETZ, Sur les maladies épidémiques, in-12°
158. HALLER, Collection de théses, in-12°, 5 vol.
160. HIPPOCRATE, Épidémies, in-12°.
161. TISSOT, Gymnastique médicinale, in-12°.
162. FOUQUET, De la petite vérole, in-12°.
163. RAULIN , Maladies des femmes en couche, in-12°.
164. STORCK, Annus medicus, in-12°, 3 vol.
165. ANDRY, De la génération des vers, in-12°, 2 vol.
166. RETZ, Maladies de la peau, in-12°, 2 vol.
167. HIPPOCRATE, Aphorismes, in-12°,
168. HIPPOCRATE, Aphorismes, grec et latin, in-12°
169. JOURNAUX de Médecine depuis 1786 jusque et y compris 1796. 28 vol.
170. ANDRY, L'orthopédie, in-12°, 2 vol.
170 bis, BONNAFOX, Phtysie pulmonaire, in-8°.
171. CULLEN, Médecine, i-8° ; 2 vol.
172. BORDEU, Recherche sur l'épaule (?), in-8°, 4 vol.
173. BROWN, Médecine, in-8°.
174. CHAMBON , Maladies des enfans, in-8°, 2 vol.
175. VITET, Médecine expectante, in-8°, 6 vol.
176. PAULET, Maladies épizootiques, in-8°, 2 vol.
177. SOUCEROI, Médecine éclairée, in-8°, 4 vol.
178. CATEL, Sur la contagion, in-8°.
179. SWEDIAU, Maldies vénériennes, in-8°, 2 vol.
180. BARTHEZ, Maladies goutteuses, in-8°, 2 vol.
181. CABANIS, De la certitude en médecine, in-8°.
182. HIPPOCRATE, Les œuvres traduites, in-8°, 4 vol.
183. MAHON, Médecine légale, in-8°, 3 vol.
184. FODÉRÉ. Médecine légale, in-8°, 3 vol.
185. VIGAROUS, Maladie des femmes, in-8°,2 vol.
186. STOLL, Médecine clinique in-8°, 4 vol.
187. ROZEN, Maladies des enfants, in-8°.
188. MOMMET, Des eaux minérales. in-8°.
189. Mémoires de la Société médicale d'émulation, in-8°, 6 vol..
190. ALIBERT. Des fièvres pernicieuses, in-8°.
191. ZIMMERMAN, De l'expérience en médecine. in-8°, 3 vol.
192. PINEL, Nosographie philosophique. in-8°, 3 vol.
193. PINEL, Médecine clinique. in-8°.
194. HIPPOCRATE, Des eaux, des airs, et des lieux, in-8°, 2 vol.
195. SCARPA, Maladies des yeux. in-8°, 2 vol.
196. PORTAL, Mémoires sur plusieurs maladies, in-8°, 3 vol.
197. GUARIN, Des fièvres et inflammations, in-8°, 2 vol.
198. BELL De la gonorrhée virulente, in-8°,2 vol.
199. PETIT-RADET, Institutions de médecine, in-8°,2 vol.
200 PLATUERI, Opera, in-8°.
201. CHABERT, Maladies des animaux domestiques, in-8°.
202. PLANQUE, Bibliothèque médicale, in-8°, 31 vol.
203. BLATIN, Catarrhe utérin, in-8°.
204. LEROY, Médecine maternelle, in-8°.
205. SELLE, Introduction à la médecine, in-8°.
205 bis. RIGNAUD, Recherches sur l'économie animale, in-8°.
206. HUNTER, Maladies vénériennes, in-8°.
206 bis. RISBETH, Maladies vénériennes, in-8°.
207. BROUSSONNET, Séméiotique, in-8°.
207 bis. CHORTET et autres, Vraie théorie médicale de Brown, in-_°, 7 vol.
208. GEOFFROI, Manuel de médecine, in-8°.
208bis. CABANIS, Révolution de la médecine, in-8°,
209. BUCHAU, Conservateur de santé, in-8°.
209 bis, HAËN, Ratio medendi, in-8°, 11 vol.
210. DESPORTES, Maladies de l'Amérique, in-8°, 3 vol.
210. BELLOC, Médecine légale, in-8°.
211. RAMAZZINI, Maladies des artisans, in-8°.
211 bis. LECLERC, Histoire naturelle de l'homme malade, in-8°, 2 vol.
212. LAVOISIEN, Dictionnaire de médecine, in-8°.
212 bis, PINEL, sur la manie, in-8° .
213.BOISSIEU et autres, Dissertation sur les antiseptiques, in-8°.
213 bis. CAMUS, Médecine de l'esprit, in-8°.
214. LE ROY, Mélanges de médecine, in-8°.
247. AMBOISE PARÉ, œuvres, in-folio.
248. HÉVIN, Pathologie, in-8°.
249. RAVATON, Chirurgie d'armée, in-8°.
250. BERTRANDI, Opérations, in-8°.
251. PASTA, Des pertes de sang, in-8°,2 vol.
252. BAUDELOCQUE, Accouchement, in-8°, 2 vol.
253. SABATIER, Médecine opératoire, 8°, 2 vol.
254, LASSUS, Médecine opératoire, in-8°,3 vol.
255. DESAULS, Maladies des voies urinaires.
256 . DESAULS, Oeuvres chirurgicales, in-8°, 2 vol.
347. MORELLOT, Le pharmacien chimiste, in-8°.
348, BOUILLON-LAGRANGE, Chimie, in-8°.
349. CHAPTAL, Chimie, in-8°.
350, ALYON, Chimie, in-8°.
354. FABULET, Chimie, in-8°
352, NICOLAS, Chimie, in-8°.
353. CARBONEL, Pharmacie, in-8°.
364. Pharmacopée delyde, in-8°.
355. BERGMAN, Chimie, in-8°.
356. FOURCROI, Nouvelle nomenclature chimique.
367. MACQUER, Dictionnaire de chimie, in-8°, 4 vol.
358. Pharmacopée de Londres, in-4°, 2 vol.
358 bis. FOURCROI, Tableaux synoptiques de Chimie, in-folio.
359. PARMENTIER, Code pharmaceutique, in-8°.
359 bis. CADET, Dictionnaire de Chimie. in-8°, 4 vol.
361. GUYTON DE MOREAU, Moyen de désinfecter l'air, in-8°.
362. BERGIUS, Materia medica vegetabilia, in-8°,2 vol.
364 BERTHOLLET, Statique chimique, in-8°,2 vol.
364 bis, LAVOISIER, Chimie, in-8°, 3 vol.
365. PARMENTIER et DEYEUX, Sur le lait, in-8°.
365 bis, SIGAUD de LAFOND, Sur les airs fixes, in-80°.
377. DESBOIS de ROCHEFORT, Matière médicale, in-8°, 2 vol.
378. DEMALUS, Manuel du pharmacien, in-8°, 2 vol.
379. TOURTELLE, Matière médicale,
380. LACÉPÈDE, Des Cétacés, in-4°.
380bis. BUFFON, Histoire naturelle générale, in-4°, 28 vol.
381. NOUVEAU DICTIONNAIRE d'Histoire naturelle, in-8°, 24 vol.
382. MILIN, Éléments d'histoire naturelle, in-8°.
383. MORELLOT, Cours élémentaire d'Histoire naturelle, in-8°, 2 vol.
384. CUVIER, Tableau élémentaire d'Histoire naturelle, in-80.
385. PEYRITHE, Cours d'Histoire naturelle médicale, in-8°.
386. BLOCH, Génération des vers, in-8°.
387. NICOLAS, Méthode pour préparer et conserver les animaux, in-8°.
388. SPALLANZANI, Recherches microscopiques, in-4°.
388.bis. GIROD-CHANTRANS, Recherches sur les conserves, in-4°.
389. VIREY, Histoire naturelle du genre humain, in-8°, 2 vol.
390. HUSSON, Recherches sur la Vae....ine in-8°.
390.bis, LACÉPÈDE, Histoire naturelle des poissons, in-12°, 11 vol.
391. LAMARCK, La Flore françiase, in-8°, 3 vol.
392. SENNEBIER, Physiologie végétale, in-8° , 5 vol.
393. LINNÉ, Systema naturae, in-8°, 9 vol.
394. DUMONT-COURCET, Le Botaniste cultivateur, in-8°, 4 vol.
395. Le Calendrier de Flore, in-8°, 3 vol.
396. JUGEN-HOUZ, Expériences sur les végétaux, in-8°, 2 vol.
397. LINNÉ, Système sexuel des végétaux, in-8°.
381 bis BOSC. Histoire des coquillages, vers et mollusques, in-12°, 10 vol.
398. JUSSIEU, Genera plantarum, in-8°.
402. LINNÉ, Genera plantarum, in-8°.
404. Flora parisiensis, in-8°.
404 bis. BULLIARD, Dictionnaire de botanique, in-8°.
405. VENTENAT, Traité de botanique, in-8°, 4 vol.
405 bis, PHILIBERT, Dictionnaire de botanique, in-8°.
406. ROUSSEAU, Botanique, in-12°.
406 bis. CASTEL, Poème des plantes, in-12°.
407. DIDEROT ET D'ALEMBERT, Encyclopédie générale, in-f°, 28 vol.
408. Hist. et Mémoires de l'Académie Royale des sciences de 1669 à 1742 (incomplet), in-4,39 vol.
409. Machines et inventions approuvées par l'Académie (incomplet), in-4°, 6 vol.
410. Mémoires de l'Institut national de France, in-4°, 15 vol.
411. Encyclopédie Méthodique, 68 livraisons. in-4°, 240 vol.
412. LOCKE, Essai sur l'entendement humain, in-4°.
413. IRAIN ou TZARN, Manuel du galvanisme, in-8°.
414. Mémoires de l'Institut d'Égypte, in-8°, 4 vol.
415. BRISSON. Traité complet de physique, in-8°, 4 vol.
416. LIBES, Traité élémentaire de physique, in-8°, 3 vol.
417. HAÜY, Traité élémentaire de physique, in-8°, 2 vol.
418. EULER, Lettres sur la physique, in-8°, 3 vol.
419. LACASE, L'homme physique et moral, in-8°.
420. CABANIS, L'Homme physique et moral, in -8°, 2 vol.
420. SUE, Histoire du Galvanisme, in-8°
420 bis. SPALLANZANI, Ses œuvres, in-8°
421. BOYER, Dictionnaire anglais et français, in-4°, 2 vol.
422. Dictionnaire de l'Académie, in-4°, 2 vol.
423. Dictionnaire latin, in-4°.
424. Dictionnaire italein et français, in-4° .
425. LEGRAND, Vocabulaire français (incomplet), in-4°, 22 vol.
426. WAILLY, Grammaire française, in-8°.
427. BOYER, Grammaire anglaise, in-8°.
428. VENERONI, Grammaire italienne, in-8°.
429. RESTAUT, Grammaire française, in-8°.
430. SOBRINO, Grammaire espagnole, in-8°.
431. COOK (Capitaine) Voyages par le capitaine Cook et autres, in-4°, 8 vol.
432. BOUGAINVILLE, Voyages, in-8°, 2 vol.
433. DELECOQ, Géographie, in-8°, 2 vol.
434. Abbé RAYNAL, Histoire des deux Indes avec 1 atlas, in-8°, 8 vol.
435. VOLTAIRE, œuvres, incomplet, in-12°.
FONTENELLE, œuvres, in-12°.
GRISSET, œuvres, in-12°.
Dictionnaire historique in-12°.
MOLIERE, œuvres, (incomplet), in-12°.
Dictionnaire de la fable, in-12°.
435. MAHON, Histoire de la médecine clinique, in-8°, 4 vol.
436. TOUTELLE, Histoire et philosophie de la médecine, in-8°, 2 vol.
437. MAIBRIDE, Médecine théorique et pratique, in-8°, 2 vol.
438. ROBERT, La mégalanthropogénésie, in-8°, 2 vol.
439. PROST, La médecine éclairée par l'autopsie, in-8°, 2 vol.
440. DESAULT, Journaux de chirurgie, in-8°, 4 vol.
440bis. BRÉRA , Des maladies vermineuses, in-8°.
441. MARTINET, Maladies chroniques, in-8°.
442. BARKER, La médecine comparée des anciens et des modernes, in-8°,2 vol.
443. ALIBERT, Éléments de thérapeutique.in-8°.
444. RENAUDIN, Diagnostic médicale in-8°.
445. LE ROY, Pronostic dans les maladies aiguës, in-8°.
446. SERAIN, Institutions aux gardes-malades, in-8°.
446 bis. LARREY, Expédition de l'armée d'Orient en Égypte, in-8°.
447. PORTAL, Anatomie Médicale, in-8°, 4 vol.
448. BAILLIE, Anatomie pathologique, in-8°.
449. TOURTELLE, Éléments d'hygiène, in-8°,2 vol.
450. SAMOÏLOWITZ, Sur la peste de Moscou, in-8°.
451. SAMOÏLOWITZ, Opuscule sur la peste, in-8°.
453, SIGAUD-LAFOND, Électricité médicale, in-8°.
454. ADET, Leçons élémentaires de Chimie, in-8°.
455, STEIN, L'art d'accoucher, in-8°,2 vol.
456. DUVAL, L'art du dentiste, in-8°.
457. Formulaire pharmaceutique pour les hôpitaux maritimes, in-8°.
458, CALVET, Traitement des maladies vermineuses, in-8°.
459. HECKER, Thérapeutique chirurgicale générale, in-8°.
460. DE SÈZE, Recherches physiologiques sur la vie animale, in-8°.
465. MOTHERBY, Dictionary medicale, in-folio.
464. FAYE, Histoire des eaux de Bourbon-l'Archambault, in-8°.
472. VICQ-D'AZYR, Les œuvres avec atlas, in-8°, 6 vol.
473. BAISTE, Dictionnaire universel français-latin, in-4°.
474. SCARPA-L'EVEILLÉ, Mémoires de physiologie et chirurgie pratique, in-8°.
475. BRISSON, Dict. Raisonné ee physique et atlas de Planches, in-8°, 6 vol.
476. ELLIS, Histoire naturelle des Corallines, in-4°.
477. GAUBIUS, Formules de médecine, in-8°.
478. GARIOT, Maladies de la bouche, in-8°.
479. CALLISEN, Systema chirurgiae hodiernae, in-8°, 2 vol.
480. SELLE. Médecine clinique, in-8°, 2 vol.
481. HOSVARD, État des prisons et des hôpitaux, in-8°, 2 vol.
482. JACOTOT, Cours de Physique, chimie et minéralogie, in-8°, 3 vol.
483. JUVILLE , Traité des bandages herniaires, in-8°.
484. BLUMENBACH, Unité du genre humain. in-8°.
485, MERTENS, Traité de la peste de Moscou, in-8°.
486. TREYÉRAN LE Jeune, Extraction des calculs vésicaux. in-_°.
487. CAPURON, Nova medicinae elementa, in-8°.
488. BIOT, Éléments d'Astronomie Physique, in-8°, 2 vol.
489. BAILLY, Histoire de l'astronomie, in-8°, 2 vol.
490. JADELOT, l'Art d'employer les médicaments, in-12°.
491. BARTHEZ, Nouveaux éléments de la science de l'homme, in-8°,2 vol.
492. BARBIER, Traité de Pharmacologie, in-8°.
493. CAMUS, Histoire des animaux d'Aristote. in-4°, 2 vol.
494. BAUMES, Traité sur le vice scrophuleux, in-8°.
465. RICHERAND, Nosographie chirurgicale, in-8°, 3 vol .
496. SCHWILGUÉ, Matière médicale, in-12°.
497. CAPURON, Nouveau dict. De chirurgie, médecine, chimie etc. in-8°.
498 ARRACHART, Mémoires de chirurgie (donné par l'auteur), in 8°.
499. FISCHER, Physique mécanique, in-8°.
500 . Manuel des dames de charité et Formules de médicaments, donné par Mr Dumonteuil. in-12°.
501. LAMARCK de, Synopsis plantarum in florea gallica, in-8°.
502. DUMÉRIL, Traité élémentaire d'Histoire naturelles, in-8°, 2 vol.
503. LAMARK et De CANDOLLE, Flore française 3e édition 1805 remplaçant l'ancienne éd. En 3 vol. in-4°, 4 vol.
504. JUMELIN, Traité élémentaire de physique et de chimie, in-8°.
….. ALIBERT, Traité des maladies de la peau en 12 livraisons, in-folio, 7 vol.
505. DUMÉRIL, Zoologie analytique, in-8°.
506. FODÉRÉ, Physiologie positive, in-8°, 3 vol.
507. LE ROY Alphonse, Manuel de la saignée, in-12°.
507 bis . SENEBIER, Météorologie pratique, petit in-8°.
508. LASSUS, Pathologie chirurgicale, in-8°, 2vol.
… CHAUSSIER, Notice sur la rage, Not. Sur la découverte de la vermine ; Not. Sur l'envemination, p tetits tableaux cartonnés.
