Ces deux bannières de procession de taille et de facture identiques occupent le chœur de l'église. Elles mesurent chacune 1,60 m de haut et 1,15 m de large, elles sont en velours rouge coupé et soie brodée, et les visages sont peints sur étoffe. Les lambrequins à 5 festons sont enrichis de franges de cannetilles , la bande supérieure forment gousset reçoit la traverse en bois.
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I. LA BANNIÈRE DE SAINT GOULVEN / VIERGE AU SCEPTRE n°1.
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H = 160 ; la = 115. Velours rouge et soie brodée. Classé au titre objet 1991/12/04 . Base Mérimée PA00089981. Base Palissy PM29001370.
1°) La bannière de saint Goulven en évêque.
inscription St GOULVEN.
Le fond est en velours rouge uni semé de rondelles d'argent . Il est brodée au fil d'argent de fleurs à huit pétales et huit sépales, avec rehaut par cannetille dorée, reliées par un rinceau.
La bordure est un simple et étroit galon doré.
Le motif central est celui de "l'évêque de la Réforme", nimbé, mitré, dans l'attitude de la prédication, main droite expressive, tête tournée vers sa gauche et crosse écartée en diagonale . Il est sans doute "réalisé en broderie de rapport, c'est-à-dire brodé sur toile de lin ou de soie puis appliqués sur fond de velours brodé au préalable" (Guillou), mais la trame n'est pas visible. Le visage et les mains sont peintes sur toile, sans doute — comme à Tréflez— par remplacement de broderies trop usées.
La partie inférieure est la plus colorée, avec les rayures violettes du surplis mais surtout le tapis de fleurs avec une variété de verts de bleus en dégradés et des fleurs en fils rose, abricot et jaune.
Les lambrequins sont à cinq festons ronds frangés de cannetilles et brodées au fil d'argent de fleurs à huit pétales et huit sépales, avec rehaut par cannetille dorée.
La présence de clochettes sous les lambrequins n'a pas été recherchée.
La traverse est en bois (?) à pommeaux en forme de fleurons, et d'aspect métallique.
Le gousset à bandes dorées porte le nom de la paroisse : ST GOULVEN écrit en rondelles d'or cousues.
La croix est en métal doré (ou en a l'aspect).
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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2°) La Vierge à l'Enfant au spectre (1).
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Le fond, la bordure et les lambrequins sont identiques à la bannière de St Goulven, mais les fleurs sont plus simples, à cinq pétales.
Le motif central est une Vierge à l'Enfant, debout sur un croissant de lune au sein d'une mandorle de nuée à 4 séraphins (c'est donc une Vierge de l'Apocalypse) dont la particularité est qu'elle tient dans sa main droite un fuseau terminé par une fleur de lys (symbole de virginité dans le cadre du culte de l'Immaculée Conception).
Cet attribut est qualifié de "sceptre" par Christiane Guillou 2010 :
"Ce mode de représentation de la Vierge portant un sceptre est courant en statuaire, on en connaît dans nombre d'églises bas-bretonnes, préfiguration de l'image de la Reine du Monde. La Vierge debout sur le croissant de lune annonce les représentations de l'Immaculée Conception. On a ici une double voire triple image avec celle de la Vierge à l'Enfant. Cette triple image en une seule bannière est à mettre à l'actif des artistes concepteurs. Mais ce n'est ni une Vierge consolatrice ni une Vierge protectrice.
Le mode de représentation choisi pour les Vierges de l'Assomption de Locquénolé et Hengoat n'est sans doute pas le plus ancien. Si l'on se fie à la base Joconde, qui répertorie les tableaux conservés dans les différents musées de France, de telles images de la montée au ciel de la Madone apparaissent, comme ici, au XVIIe et XVIIIe siècles, la Vierge au sceptre étant plus ancienne. Cette vision très enlevée d'une Vierge au bord de l'extase apparaît à cette époque de la Réforme tridentine, alors que les siècles précédents, la montée au ciel, sous la conduite du Christ, se fait d'une façon plus calme à en croire la position assise de Marie, de surcroît souvent présentée dans une mandorle. Religion de la splendeur, c'est l'image de Marie en gloire, fort loin de l'humilité de l' Annonciation ou de la Nativité qui ne sont pas présentes en bannière, à cette époque, dans ces lieux."
On trouve ce motif, deux fois représenté à Goulven, également à Lampaul-Guimiliau, à Plougonven et à Trédrez.
La Vierge est voilée et nimbée mais non couronnée. L'Enfant, également nimbé, tient le globus cruciger et trace une bénédiction .
Les fils sont blancs, argent, marron, jaune pâle, bleu clair, bleu plus soutenu pour le globe, brodés au point de Bayeux avec, pour les nuées, des spirales concentriques.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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II. LA BANNIÈRE DE L'ADORATION DU SAINT-SACREMENT / VIERGE AU SCEPTRE n°2.
Saint-Sacrement, Vierge à l'Enfant H = 160 ; la = 115. 1991/12/04 : classé au titre objet Soie brodée. Base Palissy PM29001371
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1°) La bannière de l'Adoration du Saint-Sacrement.
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Le fond est en velours rouge uni semé de lignes de pastilles d'argent . Il est brodée au fil d'argent de fleurs à cinq pétales .
La bordure est une bande serpentine gris-argent frangée de cannetilles.
Le motif central est consacré à l'Adoration du Saint-Sacrement par deux anges agenouillés, comme à Lampaul-Guimiliau en 1667 où il témoigne de l'existence d'une confrérie, au Musée départemental breton, à Locquémeau, Plougonven, Guimiliau et Saint-Méen. Les visages et les bras sont peints sur toile.
"Bannière de la confrérie du Sacre, elle est aussi répandue que celle du Rosaire, à laquelle elle est souvent jumelée : deux confréries qui ont des autels spécifiques dans la plupart des églises. Ici aussi l'image est définie. Ce sont deux anges adorateurs, de chaque côté de l'hostie, flottant au-dessus d'un calice : blanc argent de l'hostie dans un rayonnement d'or, or sur or du calice, qui contient le vin devenu Sang du Christ, dans une nuée d'où émergent quelques têtes d'angelots. On n'ose, pour de simples travaux d'aiguille, évoquer le rôle du cercle dans l'iconographie et dans l'art en général, on ne saurait cependant exclure que ces théories ont influencé les concepteurs des dessins préliminaires. L'interprétation, répandue, des anges adorant l'ostensoir semble relever d'une lecture rapide. La lunule contenant l'hostie, destinée à l'ostension et proposée à l'adoration des fidèles, a pris sa forme actuelle de « soleil » au-dessus d'un piédestal au XVIe siècle. Quoiqu'il en soit, hostie au-dessus du calice ou bien hostie dans l'ostensoir, les « images » offertes aux fidèles par bannière interposées renforcent cette vision de splendeur et de lumière, quelque chose comme le buisson ardent évoqué par Moïse. [...] l'image est tellement sobre qu'elle serait de peu d'intérêt si elle n'était brodée, fastueusement, pour représenter les ailes des anges, et les rayons de l'hostie au-dessus du calice " (C. Guillou 2010)
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Les lambrequins sont à cinq festons ronds frangés de cannetilles et brodées au fil d'argent de fleurs à trois pétales et gros cœur entre deux tiges en boutons.
La présence de clochettes sous les lambrequins n'a pas été recherchée.
La traverse et la hampe avec sa croix sont en bois.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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2°) La bannière de la Vierge à l'Enfant au spectre (2).
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Elle est identique à la précédente, mais la nuée ne forme pas une mandorle, mais un tapis, dont les angelots sont absents.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Bannière du XVIIIe siècle, église de Goulven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.
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Qui a fabriqué ces deux bannières ?
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Nous n'avons aucune certitude sur l'attribution de ces deux bannières, issues certainement du même atelier, à des brodeuses ou brodeurs particuliers.
La fabrique s'est-elle adressée, loin du Léon, aux religieuses des Ursulines d'Amiens, ou de la « Communauté de Saint-Joseph, développée par Madame de Montespan dans les années 1680, ou encore de la Maison et Communauté de Saint-Louis de Saint-Cyr, fondée par Madame de Maintenon en 1686 ? Ou plutôt aux Carmélites de Guingamp, de Tréguier, de Morlaix, aux Ursulines de Morlaix, de Tréguier, ou bien, dans leur sphère de proximilté et d'influence, à celles de Saint-Pol de Léon ou de Lesneven ?
Ou enfin aux grandes dynasties de brodeurs comme les Tuberville ou les Landais de Lannion, ou encore les Keranfors de Morlaix ? Ou à Ollivier Rachet, Sieur Du Pré à Landerneau ?
Un seul indice peut nous aider, et je propose d'envisager l'hypothèse qu'il suggère. En 1761, la fabrique de Tréflez achète, pour 800 livres, deux bannières de procession à Jean et Gabriel Landais, brodeurs à Lannion. Or, Tréflez est le village immédiatement voisin de Goulven. Heureusement, ces bannières anciennes ont également été conservées, et nous pouvons les comparer avec celles de Goulven. D'autant que, à la différence de ces dernières, elles font l'objet d'une notice en ligne par l'Inventaire général sur le site Gertrude :
Certes le sujet est différent : la première est dédiée à sainte Etheldrède avec le Calvaire au verso, et la seconde au Don du Rosaire avec la Crucifixion au verso.
Certes, si les dimensions sont très proches (1,70 x 1,15 et 1,53 x 1,05) de celles de Goulven, c'est peu significatif car toutes les bannières de procession ont le même format peu ou prou.
Mais on retrouve le fond de velours coupé, la soie brodée centrale, le gousset, et surtout les cinq festons arrondis des lambrequins. Et les fleurs brodées similaires.
Bien entendu, il faudrait étudier les techniques de broderies plus précisément, mais il me semble que si la fabrique de Tréflez s'est adressée aux Landais, la présomption est forte que celle de Goulven en avait fait autant.
Je propose donc de rassembler quelques informations sur cet atelier de Lannion.
"La dynastie des Landais est attestée dès 1679 et pendant tout le XVIIIe siècle. Ils vendent, entre autres, des bannières aux paroisses du Léon et du Trégor, à partir de Lannion. En 1767 la vente des bannières de Tréflez est réputée réalisée par une Demoiselle Kerpuns-Landais. Car contrairement à certaines idées reçues « les femmes occupent une place importante au sein de la communauté des brodeurs chasubliers et l'étude des statuts de cette dernière le confirme. Dès 1292 une femme est présente parmi les jurés de la corporation et en 1316, dans la liste des maîtres, figurent autant d'hommes que de femmes. Celles-ci sont reçues maîtres brodeuses aux mêmes conditions d'apprentissage et de chefs d'oeuvre que leurs collègues masculins.» C. Guillou 2010
On leur doit, parmi les 48 bannières étudiées par Christiane Guillou :
1679 Tréduder brodée par les religieuses du couvent Jean Landais Lannion B neuve, 170 livres 7 livres à un sculpteur pr promonettes, neufves et dorées Couffon p 670, notice église, PP/ Crucifixion Marie Madeleine
1688 Saint Jean Trévoazan Jean Landais Lannion
1715 bannière de Pédernec par Jean Landais Lannion B
1714 Plouzané Landais Lannion B 246 livres
1715 Pédernec Jean Landais Lannion B Couffon
1736 St Servais Charles Landais Carhaix ou Lannion B pour 240 livres
1719 Pédernec Gabriel Landais Lannion B
1719 Plounévez-Moëdec Gabriel Landais B 230 l
1725 Plouzané Landais Lannion B 270 livres
1734 Bodilis Landais Lann 100 Accommode
1736 Bodilis Landais L B neuve 800 livres
Par ailleurs, on distingue dans cette dynastie :
LANDAIS, Charles. Brodeur à Lannion, il fournit une chape pour Pleudaniel en 1735.
LANDAIS, François. Brodeur à Tréguier, il fit une étole, un manipule, une bourse et un voile de ciboire pour Pleudaniel en 1727.
LANDAIS, Gabriel. Brodeur à Lannion, il fit des ornements pour Pédernec en 1718, une bannière pour la même église en 1719, une bannière pour Plounévez-Moëdec en 1719 moyennant 230 livres, deux étoles pour Pédernec en 1726, un ornement pour Saint-Jean-Trévoazan en 1727.
LANDAIS, Jean. Brodeur à Lannion, époux d'Anne de Coëtlosquet. Il fit une bannière pour Tréduder en 1679, une bannière pour Saint-Jean-Trévoazan en 1688, un drap mortuaire pour la même chapelle en 1689, un devant d'autel pour Notre-Dame de l'Isle à Goudelin en 1690, deux chasubles et une étole pour Saint-Jean-Trévoazan en 1695, divers ornements pour Pédernec en 1695, des parements de dais en 1698 et une chasuble en 1700 pour la même église, une chape, une chasuble et un devant d'autel pour Pleudaniel en 1703, divers ornements pour Bulat en 1712, 1716 et 1719, une bannière pour Pédernec en 1715 et divers ornements pour cette dernière église en 1725.
LANDAIS, N... Brodeur à Guingamp, il fit une chasuble pour Pédernec en 1638.
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2010. Les bannières religieuses en Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les ”vieilles” bannières. 79 pages + 38 illustrations hors texte Ceci est le chapitre d’une thèse en cours. 2010.
L'ASSOMPTION, À DEUX ANGES et un angelot de Dirinon, a les bras ouverts et moins d'élan. (inspirée du Titien ?). Mais la rénovation lui a fait, sans nul doute, perdre de son caractère et de son charme."
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2013. Les bannières religieuses , une approche du catholicisme bas-breton. Thèse de doctorat d'histoire de l'art sous la direction d'Yvon Tranvouez. UBO Brest / CRBC.
www.theses.fr/2013BRES0070.pdf
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2016, Les bannières de Basse-Bretagne, Société des Amis de Louis Le Guennec.
Lors du pardon de saint Guénolé à l'abbaye de Landévennec le 1er mai 2019, j'ai eu l'occasion d'admirer, de photographier et de suivre en procession la bannière de la "Paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage", regroupant les paroisses de Saint-Guénolé de Batz-sur-mer, de Notre-Dame-de-Pitié du Croisic, et de Saint-Nicolas du Pouliguen.
Elle a été réalisée à l'initiative du père Frédéric Rousteau, curé de la paroisse jusqu'en 2014. Le carton a été conçu par Patrice Cudennec (comme celle de Guidel), puis elle a été brodée, entièrement à la main, par Jean-Michel Pérennec, le brodeur de la Maison Le Minor.
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1°) La face principale : saint Yves.
