Dans mon article précédent, mes photos avaient été prises en été, sous la frondaison des arbres du placître, ombrant et teintant de vert la pierre du calvaire, une kersantite grise.
J'y retourne à la fin de l'hiver, le 16 mars, alors que les jeunes feuilles sont à peine naissantes. C'est une fin d'après-midi, et le beau soleil qui décline éclaire mieux la face occidentale du calvaire.
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Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Mon premier souci est d'examiner les quatre faces du socle, certaines en lumière rasante. Je n'y trouve aucune trace de la datation de 1655 (Castel, schéma à l'appui) ou de 1665 (Couffon).
Mon attention se porte ensuite sur l'inscription du fût. Je lis bien "I LE BIAN", comme cela avait été rapporté.
Voici déjà ces photos.
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Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Ces devoirs accomplis, je me fais plaisir en admirant le kersanton qui blondit sous les caresses du soleil. La face ouest se présente mieux qu'en été.
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Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Saint Jean.
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Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Ces dévotions faites, je passe ensuite du coté est, actuellement à l'ombre, car je veux vérifier que la forme visible au pied de "saint Corentin " est bien un poisson. Affirmatif. Cette fois, je le vois, et je le dessine.
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Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1655?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Qu'avais-je d'autre à faire ? Ah oui, photographier la face nord de l'église, à l'ombre lors de ma visite à la méridienne. Incorrigible, je ne peux m'empêcher de photographier les inscriptions, notamment celle de la sacristie qui m'avait échappée.
Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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J'avais lu sur le bloc de gauche RE: CTOR ou plutôt LE/TOR et sur le bloc de droite : IAC : BERE/GAR :F : 1591, soit "Jacques Beregar, fabricien en 1591".
Le bloc de gauche est en fait brisé, nous n'avons que l'extrémité de l'inscription : HE (ou IE) et, en dessous : TOR.
Le bloc de droite porte bienIAC : BERE/GAR :F : 1591, mais j'apprécie mieux cette fois les fûts perlés, le A à traverse sur l'apex et le E à double demi-cercle.
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Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Sur l'auvent, mais toujours peu distincte (au XIXe, on ne savait plus l'art des belles lettres lapidaires) : VR ?] FROMENTIN, RECTEUR.
Yves ou Yves-Bernard FROMENTIN, recteur de Pouldergat de 1860 à 1896, originaire de Scaër et né en 1822, succède à Jean LE ROUX.
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Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Sur la sacristie, l'inscription qui m'avait échappé dit M. QUIDEAU. TRÉR
Le nom est attesté à Pouldergat comme à Pouldavid.
Un QUIDEAU, sans doute le même, est trésorier en 1858 lors de délibération du Conseil municipal de Pouldergat contre la mendicité. En 1864, il est adjoint au maire Mr Gouzil.
Il s'agit d'Yves QUIDEAU, né en 1820, demeurant à Dinaou, bourg de Pouldergat.
Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Sur le chevet :
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J'avais lu et écrit :
IO: BESCO/ND RECT:--
Soit "Joseph Bescond Recteur", suivi peut-être des chiffres 61. le mot RECT est incertain, (peut-être PRET), mais la lecture de René Couffon "IO. BESCOND. FAB. 1591 (ou 1607 ?)" n'est pas confirmée.
Notez le N rétrograde.
Je ne trouve aucun recteur, aucun prêtre ni même aucun Joseph Bescond à Pouldergat au XVIe ou XVIIe. Vers 1681, selon les archives paroissiales de Pouldergat, Henry Bescond habitait le village de Kervarlé Creis, Jean Le Bescond celui de Lannogat et un autre Jean Le Bescond occupait le village de Botcarn, Jacques Le Bescond celui de Lesneven
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Aujourd'hui, malgré l'éclairage toujours inadéquat, je peux lire de manière fiable : IO : BESCOND : FAB : 1561.
Si cette date était confirmée par mes pairs, cela remettrait en question la datation de la chapelle en en avançant le début de 30 ans...
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Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Puisque je passe devant l'élévation sud, je reprends les vues des inscriptions de la porte. Rien de nouveau.
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Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Avant de partir, je veux revoir la pierre du pilier droit de l'entrée du placître. Il m'apparaît qu'elle a été posée à l'envers. Elle associe deux lignes, la première en lettres de grande taille. Je peux distinguer avec une quasi certitude la première lettre H suivie de deux-points, et la fin de cette ligne -RRE:T. Puis, sur la ligne suivante, FABR. C'est le nom d'un fabricien, ça c'est sûr. Et qui restera anonyme, même si c'était peut-être un LE BERRE.
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Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
Chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
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Il est 18h 45. Le soleil va disparaître derrière la colline. C'est l'heure poignante : un dernier cliché.
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Calvaire (kersantite, Roland Doré, 1555?), chapelle Saint-Vendal. Photo lavieb-aile mars 2020.
L'église Saint-Pérec actuelle en forme de croix latine, date de 1894 mais, l'on a conservé de l'ancien édifice le clocher, la chapelle des fonts, le porche et la sacristie sud. Pour apprécier de quand datait le sanctuaire préexistant, on ne peut se fonder que la date de 1586 gravée sur la sablière du porche sud. L'une des statues d'apôtres du porche porte la date de 1615. On trouve aussi sur la porte, ainsi que dans ce porche le blason de la famille de Penguern, qui y avait prééminences. On sait qu'Yves de Penguern sieur du dit-lieu conclut un accord le 19 mai 1583 (fête de saint-Yves) avec les paroissiens de Lopérec. Et que ce dernier avait épousé Marie de Kermorial le 12 janvier 1576. Peut-on dire avec Couffon que ce couple est "fondateur" de l'église, ou bien la construction de l'édifice avait-elle débutée plus tôt ? Leurs armoiries étaient d’or à la fleur de lys, en abîme, de gueules, accompagnée de trois pommes de pin de même, deux en chef et une en pointe. La fondation ne date t-elle pas de son père, Jean époux d'Annie de Kersauzon, ou de son grand-père Christophe époux de Marie de Kermodiern ? Car lorsque mourut Jean de Penguern en 1579, il fut inhumé dans l'église paroissiale de Lopérec : celle-ci existait donc déjà.
"La porte du porche donnant accès à l'église date de 1586, lisible dans une inscription sur le chapiteau, avec, au sommet de l'accolade, l'écu des Penguern, rappelant la fondation de l'ancien édifice par Yves de Penguern et Marie de Kermorial, sa femme. La porte extérieure est en anse de panier, comme à Pencran et à Rumengol." (Couffon)
En effet, la présence d'un calvaire portant la date communément admise de 1552 suppose une église de la première moitié du XVIe siècle.
Les autres inscriptions sont plus tardives, sur la façade ouest "LAN 1666. MARC. FLOC'H F.", sur le clocher "C. QVEINNEC. F. 1669.", et au chevet "I. KDRAON. P. MIOSSEC. 1700." On retrouve le blason des Penguern, sculpté en kersanton, sur le chevet.
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Le fantomatique sculpteur "Fayet".
Depuis Yves-Pascal Castel, on attribue ce calvaire à un certain FAYET, dont le nom était paraît-il inscrit au sein d'une longue inscription martelée sur le croisillon. Mais le calvaire, abattu par une tempête, a été entièrement restauré en 1989, et les consoles et croisillons sont aujourd'hui vierges de toute inscription. Aucun document photographique ne permet d'étudier cette allégation (que je ne conteste pas, mais que je souhaite éprouver) et l'examen d'une carte-postale ancienne ne la confirme pas. Nous avons par contre le croquis dressé par Castel pour l'Atlas. Y.-P. Castel y a vu le nom d'un sculpteur du kersanton dont "les détails stylistiques, autant que la facture de ses visages permettent de suivre la diffusion de son talent à Coray, 1553, Plounéour-Ménez, 1554, Lothey, croix de Kerabri, 1556, Laz, 1563, ainsi qu'à Landudal, Lanneuffret, Ploéven, Plozévet et Trégourez.". Dans son Dictionnaire des artistes de Bretagne de 1987 il le décrit comme un "excellent artiste à qui l'on doit, semble-t-il la diffusion du type de calvaire aux anges porteurs de calice pour recueillir le précieux sang. Oeuvres du même type à Coray (1553), Plounéour-Ménez (1554), Laz (1563), Lanneufret, Ploéven, Trégourez."
Pourtant, la confusion avec FAYTE (une graphie pour FAITE attestée sur le calvaire de Plougonven sous le ciseau des Prigent) semble possible, d'autant que le patronyme FAYET n'est pas attesté par les généalogistes en Bretagne (Geneanet), ni étudié par Deshayes dans son Dictionnaire des noms de famille bretons. Je trouve bien un boucher d'Ille-et-Vilaine du XIXe, le "Père Fayet" tuant son cochon ... La famille noble de Fayet est du diocèse de Mende. Ou selon de Magny, du Languedoc, de Guyenne et d'Île de France. Alain-Joseph de Fayet possédait le château de Thau, à Gauriac (33). La légende du seigneur de Fayet, qui fit manger à son épouse le cœur du sieur de Coucy, concerne la Picardie.
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Emmanuelle Le Seac'h reprend à son compte l'hypothèse de Castel, et présente Fayet (1552-1563) comme le second compagnon de l'atelier landernéen de Bastien et Henry Prigent (1527-1577), lui attribuant le calvaire de Lopérec, celui de Laz, de Coat-Nan en Irvillac, du Doyenné du Folgoët, de l'école du Tromeur à Landerneau, et l'introduction des anges aux ailes déployées portant un calice.
Pourtant, E. Le Seac'h indique que "son style est si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de les différencier : il est imprégné de leur sévérité grave et plusieurs caractéristiques de l'atelier se retrouvent chez lui : comme les trois larmes, la forme en ovale des visages et la manière de disposer les cheveux [des Christ] avec un jour entre les mèches et les épaules."
En somme, l'individualisation d'un artiste différent des Prigent (bien attestés par des inscriptions complètes, datées et vérifiables) ne repose que sur un mot isolé dans une inscription martelée, dont rien n(atteste qu'il s'agisse d'un patronyme et encore moins d'une signature.
Pour étayer sa thèse Castel rapproche ce sculpteur d'un prétendu tombier dont il croit retrouver le nom sur une dalle funéraire de la cathédrale Saint-Pol de Léon. Dans une publication de 1982 (éditée en 1985), Castel rapproche Fayet d'un mot -faict- retrouvé sur une dalle funéraire de la cathédrale Saint-Pol-de Léon, et qu'il lit "faiet" . Elle avait été relevée par Théophile Peyron (*) ainsi : Cy est la chapelle de messire et noble homme Christophe Tuonelorn de Kerautret, recteur de Ploecolm, faict M. Vcc. http://infobretagne.com/cathedrale-saintpoldeleon.htm
Castel lit "A noble home me christofle tuonelorn sr de K(er)autret chanoine de leon recteur de ploecolm faiet LMVCC" et il ajoute :
"La lecture du nom d'un sculpteur était si peu attendue à cette place que Peyron corrige faiet en faict. Mais comme il a des hésitations pour ce qui est du reste de l'inscription, omettant une partie, transformant une autre eu égard à son caractère inhabituel, nous maintenons la lecture faiet."
Le tombier Faiet pourrait être un ascendant de notre Fayet de Lopérec. D'autant plus que le matériau de la dalle funéraire de Saint-Pol et celui du calvaire est le même kersanton que l'on extrait des carrières littorales au fond oriental de la rade de Brest."
Pourtant, et comme il le reconnaît, la position de -faiet ou -faict avant la date est en faveur d'une leçon "faict [en] 1500". Et le glissement de la lettre -c en -e est rapide. Cette étayage par un tombier FAIET soudain sorti de terre et assimilé à FAYET me semble fragiliser l'hypothèse plutôt que de la renforcer.
En résumé, je suggère de ne pas recopier dans toutes les publications ce nom d'artiste (comme la signature Jost de Neckerque Couffon avait cru lire au bas d'un vitrail et qui se retrouve désormais partout malgré les démentis de ceux qui ont été regardé la vitre en question) tant que l'hypothèse de Castel n'a pas été renforcée par des preuves tangibles.
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Le style et les thèmes des PRIGENT.
Voir l'Annexe.
Bastien et Henry Prigent ont sculpté les calvaires monumentaux à deux croisillons de Plougonven en 1554 et de Pleyben en 1555, mais aussi des calvaires non monumentaux à 2 croisillons (Loc-Brévalaire, Lopérec et Saint-Sébastien de Saint-Ségal) ou à un seul croisillon.
Sur les calvaires à deux croisillons, deux cavaliers (Longin et le Centenier) sont présents en dessus ou en dessous de Jean et de la Vierge (sauf à Loc-Brévalaire où deux consoles sont inoccupées).
Sur ces calvaires, Marie-Madeleine est représentée agenouillée au pied de la croix (comme aussi à Sainte-Marie-du Ménez-Hom et à Pencran).
Les Larrons occupent une place indépendante sur deux croix adjacentes : c'était le cas à Lopérec, jusqu'à leur chute.
Contexte : les calvaires à deux croisillons ( à un ou trois fûts).
Le calvaire de Lopérec est édifié au cœur de la période pendant laquelle on voit éclore, en Finistère, notamment dans les enclos paroissiaux, des calvaires à deux croisillons, dont la majorité répondent à la même organisation donnant place à deux statues géminées (avec la Vierge et Jean sur la face occidentale), les deux cavaliers de la Passion, une Pietà ou Déploration au centre et un Christ au lien sur l'autre face, et enfin Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix . Il y a donc reprises par les ateliers de sculptures d'un modèle, jamais copié mais toujours développé.
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Pencran nord, (1521 par inscription). Trois fûts. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Deux cavaliers, Madeleine/ Yves, Jean/Pierre. Pietà, Vierge à l'Enfant . Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
Plomodiern, chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (1544, Prigent). Jean/Pierre et Madeleine/Yves. Pietà, Christ aux liens, Vierge à l'Enfant. Ange aux calices. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
Saint-Ségal, chapelle Saint-Sébastien (v.1541-1554, Prigent). Vierge et Jean géminés avec des archers.
Lopérec (1552) par Fayet, compagnon des Prigent. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Trois fûts . Deux cavaliers, Christ aux liens, Jean ?/Marie-Madeleine / et Vierge/Pierre, Christ ressuscité.
Plougonven, (1554), Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. les larrons sur des croix séparées (mais depuis le XIXe), saint Yves, Vierge et Jean non géminés.
Pleyben (1555) par Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Vierge et Jean non géminés.
Cléden-Poher (1575)
Loqueffret (1576?)
Plounéventer (1578)
Guimiliau (1581-1588)
Locmélar (vers 1600), par le Maître de Plougastel
Plougastel (1602-1604) par le Maître de Plougastel.
Saint-Thégonnec (1610). Trois fûts. Deux cavaliers, Pietà, Christ aux liens, Yves.
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DESCRIPTION.
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Ce calvaire de 6 m de haut, en kersanton, repose sur un soubassement architecturé à table d’offrande et un socle cubique orné de demi-reliefs: Jésus et Véronique, Madeleine au jardin de la Résurrection, Marc et Matthieu, Luc et Jean. Statue de Marie-Madeleine repose sur un socle portant l'inscription CESTE CROIX FUST FAYTE EN L’AN MVCLII. Fût à pans porte le premier croisillon aux statues géminées: Vierge/Pierre, Jean/Madeleine avec, au centre, la Vierge de Pitié et au revers le Christ ressuscité. Sur le second croisillon, les deux cavaliers Longin et le Centenier. La croix, à fleurons-boules godronnés, porte le Christ crucifié dont le sang est recueilli par quatre anges aux calices. Un Christ aux lien est au revers. Les vestiges des deux larrons, à l'origine fixés sur des fûts isolés encadrant le calvaire, ont été placés, sans leur fût, de chaque coté.
Lopérec était situé au croisement de routes et entourant un enclos formé par l'église, le cimetière, l'ossuaire, le calvaire et le presbytère. Cet ensemble a été démantelé au XIXe siècle le cimetière a été déplacé, avec le calvaire en 1883 avec reconstruction de la plupart des maisons, puis le calvaire a regagné sa place. Il a été classé le 15 mai 1930.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Relevé graphique par Y.-P. Castel en 1980. Le blason des Penguern et l'inscription 1580 ont été relevés sur l'église et ne concernent pas le calvaire. Pour l'inscription FAYET, voir supra.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Carte Postale ancienne in Delcampe.net
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CPA Delcampe.net
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Photo Bernard Bègne pour l'Inventaire Général. Copyright Région Bretagne.