509. CHAPTAL, Chimie appliquée aux arts, donné par le gouvernement, in-8°, 4vol.
501. MAYGRIER, Manuel de l'anatomie, in-8°.
511. GILIBERT, Histoire des plantes, in-8°, 3 vol.
512. DESMONCEAUX, Maladie des yeux et des oreilles, in-8°, 2 vol.
513. KLAPROST, Mémoires de chimie, in-8.,2 vol.
514. MORELOT, Nouveau dictionnaire des drogues, in-8°, 2 vol.
….TROMMSDORFF, Table synoptique de pharmacie, i in-folio
515 ALARD, Maladies lymphatiques, in-8°.
516. GARDIEN, Traité des accouchements, in-8°, 4 vol.
517. GAILLARD, Des causes qui ont modifié la constitution médicale et, in-8°.
518. CABANIS, Les affections catarrhales, in-8°.
5219. PROST, 2e coup d'œil sur la folie, in-8°.
520. DUPONT, Mémoires de médecine, in-8°./
521. SENEBIER, Rapport de l'air avec les êtres organisés, in-8°, 3 vol.
522. QUARIN, Maladies chroniques, in-8..
523. ALARD, Catarrhe de l'oreuille, in-8°.
524. CAPURON, Tableau des maladies vénériennes, in-8°.
525. ROWLEY, La vaccine combattue. in-8°.
526. TENON, Mémoires de médecine, 1er volume. in-8°.
528. LORDAT, Sur les hémorragies, in-8°.
529. WENZEL, Manuel de l'oculiste, in-8°, 2 vol.
530. WEIDMANN, Traité sur la nécrose, in-_°.
531. LINES Sur l'électricité galvanisme le magnétisme. in-8°.
533. BARTHEZ, Consultation de médecine, in-8°.
534. MARIE ST-URZIN, Manuel populaire de santé, in-8°.
535. SAISSY, Recherches sur les animaux hybernand, in-8°.
536. RECUIEL, Observation relative au croup, in-8°.
537. SAVAREILLE, Sur la galle répercutée, in-8°.
538. CHAUSSIER, Descriptions du cerveau, in-8°.
539. PELLIER de QUENGSY, Chirurgie des yeux, in-8°, 2 vol.
540. MARI, Manuel d'autopsie médico-légale, in-8°.
544. RICHARD, Analyse du fruit, in-8°.
542. GALL-MAQUART, Physiologie du cerveau, in-8°.
544. GIAMINI, Nature des fièvres, in-8°, 2 vol.
545. HERNANDEZ, Sémiologie de la langue, in-8°.
546. RAYMON (de Maseille)Malad. Qu'il est dangereux de guérir, in-8°.
547. CHARDEL, Skirres de l'estomac, in-8°
548. CUVIER, Rapport sur le cerveau, in-4°.
549. TOMSON, Chimie, in-8°.
550. BROUSSAIS, Plegmasies chroniques, in-8°, 2 vol.
551. Influence de la nuit sur les maladies, in-8°.
552. AUDIBRAN CHAMBRY, L'art du dentiste, in-8°.
552 bis. TENON, Mémoires d'anatomie et de chirurgie, in-8°.
553. GOTTLIEB Luig, Adversaria medico pratica,
554. DUMONCEAU, Santé des Marins, in-12°.
556. HUMBOLT, Tableaux de la nature, in-8°, 2 vol.
557. VITET, Traité de la sangsue, in-8°.
558. GIRARD, Anatomie des animaux, in-8°, 2 vol.
559. CUVIER, Rapport fait à l'Empereur, in-8°.
559 bis.GERBOIN, Recherches d'un nouveau mode, in-8°.
560. ROUX, Mélanges de chirurgie et de physiologie, in-8°.
561. Le MARC, Zoologie phylosophique, in-8°, 2 vol.
562, LE MARC , Nouveaux éléments botaniques, in-8°.
563. TILLAYE, Bandages, in-8°.
564. LOMNIUS, Tableau des maladies. in-12°.
565. KLEIN, Médecine interprète nature, in-12°.
566. ROUX, Rougeole, in-8°.
567. LAVATER, L'art de connaître les hommes par la physionomie, in-4°, 10 vol.
568. PETIT-THOUARS, Végétation, in-8°.
569. LANDRE-BEAUVAIS, Sémeiotique, in-8°.
569 bis, MAYGRIER, Annuaire médical année 1809 et 1810, petit in-12.
570. RICHERAND, Erreurs populaires en médecine, in-8°.
571 ; BROC, Critique de Richerand, in-12°.
572. APPERT, L'art de conserver les comestible, in-8°.
360. SCHÉELE, Mémoires de chimie, in-12°.
381 bis, BOSE, Histoire naturelle des coquilles, in-12°.
178 bis, Rapport sur plusieurs questions (donnée par M. Thaumur), in-4°.
Inventaire établi en septembre 1810.
1814:
ALIBERT, thérapeutique, 1814
Acquisitions 1816 :
CAILLOT, fièvre jaune, 12 exemplaires, décembre 1814.
Journal universel des sciences médicales mars 1816
Dictionnaire des sciences médicales, Flore :août 1816
MOREAU DE JOANNES Hygiène des Antilles sept ? 1816.
HIPPOCRATE traduit par Mercy, 1816.
KERAUDREN, Hygiène navale
DESCOURTYLZ, Guide sanitaire.
Acquisitions 1817 :
Le GALLOIS, Considérations sur la moëlle de l'épine dorsale.
CHOURET, Réflexions sur le but de la nature dans la transformation du crâne.
AUMONT, Proposition physiologique et pathologique relative à l'influence du cœur sur le Poumon.
MOREAU DE JOANNES, Tableau du climat des Antilles.
ALIBERT, Nosologie naturelle.
1818.
FOURNIER Conservation des substances alimentaires.
1819.
CAILLIOT, Éléments de Pathologie générale.
1820.
LAENNEC, L'auscultation médicale et stéthoscopiques.
Dict ? Des sciences médicales, Journal complémentaire.
Annuaire médico-chirurgicale des hôpitaux de Paris.
DESÉZE, Traié sur la fièvre jaune.
DEMOURS, Description figurée de l'œil.
1821.
Formulaire pharmaceutique à l'usage des hôpitaux militaires.
HIPPOCRATE, Aphorismes traduits par De Mercy.
HESSELBACH, Dispositions.
HARD, Maladies de l'oreille, in-8°, 2 vol.
BÉGIN, Physiologie pathologique, in-8°
CUVIER, Règne animal, in-8°, 4 vol.
LALLEMAND, Recherches sur l'encéphale, in-8°, 3 vol.
BRISCHET Veines du rachis,
DEMOURS, Maladies des yeux, in-8° 3 vol. Atlas in-4°
LASSRANCE, Traité des hernies, in-8°.
GUILLIÉ, recherches sur la cataracte.
DELABARRE, Traité de la 2ème dentition.
DELABARRE, Partie mécanique de la chirurgie du dentiste.
BROUSSAIS, Examen des doctrines, in-8°, 2 vol.
CHOMEL, De l'existence des fièvres, in-8°.
STARCK, De colicum pictonium.
FODÉRÉ, Traité de médecine légale.
CHOMEL, Pathologie générale, in-8°.
Double Séméiologie générale.
ADELON, Dictionnaire de médecine, vol. 1 et 2.
ALIBERT, Maladies de la peau, 18ème livraison.
1822.
MAINGAULT, Amputations.
1823.
Archives générales de Médecine.
1824.
Annales maritimes.
1825.
ROQUES, Phytographie.
ADELON, Dict ? De médecine.
1826.
CLOQUET (Jules), Manuel d'anatomie descriptive.
LARREY, Mémoires de chirurgie militaire. 5 volumes.
ROUX, Cours sur les généralités de la médecine.
FÉE, Essai sur les cryptogames des écorces exotiques.
BEAUREGARD, Fièvre jaune.
Instructions sur les cas de réforme.
CIVIALE, Tableau analytique de la taille.
1827.
CIVIALE, Ouvrage sur la lithotritie.
1828.
Voyage de la Coquille.
Annuaire médico-chirurgicale
Abonnement à la Bibliothèque de thérapeutique et à la Clinique des Hôpitaux et de la ville.
BRESCHET, Recherche sur le système.
HENRY et GUIBOURG, Pharmacie théorique et pratique.
LAURENT, tableaux synoptiques.
CRUVEILHIER, Anatomie pathologique
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1830.
BORIE, Maladies nerveuses.
DESCOURTYLZ, Guide sanitaire.
ROUSSEAU, Anatomie du système dentaire.
1831.
MÉRAT et DELENS, Dictionnaire de matière médicale.
CUVIER, Histoire naturelle des Poissons, Tome 6ème.
CRUVEILHIER, Anatomie pathologique livraisons 9 et 10.
DEVERGIE, Clinique de la maladie syphilitique livr 19.14 ex.
LARREY. Mémoire sur le Choléra.
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BUISSEAU, Traité du Choléra.
GENDRIN, Nature des fièvres.
GENDRIN, Fièvre jaune.
AUDOUARD, Fièvre jaune.
THOMAS, Fièvre jaune.
COSTAVIERE, Fièvre jaune.
LOBSTEIN, Anatomie pathologique 13. 3 livres de planches.
ROUX, Armée de Morée.
ANDRAL, Clinique médicale.
ANDRAL, Pièces d'anatomie pathologique.
ASSEGON, Bains de mer.
BARTEMAN, Maladies de la peau.
BORDEN, Oeuvres complètes.
FRANCK , Médecine pratique.
RAPON, Méthode fumigatoire.
LATOUR, Des hémorragies.
BREMSER, Vers intestinaux.
LALLEMAND,
RIBES, Anatomie pathologique.
BRACHET, Emploi de l'opium.
FONSCADE-BRUNET, Maladies nerveuses.
LABEAUME, Du galvanisme.
BLANC, Physiologie.
LAUTH, Histoire de l'anatomie.
CLOQUET, Traité d'anatomie comparée, 11 livres in folio.
BOURDON, Physiologie comparée.
BRACHET, Système nerveux.
Dictionnaire de médecine et chirurgie, 7 volumes.
SERRES, Anatomie comparée. 2 volumes, atlas in folio.
SERRES, de la réunion immédiate.
RIGAL, De la destruction de la pierre.
ANGLADA, Histoire générale des eaux minérales.
CUVIER, Progrés des sciences naturelles.
DUMAS, Traité de Chimie.
Entomologie, 13 volumes in-12°, figures coloriées.
FARADAY, Manipulations chimiques.
GAY-LUSSAC, Cours de chimie.
HENRY, Eaux minérales.
LATERADE, Code des pharmaciens.
ORFILA, Toxicologie, 2 volumes _°.
FÉE, Histoire naturelle et pharmaceutique.
GRAY, Cours de chimie, 3 volumes atlas.
ORFILA, Médecine légale.
Documents sur l'épidémie de Gibraltar.
Rapport sur le Choléra 30 juin 1832.
BROUSSAIS, Le choléra. Morbus épidémique.
GÉRARDIN et GAIMON, Choléra morbus.
Instructions sur les premiers signes du choléra, 7 novembre 1832.
Instructions sur la fabrication du sulfate de quinine, 1832.
1833.
BÉLANGER, Voyage aux Indes orientales. Et 2ème livraison
DEVERGIE, Clinique de la maladie syphilitique.
CRUVEILHIER, Anatomie pathologique liv. 13, 14 et 14bis.
HIPPOCRATE, Maladie des os, trad. De MERCY.
BALÉ, Abrégé de géographie.
CRUVEILHIER, 15eme livraison, 16ème, ..
CUVIER, Poissons, Planches.
GÉRARDIN et GAIMON, Choléra, 2ème col.
MERAT ET DELENS, 5ème vol 1833.
BROUSSAIS, Cours de thérapeutique et pathologie générale.
1834.
ANGLADA, Traité des eaux minérales, tomes 1 et 2.
MERAT DELENS, 6ème vol.
1835.
CLOQUET, Manuel d'anatomie, in fol. pl. 311-322, texte 64 etc
BOYER, Maladies chirurgicales tome 8 à 11 et table.
DUMAS, Chimie tomes 4 à 8, atlas.
CIVIALE, Lithotritie, Lettres 2 ,3 ,4.
DOUBLE Sémeiologie, tome 3.
Répertoire de clinique 1833-1834 2 volumes.
Annales des sciences naturelles 1824, 1825, 1826, 9 volumes, atlas.
BOISSEAU, Nosographie, tome 4.
BERZELIUS, Chimie, tome 8.
Dictionnaire de médecine tome 18 à 21.
Annales d'hygiène, 1832 n°;13.
Gazette médicale, 1832 n° . 30 à 62.
BOYER, Anatomie tome 4.
Un exemplaire grand in folio de l'anatomie de CLOQUET.
Ordre de remettre à la bibliothèque du Port l'exemplaire in-4°.
1836.
Mémoires des savants étrangers tome 2 à 6, 1836.
SEGOND, Mémoire sur la dysenterie (40 exemplaires), nov. 1836.
La bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest. Histoire et inventaires.
.
Voir aussi :
La bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest. Histoire et inventaires.
Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest 1804-1836...
La Bibliothèque de l'Apothicairerie de l'Hôpital de la marine à Brest en 1756.
Inventaire de l'apothicairerie de l'hôpital de la marine à Brest en 1756.
Liste des instruments de chirurgie utilisés à l'hôpital de la marine à Brest en 1756.
.
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En 1740 est créée à Brest une École de chirurgie navale. Puis une École de médecine navale fut crée en 1783 à Brest. Ces deux écoles ne disposaient pas de bibliothèque. C'est en février 1798 que fut fondée L'École de Médecine Navale de Brest, réunissant dans la même formation médecins et chirurgiens. Le préfet maritime Caffarelli créa la bibliothèque nécessaire aux futurs officiers de santé, en 1801, sur une décision prise en 1798. Constituée alors d'un fond ancien venant de l'académie de marine, de biens nationaux, et d'ouvrages acquis par achats successifs à partir de 1803, elle comptait 1647 ouvrages en 1809, 10 000 volumes en 1865, 14 000 volumes en 1876, 18 000 volumes en 1909. Malgré la fermeture de l'École en 1890, la bibliothèque ne fut pas fermée, l'hôpital de Brest accueillant alors les élèves préparant leur entrée pour l'école de médecine navale de Bordeaux.
En 1837-1843, la Marine en dressa un catalogue, inclus dans son Catalogue général. En 1907, Charles de la Ronciére dressa pour le catalogue général de la Marine la liste des 39 volumes de manuscrits conservés dans la bibliothèque de l'École. Aujourd'hui, elle est dispersée en partie, perdue en partie, son fonds ancien étant sans-doute le mieux préservé . J'ai dû rassembler les morceaux du puzzle, (Service Historique de la marine à Brest, Hôpital Inter-Armées de Brest et ses 4000 volumes) et j'implore l'indulgence du lecteur à l'égard de la complexité du résultat, que n'améliore pas ma nature brouillonne et mon amateurisme foncier.
Je décrirai donc:
1. Le fonds ancien, les ouvrages.
2. Le fonds ancien, les manuscrits.
3. Les collections acquises de 1803 à (1848 ?)
Puis je donnerai en Annexe la copie de quelques documents et inventaires.
N'étant pas formé à la rigueur des archivistes-paléographes, j'ai été guidé dans cette recherche par la présence d'une sorte de personnage de bande dessinée, ou de Nicolas Le Floch, un héros des temps anciens en uniforme "gris d'épine" des officiers de santé, nommé Étienne Chardon de Courcelles, le directeur de l'École de chirurgie navale de 1742 à 1775. C'est lui dont la curiosité d'homme des Lumières m'a accompagné dans les allées des rayonnages de bibliothèques, lui qui regardait au dessus de mon épaule et m'évoquait le temps des épidémies redoutables, m'entretenait de son désir de former des chirurgiens compétents, de sa rage de ne pas savoir d'où venait le scorbut, de sa passion d'améliorer l'hygiène des navires et des ports, lui qui m'invitait à herboriser pour découvrir les plantes médicinales, lui qui m'expliquait les trucs d'une saignée efficace, qui me renvoyait réviser mon anatomie, qui rendait limpide les actes de chirurgie courante, mais qui savait aussi avec la bande de passionnés brestois de l'académie, embrasser le champ encyclopédique des sciences, des voyages et des Humanités.
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Image : ASNOM
I. Le fonds ancien XVI-XVIIIe siècle.
Lors de leurs créations, chaque bibliothèque des écoles de médecine navale de Rochefort, Brest ou Toulon eut à se préoccuper de trouver les livres qui la constituerait ; Brest eut la chance de recevoir un fonds ancien de près de 500 ouvrages, principalement et pour 452 livres à partir de la bibliothèque du Port, riche elle-même de l'ancienne bibliothèque de 6000 volumes de l'Académie royale de marine , mais aussi à partir des Biens nationaux saisis et réunis au Dépôt de District Brest.
Un fonds ancien provient donc des collections de la Bibliothèque du Port : il s'agit de 452 ouvrages qui ont été détachés de ces collections en 1801 pour créer la bibliothèque de l'École de médecine navale.