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Le tissu est rouge bordeaux brodé principalement au fil jaune, avec des plages noires, bleu-gris, bleu-clair, rose, écru et brun.
Au centre, saint Yves est assis, comme lorsqu'il exerçait sa fonction d'Official (juge des affaires ecclésiastiques ) du diocèse de Tréguier, et il porte la barrette à quatre cornes, le camail (frappé d'hermines) et la cotte talaire blanche. Son visage aux yeux finauds et au bon sourire est particulièrement affable.
Les bordures portent les emblèmes marins de la "côte sauvage le la Presqu'île guérandaise" avec ses sentiers côtiers et son littoral aux roches battus par le vent : des poissons (des thons ?) et des coquilles de Saint-Jacques.
Deux inscriptions précisent : LE MINOR 2004 et P. CUDENNEC 2014.
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Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
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Les deux porte-bannières attitrés :
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Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
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La bannière derrière la statue de saint Guénolé à Landévennec.
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Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
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La bannière seconde.
(Ce n'est pas le verso de la précédente, les deux tentures brodées sont jumelées mais indépendantes).
Même couleur de fond, même fil jaune prédominant.
On y voit trois hermines et trois églises, nommées par les inscriptions BATZ-SUR-MER SAINT GUÉNOLÉ, LE CROISIC NOTRE-DAME-DE-PITIÉ et LE POULIGUEN SAINT-NICOLAS.
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Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
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Le Bolduc.
Ce certificat d'authenticité, propre aux tapisseries et broderies ayant le statut d'œuvre d'art, est cousu sur le revers ; il est signé par l'artiste cartonnier et par Mr Gildas Le Minor.
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Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
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La bannière lors du Pardon.
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Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
Bannière de la paroisse Saint-Yves de la Côte Sauvage". Photographie lavieb-aile 1er mai 2019.
L'Aulne maritime, ou Rivière de Châteaulin, creuse, dans sa progression rêveuse mais avide d'en finir avec une course de 144 km, une large et profonde ria où elle dessine quelques derniers méandres ; ce sont eux qui font toute la beauté du paysage qu'un promeneur peut découvrir du haut du Bélvédère (152 m), à Rosnoën. Le fleuve vient de recevoir son dernier affluent en rive droite, la Douffine, à Pont-de-Buis, mais accepte encore une dernière contribution en rive gauche, celle des eaux du Garvan, et ses saumons.
C'est précisément ce Garvan qui donne son nom à Trégarvan, de tref , "village", en en délimitant le territoire à l'est .
Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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J'ai utilisé en complément de mes clichés les ressources de GEOPORTAIL / REMONTERLETEMPS avec les cartes IGN, d'Etat-Major, de Cassini, et les photos aériennes.
C'est ce ruisseau du Garvan, qui descend des pentes du Ménez-Hom (330 m) en alimentant des moulins, qui, associé au "ster" du Cosquer, va dessiner ce chapeau de gendarme de Trégarvan.
Une dernière photo de l'Aulne en amont de Trégarvan nous permet de comprendre que les habitants qui ont inscrit leur nom sur les murs de l'église au XVI et XVIIe siècle étaient de riches cultivateurs, ou des meuniers.
Pourtant, Marteville et Varin écrivait encore en 1853, dans la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée :
"Trégarvan, commune formée de l'ancienne trève d'Argol, sans desservance. Limit. : N. rivière de Châteaulin ; E. Dinéault, anse de Garvan ; S. Saint-Nic ; Dinéault ; O. Argol.
Principaux villages : Goulenes, Brigneun, Toulargloët, Kerfréval, Le Cosquer. Superficie totale 972 hectares, dont les principales divisions sont terres labourables : 201 ha. Près et pâtures : 16 ha. Bois : 8 ha; vergers et jardins : 8ha. Landes et terres incultes 711 hectares. Quatre moulins à –au, Kerfréval, Le Cosquer et du Garvan. "Cette commune est peut-être celle de toute la Bretagne qui a le plus de landes : celles-ci couvrent plus de 7/10e de son territoire. On parle breton."
La première édition, de 1778, décrivait Trégarvan avec Argol, mais dans des termes comparables :
"Argol ; située entre des montagnes ; à 7 lieues au Nord-Nord-Ouest de Quimper, son Evêché, à 41 lieues trois quarts de Rennes ;& à 2 lieues un tiers du Faou , la Subdélégation. On y compte 1050 communiants, y compris ceux de Trégarvan, sa trêve. Elle ressortit à Châteaulin, & la Cure est présentée par l'Abbé de Landevenec.
Ce territoire , couvert de montagnes serrées les unes contre les autres & plein de landes , ne contient que des terres stériles , Il vous en exceptez quelques-unes limées au Nord & à l'Est, qui produisent du froment & autres grains."
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L'Aulne et l'embouchure du Garvan. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.
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COMMUNICATIONS.
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La carte de Cassini (fin XVIIIe) montre que les voies de communication longent l'Aulne par les routes Châteaulin-Dinéault-Telgruc-Crozon au sud, Braspart-Quimerc'h-Rosnoën-Térenez au nord. Deux "passages" traversaient le fleuve du nord au sud, à Térenez et à La Forest entre Rosnoën et Dinéault, comme le suggèrent — sans indiquer les passeurs — les voies qui s'interrompent sur les deux rives.
Aux XVIe - XVIIIe siècles, période de construction de l'église tréviale, Trégarvan est à l'écart relatif de ces voies, sauf par sa proximité du Passage La Forest-Maison-Blanche.
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Géoportail remonterletemps.
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La carte d'Etat-Major de 1820-1866 montre la même chose. Notez la rareté du bâti sur la colline (42 m et 78 m) qui domine Trégarvan, et l'indigence des chemins conduisant à Le Passage, entre Rosnoën et Dinéault.
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Géoportail remonterletemps.
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La carte au 1/50000 de 1950 indique enfin un enrichissement du bâti sur le petit promontoire, et mentionne clairement le bac et la route (ex Chemin de Grande Communication) Le Faou-Dinéault passant par le bac, dûment indiqué.
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Géoportail remonterletemps.
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PRÉSENTATION.
D'après Chrystel Douard 2010.
Relevant dès le 11e siècle de l´abbaye bénédictine de Landévennec et trève de la paroisse d´Argol, Trégarvan est érigé en commune en 1792 et devient paroisse indépendante en 1842.
Aucun tissu urbain n'existe avant la seconde moitié du 19e siècle. En 1831, l'ancienne chapelle tréviale devenue ensuite église paroissiale, entourée du cimetière, se situe dans un secteur dépourvu de toute construction. Une demi douzaine de maisons dont l'ancien presbytère est construite à la fin du 19e siècle dont deux à usage temporaire d'école communale et plusieurs à usage de commerce. Le presbytère, aujourd'hui désaffecté, conserve un élément sculpté ancien remployé au-dessus de la porte nord provenant peut-être de l'église et portant des armoiries associées à une crosse et une mître d'abbé, peut-être celles d'un abbé de Landévennec. La mairie, petit bâtiment à pièce unique, est construite en 1907, peut-être, comme le groupe scolaire à Kergroas (actuellement Musée de l'Ecole Rurale en Bretagne), d'après le projet de l'architecte A. Marie, de Brest. En 1930, le cimetière a été légèrement agrandi vers le sud et l'ouest et quelques maisons d'habitation ont été bâties au sud de l'église dans la période de l'entre-deux-guerres .
En 1965, une monographie succinte, rédigée par le ministère de la construction dans le cadre de la préparation d´un « plan sommaire d´urbanisme révèle une population éparse mais plus concentrée autour du bourg. Entre 1936 et 1962, la population diminue de 27 %. Parmi les 51 exploitations agricoles recensées en 1946, 44 subsistent en 1965 (contre cinq en 2009). Les 968 hectares du territoire communal sont alors composés de 367 hectares de terres labourables, de 56 hectares de prés, de 10 hectares de vergers, de 25 hectares de bois et de 477 hectares de landes, ces dernières couvrant presque la moitié de la commune. On y cultive la pomme de terre et les céréales.
Le bateau-vapeur liant Brest à Port-Launay, hors service dans les années 1960, faisait longtemps escale à Trégarvan pour permettre aux touristes de gravir le Ménez-Hom. En 1965, le potentiel touristique de la commune était perçu comme un atout. On comptait alors une cinquantaine de mouillages de bateaux et quatre cafés-épiceries dont deux au bourg et deux à Kergroas et Pont-Carvan. Situé dans la partie sud-ouest du Parc Naturel Régional d´Armorique, Trégarvan (arrondissement et canton de Châteaulin) fait partie de la Communauté de Communes du Pays de Châteaulin et du Porzay (Châteaulin, Dinéault, Saint-Nic, Plomodiern, Plonévez-Porzay, Ploéven, Quéménéven, Cast et Saint-Coulitz, Port-Launay). A dominante rurale et résidentielle, la commune se distingue par la qualité de de ses espaces naturels remarquables dont l´Aulne maritime et le Ménez-Hom, site classé depuis 2004, « en raison des ses caractères pittoresque et légendaire ». La commune couvre une superficie de 968 hectares et comptait 146 habitants au 1er janvier 2009. Avec plusieurs gîtes ruraux et un village de vacances, la commune est aujourd'hui tournée vers le tourisme rural, en lien avec l'attrait exercé par l'Aulne et le Ménez-Hom.
Un recensement des objets mobiliers conservés dans l´église, non reconduit dans le cadre de la présente enquête (fiches descriptives, photographies), avait été réalisé en 1977 ; il est disponible au centre de documentation du patrimoine (Région Bretagne). Trégarvan conserve des éléments patrimoniaux identifiés et dignes d´intérêts parmi lesquels figurent le Musée de l´Ecole Rurale en Bretagne, remarquable au niveau régional, ainsi que l´église paroissiale Saint-Budoc récemment restaurée et mise en valeur. Les hameaux de Goulénez, Stanquélen, Kerfréval, Keryé, Brigneun et Toul ar Gloët conservent des éléments significatifs de l´architecture rurale de la commune.
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Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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"Plan en croix latine à trois vaisseaux datée par inscription de 1527 ; 1590 ; 1629 ; 1658 ; 1670 ; 1696 ; 1706 ; 172. Gros-œuvre en granite ; kersantite ; grès ; appareil mixte ; pierre de taille ; moellon toit à longs pans ; croupe ; noue ; pignon ; flèche en maçonnerie Charpente : lambris de couvrement."
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
Vue générale de l'Aulne maritime en amont de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES.
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Palissy :"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
À l'extérieur, les inscriptions lapidaires portent les dates de 1629, 1658, 1696 et 1698, et les patronymes des fabriciens B[e]uzec Capitaine, N. Le Scoarnec, Y. Scoarnec et F. Moro.
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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capitaine 1629.
2°) Sur le mur de la sacristie. N. Le Scoarnec 1658.
3°) Au dessus de la porte ouest. Y. Scoarnec
4°) Sous la galerie du clocher, côté sud. F : MORO 1696 "
5°) Le cadran solaire de 1698.
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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capiten 1629.
Lettres capitales romaines ; fût perlé (I) . Ponctuation de séparation des mots par trois points. Pierre de Logonna (microdiorite quartzique).
Longueur 50 cm, hauteur 40 cm
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BVZEC : CA
PITEN : F
1629.
"BUZEC : CAPITEN : F[ABRICIEN] 1629."
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BUZEC est vraisemblablement le prénom du fabricien, c'est une forme de Budoc.
Le patronyme CAPITAINE est très commun à Trégarvan.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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2°) Sur le mur de la sacristie.
Lettres capitales romaines.
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N : LESCO
ARNEC :
FAB : 1658.
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"N : LE SCOARNEC : FAB[RICIEN] : 1658."
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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3°) Élévation occidentale, au dessus de la porte .
Lettres capitales romaines.
Y : SCOARNEC : F.
"Y[ves] SCOARNEC F[ABRICIEN].
Sans date, mais la tour que soutient ce mur est datée de 1696.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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4°) Sous la galerie du clocher, côté sud.
F : MORO 1696 " (ou 1690 ?)
Microdiorite quartzite. Lecture douteuse du patronyme. Les auteurs de la notice de la base Palissy ont lu : "NORD 1696", ce qui est encore plus douteux.
Je propose d'y voir une graphie pour MOREAU . Par exemple, on trouve dans la généalogie de Philippe Mérour Jean Moreau, père de Yves Moreau (décédé après 1699), lui-même père (?) de Jeanne Moreau, née à Dinéault le 10/02/1699 et décédée à Trégarvan (Cosquer) le 21/05/1771, qui épousa Jean Capitaine. Leurs enfants Corentin, Marie, Jeanne Catherine et Magdelaine ont vécu à Trégarvan, soit au Cosquer, soit à Brigneun.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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5°) Le cadran solaire de 1698.
Chambre des cloches. Schiste. cadran rayonné central, numérotation arabe de droite à gauche 7, 6,5,4,3,2,1 -fleur-11,10,9, 8, 7, 6, 5.
Registre supérieur : cercle au monogramme christique I.~H S , le tilde surmonté d'une croix. Chronogramme 1698 entourant le motif religieux.
L'inscription haute est partiellement (et sans doute volontairement) effacée, laissant lire ---N: ---:FA.
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Voir :Yves-Pascal CASTEL, L'iconographie religieuse sur les cadrans solaires du Finistère, d'après Jean-Paul Cornec, Pierre Labat-Ségalen, «Cadrans solaires en Bretagne», Skol Vreizh, 2010
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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II. LE CALVAIRE DE 1527.
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Description par Yves-Pascal Castel :
3022. Trégarvan, église, g. k. 1527. Trois degrés. Socle à cavet: MVCXXVII - - - FABRIQVE, écu usé. Fût à pans, griffes hautes. Croisillon aux anges, écu aux trois pommes de pin et à la crosse. (Alain de Trégain, de Briec, abbé commendataire de Landévennec). Croix, crucifix, anges au calice. [YPC 1980] http://croix.du-finistere.org/commune/tregarvan.html
Le calvaire de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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III. LES STATUES EN KERSANTON DE L'ENTRÉE.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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1°) La Pietà aux anges de compassion. Kersanton, XVIe siècle.
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inscrit au titre objet 2003/01/09
h = 97 ; la = 105 ; pr = 36. "La Vierge agenouillée prie devant la dépouille de son fils soutenue par deux anges de part et d'autre du corps." Notice base Palissy.
Cette œuvre appartient donc au groupe des "Pietà aux anges de douceur", ou plus généralement aux crucifix où le Christ mort est assisté par deux anges. Voyez par exemple mon commentaire sur la Pietà de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou, où je donne une synthèse de l'iconographie.