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LE SOCLE.
Sur un soubassement et un premier socle chanfreiné doté du coté ouest d'une table d'offrande est posé un socle cubique orné de bas-reliefs sur ses 4 cotés : Jésus et Véronique, Madeleine au jardin de la Résurrection, Marc et Matthieu, Luc et Jean.
Note : j'aurai à cœur de rendre hommage aux photos de Bernard Bègne pour l'Inventaire Général et celles de Gilbert Lemoigne publiées pour l'Atlas : je les placerai en vignette avec un lien, avant mes médiocres clichés. On mesurera aussi ainsi l'importance de la progression des lichens sur nos monuments.
Ce socle, selon Emmanuelle Le Seac'h, la meilleure spécialiste de la sculpture bretonne sur pierre, n'est pas du même atelier que ce qui va suivre.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Face sud : Apparition du Christ à Marie-Madeleine.
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C'est la scène du Noli me tangere où Jésus ressuscité apparaît à Marie-Madeleine sous la forme d'un jardinier. La sainte, un genou à terre, tient son pot d'aromates. Ses cheveux sont retenus derrière la nuque par un bandeau occipital.
Marie-Madeleine a eu le privilège de la première apparition du Christ ressuscité à ses disciples. C'est pour les chrétiens le premier Témoin, avant même les Apôtres et avant les Témoins d'Emmaüs.
Elle est représentée trois fois sur ce calvaire, ce qui ne peut que nous interroger. Au XVIe siècle, elle est encore la sainte, non pas de la pénitence et la repentance, mais de la participation émotionnelle avec le Christ souffrant, et avec l'effusion de son sang. La contemplation par la sainte du sang s'écoulant des plaies du Christ en croix et versé pour le Salut de l'Humanité engendre des larmes d'empathie et de reconnaissance. L'effusion des larmes répond à celle du sang. Dans sa position agenouillée au pied de la croix face au sang qui s'écoule jusqu'à terre, elle devient le modèle du chrétien appelé à "communier" spirituellement et dans un élan mystique aux souffrances de la Passion.
On remarquera qu'une fontaine de la commune porte le nom de Marie-Madeleine.
Sur le calvaire lui-même, deux détails participent à cette dévotion du sang: la représentation des larmes sur le visage de Jean, de la Vierge et de Marie-Madeleine. Et la présence des anges recueillant le Précieux Sang.
Cette mystique de la contemplation des plaies du Christ sur la croix, qui a pris précocement naissance chez les Chartreux et les Ordres monastiques, et qui s'exprime avec magnificence au Puits de Moïse de Champmol au début du XVe siècle, se traduit en Bretagne par la floraison des calvaires au XVIe siècle. Bastien et Henry Prigent se sont montrés particulièrement sensible à ce thème, et leurs sculptures sont précisément caractérisées par les trois larmes versées par les protagonistes de la Crucifixion.
Ce sera le fil rouge de notre visite de ce calvaire.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Face ouest : Jésus et Véronique.
Le voile de Véronique est pour le christianisme celui qui a gardé miraculeusement l'image vraie (vera icona =veronique) du Christ portant la croix. La femme est assimilée à la Bérénike des évangiles synoptiques, à Marthe de Béthanie (la sœur de Marie, alias Marie-Madeleine...) et on lui donne une origine orientale dans les enluminures (Jean Fouquet 1460) ou les peintures (Robert Campin en 1430, Hans Memling en 1480-1483) en la coiffant, comme ici, d'un turban.
Selon la tradition (et la 6ème station du Chemin de croix), c'est par compassion que la femme accompagnant le Christ dans sa montée au Gogotha lui a essuyé le visage. Elle est une figure emblématique de la compassion auquel le chrétien est appelé, par une invitation à contempler le visage du Christ souffrant, dans une pratique individuelle de dévotion par ressenti émotionnel.
Elle est ... la patronne des photographes. Puisse-t-elle m'aider à améliorer mes pauvres images !
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Photo G. Lemoigne pour l'Atlas des croix et calvaires du Finistère.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Face nord : les évangélistes Marc et Matthieu.
Chaque évangéliste accompagné de son attribut (l'un des quatre du tétramorphe) tient le livre dont il est l'auteur, et un phylactère (autrefois peut-être peint) se déroule vers le sol.
Matthieu et l'ange. Marc et le lion.
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Photo Bernard Bègne copyright région Bretagne.
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Photo G. Lemoigne pour l'Atlas.
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Photo G. Lemoigne pour l'Atlas.
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Face est : Jean et Luc.
Luc, barbu est à gauche, rédige son évangile accompagné de son taureau.
Jean, imberbe, est face à son aigle, aussi grand que lui, et qui tient le phylactère dans son bec.
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Photo Bernard Bègne. Copyright Région Bretagne
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le socle de Marie-Madeleine : l'inscription.
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Photo Bernard Bègne copyright région Bretagne.
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On lit, en lettres minuscules en relief sur un cartouche, trois lignes disant :
CESTE CROIX
FUST FAYTE EN
L'AN MVc XLII
Soit "Ceste croix fust fayte en l'an mil cinq cent quarante deux (1542)"
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Ma lecture n'est pas celle de mes prédécesseurs, car je lis après MIL VC une lettre conjointe XL ; ou du moins, il est incontestable que le fût du L est enlacé en diagonale d'un autre fût avant les deux ii ; et je n'ose pas proposer MVcXII, ou MVcIIII.
Le Séac'h indique avec précision sa leçon "CESTE CROIX FVST FAYTE EN L'AN MVCLII" (page 176 note 82), tout comme Abgrall en 1902 "CESTE : CROIX : FVST : FAYTE : EN l'AN : MVCLII". Mais dans les deux cas, le V de FVST n'est pas fidèle (c'est un U); et pour Abgrall; la ponctuation par deux-points n'est pas fidèle non plus à l'original. Nous avons donc le droit de contester nos aînés les plus illustres., et, surtout, d'évaluer combien une diablerie semble frapper la transcription des inscriptions lapidaires, quelque soit le soin qui y est apporté.
La transcription devrait s'accompagner systématiquement d'un document photographique. Mais celui-ci n'est pas d'une vérité imparable, car, selon l'angle de prise de vue, l'angle de l'éclairage, ou, comme je l'ai fait, la pratique d'un estompage humide, les détails signifiants apparaissent, ou disparaissent.
Ainsi, Henri Pérénnès a lu en 1927 la date de 1557 : "CESTE : CROIX : FUST ; FAYTE : EN : LAN : MVc LVII". (Il corrige Abgrall pour le U mais non pour les deux-points).
Peu importe, je suis prêt à admettre provisoirement, et comme base de travail, la date de 1552. Elle a l'avantage d'être accordée à celle des autres réalisations des Prigent,
Il y a un autre élément intéressant. La formulation de l'inscription est exactement la même que le début de celle portée sur le calvaire monumental de Plougonvelin, réalisé par Bastien et Henry Prigent en 1554. Y.-P. Castel y a relevé : CESTE CROIX FUST FAYTE EN LAN MIL VC LIIII A L’HONNEUR DE DIEU ET NTRE DAE DE PITIE ET MONSEIGNEUR SAINCT. YVES PRIES DIEU POUR LES TRESPASSES . Hélas, je n'ai pu voir moi-même cette inscription. Quoiqu'il en soit, c'est un argument pour attribuer ce calvaire de Lopérec aux frères Prigent.
Encore une fois, on remarque la proximité de FAYTE avec FAYET lu par Castel sur le calvaire.
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Détail du cliché de G. lemoigne pour l'Atlas
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diorama (cliquez). Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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La statue de Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
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La statue est indépendante du socle et elle a pu être déplacée. Elle est aujourd'hui positionnée de telle sorte qu'elle tournée vers le sud, au lieu de regarder le fût et de lever les yeux vers la croix. Marie-Madeleine est agenouillée, le visage levée vers le Christ en croix. Les bras aux coudes fléchis sont légèrement écartés paumes tournés vers l'avant en geste d'adoration. Les cheveux longs sont dissimulés par le manteau, après avoir été réunis et recouvert par le bandeau occipital, ici particulièrement déployé . La sainte est vêtue d'un manteau serré par une ceinture large dont la boucle et le bout libre sont détaillés avec soin (comme c'est le cas pour tous les accessoires vestimentaires chez les Prigent).
Le manteau, aux manches évasées laissant s'épanouir les plis de la robe aux poignets, se relève à l'arrière en corolle dans un mouvement ondé spectaculaire et opulent avant de recouvrir les pieds. Les trois plis en éventail, dont il est difficile de comprendre la relation avec le manteau, se retrouvent à Saint-Ségal et à Pencran.
Cette posture et ce manteau la rapprochent de la statue de Marie-Madeleine au pied du calvaire nord de Pencran, .
On retrouve en effet ce type de statues également à Pencran, par Bastien Prigent sur la pelouse du placître, à Sainte-Marie-du-Ménez-hom par les Prigent, au Tréhou, à Commana, et à Saint-Ségal au pied du calvaire du bourg et de celui de la chapelle Saint-Sébastien sans doute par les Prigent. Ou sur les calvaires monumentaux de Plougonven et de Pleyben également par les Prigent.
La place très particulière qui est réservée à Marie-Madeleine au pied de la Croix sur ces œuvres d'art dès le XIVe et XVe siècle a été bien analysée par les historiens de l'art (qui sont de plus en plus des historiennes) et mise en rapport avec sa place privilégiée dans les évangiles, soit comme modèle de contemplation silencieuse de Jésus avec la fameuse phrase "elle a choisi la meilleure part" (Luc 10:42) face à l'activisme ménager de sa sœur Marthe, soit comme modèle de compassion lors de la Passion ou de la Mise au Tombeau, soit comme premier témoin du Christ ressuscité prenant l'apparence d'un jardinier. Pendant tout le Moyen-Âge, Marie de Magdala a été assimilée à Marie de Bethanie, qui se livre à l'onction des pieds de Jésus par du parfum. Dans l'iconographie, elle est toujours placée aux pieds du Christ (Vermeer, 1655), notamment dans les Mises au Tombeau, où elle est souvent mise à part des autres saints personnages, agenouillée en avant du tombeau .
Ce simple lien avec les pieds du Christ pourrait justifier qu'elle embrasse le pied de la Croix, mais ce serait sous-estimer le culte qui lui fut rendue par les Ordres religieux qui en ont fait la figure du chagrin de compassion, de la contemplation silencieuse, du repentir et de l'humilité.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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LA FACE OCCIDENTALE ET SES DEUX CROISILLONS.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le croisillon inférieur : la Vierge et saint Jean en pleurs ; la Pietà.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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La progression des lichens défigurant nos calvaires : trois photos.
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Photo Gérard Bègne pour l'Inventaire Général. Copyright Région Bretagne.
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Photo Gilbert Lemoigne pour l'Atlas. Copyright auteur.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vierge aux trois larmes.
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Ces larmes ne sont plus visibles sous l'atteinte lupique d"un lichen foliacé. La Vierge est voilée, porte la guimpe, et croise ses mains sur la poitrine. Le voile encadrant "en coque" aux coins carrés le visage est caractéristique des Prigent.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Jean aux trois larmes.
Jean croise les mains sur son ventre et regarde vers le bas, de façon recueillie. Il porte un manteau aux manches très larges, fermé au col par un bouton passé dans une patte ronde, et le S ainsi formé est typique de cet atelier de sculpteurs. Le visage imberbe est encadré de cheveux bouclés. Les trois larmes des Prigent tels les pendants d'un lambel sous chaque œil, sont pour l'instant encore visibles.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Pietà.
La Vierge au voile "en coque" et à la guimpe aux plis cassés témoigne de son chagrin par les trois larmes des Prigent. Les yeux sont en amande, le nez est fort, la bouche convexe et sévère, le menton petit et en avant.
Le corps du Christ allongé sur le genou droit de la Vierge forme une croix, le bras droit tombant verticalement et le bras gauche soutenu par sa Mère. Les jambes sont croisées. Comme sur la Déploration de Ploéven, datée ... de 1547.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le croisillon supérieur : le Crucifié entre les deux cavaliers.
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Le croisillon inférieur était celui des larmes; celui-ci est celui du sang. Le message est clair : le sang versé pour le chrétien doit, par compassion, faire jaillir ses larmes, par imitation de la Vierge, de Jean et de Marie-Madeleine.
C'est bien sûr celui de la Crucifixion : le sang rédempteur assurant, pour le christianisme, le Salut de l'humanité.
Celui-ci est sublimé comme "Précieux Sang" puisqu'il est recueilli par quatre anges dans des calices. Ce simple motif ouvre sur l'immense champ conceptuel et légendaire du Saint-Grall. La Fête du Précieux Sang ne fut instituée, le 1er juillet qu'au XIXe siècle.
C'est encore lui qui justifie la présence de Longin, le cavalier qui transperça de sa lance le flanc droit du Christ. Et qui, surtout, fut guéri de son trouble de vue par une goutte du sang qui jaillit de cette plaie.
Le sang qui remplissait, par image, la Fontaine de Vie du "Puits de Moïse" de Champmol s'écoule ici comme une source de vie, bénéficie aux Cavaliers dont il entraîne la conversion, suscite les saintes larmes du croisillon inférieur, puis celle de Madeleine au pied de la croix, et atteint le sol pour faire renaître Adam des Limbes.
Je ne peux qu'insister lourdement, aussi lourdement que le fait le sculpteur.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le Christ en croix.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Les anges au calice.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Les deux cavaliers.
J'ai détaillé leur identification, la tradition iconographique, notamment sur les vitraux bretons du XVIe ou l'harnachement des chevaux, dans mes articles sur les calvaires des chapelles Saint-Sébastien en Saint-Ségal et Sainte-Marie du Ménez-Hom.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Longin, le cavalier le doigt à la paupière.
Ce détail signifiant n'est bien visible qu'en multipliant les points de vue.
Longin, barbe pointée, porte un bonnet conique très hébraïque avec son voile couvrant les oreilles et la nuque. La main droite, posée sur le genou, est celle qui tenait la lance. Celle-ci n'est-elle qu'évoquée, ou bien existait-il jadis une lance en bois qui se fixait dans la paume ? De l'autre coté, devant la selle, on voit un accessoire à forme ampullaire.
En plus des lichens, il y a de la mousse qui fait de beaux coussins verts aux poignets.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le bon centenier.
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Son regard est tourné vers le Christ. Il est coiffé d'un turban d'où descend un voile couvrant la nuque. Il porte l'épée au coté gauche.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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LA FACE ORIENTALE.
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Le croisillon inférieur : Marie-Madeleine et saint Pierre entourant le Christ sortant du tombeau.
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Photo Bernard Bègne pour l'Inventaire Général.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Marie-Madeleine.
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Je ne reviens pas sur les trois larmes.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Pierre.
Sa présence n'est pas justifiée par le saint patron de Lopérec, car saint Pérec (Sant Petroc), représenté en moine tenant une biche sur ses genoux, n'a rien n'a voir avec saint Pierre.
Il est présent ici, comme sur de nombreux calvaires de Basse-Bretagne, comme premier évêque de Rome, mais peut-être aussi comme premier des Apôtres et surtout, dans notre contexte, comme celui à qui le Christ ressuscité est apparu pour la troisième fois (Jean 21:14), après l'apparition à Marie de Madeleine et celle aux Apôtres réunis. C'est lors de cette troisième apparition du Christ ressuscité que ce dernier s'adressa à Simon Pierre , lui dis trois fois Simon fils de Jonas m'aimes-tu ; Pais mes brebis, puis enfin (Jn 21:19) "Suis moi".
Il y a donc une logique et une continuité entre les représentations du Calvaire, de la Sortie du Tombeau (Résurrection), de l'Apparition à Marie-Madeleine, et de celle à Pierre.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Sortie du tombeau.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le croisillon supérieur. Le Christ aux liens.
C'est bien entendu, une fois encore une image destinée à susciter la compassion.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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LES DEUX LARRONS.
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Une émouvante photo de Bernard Bègne les montre lorsqu'ils étaient en réserve avant leur montage autour du socle.
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Photo Bernard Bègne pour l'Inventaire Général.
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Le Bon Larron.
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Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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Et le mauvais qui tire la langue !
Y'a pas d'justice : c'est lui le mieux conservé.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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ANNEXE. L'ART DE SCULPTER LE KERSANTON DE L'ATELIER PRIGENT.