1. Livres provenant des institutions religieuses et des émigrés.
Je rappelle qu'une part des collections publiques de livres trouvent leurs origines, à Brest comme ailleurs dans les saisies révolutionnaires de 1789, avec la confiscation des biens ecclésiastiques (fonds provenant de l'abbaye de Saint-Mathieu, des Carmes et des Capucins de Recouvrance) et de émigrés. En 1795, Jacques Cambry fut nommé commissaire pour le Finistère pour "pour assurer à la République la possession de ces objets précieux et remédier autant que possible aux ravages des dégradations…". Sur les 123 000 volumes qu'il a recensés dans le département, 26 000 furent regroupés à Brest, dans la Bibliothèque du District. En l'an III, la Convention crée par un décret le dépôt de Brest dans la maison dite Bureau des Marchands, 16 rue de la Mairie (Levot,3,p. 365). Selon Levot, le 15 prairial an IX (4 juin 1801), Huraut fit transporter ces livres à l'École centrale de Quimper, à l'exception des ouvrages concernant l'art nautique, prélevés le 18 août 1801 par Vincent, le préposé à la Bibliothèque du Port, et à l'exception des ouvrages traitant de l'art de guérir, remis à la même date à un officier de santé délégué par le Conseil de Santé de la marine. (Histoire du Port sous le Consulat, p. 92, Gallica).
En réalité, rien ne permet actuellement de savoir quels furent ces ouvrages, et seule une étude des ex-libris de livres qui porteraient la marque de la bibliothèque de l'école de médecine permettrait d'en savoir plus.
2. Livres provenant de la bibliothèque de l'académie de marine.
C'est le corpus le mieux argumenté, puisque l'on connaît le nombre d'ouvrages (452) prélevés sur la Bibliothèque du port, et que des informations assez précises sont disponibles tant sur l'ancienne bibliothèque de l'académie de marine que sur les ouvrages actuellement conservés, au Service Historique de la Défense. Je vais présenter ces informations :
a) l'académie de marine ; le rôle joué par de Courcelles, directeur de l'École de chirurgie navale.
La première Académie de marine fut fondée à Brest en 1752. L'institution, devenue en 1769 l'Académie royale de marine, fut supprimée en 1793, mais sa bibliothèque fut récupérée par la Bibliothèque du Port. Les ouvrages acquis par la bibliothèque au temps de l'Académie peuvent être identifiés grâce au fer doré apposé sur les deux plats de leurs reliures, et qui est formé (comme les palmes académiques) d'un rameau d'olivier et d'un rameau de laurier.
"Dès sa fondation, en 1752, la jeune Académie de marine attache une grande importance à la constitution d’une bibliothèque. Le règlement prévoit déjà qu’une des salles constituant ses locaux sera consacrée au « dépôt des livres, registres et mémoires », et précise que la somme de 6000 livres attribuée par le Roi (abaissée à 3000 au bout de 5 ans, puis portée à 4000 à partir de 1769) sera notamment affectée à l’achat de livres. Ces derniers sont en effet indispensables aux travaux des académiciens brestois, comme le sont d’ailleurs les instruments scientifiques et les modèles réduits de bâtiments ou de machines, que l’Académie mettra tout autant d’opiniâtreté à réunir au cours des années. En un an, 187 ouvrages sont acquis, parmi lesquels les mathématiques et la physique se taillent la meilleure part. Cependant, l’Académie ne sera pas en mesure de poursuivre cet effort les années suivantes, et 35 ouvrages seulement seront acquis entre 1754 et 1761.
Tombée en léthargie après 1761, l’Académie est refondée en 1769. Elle multiplie alors les travaux dans tous les domaines, et son dynamisme se traduit notamment par l’enrichissement raisonné de ses collections. Les décisions d’achat sont prises par les académiciens réunis en séance et ils veillent à combler les lacunes. C’est ainsi que Courcelles, docteur en médecine, se charge en 1773 de dresser la liste des meilleurs livres de chimie, de minéralogie, de médecine et de physique nécessaires à la bibliothèque. En 1780, durant la guerre d’Indépendance américaine, on décide de compléter les collections en ce qui concerne les affaires de l’Angleterre et de l’Amérique. Dès la première année, l’Académie consacre 474 livres 14 sols à l’achat d’ouvrages de référence, tels que les Leçons de physique de l’abbé Nollet, l’Ordonnance de la marine de 1765, l’ Optique de Smith, ou le Traité de calcul intégral de Bougainville. En 1770, elle pense à traiter avec un libraire parisien pour la fourniture de livres, étrangers notamment, mais se rallie à la proposition du libraire brestois Malassis, qui devient son fournisseur habituel et auquel elle passera des commandes annuelles qui, dans les années 1780, tourneront couramment autour d’une somme de 3 000 livres. Pour compléter ses collections, l’Académie ne néglige aucune occasion : en 1773, elle acquiert 30 volumes lors de la vente après décès de la bibliothèque d’Amédée-François Frézier, directeur des fortifications de Bretagne et membre de l’Académie depuis 1752. En 1775, elle se porte encore acquéreur d’une partie de la bibliothèque de Charles-François-Philippe de Charnières, quand cet officier de marine, académicien depuis 1769, s’en défait au moment de quitter le service pour raison de santé. L’Académie profite également des largesses de ses membres, tels Duhamel du Monceau, Kerguelen, Bougainville ou Bellin, qui ont pris l’excellente habitude de lui faire don de leurs propres œuvres. Elle met à contribution ses lointains correspondants, demandant par exemple, en 1776, au commissaire à la marine en Corse Régnier du Tillet, de lui fournir nombre de documents sur la marine en Méditerranée, qu’elle le prie en outre de bien vouloir accompagner…d’une livre de truffes de l’île de Monte-Cristo !
A ce rythme, le nombre de livres s’accroît rapidement, et lorsque l’Académie publie le premier catalogue de ses collections en 1781, elle peut s’enorgueillir de 1018 ouvrages. Sept ans plus tard, le second catalogue en recense 870 de plus. L’analyse de la répartition thématique de ces 1888 ouvrages, comme celle des 1436 subsistants encore aujourd’hui, laisse voir la place prépondérante accordée aux sciences et techniques, un résultat qui ne saurait surprendre eu égard à la raison d’être de l’Académie. De même, il n’est guère étonnant, en ce siècle de découverte et dans une telle institution, de trouver 128 ouvrages concernant les voyages et la géographie. Mais on constate également que les intérêts des académiciens se sont progressivement diversifiés. En effet, les ouvrages relatifs à l’histoire représentent environ 18% des collections et les ouvrages de philosophie, 6,7%. L’Académie n’hésite pas, en 1782, à souscrire pour une édition en 70 volumes des œuvres complètes de Voltaire. Soucieux de constituer un fonds de référence, les académiciens sont à l’affût des raretés que constituent certains ouvrages anciens : la bibliothèque compte encore aujourd’hui deux éditions de Platon datant du XVIe siècle, le célèbre De Re metallica d’Agricola (1556), l’Histoire des poissons de Rondelet (1558), ou les œuvres complètes d’Archimède (1544).
Si le règlement de l’Académie prévoit, en 1752 comme en 1769, que les livres seront du ressort du secrétaire, la nécessité d’un bibliothécaire se fait assez rapidement sentir. Dès 1766, le jeune abbé Rochon, astronome de grand talent qui rejoindra les rangs des académiciens en 1769, occupe cette fonction. Mais sa participation à des expéditions scientifiques successives lui laisse peu de temps à y consacrer. En 1771, l’Académie refondée nomme donc pour garde-bibliothécaire un certain Vincent, avec des appointements de 800 livres par an. Satisfaite de ses services et voulant l’employer à plein temps, elle sollicite en 1774 le ministre de bien vouloir lui accorder un brevet. Cela n’est cependant possible qu’à condition que Rochon se démette de sa charge, renonçant par là-même aux 1200 livres de pension qu’elle lui rapporte. L’abbé s’y refuse, fait mine de se décider à exercer réellement ses fonctions même s’il lui faudrait pour cela venir s’installer à Brest, lui qui réside habituellement –lorsqu’il n’est pas en expédition- à Morlaix. L’un et l’autre parti, après moult démarches auprès du ministre, consentent à un arrangement : Rochon désigne Vincent comme son remplaçant, et lui délègue sur sa pension 400 livres pour compléter ses appointements.
A vrai dire, on sait peu de choses du travail quotidien de Vincent, si ce n’est qu’il est chargé d’accueillir le public à partir de 1771, date à laquelle l’Académie autorise la consultation sur place de ses ouvrages (sans formalités pour les officiers civils et militaires de la marine, sur autorisation du directeur pour les autres) trois fois par semaine, puis tous les jours, de deux heures à quatre heures au printemps et en été, et jusqu’à cinq heures en automne et en hiver.
L’Académie de marine est supprimée en 1793 et le sort de sa bibliothèque reste incertain jusqu’au 15 février 1794, date d’un décret portant que les bibliothèques relatives à la marine resteront dans les ports où elles avaient été rassemblées, sous la garde des agents préposés à leur conservation. Devenant le premier conservateur de la bibliothèque du port de Brest, Vincent continue donc à officier jusqu’à son départ en retraite en 1812. La bibliothèque de l’Académie de marine constitue aujourd’hui le noyau et le plus beau fleuron des collections du service historique de la défense à Brest." (Catherine Junges, conservatrice Conservateur du patrimoine, Service historique de la défense, département Marine).
Les ouvrages :
"Que reste-t-il, aujourd’hui, de l’activité déployée par l’Académie de marine à Brest de 1752 à 1793 ? Une centaine de registres manuscrits (registres de séances, correspondance, mémoire des académiciens), actuellement en dépôt au service historique de la marine à Vincennes ; quelques instruments scientifiques et modèles de machines, au musée de la marine à Paris ; et l’essentiel de sa bibliothèque, à savoir 1 436 ouvrages représentant 3 683 volumes, que les hasards de l’histoire n’ont pas réussi à arracher à Brest et sur lesquels veille le service historique de la défense de cette ville." (C. Junges)
Un inventaire de ce fonds, numéroté de 1 à 1651, est disponible ici :http://www.academiedemarine.com/PJ3_ListeAcademiedemarine.pdf.
Dans ce fonds, un certain nombre d'ouvrages concernent la botanique (360 : Chomel, Abrégé d'histoire des plantes), ou l'électricité, ou l'Histoire naturelle (Tournefort, Bonnet, Buffon, Lacépède, Réaumur, Duhamel du Monceau) ou les Voyages (Cook, Sonnerat, Freziers, La Condamine, Adanson, Tournefort), mais surtout, du numéro 1425 au numéro 1640, le vaste champ de la médecine. Ces 215 ouvrages médicaux ont-ils fait partie de la bibliothèque de l'École de médecine ? Sans-doute, mais il faudrait vérifier qu'ils portent chacun le tampon ex-libris de celle-ci. J'ai procédé à cette vérification pour un exemplaire, n° 1472, que je présente § e).
b). Deuxième étape, la constitution de la Bibliothèque du Port.
Celle-ci hérite, comme nous l'avons vu, en 1794 de la bibliothèque de l'académie de marine avec tout ou partie de ses 6000 volumes et ses manuscrits.
En 1798-99 a été publié le Catalogue des livres de la Bibliothèque de la marine de l'imprimerie de R. Malassis à Brest, an VII. Il ne comporte que 2448 ouvrages. L'exemplaire que conserve le Service Historique de la Marine à Brest sous la cote R 7977 porte le cachet de la Bibliothèque du Port. Il est précieux car il indique par note manuscrite à l'encre les ouvrages qui sont " S. à l'hôpital", les ouvrages dont nous allons parler. Les livres sont classés par rubrique (Théologie, Droit, Philosophie, Physique, Histoire naturelle, Médecine, Mathématiques, Arts, Belles-lettres). Ce sont (presque) tous ceux de la rubrique Médecine qui partent "à l'hôpital" (en fait, à l'école de médecine), soit 252 titres, auxquels viennent s'ajouter 3 titres de botanique. En tout, plus de 470 volumes, et 21 volumes du Journal de Médecine, Chirurgie et Pharmacie.
J'ai signalé que tous les ouvrages de médecine n'étaient pas sélectionnés pour assurer la formation des élèves médecins. Les ouvrages choisis sont marqués par la marque à l'encre hô, puis confirmés par un point au crayon (peut-être de la main de Caffarelli, si on se base sur une lettre qu'il adressa à Jurien). Certains titres échappent au double marquage. Ces cinq ou six exceptions incitent à s'interroger. On comprend bien qu'on ait jugé inutile de transférer le Parfait Boulanger, par Parmentier, ou De la santé des gens de Lettres, par Tissot 1767. Mais pourquoi les Formules pharmaceutiques par M. de Courcelles, Brest 1769 sont-elles écartées, alors qu'elles sont dues à l'ancien directeur de l'École de chirurgie ? Le jour où les marins faillirent devenir végétariens : Le Mémoire sur le régime des gens de mer de Chardon de Courcelles.
Plus anecdotiquement, L'Onanisme, Dissertation sur les maladies produites par la masturbation, par Tissot, 1764 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k932293z doit rester dans la Bibliothèque du Port. Plus utile aux marins qu'aux carabins ? Il est difficile de savoir si Caffarelli, ou son conseiller, sont hostiles aux thèses du médecin suisse.
De même, les 3 volumes de De l'homme et de la femme considérés physiquement dans l'état du mariage, de Lignac, Lille, 1774 est condamné à rester au Port. La réalité de la croyance en l'intégrité de l'hymen comme critère de virginité y est critiqué, des erreurs médiévales datant de Paracelse sont dénoncées, le mystère de la reproduction y est évoqué —on ignore encore presque tout du rôle des animalcules, des animaux spermatiques que Lewenhoeck a décrit, et de celui des ovaires — mais on ne sait si ces idées sont jugées trop d'avant-garde, ou si le thème n'en n'est pas admis.
Pour rester dans la même veine, pourquoi écarter le grand livre de Harvey, Exercitationes de Generatione Animalium («expériences sur la génération animale»), publié en 1651 et dont le frontispice montre Jupiter ouvrant une boîte ronde qui porte les mots « Ex ovo omnia » ? Trop démodé, en proclamant l'oviparité comme dogme ? Trop en avance, en plaçant l'expérimentation en critère suprême ? Ou bien seulement, le livre est jugé bien trop précieux, par un jugement de bibliophile, pour le laisser échapper ? (De même, un Ambroise Paré de 1545, la Méthode de traiter les plaies, ne fait pas partie du lot).
Enfin, on n'enverra pas non plus aux jeunes élèves La Nymphomanie, ou Traité de la fureur utérine, de D.T. de Bienville, Amsterdam 1771, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76730q.
Une autre surprise est que les ouvrages d'Histoire naturelle ne quittent pas le Port. L'idée ne semble pas acquise que les médecins de la marine, qui embarqueront pour les grands voyages d'exploration ou de colonisation, sont, de fait, des naturalistes de premier choix, et qu'ils ont besoin d'une formation en botanique (et pas seulement en plantes médicinales), en zoologie et géologie. Cette idée germera un peu plus tard, après les déboires de l'expédition du Capitaine Baudin et ses savants indisciplinés (1800-1803).
Liste des ouvrages : cliquer pour agrandir :
Je me contente de transcrire la liste des ouvrages de pharmacie :
c) Troisième étape, la création de la bibliothèque de l'École de Médecine navale de Brest.
A la fin de l'année 1801, Jurien, Inspecteur de la marine à Brest, se conformant à l'ordre du préfet maritime Caffarelli, se fait remettre par la bibliothèque du Port tous les ouvrages concernant l'art de guérir, selon une liste cochée par Caffarelli, et pour compléter "les livres provenant du Dépôt de la ville". Ces ouvrages ont été sélectionnés sur leur thème, en rapport avec "l'art de guérir", soit qu'ils traitaient de médecine, de chirurgie ou de pharmacie, soit qu'ils traitaient de botanique, intimement liée à la pharmacopée. Comme on le verra, des manuscrits en relation avec l'hôpital et la médecine furent aussi confiés à la nouvelle bibliothèque. L'ensemble est remis par Jurien au Conseil de santé.
"Le 25 vendémiaire an 10, le conseil de salubrité navale de ce port adressa au préfet maritime une demande pour que plusieurs ouvrages qu'il désigna et relatifs à l'art de guérir fussent extraits de la bibliothèque de la marine réunis à d'autres livres devant former à l'hôpital principal un dépôt particulier et exclusivement à l'usage de l'école. Le préfet ayant adhéré à cette demande, il fut dressé un inventaire des livres nécessaires qui furent transportés au local destiné à l'hôpital pour les recevoir et le conseil de santé en délivra un reçu qui est déposé à mon bureau ». (Inspecteur de la marine Jurien, Ms 14).
On peut penser que c'est le Catalogue de la bibliothèque, de l'an VII, qui a servi de base à l'établissement de cet inventaire, et que les marques qu'il comportent en témoignent encore.
d. Quatrième étape, le fonds est récupéré par le Service Historique de la Marine.
J'ignore quand, comment, et dans quelle proportion, les livres du fonds ancien de la bibliothèque de l'École de médecine navale ont été récupérés par le Service Historique de la Marine. J'ignore encore aussi la part qui a pu rester au sein de l'Hôpital inter-Armées de Brest, qui détient 4000 ouvrages dont l'inventaire n'a pas été, à ma connaissance, mené. Des investigations restent donc à mener.
e) . Tribulation d'un livre à travers les bibliothèques. Un exemple, le Mémoire sur le régime des gens de mer.