Ici, l'ange de gauche soutient tendrement la tête du Christ, tandis que le deuxième ange enveloppe d'un linge les pieds.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
h = 135 ; la = 57 ; pr = 50 Saint Budoc en pied, en tenue d'évêque, tient la crosse de la main droite.
b) Saint Budoc : Evêque fêté le 9 décembre
"Dans sa vie de saint Guénolé, écrite entre 850 et 885, Gurdisten reprend une tradition ancienne, selon ses propres paroles, quand il nous décrit Budoc comme "ministre angélique, richement doué de savoir, remarquable par sa droiture, que tout le monde de ce temps considérait comme l'une des plus fermes colonnes de l'Eglise". Budoc était le "maître" de l'Ile Lavret (Laurea), où Gwénolé fut, dès son enfance, élevé comme son disciple. Avec Maudez puis Budoc, nous sommes à la fin du 5e siècle et à l'aube de la grande expansion du monachisme chez nous : monachisme d'ermites où chacun a son "peniti" ; et, quand il s'agira d'un monastère, l'abbé continuera souvent à vivre en ermite (voir Goulven, Goeznou, Gwénolé) ; l'influence orientale reste prépondérante. Le culte de saint Budoc est couramment lié à celui de saint Gwénolé.
Saint Budoc (ou Beuzec) était le patron de l'ancienne paroisse de Beuzec-Cap-Caval (aujourd'hui en Plomeur). Il est toujours le saint patron des églises paroissiales de Beuzec-Cap-Sizun, Beuzec-Conq (en Concarneau), Trégarvan, Plourin-Ploudalmézeau et Porspoder." https://diocese-quimper.fr/fr/se-ressourcer/les-saints/story/917/saint-budoc
Saint Budoc, fils de sainte Azénor, fille du roi de Brest donna son nom à la paroisse de Beuzec.
Les pêcheurs, obligés de lutter avec la mer ne croient pas avoir de meilleurs patrons que sainte Azénor voguant sans voiles et sans rames et son fils saint Beuzec, Buzec ou Budoc (littéralement le noyé, ou sauvé des eaux) .
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On comparera cette statue à celle de saint Guénolé (disciple de Budoc) en abbé (kersanton, vers 1520) dans l'ancienne abbaye de Landévennec ; il tient également la crosse de la main droite.
Il est plus exact d'écrire que saint Budoc, si on admet cette identification non fondée, est représenté en abbé et non en évêque. Il s'agit peut-être aussi d'une statue de saint Guénolé, puisque nous sommes ici sur une possession de l'abbaye de Landévennec.
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Plaque émaillée à l'entrée du cimetière. Photo lavieb-aile.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La reliure ou couverte du livre qu'il tient porte cinq cercles placés en quinconce.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La mitre est également orné de de groupes de cinq fleurons en quinconce placés de chaque coté d'une bande verticale médiane décorée d'un fleuron et de deux languettes.
La mitre porte bien entendu des fanons.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Nous pouvons remarquer aussi que :
La crosse est tenue à droite, le crosseron (à crochets) orienté de façon axiale.
Cette crosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium.
Des bagues sont enfilés sur chaque doigt long de la main droite (comme la statue de saint Guénolé à Landévennec).
Un manipule pend au poignet gauche, avec son gland de passementerie.
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IV. LE CLOCHER ET SES TÊTES.
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L'église paroissiale de Trégarvan partage certaines caractéristiques géologiques et stylistiques avec d'autres édifices religieux du Parc Naturel Régional d'Armorique. On retrouve, par exemple, des flèches à arêtes sculptées figurant des têtes humaines entre autres, à Landévennec (église paroissiale), à Dinéault (chapelle Saint-Exupère de Loguispar), à Brasparts (église paroissiale Notre-Dame et Saint-Tugen) ou encore à Pleyben (chapelle de la Madeleine). (d'après C. Douard)
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La galerie de la tour est cantonnée par quatre têtes, (deux têtes humaines et deux têtes animales), et l'élévation ouest est encadrée de deux crossettes (un ange et une sirène) : elles seront étudiés dans un article propre.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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V. LE CLOCHER : LES DEUX CLOCHES.
LA CLOCHE MARIE JOSEPH ANNA (1880).
Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Cette cloche a été fondue, comme celle de la chapelle Saint-Jean et celle de Guengat, celle de l'hospice de Châteaulin, celle de la chapelle Saint-André d'Ergué-Gabéric (1854) par Jean Fondeur, de Quimper, en 1880. Haute de 70 cm, elle porte en ornementation un Salvator Mundi, et l'inscription :
PAROISSE DE TREGARVAN M. JOSEPH BARBOU RECTEUR J. M. MOAL MAIRE HERVE LAGADEC TRESORIER JE M'APPELLE MARIE JOSEPH ANNA JEAN MEROUR PARRAIN MARIE LAGADEC MARRAINE L'AN 1880
JEAN FONDEUR QUIMPER
LA CLOCHE DE 1859.
Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Egalement fondue par Jean Fondeur à Quimper, et haute de 76cm, elle est ornée d'une Vierge, d'une gloire et d'une étoile, avec l' inscription :
PAROISSE DE TREGARVAN MR POLIQUEN RECTEUR MM J. M. MOAL MAIRE J. CAPITAINE ADJOINT M. H. MOAL TRESORIER S. J. L. NICOLAS P. ALL LAGADEC F. P. J. LOUIS BATANY M. J. N. MEROUR
JEAN FONDEUR A QUIMPER 1859
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Elles sont ornées en début de ligne par des manicules dont l'index et l'auriculaire sont tendus vers des couronnes ou O.
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VI. UNE CROSSETTE.
Angle sud-est : un chien (?) attaquant sa proie.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.
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Trégarvan, est une ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841. Son église est en forme de croix latine, comprenant une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un chœur profond terminé par un chevet à trois pans. L'édifice présente des restes du XVIe siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIe siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept. (Couffon)
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES : 1706 et 1590 (?).
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1°) dans l'évasement du mur nord au dessus du 2ème pilier de la nef.
Un bloc de pierre sombre, de 53 cm sur 28 cm en deux fragments :
M : Y : CAPITAI
NE : P : I : GOVEOC
A : MARC : 1706 (ou A : MARO)
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M : Y : CAPITAINE : P : I : GOVEOC / A : MARC : 1706.
Interprétation possible : "Messire Yves Capitaine Prêtre, I. Goveoc et A. Marc (fabriciens), en 1706."
a) le nom Capitaine est attesté comme nous l'avons vu. La lettre M précédant l'initial du prénom m'incite à y voir le titre messire qui précède le nom des recteurs, et la lettre P la mention "prêtre", mais aucun prêtre de ce nom n'est mentionné dans la paroisse d'Argol, dont Trégarvan est la trève jusqu'en 1842. Un "Yves Capitaine " est mentionné à Trégarvan, mais un peu plus tardivement puisque ses parents sont nés en 1704 et 1699.
b) le patronyme GOVEOC n'est attesté, ni à Trégarvan ou Argol, ni comme patronyme en France. Nous trouvons en Bretagne Le Govec (diminutif de Le Goff : Le Goffic, Le Govic, Le Gouic, Le Govec). Peut-être une graphie dérivée de (LE) CORREOC ? Dans cette famille où Jean est attesté en 1685 à Dinéault, Anna Le Correoc épousa Yves Capitaine, et décéda à Brigneun, Trégarvan, en 1772.
c) A : MARC ou MARO pourrait correspondre aux patronymes Le Maro, Le Marchou, Le Marc'h, Le Marc, dérivé du breton marc'h, "cheval".
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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2°) Dans l'évasement du mur nord au dessus du 3ème pilier de la nef (1570 ? 1590 ?)
Elle semble être un fragment d'une inscription plus complète. Elle est elle-même traversée par une fissure (comblée de mortier ?). Les lettres latines sont irrégulières. On trouve des lettres conjointes liant entre eux le nom et le prénom, et un N rétrograde. La lecture est hasardeuse, notamment celle de la date, pourtant cruciale.
70 cm x 43 cm.
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Je lis
YVOCAPYTE
ETON : 1570
Couffon a lu : " YVO CAPITE.../PETON. 1590. "
On peut penser à Yvon Capiten (Capitaine) , et , peut-être au patronyme Peton ou Petto
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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LES SABLIÈRES ET BLOCHETS : 1670 (NEF) et 1720 (CHOEUR).
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1°) Les sablières de la nef.
Si les trois travées découpent la nef, ce sont cinq entraits (poutres transversales que je numérote 1 à 5 d'ouest en est)) qui scandent la charpente lambrissée. Des pannes sablières sculptées s'intercalent entre les entraits, de la tribune de l'ouest jusqu'au chœur. Les premières ne sont ornées que d'une frise de tulipes, sans intérêt. Les pièces anciennes débutent après le premier pilier et le troisième entrait.
Je décrirai d'abord les sablières du coté nord, d'ouest en est.
a) Les sablières de la nef du coté nord.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet nord, contre le troisième entrait.
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C'est un personnage peut-être féminin, taillé dans une pièce de bois rectangulaire comme une poutre, sans aucune extension latérale. De ce fait, les cotés sont rabattus ; ils ressemblent à deux feuilles nervurées, mais pourraient être les ailes d'un ange.
Ce personnage est vêtu d'une tunique boutonnée de haut en bas, et serré au cou par une fraise courte mais cet habit est peu réaliste.
Deux éléments stylistiques doivent être notés :
a) le menton en godet ou en rideau forment avec les joues rondes un contraste particulier. Ce détail se retrouve sur le bas-coté sud de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic en 1661.
b) les trous forés assez profondément pour représenter les yeux et les boutons. Ils sont soigneusement exécutés, très réguliers, et nous allons les retrouver régulièrement. J'émets l'hypothèse qu'ils ont pu servir de mortaise pour des éléments décoratifs colorés.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Première sablière nord ancienne, entre le 3ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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Cette frise est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.
Elle se double d'une étroite frise inférieure, faite de pampre avec ses grappes.
Trous pour les yeux de l'angelot et de l'oiseau.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Deuxième sablière nord ancienne, entre le 4ème et le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Inscription sur la frise inférieure, à droite.
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I MAZEAV FA : 16 / 76
René Couffon a lu : " M : I : MAZEAV : FA : 1676. sur la corniche du choeur "
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Les généalogistes signalent à Trégarvan Budoc Mazeau, décédé le 2 février 1718. Ou un Jean Mazeau, compatible avec l'initiale I de Ian, dont le fils Nicolas s'est marié en 1717.
L'inscription, placée dans la frise sous-jacente à la sablière ornée, et tracée en capitales romaines très géométriques, est comparable à celles de la nef de la chapelle Saint-Côme à Saint-Nic, datées de 1641. Les lettres elles-mêmes sont identiques, hormis le A dont la traverse est droite à Saint-Côme, et en V ici. .
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Les sablières anciennes de la nef , coté sud, du chœur vers l'ouest.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Troisième sablière sud ancienne, après le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Deuxième sablière sud ancienne, entre le 5ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Première sablière sud ancienne, entre le 4ème et le 3ème entrait. Deux dragons affrontés attachés par un anneau entourant le cou.
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Cette pièce est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.
Les caractéristiques en sont ici :
les écailles du corps traités, selon les zones, par deux entailles différentes, soit en coup de biseau, soit en ligne irrégulière et sinueuse.
Les plages du corps lisses, dépourvues d'écailles,
les langues dont le caractère épineux est figuré par un aspect foliaire.
Le fouet des queues traité comme des épis ou des grappes.
Les trous des pupilles.
Toutes, sauf les langues foliées, sont présentes à Saint-Nic.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet sud, en avant du 3ème entrait. Ange ?
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Menton en galoche ou godet (cf. supra)
Vêtement stylisé, non réaliste.
Trous d'ornementation pour les yeux, la collerette et la ceinture.
La collerette en larges pétales , comme celle d'un Pierrot, se retrouve sur les blochets de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de Saint-Nic.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Les six blochets et les sablières du chœur (1720 et 1750).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°1.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°2.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière entre les blochets 2 et 3.
Inscription : IA 1750.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°3.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Inscription entre les blochets 3 et 4 :
I : F. MASEO : CVRE : BVJOC : LEPAN : FABICN
La notice Palissy mentionne : "sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
René Couffon a lu : " I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef."
Le chronogramme 1720 a pu être détruit lors de restauration, puisque la corniche s'arrête là, avant une pièce de bois récente. Néanmoins, il faut bien lire LEPAN et non LERAN, d'une part par constatation de la photo, d'autre part car le patronyme LE PANN est attesté à Trégarvan.
On transcrira donc : I : F : MASEO : CURÉ : BUDOC : LE PAN[N] : FABRI[QUE] [1720]
ou" I.F. Mazeau curé, Budoc Le Pann fabricien (1720 ?)"
Je ne trouve pas d'information sur Budoc Le Pann, mais la famille Le Pann est attestée à Argol, (Bodogat) et à Trégarvan (Yves Le Pann, 1689-1742, père de Michel, père d'Alain qui épouse Marie Mazeau en 1780 à Trégarvan).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°4.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière entre les blochets 4 et 5.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°5.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°6.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Les sablières du faux-transept sud.
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Blochets et sablières de la chapelle latérale sud (Sainte-Marguerite).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet de gauche.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière de gauche, coté ouest du faux-transept. Deux dragons affrontés tête reliées par un anneau.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière de droite, coté ouest du faux-transept. Frise à pampre, oiseaux.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Oiseau picorant les grappes : notez les trous d'ornementation.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet de droite du faux transept sud. Ange et inscription MARIA.
Inscription MARIA avec les deux premières lettres jointes comme dans le monogramme marial. Le personnage en buste est un ange, dont les ailes se devinent sur les cotés et dont le col est stylisé en collerette à la Pierrot.
Cou large, menton en godet, trous pupillaires.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Synthèse : les sablières de Trégarvan et l'atelier de Saint-Nic.
Les sablières sculptées de l'église de Trégarvan sont, finalement au nombre de six pièces : deux dans la nef nord, deux dans la nef sud et deux dans la chapelle sud. J'exclus les autres pièces, celle du début de la nef, aux successions de "tulipes", et celles du chœur, en frise géométriques dont seules les inscriptions datées (1720 ? et 1750) sont dignes d'intérêt.
Ces six pièces sont non seulement homogènes mais aussi répétitives, puisqu'on n'y trouve que deux motifs : celui des dragons affrontés et liés, et celui des pampres aux grappes picorées par les oiseaux, de part et d'autre d'une tête d'angelot.
À cet ensemble ne s'applique pas les dates de 1720 et 1750, mais la date de 1676 associée au nom du maître d'ouvrage le fabricien I. MAZEAU.