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Outre les porches de Pencran (1553), de Landivisiau (1554-1565), de Guipavas (1563), outre les statues isolées de divers porches ou sanctuaires, outre le gisant de Laurent Richard à Plouvien , outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve de l'atelier des Prigent 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier.
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Les 10 croix et calvaires complets :
Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré. Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
-Le Tréhou, croix de l'ouest du bourg
-Guimiliau, croix de Laguen de 1572, signée des Prigent, avec le Crucifié avec une pietà :
-Lanhouarneau, croix de Kerlaouérat, attrib. Henri Prigent.
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages. Le Christ crucifié est entouré de la Vierge et Jean sur le croisillon.
- Saint-Servais, calvaire du sud du bourg.
3°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages (statues géminées du croisillon) ou 6 personnages (toutes les statues sont géminées, y compris celles du centre ).
-Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
-Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
-Pleyben, chapelle Saint-Laurent, 6 personnages : Crucifié/Christ ressuscité, Vierge / Laurent, Jean/évêque. On reconnaît ici le style de Bastien Prigent.
-Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 personnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
-Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous., attribué à Henri Prigent.
4°) Calvaire à deux croisillons.
-Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
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Les 17 vestiges de croix et calvaires :
-Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : le Crucifié et l'ange orant, attribués à Henry Prigent Dans la chapelle elle-même, d'autres statues de Prigent, qui faisaient partie du calvaire, sont représentées dos à dos : cellesde Saint Paul Aurélien et d'un saint non identifié, ainsi que de saint Nicolas une pietà et un "Christ ressuscité" .
-Dinéault, Calvaire de l'église Sainte Marie Madeleine. les Prigent ont travaillé sur le piédestal supportant le calvaire, Bastien Prigent a sculpté Marie-Madeleine, la tête levée vers Jésus sur la croix et Jean-l'Évangéliste debout, la tête baissée et le front plissé, tandis que François d'Assise est représenté et, à l’avant du piédestal, un bas-relief représentant un moine tenant un tissu sur lequel est gravé un visage sacré. Ces œuvres datent de 1550. Les statues sur la traverse ne sont pas de l'atelier des Prigent, mais datent de 1696 et représentent géminées des statues de la Vierge jumelées à Saint Sébastien, un évêque soutenu par un pietà, Marie-Madeleine agenouillée soulève le couvercle de son pot à onguents et Jean l'évangéliste s'associe à Saint Pierre, tandis que la sculpture de Jésus crucifié renversé avec un "Christ aux liens" est attribuée à l'atelier de Roland Doré. Ce calvaire a une hauteur de 6,00 mètres. D'autres sculptures de Prigent peuvent être vues dans l'église Sainte Marie Madeleine elle-même
-Guiclan, calvaires de la Croix-Neuve et de Kersaingilly. Il y a deux calvaires dans la région de Guiclan. Parmi les sculptures impliquées dans le calvaire de la Croix-Neuve, seules la statue de Sainte Véronique et la Vierge Marie avec bébé sont de l'atelier Prigent. Le calvaire est simple et contient des statues de Sainte Véronique et de la Vierge Marie avec un enfant placé de chaque côté de la représentation du Christ crucifié. Le calvaire de Kersaingilly présente des représentations de Saint Yves, le Christ crucifié inversé avec la Vierge Marie avec son enfant et Saint Gilles. L'atelier des Prigent ne travaillait que sur la statue de Saint Yves. Bastien Prigent est attribué au travail. Saint Yves est représenté dans la robe d'un avocat. Cette statue venait de La Roche-Maurice et a été ajoutée au calvaire lors de sa restauration en 1889 par Yan Larhantec.
-Guissény calvaire du cimetière de l'église. Il est inscrit "J. Habasc gouver (neur) 1555" et les statues sont attribuées à Henry Prigent. Le calvaire était à l'origine situé à la chapelle Saint-Yves à Kervézennec, mais après le pèlerinage de 1920 ("mission"), il a été érigé à Guissény par le restaurateur Donnart. Le calvaire a une représentation de la Vierge Marie adossée à une représentation de saint Yves, du Christ crucifié inversé avec un "Christ lié" et de Jean l'évangéliste soutenu d'une représentation d'un évêque. La tête de Jean l'évangéliste a disparu et la tête de l'évêque n'est pas la tête d'origine.
-Kerlouan : Croix Saint-Sauveur : Trinité de Bastien Prigent.
-La Forest-Landerneau : cimetière haut statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes.
-La Forest-Landerneau : cimetière bas : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix.
-Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681.
-Lanneufret : Calvaire de l'église Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle.
-Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
-Le Folgoët, musée : vestige d'un Crucifié par Bastien Prigent.
-Plonevez-Porzay : Calvaire de l'église Le Crucifié et d'un ange portant un titulus est attribuée à l'atelier de Prigent.
-Ploudaniel, calvaire de l'église : Dans la chapelle Saint-Éloi se trouvent les restes de deux calvaires. Il y a une statue géminée de Jean/un autre saint et un "Christ aux outrages".
-Ploudaniel : calvaire de la chapelle Saint-Pétronille de attribué à l'atelier de Prigent avec les statues de Saint-Pétronille et de Jean l'évangéliste de Bastien Prigent et près du corps de la croix, une Marie-Madeleine attribuée à l'atelier.
-Quimper, jardin du cloître de l'église Notre-Dame de Locmaria de Quimper, restes d'un calvaire et l'atelier Prigent est attribué à une statue géminée de la Vierge/Saint-Pierre.
-Plouider, calvaire à Brondusval : Il ne reste plus grand chose du calvaire mais les statues de saint Yves, de saint Fiacre et d'un saint non identifié sont attribuées à l'atelier de Prigent.
-Plouhinec, calvaire de la "Maison du sculpteur Quillivic" Il s’agit d’un calvaire contemporain où l’image du Christ crucifié est remplacée par la partie supérieure du cadre d’une fenêtre gothique. Le calvaire a des statues géminée de la Vierge /saint Yves et Jean
-Plouvorn, calvaire de la chapelle de Lambader : des statues de la Vierge Marie et de Marie Madeleine sont de l'atelier des Prigent qui ont également sculpté le blason d'Audren de Kerdrel et l'emblème des "Cinq-Plaies" .
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Les croix et calvaires de "Fayet" :
Pour Le Seac'h, qui suit ici Castel, on peut ajouter à cette liste les calvaires de Fayet, un compagnon des Prigent au style « si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de le différencier », s'il n'avait signé de son nom le calvaire de Lopérec avec la date de 1552.
Il rentre dans la liste des calvaires à deux croisillons avec la Vierge/Pierre et Jean/Marie-Madeleine en bas, les deux cavaliers de la Passion sur le 2ème croisillon et le Crucifié au dessus, avec le Christ aux liens au revers et deux anges au calice sous le Crucifié. Marie-Madeleine est au pied de la croix.
E. Le Seac'h lui attribue aussi :
-Le haut du calvaire du cimetière du calvaire de Laz : le Crucifié, les anges au calice, et l'Ecce Homo au revers.
-Le Christ mutilé de Coat-Nant en Irvillac.
-Le vestige du Crucifié du jardin du Doyenné au Folgoët.
-Le vestige du Crucifié du pignon de l'école Notre-Dame du Tromeur de Landerneau
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LA STYLISTIQUE « RÉALISTE » DE L'ATELIER PRIGENT.
Henri (frère ou fils de Bastien) est le moins habile. Bastien, par sa manières plus souple, qui produit un effet expressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme , la raideur des réalisations d' Henri.
a) Le Crucifié :
Les yeux en amande à l'arcade sourcilière cassée
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide = un espace ajouré entre les mèches de cheveu et le visage.
La couronne tressée
Les yeux clos
Les grandes narines
La bouche charnue aux lèvres entrouvertes.
Une barbe étagée ou bifide
un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril en forme de bouton
Un pagne volant, noué sur le coté par une grande boucle
b) La Vierge
Elle porte une guimpe montant jusqu'au menton et un voile coqué.
Trois ou cinq larmes coulent sur la joue , en forme de patte d'oiseau avec une larme plus grande au milieu
Vierge de pietà : agenouillée, se tenant bien droite, le visage impassible, elle tient son Fils dans ses bras, le corps de celui-ci renversé en diagonale, en appui sur le genou de sa mère.
Marie-Madeleine agenouillée (Pleyben et Plougonven, Bastien Prigent) : tête inclinée en arrière, elle porte une robe aux plis lourds et harmonieux. Son voile a glissé sur son dos.
Par ailleurs
Visages rectangulaires ou ovales. Arcades sourcilières « aiguisées ». Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides.
« Fayet » se distinguerait par :
un style sévère avec des Crucifiés raides
l'association de la statuaire gothique et d'un décor renaissance, avec les fleurons godronnés entourés d'un galon décoratif, des consoles moulurées et des feuilles d'acanthe sur les culots.
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— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1902, Les croix et les calvaires du Finistère , Bulletin Monumental Année 1902 66 pp. 176-209, page 205.
"LOPÉREC. Tout près de l'église, dans l'ancien cimetière : CESTE : CRO!X : FVST : FAYTE : EN : LAN : MVc LII. Même disposition et mêmes personnages qu'à Locmélar. En plus, Ecce-Homo, .Résurrection., Saint Pierre et saint Jean. Saint François d'Assise à genoux montrant ses stigmates, la Madeleine aussi à genoux. Sur le socle, en bas-reliefs: Notre-Seigneur portant sa croix, sainte Véronique, les quatre évangélistes, apparition de Notre-Seigneur à la Madeleine sous la figure d'un jardinier portant une bêche."
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1916, Inscriptions du Finistère, Bull. SAF
Fayet : Sculpteur et tombier. Nom relevé sur le calvaire de Lopérec (1552) Excellent artiste à qui l'on doit, semble-t-il la diffusion du type de calvaire aux anges porteurs de calice pour recueillir le précieux sang. Oeuvres du même type à Coray (1553), Plounéou-Ménez (1554), Laz (1563), Lanneufret, Ploéven, Trégourex
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, "L'anonymat des sculpteurs sur pierre bretons mis en question. Signatures d'artistes sur des calvaires de Bretagne occidentale au XVIe siècle" in Océan atlantique et péninsule armoricaine : études archéologiques : actes du 107e Congrès national des sociétés savantes, Brest, 1982, Section d'archéologie et d'histoire de l'art, Paris, 350 p., p. 181-191.
Castel rapproche Fayet d'un mot -faict- retrouvé sur une dalle funéraire de la cathédrale Saint-Pol-de Léon, et qu'il lit "faiet" .
Elle avait été relevée par Théophile Peyron (*) ainsi : Cy est la chapelle de messire et noble homme Christophe Tuonelorn de Kerautret, recteur de Ploecolm, faict M. Vcc. http://infobretagne.com/cathedrale-saintpoldeleon.htm
Castel lit "A noble home me christofle tuonelorn sr de K(er) autret chanoine de leon recteur de ploecolm faiet LMVCC" et il ajoute :
"La lecture du nom d'un sculpteur était si peu attendue à cette place que Peyron corrige faiet en faict. Mais comme il a des hésitations pour ce qui est du reste de l'inscription, omettant une partie, transformant une autre eu égard à son caractère inhabituel, nous maintenons la lecture faiet."
Le tombier Faiet pourrait être un ascendant de notre Fayet de Lopérec. D'autant plus que le matériau de la dalle funéraire de Saint-Pol et celui du calvaire est le même kersanton que l'on extrait des carrières littorales au fond oriental de la rade de Brest.
Les détails stylistiques, autant que la facture de ses visages permettent de suivre la diffusion de son talent à Coray, 1553, Plounéour-Ménez, 1554, Lothey, croix de Kerabri, 1556, Laz, 1563, ainsi qu'à Landudal, Lanneuffret, Ploéven, Plozévet et Trégourez."
(*) L'inscription a été lue par Clech en 1907: "cy est la chapelle de messire et noble homme Christophe de Traonelorn de Kerautret, recteur de Ploecolm, faict M V."
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.
n° 1245. Lopérec, église, kersanton 6 m. 1552, par Fayet. Soubassement architecturé, table d’offrande. Socle cubique orné de bas-reliefs: Jésus et Véronique, Madeleine au jardin de la Résurrection, Marc et Matthieu, Luc et Jean. Statue de Marie-Madeleine: CESTE CROIX FUST FAYTE EN L’AN MVCLII. Fût à pans. Premier croisillon, large console où une longue inscription a été martelée, réservant le nom de Fayet sur la droite, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean (?)Madeleine, au centre, Vierge de Pitié. Revers: Christ ressuscité. Second croisillon, cavaliers. Croix, fleurons-boules godronnés, crucifix, anges aux calices. Christ lié au revers. Nous pensons trouver dans le nom de Fayet celui d’un sculpteur de là première moitié du XVIè s. [YPC 1980]
"EGLISE SAINT-PEREC. L'édifice actuel, en forme de croix latine, a été bénit le 2 décembre 1894 ; il est dû aux plans de l'architecte Gassis, mais, de l'ancien édifice l'on a conservé le clocher, la chapelle des fonts, le porche et la sacristie sud. Il comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, deux ailes formant faux transept et un choeur profond à chevet polygonal. Les bas-côtés sont doubles au droit de la troisième travée. Le vaisseau, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau, sans entraits ni sablières. Les grandes arcades en tiers-point reposent sur les chapiteaux des piliers octogonaux. Des arcs diaphragmes séparent le transept des bas-côtés. La porte à la base du clocher, en plein cintre et encadrée de deux colonnes corinthiennes, porte sur sa clé la date de 1666, et la tour, sur sa face est, l'inscription : "C. QVEINNEC. F. 1669." Celle-ci fut reconstruite en 1764, mais une partie de la flèche ne fut pas achevée alors mais terminée seulement en 1860 par Le Naour. A l'intérieur de la première galerie, l'inscription : "RESTAURE EN 1860" rappelle ces travaux. A la naissance de la flèche, seconde balustrade, clochetons d'angle et gables ajourés. Au chevet, inscription : "I. KDRAON. P. MIOSSEC. 1700."