Nous venons de voir que les ouvrages ont successivement appartenu à la bibliothèque de l'académie de marine, puis à la bibliothèque du Port, puis à celle de l'École de médecine navale, avant d'être conservés par le S.H.M de Brest, chacune y apposant sa marque spécifique : les fers dorés de la reliure pour l'académie, un cachet rond pour la bibliothèque du Port, un tampon d'encre pour celle de l'École, une cote au crayon pour le S.H.M. Prenons en exemple le Mémoire sur le régime des gens de mer, écrit par Étienne Chardon de Courcelles. On trouvera plus tard le cachet ovale de l'École de Santé navale.
a). En 1772, des débats ont lieu à l'académie de marine sur le régime des gens de mer, et les rapports sont conservés par l'académie dans ses archives. Un régime "végétal" privilégiant le riz, proposé par Antoine Poissonnier-Desperrières, est critiqué par divers membres, dont Courcelles qui participe comme rapporteur d'un mémoire d'Auffret.
b) Le Mémoire sur le régime des gens de mer de Chardon de Courcelles est édité à titre posthume en 1781, à Nantes chez Brun l'aîné : il intègre la bibliothèque de l'académie de marine, qui le fait relier avec le fer doré de l'académie sur le plat.
c) Puis, l'ouvrage passe, après 1794, à la Bibliothèque du Port, qui y a apposé son tampon circulaire PORT DE BREST, Bibliothèque de la Marine.
d) Faisant partie de la dotation des ouvrages médicaux vers la bibliothèque de l'hôpital, il a ensuite reçu le tampon ÉCOLE DE MÉDECINE NAVALE DE BREST.
e) Il apparaît bien dans l'inventaire de 1838 de la bibliothèque de l'hôpital, dans le catalogue général des livres du département de la marine, tome V, page 85 sous le numéro 3401 de ce catalogue.
f) Il a intégré actuellement la collection des ouvrages du Service Historique de la Marine à Brest, où il a reçu la cote BR. R 7142. Il est décrit ainsi :1472. COURCELLES (Etienne Chardon de) Mémoire sur le régime végétal des gens de mer. Ouvrage posthume de feu M. de Courcelles... publié par M. le chevalier de La Coudraye... A Nantes : Brun l’aîné, 1781 [2], 287, [3] p. ; (17 cm) Quérard : II, 134 R 7142.
II. Les manuscrits de la bibliothèque de l'École de médecine navale.
Outre les ouvrages, la bibliothèque de la jeune École de médecine reçue aussi pour son baptême les manuscrits que la Bibliothèque du Port détenait. Puis la bibliothèque reçoit d'autres manuscrits. En fait, on ne trouve dans ce corpus que trois documents dont la date est antérieure à celle de la création de l'École, dont un seul, celui de Chardon de Courcelles, a été lu devant l'académie de marine (Ms 15). A noter le dossier Ms 14, qui comporte toutes les pièces d'archive concernant la bibliothèque, et qui va être étudié dans le chapitre suivant.
En 1907, Charles de la Roncières, chargé de rédiger le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques de la marine, en dresse la liste et les présente ainsi : « Au-dessus des bureaux du Conseil de santé (à l'Hôpital de la marine), est placée la bibliothèque de l'École de médecine navale. Formée, en l'an XI, par M. le préfet maritime Caffarelli, au moyen d'environ 800 volumes d'ouvrages spéciaux qui existaient dans la bibliothèque du port, elle s'est rapidement accrue depuis plusieurs années ( P, LEVOT, Histoire de la ville et du port de Brest (Paris, 1865, in-8°), t. II, p. 318 ) » et se compose de 18,000 volumes environ, dont une quarantaine de manuscrits.
Plus de la moitié de ceux-ci sont des rapports remis par les officiers de santé au retour de leurs campagnes, entre autres, par le chirurgien de l'escadre de l'amiral Linois, durant la longue croisière de l'an XI à l'an XIV. Pièces d'archives plutôt que manuscrits, j'ai compris néanmoins ces rapports dans mon catalogue, en raison de leur présence à la bibliothèque de l'École de santé." On trouve cette liste en ligne ici : http://archive.org/stream/cataloguegnr00fran#page/412/mode/2up
Ces volumes de manuscrits ont été conservés au Service historique de la défense à Vincennes, puis ont été versés au Service Historique de Brest avec la partie de la bibliothèque provenant de la collection de l'Académie de marine en 1958. Un inventaire complémentaire de celui de La Roncière a en a été dressé par Melle Beauchesne ; celle-ci a constaté l'absence de pièces par rapport au premier inventaire, mais la numérotation initiale a été respectée.
Le médecin-chef Bernard Brisou a publié un inventaire détaillé des rapports de campagne : Catalogue raisonné des rapports médicaux annuels ou de fin de campagne des médecins et chirurgiens de la marine d'Etat 1790-1914 Paris,s.d [2004?] 1 vol. (533 p.) : ill. en noir et coul., cartes, portr., couv. ill. en coul. ; 31 cm.
Un nouvel inventaire de novembre 2004 est donc disponible au Service Historique de Brest, "par Charles de la Roncière complété par Marie-Andrée Guyot, conservatrice en chef du patrimoine".
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Bibliothèques de la Marine. Port de Brest. Inventaire par Charles de la Roncière.
1-151, Ecole de santé de la Marine (1-39)
MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DE SANTÉ DE LA MARINE A BREST
3. « Extrait des journaux de médecine des vaisseaux de la division du général Linois, pendant les années 11, 12, 13 et 14 de la République, » adressé « à Messieurs les membres du conseil de santé » par N. BIENVENU, second chirurgien sur la frégate l'Atalante.
4. « Mémoire sur une ligature de l'artère carotide primitive gauche, pratiquée par M. GONNET, chirurgien entretenu de 2me classe, chirurgien major de la corvette l'Espérance, » adressé « à Messieurs les membres du conseil de santé de la marine au port de Brest ». [Tour de monde de Bougainville sur la Thétis et l''Espérance, 1837]
5. « Chapitre des anévrismes, par Monsieur ABERNÉTHY (imprimé à Londres, en avril 1813), article traduit d'Abernéthy par Monsieur BOURSIN, chirurgien entretenu de 2me classe »
6. Discours prononcés par le président du conseil de santé naval et premier chirurgien en chef de la marine, Dr DELAPORTE, le 2 avril 1821, à l'ouverture d'un concours pour une place de professeur à l'école de santé de la marine, le 3 décembre 1822 pour l' « ouverture de l'année scholaire », et lors du concours de 1828.
7. « Considérations sur la fixation des traitemens des salariés de l'État en général et des officiers de santé de la marine en particulier, » par le docteur DELAPORTE (Brest, le 6 décembre 1831), à l'occasion du projet de budget de 1832
8. Recueil de règlements, manuscrits et imprimés, sur l'organisation du service de santé de la marine.
9. Recueil de projets d'organisation du corps des officiers de santé de la marine.
10. Recueil de règlements, décrets, arrêtés relatifs au service de santé et aux hôpitaux de la marine.
11. Recueil de rôles des chirurgiens de la marine et des médicaments existant à l'hôpital de Brest, et autres pièces relatives au service des religieuses de la Sagesse à l'hôpital.
12. « Considérations médicales » faites par le docteur FÉRIS, lors de sa campagne dans l'Atlantique sud à bord de l'Hamelin » ["Pathologie de l' Hamelin: 1° sur la côte occidentale d'Afrique", 19 mai 1876- 9 juin 1877].
13. Recueil de rapports médicaux sur des faits de tératologie, etc. divers d'épidémie, hygiène.
14. Recueil de documents sur la bibliothèque du service de santé de la marine et le jardin botanique de Brest. [cf infra]
15. « Mémoire sur les maladies qui ont régné dans l'escadre du Roi, commandée par feu M. le duc d'Enville, lieutenant général des armées navales [1746], composé par M. [CHARDON] DE COURCELLES, premier médecin de la marine au port de Brest, et lu à l'Académie royale de marine » [le 7 avril 1753].
16. « Rapport sur l'empoisonnement de l'équipage du Catinat au Hâvre-Ballade (Nouvelle-Calédonie) au mois de décembre 1854, » par MEUNIER, chirurgien de 3me classe du port de Rochefort. (Brest, 29 avril 1855).
17. Rapport du docteur Ch. NIELLY, chirurgien, chargé du service des fiévreux du bagne, sur l'empoisonnement par les moules. (Brest, 23 septembre 1857).
18. « Recueil de différents morceaux de phisique, morale, etc., tirés tant des ouvrages périodiques que des meilleurs autheurs, » par « Elie DE LA POTERIE. (A Paris, le premier janvier 1756) ».
19-39. Campagnes de mer. Rapports des Officiers de santé.
III. Le fonds constitué par les acquisitions depuis 1803 jusqu'à 1850.
Création de la Bibliothèque.
La création de la bibliothèque est consécutive à deux décisions :
Ces décrets tardant à être réalisés, c'est à l'initiative du préfet maritime Joseph, Comte de Caffarelli, que la bibliothèque doit son existence : le 25 Vendémiaire an X (17 octobre 1801) : le Conseil de Santé propose une liste de livre de la bibliothèque du Port, liste approuvée par le Préfet qui charge Jurien, Inspecteur de la marine, de les remettre au Conseil de santé.
Le conseil de santé saura témoigner ultérieurement sa reconnaissance au préfet Joseph Caffarelli : "Sensibles à un tel bienfait, et reconnaissants d'un pareil service, les officiers de santé du port de Brest lui ont témoigné leur gratitude en plaçant son buste, très bien exécuté par monsieur Collet, sculpteur en chef du port, au milieu même de la salle de lecture ».(Jean-Louis Dauvin, Essais topographiques, statistiques et historiques sur la ville, le château, 1816).
La composition de la bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest, en dehors de son fonds initial, peut être connu par divers inventaires réguliers des acquisitions annuelles, contenus dans le dossier de manuscrits Ms 14 du Service Historique de la Marine à Brest, dossier qui renferme aussi de nombreux documents sur la création, les aléas et les règlements de la bibliothèque. Un inventaire complet est réalisé en 1838-1843. Les archives nationale de la marine conservent peut-être les inventaires ultérieurs.
J'ai dit en introduction que la bibliothèque comptait 1647 ouvrages en 1809, 10 000 volumes en 1865, 14 000 volumes en 1876, 18 000 volumes en 1909. Ces derniers chiffres m'ôtent jusqu'à l'idée d'en reconstituer les inventaires, mais j'ai publié les listes des acquisitions de 1809 à 1837 ici : Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest.
Je vais maintenant ouvrir le dossier de manuscrit Ms 14 pour y découvrir les documents sur la création et le développement de la bibliothèque. C'est au travail de Charles de la Roncières en 1907 que je dois le classement des pièces et leurs titres (en gras).
1. Le dossier Ms 14 du Service Historique de la Marine à Brest.
Recueil de documents sur la bibliothèque du service de santé de la marine et le jardin botanique de Brest (1792-1849). XVIIIe et XIXe siècle. Papier. 24 pièces. 380 sur 245 mm. Demi-reliure. (ancienne cote 3310s)
— Pièce 1. « Rapport sur l'établissement d'une bibliothèque médicale dans les trois grands ports de Brest, Toulon et Rochefort » (Brest, 28 février 1811).
Organisation de celle de Brest.
L'organisation de la Bibliothèque médicale de ce port avait été ordonnée par un arrêté du directoire exécutif du 19 Pluviôse an 6 de la République, dont voici les dispositions.
Article 1er.
Il sera formé, dans l'hôpital principal de chaque port ou dans l'une de ses dépendances, une Bibliothèque pour l'instruction des officiers de santé.
Art. 2.
Cette Bibliothèque pour le port de Brest sera formés de tous les ouvrages relatifs à l'art de guérir qui se trouvent dans celle du port. Il sera accordé une somme fixée et déterminée par le Ministre, pour l'école de santé qui n'aura point de bibliothèque.
Art.3.
La bibliothèque sera sous la direction du conseil de santé de salubrité navale, il sera affecté une somme de mille livres par an pour l'entretien de la bibliothèque et l'achat des ouvrages dont elle doit être pourvue.
L'emploi de cette somme sera dirigée par le conseil de salubrité. Le commissaire médecin d'après les ordres du ministre, fera passer au conseil de salubrité navale les journaux relatifs à l'art de guérir.
Art.4
Aucun ouvrage ne pourra sous aucun prétexte sortir de la Bibliothèque, les professeurs seuls pourront y prendre ceux dont ils auront besoin ; tous les ouvrages de la bibliothèque sont sous la responsabilité du conservateur.
Art. 5.
La Bibliothèque sera ouverte tous les jours, excepté le décadi,
du premier Brumaire au premier Ventôse :
Le matin de 9 heures à midi.
Le soir de 2 heures à quatre.
Durant les huit mois restants :
Le matin de 8 heures à midi.
Le soir de 4 heures à cinq.
Art.6.
Le chauffage et les fournitures de bureau seront fournies sur les demandes du conservateur , visées par le Conseil.
Signé Barras.
Arrêté des Conseils de la République du 29 Pluviôse an 9.
Lettre ministérielle à ce sujet.
Cet arrêté du directoire exécutif a été maintenu par le gouvernement consulaire qui fixe également les dispositions.
Copie de la lettre du ministre de la marine et des Colonies en date du 9 Ventôse an 9 au Comte Caffarelly, préfet maritime à Brest.
Citoyen Préfet.
Je vous fais connaître un arrêté des Consuls du 29 V. an 9 dont les dispositions ont pour but de favoriser l'h.. et d'entretenir le zèle des officiers de santé de la marine. Extrait des registres des délibérations des Consuls du 29 Pluviôse an 9.
Les consuls de la république considérant qu'il importe de régulariser toutes les parties du service de santé, le ministre entendu, arrêtent ce qui suit.
Art.1er.
L'enseignement de la médecine navale dans les écoles de santé des grands ports sera conforme à ce qui est prescrit par le règlement du 19 pluviôse an 6.
Le Premier Consul, signé Bonaparte.
Monsieur le général Caffarelly fonde la Bibliothèque médicale.
Malgré l'arrêté du directoire exécutif et celui postérieur des Consuls ; l'organisation d'une bibliothèque à l'hôpital principal restait sans effet, et était peut-être encore éloigné de son exécution, lorsque Monsieur le Général Caffarelly, préfet maritime à Brest, pénétré de l'importance de cet établissement et embrassant de grandes Nuées d'utilité publique jugea à propos d'après le vœu du gouvernement de s'occuper spécialement de la formation de la bibliothèque médicale en y faisant transporter les ouvrages de celle du port, qui concernaient la médecine.
Voici la copie de la lettre qu'il adressa pour cet effet à Monsieur Jurien inspecteur de la marine :
[An Onze, mention manuscrite]
Le Conseiller d'État préfet maritime au citoyen Jurien inspecteur de la marine.D'après un arrangement , Citoyen inspecteur, convenu entre le préfet du Finistère et moi de concert avec les autorités de la ville, j'ai jugé convenable de former dans l'hôpital principal une collection d'ouvrages relatifs à l'art de guérir, afin que les élèves de ce service puissent trouver réunis les moyens d'instruction théorique et pratique dont l'humanité retirera le plus grand avantage. Cette collection est composée des livres provenant du dépôt de la ville et j'ai jugé à propos d'y joindre pour la compléter une partie de ceux compris dans la note que je vous transmets, et qui existent à la bibliothèque du port. Ceux qui en sont exceptés sont marqués d'un trait de crayon.
Mon intention n'étant point de considérer cet établissement comme une bibliothèque particulière, mais bien comme une émanation directe et purement locale de celle du port, les mêmes règlements, la même surveillance et le même ordre y seront observés.
L'inventaire des ouvrages qui seront déposés dans cette succursale fera partie de l'inventaire général de la bibliothèque avec une note indicative de la destination des livres.
Le Conseil de salubrité sera chargé du maintien de la police ordinaire du local, qui est en effet confié à ses soins. Votre inspection s'y exercera de la même manière que sur la bibliothèque , dont ainsi que je vous l'ai dit plus haut, ces assemblages de traités relatifs à l'art de guérir est une collection. Signé Caffarelli.
2. Situation actuelle de la bibliothèque médicale, renfermant à peu près 1700 volumes :
Ainsi, d'après les ordres du gouvernement et sous les auspices du Conseiller d'État préfet maritime de ce port, la bibliothèque a été fondée, et enrichie successivement d'une ...prétiente [?] d'environ 1700 volumes renfermant tout ce que l'art a de plus intéressant dans les différentes branches.
Avantages qui résultent d'une bibliothèque par rapport au Conseil de Santé.
Le Conseil de santé, chargé de la direction du service, de l'examen scrupuleux des hommes qui doivent pour infirmité pour les cas prévus par les règlements, être congédiés, rétra..à des séances réglées. Les membres qui le composent sont souvent dans la nécessité eux-mêmes de se recueillir, devant rechercher dans les archives de l'art, ce qui a rapport aux différents cas, pour répondre à la juste confiance du gouvernement.
Ils pourraient être quelque fois embarrassés dans leurs décisions, s'ils étaient privés de la ressource d'une bibliothèque médicale.