Nous devons attacher à cet ensemble de six sablières les 12 blochets (deux dans la nef, six dans le chœur et quatre dans la chapelle sud) car ils sont tous cohérents sur le plan stylistique et qu'ils ont des caractères de style communs avec ces sablières : utilisation de trous pour les pupilles et le décor, menton en godet, double contour des yeux en amande, lignes sinueuses ornementales, stylisation non réaliste des vêtements.
Ces six sablières et ces douze blochets de 1676 peuvent, par ces caractéristiques, être attribuées au sculpteur d'une partie des sablières de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic, réalisées en 1653 sous la direction du recteur Guillaume Perfezou, M. Kervarec étant fabricien, et où les deux mêmes motifs des pampres à angelots et oiseaux et de dragons affrontés sont réalisés à l'identique. Et au sculpteur des sablières des bas-cotés de la chapelle Saint-Côme, à Saint-Nic, réalisées en 1661 et 1670-1675 sous la direction du même recteur Perfezou, tandis que R.G Marzin était fabricien en 1661 et Alain Roignant en 1675 ; et où les mêmes motifs des sablières s'associent au caractères des blochets, notamment le caricatural menton en godet.
Faut-il déduire des inscriptions datées de Saint-Côme que le sculpteur était cet Alain Roignant, qui se signale à deux reprises comme "charpentier" ? C'est ce que suggérait Sophie Duhem dans sa thèse de 1997 :
"Un autre compagnon se joint aux ouvriers [ Olivier Guillosou et Jacques "Bolesec en 1641 et 1646] , une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier.
Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670."
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Avec plus de prudence, mais en me basant sur des critères stylistiques précis et un corpus d'images placées en ligne, je propose de définir un atelier, celui du Maître de Saint-Nic, actif entre 1661 et 1676 entre les deux chapelles de Saint-Nic et l'église de Trégarvan.
Il reste à définir la filiation entre cet atelier et celui qui avait réalisé les sablières de la nef de Saint-Côme en 1641-1646. Par la parenté entre l'inscription MAZEAU FA 1676 et celles des sablières de la nef (et non plus des bas-cotés) de Saint-Côme, ou par la présence d'ornementation par trous dans le corps des dragons de cette nef, je suis tenté d'étendre l'activité de cet atelier à la période 1641-1676. Définir, dans cet atelier, les différentes "mains", sera la tâche suivante.
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LA STATUAIRE.
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I. Les statues du chœur.
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1°) Saint Budoc. Pierre polychrome. XVIIe
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Le saint est représenté en évêque avec mitre rouge et or, chirothèque, pantoufles épiscopales, cape, surplis et soutane, mais il tient le bâton pastoral en forme de croix simple, sans crosse ni double traverse.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Saint Sébastien.
Ce saint était invoqué contre la peste, ou les épidémies apparentées, tout comme saint Roch (infra).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Saint Roch et son chien Roquet.
Le médecin de Montpellier Roch, en costume de pèlerin de Rome, montre sa plaie bubonique, tandis que son chien Roquet,, miraculeusement, lui apporte chaque jour le secours d'un morceau de pain.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La chapelle nord et le retable de saint Étienne.
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Base Palissy.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Prédelle : la lapidation de saint Étienne.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
Attribut : son habit d'Antonin, son cochon et son chapelet. Il manque la cloche et le tau, mais c'est le livre que devait tenir la main gauche.
Hauteur 90 cm, largeur 34 cm, profondeur 25. Inscription peinte S. ANTON.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Statues de la chapelle sud.
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La Pietà. Bois (chêne) polychrome, XVIe.
Base Palissy Yves-Pascal Castel et Claude Quillivic
1960/02/23 : classé au titre objet
Statue d'applique à revers évidé, haute de 90 cm et large de 40 cm. La Vierge est assise, les mains jointes, le corps de son Fils étendu en arc sur ses genoux.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sainte Marguerite issant du dragon. Bois polychrome, XVIIe.
Sainte Marguerite sort miraculeusement du dos du dragon qui l'avait avalé, et qui tient encore dans sa gueule l'extrémité du manteau bleu à revers rouge.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Ses cheveux sont retenus par un bandeau postérieur, de même étoffe que le manteau.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Statue du bas-coté nord de la nef. Dieu le Père.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
" grès peint faux granite ; cuve carrée, sur pied, avec piscine accolée de moindre hauteur, base commune ornée de moulures ; dimensions : h = 95" (Castel et Quillivic)
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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LES BANNIÈRES DE PROCESSION.
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Dans la tribune :
Velours rouge brodé
SAINT PIERRE PRIEZ POUR NOUS.
SACRÉ COEUR DE JÉSUS SAUVEZ LA FRANCE.
Cette bannière peut être datée de la Grande Guerre 1914-1918 par son inscription votive patriotique.
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Bannières de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Bannière de sainte Anne et de Notre-Dame de Lourdes.
Soie brodée, début XXe (?)
a) Bannière de sainte Anne.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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Bannière de Notre-Dame de Lourdes.
inscription N-D DE LOURDES P.P. NOUS [Priez pour nous]
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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Bannière de la guerre de 1914-1918 et de sainte Jeanne d'Arc.
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Soie brodée et peinte, cannetille. Début XXe.
a) Bannière de la guerre de 1914-1918.
Inscription DON DES PAROISSIENS CONSOLATRICE DES AFFLIGÉS GUERRE 1914-1918.
La Vierge.
Une religieuse en cornette (probable sœur de la congrégation des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul) se penche sur le bras gauche garotté d'un blessé dont elle pose le pansement.
Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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b. Bannière de Jeanne d'Arc.
Inscription JHESUS MARIA.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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Bannière de Notre-Dame de Lourdes et de l'ange gardien
a) Bannière de l'ange gardien : soie rouge. Inscription SOYEZ MON GUIDE.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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b) Bannière de Notre-Dame-de-Lourdes.
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N-D. DE LOURDES PRIEZ POUR NOUS.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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La plaque tombale du dernier grenadier de Napoléon.
"Michel Hicher, grenadier de la garde impériale, est décédé à Trégarvan le 8 août 1857. En 2014, la plaque a été .redorée :
« Ici repose Michel Hicher né à Plonévez-Porzay, grenadier du 1er régiment de l'ex-garde impériale, Chevalier de la Légion d'honneur, décédé à Trégarvan le 8 août 1857 à l'âge de 86 ans ».
Deux articles de Jean-Jacques Kerdreux et de Patrick Jadé ont donné tous les renseignements sur ce grenadier : présentées dans « Avel Gornog » n°22 d'août 2013.
Michel Hicher est né en 1771, au moulin de Lesvren en Plonévez-Porzay, dans une famille de meuniers de Dinéault (moulin de Tréfiec depuis 1760). Il fut enrôlé comme soldat de la Révolution lors de la levée en masse de 1794. ll devient fusillier du 1er bataillon des Ardennes.
Mesurant plus de 1,70 m, il devint grenadier dans l'armée d'Italie, sous les ordres de Napoléon Bonaparte.
Dans la 106e demi-brigade, il participe à la défense de Gènes en avril-juin 1800. Il est en Autriche en 1805, 1809, puis intègre le 1er régiment de grenadiers à pied de la garde impériale, l'une des quatre seules unités de la Vieille Garde et "la plus valeureuse de tous les temps". Cette unité accompagne Napoléon jusqu'à Moscou, et parvient à garder un ordre à peu près régulier pendant la retraite de Russie.
Puis c'est la campagne d'Allemagne en 1813, puis la campagne de France en 1814, au cours de laquelle Michel Hicher reçoit la Légion d'honneur le 2 avril 1814, juste avant l'abdication de Napoléon le 6 avril. Il participe à la campagne de Belgique en 1815 mais est absent à Waterloo le 18 juin.
En 1815, après 23 ans et 6 mois de service dont 23 ans de campagne, il revient à Dinéault comme cultivateur. Il se marie le 25 septembre 1918 à Dinéault avec Laurence Bescou de Trégarvan et s'installe à Brigneun (Trégarvan). Il aura cinq enfants et aujourd'hui, plusieurs de ses descendants habitent la commune.
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Cimetière de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
— CASTEL, Yves-Pascal. Atlas des croix et calvaires du Finistère. Société archéologique du Finistère, 1980. Quimper, p. 356-357.
— CHAURIS, Louis. (2015) Pour une géo-archéologie du Patrimoine : Pierres, carrières et constructions en Bretagne. Revue archéologique de l ouest p. 259-283
https://journals.openedition.org/rao/925?lang=en
La langue bretonne emploie quelques termes pour désigner les roches, mais ceux-ci s’avèrent dans l’ensemble peu précis. Ainsi, la dolérite, appelée mein houarn ou menhouarn (pierre de fer), en raison de sa ténacité, n’est aucunement un minerai de ce métal. En presqu’île de Crozon, lorsqu’elles est altérée, la même roche est dénommée men rouz (pierre rousse) du fait de sa teinte ; plusieurs parcelles l’évoquent ainsi à Crozon : « Men roux » (section 36, n° 1364 à 1374) et « Parc Men roux » (section n° 36, n° 1375). Parfois, (à Trégarvan ou à Dinéault), les cultivateurs appellent la dolérite « Kerzanton », confusion éminemment fâcheuse (Chauris et Kerdreux, 2000). Il est rare qu’en breton le toponyme indique la nature de la pierre de manière relativement précise.
— CHAURIS, L., KERDREUX, J.-J., 2000 – La dolérite : une pierre de construction singulière en presqu’île de Crozon, Avel Gornog (Crozon), 8, p. 18-23.
On trouve de la dolérite par exemple dans certains gisements affleurants dans le centre de la Bretagne et notamment près du village de Plussulien sur le site de Quelfennec qui est connu comme étant l'un des principaux sites de fabrication de haches polies de la période Néolithique qui s'exportèrent dans tout l'ouest de la France.
—CHAURIS, Louis. Un projet de haut fourneau à Trégarvan au XIXe siècle. Dans : Les Cahiers de l´Iroise, n° 147. Brest, 1990, p. 156-163.
— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred), 1988,, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.;
"TREGARVAN Ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841.
EGLISE SAINT-BUDOC En forme de croix latine, elle comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un choeur profond terminé par un chevet à trois pans.
L'édifice présente des restes du XVIè siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIè siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions :
" BVZEC : CAPITEN : F : 1629. " au pan sud du chevet,
" N : LE SCOARNEC. FAB. 1658. " sur le mur de la sacristie,
" M : I : MAZEAV : FA : 1676. " sur la corniche du choeur,
" 1696 " et " MORO. F. " sous la galerie du clocher, côté sud, -
" M : Y : CAPITAINE : P :/I : GOVEOC : A : MARC : 1706. " sur un pilier de la nef,
" YVO CAPITE.../PETON. 1590. " sur un autre pilier de la nef,
" I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef,
" MI CAPITEN PBRE. " sur une sablière du choeur.
L'accès au clocher est extérieur. Une galerie à forte balustrade classique entoure la chambre de cloches. Au sommet des gables de la flèche, mascarons ; autres mascarons sur les arêtes. Ossuaire d'attache à deux baies. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept.
Mobilier Maître-autel en tombeau galbé. - Deux autels latéraux : au sud, petit retable à quatre colonnes lisses ; au nord, retable à deux colonnes torsadées évidées, représentation en bas-relief polychrome de saint Etienne dans le panneau central, et martyre du diacre dans la prédelle. Fonts baptismaux de granit."
Statues anciennes
- en pierre polychrome : saint " BVDOC " ;
- en bois polychrome : Dieu le Père portant la tiare et assis sur son trône, XVIIe siècle (porche),
-saint Pierre,
-saint Sébastien, XVIIe siècle (C.),
-saint Roch, XVIIe siècle (C.),
-sainte Marguerite, XVIIe siècle (C.),
-saint Antoine ermite, XVIIe siècle,
-Vierge de Pitié, XVIe siècle (C.),
-Christ en croix, XVIe siècle ;
- en bois doré : Immaculée Conception (statuette de procession), XVIIIe siècle.
Trois vitraux figuratifs dans le choeur, vers 1946.
Cadran solaire de 1698.
A l'entrée de l'enclos, deux statues en kersanton :
Vierge de Pitié à genoux, contemplant son Fils étendu à terre et dont deux anges soutiennent la tête et les pieds ;
- saint Budoc en évêque.
Dans l'enclos, calvaire aux sculptures rongées par le temps, consoles vides ; sur le socle : " M Vc XXVII.
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 60 et 147.
— — OGEE, Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne. 1ère édition 1778-1780. Nouvelle édition, revue et augmentée par MM. A. Marteville, et P. Varin, avec la collaboration principale de MM. De Blois, Ducrest de Villeneuve, Guépin de Nantes et Lehuérou. Rennes, 1843, p. 917.
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L'église de Dinéault renferme deux bannières placées dans la nef derrière les piliers précédant le chœur : l'une date de 1925 et l'autre de 1958.
On trouve aussi sur la tribune 4 bannières de confrérie.
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I. La bannière de la Crucifixion / Saint Exupère et Marie-Madeleine.
Longueur : 160 cm. Largeur 115 cm
Il s'agit d'une reconstitution d'une bannière du XVIème (?? plutôt XVIIe) siècle, réalisée en 1925 (sous le le recteur Guennec) par les religieuses de l'Adoration de Quimper. Une restauration a été effectuée dans les années 2000.
Les sœurs de l'Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, établies à Quimper de 1836 à 2013 pour y tenir un orphelinat Rue de la Providence, et d'une maison de retraite en 1896 (création d'une maison à Brest en 1851 et à Morlaix en 1923) étaient au nombre de 200 en 1900.
1°) La Crucifixion.
—Fond : a) tissu de velours bronze ou or uni pailleté de sequins argent b) en bas, pour le sol, satin bleu et rose.
—Sujet : Crucifixion entre la Vierge et saint Jean. Le crâne et les ossements rappellent le nom du Golgotha "le lieu du crâne", mais aussi le crâne d'Adam dont le péché est racheté par le sacrifice du Christ.
— Broderies d'accompagnement : 6 bouquets identiques en fil argenté.
—Bordure : galons d'or. La scène historiée est isolée par une bande de rinceaux en bas et sur les cotés.
— Gousset : alternance de tissus de velours des couleurs vert bronze et rouge du recto et du verso. La bande supérieure forme gousset, dans lequel passe la traverse horizontale.
— Lambrequin : à cinq festons rectangulaires alternant les couleurs vert bronze et rouge, galonnés et frangés de glands de fils bleus et jaunes réunis par une surliure bleue. Chaque feston est orné d'un fleuron, bouquet de fleurs de deux dessins différents. Une fleur réunit 14 pétales autour d'un séquin .