La porte du porche donnant accès à l'église date de 1586, lisible dans une inscription sur le chapiteau, avec, au sommet de l'accolade, l'écu des Penguern, rappelant la fondation de l'ancien édifice par Yves de Penguern et Marie de Kermorial, sa femme. La porte extérieure est en anse de panier, comme à Pencran et à Rumengol. A l'intérieur du porche, niches Renaissance abritant les statues des Apôtres en kersanton (C.) ; celle de saint Jude porte l'inscription : "LAN. 1615. CES. IMAGES. FVT. FAIT. /Y. CEVAER. FA..." Les niches sont séparées par des bandes méplates ornées de roses. Lambris avec sablières à mascarons et blochets ; l'une des sablières porte la date de 1586. Anomalie iconographique : saint Thomas porte un bâton de foulon et saint .Matthieu l'équerre. Mobilier : Transept sud, retable du Rosaire, fin XVIIe siècle ou début XVIIIe siècle (C.). Il avait été réalisé et offert gratuitement à la confrérie, ainsi que l'indique la mention suivante dans un acte "Yvo Cevaer fecit et dedit gratis pro Deo in honorem Beatae Mariae Virginis de Rosario." La confrérie avait été fondée le 19 septembre 1693. Sur l'entablement cintré, le Père Eternel entre deux anges posés sur les ailerons du fronton. Entre les deux colonnes torses, groupe du Rosaire (Vierge Marie en ronde bosse, saint Dominique et sainte Catherine en hautrelief), avec, tout autour, les médaillons des quinze Mystères. Sur les piédestaux des colonnes, saint Joseph et saint Joachim en bas-relief ; et, dans le soubassement, la Foi et l'Espérance en bas-relief polychrome. Transept nord, à l'autel Sainte-Anne, retable à deux colonnes torses et pilastres cannelés, fin du XVIIe siècle. Dans une niche posée sur l'entablement, le Père Eternel. Chaire de 1755, en chêne rehaussé de dorures aux angles : bas-reliefs des Docteurs d'Occident dans les panneaux de la cuve et du Baptiste sur le dossier, abat-voix hexagonal avec l'ange à la trompette. Fonts baptismaux : porte ajourée de bois peint sous un entablement classique porte par deux colonnes lisses. A l'intérieur, boiseries, confessionnal intégré, panneau central portant un Baptême du Christ non peint en bas-relief, XVIIIe et XIXe siècles. Deux confessionnaux à demi-dôme écaillé, de style fin XVIIIe siècle. - Stalles en place dans le choeur, sans agenouilloirs. - Le catafalque ancien a été détruit vers 1975. Statues anciennes - en bois polychrome :saint Michel terrassant le démon XVIIe (C), Christ en croix, groupe du Rosaire, autre Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Merci, XVIIe siècle, saint Jean-Baptiste, XVIIe siècle, saint Pierre et saint Joachim dans deux présentoirs à colonnettes torses et fronton à pots à feu (choeur) fin XVIIe siècle ; - en kersanton : les Apôtres du porche (C.), Notre Dame de Pitié, la Madeleine et une sainte Femme tenant des linges (porche), saint Pérec dans une niche au-dessus du portail ouest. Vitraux : Ensemble de Felep de Landerneau, 1840 : six saints dans les trois fenêtres du chevet ; - fenêtre à grisaille et fenêtre à saints, côté nord ; - Le Christ Juge entre la Vierge Marie et saint Joseph ("Souvenir de la Mission de 1922" - signé "Ch. Lorin Chartres 1922") et le Sacré-Coeur, côté sud ; - Le Bon Pasteur et l'Ange gardien, côté ouest. Orfèvrerie : Calice et patène en argent doré, poinçon G.D.P. de l'orfèvre Guillaume du Perron et l'inscription : "... PEREC... 1679." - Six chandeliers de cuivre argenté. Cloche portant l'inscription : "JACQVES DE PENGVERN... FAICT LAN 1681." A la sacristie : Bois : statues de saint Joseph (80 cm.), Vierge ( 40 cm.). Au presbytère, salle de catéchisme, grande statue de bois *
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"Sur la place, calvaire à double croisillon, en kersanton (C.) : Christ en croix entre deux cavaliers posés sur le croisillon supérieur, Ecce Homo au revers ; - sur le second croisillon, statues géminées encadrant une Pietà à l'ouest et Jésus ressuscité au revers, inscription martelée dont il reste un nom : "FAYET." Au bas du fût de la croix, inscription en caractère gothiques : "CESTE CROIX/ FUST FAYTE EN / LAN. M. VcLII." Sur les faces du socle carré, comme à Saint-Servais, bas-reliefs : à l'ouest, Véronique et Jésus tombé à terre ; - au sud, Jésus ressuscité apparaissant à Madeleine ; - à l'est, les Evangélistes Marc et Matthieu ; - au nord, Luc et Jean. Contre le fût, Madeleine à genoux, kersanton. Ce calvaire a été abattu par la tempête du 16 octobre 1987.
Fontaine de la Madeleine entre Lintarec et Penhoat-Saliou."
— DOUAR (Christel) TOSCER (Catherine), 1995,Calvaire de Lopérec, Dossier IA29002206 réalisé en 1995 Inventaire général
in 14e siècle : mention de la paroisse.
1552 : Date portée sur le calvaire. La famille de Penguern (voir dossier PENGUERN, manoir) finance partiellement la construction de l'église. Mise en place probable de l'ossuaire (vestiges en forme de cariatides entreposés dans l'église).
1586 Construction du porche sud qui porte la date (sablière est) ainsi que les armoiries de Penguern (Yves de Penguern avait épousé Marie de Kermorial).
1615 Date portée sur une des 12 statues d'apôtres du porche exécutées par Yves Cevaër.
Entre 1666 et 1699 Grande campagne de reconstruction initiée par Jacques de Penguern.
Un procès-verbal de 1666 fait état du clocher qui " est si caduq et indigent de réparation qu'ils [les paroissiens] sont sont obligés de le dessandre [sic] pour le réediffier de neuf " . Le pignon ouest et la nef portent, à l'extérieur et à l'intérieur, des litres peintes aux armes des Penguern et des familles alliées.
Reconstruction du massif occidental ; la porte ouest porte la date de 1666 et la partie inférieure de la tour l'inscription : C : QVEINNEC. F : 1669.
En 1699-1700, prolongement de la nef, agrandissement du choeur, mise en place d'un chevet à pans coupés de type Beaumanoir et reconstruction de la sacristie sud. Destruction des anciennes baies du choeur portant les armoiries des Penguern et réaménagement de la partie est du transept. Construction probable de la chapelle des fonts. Cloche datée 1681 donnée par Jacques de Penguern.
Fin 17e siècle Après l'achèvement des travaux de gros oeuvre, mise en place des grands retables nord et sud.
1760-1766 Importante campagne de travaux pour laquelle on utilise le granite extrait de la perrière de Locronan . Doublement probable du bras sud, élargissement du pignon ouest laissant en légère saillie la partie initiale du 17e siècle, reconstruction de la chambre des cloches et de la partie inférieure de la flèche (elle ne sera achevée qu'en 1860).
— DOUAR (Christel) TOSCER (Catherine), 1995,Calvaire de Lopérec, Dossier IA29002206 réalisé en 1995 Inventaire général
Le calvaire porte la date de 1552 ; il a conservé son emplacement d'origine au sud de l'église après le transfert du cimetière en 1883. Brisé par un ouragan en 1987, il fut entièrement remonté en 1989.
Ce calvaire remarquable et unique dans le canton du Faou est probablement une création des sculpteurs et frères Bastien et Henry Prigent ; il se compare à une de leurs œuvres majeures, le calvaire de Plougonven (Finistère) avec lequel il partage structure, style et matériau.
Calvaire à deux croisillons superposés et figurés. Base à compartiments enfermant des demi reliefs. Les vestiges de deux larrons, à l'origine fixés sur des fûts isolés encadrant le calvaire, sont entreposés dans l'église. Revers sculpté, calvaire à double face. Le programme iconographique qui se déroule sur les croisillons superposés et le socle est à la fois traditionnel, disert et exécuté avec une indéniable force évocatrice. Au Christ crucifié entouré de cavaliers et d´anges qui recueillent le précieux sang, à la Vierge de Pitié encadrée de saint Jean et de la Vierge correspondent, sur l´autre face, une Vierge à l´Enfant, un Christ souffrant et la Résurrection accompagnée de saint Pierre et de Marie-Madeleine. Sur les quatre faces du socle dominé par Marie-Madeleine pénitente, figurent, en bas reliefs, des scènes de la Passion, les quatre évangélistes, la sainte Face, saint Eloi (?) et Marie-Madeleine présentant le vase de parfum.
— FRÉAL (Jacques), 1981 Calvaires et enclos paroissiaux de Bretagne Page 219
"Le premier croisillon soutient les statues géminées de la Vierge et de saint Pierre, de saint Jean et de Madeleine. ... Une inscription martelée, courant sur la face ouest du premier croisillon laisse apparaître le nom de Fayet, dans lequel certains voient l'auteur de ce monument."
Tout près de l'église, dans l'ancien cimetière, un calvaire se dresse qui, par sa disposition et ses personnages, rappelle celui de Locmélar. En haut, Notre Seigneur en croix, avec quatre anges qui recueillent dans des calices le précieux sang. Dans Ies côtés, deux cavaliers, dont l'un, saint Longin, armé de la lance, perce le flanc de Jésus. Plus bas, Notre Dame de Pitié, la Sainte Vierge et saint Jean. Derrière, Ecce Homo, Résurrection, saint Pierre et saint Jean, saint François d'Assise à genoux, montrant ses stigmates, la Madeleine également à genoux, telle qu'on la voit reproduite à Saint-Ségal, à Saint- Sébastièn de la même paroisse, à Sainte-Marie-du Ménez-Hom et à Pencran An pied de la Croix, on lit : CESTE : CROIX : FUST ; FAYTE : EN : LAN : MV" LVII. Sur Ies quatre faces du piédestal qui rappelle la disposition de la croix de Saint-Servais, des bas-reliefs représentent : N. S. portant sa Croix, sainte Véronique avec l'image de Ia Sainte-Face, Ies quatre Evangélistes, le Sauveur apparaissant à Madeleine sous la forme d'un jardinier portant une bêche.
J'ai suffisamment présenté la chapelle de Kerluan dans mon article précédent pour ne pas y revenir. Et j'ai présenté Roland Doré dans chacun des 12 articles cités en référence pour ne pas reprendre, une fois encore, l'expression de "virtuose du kersanton" qui colle à ce sculpteur. Bon. Je pourrai d'ailleurs me dispenser de tout commentaire tant on retrouve à Kerluan la triade Vierge/Christ en croix/Jean si fréquent sur la centaine de croix et calvaires sortis de l'atelier landernéen. Et tant les traits stylistiques y sont constants.
Certes, il ne nous reste aujourd'hui que 15 calvaires complets, qui méritent donc toute notre attention, et, malgré la répétition, une "notice" détaillée.
D'abord, ce calvaire-ci est daté, les chiffres 1639 étant gravés très lisiblement sur le nœud du croisillon. Nous sommes là au milieu de la période de production (1618-1663) de l'atelier.
Mais ici, première particularité, le calvaire est composite. Seule la partie haute, en kersanton, est de Roland Doré. Ce "Crucifix" (Christ en croix entouré de la Vierge et de Jean) est implanté sur un fût de granite, un matériau que Roland Doré ne taille pas. Il est très probable que ce fût, avec deux personnages en haut relief, soit antérieur à son couronnement. Il pourrait dater du XVIe siècle. Puisque la chapelle est considérée dater de 1550 (G. Leclerc), cette hypothèse d'un premier calvaire plus jeune serait logique.
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Le fût du XVIe siècle.
Ce fût de granite, cylindrique, est remarquable par les deux saints, Sébastien et Roch, sculptés en haut-relief sur deux cotés opposés. J'ai écrit en 2012 que leur présence, associée à la date de 1639, s'expliquait par une épidémie de peste (maladie pour laquelle ils sont invoqués pour leur protection) de cette année là. Mais leur antériorité probable m'incite à remettre en cause cette allégation. L'épidémie de peste serait plus ancienne, comme à Saint-Sébastien en Saint-Ségal (vers 1541), ou Saint-Côme-et-Damien en Saint-Nic (début XVIe ?).
Ce type de personnage en haut-relief taillé sur le fût (et non scellé) est une vrai prouesse, car cela suppose pour le sculpteur de partir d'un bloc de pierre bien plus épais, et d'en éliminer une grande partie. On le retrouve assez fréquemment entre Châteaulin, le nord du Porzay et la Presqu'île de Crozon, comme à Plomodiern (saint Yves, XIXe), Argol (un saint Pierre), Roscanvel (saint Yves, XVIe), Dinéault (chapelle Saint-Exuper, un saint Marc, XVIe), Dinéault (Pennayeun, saint Marc, XVIe). Et surtout à Lopérec, la croix de Kergonan porte un saint Sébastien ET la date de 1580.
Ici, ce fût est en granite, matériau moins résistant à l'érosion que le kersanton ; aussi les deux saints ont perdu une partie de leur lustre. Mais on voit bien la tête d'éphèbe de Sébastien (et ses cheveux bouclés en boule), ses mains liées dans le dos, son pagne et surtout les trois trous des flèches de son supplice. De l'autre coté, saint Roch, à la tête féminine par ses cheveux longs et bouclés, atypiques, s'identifie par l'ange qui vint l'assister et par ce qui est peut-être, près de la jambe droite, son Roquet.
L'orientation de ce fût n'est pas fixée ; en 2012 et 2013, saint Sébastien faisait face à l'ouest, aligné avec le crucifix, et saint Roch était tourné vers l'entrée du placître. Mais le calvaire a été remonté depuis (vandalisme de 2015) avec les deux saints sur un axe nord-sud.
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Plusieurs vicissitudes.
Dans sa description de 1980 dans son Atlas, Yves-Pascal Castel signalait que le calvaire venait d'être abattu par une tempête.
En 2015 , c'est par un acte de vandalisme que le calvaire a été à nouveau, et rudement, secoué : le fût a été brisé en plusieurs morceaux.
Ces deux épisodes en 30 ans donnent à imaginer combien ce que nous voyons aujourd'hui est le résultat de nombreuses interventions de restauration.
C'est dire aussi l'importance des documentations photographiques ...
René Couffon (avant 1988) décrivait :"Sur le placitre, calvaire daté 1639, de l'atelier Roland Doré : plus de Christ, Marie géminée à un saint sur l'un des consoles ; adossées au fût, statues de saint Roch et de saint Sébastien. " Mais en 1993, Guy Leclerc publiait son article (que je n'ai pas pu lire) sur "La résurrection d'un calvaire" et donnait "l'Historique et la description du calvaire restauré de la chapelle Notre-Dame de Kerluan en Châteaulin".
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Une autre singularité.
Si j'ai souligné la description de Couffon, c'est que ce calvaire de Roland Doré n'a, c'est rare, qu'une seule face : les statues ne sont pas "géminées", à deux personnages adossés.
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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I. LA FACE ORIENTALE.
et l'absence de bigéminisme...
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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II. LE COTÉ OUEST. LE CRUCIFIÉ, LA VIERGE ET SAINT JEAN.
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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LE CHRIST EN CROIX.
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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LA VIERGE.
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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SAINT JEAN.
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Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Roland Doré, 1639) de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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III. LE FÛT EN GRANITE ET SES DEUX STATUES.
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Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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Saint Sébastien.
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Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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Saint Roch.
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Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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Comparez avec la photo de Bernard Bègne prise (en 2013?) pour l'Inventaire Général :
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photo Bernard Bègne copyright région Bretagne
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Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin. Photographie lavieb-aile.
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ANNEXE.
ROLAND DORÉ ET SES 50 CALVAIRES.
Le sculpteur landernéen dont l'atelier de taille du kersanton est le plus renommé du XVIIe siècle a travaillé pour 82 paroisses (Finistère, Côtes d'Armor) essentiellement pour la sculpture religieuse (et 9 gisants). Il a réalisé les séries d'apôtres de 4 églises, partiellement de 4 autres et quantité de statues isolées. Selon E. Le Seac'h, il a réalisé 97 croix, calvaires ou vestiges dont 21 croix, 50 calvaires, 26 vestiges. Seuls 12 croix et 15 calvaires sont encore complets. 41 croix et calvaires sont datés, entre 1618 à Penmarc'h et 1662 à Saint-Thégonnec.
Voici une liste de 75 croix et calvaires (en gras : décrits dans ce blog)
Brennilis : croix de calvaire du cimetière (vers 1625) . Ange, Crucifix, Pietà,
Briec de l'Odet, Croix de la chapelle de Trolez (Seul le crucifix est de Roland Doré)
Cast, calvaire de l'église Saint-Jérôme : (1660), GLINEC, recteur, Jacob CROISSANT, fabricien. Vierge, Madeleine, crucifix, Jean, saint au livre
Châteaulin, calvaire (1639) de la chapelle de Kerluan : Vierge, crucifix, Jean (et sur le fût saint Sébastien et saint Roch, hors atelier).
Cléden-Cap-Sizun : calvaire (1630) de la chapelle Saint-They. Vierge, Jacques le Majeur en haut du fût .
Cleder, croix de Kerzuoc'h (1625), Messire PRISER, procureur
Commana : calvaire du cimetière (1624), signé. Vierge/saint Hervé et son guide ; crucifix ; moine au livre ; Jean/moine, écu martelé
Crozon, presbytère, vestige de calvaire, saint Pierre.
Dinéault, calvaire (1648 et 1650), A. LE BUILLER, L. GARO,fabriciens. Crucifix, Christ aux liens.
Dirinon, calvaire de la Croix-Rouge, Jean/saint Roch ; crucifix, Vierge/Sébastien
Douarnenez, calvaire de la chapelle Saint-Vendal(1655), GAVRANT, recteur de Pouldregat, I. LE BIAN. Vierge/Corentin ; crucifix ; Vierge à l'enfant/Jean ; évêque
Douarnenez-Tréboul, vestige de calvaire, Jean/Corentin, Vierge/Nicolas
Esquibien : calvaire de Landrevet Jean/ saint indéterminé ; crucifix /Vierge à l'Enfant ; Pierre/Vierge
Le Folgoët, croix du Champ de Foire. Crucifix
Guiclan, croix de Kerizamel
Guiclan, calvaire de Kerlaviou (1622)
Guiclan, calvaire de Pen-ar-Feuteun (1642), [Jean/Yves par Yan Larhantec 1889] ; crucifix ; Vierge/Catherine.
Hanvec : croix de la forêt du Cranou (1627), vestige. Il appartenait à la chapelle Saint-Conval mais il ne subsiste que le fût portant l'inscription : « R. Dore : ma : faict : 1627 ».