Avantage d'une Bibliothèque par rapport aux salles de clinique médicale et chirurgicale.
Un avantage incontestable de cet établissement se présente dans les salles de clinique interne et chirurgicale. Ici, l'observation doit être prise au lit du malade à chaque visite.
Le médecin explorateur de la marche de la maladie, de l'apparition des symptômes, a-t-il quelque doute sur le diagnostic et sur les conséquences de l'affection, il rallie autour de lui les préceptes et les observations des auteurs distingués, qui ont mieux traité le cas de pathologie qui vient de s'offrir au jugement en les consultant, il détermine le genre, ..es la complication d'une maladie, et les nombreux élèves présents à la visite en retirent les plus grands fruits.
Avantage pour les professeurs de l'École de Santé.
Les divers professeurs chargés des branches séparées d'enseignement médicale sont susceptibles, chacun dans le mode d'enseignement qui le concerne, de recourir à la bibliothèque, pour puiser les découvertes des meilleurs auteurs, les matériaux qui devront servir à leurs utiles démonstrations.
Ils peuvent en vertu des règlements, prendre les ouvrages qui ont rapport à leurs cours, les garde temporairement et les méditer à loisir.
Ils n'auraient plus cet avantage, si cet hôpital ne possédait pas une bibliothèque, à laquelle ils peuvent se rallier à volonté, et à toute heure.
Avantage pour les chirurgiens de garde.
Les officiers de santé des différents grades sont libres d'étudier à la Bibliothèque de l'hôpital pendant une grande partie de la journée.
Ils peuvent immédiatement après la visite des salles de malades comprendre les maîtres de l'art, pour mettre en rapport la théorie avec leur pratique, et le passage instantané de l'une à l'autre est inappréciable.
Les élèves sont tenus aux notes hebdomadaires, aux examens de clinique, et à rendre compte de leurs études.
L'officier de santé de garde est fréquemment dans la nécessité de prendre connaissance des auteurs qui éclairent son jugement dans quelques cas imprévus, parmi les entrants à l'hôpital ; c'est encore à la bibliothèque qu'il a recours pour se mettre à portée de satisfaire aux notes qu'on exige de lui dans la visite du matin.
Avantage pour les pharmaciens.
La science de la pharmacie agrandie par la réunion des connaissances physiques et chimiques est une branche importante de la médecine.
Dans les laboratoires où se préparent, se combinent, et se conservent les médicaments que le besoin d'être utile à l'homme malade a enfanté, quel est le praticien quelque versé qu'il soit dans sa partie qui ne soit pas de temps à autre, obligé de consulter les auteurs, sur le mode de composition d'administration, sur les qualités et l'emploi de tel ou tel remède, de l'efficacité duquel peut dépendre la vie du malade.
En ce qui concerne la médecine légale.
Dans les rapports de médecine légale, (s'il s'agit d'un empoisonnement), quelle main téméraire ira sonder l'intérieur des viscères pour y trouver et soumettre ensuite à l'analyse chimique le venin destructeur, si préalablement le pharmacien chargé de ce rapport n'a pas présent sous les yeux les auteurs qui traitent cette matière. Et où trouverait-il des ressources si sa mémoire ne le sert pas en cette occasion dans le rapprochement d'une bibliothèque ?
Avantages reconnus pour ce qui concerne les concours.
Les concours rétablis dans la marine depuis plusieurs années prouvent les progrès des lumières et de l'émulation des officiers de santé de ce port. Si les candidats en général ont donné des marques d'une grande capacité et de beaucoup d'érudition, ils le doivent beaucoup à cette institution qui
sous tant de rapports doit être encouragée et respectée.
Autres avantages par rapport aux élèves.
Quels avantages ne résultent-t-ils pas encore d'occuper les jeunes gens au centre d'un hôpital pour les y rencontrer au .. quand la nature des services qu'ils doivent rendre nécessite l'u .. de plusieurs ?
Du coté des mœurs.
Et sous le rapport des mœurs ; en éloignant les jeunes gens dans l'âge des passions, livrés à l'inexpérience des lieux où ils pourraient se corrompre, entraînés par le torrent de l'exemple et hors de la surveillance attentive des chefs.
Il faut ajouter encore l'impossibilité d'avoir beaucoup de livres, avec les appointements fixés pour les classes inférieures si on met en comparaison de la solde la cherté des prix de la location et de l'entretien.
Inconvénient de la réunion des deux bibliothèques en une seule.
Nous venons d'exposer les nombreux avantages d'une bibliothèque au centre de l'hôpital en la considérant comme une émanation de celle du port de la quelle elle cesserait de ressortir et continuerait d'être soumise aux mêmes règlements.
Il nous reste à balancer ces grands intérêts relatifs avec les inconvénients réels qui résulteraient de la réunion de cette bibliothèque à celle du port. Dans celle-ci privés du rapprochement immédiat de leurs fonctions, avec l'étude, soumis aux heures réglés, à leur police, et à la fermeture du port entre des ateliers nécessairement bruyants, sous le bruit des marteaux les élèves tireraient un bien faible parti de leurs instruction, ils ne pourraient être surveillés dans le local commun à toute la marine et l'émulation s'affaiblira se détruira même par la suite, et qu'en résulterait-il, l'ignorance, des maux pour l'humanité.
Le corps qui peut se flatter d'avoir rendu et de rendre tous les jours des services à l'État verra avec douleur s'anéantir dans ceux qui doivent le reproduire le goût pour la..le zèle au travail qui distinguent le médecin.
Les deux grands hôpitaux maritimes de Toulon et de Rochefort possèdent une bibliothèque.
Les encouragements qu'elles ont reçu de la part des autorités supérieures font honneur aux hommes en place qui les ont protégés, et ne cessent de contribuer à leur entretien.
Le Conseil de santé de ce port avait jugé convenable de faire contribuer les élèves de l'école à l'entretien de la bibliothèque mais Monsieur le Général Caffarelly préfet maritime s'opposa à cette mesure qui privait les chirurgiens d'une portion de leur solde à peine suffisante.
Résumé.
Ces représentations ne sont dictées que par le seul intérêt du Bien Public il faut parler avec confiance sous un gouvernement qui seconde si puissamment les arts, les sciences et toutes les institutions utiles et qui pourront répondre comme le fit autrefois un grand monarque protecteur des belles lettres.
Qu'a besoin la plume de tracer des règles de conduite à celui qui entre dans les plus petits détails sur tout ce qui tient à la conservation des Citoyens.
Il suffit qu'une chose bonne en elle-même se présente pour qu'elle soit de suite saisie et adoptée.
L' École de médecine navale et les officiers de ce port osent donc espérer que, d'après leurs justes Représentations, la bibliothèque établie à l'hôpital principal sera conservée dans la même forme que par le passé.
Brest le 28 février 1811. Les membres du Conseil de Santé.
— Pièce 2. « Ordre de transcription des différentes pièces relatives à l'évacuation de la bibliothèque de l'école de santé sur celle du port, », signé : Decrès, Dordelin [1811] ; lettre originale du général Caffarelli (21 pluviôse an 12 de la République).
Cette pièce révèle une revendication de la Bibliothèque du Port, qui s'estime spoliéee des ouvrages confiés à la bibliothèque de l'École : 1810/1811 : à l'occasion d'une demande d'acquisition des derniers volumes de l'Encyclopédie méthodique, Decrés, ministre de la marine (de 1801 à 1814) accuse d'abord le Conseil de santé de s'être approprié indûment le fonds de bibliothèque du Port et en exige restitution. Le général Dodelin, préfet maritime du Finistère, sollicite du Conseil de Santé une défense argumentée, puis confirme l'existence de la Bibliothèque par un courrier le 21 pluviôse an 12 (10 février 1804), courrier qui attribue une somme au Conseil de Santé pour l'achat d'ouvrages.
Deux autres lettres, qui se trouvent en fin du corpus, témoignent de ce différent :
Une lettre du préfet maritime Léger exigeant la restitution des six volumes de la 74e et 75e livraison de l'Encyclopédie méthodique, ceux-ci "n'étant pas spécialement et exclusivement employé à traiter de l'objet de médecine".
La réponse du Conseil de santé ( Duret et Thamment?) qui obtempère tout en signalant que parmi ces volumes se trouvent ceux consacrés à la botanique, "partie qui ne peut être détachée de la médecine, puisqu'elle fait la base de la Matière médicale", et deux volumes consacrés aux insectes, "nécessaire au médecin naturaliste qui doit avoir des notions précise sur les trois règnes de la nature".
— Pièces 3, 7, 8, 9 : « États de la quantité de livres composant la bibliothèque de l'école de santé » : 1647 livres (en 1810), 1751 (en 1811), 1781 (en 1813).
_État de la quantité des livres composant la Bibliothèque de l'école de santé en 1809, savoir :
Donnés par le général Comte Caffarelli : 46 in f°, 371 in-4°, 638 in 8°, 140 in-12°, total 1195.
Donnés de la Bibliothèque du port par ordre du Gal Caffarelli : 76 in-f°, 87 in 4°, 138 in-8°, 151 in-12°, total 452
Soit au total 1647 volumes.
Livres achetés dans l'année, compris dans l'Inv[entai]re, 26 volumes.
Aperçu des dépenses faites par le Général Comte Caffarelli pour la Bibliothèque de l'École de Santé du port de Brest : An 11 : 210Fr46 ; An 12 : 1913 Frs 94, An 13 : 304 Fr 95, 1806 : 168, 25 ; 1807 : 295,25 ; 1809 : 439,01 TOTAL : 5601,06
Souscriptions à faire pour l'année 1810 :
TOTAL : 103 Fr 50.
31 décembre 1809, signé GIRARDOT.
N.B : premiers abonnements aux journaux de médecine datent de 1804.
_État au 1er octobre 1811 : 463 livres fournis par le Port, 1318 achetés par le général Caffarelly pour l'école de santé, Total 1781 livres. Dont 140 in folio, 562 in-4°, 800 in-8°, 279 in-12°.Non compris plusieurs ouvrages de littérature dépareillés, et une collection de 128 thèses et les journaux de plusieurs années. Signé Thérot, conservateur.
Une quarantaine d'ouvrages sont prêtés à Duret, à Pichon pour le cabinet d'histoire naturelle, à Vasse et à Chatelain.
Même inventaire en avril 1811, où Dupont et Delaporte se rajoute au nombre des emprunteurs.
En décembre 1811, on dénombre 475 livres fournis par le Port, 1318 livres achetés grâce au préfet Caffarelly, Total 1793 livres, dont 140 in folio, 567 in-4°, 807 in-8°, 279 in-12°. Le nombre d'ouvrages prêtés est de 57.
En 1812, 50 volumes brochés, dont les journaux et les thèses, ont été reliés.
__ En 1813, on dénombre 463 livres fournis par le Port, 1318 livres achetés grâce au préfet Caffarelly, Total 1781 ouvrages, 140 in folio, 562 in-8°, 800 in-4°, 279 in-12°. Une mention est faite des ouvrages "dûs à la générosité du Ministre" : les derniers mémoires de l'Institut (5 volumes) , La Clinique chirurgicale en 3 volumes de Pelletan, Les maladies du Cœur de Corvisart, et 3 autres volumes [Encyclopédie méthodique n°70 et 71 Les Maladies de Peau]. 57 ouvrages sont empruntés.
Abonnements en 1810 et 1811 :
La Bibliothèque médicinale.
Le Journal général de médecine.
Le Journal de Corvisart
Les Annales de Chimie.
Pièce 4 « Notice des livres donnés par le préfet [Caffarelli] pour la bibliothèque ».
A la date du 5 septembre 1810, nous trouvons le premier Inventaire disponible réalisé à l'occasion du changement de Conservateur. Le titre en est Notice des livres donnés par le préfet pour la bibliothèque de l'École de Santé. On compte 49 folios, 468 in-4°, 648 in-8°, 552 (?) in-12°, soit 1717 (?) ouvrages, dont 115 thèses (78 thèses reliées formant 23 volumes in-8°, 20 thèses non reliées in-4°, 17 thèses non reliées in-8°), les collections de journaux reliées en 9 volumes pour la Bibliothèque médicale, 8 volumes pour le Journal de médecine. Les titres de la bibliothèque sont pour la plupart récents, témoignant d'acquisitions entre 1801 et 1810.
Voir la liste des livres ici : Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest.
Pièce 5. Lettre des membres du conseil de santé Gesnouin, Duret, Dubrueil (1811).
Il s'agit plutôt d'une lettre du ministre Decrès (en fonction de 1801 à 1814), contre-signé pour réception par le préfet maritime, l'inspecteur de marine et les trois membres du conseil de santé.
Il s'agit de l'heureuse conclusion du litige dont faisait état la pièce 2.
Je ne vois pas d'inconvénient, Monsieur, à laisser subsister telle qu'elle est la Bibliothèque à l'usage de l'École de santé de Brest. […]. J'approuvai ...ces mesures, elles étaient sages puisqu'elles avaient pour but d'offrir constamment aux officiers de santé des moyens faciles d'étude dans les lieux même où ils mettaient leurs connaissances en pratique. Un autre avantage bien important qui résultait de cette bibliothèque c'est que dans tous les cas graves que présentent trop souvent les diverses maladies, le médecin trouvait sous la main les autorités qu'il avait besoin de consulter pour marcher d'un pas sûr et pour résoudre, d'une manière positive, sans incertitude et dans doute.Cependant, la Bibliothèque du Port n'en est pas moins une, bien qu'une petite portion des livres ait été transporté à l'hôpital principal. Le même règlement les régissent...
Il n'y a rien à changer à l'état des choses. Les succès obtenus par l'École de Brest justifient les mesures dont il s'agit. Je me persuade que leurs officiers ne cesseront point de profiter de l'avantage que leur offre cette bibliothèque particulière et qu'ils continueront à se faire distinguer par leur amour pour l'étude et par leur zèle pour le Service. Etc...
Pièces 6 et 13 : « Règlement pour la bibliothèque de l'école de santé, » par les membres du conseil de santé Gesnouin, Duret, Dubrueil (Brest, 2 avril 1811).
pièce 6 : Premier règlement de 1811, comportant 13 articles. Approuvé par le préfet maritime Dordelin.
Pièce 13 : 25 mars 1826 : Deuxième Règlement de la bibliothèque, dont le fonctionnement est précisé par 22 articles. Signé par le maître des requêtes, intendant de la marine.
Pièces 10, 11, 12, 15, 16. Lettres de l'intendant de la marine « Tadon » de « Vénuste Gleizes », du chef d'administration de la marine d' »Ubraie ».
En 1818, nous apprenons que l'abonnement au Journal de Sébillot a été remplacé par le Journal universel [des sciences médicales]. Les autres abonnements sont :
Une somme de 200 frs est allouée chaque année au conseil de santé pour ces abonnements, et autres achats d'ouvrages.
En 1818, l'Intendant de la Marine Vénuste Gleizes fait parvenir 7 exemplaires de Secours à donner aux personnes empoisonnées ou asphyxiées par M.P Orfila (Gallica). Le chirurgien en chef est alors Delaporte.
La même année, le Ministre confirme ou attribue à la bibliothèque une somme de 200 Frs annuelle pour l'achat de revues (120 frs) et d'ouvrages.
En 1832, un projet d'échanges réciproques d'ouvrages entre la bibliothèque de la Marine et la Bibliothèque du Port révèle une rancœur tenace de cette dernière qui cherche à récupérer les ouvrages qu'elle possédait initialement.
— Pièce 17. État des ouvrages qui ont été achetés par l'école de santé en 1842.
En 1842 est dressé un État des ouvrages qui ont été achetés par l'École de Santé du Port de Brest en 1842 : Liste alphabétique de plus de 277 ouvrages.
— Pièce 18. État des instruments et des livres remis et déposés dans la bibliothèque du cabinet d'histoire naturelle du jardin des plantes à Brest, à la charge du sieur Laurent, jardinier botanique » (1792).
Cette liste semble être celle sur laquelle Cambry s'est basé
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110459s/f154.image.r=brest%20atlas%20laurent.langFR
pour décrire les pièces qui décoraient les salles de l'école des gardes de marine. Ces instruments mériteraient une étude à part entière, puisque nous y trouvons ceux que La Pérouse, [Jean-François de La Pérouse entre à l'Ecole des Gardes Maritimes de Brest à 15 ans le 19 Novembre 1756, sous l'influence de Clément de la Jonquière] emporta dans sa circumduction, à l'usage de son horloger Lepaute d'Agelet, et ceux nécessaires à la détermination de la longitude.
Graphomètre à pinnules de La Boussole retrouvé à Vanikoro en 1999.
Deux pendules à secondes de Bert[h]oud et leur boete.
Une idem idem de Galoude [sic] avec son pied de fer.
Un canon de fonte avec son attirail
Deux planchettes et leurs pieds. [loch ?]
Quatre chaîne d'arpentage.
Douze Jalons
Deux graphomètres en cuivre avec leur boete et leur pieds.
Trois compas à verge de bois.
Une planchette à calquer.
Un globe de carton mauvais.
Quatre idem, neufs, dont un percé.
Une sphère armillaire en cuivre.
Une idem en carton, mauvaise.