— Clochettes : non. Pas de glands en pompons entre les festons.
— Support : en métal (laiton), avec une croix au sommet et des pommes aux extrémités .
Le sujet principal, le Calvaire (Christ en croix entre Marie et Jean), répond au poncif de la trentaine d'exemples de Crucifixion du corpus de bannières anciennes de Basse-Bretagne :
"La croix est solidement fixée par des coins dans un sol fleuri, vue en très légère contre plongée car on en voit l'épaisseur. Ce parti permet de mettre en évidence les yeux levés du Christ, crucifixion d 'avant l'instant de la mort, lorsqu'il prononce ses derniers mots « tout est achevé ». Le sang qui coule du côté rappelle le coup de lance, donné après la mort . Les deux pieds sont posés côte à côte. Un crâne est au pied de la croix, sur l'herbe, parfois accompagné des deux tibias croisés, rappelant que le lieu de la crucifixion s'appelait Golgotha, le lieu du Crâne. On a pu y voir aussi le symbole d'Adam, enfin racheté par la mort du Christ. Plus certainement, pour les croyants de cette époque, ce crâne, se détachant sur l'herbe verte, toutes dents dehors, est une évocation de leur propre fin dernière. On sait l'importance des ossuaires et reliquaires d'attache dans toute cette région immédiate. La scène du Calvaire avec les seuls Marie et Jean « le disciple qu'il aimait » est la plus fréquente. La mère à la droite de son Fils, les mains jointes, le disciple semblant converser, s'adresser au crucifié. C'est un motif innombrable en peinture, reproduit et diffusé sous forme de gravures . Dans une autre version (le Cloitre-Pleyben, Pleyber-Christ, Saint-Pol de Léon, Cotascorn, Plouguerneau, Le Minihy-Tréguier, Saint-Pierre-Quilbignon, Plougourvest ) c'est Jean qui a les mains jointes et la mère qui semble s'adresser à son Fils, comme dans le tableau de Guido Reni (1624). C'est le dernier échange filial, lorsque Jésus dit à sa mère « Femme voici ton fils » et à Jean « Voici ta mère ». Phrases qui fondent, légitiment, l'affection que les fidèles portent à la Vierge, la dévotion mariale qui a marqué la chrétienté, et singulièrement la Basse- Bretagne. "(d'après C. Guillou 2010)
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Bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le Christ.
Bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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La Vierge.
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La Vierge, bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Le nimbe est réalisé en tissu jaune recouvert d'un treillis de fils brillants : il n'a pas la qualité des nimbes en couchures des bannières anciennes (voir celles de Dirinon).
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La Vierge, bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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La Vierge, bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Saint Jean.
Ses bras sont croisés sur la poitrine, son cou est tendu vers l'avant. Le regard est lourd, seule la partie inférieure de la conjonctive est visible. Le nimbe est réalisé en tissu jaune recouvert d'un passage horizontal de fils brillants, assez fragile et qui se détériore.
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Saint Jean, bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Détail : une fleur du sol.
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Bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Détail. Glands de passementerie. Cannetille et filets de fils.
Glands de passementerie. Bannière de la Crucifixion (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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2°) Saint Exupère et sainte Marie-Madeleine.
—Fond : a) tissu de velours rouge uni pailleté de sequins argent b) en bas, pour le sol, satin bleu et rose.
— Sujet :Les deux personnages réunis ici sont saint Exupère (Sant Dispar), patron de la chapelle éponyme, et sainte Marie-Madeleine (Santez Mari-Madalen), titulaire de l'église. Ils apparaissaient déjà (quoique le saint évêque y soit intitulé "saint Paterne) sur le vitrail de 1535 de la chapelle Saint-Exupère (aujourd'hui au Musée Départemental de Quimper). L'église conserve aussi une statue en bois du saint, datant du XVe siècle et provenant de la même chapelle.
De même, l'église conserve, ornant le chœur, une statue en bois de Marie-Madeleine datant du XVIIe siècle.
Le couple Saint-évêque / Marie-Madeleine figure aussi sur le calvaire de l'église datant de 1550, 1648 et 1696
— Broderies d'accompagnement : 3 grands bouquets identiques et 3 petits bouquets en fil argenté.
—Bordure, Gousset et Lambrequin : identiques au coté Crucifixion.
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Bannière de la Crucifixion et de saint Exupère et sainte Marie-Madeleine (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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1°) Saint Exupère.
Aucune inscription et aucun attribut ne permet de l'identifier. En effet, il reproduit le poncif d'un saint évêque, certes différent de l' "évêque modèle de la réforme tridentine" décrit par Christiane Guillou, et qui est figuré de 3/4, en mouvement et le pied en avant. Ici, il est de face, bénissant de la main droite et tenant la crosse de l'autre, portant la mitre, l'étole, la cape et le surplis ou dalmatique de dentelle.
Saint Exupère, ami et contemporain de saint Jérôme, fut évêque de Toulouse au Ve siècle. On peut penser que saint Dispar , dont le nom breton signifie "sans pareil", mais qui ne figure pas au calendrier romain, a du, pour s'y conformer, être apparenté ou assimilé à un saint du rituel romain par rapprochement de sonorité avec celui de l'évêque de Toulouse.
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Bannière de la Crucifixion et de saint Exupère et sainte Marie-Madeleine (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Saint Exupère, Bannière de saint Exupère et sainte Marie-Madeleine (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Sainte Marie-Madeleine.
Quoique je l'ai d'abord identifiée comme saint Jean tenant son calice, on la reconnaît à ses cheveux longs et à son flacon d'onguent.
Sainte Marie-Madeleine. Bannière de saint Exupère et sainte Marie-Madeleine (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Sainte Marie-Madeleine. Bannière de saint Exupère et sainte Marie-Madeleine (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Bannière de saint Exupère et sainte Marie-Madeleine (1925), église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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II. La bannière de 1958 : Sainte Marie-Madeleine / Saint Exupère.
Longueur 154 cm Largeur 105 cm.
1°) Sainte Marie-Madeleine.
Inscription : Ste MARIE-MADELEINE / 1958.
—Fond : tissu de velours rouge-pourpre uni.
—Sujet : Marie-Madeleine tenant un calice (de parfum versé sur les pieds de Jésus selon Jean 12:2-3, ou plutôt d'onguent ou "d'aromates" (Marc16:1) pour l'embaumement du Christ.
— Broderies d'accompagnement : inscription et chronogramme ; 9 fleurons de 4 pétales ; 2 rameaux fleuris noués par un ruban ; 2 petits rameaux fleuris.
—Bordure : galons d'or.
— Gousset : La bande supérieure forme gousset, dans lequel passe la traverse horizontale.
— Lambrequin : à trois festons en ogive, largement bordés de cannetilles.
— Clochettes : non. Présence de glands et cannetilles entre les festons.
— Support : en métal avec une croix ouvragée au sommet.
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Bannière de 1958 : Sainte Marie-Madeleine, église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Bannière de 1958 : Sainte Marie-Madeleine, église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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2°) Saint Exupère.
Inscription : PAROISSE DE DINEAULT / ST EXUPERE P.P.N
—Fond : tissu de velours rouge bordeau uni.
—Sujet : Saint Exupère en évêque, le haut du corps tourné vers la gauche, bénissant.
— Broderies d'accompagnement : inscription et chronogramme ; 9 fleurons de 4 pétales ; 2 rameaux fleuris noués par un ruban ; 2 étoiles ; 1 petit rameau fleuri.
—Bordure , Gousset , Lambrequin , Support : comme la face opposée.
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Saint Exupère. Bannière de 1958, église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Les quatre bannières de la tribune.
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Bannières sur la tribune de l' église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Bannière Saint-Louis de Gonzague.
Cet étudiant jésuite mort à Rome en 1591 au service des pestiférés est le saint patron de la jeunesse catholique ; un collège et un lycée de Chateaulin portent ce nom.
Fond de velours bleu. Inscription St LOUIS DE GONZAGUE PRIEZ POUR NOUS. Deux tiges de lys sont croisées.
Bannière Saint Louis de Gonzague, église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Bannière eucharistique ?
Fond blanc. Christ (ou saint Joseph) bénissant et regardant un lys à ses pieds. Pampres, croix et fleurs en périphérie.
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Bannière eucharistique (?) église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Bannière de l'Immaculée-Conception.
Fond blanc.
Bannière de l'Immaculée-Conception, église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Bannière de Sainte Anne éducatrice.
Fond or. Sainte Anne et la Vierge, entourés d'un rinceau..
Bannière de sainte Anne, église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault. Photographie lavieb-aile février 2017.
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SOURCES ET LIENS.
Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, "[Notices sur les paroisses] Dinéault",Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 7e année, 1907, p. 171-187.
— GUILLOU (Christiane Hermelin), Les bannières de Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les ”vieilles” bannières. 79 pages + 38 illustrations hors texte Ceci est le chapitre d’une thè se en cours. 2010.
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L'église Sainte-Nonne de Dirinon possède deux bannières du XVIIIe siècle, classées au titre des monuments historiques. Celles-ci appartiennent au corpus de 43 bannières classées datant de l'Ancien Régime en Basse-Bretagne, très majoritairement dans le nord (Léon et Trégor) et étudié par C. Guillou.
Je décrirai donc, sans compétence mais en m'appuyant notamment sur les publications de cet auteur:
1. La bannière de l'Assomption / de Saint Divy.
2. La bannière de la Crucifixion / Rosaire.
Cet ensemble est bien représentatif du corpus, puisqu'il associe les quatre motifs majeurs : la dévotion au Christ (Crucifixion) et à la Vierge (Assomption), au saint patron (Saint Divy) et à une Confrérie ( Rosaire) : bannières liturgique, paroissiale, et de confrérie.
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Le support.
"L'archétype des bannières basses bretonnes, c'est un tableau de velours brodé, porté en procession, qui doit être vu de loin, comme tout signe de ralliement. Le support doit donc être très haut, un mât qui peut atteindre quatre mètres, pour permettre la visibilité, mais aussi la lisibilité de l'image, ce qui suppose une traverse horizontale solidement fixée, afin que la bannière se rapproche autant que faire se peut d'un tableau en promenade. On y adjoint des haubans, des cordelières en passementerie, pour faire face aux coups de vent : qu'ils soient de soie, d'or ou d'argent ne doit pas faire illusion, ce sont d'abord des cordages qui doivent permettre de redresser la bannière par grand vent. Le porteur maladroit qui laisse sa bannière faire ventouse est bien aise du renfort de ses deux acolytes manœuvrant en force les agrès. Les extrémités de la traverse sont agrémentées de deux grosses pommes de bois, dorées voire peintes de couleurs vives. Ce sont parfois des boules recouvertes de passementerie, dont l'origine, est inconnue : pen baz lorsque le bois est nu, amortisseur des heurts et des coups lors des rixes, dont Georges Provost a relevé la survenue pour des motifs pieux ou de rivalité villageoise. " (C. Guillou, 2010)
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1. Bannière n° 1 de l'Assomption / de saint Divy.
Bannière de procession classée MH au titre d'objet le 15 juillet 1993. Tissu rouge uni brodé de 1,70 m de haut et 1,10 m de large daté du 1er quart du XVIIIIe siècle (données de l'Inventaire PM29003832 ), très restaurée.
A. L'Assomption.
—Fond : tissu de velours rouge uni pailleté de sequins et orné en périphérie de 12 fleurs brodées à quatre pétales.
—Sujet : la Vierge, couronnée, bras ouverts, monte parmi les nuées, soutenue par deux anges et deux angelots. Les visages, bras et jambes sont en tissu rapporté et peint,
"Les superbes Assomptions, portée par 4 anges, de Locquénolé et de Hengoat reprennent un modèle connu de Poussin. Peint en 1649, reproduit en gravure dès l'année suivante, ce qui facilite les copies soit sous forme de tableau soit sous forme de bannière : l'image étant alors détourée, ne conservant que les personnages, au détriment du paysage.
"On est frappé aussi par la rapidité d'adoption de certains modèles comme l'Assomption de la Vierge. Réalisée par Poussin à Rome en 1649, la reproduction gravée intervient dès 1650. Elle est copiée en l'église de Saint Thégonnec, traduite en bannière à Locquénolé, et à Hengoat, à une date indéterminée, vraisemblablement entre le dernier quart du XVIIe et le tout début du XVIIIe par un atelier inconnu de très grande qualité. L'Assomption à deux anges et un angelot [?] de Dirinon, a les bras ouverts et moins d'élan. (inspirée du Titien ?). Mais la rénovation lui a fait, sans nul doute, perdre de son caractère et de son charme." (C. Guillou 2010)
Les nuées et les auréoles sont brodées selon le procédé de la couchure :
De Saint-Aubin* écrit à propos de la broderie en couchure que « Comme les points de soie de la couchure paroissent beaucoup , on lui donne le nom de la figure que ces points expriment par leur rencontre ; ainsi on dit couchure de deux points , en chevron , en losange , en serpenteau , &c » et ajoute qu’on fait « … des fonds entiers de grands ronds tournés en spirale … en les commençant chacun par leur centre. Ces ronds en se mêlant les uns dans les autres , reçoivent différents rayons de lumière dont le mélange est fort agréable…» comme le montre clairement la reproduction ci-dessus.* Saint-Aubin (Charles-Germain de), 1770 L'art du brodeur, , réédité par le Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles, 1983. Cité par http://www.plaisirstextiles.com/
"– Couchure simple : Fils métalliques groupés, placés à plat à la surface du tissu, sans le traverser, et maintenus par des points de fixation disposés en quinconce. Lorsque ces points de fixation forment des motifs (damiers, chevrons, à bâtons rompus ) c'est une couchure à point de figure;
– Couchure de fils textiles : le principe et le même. Comme elle est employée le plus souvent pour de grandes surfaces, les points de fixation se font en deux temps : d'abord de longs points couchés par-dessus, et perpendiculairement, à la série de fils initiaux Ce sont les barres (ou barrettes) de fixation). Puis fixation de ces points perpendiculaires, en plusieurs endroits, par de petits points souvent invisibles qui, cette fois, traversent le support. Les sols d'herbe des scènes de Calvaire, sont des couchures. Les longs traits blancs sont les restes des anciennes barres de fixation : l'âme des fils. Les travaux savants autour de la Tapisserie de Bayeux ont remis en évidence ce point un peu passé de mode. La technique de la couchure est économe en fil (un seul passage de fil noble, les fils de fixation pouvant être de matériaux moins riches). Elle a été utilisée dans quasiment toutes les civilisations. Les bannières utilisent la couchure en rond ou en spirale en argent clair pour les nuées, en or sombre brun rouge en arrière fond. Voire pour l'anatomie des personnages. Comme toute broderie qui a recréé un nouveau fond, les couchures peuvent être rebrodées. L’or nué, très utilisé au Moyen Âge, est une couchure d’or servant de support à des broderies au point passé de soies multicolores." (C. Guillou 2010)
—Bordure : galons d'or.