Hanvec, Croas-ar-Huré (1621-1622) M. MICHEL, P. BRIS CVRE. Crucifix, écu au calice, anges à phylactères.
Hanvec, calvaire de Quillafel (1638), NICOLAS JACQUES, prêtre
Hanvec, croix de Lanvoy ; seul le crucifix /Vierge à l'enfant est de Roland Doré
L'Hôpital-Camfrout, Croix du Run (1627), Crucifix/Vierge à l'Enfant
L'Hôpital-Camfrout, Calvaire du Troan, vestiges : anges au calice
Irvillac : calvaire (1644) avec deux bras courbes situé devant la chapelle Notre-Dame-de-Lorette au lieu-dit Coatnan. Larrons, Vierge/Yves ; Jean/Pierre
Irvillac, calvaire de Clénunan (1640), Messire Jean LIDOU.
Irvillac, calvaire (1628) de la chapelle de Locmélar : Jean/Pierre ; Vierge/évêque
Kersaint-Plabennec, calvaire de Laven , crucifix. (En complément du travail du Maître de Plougastel qui a réalisé les couples Vierge/Yves ; Jean/Etienne).
Lampaul-Guimiliau, calvaire (1621) de Cosquer-Bihan dit Croaz-Kernevez : crucifix/Vierge à l'enfant.
Lampaul-Guimiliau, calvaire de Kerjaffrès (1626), Mathieu LIVINEC fabricien, Y. KERBRAT, fabricien
Lannilis, calvaire de Kerosven. Vierge ; crucifix/Jean-Baptiste, Jean
Lantic, calvaire de l'église Notre-Dame-de-la-Cour. Crucifix/Vierge à l'enfant. Armoiries des Rosmadec et Gouarlot.
Loc-Éguiner-Saint-Thégonnec, calvaire du cimetière , crucifix (en complément du travail du Maître de Plougastel :Vierge/sainte Femme Pietà/Madeleine ;
Logonna-Daoulas, Croix de Cléménéhy (?), SALOMON PIERRES DE PORS AN . Crucifix/Vierge à l'enfant.
Logonna-Daoulas, calvaire de Rulivet. Crucifix. [Saint Nicodème sur le fût, saint Jean, blason des Rosmorduc, hors atelier.]
Loqueffret, calvaire de Bilirit (1625), Y. et Louis BELERIT, fraires. Crucifix/Vierge à l'Enfant ; [et Yves ; Geneviève ; Edern, hors atelier].
La Martyre, vestige (fût) du calvaire de Kerlavarec (?), Béatrice CABOUN.
Penmarc'h, croix de Lescors (1618), crucifix.
Plabennec, calvaire de Scaven, crucifix.
Pleyber-Christ, calvaire de Kervern (1647), Yvon INISAN et Marie MADEC. Vierge/Marguerite
Plogonnec : calvaire (1644) de la chapelle Saint-Pierre. Vierge/Paul ; Jean/Pierre
Plogonnec: calvaire (1641) de la chapelle Seznec, Guillaume TOULGUENGAT, recteur de 1624 à 1642, René SEZNEC, recteur de 1643 à 1697.Christ et anges aux calices, Vierge/évêque, Jean/évêque, Christ aux liens,
Plomodiern calvaire de la chapelle Sainte-Marie-du Ménez-Hom, tête de la Vierge de la Pietà et Vierge à l'Enfant, tout le reste étant hors atelier.
Plonévez-Porzay : calvaire de la chapelle Sainte-Anne-la-Palud [1630-1656], Guillaume VERGOZ, recteur de 1630 à 1656, lucas BERNARD, fabricien ?. Vierge/Pierre, Crucifix/Pietà ; Jean/Jacques
Ploubazlanec, calvaire de l'ancienne chapelle de Loguivy-de-la-Mer. Vierge et Jean
Ploudiry, calvaire (1633) de l'église : Crucifix et Marie-Madeleine
Plougastel-Daoulas, Le Passage, calvaire (1622), Jean GUIGORUS, fabricien. François d'Assise/Vierge ; crucifix/Pietà ; évêque/Jean.
Plougastel-Daoulas, calvaire (1639) du Tinduff : Le Seac'h p. 228. n. 78 et 79.
Ploumilliau (22), calvaire (1622) de Coz-Douar. Crucifix/Vierge à l'Enfant.
Plounéour-Ménez : le calvaire (1641) de l'église . Vierge/Pierre et Jean/Paul.
Plounéour-Ménez : croix de Kersimonnet. Vierge à l'Enfant
Plourin-les-Morlaix ? Vestiges d'un calvaire sur le mur de l'enclos
Port-Launay, calvaire (1651) de Lanvaïdic. Crucifix, culots vides.
Poullan-sur-Mer, calvaire (1640) de Kervignac vestiges
La Roche-Maurice, croix (1625) de Penmarc'h. Crucifix, macles des Rohan.
Rosnoën : calvaire (1648) de l'église Pierre/évêque ; Crucifix/Vierge à l'Enfant (hors atelier) ; Paul/évêque
Saint-Nic,calvaire de la chapelle Saint-Côme : crucifix.
Saint-Nic,calvaire de l'église Vierge/diacre ?; Crucifix ; Jean/diacre ?
Saint-Renan, croix de Quillimerrien ( ?), ADENOR AR COR et IVET AR COR, Vierge
Saint-Sauveur : croix de Kerbouzard Crucifix.
Saint-Ségal, calvaire du bourg : Vierge, Marie-Madeleine et Jean sur le socle
Saint-Servais, calvaire de l'église. Crucifix/Christ aux liens.
Saint-Servais, croix (1640) de Bréties dite Croas-Vossoc. Crucifix.
Saint-Thégonnec, grand calvaire de l'enclos paroissial ; Christ aux outrages
Saint-Thégonnec, calvaire de Bodéniry (1632), Anna BREST et Jean GUILLERM. Vierge/François d'Assise ; Jean/Yves
Saint-Thégonnec, croix du Broustou (1662); Crucifix
Saint-Thégonnec, croix de Coslen. Crucifix/Saint Joseph et l'Enfant
Saint-Thégonnec, croix de Hellin, 1638, Crucifix / Vierge à l'Enfant écu sur le nœud lion et calice
Saint-Thégonnec, croix (1629) de Pennalan. Crucifix/Vierge , écu au calice et M.H.C.P.
Saint-Thégonnec, croix du Keff, Vierge à l'Enfant de la niche.
Saint-Thégonnec, croix (1647) de Pennavern. Crucifix/Vierge à l'Enfant, écu avec fasces des Chastel en alliance avec des armoiries indéterminées.
Saint-Urbain : calvaire du Quinquis. Crucifix
Senven-Léhart : calvaire près de l'église Notre-Dame de Senven. Une douzaine de personnages.
Trézilidé, calvaire de l'église. Bon Larron, Pierre, Pietà, Mauvais Larron.
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PORCHES AUX APÔTRES
Pleyber-Christ complet, non daté. Et décollation de Pierre en trois statues
Plestin-les-Grèves, complet, non daté. Christ dans le tympan
Trémaouézan, 11 apôtres . Roland Doré atteint la virtuosité de son style
Guimiliau (avec le Maître de Plougastel qui a fait saint Pierre et saint Jean). Christ dans le tympan
Le Tréhou, 4 apôtres Pierre, Jean, André, Thomas. Christ Sauveur dans le tympan. Les plus primitifs.
Pleyben : Jean et Jacques. Et décollation de Pierre
Saint-Thégonnec (1632): Jean, Jacques et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel)
Plougourvest : Jacques le Majeur et Christ dans le tympan
Saint-Houardon de Landerneau, saint Matthieu (transept)
Hôpital-Camfrout, Dieu sauveur
Bodilis, Christ Sauveur.
Rosnoën, Christ Sauveur
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STYLISTIQUE DE ROLAND DORÉ (d'après E. Le Seac'h)
Roland Doré a sculpté uniquement dans le kersanton. Son style dépouillé, facilement reconnaissable et proche de l'épure, a contribué à établir sa réputation. Il se distingue par son souci de replacer la réalité des formes dans l'espace en allant à l'essentiel. Sa virtuosité à sculpter les visages doux de ses Vierges ou à donner un tempérament à ses œuvres profanes en fait un sculpteur d'exception. Il a débuté comme compagnon dans l'atelier du Maître de Plougastel (1585-1617) puis a entrepris une carrière prolifique à Landerneau.
— Le Christ :
Les représentations du Crucifié sont caractérisés par des corps allongés, aux longs bras noueux et aux torses presque rectangulaires avec les muscles de l'abdomen en forme de poire. Les veines du cou sont saillantes. Les Christ penchent la tête du coté droit, les yeux clos. Leurs pagnes plats sont noués sur le coté gauche. Les visages sont presque émaciés, les joues creuses mangées par une barbe et une moustache aux mèches fines. Les crucifix courts dont le canon est à cinq têtes se différencient des crucifix longs à sept têtes (Y-P. Castel).
La couronne d'épines est caractéristique, aux deux brins entrelacés en forme de carré.
— Les Vierges à l'Enfant : elles portent leur enfant sur le bras gauche, la main droite tenant une pomme. Elles ont le visage poupin , les yeux en amande au sillon palpébral bien dessiné. et arborent le fin sourire « doréen »
— Les personnages de Roland Doré se reconnaissent aussi à leurs yeux aux iris creusés.
— Saint Jean accompagne la Vierge sur les croix et calvaires. Sa gestuelle varie peu : les deux mains posées sur la poitrine, (Seznec à Plogonnec, N.D de Kerluan à Châteaulin, Commana, Saint-Nicodème à Ploéven (1637), Tinduff à Plougastel, Saint-Vendal à Douarnenez) ou simplement une seule main, l'autre étant caché sous sa tunique (Sainte-Anne-la-Palud à Plonévez-Porzay). Plus rarement, il serre le pan de sa tunique et appuie un livre fermé contre sa poitrine (Coatnan à Irvillac). Parfois il joint les mains, les doigts entrelacés (Plogonnec) ou il tient un livre dans le creux formé par sa main gauche (Cast, 1660). Sa physionomie est partout similaire. Le seul changement appréciable se voit dans sa chevelure lisse (Seznec ou Saint-Pierre à Plogonnec, Commana, Tinduff à Plougastel, à l'ouest de l'église de Plounéour-Ménez en 1641) ou bouclée (Saint-Nicodème à Ploéven en 1637, Coatnan à Irvillac en 1644, Saint-Vendal à Douarnenz (1655) , Sainte-Anne-la-Palud à Ploénevez-Porzay, Saint-Nic, ou Cast) comme sur les gisants mais d'une manière aléatoire sans que l'on puisse repérer une évolution chronologique.
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SOURCES ET LIENS.
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— CANTIQUE “Kantik Intron Varia Guerluan,”Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 9 mars 2020,https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/106.
216. Kerluan, g. k. 5 m. XVè s. 1639, par Roland Doré. Abattu par la tempête récemment. Trois degrés, le premier à large corniche en cavet. Socle cubique. Fût portant en relief saint Sébastien et saint Roch. Croisillon, statues: la Vierge et saint Jean. Croix à branches rondes, fleurons-boules, crucifix. [YPC 1980]
avril 2015 [keraval 2015]
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred) 1988, Notice sur Châteaulin, extrait de Couffon, René, Le Bars, Alfred, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
"Sur le placitre, calvaire daté 1639, de l'atelier Roland Doré : plus de Christ, Marie géminée à un saint sur l'un des consoles ; adossées au fût, statues de saint Roch et de saint Sébastien. "
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm
— DILASSER ( Maurice), 1979, Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région Page 607.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
— COUFFON (René), Le BARS (Alfred), 1988, Notice de Châteaulin extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.
CHAPELLE NOTRE-DAME DE KERLUAN Edifice en forme de croix latine avec clocher Renaissance à deux étages amorti par un dôme. Le pignon ouest date dans sa partie basse du XVIe siècle et a été remonté au XVIIIe siècle dans sa partie haute au-dessus des sommiers. Le portail, flanqué de larges contreforts, est gothique avec ses voussures profondes et son accolade à fleuron. La date la plus ancienne inscrite sur l'édifice est celle de 1653 qu'on lit sur le linteau de la chambre des cloches avec le nom de M. LAGADEC, desservant de la chapelle à cette époque.
Le chevet plat a gardé sa fenêtre à réseau flamboyant ; il porte l'inscription : "BEZIEN. FABRIQVE. 1725". La longère sud a été restaurée en 1837.
La sacristie octogonale porte l'inscription : "V. D. Mre. LE DV. R./H. H. IAN. GVISIEN. FABR. 1734". Sur la porte sud, une autre inscription : "F. F. P. IEAN. HETET. FABRIQVE. 1819".
Mobilier : Statues - en plâtre : Vierge à l'Enfant, qui a remplacé au début du XXe siècle une Vierge allaitant jugée trop réaliste ; - en bois polychrome : Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Kerluan, XVIIIe siècle, autre Vierge Mère, saint Luc, saint Marc, saint Corentin, saint diacre (Laurent ?), saint Mathurin, Vierge Marie et saint Jean sur la poutre de gloire dépourvue du Christ.
Sur le placitre, calvaire daté 1639, de l'atelier Roland Doré : plus de Christ, Marie géminée à un saint sur l'un des consoles ; adossées au fût, statues de saint Roch et de saint Sébastien.
Fontaine au village de Stang-vihan ; dans un enclos de pierres, niche en tiers-point avec statue de la Virgo Lactans.
— LECLERC (Guy), 1993, La résurrection d'un calvaire, p. 12-14, ill. Historique et description du calvaire restauré de la chapelle Notre-Dame de Kerluan en Châteaulin (xvie-xviie siècles). L'Écho de Saint-Louis — Châteaulin. Bulletin de l'école secondaire privée Saint-Louis. № 154.
— S.N (Guy Leclerc ?), 1993, La chapelle Notre-Dame de Kerluan", Monuments et objets d’art du Finistère. Études, découvertes, restaurations (année 1992) Bull. Société archéologique du Finistère Pages 179
—L'HARIDON ( Erwana), 2013, Calvaire de la chapelle de Kerluan à Châteaulin, Dossier IA29010004 inclus dans Chapelle Notre-Dame de Kerluan (Châteaulin) réalisé en 2013 , Inventaire Général du Patrimoine Culturel.
Calvaire en granite et kersantite composé de trois degrés, le premier à large corniche en cavet, sur socle cubique. Le fût porte en relief saint Sébastien et saint Roch, les croisillons reçoivent les statues de la Vierge et saint Jean. Croix à branches rondes, fleurons-boules, crucifix.
La chapelle Saint-Claude ou Sant-C'hlaoda est dédiée à l'évêque de Besançon, décédé en 696. Elle aurait été édifiée après un vœu prononcé par le sire de Kergoat alors qu'il était retenu prisonnier des Maures.
Les éléments de datation sont la date de 1574 du chevet, Beaumanoir, l'inscription sous le blason des Roscerf C : MAVCAIRE PRIEVR RECTEVR : DE : PLOVGASTEL : IAN : CORRE : FABRIQVE 1652, (*), l'inscription IAN LE GALL F. :1665, celle de la base du clocher GVILLAME BIZAN FA [16--]. La sacristie porte la date 1747 et la mention MICHEL LE BOT PRETRE.
(*) R. Couffon a lu à tort 1661, et M.J. Quintin 1632.
On trouve aussi JEHAN : LE : VIGOVROVS: FABRICA
La chapelle dépendait de la famille des Buzic, seigneurs de Roscerf. Leurs armes de gueules à six annelets d'argent se voient sur la clef de voûte de la boiserie du chœur.
Le calvaire de 4 mètres de haut qui se dresse sur le placître est attribué à Roland Doré. C'est une belle œuvre de 1630, en pierre de Logonna (Castel) et principalement en kersantite, au soubassement à trois hauts degrés, socle cubique à larges griffes où sont gravés une croix et le monogramme IHS. Le fût est octogonal, portant un croisillon aux branches arquées et cannelées terminées par deux culots à godrons, qui portent les statues géminées de Yves-Vierge et Pierre-Jean. Au centre, sur une console, une Vierge de Pitié. La croix ne porte pas (ou ne porte plus) de Christ, et cette croix est nue à branches rondes, titulus et fleurons. Décrivons encore, sur le nœud du croisillon, un écu martelé (des Rocerf ?).