Une machine pneumatique.
Deux quarts de cercle en cuivre avec leurs pieds.
Un idem de trois pieds de rayon, auquel il manque la loupe du garde filet.
Trois quarts de nonante.
Deux sextants ;
Deux octants
Une lunette de sept pieds démontée en son étui.
Une mauvaise longue-vue.
Une lunette de...
Une petite boite d'aimants.
Un grand aimants artificiel.
U étui de mathématique incomplet.
Une alidade à pinnules.
Une lunette anglaise.
Deux niveaux d'eau en cuivre.
Un Idem d'air idem.
Quatre idem en fer blanc en mauvais état.
Deux arcs de construction.
Une machine parallactique.[ Machine composée d’un axe dirigé vers le pôle du monde, et d’une lunette qui peut s’incliner sur cet axe et suivre le mouvement diurne des astres sur le parallèle qu’ils décrivent.]
Deux instruments démontés dont on ignore le...
TABLEAUX.
Un tableau représentant la mort du Chevalier d'Al...
Un tableau représentant le combat de la Surveillante. http://fr.wikipedia.org/wiki/Surveillante_(1778)
Quatre petits tableaux.
Un portrait de M. du Couédic.http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Louis_du_Cou%C3%ABdic
Un tableau de M. de Sartine.http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Sartine
Un grand tableau de M. de Chartres.http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Philippe_d'Orl%C3%A9ans_(1747-1793)
5 in folio :
Neptune français, 2 volumes.
Neptune oriental, 2 exemplaires,
Atlas français,
Hydrographie française,
Portuland anglais
43 in-quarto
27 in-octavo
5 in-douze.
21 brochures.
La liste des ouvrages est suivie d'une Liste de neuf pages d'ouvrages provenant des Jésuites ( et qui furent sans-doute transférés à la Bibliothèque du Port).
— Pièce 19. Annales des divers accroissements de la bibliothèque (1798-1849).
Le 12 Messidor an 11 (1er juillet 1803) : le Conseil de Santé choisit 31 ouvrages de médecine chez le libraire Lefournier et Neveux et fait régler la facture de 258 Frs par Caffarelli. (Allain Le Fournier, libraire à Brest, est mort en 1814. Il est associé dès 1808 avec ses neveux Jean-Baptiste Le Fournier et Pierre-Clair Deperiers) On trouve aussi une autre facture d'un montant de 437Fr 19 du même libraire,avec la liste de 14 ouvrages. Le 15 messidor, facture de 77Fr70 pour 14 ouvrages, puis de 142Fr12 pour 27 ouvrages.
En 1835 survint, vraisemblablement par une décision du Ministère de la Marine, une accentuation considérable des acquisitions, et qui concerna l'ensemble des bibliothèques de la Marine puisque Prosper Levot en fait état pour la Bibliothèque du Port (Hist. port p.253). Dans le même temps, et par une relation probable avec le fait précédent, le ministère organisa l'édition en 5 tomes du Catalogue général des livres composant les bibliothèques de la Marine, qui parut de 1838 à 1843 : un inventaire fut donc demandé à chaque établissement.
Je classe aussi dans cette pièce :
un courrier du Conseil de santé du 22 mars 1823 et les échanges de courrier qui ont suivi : confronté à la pénurie de moyens, (les acquisitions d'ouvrages sont très faibles durant ces années), le conseil de santé envisage de suivre l'exemple de Rochefort et de demander aux officiers et élèves officiers de santé une souscription individuelle, ou cotisation de bibliothèque. Signé Delaporte, Mollet, Legris-Duval, Droguet [Grimier ?]
la Demande de livres à Monsieur Lepontois, pour le compte de l'École de Santé. 28 février 184[6]
— Pièce 20. Copies, certifiées par le conservateur de la bibliothèque, des dépêches ministérielles relatives à son dépôt (1er février 1840-1er novembre 1841).
On peut y inclure :
Document imprimé du ministère de la Marine du 25 juin 1845, 4 pages : Seconde Instruction adressée aux conservateurs des bibliothèques .
Des copies de courriers ministériels datés de 1850.
— Pièce 22. « État des objets et instruments relatifs au cabinet de physique et d'électricité de la marine à Brest » (8 ventôse an 10). Voir "le cabinet de physique" de l'article Le Musée d'histoire naturelle de Brest (suite) : les autres collections de l'hôpital maritime Clermont-Tonnerre et la bibliothèque.
— Dernière pièce (incluse par de Roncière dans la Pièce 19 ?) : Lettre du 22 février 1848 : le Dr Berdelo sollicite le poste de conservateur de la bibliothèque de l'École de Santé en succession de Le Helloc.
Le docteur Berdelo, chirurgien de 1ère classe, souligne qu'il a été affecté de troubles intestinaux chroniques dus à ses navigations et qui l'ont tenus écartés du Service, le condamnant à un retraite anticipée ; « promu au grade de premier le 18 juin 1839, je n'ai pas pu atteindre les douze années de grade qui donnent droit à l'augmentation du cinquième de la solde, ma pension ne s'élève tout au plus qu'à la somme de 1650 frs ». Il s'engage à « renoncer à toute pratique de médecine de ville et à toute autre occupation qui serait incompatible avec ses nouvelles obligations. » .
La Notice nécrologique sur M. Berdelo, ancien chirurgien-major de la Marine / Prosper Levot in Bulletin de la société académique de Brest, Vol. 5/1, du 1868 (30/12/1868) Gallica, nous donne les informations suivantes : Vincent-Louis-François-Marie Berdelo, né à Saint-Pol-de-Léon le 9 septembre 1801, décédé accidentellement le 4 décembre 1867 par l'emballement des chevaux de sa voiture, était chevalier de la Légion d'honneur [26 avril 1846 : voir dossier LH ici], et comptait trente années de service dont douze à la mer. Lors de l'épidémie de choléra de 1832, il avait soigné la population de Crozon, Douarnenez et Lesneven. Il occupa la fonction de trésorier de la Société académique de Brest.
2. Les autres sources d'informations sur les inventaires.
a) 1838 : voir :Catalogue général des livres composant les bibliothèques du ..., Volume 1. Ministère de la marine :http://books.google.fr/books?id=-QlQAAAAYAAJ&pg=PR22&lpg=PR22&dq=%22biblioth%C3%A8que+du+port%22+brest&source=bl&ots=UEgoby7h_r&sig=WHpSGT_pD4DSTjeHthBm2oC1Zag&hl=fr&sa=X&ei=y5NIUrHvGeXG4gTc-YCoDA&ved=0CGIQ6AEwCQ#v=onepage&q=%22biblioth%C3%A8que%20du%20port%22%20brest&f=false
b) 1865, Prosper Jean Levot :
: "Au-dessus des bureaux du Conseil de santé (à l'Hôpital de la marine), est placée la bibliothèque de l'École de médecine navale. Formée, en l'an XI, par M. le préfet maritime Caffarelli, au moyen d'environ 800 volumes d'ouvrages spéciaux qui existaient dans la bibliothèque du port, elle s'est rapidement accrue depuis plusieurs années et se compose aujourd'hui [1865] de 10.000 volumes d'ouvrages spéciaux. Cet accroissement est dû en partie aux achats faits directement par le conseil de santé, au moyen de versements qu'effectuent les officiers de santé, soit à l'entrée à l'école, soit lors de leurs avancements successifs. Dirigée par M. Berdelo, ancien chirurgien de première classe de la marine, en qui ses confrères, comme ses plus jeunes élèves, rencontrent un dévouement éclairé et un empressement égal à faciliter leurs travaux, elle est d'une utilité qu'on apprécie chaque jour d'avantage" ( P, LEVOT, Histoire de la ville et du port de Brest (Paris, 1865, in-8°), t. II, p. 318 ).
c) 1876 :Rapport d'inspection générale du Médecin Général Jules Rochard .
"La bibliothèque de l'école se compose de 14 000 volumes et reçoit 38 journaux de médecine ou revues scientifiques. Ses dimensions sont devenues insuffisantes, bien qu'on l'ait accrue, il y a quatre ans, en disposant pour recevoir des livres, le grenier qui la surmonte. Lorsqu'on aura pris à l'égard des instruments de chirurgie, les mesures dont j'ai parlé, on pourra se servir des grandes armoires qui les contiennent et approprier à la même destination le cabinet contigu à la salle qu'occupe l'arsenal et dans lequel se trouvent aujourd'hui les appareils et les moyens de prothèse. La bibliothèque est très fréquentée et les deux tables qu'elle possède ne suffisent pas au nombre de lecteurs. Elle est ouverte de 8 heures du matin à 4 heures du soir, et, par une faveur dont l'École de Brest est seule à jouir, elle rouvre le soir de 7 heures à 9 heures pendant toute la durée de l'année scolaire. Elle n'a qu'un seul gardien et malgré son zèle il ne peut suffire..."
d) 1907.
En 1907, Charles de la Roncières dénombre 18 000 volumes environ.
e) La bibliothèque actuelle de l'Hôpital Inter-Armées.
Actuellement (2013), l'Hôpital Inter-Armées conserve encore plus de 4000 ouvrages (XVIe-XIXe siècles) dont prés de 300 intéressent la botanique.
Par comparaison, le musée de l'ancienne école de médecine navale de Rochefort est aujourd'hui riche de 25000 volumes.
3. Les Conservateurs de la Bibliothèque
Le 16 juillet 1922, en application de l'article 77 de la loi de Finances le Ministère de la Marine décida la suppression des emplois de conservateurs des bibliothèques des hôpitaux.
SOURCES ET LIENS.
JUNGES (Catherine) : « L’Académie de marine et la diffusion du savoir maritime », en ligne.
DONEAUD DU PLAN, « Histoire de l’Académie de Marine », dans Revue maritime et coloniale, 1878-1882.
LEVOT (Prosper Jean), Histoire de la ville et du port de Brest.
Service Historique de la Défense, Brest : Ms14.
Bibliothèque de l'Académie de marine :http://www.academiedemarine.com/PJ3_ListeAcademiedemarine.pdf
BIBLIOTHEQUES DE BREST : Histoire des collections de la Bibliothèque Municipale de Brest. http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-2076
Ce fonds serait aujourd’hui fort mal connu si M. Rémi Le Page, aujourd’hui décédé, n’avait consacré bénévolement de longues heures à le décrire, permettant ainsi à ceux qui le désirent d’accéder aux richesses qu’il recèle.
Sources et bibliographie
Rémi Le Page.- « La bibliothèque de l’Académie de Marine », dans La mer au siècle des encyclopédies, 1987.
Service historique de la défense, département Marine à Vincennes. Manuscrits de l’Académie de marine, 64 à 110.
Je remercie les bibliothècaires du Service Historique de la Marine à Brest pour leur accueil et leur disponibilité.
I. Éditions.
La première édition Formules pharmaceutiques pour la composition des remèdes usités dans l'Hôpital de la Marine.— Brest, R. Malassis, 1769, in-4°. est datée de 1769, et la mention d'une date de 1766 dans un article de E.H. Guitard serait une erreur. Cette édition de 1769 a fait l'objet d'une thèse de médecine par Brigitte Albert-Evain à Nantes en 1977 sous la direction de Jean-Pierre Kerneis.
L'exemplaire que j'étudie ici, conservé au Service Historique de la Marine à Brest, est daté de 1780.
Il y aurait donc deux éditions, en 1769 et en 1780.
II. L'Auteur.
Cet ouvrage n'a pas de noms d'auteur, mais est parfois attribuée à Étienne Chardon de Courcelles, alors médecin en chef de l'hôpital maritime et directeur de l'École de chirurgie navale de Brest.
C'est également mon point de vue, pour les raisons suivantes:
III. Intérêt de ce Formulaire.
a) Intérêt au sein d'une Histoire des publications pharmaceutiques.
Ces formules trouvent leur place au sein d'un corpus de publications décrivant la pharmacopée française : soit pour les officines privées, Codex medicamentorium de Paris, soit pour les apothicaireries militaires. Parmi celles-ci, le cas particulier de la marine ; et, dans ce cas, le cas particulier des Hôpitaux d'Instruction (Rochefort, Brest, Toulon), le médecin-chef de Rochefort Cochon-Dupuy ayant publié son propre formulaire en 1737. On peut donc, en comparant les plantes, les drogues et les formules, rechercher une spécificité du corps militaire, puis des marins ou hôpitaux portuaires, puis des spécificités locales, celles propres aux ports (préparations des coffres de médicaments des navires, exposition des drogues au milieu marin, pathologies spécifiques) ou bien suivre l'évolution des usages thérapeutiques et des innovations au cours du XVIII ou XIXe siècle et l'introduction des plantes exotiques nouvelles.
b) Intérêt au sein d'une biographie de Chardon de Courcelles.
Cet ouvrage témoigne de l'intérêt de l'auteur pour la botanique et la pharmacopée, mais aussi pour la pédagogie à travers de la publication de son enseignement. On constate combien il suit par ses publications celle de son aîné Cochon-Dupuy médecin-chef de Rochefort.
c) Intérêt au sein d'une étude de la médecine à Brest.
Ces Formules sont la première publication brestoise dans le domaine de la pharmacopée. Puis, l'année suivante, paraîtra chez le même éditeur l' Abrégé de matière médicale à l'usage des chirurgiens de la marine, par M. Maistral, médecin. — Brest, R. Malassis, 1770, 2 vol. in-12. Chardon de Courcelles n'y est pas étranger, non seulement en raison de son rôle d'éditeur de la Matière médicale de Geoffroy, mais parce que Maistral est son élève, élève si proche que leurs enfants se marieront ensemble.
Après ces deux travaux de pharmacopée navale et brestoise en 1769 et 1770, paraîtra sous la Révolution l'Abrégé pharmaceutique à l'usage des hôpitaux militaires et de ceux de la marine, par Pichon, Gesnouin, Billard. R. Malassis (Brest) 1793-1794, 54 pages (Gallica). Si on sait qu'en 1793, Billard était chirurgien-major en chef à Brest, Gesnouin Pharmacien en chef, Sabathier et Pichon second médecins en chef, Duret second chirurgien-major en chef , on voit que ce document a été rédigé par la "maistrance" de l'hôpital de Brest, sans doute pour faire autorité, et qu'il succède ainsi aux Formules de de Courcelles, bien qu'il affiche un objectif plus large, "les hôpitaux militaires et ceux de la marine". Il prétend "abroger une multitude de recettes ridicules que l'ancienne médecine avait accumulé"
d) Intérêt pour la connaissance de la phytothérapie.
Étude des plantes utilisées, de leurs indications, et des recettes.
e) Intérêt lexicologique.
Non le moindre à mes yeux, il permet de découvrir le vocabulaire des apothicaires (lohocs, robs, apozèmes, épithèmes, électuaires, embrocations, etc) et l'onomastique des plantes.
IV. Étude de l'exemplaire du Service Historique de la Marine (1780).
Exemplaire cote R. 6357 du Service Historique de la Marine à Brest.
Formules pharmaceutiques pour la composition des remèdes usités dans l'Hôpital Royal de la Marine à Brest. A Brest, chez R. Malassis, imprimeur ordinaire du Roi et de la Marine. MDCC.LXXX. 128 pages +VII
Cachet Port de Brest. Bibliothèque de la Marine.
ancienne Cote manuscrite 8316(2)-1536
Composition :
J'indiquerai le texte en italique, en ne donnant que les titres des drogues, et quelques recettes en illustration. Mes commentaires sont en caractère romain et entre crochets, les définitions sont souvent tirées du Compendium de Deschamp 1868.
Page non paginée :Poids et mesures, suivi de : Explication des abréviations.
CHAPITRE PREMIER.
— Art.premier Des Espèces. page 1
Nota . Sous le nom d'Espèces, nous comprenons ici un mélange de plusieurs plantes sèches, ramassées, dans une saison convenable, et séchées avec soin, pour suppléer au défaut de plantes fraîches et récentes, pendant l'hiver ou à la mer. Chacune des plantes qui entrent dans la composition d'une espèce doit être coupée fort menue, pelée séparément, et après les avoir secouées légèrement sur un tamis de crin, pour en dégager la poussière, on les mélangera le plus exactement qu'il sera possible. Pour les biens conserver, et les garantir de l'humidité et de la moisissure, on les enfermera dans des boites de bois ou de fer-blanc, qui ferment exactement, que l'on tiendra dans un endroit sec, et que l'on n'ouvrira que pour le besoin, ayant attention de les refermer aussitôt. Cette précaution est encore plus nécessaire dans les vaisseaux qu 'à terre, parce que l'air y étant plus humide et plus chaud, les Espèces se gâteront promptement et tourneront en fumier..
Espèces amères. Page 2. Centaurée Chamaedrys Camomille
Espèces anti-scorbutiques. Raifort, Passerage, Trèfle d'eau, Centaurée.
Espèces apéritives. Parelle, Aunée, Grande Chélidoine, Fenouil, Garence, Scolopendre.
Espèces aromatiques
Espèces astringente.
Espèces carminatives. [qui favorise l'expulsion des gaz intestinaux, tout en réduisant leur production]
Espèces céphaliques.
Espèces diaphorétiques. page 4 [qui font transpirer]
Espèces diurétiques.