— Gousset : non cousu sauf aux extrémités : La bande supérieure forme gousset, dans lequel passe la traverse horizontale.
— Lambrequin : à cinq festons (rectangle + pointe triangulaire) galonnés et frangés de cannetille. Chaque feston est orné d'un fleuron, bouquet de fleurs, de métal et de soie. La fleur réunit 16 pétales autour d'un cœur rouge quadrillé. Au creux des festons étaient suspendus des sortes de pompons de passementerie plissée, dissimulant des clochettes en bronze.
— Clochettes : non.
— Support : en bois, sans prétention et sans-doute récent.
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Assomption, Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Vues de détails.
Des serpentins de fil sont cousus au dessus du tissu brodé, entourant les parties en tissu peint, ou traçant les lignes des plis des vêtements.
Les visages peints sont opalins, d'un réalisme appliqué mais suranné.
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Assomption (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Le nimbe est formé de deux teintes de fils placés en lignes concentriques, et maintenus par des points de fixation radiants, "en soleil".
La couronne semble un élément rapporté par dessus le fond ; elle comporte des fils d'or et d'argent.
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Assomption (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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B. Saint Divy.
Très restaurée.
—Fond : velours brun-rouge semé de sequins dorés et de six bouquets au fil d'or et d'argent.
—Sujet : diverses étoffes brodées ; satin rose (mains) et saumon (revers de la chape) ; visage peint.
Saint Divy, patron de la paroisse avec sa mère sainte Nonne. Mais aucun attribut, aucune inscription ne permet d'identifier ce saint, qui est représenté de façon stéréotypé comme un saint évêque. Christiane Guillou a souligné combien ce qu'elle nomme "évêques « modèle » de la Réforme tridentine" se ressemblent tous :
"Quelques bannières anciennes portent inscrit, entre les passants du gousset, le nom de leur patron, comme Goulven ou Suliau. A Coatascorn on révère Maudez, à Grâces Léonard (le seul à ne pas être d'origine galloise ou bretonne), à Sizun c'est Suliau, à Plougourvest Paul Aurélien, mais toutes leurs bannières sont semblables, à quelques infimes détails près, alors que chaque paroisse pense détenir un objet original, unique. Sur fond de velours rouge, de velours jaune clair ou au contraire très sombre, se déploient des fleurons au-dessus d'un sol verdoyant et fleuri, d'esprit identique aux sols sur lesquels reposent les croix des Crucifixions ou les Donations du Rosaire. Un évêque s'avance. De l'évêque il a les attributs : la mitre, la crosse, les vêtements sacerdotaux, la croix pectorale, le tout richement brodé comme il sied à un membre du haut clergé. il n'est pas statique comme Paul Aurélien de Lampaul-Guimiliau. Il va vers la droite du tableau, en se servant de sa crosse comme d'un bâton de marche tenu de la main gauche . Sans prétendre à l'exhaustivité, les recherches faites, tant dans les galeries des musées que dans les ouvrages d'art, semblent prouver que cette utilisation de la crosse comme bâton de marche est peu fréquente, voire rare, ce qui tend, selon nous, à démontrer que le parti choisi est assumé, et volontairement démultiplié"
Saint Léonard à Grâces : "Ses vêtements accompagnent le mouvement, qui est sûr mais non précipité. A preuve, les plis de la soutane, du surplis qui suivent un même tracé : un léger arrondi déporté vers l'arrière. La main droite étendue à l'horizontale, au niveau de la taille, entraîne le pluvial qui se soulève à hauteur de l'épaule, élargissant visuellement la carrure, conférant importance et majesté au personnage. Seul le visage contrarie ce mouvement vers l'avant : il est lui, légèrement tourné vers l'arrière, regard dirigé vers le bas. On devine un interlocuteur invisible, en léger contrebas, non sans doute parce qu'il est plus petit, mais parce qu'il s'agit de quelqu'un ou de quelques uns qui lui doivent respect, en l'occurrence les fidèles. C'est un personnage dominant, mais son autorité est bienveillante à en croire l'expression de son visage. La main droite étendue pose question. Patrick Savidan y voit une main enseignante, à l'image de la main de Dieu, les trois premiers doigts allongés et les autres pliés, figuration classique de l'argumentation. Mais Léonard est main nue, et les clichés des autres évêques les montrent main gantée, ce qui est sans doute plus conforme à la pompe ecclésiastique mais rend le geste moins lisible – il peut alors tout aussi bien être interprété comme une invite à le suivre. La mitre, et l'importante auréole qui mord sur l'encadrement, accentuent cette sorte de déséquilibre, expression du dynamisme du personnage, souligné par l'inclinaison du bâton de la crosse. Enseignant ou guide, c'est bien l'évêque de la Réforme catholique, telle qu'elle se met en place en Bretagne, bien au-delà du personnage de Léonard, ermite, (qui fut baptisé par Rémi mais jamais évêque) partageant le sort des saints traditionnels bretons qu'on les nomme Suliau, Goulven ou Maudez. Savidan suggère comme date de confection de la bannière de Grâces, 1635, année de l'arrivée des dominicains à Guingamp. Les images véhiculées par les bannières ne sont pas celles des saints populaires. On y rechercherait vainement la trace des humbles moines (ou chefs de clan) venus d'outre-manche. Ce sont au contraire des évêques issus de l'aristocratie et, comme elle, vêtus de splendeur."
"On doit souligner surtout la perte d'identité des patrons bretons des paroisses. A part ceux des trois paroisses du pays des enclos, ils sont tous transformés en membres anonymes du Haut Clergé. C'est une image savante et... romaine donc internationale de l'évêque. Ailleurs ou à une autre époque on parlerait d'entreprise systématique d'acculturation. Plus de moines-évêques!. ... Les vieilles semi-légendes sont éradiquées. ..On peut penser que, en Basse-Bretagne, l'abondance et l'univocité des nouvelles images suffisent à diffuser la doctrine de la Réforme, sans recours aux destructions des statues des saints populaires, ni des Trône de Grâce par exemple." (C. Guillou)
—Bordure : sur trois cotés, bande de 10 cm environ de velours rouge brodé or et argent d'un rinceau de fleurs à quintefeuilles, et lys stylisé aux coins.
" Le fond achevé est calé par une bordure d'une dizaine de centimètres de large : une bande brodée, placée qui se déploie sur trois ou quatre côtés, parfois seulement sur deux . Son absence est caractéristique des scènes, des tableaux de taille exceptionnelle. Les motifs sont soit des fleurs semblables à celles du panneau central mais reliées en guirlande, soit un motif non figuratif. Les angles prennent la forme de la fleur de lys stylisée. Si le motif est floral, la fleur est proche soit de celle qui orne les festons du lambrequin, soit de l'une de celle des bouquets. On voit aussi apparaître une énigmatique fleur-fruit (saint Pierre de Locmélar) en couchure en rond, d'où émergent quatre gros pistils. Des feuilles enroulées prennent la forme des gisehs indiens. Les rameaux se superposent, s'entrecroisent, savoir faire de brodeur. Le plus souvent d'un ton contrasté - rouge si le panneau est vert, vert si le panneau est rouge- ce cadre de tissu cale la bannière-tableau et lui confère une grande élégance .C'est en particulier le cas de tous les « saint Pierre, portier du ciel » comme des « saints Evêques de la Réforme » et pourrait être comme la signature des bannières basse bretonnes, commune aux Landais de Lannion ( Tréflez ) aux Tuberville de Quimper ou Morlaix (le Cloître-Pleyben) et à Marzin de Guingamp pour Grâces . Outre leur fonction esthétique ces bandes rapportées participent à la consolidation de l'ouvrage en répartissant le poids du tissu et les tensions qui s'exercent sur les fils de chaîne comme de trame. En outre, et les concepteurs l'avaient sans doute prévu, la place des consolidations ultérieures est ainsi préparée, on constate que la plupart de ces cadres sont aujourd'hui renforcés d'un fort galon ( Le Minihy-Tréguier)." (C. Guillou 2010)
— Gousset : cf. Assomption.
— Lambrequin : cf. Assomption. Fleurs à trois pétales émergeant d'un bouquet.
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Saint Divy, Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Détails.
"Divy, le saint patron de Dirinon est éclatant, par la grâce d'un satin rose qui double le pluvial en lamé doré orné de paillettes, remplaçant les broderies initiales.
Etait-ce un choix cornélien soit une bannière remisée au fond d'un placard soit cet objet quasi nouveau ? en l'absence d'informations sur l'original, que Couffon qualifie seulement d'ancien, on ne peut que dresser constat. Le problème n'est pas récent, déjà le BDHA évoquait « les deux vieilles bannières restaurées ou presque renouvelées [BDHA 1907 notice Dirinon, p. 193] » (C. Guillou)
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Saint Divy, (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Couchures métalliques : je les décrirai comme je peux :
Le nimbe du saint est réalisé par des cercles concentriques de fil d'or et d'argent couchés par des points de fixation en rayons de soleil.
La mitre est, elle, réalisée par l'application sur la toile de lames ou fins rubans métalliques gris maintenus par faufilage d'un fil de fixation.
Ces dessins sont circonscrits par un cordon (textile ou métallique) lui-même fixé par faufilage.
L'orfroi de la chape est rendu par des entrelacs d'un cordonnet gris (âme de coton entouré de tissu)
Etc...
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Saint Divy, (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Cette bannière n'est pas, on s'en doute, une œuvre isolée, mais elle s'intègre à un ensemble liturgique et cultuel d'une part, à une collectivité paroissiale d'autre part, et à une histoire locale. Ainsi, Saint Divy est figuré sur cette bannière car si Dirinon, (1173), "ecclesia Sanctae Nonnitae," (1218) , ancien prieuré de l'abbaye de Daoulas, tirerait son nom de Sainte Nonne, la paroisse voue également un culte à son fils Saint Dewi, patron du Pays de Galles, qui a sa chapelle à Lannuzel et sa fontaine à Kerverrot, mais aussi sa statue dans la nef. Et c'est sans-doute lui qui figure, à coté de saint Corentin, dans une niche du retable de la Trinité, devant lequel la bannière trouve sa place traditionnelle. La chapelle date de 1702, alors que le retable et la bannière sont tous deux datés de la même époque, au début du XVIIIe siècle.
Moine de règle celtique, saint Divy fonde un monastère à Ménévie, au sud-ouest du pays de Galles. Il en devient évêque-abbé, et meurt en 588 ou 589.
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Statue de saint Divy, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Retable de la Trinité et bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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2. La bannière n° 2 de la Crucifixion / Rosaire.
Bannière de procession datée du 1er quart du XVIIIIe siècle classée MH au titre d'objet le 15 juillet 1993. Tissu rouge uni brodé de 1,65 m de haut et 1,05 m de large. (données de l'Inventaire PM29003833 ), très restaurée.
— Support : traverse en bois soignée, aux belles pommes de bois peint en doré et aux glands de passementerie. Hampe surmontée d'une croix pattée en métal.
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A. Crucifixion.
—Fond : Tissu de velours uni semé de sequins dorés et orné de quatre bouquets et deux fleurs, or et argent.
—Sujet : Crucifixion. Sol de velours gris associant rocailles et fleurs, et crâne ("d'Adam") et ossements en tissu peint. Christ en croix au dessous du titulus INRI. Le corps et le titulus sont peints, la croix, le nimbe et le perizonium sont brodés (couchure).
"Les Crucifixions sont nombreuses, près d'une trentaine (27/43) Pour tous le même schéma, le même traitement : un seul « poncif » a servi de modèle, à des ateliers différents. La croix est solidement fixée par des coins dans un sol fleuri, vue en très légère contre plongée car on en voit l'épaisseur. Ce parti permet de mettre en évidence les yeux levés du Christ, crucifixion d 'avant l'instant de la mort, lorsqu'il prononce ses derniers mots « tout est achevé ». Le sang qui coule du côté rappelle le coup de lance, donné après la mort (Jean 19 v 31-35 ), cette contradiction, qui valut à certains peintres des difficultés de diffusion de leurs oeuvres, ne semble pas troubler les dessinateurs de bannière, qui pour accentuer le symbolisme, donnent aux gouttes de sang la forme d'une grappe de raisin ( Plougourvest ). Les fidèles d'aujourd'hui semblent ignorer ce qui leur paraît des subtilités sans objet. Les deux pieds sont posés côte à côte. Un crâne est au pied de la croix, sur l'herbe, parfois accompagné des deux tibias croisés, rappelant que le lieu de la crucifixion s'appelait Golgotha, le lieu du Crâne. On a pu y voir aussi le symbole d'Adam, enfin racheté par la mort du Christ. Plus certainement, pour les croyants de cette époque, ce crâne, se détachant sur l'herbe verte, toutes dents dehors, est une évocation de leur propre fin dernière On sait l'importance des ossuaires et reliquaires d'attache dans toute cette région immédiate. Le Christ est, on l'a signalé, le plus souvent peint sur toile fine, parfois rebrodée de points de traits soulignant l'anatomie, parfois en points fendus comme une peinture à l'aiguille. " (C. Guillou 2010)
—Bordure : sur les cotés droit et gauche, fin galon frangé de cannetille.
— Gousset : constitué de cinq bandes alternativement rouge et or
— Lambrequin : cinq festons arrondis sont bordés d'une large frange de cannetille , au creux desquels sont suspendus en sortes de pompons des glands de passementerie et cannetille, qui dissimule des clochettes en bronze.
"Les lambrequins des bannières sorties des ateliers Landais, Tuberville, Marzin sont découpés en cinq festons ronds, très réguliers, dont les creux reçoivent quatre clochettes de bronze. Dorées à Plougourvest, elles sont le plus souvent dissimulées par une jupe de passementerie. Frangés de cannetille et galonnés d'or, ornés d'un motif extrait d'un fleuron, les lambrequins assument la double fonction d'orner élégamment le bas de la bannière et d'améliorer sa tenue au vent."
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Crucifixion, Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Crucifixion, Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Détails.
Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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B. Rosaire.
—Fond : Velours rouge semé en quinconce de petits séquins argentés.
—Sujet : "Donation du Rosaire", bannière de confrérie. Il s'agit de la traduction brodée du retable qui accompagne la fondation d'une confrérie. C. Guillou en dénombre 10 sur les 43 bannières de son étude.