L'orientation est discutable. Lors d'un remontage, on a orienté vers le sud-ouest ( et vers le visiteur qui pénètre par l'entrée précisément sud-ouest) une face présentant saint Yves à gauche et saint Pierre à droite. On sait pourtant que les Crucifix (le Christ en croix entouré de la Vierge à gauche et Jean à droite) sont en règle tournés vers l'occident, par la symbolique reliant la mort du Christ , et le couchant.
A contrario, c'est sur la face tournée vers le nord-est que le spectateur découvre la Vierge (mais à droite !), et saint Jean à gauche. Et c'est là encore, que la Pietà est placée.
Il faut dire que la chapelle n'est pas orientée exactement ouest-est ( mais sud-ouest/nord-est).
Si on inverse les statues géminées de place (translation) et d'orientation (rotation), on obtient bien, tournés vers l'ouest approximatif, la Vierge à gauche et Jean à droite, et, de l'autre versant, saint Pierre à gauche et Yves à droite.
Pour compliquer mon discours et emberlificoter un peu plus mon lecteur, on remarque que le Christ en croix ne peut prendre place entre le titulus et la Pietà. Peut-on imaginer que la Pietà était du coté oriental, le titulus restant occidental?
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LA FACE OCCIDENTALE.
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge de Pitié.
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La Vierge est émouvante par sa tendre inclinaison en arc au dessus de la tête de son Fils. Ses yeux sont ouverts, graves et pensifs ; les pupilles sont creuses, un procédé typique de Roland Doré. La bouche également caractéristique (presque souriante, arc de la lèvre supérieure droit, dilaté aux commissures par deux fossettes, petite lèvre inférieure charnue faisant — mais à peine —la moue) est encadrée par les parenthèses tristes des rides naso-labiales.
Les cheveux sont cachés par un voile-manteau formant une coque rectangulaire dont les strictes plis verticaux contrastent avec ceux, plus animés, de ceux en coups d'ongle de la guimpe .
Elle soutient son Fils assis par une main sous l'aisselle droite, près de la plaie du flanc, et elle ramène près d'elle son bras gauche.
Les cheveux longs du Christ répondent aux plis du voile, et la grille de ses côtes sont aussi un écho de ceux de la guimpe.
Roland Doré a sculpté 4 autres Pietà, (à Brennilis , c'est une Déposition à 4 personnages), mais àLoc-Éguiner-Saint-Thégonnec, à la chapelle Sainte-Marie-du Ménez-Hom à Plomodiern,et à la chapelle de Lantis au Passage à Plougastel-Daoulas, le corps du Christ est allongé en diagonale sur le genou droit.
Il n'y a qu'à la chapelle Sainte-Anne-la-Palud de Plonévez-Porzay, que nous trouvons cette disposition, mais avec moins de grâce.
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Calvaire (1630-1656) de Sainte-Anne-la-Palud. Photo lavieb-aile.
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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Saint Pierre.
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Il s'identifie par sa clef et par la houppe de sa calvitie frontale, et, comme apôtre à son livre et à ses pieds nus. Le bas du visage est semblable à celui du Christ de la Pietà.
Pierre est le saint qui revient le plus souvent sous le ciseau de Doré. Il apparaît à sept reprises, à Locmélar d'Irvillac, à Dinéault, à la chapelle Saint-Guénolé de Plougastel, à la chapelle de Sainte-Anne-la-Palud, à celle de Saint-Nicodème en Ploéven et à celle de Landrevet à Esquibien. Sans compter sa présence à Crozon ; à Irvillac sur le calvaire (1644) avec deux bras courbes situé devant la chapelle Notre-Dame-de-Lorette au lieu-dit Coatnan ; à Plogonnec : calvaire (1644) de la chapelle Saint-Pierre ; à Plounéour-Ménez sur le calvaire (1641) de l'église ; et à Saint-Thégonnec, calvaire de Bodéniry (1632). Ou à Dinéault sur le calvaire de Croaz-Moudennou.
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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Saint Yves.
Il est coiffé du bonnet carré, vêtu d'une cotte talaire (laissant poindre le bout de solides chaussures) longue et plissée, recouverte du surcot plus court mais non moins plissé (d'où le nom de "surplis"), et ses épaules sont recouvertes d'un scapulaire à capuchon. Il s'identifie non seulement à cette tenue, mais aussi au livre de Droit placé dans une couverte (un sac de transport), au sujet duquel nous pouvons comme à chaque fois nous interroger : et si c'était le sac à procès contenant les dépositions ou requêtes ?
Surtout, nous remarquons le geste énumératif hélas parasité par les lichens, par lequel le juriste présentait ses arguments. J'ai étudié, à la suite d'Yves-Pascal Castel, ce geste professionnel caractéristique sur les statues de Saint-Ségal bourg et de Saint-Sébastien en Saint-Ségal.
Ce serait selon le recensement d'E. Le Seac'h, l'un des rares saint Yves de Roland Doré avec celui du calvaire de Bodéniry à Saint-Thégonnec en 1632, ou à Pen-ar-feunten de Guiclan en 1642.
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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LA FACE "ORIENTALE".
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge.
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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Saint Jean.
Mains croisées, la droite au dessus (comme à Seznec à Plogonnec, N.D de Kerluan à Châteaulin, Commana, Saint-Nicodème à Ploéven (1637), Tinduff à Plougastel, Saint-Vendal à Douarnenez), les cheveux en perruque bouclée triangulaire comme à Saint-Nicodème à Ploéven en 1637, Coatnan à Irvillac en 1644, Saint-Vendal à Douarnenz (1655) , Sainte-Anne-la-Palud à Ploénevez-Porzay, Saint-Nic, ou Cast.
Les deux plis du manteau tombent symétriquement, avant de développer leurs plis obliques.
Ici, la tête à peine inclinée à gauche, Jean lève les yeux vers le haut, la direction du Christ en croix.
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Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (Kersanton, 1630, Roland Doré) de la chapelle Saint-Claude à Plougastel. Photographie lavieb-aile.
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ANNEXE.
ROLAND DORÉ ET SES 50 CALVAIRES.
Le sculpteur landernéen dont l'atelier de taille du kersanton est le plus renommé du XVIIe siècle a travaillé pour 82 paroisses (Finistère, Côtes d'Armor) essentiellement pour la sculpture religieuse (et 9 gisants). Il a réalisé les séries d'apôtres de 4 églises, partiellement de 4 autres et quantité de statues isolées. Selon E. Le Seac'h, il a réalisé 97 croix, calvaires ou vestiges dont 21 croix, 50 calvaires, 26 vestiges. Seuls 12 croix et 15 calvaires sont encore complets. 41 croix et calvaires sont datés, entre 1618 à Penmarc'h et 1662 à Saint-Thégonnec.
Voici une liste de 75 croix et calvaires (en gras : décrits dans ce blog)
Brennilis : croix de calvaire du cimetière (vers 1625) . Ange, Crucifix, Pietà,
Briec de l'Odet, Croix de la chapelle de Trolez (Seul le crucifix est de Roland Doré)
Cast, calvaire de l'église Saint-Jérôme : (1660), GLINEC, recteur, Jacob CROISSANT, fabricien. Vierge, Madeleine, crucifix, Jean, saint au livre
Châteaulin, calvaire (1639) de la chapelle de Kerluan : Vierge, crucifix, Jean (et sur le fût saint Sébastien et saint Roch, hors atelier).
Cléden-Cap-Sizun : calvaire (1630) de la chapelle Saint-They. Vierge, Jacques le Majeur en haut du fût .
Cleder, croix de Kerzuoc'h (1625), Messire PRISER, procureur
Commana : calvaire du cimetière (1624), signé. Vierge/saint Hervé et son guide ; crucifix ; moine au livre ; Jean/moine, écu martelé
Crozon, presbytère, vestige de calvaire, saint Pierre.
Dinéault, calvaire (1648 et 1650), A. LE BUILLER, L. GARO,fabriciens. Crucifix, Christ aux liens.
Dirinon, calvaire de la Croix-Rouge, Jean/saint Roch ; crucifix, Vierge/Sébastien
Douarnenez, calvaire de la chapelle Saint-Vendal(1655), GAVRANT, recteur de Pouldregat, I. LE BIAN. Vierge/Corentin ; crucifix ; Vierge à l'enfant/Jean ; évêque
Douarnenez-Tréboul, vestige de calvaire, Jean/Corentin, Vierge/Nicolas
Esquibien : calvaire de Landrevet Jean/ saint indéterminé ; crucifix /Vierge à l'Enfant ; Pierre/Vierge
Le Folgoët, croix du Champ de Foire. Crucifix
Guiclan, croix de Kerizamel
Guiclan, calvaire de Kerlaviou (1622)
Guiclan, calvaire de Pen-ar-Feuteun (1642), [Jean/Yves par Yan Larhantec 1889] ; crucifix ; Vierge/Catherine.
Hanvec : croix de la forêt du Cranou (1627), vestige. Il appartenait à la chapelle Saint-Conval mais il ne subsiste que le fût portant l'inscription : « R. Dore : ma : faict : 1627 ».
Hanvec, Croas-ar-Huré (1621-1622) M. MICHEL, P. BRIS CVRE. Crucifix, écu au calice, anges à phylactères.
Hanvec, calvaire de Quillafel (1638), NICOLAS JACQUES, prêtre
Hanvec, croix de Lanvoy ; seul le crucifix /Vierge à l'enfant est de Roland Doré
L'Hôpital-Camfrout, Croix du Run (1627), Crucifix/Vierge à l'Enfant
L'Hôpital-Camfrout, Calvaire du Troan, vestiges : anges au calice
Irvillac : calvaire (1644) avec deux bras courbes situé devant la chapelle Notre-Dame-de-Lorette au lieu-dit Coatnan. Larrons, Vierge/Yves ; Jean/Pierre
Irvillac, calvaire de Clénunan (1640), Messire Jean LIDOU.
Irvillac, calvaire (1628) de la chapelle de Locmélar : Jean/Pierre ; Vierge/évêque
Kersaint-Plabennec, calvaire de Laven , crucifix. (En complément du travail du Maître de Plougastel qui a réalisé les couples Vierge/Yves ; Jean/Etienne).
Lampaul-Guimiliau, calvaire (1621) de Cosquer-Bihan dit Croaz-Kernevez : crucifix/Vierge à l'enfant.
Lampaul-Guimiliau, calvaire de Kerjaffrès (1626), Mathieu LIVINEC fabricien, Y. KERBRAT, fabricien
Lannilis, calvaire de Kerosven. Vierge ; crucifix/Jean-Baptiste, Jean
Lantic, calvaire de l'église Notre-Dame-de-la-Cour. Crucifix/Vierge à l'enfant. Armoiries des Rosmadec et Gouarlot.
Loc-Éguiner-Saint-Thégonnec, calvaire du cimetière , crucifix (en complément du travail du Maître de Plougastel :Vierge/sainte Femme Pietà/Madeleine ;
Logonna-Daoulas, Croix de Cléménéhy (?), SALOMON PIERRES DE PORS AN . Crucifix/Vierge à l'enfant.
Logonna-Daoulas, calvaire de Rulivet. Crucifix. [Saint Nicodème sur le fût, saint Jean, blason des Rosmorduc, hors atelier.]
Loqueffret, calvaire de Bilirit (1625), Y. et Louis BELERIT, fraires. Crucifix/Vierge à l'Enfant ; [et Yves ; Geneviève ; Edern, hors atelier].
La Martyre, vestige (fût) du calvaire de Kerlavarec (?), Béatrice CABOUN.
Penmarc'h, croix de Lescors (1618), crucifix.
Plabennec, calvaire de Scaven, crucifix.
Pleyber-Christ, calvaire de Kervern (1647), Yvon INISAN et Marie MADEC. Vierge/Marguerite
Plogonnec : calvaire (1644) de la chapelle Saint-Pierre. Vierge/Paul ; Jean/Pierre
Plogonnec: calvaire (1641) de la chapelle Seznec, Guillaume TOULGUENGAT, recteur de 1624 à 1642, René SEZNEC, recteur de 1643 à 1697.Christ et anges aux calices, Vierge/évêque, Jean/évêque, Christ aux liens,
Plomodiern calvaire de la chapelle Sainte-Marie-du Ménez-Hom, tête de la Vierge de la Pietà et Vierge à l'Enfant, tout le reste étant hors atelier.
Plonévez-Porzay : calvaire de la chapelle Sainte-Anne-la-Palud [1630-1656], Guillaume VERGOZ, recteur de 1630 à 1656, lucas BERNARD, fabricien ?. Vierge/Pierre, Crucifix/Pietà ; Jean/Jacques
Ploubazlanec, calvaire de l'ancienne chapelle de Loguivy-de-la-Mer. Vierge et Jean
Ploudiry, calvaire (1633) de l'église : Crucifix et Marie-Madeleine
Plougastel-Daoulas, Le Passage, calvaire (1622), Jean GUIGORUS, fabricien. François d'Assise/Vierge ; crucifix/Pietà ; évêque/Jean.
Pleyber-Christ complet, non daté. Et décollation de Pierre en trois statues
Plestin-les-Grèves, complet, non daté. Christ dans le tympan
Trémaouézan, 11 apôtres . Roland Doré atteint la virtuosité de son style
Guimiliau (avec le Maître de Plougastel qui a fait saint Pierre et saint Jean). Christ dans le tympan
Le Tréhou, 4 apôtres Pierre, Jean, André, Thomas. Christ Sauveur dans le tympan. Les plus primitifs.
Pleyben : Jean et Jacques. Et décollation de Pierre
Saint-Thégonnec (1632): Jean, Jacques et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel)
Plougourvest : Jacques le Majeur et Christ dans le tympan
Saint-Houardon de Landerneau, saint Matthieu (transept)
Hôpital-Camfrout, Dieu sauveur
Bodilis, Christ Sauveur.
Rosnoën, Christ Sauveur
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STYLISTIQUE DE ROLAND DORÉ (d'après E. Le Seac'h)
Roland Doré a sculpté uniquement dans le kersanton. Son style dépouillé, facilement reconnaissable et proche de l'épure, a contribué à établir sa réputation. Il se distingue par sin souci de replacer la réalité des formes dans l'espace en allant à l'essentiel. Sa virtuosité à sculpter les visages doux de ses Vierges ou à donner un tempérament à ses œuvres profanes en fait un sculpteur d'exception. Il a débuté comme compagnon dans l'atelier du Maître de Plougastel (1585-1617) puis a entrepris une carrière prolifique à Landerneau.
— Le Christ :
Les représentations du Crucifié sont caractérisés par des corps allongés, aux longs bras noueux et aux torses presque rectangulaires avec les muscles de l'abdomen en forme de poire. Les veines du cou sont saillantes. Les Christ penchent la tête du coté droit, les yeux clos. Leurs pagnes plats sont noués sur le coté gauche. Les visages sont presque émaciés, les joues creuses mangées par une barbe et une moustache aux mèches fines. Les crucifix courts dont le canon est à cinq têtes se différencient des crucifix longs à sept têtes (Y-P. Castel).
La couronne d'épines est caractéristique, aux deux brins entrelacés en forme de carré.
— Les Vierges à l'Enfant : elles portent leur enfant sur le bras gauche, la main droite tenant une pomme. Elles ont le visage poupin , les yeux en amande au sillon palpébral bien dessiné. et arborent le fin sourire « doréen »
— Les personnages de Roland Doré se reconnaissent aussi à leurs yeux aux iris creusés.
— Saint Jean accompagne la Vierge sur les croix et calvaires. Sa gestuelle varie peu : les deux mains posées sur la poitrine, (Seznec à Plogonnec, N.D de Kerluan à Châteaulin, Commana, Saint-Nicodème à Ploéven (1637), Tinduff à Plougastel, Saint-Vendal à Douarnenez) ou simplement une seule main, l'autre étant caché sous sa tunique (Sainte-Anne-la-Palud à Plonévez-Porzay). Plus rarement, il serre le pan de sa tunique et appuie un livre fermé contre sa poitrine (Coatnan à Irvillac). Parfois il joint les mains, les doigts entrelacés (Plogonnec) ou il tient un livre dans le creux formé par sa main gauche (Cast, 1660). Sa physionomie est partout similaire. Le seul changement appréciable se voit dans sa chevelure lisse (Seznec ou Saint-Pierre à Plogonnec, Commana, Tinduff à Plougastel, à l'ouest de l'église de Plounéour-Ménez en 1641) ou bouclée (Saint-Nicodème à Ploéven en 1637, Coatnan à Irvillac en 1644, Saint-Vendal à Douarnenz (1655) , Sainte-Anne-la-Palud à Ploénevz-Porzay, Saint-Nic, Cast) comme sur les gisants mais d'une manière aléatoire sans que l'on puisse repérer une évolution chronologique.