Espèces émollientes. [qui ont la propriété de ramollir et de détendre les tissus]
Espèces pectorales adoucissantes.
Fleurs pectorales. Page 5.
Espèces pectorales incisives
Espèces sudorifiques.
Espèces vulnéraires. [utilisée pour traiter les blessures]
—Article second. Poudres. p.6.
Nota. On pulvérisera séparément chacune des Espèces qui entrent dans la composition des poudres, et on les pèsera avant d'en faire le mélange ; ensuite on les réunira et on les passera au tamis de crin ou de soie, pour que le mélange s'en fasse plus exactement.
On les enfermera, sans les entasser, dans des poudriers de verre ou de fayance, bien nets, et bien secs, que l'on fermera soigneusement pour les préserver de l'humidité.
Poudre absorbante. Écailles d'huîtres lavées et séchées.
Poudre antimoniale.
Poudre antiseptique.
Poudre antispasmodique.
Poudre astringente.
Poudre balsamique.
Poudre cordiale.
Poudre fébrifuge.
Poudre hydragogue
Poudre martiale.
Poudre nitreuse camphrée.
Poudre purgative
Poudre pédiculaire.
Poudre pour la gale.
Poudre scillitique
Poudre tempérante simple. [qui modère l'activité excessive de la circulation]
Poudre tempérante nitrée.
Poudre vermifuge.
— Article troisième. Eaux et esprits distillés. p. 14.
[Une "eau distillé" est le résultat d'une distillation d'une seule (eau simple, comme l'Eau de mélisse) ou de plusieurs ("eau composée") plantes ou ingrédients. Un Esprit est un alcoolat, substances macérées dans l'eau-de-vie].
Eau cordiale [qui soutient le cœur]
Prenez 3 livres de Fleurs de sureau à demi-sèches, 2 côtes récentes d'angélique, 12 livres d'eau pure. Faites macérer pendant douze heures, distillez ensuite au bain-marie et tirez en 6 livres de liqueur.
Eau alexitaire [contre la morsure des animaux venimeux]
Esprit anti-scorbutique.
Esprit ardent de cochlearia. [le Cochlearia est le raifort officinal]
Eau vulnéraire spiritueuse.
— Article quatrième. Teintures et élixirs. p. 16
[ Les teintures, comme les élixirs, sont des infusions de substances dans l' eau-de-vie ou de l'esprit-de-vin.]
Teinture anodyne. [analgésique].
Prenez deux dragmes d'opium choisi, 2 livres de vin d'Espagne, 4 onces d'esprit de vin. Faites digérer dans un matras [ récipient au col étroit et au long col] jusqu'à parfaite dissolution, et filtrez. Nota : 2 dragmes de cette teinture équivalent à un grain d'Opium.
Teinture diaphorétique.
Teinture diaphorét-anodyne.
Teinture fébrifuge antiseptique
Teinture ou baume vulnéraire.
Elixir alexitère.
Esprit de vitriol dulcifié.
Esprit de Mindererus. [ une solution aqueuse d'acétate d'ammonium, - nommé d'après r. Minderer, médecin d'Augsbourg]
— Article cinquième. Vins médicamenteux. p. 19.
[Vins contenant par dissolution ou macération des extraits de substance pharmaceutique.]
Vin amer. Prenez 1 once d'espèces amères, ½ once d'écorces d'Orange ou de Citron, , 1 dragme de Cannelle brisée menu, 2 livres de vin rouge,. Laissez macérer à froid 8 à 10 jours, et passez. Dose 2 once.
Vin chalybé. [du latin chalibs, "fer trempé, acier" : qui contient du fer]
Vin cordial
Vin fébrifuge.
Vin diurétique.
Vin émétique
Vin de genièvre.
Vin d'ipécacuanha. [La racine d'Ipécacuanha, un sous-arbrisseau d'Amérique du Sud, a une action anti-émétique (contre les vomissements), mais était utilisée plus largement dans beaucoup de dysenterie.]
Vin miellé.
Vin scillitique. [Les scilles —rouge ou blanche— sont cardiotoniques ; c'est, ici, un mélange de racines de Scille, d'Iris de Florence (qui passe pour expectorante) et de Gingembre]
— Article sixième. Vinaigres médicamenteux p. 23.
[Préparations faites en dissolvant directement, ou en faisant macérer, les substances thérapeutiques dans du vinaigre]
Vinaigre antiseptique.
Prenez 1 once de Poudre antiseptique, 1 once de poudre cordiale ½ once de zestes d'écorces d'Oranges, 2 livres de vinaigre fort. Faites infuser au soleil 12 à 15 jours dans un matras que l'on agitera de temps en temps, passez ensuite avec expression, filtrez et gardez dans un flacon bien bouché. Dose : ½ once, que l'on répétera suivant l'ordonnance. Ajoutez, s'il est ordonné, sur chaque prise, 3 gros de Camphre.
Vinaigre camphré.
Vinaigre diaphorétique.
Vinaigre de Lytharge. [Le Litharge est un oxyde de plomb ; les boissons (vins ou cidres) « lithargiés » étaient des alcools de raisins ou de pomme traités avec du plomb pour l'adoucir et le sucrer ; ce fut l'origine de très nombreux cas de "colique de plomb". ]
Eau de Saturne. [mélange de Vinaigre de Litharge, d'eau et d'eau-de-vie]
— Article septième. Sucs d'herbes. p. 25.
[Liquides extraits des plantes par l'eau (sucs aqueux) ou par contusion dans un mortier (suc neutre), etc...]
Sucs anti-scorbutiques.
Prenez 2 parties de feuilles de Cochléaria, 2 parties d'Oseille, 1 partie de Cresson d'eau, 1 partie de Beccabunga. Pilez dans un mortier de marbre, et exprimez-en le suc, que vous laisserez défequer par résidence. Décantez et ajoutez , ou Rob de Citrons, ou Rob d'Orange, ou Rob de Groseilles, pour une sixième partie. Dose : 3 onces matin et soir dans un e tasse de petit lait ou de Tisane ou eau de veau.
Sucs apéritifs.
Sucs astringents.
Sucs pectoraux.
— Article huitième. Robs, extraits, mucilages. p. 27.
— Article neuvième. Syrops. p. 29.
[Les sirops sont des médicaments préparés avec du sucre et des véhicules qui tiennent en dissolution les principes actifs]
Syrop d'écorces d'oranges.
Prenez 2 onces de zestes récents d'écorces d'Oranges, 1 livre de syrop simple. Mêlez les zestes et le syrop, encore presque bouillant, dans un matras que vous boucherez avec du parchemin. Faites infuser au bain-marie, à une douce chaleur, pendant douze heures ; ensuite laissez refroidir et passez par la chauffe. Préparez de même le Syrop d'Ecorces de Citrons.
Syrop de fleurs d'oranges
Syrop de rhubarbe.
Syrop de safran
Syrop scillitique
Oxymel scillitique
CHAPITRE SECOND. Formules magistrales.
— Article premier. Tisanes et apozèmes. p. 32.
[Apozème : Décoction de plusieurs plantes, de substances végétales, ordinairement très chargée et très composée.]
Tisane commune.
Prenez une livre d'Orge entière, frottée et lavée, ½ livres de racines de Chiendent, mondées et contuses, 24 pintes d 'eau. Faites bouillir et réduire à 21 pintes, ayant attention d'écumer à mesure que la tisane bouillira. En retirant le coquemar du feu, ajoutez 4 onces de réglisse ratiffée et effilée. Nota. Laissez refroidir et décantez Pour laver l'Orge, on la fera bouillir demi-quart d'heure dans une quantité d'eau que l'on jettera après.
Tisane nitrée.
Tisane acéteuse.
Tisane acidulée.
Eau d'orge simple.
Lait d'orge ou lait coupé.
Tisane ou Eau de riz.
Tisane émolliente.
Tisane astringente.
Tisane anti-scorbutique.
Tisane pectorale adoucissante.
Tisane pectorale incisive.
Tisane de figues.
Tisane de Chicorée.
Tisane de Parelle.
Tisane de Pariétaire.
Tisane ou Eau de pruneaux.
Tisane de Sorsonère.
Tisane sudorifique.
Bochet. [CNRTL : Boisson faite avec de l'eau, du sucre, du miel et des épices diverses (en partic.de la cannelle)"]
Tisane vermifuge.
Tisane vulnéraire.
Décoction de Centaurée.
Décoction de Chamaedris.
Décoction de Fumeterre.
Décoction de Pareira brava.
Décoction de Squine simple.
Décoction de Squine composée.
Décoction de Simarouba.
Décoction de têtes de Pavots blancs.
Lessive de Genêt.
Infusion de Camomille.
Infusion de fleurs de Sureau.
Infusion d Capillaire.
Infusion de Mélisse.
Infusion pectorale.
Apozème amer.
Apozème anti-scorbutique tempéré.
Apozème anti-scorbutique âcre.
Apozème apéritif.
Apozème astringent.
Apozème carminatif
Apozème céphalique.
Apozème commun.
Apozème diaphorétique.
Apozème diurétique.
Apozème fébrifuge simple.
Apozème fébrifuge émulsionné.
Apozème fébrifuge apéritif
Apozème fébrifuge laxatif.
Apozème fébrifuge pectoral.
Apozème pectoral.
Apozème tempérant.
— Article deuxième. Hydromels. p. 55.
[Il s'agit ici d'une simple dilution aqueuse de miel, qui sera nommée plus tard "mellite simple" et non de "l'hydromel vineux", notre hydromel, qui est fermenté par levure de bière. La canne à sucre n'a concurrencé le miel comme produit sucrant qu'au 17e siècle, mais le miel, sous forme de miel rosat, d'hydromel ou d'oxymel (simple ou scillitique) reste apprécié pour ses propriétés laxatives, détersives, apéritives et pectorales, et dans les Opiats qui devaient être conservés longtemps (Thériarque)]
Hydromel simple. Prenez 2 livres d'Eau d'Orge, chaude et 1 ½ once de miel, faites fondre et passer. Ajoutez, s'il est ordonné, ½ dragme de Nitre purifié ou Kermes minéral.
Hydromel acétueux.
Hydromel acidulé.
Hydromel composé. [avec Enula campana, Hysope, Lierre terrestre, Pied-de-chat et Tussilage]
— Article troisième. Émulsions. p.57.
[On donne le nom d'émulsion à de l'eau qui tient en suspension, à la faveur d'une matière albuminoïde et d'une certaine quantité de matières gommeuses, contenues dans les graines, une huile fixe ou une résine, etc. Ressemblant au lait, elles peuvent être employées à la place des tisanes ou des potions. Notre « lait d'amande » est une émulsion.]
Emulsion simple.
Émulsion pectorale.
Émulsion anodyne.
Émulsion camphrée.
Émulsion diurétique.
Émulsion aiguisée ou stibiée.
Émulsion avec le kermès.
— Article quatrième. Laits et petit-laits. p. 59.
[Les "laits" sont du lait de vache ou de chèvre, pur, ou coupé d'eau, ou dans lequel un fer rouge a été trempé ; les Petit-laits sont additionnés de sucs, de robs, de syrops.]
Lait pur.
Lait coupé.
Lait ferré.
Petit-lait anti-scorbutique.
Petit-lait pectoral.
— Article cinquième. Lohocs. p. 61.
[Le nom vient de l'arabe ; on trouve aussi looch, lok, loock. C'est une sorte d'électuaire, plus liquide, et qui ne doit pas être avalé, mais gardé dans la bouche jusqu'à ce qu'il ait fondu sous la langue, ou happé, "léché" par petites gorgées pour soigner la gorge et les voies respiratoires ; il n'est pas étonnant d'y trouver la Réglisse, grand anti-inflammatoire des muqueuses. Sous le nom de Linctus, on le trouve décrit ainsi : "c'est un remède un peu plus clair qu'un électuaire, et beaucoup plus épais qu'un sirop, qu'on appelle éclegme, eclegma, ecleictot, et quelquefois lohoc ou loc. On fait ordinairement sucer l'éclegma au bout d'un bâton de réglisse (d'où lui est venu son nom — de lingere, "sucer"—) dans les maladies de la gorge, de la bouche, de l'œsophage, du larynx, de la trachée-artère et des poumons. On le prépare ordinairement avec des substances émollientes et adoucissantes"]
— Article sixième. Juleps. p. 62.
[Le nom Julep ou juleb vient du persan et signifie "potion douce", car il contient des substances agréables comme le sucre ;on trouve dans les remèdes suivants le mélange de principes thérapeutiques avec des sirops.]
Julep alexitaire
Julep analeptique.
Julep anodyn.
Julep anti-asthmatique.
Julep anti-émétique.
Julep anti-scorbutique.
Julep antiseptique.
Julep anti-spasmodique.
Julep astringent.
Julep carminatif.
Julep cordial.
Julep diaphorétique.
Julep diurétique.
Julep pectoral.
Julep tempérant.
Julep vermifuge.
— Article septième. Potions altérantes. p. 68.
[ Les potions sont des préparations magistrales sucrées destinées à être prises par cuillerées toutes les heures, ou plusieurs fois par jour. Un principe thérapeutique, très divers, est mélangé à un produit sucré : sirop simple, sirop de roses rouges, d'œillets. Pour Deschamp, la distinction entre potion, julep et looch est hasardeuse. Pour J. Allen, les juleps sont limpides, et les potions sont troubles, par les poudres, sels ou huiles qu'elles contiennent.]
[L'adjectif altérant qualifie à cette époque, en médecine, la capacité d'induire un changement profond et graduel dans l'organisme]
Potion absorbante. Prenez 1 dragme de Poudre absorbante, 1 dragme de mucilage de Gomme arabique, 4 onces de tisane commune chaude, 1/2 once de syrop simple. Mêlez pour deux doses. Ajoutez, s'il est ordonné, 1 dragme de Confection cordiale, ou 1 serup de Sels d'Absynthe, ou ½ dragme de Seignette, ou 2 dragme de Teinture anodyne.
Potion alumineuse.
Potion astringente.
Potion cordiale.
Potion diaphorétique.
Potion hémophtoïque.
Potion huileuse.
— Article huitième. Potions purgatives. p. 71.
[Le terme "purgatif" semble devoir être appliqué à une drogue qui provoque la vidange du système digestif soit par le haut (effet émétique, par vomissement), soit par le bas (effet laxatif). Les drogues émétiques sont le tartre émétique, composé d'antimoine et de tartrate de potassium extrémement dangereux, l'ipécacuanha, racine ramenée du Brésil et introduite dans les usages thérapeutiques après les travaux d'Helvétius (Reims) à la fin du 17e siècle. Les laxatifs sont le Casse, la Manne, le Sené, et le Tamarin. Le catholicon est un électuaire de séné et de rhubarbe qu'on croyait propre à toutes les maladies.]
Potion émétique. Prenez 4 gr. De tartre émétique, 3 onces d'eau tiède, faites dissoudre pour une dose.
Eau bénite. [Idem avec douze onces d'eau tiède ; divisé en quatre parts, elles sont administrées tous les quarts d'heure jusqu'à effet, puis toutes les demi-heures si l'effet tarde à se manifester.]
Potion émétique cordiale.
Ipécacuanha délayé.
Première décoction d'ipécacuanha.
Seconde décoction d'ipécacuanha.
Troisième décoction d'ipécacuanha.
Eau de casse simple, pour boisson.
Casse et grains pour une dose.
Casse-manne.
Casse et poudre purgative.
Eau de tamarinds simple.
Tamarinds et grains pour une dose.
Tamarinds et manne.
Tamarinds et poudre purgative.
Manne délayée.
Infusion de séné simple.
Séné et manne.
Séné, rhubarbe et manne.
Séné et poudre purgative.
Teinture de rhubarbe simple.
Rhubarbe et manne.
Rhubarbe et catholicon.
Potion laxative huileuse.
Potion purgative commune.
Potion hydragogue.
Tisane royale.
Eau minérale laxative.
— Article neuvième. Confections, électuaires. p. 80.
[ L'électuaire est une forme galénique pâteuse administrée par voie orale et généralement constituée de poudres ou de pulpe végétale mélangées à du sirop ou, plus souvent, à du miel.]
Confection cordiale.
Confection cordiale antiseptique.
Confection cordiale astringente.
Électuaire anti-scorbutique.
Électuaire apéritif.
Électuaire laxatif.
— Article dixième. Bols. p. 83.
[Les bols ne différent des pilules que par leur taille plus grosse, alalnt de celle d'un gros pois à celle d'une noisette]
Bol absorbant.
Bol d'Aethiops.
Bol alumineux.
Bol anti-asthmatique.
Bol antimonial.
Bol antiseptique.
Bol antispasmodique.
Bol apéritif.
Bol apéritif gommeux.
Bol astringent.
Bol balsamique.
Bol de camphre.
Bol cordial.
Bol cordial antiseptique.
Bol cordial astringent.
Bol diaphorétique.
Bol fébrifuge simple.
Bol fébrifuge apéritif.
Bol fébrifuge apéritif .
Bol fébrifuge pectoral.
Bol fébrifuge purgatif.
Bol hydragogue.
Bol martial.
Bol de rhubarbe et de mercure.
Bol scillitique.
Bol vermifuge simple.
Bol vermifuge purgatif.