"D'après certains auteurs, la Bretagne a connu de très bonne heure la pratique du Rosaire : le chevalier-moine Alain de la Roche la propagea dans le pays de Dinan dès le XIIIe siècle. Que la Bretagne ait entendu les sermons d'Alain de la Roche, ou qu'elle ne les ait connus que par des résumés transcrits par ses confrères dominicains, il est certain qu'en cette province il fit des adeptes, puisque ce fut à la demande du duc François II et de la duchesse Marguerite de Foix que, le 12 mai 1479, le pape Sixte IV promulgua une bulle approuvant la dévotion du Rosaire et accordant des indulgences aux fidèles qui le réciteraient.
Les confréries du Rosaire sont, de toutes les associations de Basse-Bretagne, celles qui ont laissé le plus grand nombre de monuments de leurs générosités ; mais ces monuments ne sont pas anciens, car elles ne commencèrent à se répandre que vers 1630. Etablies dans la plupart des paroisses, elles survécurent à la Révolution; mais elles se montrèrent moins actives et moins généreuses au XVIIIe siècle que pendant le siècle précédent.
C'était le privilège de l'ordre des Dominicains d'établir la confrérie dans les différentes paroisses, mais c'était toujours à la condition que la confrérie aurait dans l'église son autel particulier, surmonté d'une représentation peinte ou sculptée de la sainte Vierge remettant le chapelet à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne. Ce tableau principal, ou ce groupe en bas-relief ou en haut-relief, était généralement entouré de quinze médaillons représentant les quinze mystères." (Bienheureux Alain de la Roche)
" Le schéma iconique est le même que celui des tableaux, mais simplifié, sans les médaillons des mystères. La Vierge au centre, assise, tenant l'enfant assis sur son genou droit. L'enfant se penche vers Dominique à genoux, en habit noir et blanc de son ordre, symétriquement, Catherine pareillement vêtue, mais couronnée d'épines. Tous deux tiennent à la main un bouquet de fleurs blanches. Des divers attributs dont sont parfois enrichis les nombreux tableaux ne restent que l'orbe au sol et deux fois au moins le livre ouvert. " (C. Guillou 2010)
—Bordure : fin galon et franche de cannetille
— Gousset : cf. Crucifixion.
— Lambrequin : cf. Crucifixion. Bouquet à fleur à cinq pétales blancs.
Rosaire, bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Rosaire, détails. Tête de la Vierge.
La tête est peinte sur toile fine cernée d'un cordon marron. Le nimbe traité en couchure alterne des cordons marron clair à points de fixation radiants et de grands sequins argent tenus par un fil concentrique.
Tête de la Vierge, Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Détail : l'Enfant-Jésus.
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l'Enfant-Jésus. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Détail : Sainte Catherine de Sienne .
Sainte Catherine de Sienne . Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Saint Dominique de Guzman.
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Saint Dominique de Guzman. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Détails : anges des nuées.
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Un ange des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Autre ange.
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Un ange des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Couchure concentrique des nuées.
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Couchure concentrique des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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L'un ces cinq glands de cannetille, dissimulant une clochette.
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Gland de cannetille de la bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Clochette de la bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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La bannière du Rosaire dans son contexte.
Comme la bannière de saint Divy placée devant sa statue devant le retable de la Trinité, à droite du chœur, celle-ci est placée devant l'autel du bras nord du chœur, face au retable du Rosaire.
Note : Couffon indique "Retable du Rosaire, autrefois maître-autel : il fut commandé le 26 septembre 1724 à Fenestre, sculpteur à Quimper, ainsi qu'un retable du Saint-Sacrement." Cette commande survient peu après l'agrandissement de l'église et l'élargissement du transept, en 1712-1714.
Mais les statues de saint Dominique et de sainte Catherine ont été attribuées en 1988 par Y-P. Castel à Jean Berthoulous ou Bertoulous, sculpteur qui eut son atelier à Morlaix en 1630 (porte du tabernacle de Sainte-Melaine 1639) avant de le transférer sur Brest. Il est l'auteur des retables de Plougastel-Daoulas (Rosaire, 1654), Saint-Thégonnec (1668), Sizun (Rosaire,1655), Plougasnou (Rosaire, 1667-1668), Saint-Jean-du Doigt (1646-1647).
La date retenue par Couffon n'est pas complètement compatible avec cette attribution des deux sculptures à Jean Berthoulous : cela suppose un réemploi depuis un retable antérieur.
J'ajouterai que les auteurs de la monographie de l'APEVE signalent la particularité de la Vierge à l'Enfant : "l'enfant semble sortir d'une poche". or, cette particularité, qualifiée de "Vierge kangourou" est aussi propre à Jean Berthoulous et on la retrouve à Plougastel, Sizun, Plougasnou. Ce sont donc les trois statues de la Vierge, de saint Dominique et de sainte Catherine qui proviennent d'un retable antérieur du au ciseau de Berthoulous.
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Retable du Rosaire, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Retable du Rosaire et sa bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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3. AUTRES BANNIÈRES.
a) Bannière de Sainte Nonne (moderne)
Bannière de Sainte-Nonne, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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Bannière de sainte Nonne : recto, l'Immaculée Conception et le monogramme marial MA.
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Bannière de Sainte-Nonne, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
b)
Bannière de sainte Anne éducatrice, bas-coté sud
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Bannière de sainte Anne éducatrice, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.
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L'ARMOIRE À BANNIÈRES.
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Les bannières de l'église de Dirinon sont, comme ailleurs, conservées dans une "armoire à bannière", meuble singulièrement adapté à cet usage par sa forme en T. La partie haute est une armoire habituelle, mais elle s'accorde avec une partie basse semblable au coffre d'une horloge. Ainsi, les bannières sont rangées sur leur support, la hampe se logeant dans la partie étroite bien-sûr. Elles trouvent place au bas de la nef et accueillent les bannières qui ne sont pas "à poste", dans le chœur. Certaines armoires sont anciennes, datant du XVIIe siècle et parfois datées, mais celle de Dirinon est en bois vulgaire et date sans-doute du début du XXe siècle.
Aujourd'hui encore, l'armoire de Dirinon renferme six bannières en plus des quatre qui sont soit dans le chœur ou dans la nef. Elles ont été restaurées (simple nettoyage) voici une dizaine d'années, et la restauratrice a pris le soin de les placer dans une housse de toile blanche portant une description sommaire. Bannière de Sainte Thérèse ("Puie de rose et monogramme ST), de la Sainte Famille, de sainte Bernadette, de la Congrégation des Enfants de Marie...
Armoire à bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.
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Armoire ouverte et presque vidée de son contenu.
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Armoire à bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.
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Détail de la bannière de la Sainte Famille / An Itron Varia (face verte et face bleue).
On y trouve :
1) les armoiries épiscopales et la devise en breton de Mgr Duparc :
Adolphe-Yves-Marie Duparc né le 05.02.1857 à Lorient, évêque de Quimper le 11.02.1908. = le 08.05.1946 à Quimper.
Armes : Parti : 1) d’azur à l’agneau d’argent – 2) d’or au lion de sable, tenant une crosse – Slt) un chef d’hermines. Devise : Meulet ra vezo jezuz krist (que soit loué Jésus-Christ).
2) Les armoiries papales de Pie X :
Pie X (Giuseppe Sarto), pape de 1903 à 1914
D'azur à l'ancre de sable posée sur une mer d'argent et d'azur accompagnée en chef d'une étoile d'or, au chef d'argent au lion d'or léopardé et ailé, tenant un évangile ouvert de même portant le texte "PAX TIBI MARCE EVANGELISTA MEUS" en lettres de sable.
Par conséquent, cette bannière a été réalisée entre 1908 et 1914. C'est en 1901 que Mgr Dubillard, évêque de Quimper et du Léon de 1901 à 1908, décida d'instaurer une Commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, laquelle fut dotée du Bulletin diocésain d'Histoire et d'Archéologie, le fameux BDHA . Le premier recensement des bannières du diocèse, qui en signale 2 à Dirinon sans les décrire, date également de 1901. Cela créa bien-entendu une émulation pour de nouvelles réalisations.
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Détail de la bannière de la Sainte Famille (1908-1914), église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.
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Bannière récente.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.
—APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.
— Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm
— COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.
"Bannière du XVIIe siècle : Crucifixion et, au revers, Vierge du Rosaire. - Autre bannière ancienne, celle de saint Divy, avec, au revers l'Assomption."
— CASTEL (Yves-Pascal) , DANIEL T., THOMAS G.-M., 1987, Artistes en Bretagne. Dictionnaire des artistes artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l’Ancien Régime, Quimper, Société archéologique du Finistère.
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2010. Les bannières religieuses en Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les ”vieilles” bannières. 79 pages + 38 illustrations hors texte Ceci est le chapitre d’une thèse en cours. 2010.
L'ASSOMPTION, À DEUX ANGES et un angelot de Dirinon, a les bras ouverts et moins d'élan. (inspirée du Titien ?). Mais la rénovation lui a fait, sans nul doute, perdre de son caractère et de son charme."
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2013. Les bannières religieuses , une approche du catholicisme bas-breton. Thèse de doctorat d'histoire de l'art sous la direction d'Yvon Tranvouez. UBO Brest / CRBC.
www.theses.fr/2013BRES0070.pdf
— GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2016, Les bannières de Basse-Bretagne, Société des Amis de Louis Le Guennec.
— LE BER (Georges) / PROVOST (Georges) 2003, Plougastel-Daoulas, Sizun, Plougasnou : trois retables du Rosaire de Jean Berthouloux. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (132, p. 229-252).
Pour les nombreux articles sur les bannières, activer la fonction "rechercher".
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je ne la trouve pas décrite par Christine Guillou dans son ouvrage récent (2016) et je ne trouve aucune information en ligne la concernant. Lors de ma visite de l'église, la face exposée était celle de saint Michel, mais la face principale serait celle dédiée au saint patron de l'église, saint Thuriau ou Thivisiau. Faut-il la voir comme la "banniel braz", grande bannière de procession de la paroisse, ou bien une bannière de confrérie ?
C'est un rectangle de velours rouge, brodé au fil d'or d'un encadrement de rinceaux (lys et chrysanthème) autour du motif principal, saint Michel terrassant le dragon de sa lance. Au dessus, un crucifix, une balance et le monogramme SM renvoient à Saint Michel dans son rôle de peseur des âmes lors du Jugement. On se souviendra que la statue de saint Michel terrassant le dragon est présente depuis le XVIe siècle sur la façade sud de l'église.
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Bannière de la paroisse de Landivisiau. Photographie lavieb-aile.
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Datation : cette bannière date de la période 1903-1908.
— A gauche, les armoiries épiscopales sont celles de Mgr Dubillard (1900-1908)
Les armoiries aux trois épis de blé avec la devise DEUS ADJUVA ME sont celles de Monseigneur François Dubillard "d"azur à trois épis de blés d'or, tigés et à la feuille ployée d'argent" . Son épiscopat sur le diocèse de Quimper et du Léon s'étend de 1900 à 1908.
— A droite, les armoiries papales sont celles de Pie X (1903-1914):
D'azur à l'ancre de sable posée sur une mer d'argent et d'azur accompagnée en chef d'une étoile d'or, au chef d'argent au lion d'or léopardé et ailé, tenant un évangile ouvert de même portant le texte "PAX TIBI MARCE EVANGELISTA MEUS" en lettres de sable
La devise instaurare omnia in Christo est remplacée par le nom du pape : PIUS P P X.
En 1910, lors d'un inventaire des bannières du diocèse parue dans le premier numéro du BDHA, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie créé à l'initiative de Mgr Dubillard, 20 bannières sont recensées, mais Landivisiau ne figure pas dans cette liste. On peut penser que c'est ce constat de carence qui a incité la paroisse à y pourvoir, et à commander une bannière conforme au modèle-type décrit par le chanoine Abgrall :
« Toutes ont la même physionomie générale, portant sur les deux côtés les images des saints patrons de l'église ou de la confrérie à laquelle elles appartiennent, brodées en fil de soie, d'or et d'argent, entourées de bordures en arabesques, semis de bouquets, fleurons et rosaces ; à chaque extrémité de la traverse du haut est une boule massive, sculptée et dorée ou couverte d'une riche étoffe, et le bas est découpé en lambrequins d'où pendent des glands en franges dorées, où sont cachées des clochettes qui font entendre leurs joyeux tintements." Chanoine Jean-Marie Abgrall, Bannières, BDHA, 1904, pp 5-9
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Bannière de la paroisse de Landivisiau (1903-1908). Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
— GUILLOU HERMELIN (Christiane), 2016, "Les bannières de Basse-Bretagne. Société des Amis de Louis Le Guennec, Quimper. 199 pages
— GUILLOU (Christiane), Les bannières religieuses en Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les "vieilles" bannières. 79 pages + 38 illustrations hors texte
http://hal.univ-brest.fr/hal-00546728v2/document
— GUILLOU HERMELIN (Christiane), 2013, Les bannières religieuses : une approche du catholicisme bas-breton : 1805-2012. Thèse de doctorat en Histoire soutenue le 18 / 12 / 2013 à l'UBO de Brest sous la direction de Fabrice Bouthillon.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01231402
Résumé : "La thèse traite du catholicisme en Basse-Bretagne, du début du 19è siècle à nos jours, à travers l'étude des bannières de procession présentes dans les églises du diocèse de Quimper et Léon , soit le département du Finistère. Les quatre parties s'organisent autour de la production des bannières, de leur comptage à partir des différents types d'inventaires disponibles, des piétés qu'elles mettent en évidence, voire des évolutions sociales dont elles témoignent. L'approche est quantitative et qualitative. Cela implique une visite systématique des églises et la conservation de traces photographiques de toutes leurs bannières. Il est fait appel aux sources classiques que sont les rapports des visites canoniques et à d'autres qui le sont moins, comme les inventaires de 1906. L'étude de la vie de deux paroisses, un doyenné datant du concordat et une anciennne ville épiscopale, a permis de mettre en évidence les mobiles générateurs de l'acquisition de bannières. Si les bannières paroissiales sont de règle, les bannières de congrégations témoignent du dynamisme des groupes de piété et de leur évolution au fil des siècles. Des approches quantitatives permettent de proposer une hypothèse de riposte, par bannières interposées, à la politique des lois laïques, parallèlement aux évolutions sociales.Si l'iconographie montre une influence lointaine des arts, c'est surtout l'importance du négoce qui apparaît, laissant cependant des possibilités d'expression d'une créativité, voire d'une spiritualité différente. Le chapitre final est consacré aux bannières réalisées à l'occasion de la Mission 2012."