Saint Pierre
Il s'identifie par sa clef et, comme apôtre à son livre et à ses pieds nus. Pierre est le saint qui revient le plus souvent sous le ciseau de Doré. Il apparaît à sept reprises, à Locmélar d'Irvillac, à Dinéault, à la chapelle Saint-Guénolé de Plougastel, à la chapelle de Sainte-Anne-la-Palud, à celle de Saint-Nicodème en Ploéven et à celle de Landrevet à Esquibien. Sans compter sa présence à Crozon ; à Irvillac sur le calvaire (1644) avec deux bras courbes situé devant la chapelle Notre-Dame-de-Lorette au lieu-dit Coatnan ; à Plogonnec : calvaire (1644) de la chapelle Saint-Pierre ; à Plounéour-Ménez sur le calvaire (1641) de l'église ; et à Saint-Thégonnec, calvaire de Bodéniry (1632). Ou à Dinéault sur le calvaire de Moudennou.
SOURCES ET LIENS : ROLAND DORÉ.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Description matérielle : 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm. Description : Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Édition : Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut pages 222-226.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, SAF.
http://croix.du-finistere.org/
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle), Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— COUFFON, René,. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.
— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred) 1988, Notice sur Douarnenez, extrait de Couffon, René, Le Bars, Alfred, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm
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SOURCES ET LIENS POUR CETTE CHAPELLE.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, SAF.
"n°1914. Saint-Claude no 1, l. k. 4 m. Vers 1630, Roland Doré (?). Trois degrés. Socle cubique à griffes, monogramme IHS. Fût à pans. Croisillon, culots godronnés, statues géminées: Yves-Vierge, Pierre-Jean, au centre groupe N.-D. de Pitié. Croix nue, branches rondes et fleurons. [YPC 1980] "
— QUINTIN Marie-José, 1987, "La chapelle Saint-Claude", in Plougastel-Daoulas, Patrimoine architectural et statuaire, LES AMIS DU PATRIMOINE DE PLOUGASTEL, 1987 pages 53-61.
CHAPELLE SAINT-CLAUDE .. - Edifice en forme d~ ·croix latine, avec ailes accentuées et chevet Beaumanoir de 1574. Les entraits de la chapelle sont ·engueulés. La façade ouest, du xvn• siècle, porte l'inscription : « H .. ET D. LE MAUCAIRE PRIEUR RECTEUR DE PLOUGASTEL lAN CORRE FABRIQUE 1661 » ; clocher amorti par un petit dôme. Sur le pignon ··de l'aile SUd : « IEHAN LE GALL FABRIQUE 1661 » .. La sacristie porte la date de 1747. .·. Mobilier : Statues anciennes : trois de saint Claude, saint Laurent, saint T?-o.mas apôtre, saint Jérôme, saint Loup dans une niche à volets, sainte Anne, ,saint Sébastien, saint Jean provenant d'une Crucifixion. Tableau de Yves Hen daté de 1661. Sur le placitre, calvaire de Doré : Pietà, saint Pierre, saint Yves. La fontaine voisine a été refait-e en 18911.
Le calvaire de la chapelle a été érigé une cinquantaine d'année après la construction de cette dernière, sur le placître à forte déclivité qui se développe à son nord, et dont nous ne savons pas s'il était alors aussi ombragé par la douzaine d'arbres de haute futaie (chênes et hêtres). Le recteur de Pouldergat, Gabriel Caurant, fit appel au meilleur sculpteur de Basse-Bretagne, un expert dans la taille du kersanton (une pierre extraite en rade de Brest) nommé Roland Doré. Son atelier a réalisé des statues et des calvaires, ou des œuvres profanes, de 1618 à 1663. S'il a surtout travaillé autour de son atelier de Landerneau pour le Léon , la vallée de l'Elorn et le Porzay, il est également l'auteur d'œuvres en Cap-Sizun, à Poullan, Esquibien et à la chapelle Saint-They de Cléden-Cap-Sizun. Au total, il a travaillé pour 82 paroisses, et effectué, dans un style immédiatement reconnaissable, une petite centaine de croix et calvaires.
Hélas, pour l'apprenti photographe que je suis, ce bel ombrage, qui doit être fort plaisant lors du Pardon début octobre, ne m'a pas permis de rendre compte autant que je le souhaitai des talents de notre virtuose. Vous avancerez donc, en partie, à la bougie, dans une atmosphère souvent verdâtre, glauque...
Cherchez Charlie! Le calvaire est devant vos yeux....
Placître et calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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La date de 1655 est sculptée sur le socle (Couffon donne la date de 1665, et moi je n'ai rien vu), et celui du recteur sur le bras du croisillon, ce qui documente parfaitement sa fondation. Un blason est placé au nœud du croisillon, mais il est muet.
Son fût polygonal est posé sur un soubassement à trois degrés et un socle cubique chanfreiné. Ce fût porte en son tiers inférieur l'inscription I. LE BIAN : peut-être le nom du fabricien en exercice.
Le croisillon porte deux statues géminées avec, du coté ouest autour du Christ et comme c'est la règle, la Vierge à gauche et saint Jean à droite. Sil est plus difficile d'identifier les deux saints visible du coté oriental autour d'une Vierge à l'Enfant, on admet volontiers que l'évêque placé à gauche est saint Corentin, car un poisson se reconnaît à ses pieds. Enfin, une courtoisie élémentaire impose de reconnaître dans l'abbé placé à droite saint Vendal ou Gwenaël, 2ème abbé de Landévennec après saint Guénolé.
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Relevé par Yves-Pascal Castel 1980.
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Sur cette carte du début du XXe siècle, les statues géminées sont mal orientées, et ce sont les deux saints qui entourent le Crucifié.
CPA Plouhinec, Douarnenez
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La bannière porte l'inscription SANT GUENAEL PEDIT EVIDOMP au dessus d'une représentation du saint en abbé, crosse tenue à droite (cf. infra)
Photo Le Télégramme 2006.
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LA FACE OCCIDENTALE. Le crucifix, la Vierge et saint Jean, et un écu muet.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge.
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Elle est voilée et porte la guimpe. Ses mains sont croisées devant la poitrine. Les deux pans du manteau tombent , l'un au dessus du poignet et l'autre au dessous, en deux "plis de serviette" symétriques.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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Saint Jean l'évangéliste.
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Il appartient, parmi les nombreux saint Jean de Roland Doré, au groupe aux cheveux bouclés formant un triangle, comme la perruque de ses gisants, et au groupe où les deux mains sont posés devant la poitrine, la droite au dessus. Comme pour la Vierge, les pans tombent en deux plis symétriques dessinant des sinuosités, et l'un des pans passe au dessous de l'avant-bras et l'autre au dessus.
La bouche est typiquement "doréenne", hésitant à un demi-sourire (qui n'aurait pas lieu d'être ici), en arc élargi à ses extrémités par deux fossettes. Le menton est large, rond et poupin.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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Le Christ en croix.
Cf Annexe "stylistique".
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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L'écu muet.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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LA FACE ORIENTALE. La Vierge à l'Enfant, saint Corentin en évêque et saint Gwenaël en abbé. Inscription du recteur Caurant.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge à l'Enfant.
Elle est couronnée et voilée ; un manteau ample (dont le pan droit fait retour vers le coude gauche) recouvre une robe ajustée et lisse au niveau du buste et plissée au niveau de la jupe.
Le bras droit est brisé mais on voit ses deux points de fixation. Il devait tendre à l'Enfant une pomme.
La bouche "doréenne" est si typique que les coins des lèvres forment deux virgules entre la lèvre inférieure en moue.
L'Enfant entoure de son bras droit le cou de sa Mère, et tient dans sa main gauche un petit globe. Il est bouclé, en boules un peu comme la "perruque" de saint Jean, et il sourit largement. Il est vêtu d'une tunique courte sur des jambes nues, qu'empoigne la main gauche de Marie
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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Saint Corentin.
Le premier évêque de Quimper et patron du diocèse est identifié par le poisson qui le nourrit miraculeusement alors qu'il était ermite sur le Ménez Hom. Ce poisson est visible à ses pieds.
En dehors de cela, c'est un saint évêque comme tous les autres, avec sa mitre avec ses fanons, sa crosse, son geste de bénédiction index et majeur étendus, sa chape, sa robe recouverte d'un surplis.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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Saint Vendal ou Gwenaël en abbé (de Landévennec).
Il porte la mitre et ses fanons, la chape, la robe, mais la crosse est tenue dans la main droite, et la volute est dans un plan sagittal . Il tient un livre fermé en main gauche. Ces critères le définissent comme abbé.
Ce pourrait être aussi, dans un autre contexte, saint Guénolé, fondateur de Landévennec. Il est souvent vénéré avec saint Corentin (cf. chapelle St Guénolé d'Ergué-Gabéric)
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription.
Elle occupe, en lettres majuscules, le bras gauche du croisillon.
CAURANT : RECTEUR DE : POULDREGAT.
Notez les lettres conjointes AV et VL ; la ponctuation de séparation des mots par le deux-points ; la graphie "Pouldregat". Cette graphie n'est pas fautive, elle est attestée en 1512, 1680 et 1700 http://amzer-dremenet.fr/wordpress/?tag=pouldergat
En fait, un examen attentif montre, sur la partie haute du bras, au dessus de cette inscription, son début avec le titre et le prénom : MRE GABRIEL. (Je ne trouve pas mention dans la littérature de cette part de l'inscription)
Nous avons donc ici : "M[essi]re Gabriel Caurant recteur de Pouldregat", comparable à l'inscription du clocher "M[essi]re Ga[briel] Caurant recteur 1655".
Gabriel Caurant, probablement d'une famille du Faouët ou de Gourin, a été recteur de Pouldergat de 1639 à 1666. Son nom figure sur le clocher de la chapelle avec la date 1655.
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Calvaire (kersanton, 1555, Roland Doré) de la chapelle Saint-Vendal. Photographie lavieb-aile.
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ANNEXE
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ROLAND DORÉ ET SES 50 CALVAIRES.
Le sculpteur landernéen dont l'atelier de taille du kersanton est le plus renommé du XVIIe siècle a travaillé pour 82 paroisses (Finistère, Côtes d'Armor) essentiellement pour la sculpture religieuse (et 9 gisants). Il a réalisé les séries d'apôtres de 4 églises, partiellement de 4 autres et quantité de statues isolées. Selon E. Le Seac'h, il a réalisé 97 croix, calvaires ou vestiges dont 21 croix, 50 calvaires, 26 vestiges. Seuls 12 croix et 15 calvaires sont encore complets. 41 croix et calvaires sont datés, entre 1618 à Penmarc'h et 1662 à Saint-Thégonnec.
Voici une liste de 75 croix et calvaires (en gras : décrits dans ce blog)
Brennilis : croix de calvaire du cimetière (vers 1625) . Ange, Crucifix, Pietà,
Briec de l'Odet, Croix de la chapelle de Trolez (Seul le crucifix est de Roland Doré)
Cast, calvaire de l'église Saint-Jérôme : (1660), GLINEC, recteur, Jacob CROISSANT, fabricien. Vierge, Madeleine, crucifix, Jean, saint au livre
Châteaulin, calvaire (1639) de la chapelle de Kerluan : Vierge, crucifix, Jean (et sur le fût saint Sébastien et saint Roch, hors atelier).
Cléden-Cap-Sizun : calvaire (1630) de la chapelle Saint-They. Vierge, Jacques le Majeur en haut du fût .
Cleder, croix de Kerzuoc'h (1625), Messire PRISER, procureur
Commana : calvaire du cimetière (1624), signé. Vierge/saint Hervé et son guide ; crucifix ; moine au livre ; Jean/moine, écu martelé
Crozon, presbytère, vestige de calvaire, saint Pierre.
Dinéault,calvaire (1648 et 1650), A. LE BUILLER, L. GARO,fabriciens. Crucifix, Christ aux liens.
Dirinon, calvaire de la Croix-Rouge, Jean/saint Roch ; crucifix, Vierge/Sébastien
Douarnenez, calvaire de la chapelle Saint-Vendal (1655), GAVRANT, recteur de Pouldregat, I. LE BIAN. Vierge/Corentin ; crucifix ; Vierge à l'enfant/Jean ; évêque
Douarnenez-Tréboul, vestige de calvaire, Jean/Corentin, Vierge/Nicolas
Esquibien : calvaire de Landrevet Jean/ saint indéterminé ; crucifix /Vierge à l'Enfant ; Pierre/Vierge
Le Folgoët, croix du Champ de Foire. Crucifix
Guiclan, croix de Kerizamel
Guiclan, calvaire de Kerlaviou (1622)
Guiclan, calvaire de Pen-ar-Feuteun (1642), [Jean/Yves par Yan Larhantec 1889] ; crucifix ; Vierge/Catherine.
Hanvec : croix de la forêt du Cranou (1627), vestige. Il appartenait à la chapelle Saint-Conval mais il ne subsiste que le fût portant l'inscription : « R. Dore : ma : faict : 1627 ».
Hanvec, Croas-ar-Huré (1621-1622) M. MICHEL, P. BRIS CVRE. Crucifix, écu au calice, anges à phylactères.
Hanvec, calvaire de Quillafel (1638), NICOLAS JACQUES, prêtre
Hanvec, croix de Lanvoy ; seul le crucifix /Vierge à l'enfant est de Roland Doré
L'Hôpital-Camfrout, Croix du Run (1627), Crucifix/Vierge à l'Enfant
L'Hôpital-Camfrout, Calvaire du Troan, vestiges : anges au calice
Irvillac : calvaire (1644) avec deux bras courbes situé devant la chapelle Notre-Dame-de-Lorette au lieu-dit Coatnan. Larrons, Vierge/Yves ; Jean/Pierre
Irvillac, calvaire de Clénunan (1640), Messire Jean LIDOU.
Irvillac, calvaire (1628) de la chapelle de Locmélar : Jean/Pierre ; Vierge/évêque
Kersaint-Plabennec, calvaire de Laven , crucifix. (En complément du travail du maître de Plougastel qui a réalisé les couples Vierge/Yves ; Jean/Etienne).
Lampaul-Guimiliau, calvaire (1621) de Cosquer-Bihan dit Croaz-Kernevez : crucifix/Vierge à l'enfant.
Lampaul-Guimiliau, calvaire de Kerjaffrès (1626), Mathieu LIVINEC fabricien, Y. KERBRAT, fabricien
Lannilis, calvaire de Kerosven. Vierge ; crucifix/Jean-Baptiste, Jean
Lantic, calvaire de l'église Notre-Dame-de-la-Cour. Crucifix/Vierge à l'enfant. Armoiries des Rosmadec et Gouarlot.
Loc-Éguiner-Saint-Thégonnec, calvaire du cimetière , crucifix (en complément du travail du Maître de Plougastel :Vierge/sainte Femme Pietà/Madeleine ;
Logonna-Daoulas, Croix de Cléménéhy (?), SALOMON PIERRES DE PORS AN . Crucifix/Vierge à l'enfant.
Logonna-Daoulas, calvaire de Rulivet. Crucifix. [Saint Nicodème sur le fût, saint Jean, blason des Rosmorduc, hors atelier.]
Loqueffret, calvaire de Bilirit (1625), Y. et Louis BELERIT, fraires. Crucifix/Vierge à l'Enfant ; [et Yves ; Geneviève ; Edern, hors atelier].
La Martyre, vestige (fût) du calvaire de Kerlavarec (?), Béatrice CABOUN.
Penmarc'h, croix de Lescors (1618), crucifix.
Plabennec, calvaire de Scaven, crucifix.
Pleyber-Christ, calvaire de Kervern (1647), Yvon INISAN et Marie MADEC. Vierge/Marguerite
Plogonnec : calvaire (1644) de la chapelle Saint-Pierre. Vierge/Paul ; Jean/Pierre
Plogonnec : calvaire (1641) de la chapelle Seznec, Guillaume TOULGUENGAT, recteur de 1624 à 1642, René SEZNEC, recteur de 1643 à 1697.