— Article onzième. Pilules. p.93.
Pilules aloétiques.
Pilules alumineuses.
Pilules antidyssentériques.
Pilules antimoniales.
Pilules antivénériennes.
Pilules astringentes.
Pilules balsamiques.
Pilules de Ciguë.
Pilules diurétiques.
Pilules gommeuses.
Pilules hydragogues.
Pilules mercurielles.
Pilules pectorales.
Pilules savoneuses.
Pilules scillitiques.
Pilules de térébenthine et de rhubarbe.
— Article douzième. Lavements. p. 99
Décoction émolliente.
Lavement adoucissant.
Lavement anodyn.
Lavement astringent.
Lavement carminatif.
Lavement de casse.
Lavement détersif.
Lavement émollient.
Lavement fébrifuge.
Lavement d'huile et de vin.
Lavement de lait.
Lavement laxatif.
Lavement nourrissant.
Lavement purgatif.
Lavement de savon.
Lavement de tabac.
Lavement de térébenthine.
Lavement de tripes.
Lavement vermifuge.
— Article treizième. Gargarismes. p. 107.
Gargarisme adoucissant.
Gargarisme astringent.
Gargarisme antiseptique.
Gargarisme anti-scorbutique.
Gargarisme anti-scorbutique détersif.
Gargarisme commun.
Gargarisme détersif.
— Article quatorzième. Collyre. p. 110.
[Le terme collyre possède ici le sens que nous lui connaissons de remède local pour les yeux, mais y réunit les onguents.]
Collyre alumineux. [Onguent d'alun cristallisé et de blanc d'œuf.]
Collyre adoucissant. [Infusion d'Altheae, graine de Lin, Safran, associée au sel de saturne.]
Collyre détersif. [Infusion de feuilles de Fenouil et de Roses de Provins, auquel on ajoute de la Tuthie, de la poudre d'Aloès et du sucre candi.]
Collyre résolutif. [Infusion de feuilles de Fenouil, de fleurs de Camomille et de Sureau et de Safran en poudre, associé au Sel de saturne et au Camphre.]
Collyre sec.
— Article quinzième. Injections. p. 112.
[Il s'agit de liquides destinés à être introduit, par une seringue (souvent d'étain) ou tout autre moyen, dans une cavité naturelle de l'organisme pour en modifier les sécrétions (par exemple gonorrhéiques).]
Injection adoucissante. Prenez ½ onces de racines d'Althéa, sèches, et 1 pincée de graines de Lin dans ½ livres d'eau bouillante. Laissez infuser, et passer.
Injection anodyne.
Injection détersive.
Injection résolutive.
— Article seizième. Fomentations, lotions, et Embrocations. p. 114.
[Les fomentations sont des préparations destinées à entretenir l'humidité sur certaines parties douloureuses du corps. Chaudes ou froides, acqueuses, vineuses, huileuses ou alcooliques, on en imprègne un linge qui est appliqué sur la région et recouvert de toile cirée.]
[ Les lotions sont destinées à laver, nettoyer et calmer certaines parties du corps ; on les applique avec une éponge.]
[Les embrocations sont des préparations huileuses calmantes appliquées sur la peau]
Fomentation aromatique. Prenez ½ livre d'Espèces aromatiques, 7 livres d'eau. Faites bouillir légèrement, et lorsque la liqueur sera à demi refroidie, ajoutez 7 livres de Baissière de Vin. Laissez infuser, et passez. Ajoutez, s'il est ordonné, 2 livres d'Eau-de-vie camphrée. [La Baissière de vin est le fond trouble du tonneau]
Fomentation anti-scorbutique.
Fomentation antiseptique.
Fomentation astringente.
Fomentation émolliente.
Fomentation pour l'érysipèle.
Lotion détersive.
Lotion d'eau de saturne.
Lotion résolutive.
Embrocation émolliente. Prenez 3 onces d'Huile rosat, 3 onces d'huile de Millepertuis, 1 once d'eau-de-vie camphrée, mêlez.
Embrocation résolutive. Prenez du savon blanc, de l'eau-de-vie camphrée, faites dissoudre. Ajoutez, s'il est ordonné, sur 4 onces, ½ once de Teinture Anodyne.
— Article dix-septième. Cataplasmes et Epithèmes. p. 118.
[ On nomme cataplasme une bouillie épaisse destinée à être appliquée sur les parties douloureuses du corps ; ils sont préparés à partir de farines, poudres, pulpes de plantes fraîches ou sèches. La farine de lin y tient une grande place]
[Epithème : étymologie grecque, littéralement : ce qu'on pose dessus. Toute espèce de médicament topique qui n’est ni un onguent ni un emplâtre.]
Cataplasme anodyn. Prenez 1 livre de Mie de pain blanc, fraisée, du lait écrémé ou de l'eau de Saturne, faites bouillir en remuant sans discontinuer. Vers la fin, ajouter ½ dragme de Safran pulvérisé, et après avoir retiré le Vaisseau du feu, 1 jaune d'œuf et une once d'huile d'olive. On renouvellera ce cataplasme de six heures en six heures, ayant attention chaque fois de laver la partie malade avec de l'eau de Saturne, tiède.
Cataplasme antipleurétique.
Cataplasme antiseptique.
Cataplasme maturatif.
Cataplasme de pommes.
Pâte vésicatoire.
Sinapisme.
Épithème antipleurétique.
Épithème pour les bourses.
— Article dix-huitième. Pommades, onguents et liniments. p. 122.
[Pommade :Après avoir désigné une préparation qui avait pour excipient des matières grasses, et dans composition de laquelle rentraient des pommes, le terme a désigné les préparations qui en avaient la consistance, semblable à la graisse, et où les agents thérapeutiques sont mélangés ou dissous à un excipient de nature principalement grasse.]
[Liniment : il se définit essentiellement par son usage, la friction d'une partie externe du corps. Le principes actifs y sont mélangés le plus souvent à un corps gras, végétal ou animal, mais parfois à l'eau, le vin ou vinaigre l'alcool.]
Pommade simple.
Pommade anodyne.
Pommade fondante de Goulard.
Pommade de saturne de Goulard.
Onguent pour la galle.
Onguent de saturne.
Onguent de Tuthie.
Liniment anti-scorbutique.
Liniment adoucissant. [Pommade simple, huile d'amande douce, +/- Camphre, Laudanum ou Sel de Saturne.]
Liniment antiseptique.
Liniment astringent. [Noix de galle, poivre, alun, blanc d'œuf : pour attouchement de la luette.]
Liniment résolutif. [Huile d'amande douce, Camphre.]
Liniment savonneux.
Sparadrap ou toile cirée.
Table des formules. 7 pages non paginées.
V. Plantes utilisées.
Le Formulaire de Brest ne comporte pas l'index des drogues qu'on trouve dans les autres ouvrages. Le décompte des drogues citées dans le texte est peut-être moins précis et sujet aux erreurs et oublis : j'obtiens un chiffre de 165 plantes dont je donne la liste en annexe.
Les Formules de Geoffroy en cite 117 en 1747 ; l'Abrégé de Pichon, Billard et Gesnouin en cite 125 en 1793.
VI. Les Formulaires pharmaceutiques militaires.
Je donne ici la copie d'un article d'E.H. Guitard de 1939 Les formulaires des hôpitaux militaires français avant la Révolution (Persée) :
« Tous les règlements concernant les hôpitaux militaires français au début du XVIIIe siècle obligent le médecin-major de chacun d'eux à tenir constamment à jour, avec l'aide du médecin inspecteur des hôpitaux, un formulaire de remèdes usuels auquel l'apothicaire était tenu de se conformer.
Certains hôpitaux firent imprimer leur recueil réglementaire : le plus ancien est celui qui fut établi pour les hôpitaux français de Mantoue en 1704 :Formuliae remediorum ad usum aegrotantium in nozocomitis Mantuae regis degentium. Il ne forme pas un volume, mais tient tout entier dans une grande feuille de papier imprimée sur quatre colonnes au recto seulement. [il s'agissait de placards destinés à l'affichage dans les apothicaireries des hôpitaux.
Un autre document de même type mais en français a été édité en 1742 sur trois colonnes, à Staubingen, par les « hôpitaux de l'armée du roy en Bavière ». Il est signé de Baron, régent de la faculté de Paris et médecin en chef de l'armée de Bavière.
C'est en 1747 que sortira des presses de l'Imprimerie Royale le véritable premier codex militaire, intitulé : Formules de pharmacie pour les hôpitaux militaires du Roy avec l'état des drogues simples qu'il faut approvisionner et des médicamens composez qui doivent se trouver...dans les apothicaireries de ces hôpitaux, petit in-16 de 128 pages. Cet ouvrage fut, dès sa parution, très attaqué, même à grands renfort de pamphlets. Jalousie de confrères sans doute, car il avait pour auteur deux membres de l'Institut : Sauveur-François Morand, le célèbre chirurgien des Invalides, et l'apothicaire bien connu Claude-Joseph Geoffroy.
En 1758, Baron publiait à Paris une nouvelle édition considérablement augmentée, la 6ème, du tableau qu'il avait donné en 1742 pour les hôpitaux de Bavière ; c'est une plaquette de 72 pages destinée à tous les hôpitaux d'armée , les Formules de Morand et Geoffroy intéressant plutôt les hôpitaux sédentaires de l'intérieur.
Par contre, la plaquette de 39 pages éditée la même année par le médecin-inspecteur Poissonnier — Formulae generalis ad usum nosocomiorum castrensium — est à l'usage des unités de campagne. Il contient des principes d'hygiène très détaillées : il faut aérer les chambres, surveiller les poêles, obliger les hommes à relever leur col quand ils vont en faction, à se tenir très propres, à faire bouillir leurs eaux de boissons « avec un morceau de fer rouillé ». L'auteur recommande même d'organiser des concours de tir, des marches hygiéniques et des jeux de quilles, de ballon, de boules et autres ».
Bien conçues et clairement présentées sont les Formules pharmaceutiques pour la composition des remèdes usités à l'hôpital royal de la marine de Brest, datées de 1766.
Le Compendium pharmaceuticum a été établi en 1780 par Coste, médecin en chef de l'armée de Rochambeau, pour le corps expéditionnaire de l'Amérique du Nord.
Quand aux hôpitaux militaires de l'intérieur, une ordonnance royale les invite, en 1781, à abandonner le formulaire de 1747 pour adopter les nouvelles Formulae medicamentorum ad usum nosodochorium militarium, qui ne tarderont pas à être traduites en français. Ces formules seront détrônées à leur tour en 1788 par un nouveau recueil officiel de 37 pages, rédigé par le Conseil de Santé.
(d'après Moreau, BOUVET, Les formulaires des hôp. Militaires français avant la révolution, Paris, Imp. Nationale, 1936, in-8°, 69p.)".
On peut considérer les Formules pharmaceutiques de Chardon de Courcelles en 1769 comme l'adaptation, pour le port de Brest, des Formules de pharmacie de Morand et Geoffroy de 1747. Il ne peut sembler insignifiant que Claude-Joseph Geoffroy soit le frère cadet d'Étienne-François Geoffroy, dont Chardon de Courcelles avait édité à titre posthume en 1741 le Traité de Matière médicale en latin (Tractus de materia medica).
ANNEXE
Liste des plantes employées. dans les Formules pharmaceutiques pour la composition des remèdes usités dans l'Hôpital Royal de la Marine à Brest, 1769.
Végétal : 165 plantes.
et
Animal.
Total : 7+ 8 aliments
Aliments
Minéral et chimique.
23 drogues.
Comparaison avec les Formulaires militaires précédents et ultérieurs.
1. Par rapport au Formulaire de Morand et Geoffroy (Paris 1747), je constate l'absence dans celui de de Courcelles de :
2. Par rapport au Formulaire de Pichon, Guesnouin, Billard, à Brest
Comparaison avec le contenu des Boites du Roy.
Connues depuis 1680, les « boëtes du Roy pour le soulagement des pauvres laboureurs » étaient très prisées de la noblesse et du clergé des campagnes, mais distribuées avec parcimonie, auprès des Seigneurs et les recteurs les plus zélés et les paroisses les plus nécessiteuses. Leur utilisation est signalée notamment à Morlaix, dans l'article du Dr Henri Stofft Bouestard, médecin des épidémies à Morlaix (biusante.parisdescartes).
On y trouve la composition de ces boites en 1785, qui est une précieuse indication sur les remèdes de premier secours les plus appréciés :
Boites du Roy, modèle 1783 et 1785.
Liste des remèdes contenus dans la grande caisse.
1°) 92 petites boites, et une grande.
2°) Trois livres et demie de Poudre fébrifuge purgative, en quatorze paquets de quatre onces chacun , et étiquetés.
3°) Trois livres de poudre purgative universelle, en douze paquets de quatre onces chacun, et étiquetés.
4°) Trois livres de Thériarque, divisée.
5°) 92 paquets de Quinquina, de quatre onces chacun, et étiquetés.
7°) Dix boules martiales dans la grande boite de M. l'Intendant.
6°) Une demi-livre d'Emplâtre de Nuremberg en bâtons.
Liste des remèdes contenus dans la grande boîte.
1°) Poudre fébrifuge purgative, une livre, 384 prises.
2°) Poudre purgative universelle, huit onces, 128 prises.
3°) Poudre hydragogue purgative, deux once cinq gros, 63 prises.
4°) Poudre incisive, Fondante, Tonique, pour la coqueluche, le catarrhe, l'asthme-humoral, le rhume invétéré, les glaires, la pituite, le relâchement d'estomac et des entrailles, une once quatre gros et demi, 150 prises.
5°) Poudre spécifique pour la dysenterie, pour les cours de ventre et pour les pertes de sang, deux onces deux scrupules, 100 prises.
6°) Poudre spécifique pour la gale, n° 1, quatre onces trois gros, 180 prises.
8°) tartre émétique, une once un scrupule, 300 prises
9°) Kermès minéral, quatre gros, 188 prises,
10°) Poudre Ophtalmique Bleue, deux onces.
11°) Quinquina en poudre choisi, une livre.
12°) Eau de Luce, deux onces.
13°) Lilium de Paracelse, une once,
14°) Quintessence d'Absynthe, quatre gros.
15°) Emplâtre de Nuremberg, deux onces.
16°) Thériarque, quatre onces.
17°) Confection d'Hyacinthe, quatre onces.
18°) Boule médicamenteuse, une.
Mémoires instructifs imprimés, deux livrets.
SOURCES ET LIENS.
ALBERT-EVAIN (Brigitte), Formules pharmaceutiques pour la composition des remèdes usités dans l'Hôpital Royal de la Marine à Brest thèse Nantes 1997 sous la direction de Jean-Pierre Kernéis. Non consulté.
COCHON-DUPUY, (Jean) Formule de médicaments de M. Cochon-Dupuy, Médecin du Roy et de la Marine, manuscrit conservé à la bibliothèque de l'hôpital maritime de Rochefort (manuscrit n° 2262 61, daté de 1737). Non consulté.
DESCHAMP (Jean Baptiste) Compendium de pharmacie pratique: guide du pharmacien établi et de l'élève , Paris 1868, Google books.
GEOFFROY (Étienne-François), Tractatus de materia medica, sive De medicamentorum simplicium ..., Volume 1, Google books
GUITARD (Eugène-Humbert) "Les formulaires des hôpitaux militaires français avant la Révolution : Pharmacien général Moreau et pharmacien capitaine Bouvet, Les formulaires des hôp. militaires français avant la Révolution" Revue d'histoire de la pharmacie 1939 Volume 27 Numéro 108 pp. 199-200, Persée.
MORAND (Sauveur-François) et GEOFFROY (Claude-Joseph) Formules de pharmacie pour les hôpitaux militaires du Roy, avec l'état des drogues simples qu'il faut approvisionner, et des médicamens composez qui doivent se trouver continuellement, ou que l'on emploie journellement dans les Apothicaireries Paris, Imprimerie Royale , 4 ouvrages en 1 volumes in-8 de XXVIII, 100 pages ; 22 pages ; 26 pages ; et 52 pages.
PICHON GESNOUIN BILLARD,Abrégé pharmaceutique à l'usage des hôpitaux militaires et de ceux de la marine 1793 . http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56762x
Formulaire pharmaceutique Egyptien à l'usage des Hôpitaux militaires, des établissements, des corps et de la marine Impr. Royale, 1840 - 272 pages (en ligne Google)
Formulaire des hôpitaux de Lyon ; L° Perrin 1842, 113P, en ligne Google
Formulaire pharmaceutique, à l'usage des hôpitaux militaires 1804, en ligne Google.
Formulaire pharmaceutique, à l'usage des hôpitaux de la France, Conseil de Santé des Armées 1821. En ligne Google.
Formulaire pharmaceutique a l'usage des hopitaux militaires, français 1839 Google
Formulaire pharmaceutique a l'usage des hopitaux militaires, français Ministère de la guerre. Direction du service de santé 1857. En ligne Google.
Formulaire pharmaceutique des hôpitaux militaires de la France Ministère de la guerre. Direction du service de santé 1870.
Formulaire pharmaceutique des hôpitaux de la Marine. Ministère de la Guerre, Service de Santé. Paris, Imprimerie Nationale. 1933.