N.B Je place ici cet article débuté en avril 2012 et réactualisé depuis. Je remercie Monsieur Gildas Le Minor qui a bien voulu me communiquer la liste des bannières sorties des ateliers dirigés par sa grand-mère, par son père puis par lui-même dans ce qui dessine une très belle aventure artistique et spirituelle ancrée dans le pays breton. Aventure désintéressée ? Que non ! Il obtient, dit-il, une indulgence d'un an de purgatoire à chaque bannière réalisée !
Jadis, les bannières étaient réalisées en série, et les fabriciens ou le recteur commandaient une bannière de Sainte-Thérèse, du Sacré-Cœur, de Jeanne-d'Arc, ou de leur saint patron dont il fallait préciser s'il s'agissait d'un ou d'une martyre, ou d'un saint-évêque : c'est la mention du nom qui différait. Mais depuis 1953, où l'entreprise de broderie à la main Le Minor et l'artiste Pierre Toulhoat s'unirent pour créer la bannière de Locronan, tout a changé, et chaque bannière est une vraie création artistique. C'est aussi, à chaque fois, une aventure humaine et spirituelle, lors du financement, de la conception, du choix de l'artiste, des retouches, ou, enfin, de la bénédiction lors du pardon.
N'ayant vécu aucune de ces aventures, j'ai parfois réussi à retrouver quelques informations sur l'histoire de ces bannières, dont l'attrait pour les Associations de sauvegarde ou les équipes paroissiales a été croissant.
I. La Maison Le Minor à Pont-L'Abbé.
Les origines de Le Minor seraient à peu-prés les mêmes que celles de la confection de dentelles en pays bigouden : rappelons que c'est pour faire face à la famine de 1845-1849 en Irlande, the Irish Potato Famine liée au mildiou, que se développa la guipure d'Irlande au crochet, puis que, face à la crise sardinière en Cornouaille en 1903, des femmes remarquables, dames d'oeuvre préoccupées de la misère qui s'abat brutalement dans les familles de pêcheurs, reprennent les techniques dentellières au fuseau et à l'aiguillée que religieuses et femmes du monde expertes en ouvrage de dame avaient transposées au crochet et créent des ateliers de dentelle dans un pays qui ignorait cette tradition afin d'apporter un complément de ressources aux ménages. En 1911, ce sont plus de 4000 ouvrières qui s'adonnent à cette activité en Bretagne Sud. Leur travail fut commercialisé dans le monde entier.
En 1936, Anne-Marie Cornic (28 janvier 1901 à Plonevez-Porzay-Pont-L'Abbé 1984), fille de commerçants en costumes bretons et épouse du patron des Grands Moulins de Pont-L'Abbé Louis Le Minor, préoccupée de voir disparaître le costume breton traditionnel et les compétences des brodeuses et tisserands, et de savoir que les femmes employées dans les conserveries manquaient de travail une fois la saison finie, ouvrit un atelier d'habillage de poupées. Présent dès l'année suivante à l'exposition universelle de Paris, l'atelier acquiert un réel succès auprès de l'écrivain Colette, de clients aussi célèbres que Caroline Kennedy, Eisenhower ou le Prince Rainier de Monaco, avec une collection de 250 modèles différents, tous réalisés de manière entièrement artisanale et traditionnelle.
La production profite des Congés payés, les vacanciers prenant l'habitude de ramener des régions où ils séjournent une poupée qu'ils offrent ou qu'ils collectionnent. De 1937 à 1980, ce sont même 400 modèles de costumes bretons et d'autres régions de France ou des pays étrangers qui habillent les poupées : costume adulte ou d'enfant, costumes historiques, mignonettes de chez Petitcollin, Nobel, Jumeau, SFBJ, Huard ou Clelia, poupons ou poupées de taille variée sortis d'un atelier qui emploie 400 salariés en 1945.
La pénurie de celluloïd incite l'entreprise à se diversifier durant la Seconde Guerre Mondiale en se tournant vers la broderie à la main, produisant du linge de table, des sacs, des costumes folkloriques. C'est l'époque où Mathurin Méheut dessine la nappe "La mer". En 1947, Pierre Toulhoat dessine le célèbre foulard Penmarc'h, vite indissociable du costume bigouden. En 1950, Madame Le Minor lance une gamme de bustes et de coiffes miniatures.
Dans les années 1970, Madame Le Minor confie l'entreprise à ses deux fils Jacques et Jean ; la production du kabig le Minor, vêtement traditionnel des goémoniers en drap de laine à l'aspect feutré fait la renommée de l'entreprise qui compte près de 500 salariés. En 1982 la Manufacture de Bonneterie Lorientaise rachète la marque et produit toute la partie vestimentaire, mais en 1987, le petit-fils Gildas Le Minor reprend la confection de broderie main et le linge de table (une vingtaine de gamme d'imprimé et autant de brodés).
On trouve aujourd'hui au 5 quai Saint Laurent à Pont-L'Abbé la Boutique Le Minor, avec un choix de nappes, sets de table, torchons, plateaux, panneaux brodés, mais produisant aussi des vêtements sacerdotaux et des bannières, ou des costumes traditionnels pour les particuliers ou les cercles celtiques.
Voir la présentation par Madame Le Minor et son fils Jean en 1976 de leur Musée de la Broderie.
http://www.ina.fr/video/RXC00000873
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Le Minor et la création artistique.
La société a su collaborer avec des artistes et des designers réputés : Pierre Toulhoat, Mathurin Méheut qui a signé la première nappe imprimée, René-Yves Creston à l'origine du lancement du "kabig", Nelly Roddi qui conçue la ligne Pont-L'Abbé de linge de table imprimé, Gaëlle Le Fur, Jacques Godin, et la styliste Gwen Le Gac avec sa collection "sardines".
Les tapisseries brodées ont été conçues pour reprendre à l'aiguille les motifs des tapisseries de basse-lisse de Dom Robert, ami de Jean Lurcat. Elles partagent avec les tapisseries d'Aubusson le privilège du statut et de l'appellation d'oeuvre d'art , entièrement à la main, tirage limité à huit exemplaires portant chacun la signature de l'artiste et un numéro. Outre Dom Robert, les oeuvres ont porté les signatures de Picart Le Doux, Simon Chaye, Alain Cornic, François Lesourt, Jean Renault, Dominique Villard, Caly, ou Patrice Cudennec.
Les brodeuses et brodeurs :
Jean-Michel Perennec est employé depuis 1989 à la broderie à la main, alors que Patricia Cassard s'occupe de la broderie sur machine Cornely.
Le Bolduc.
Bolduc ? drôle de nom, qu'est-ce-que c'est que ce truc ? Vite, mon dictionnaire breton : rien. Cherchons dans le Wiktionnaire :
"Ruban décoratif pour ficeler et enrubanner des paquets contenant des cadeaux, etc. Étymologie : Altération de Bois-le-Duc (’s-Hertogenbosch), ville du Brabant septentrionale en Hollande, où l'on fabriquait ce type de ruban. Dès le XVIIe siècle le nom fut altéré en bolduc (en linguistique, cet amuïssement est nommé syncope)."
Des rubans ? Je cherche des images bien nettes sur le net : "Dévidoires à Bolduc". Bolducs de mariage" .
Quel rapport avec les bannières ? Cherchons encore :
« bolduc » : un certificat d’authenticité comportant un numéro d’enregistrement, la signature du lissier et celle du représentant officiel de la certification, Le bolduc est une pièce de tissu ou de papier toilé cousu sur l’envers d’une tapisserie contemporaine.
Le décret 67-454 du 10 juin 1967 prenant effet le 1er janvier 1968, a été décidé pour les tapisseries entièrement tissées à la main sur les métier haute et basse lisse dont le tirage est limité à 8 exemplaires y compris les exemplaires artiste. Une tapisserie d’Aubusson récente (copie d’ancien ou création contemporaine) est accompagnée de son bolduc.
Les bannières de la Maison Le Minor étant des œuvres d'art, elles portent chacune à leur revers leur Bolduc ou Certificat d'authenticité.
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II. Les bannières Le Minor :
N;b : le lien en dessous de chaque titre renvoie à un article plus complet de mon blog.
N° 1. Locronan : 1953, Pierre Toulhoat :
Ce fut la première : il y en a plus de trente aujourd'hui.
La face principale represente le patron de la paroisse en tricot rayé avec son filet de pêche, alors que le verso est consacré à saint Samson. Le certificat d'authenticité honore les brodeuses, A.M. Fleiter et P. Cassard.
Patricia Cassard est, chez Le Minor, particulièrement chargée des broderies sur machine Cornely.
Thème : Saintes et saints de notre temps en Bretagne 1683-2015 .
Inscriptions :
SENT HA SANTEZED BREIZH A-VREMAÑ PEDIT EVIDOMP
Julien Maunoir +1683
Mère ST LOVIS +1825
JEANNE JUGAN +1879
MARIE DE LA PASSION . DE CHAPOTTIN +1904.
MARCEL CARRO + 1945.
Selon le Père Guillaume Le Floc'h, ancien recteur de l'église italienne, les cinq hommes et femmes représentent les diocèses bretons historiques. Ainsi, la Cancalaise Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Soeurs des pauvres, évoque Saint-Brieuc et Tréguier.
Le Père Julien Manoir, l'inventeur des tableaux d'enseignement imagés, les Taolennoù, incarne Quimper et le Léon. Marcel Callo, président de la section rennaise de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) mort en déportation, personnifie Rennes, Dol et Saint-Malo. La bienheureuse Marie de la Passion, symbolise Nantes et Mère Saint-Louis, Vannes. (Carole Tymen)
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Photographie Joanny Person.
Photographie Joanny Person
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45) NOTRE-DAME DE PENHORS À POULDREUZIC 2017. Jakez Derouet/Jean-Michel Pérennec.
47) SAINT FELIX, SAINT PASQUIER, SAINT SIMILIEN évêques de NANTES. / 2018/
2018 : livraison de la première bannière brodée par Apolline DUBOSCQ, la toute nouvelle brodeuse main de la Maison LE MINOR. Cette bannière est destinée à la paroisse des Saints évêques de Nantes .
Carton Jakez Derouet
Brodeuse : Apolline DUBOSCQ
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copyright Photo Steven Lecornu / Le Télégramme
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50) LA TRINITÉ-LANGONNET. 2020
Carton Jean Poitel. Brodeuse Apolline DUBOSCQ.
liste récapitulative :
LISTE DES BANNIERES REALISEES AUX ATELIERS LE MINOR
DEPUIS 1953
1) SAINT CORENTIN / LOCRONAN / 1953 / P.TOULHOAT
2) SAINTE ANNE / AURAY / 1954 / A.BOULER
3) ND DES CARMES / PONT-L'ABBE / A.BOULER
4) SANTE BERNADETTE / CONFORS MEILARS / 1960
5) SAINT JEAN BAPTISTE / SAINT JEAN DU DOIGT / 1965 / J.LE CORRE
En 1953, Pierre Toulhoat a dessiné les cartons de la première bannière brodée par les ateliers Le Minor de Pont-L'Abbé, pour la paroisse de Locronan. Dans le cadre du renouveau de l'Art Sacré, le dessin de quatre nouvelles bannières fut confié au Père A. Bouler et à J. Le Corre, et, en 1965, la collaboration reprit entre Toulhoat et Le Minor pour les bannières de Nantes, Notre-Dame du Drennec à Clohars-Fouesnant, le diocèse de Quimper (1988), Sainte-Anne-La-Palud (1990), Kervignac ( 1990 et 1991), Saint-Nic (1990), Querrien (1992).
La seizième bannière de cette série qui atteint aujourd'hui le nombre de 43 réalisations avec divers artistes fut celle de la paroisse de Guimiliau, en 1992, et ses cartons furent aussi confiés au quimpérois Pierre Toulhoat (1923-2014). Comme toute broderie ayant le statut d'œuvre d'art, elle est dotée de son "bolduc" (certificat) cousu au verso d'un des deux pans. Celui-ci est rédigé en breton :
Ar banniel an a zo bet neudet er blanez 1992 Gant Cécile Le Roy ha Jean-Michel Pérennec e ty Ar Minor Pont-n'Abas di wareun dressaden savet Gant Per Toulhoat an ao. Urien a oa Person Gwimilio.
Nous apprenons ainsi qu'elle a été brodée par Jean-Michel Pérennec et Cécile Le Roy, de l'atelier Le Minor, et que Roger Urien était le recteur de Guimiliau.
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Bolduc de la bannière de la paroisse de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
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La face principale est consacrée à sainte Anne éducatrice : on y lit les inscriptions en trois langues SANTEZ ANNA PEDIT EVIDOM "Sainte Anne Priez pour nous", ANNO DOMINI 1992 "Année du Seigneur 1992", PARREZ GWIMILIO "Paroisse de Guimiliau" ROGER URIEN RECTEUR -1983-1992.
Au centre, sur un fond bleu, la Vierge et sa mère sont brodées avec un coton blanc (robe, voile), jaune (nimbe, ceinture), or (robe d'Anne), marron (cheveux) et rouge, dans une scène d'apprentissage de la lecture rendue très intimiste par le panier de couture placée à droite. L'encadrement allie les cotons jaune et or sur drap noir, les couleurs traditionnelles des brodeurs de Cornouaille, dan un graphisme typique. Des décors architecturaux et floraux, des faux glands de passementerie aux allures d'hermines, s'associent à la représentation de deux saints, Miliau (Santez Milio) patron de la paroisse et Yves (Santez Erwan) patron de la Bretagne.
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Sainte Anne éducatrice, bannière de la paroisse de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
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L'autre face, en fil jaune sur drap rouge, porte les mots PARREZ GWIMILIO . Elle est illustrée par le crucifix du Grand Calvaire de l'enclos, où deux anges recueillent le Précieux Sang. Autres inscriptions : INRI et IHS.
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Le Christ crucifié, la Vierge et saint Jean, bannière de la paroisse de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.
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Bannière de la paroisse de Guimiliau (détail). Photographie lavieb-aile.
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La signature du cartonnier figure sur un galon qui se dévide depuis le panier du brodeur. Sur ce galon, les motifs traditionnels des brodeurs bigoudens. Le soleil, le cœur, la chaîne de vie, la plume de paon, etc...
Voir la présentation en 1976 Madame Le Minor et son fils Jean Le Minor :
http://www.ina.fr/video/RXC00000873
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Bannière de la paroisse de Guimiliau (détail). Photographie lavieb-aile.
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Bannière de la paroisse de Guimiliau (détail). Photographie lavieb-aile.
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Bannière de la paroisse de Guimiliau (détail). Photographie lavieb-aile.
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)