Plomodiern calvaire de la chapelle Sainte-Marie-du Ménez-Hom, tête de la Vierge de la Pietà et Vierge à l'Enfant, tout le reste étant hors atelier.
Plonévez-Porzay : calvaire de la chapelle Sainte-Anne-la-Palud [1630-1656], Guillaume VERGOZ, recteur de 1630 à 1656, lucas BERNARD, fabricien ?. Vierge/Pierre, Crucifix/Pietà ; Jean/Jacques
Ploubazlanec, calvaire de l'ancienne chapelle de Loguivy-de-la-Mer. Vierge et Jean
Ploudiry, calvaire (1633) de l'église : Crucifix et Marie-Madeleine
Plougastel-Daoulas, Le Passage, calvaire (1622), Jean GUIGORUS, fabricien. François d'Assise/Vierge ; crucifix/Pietà ; évêque/Jean.
Plougastel-Daoulas, calvaire (v.1630) de la chapelle Saint-Claude. Vierge/Yves, Pietà ; Jean/Pierre
Plougastel-Daoulas, calvaire (1654) de la chapelle Saint-Guénolé. Vierge/Guénolé, crucifix/Vierge à l'Enfant ; Jean/Pierre
Plougastel-Daoulas, calvaire (1639) du Tinduff : Le Seac'h p. 228. n. 78 et 79.
Ploumilliau (22), calvaire (1622) de Coz-Douar. Crucifix/Vierge à l'Enfant.
Plounéour-Ménez : le calvaire (1641) de l'église . Vierge/Pierre et Jean/Paul.
Plounéour-Ménez : croix de Kersimonnet. Vierge à l'Enfant
Plourin-les-Morlaix ? Vestiges d'un calvaire sur le mur de l'enclos
Port-Launay, calvaire (1651) de Lanvaïdic. Crucifix, culots vides.
Poullan-sur-Mer, calvaire (1640) de Kervignac vestiges
La Roche-Maurice, croix (1625) de Penmarc'h. Crucifix, macles des Rohan.
Rosnoën : calvaire (1648) de l'église Pierre/évêque ; Crucifix/Vierge à l'Enfant (hors atelier) ; Paul/évêque
Saint-Nic, calvaire de la chapelle Saint-Côme : crucifix.
Saint-Nic, calvaire de l'église Vierge/diacre ?; Crucifix ; Jean/diacre ?
Saint-Renan, croix de Quillimerrien ( ?), ADENOR AR COR et IVET AR COR, Vierge
Saint-Sauveur : croix de Kerbouzard Crucifix.
Saint-Ségal, calvaire du bourg : Vierge, Marie-Madeleine et Jean sur le socle
Saint-Servais, calvaire de l'église. Crucifix/Christ aux liens.
Saint-Servais, croix (1640) de Bréties dite Croas-Vossoc. Crucifix.
Saint-Thégonnec, grand calvaire de l'enclos paroissial ; Christ aux outrages
Saint-Thégonnec, calvaire de Bodéniry (1632), Anna BREST et Jean GUILLERM. Vierge/François d'Assise ; Jean/Yves
Saint-Thégonnec, croix du Broustou (1662); Crucifix
Saint-Thégonnec, croix de Coslen. Crucifix/Saint Joseph et l'Enfant
Saint-Thégonnec, croix de Hellin, 1638, Crucifix / Vierge à l'Enfant écu sur le nœud lion et calice
Saint-Thégonnec, croix (1629) de Pennalan. Crucifix/Vierge , écu au calice et M.H.C.P.
Saint-Thégonnec, croix du Keff, Vierge à l'Enfant de la niche.
Saint-Thégonnec, croix (1647) de Pennavern. Crucifix/Vierge à l'Enfant, écu avec fasces des Chastel en alliance avec des armoiries indéterminées.
Saint-Urbain : calvaire du Quinquis. Crucifix
Senven-Léhart : calvaire près de l'église Notre-Dame de Senven. Une douzaine de personnages.
Trézilidé, calvaire de l'église. Bon Larron, Pierre, Pietà, Mauvais Larron.
Roland Doré a sculpté uniquement dans le kersanton. Son style dépouillé, facilement reconnaissable et proche de l'épure, a contribué à établir sa réputation. Il se distingue par sin souci de replacer la réalité des formes dans l'espace en allant à l'essentiel. Sa virtuosité à sculpter les visages doux de ses Vierges ou à donner un tempérament à ses œuvres profanes en fait un sculpteur d'exception. Il a débuté comme compagnon dans l'atelier du Maître de Plougastel (1585-1617) puis a entrepris une carrière prolifique à Landerneau.
— Le Christ :
Les représentations du Crucifié sont caractérisés par des corps allongés, aux longs bras noueux et aux torses presque rectangulaires avec les muscles de l'abdomen en forme de poire. Les veines du cou sont saillantes. Les Christ penchent la tête du coté droit, les yeux clos. Leurs pagnes plats sont noués sur le coté gauche. Les visages sont presque émaciés, les joues creuses mangées par une barbe et une moustache aux mèches fines. Les crucifix courts dont le canon est à cinq têtes se différencient des crucifix longs à sept têtes (Y-P. Castel).
La couronne d'épines est caractéristique, aux deux brins entrelacés en forme de carré
— Les Vierges à l'Enfant : elles portent leur enfant sur le bras gauche, la main droite tenant une pomme. Elles ont le visage poupin , les yeux en amande au sillon palpébral bien dessiné. et arborent le fin sourire « doréen »
— Les personnages de Roland Doré se reconnaissent aussi à leurs yeux aux iris creusés.
— Saint Jean accompagne la Vierge sur les croix et calvaires. Sa gestuelle varie peu : les deux mains posées sur la poitrine, (Seznec à Plogonnec, N.D de Kerluan à Châteaulin, Commana, Saint-Nicodème à Ploéven (1637), Tinduff à Plougastel, Saint-Vendal à Douarnenez) ou simplement une seule main, l'autre étant caché sous sa tunique (Sainte-Anne-la-palud à Plonévez-Porzay). Plus rarement, il serre le pan de sa tunique et appuie un livre fermé contre sa poitrine (Coatnan à Irvillac) . Parfois il joint les mains, les doigts entrelacés (Plogonnec) ou il tient un livre dans le creux formé par sa main gauche (Cast, 1660). Sa physionomie est partout similaire. Le seul changement appréciable se voit dans sa chevelure lisse (Seznec ou Saint-Pierre à Plogonnec, Commana, Tinduff à Plougastel, à l'ouest de l'église de Plounéour-Ménez en 1641) ou bouclée (Saint-Nicodème à Ploéven en 1637, Coatnan à Irvillac en 1644, Saint-Vendal à Douarnenz (1655) , Sainte-Anne-la-Palud à Ploénevz-Porzay, Saint-Nic, Cast) comme sur les gisants mais d'une manière aléatoire sans que l'on puisse repérer une évolution chronologique.
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SOURCES ET LIENS.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère, SAF.
http://croix.du-finistere.org/
440. Douarnenez-Pouldavid, Saint-Guendal, g. k. 5 m. 1655. Atelier Doré. Trois degrés. Socle 1655. Fût I. LE BIAN. Croisillon mouluré: MRE GAURANT RECTEVR DE POVLDREGAT., statues géminées: évêque-Jean, saint Corentin-Vierge. Croix à branches rondes, fleurons, crucifix, Vierge à l’Enfant. [YPC 1980]
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— COUFFON, René,. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.
— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred) 1988, Notice sur Douarnenez, extrait de Couffon, René, Le Bars, Alfred, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm
— DILASSER ( Maurice), 1979, Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région Page 607.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
Chapelle dédiée à saint Gwenaël, successeur de Guénolé à la tête du monastère de Landévennec, si l'on suit la liste des abbés incluse dans le cartulaire rédigé au milieu du XIe siècle.
Chapelle dissimulée sous les frondaisons, accrochée sur un terrain pentu qui regroupe le calvaire et la fontaine.
De plan rectangulaire, l'édifice a été construit à la fin du XVIe siècle, ainsi que l'attestent les nombreuses inscriptions qui ornent les murs nord et sud (1591, 1592,...) et les portes en accolade qui y sont percées.
Le chevet plat, plus récent, fut réédifié au début du XVIIe siècle (1604, 1607).
Le pignon occidental affiche un parti moderne avec une porte d'architecture classique à fronton triangulaire et supportant une chambre de cloche dont les linteaux portent la date 1633.
Il est amorti par un dôme surmonté d'un faux lanternon.
La nouvelle sacristie construite en 1881 a remplacé une autre plus modeste bâtie après 1607.
Cette même année 1881, l'autel des pardons fut construit contre le mur septentrional.
Mobilier :
- autel à retable classique avec tableau central représentant un évêque et une procession.
Sur les cotés, niche abritant au sud saint Vendal et au nord une statue en calcaire polychrome de Notre-Dame de Rumengol.
Autre statue de la Vierge à l'Enfant selon toute vraisemblance du même atelier (XVIe siècle).
Christ en croix sur la poutre de gloire; avant restauration, la poutre portait une inscription datée de 1612.
Les travaux de réfection et de nettoyage effectués récemment ont mis au jour des éléments du décor mural du XVIIIe siècle.
-vitraux : vitraux réalisés en 1992-1993, cartons de A. Ronan (baie nord et sud), atelier Ch. Robert.
- dans le placître, calvaire à degrés provenant de l'atelier R. Doré de Landerneau et daté de 1665.
- fontaine Saint-Vendal en contrebas, à la limite du placître.
La croix placée devant l'actuelle chapelle Saint-Laurent (qui, en 1952, remplaça l'ancien sanctuaire détruit par les bombardements) à Crozon, quartier de Tal-ar-Groas, n'occupe pas son site d'origine, et résulte en fait de la recomposition d'éléments sans doute disparate du milieu du XVIe siècle. En effet, selon les experts de l'Inventaire général, une Vierge de pitié en kersantite, laissée, sur le revers, sous le coup de l'outil, est réunie à un nœud et un crucifix en granite.
Mais l'examen attentif, aux jumelles, de la Vierge décèle, sur son visage, les trois larmes caractéristiques de la production des frères Bastien et Henri Prigent, actif à Landerneau autour de 1550 et responsable des calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), tandis que leur compagnon Fayet a signé le calvaire de Lopérec. C'est dire, et le choc esthétique qu'il suscite le confirme, que nous avons ici, sur un emplacement qui n'a rien de touristique, un vrai petit chef d'œuvre dont la commune peut s'enorgueillir, car parmi les 14 croix et calvaires répertoriés à Crozon par l'Atlas, et dont la plupart sont des vestiges sommaires, la croix de Tal-ar-Goas sort du lot.
Il faut reconnaître qu'elle n'est pourtant pas favorisée. Placée au centre d'un petit triangle de pelouse devant une chapelle fort ingrate, entre une route, un hangar et une maison individuelle, elle est en outre mal "orientée", c'est à dire que le crucifix qui est sa face principale et sa raison d'être n'est pas tournée vers l'occident, face au soleil couchant dont le déclin s'accorde, en règle, avec la mort du Christ.
D'ailleurs, le BDHA de 1907, René Couffon en 1988 ou le numéro d'Avel Kornog sur Tal ar Groas en 2015 n'en disent rien. Yves-Pascal Castel la décrit brièvement dans son Atlas (398. Tal-ar-Groas no 1 g. k. 1,5 m. XVIè s. Trois degrés. Socle orné d’armatures trilobées. Fût rond. noeud gravé, sainte Face, anges avec instruments de la Passion. Croix à branches rondes, crucifix, Vierge de Pitié. ) en 1980. Emmanuelle Le Seac'h l'ignore dans son catalogue des œuvres de Bastien et Henri Prigent de 2014, et ce n'est que récemment qu'a été mis en ligne le dossier de l'Inventaire Général de 2010 soulignant " Le groupe de la Vierge de Pitié s'inscrit dans une production artistique de qualité qui caractérise les créations des sculpteurs finistériens du 16e siècle, notamment l'atelier des frères Bastien et Henry Prigent actif autour de 1550 (calvaires de Lopérec et Plougonven)". (Dossier IA29004861). Les trois larmes de la Vierge ne s'y trouvent pas décrites.
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Description.
Sur son emmarchement en schiste et microdiorite quartzite à trois degrés est posé un socle carré orné d'arcades trilobées, puis un fût circulaire en granite, qui reçoit un "nœud" de kersanton, qui transforme la section circulaire en une base carrée. Ce nœud est sculpté sous le crucifix d'un "voile de Véronique" ou Sainte Face, et de l'autre de deux anges séparés par une croix, et tenant l'un les clous et l'autre le marteau, deux instruments de la Passion. On remarque aussi une couronne d'épines entourant l'intersection de la croix. Ces anges ont la chevelure frisée en boules qu'affectionne l'atelier ducal du Folgoët.
Au dessus de ce nœud, et du coté principal, une croix à branches rondes, en granite, porte le Christ.
C'est du coté opposé (heureusement le mieux visible de la route) se trouve la Vierge de Pitié. On constate vite que le bloc a été brisé (ou même scié) , mais assez habilement réparé par du ciment pierre : le bras droit du Christ est en deux morceaux, sa jambe droite (et sans doute gauche) est sciée, le buste de la Vierge et ses jambes sont brisées, tandis que l'arrière semble avoir été frappé par une lourde masse. La sculpture a-t-elle réellement été "laissée, sur le revers, sous le coup de l'outil," ou simplement brisée ?
Je commencerai d'emblée en soulignant la présence des trois larmes sous chaque œil, d'abord parce qu'elles sont difficiles à voir sous l'éclairage habituelle, et surtout parce qu'elles constituent la signature la plus sûre de l'atelier de sculpture de la kersantite de Bastien Prigent et de son frère (ou fils?) Henri, établis à Landerneau et actifs entre 1527 et 1577.
Mais l'image montrera aussi immédiatement la qualité de l'œuvre, plus fine et racée que beaucoup de Pietà sortis de cet atelier.
On remarquera les yeux en amande aux larges paupières, l'arcade sourcilière en éventail très pur, le nez droit, la bouche sans amertume, à la lèvre inférieure discrètement avancée.
On verra aussi le voile "coqué" (pour reprendre le terme d'E. Le Seac'h), c'est à dire formant autour de la tête un habitacle de toile raide, plissée au dessus et en auvent sur le coté.
Et l'admirable enchevêtrement des plis de la guimpe .
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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LA FACE SECONDAIRE : LA VIERGE DE PITIÉ.
Vue générale en fin de journée.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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La Pietà.
La Vierge, assise, avance le genou droit en équerre, et supporte ainsi le haut du tronc de son Fils, dont elle soutient la nuque de la main. L'autre jambe est plus fléchie, et reçoit le haut des cuisses du Christ, dont le corps est ainsi incliné . Elle le retient par sa main gauche.
Le Christ a les jambes parallèles (et non croisées, comme on le voit souvent), et son bras tombe avec beaucoup de naturel en formant une courbe. C'est si naturel qu'on sera surpris de voir, dans d'autres Pietà du même atelier, ce bras, alors trop court, descendre sans courbure le long de la jambe maternelle ; mais c'est là le moyen d'exposer la plaie de la paume, ici non apparente.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le contour rond de Marie forme une tente protectrice et tendre tandis que les lignes du corps de Jésus sont droites, cassées, croisées, inscrivant le drame de la Crucifixion et de la Mort.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le thorax du Christ ne porte pas la trace de la plaie du flanc droit, ce qui est très étonnant, mais s'accorde avec le fait que le sculpteur n'a pas représenté non plus les plaies des pieds et des mains. Plus encore, il n'a pas représenté sur la tête la couronne d'épines.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le nœud : les anges tenant les instruments de la Passion autour de la Croix et de la Couronne d'épines.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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LA FACE PRINCIPALE : LE CRUCIFIX ET LA SAINTE FACE.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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CONCLUSION.
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Par la finesse des traits de la Vierge, par la souplesse de ses drapés, et la délicatesse du mouvement du bras du Christ, la Vierge de Pitié de Tal ar Groas apparaît, malgré son état de bric et de broc, un des plus beaux exemples des Pietà des Prigent, dont je vais présenter infra plusieurs exemples. On pourrait même en contester l'attribution, si les trois larmes divergentes n'en était une marque de fabrique bien assurée.
Je souhaite donc que mon article incite les passants et les curieux à s'attarder d'avantage à sa contemplation. d'où ces trois dernières photos :
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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ICONOGRAPHIE : LES CROIX ET CALVAIRES DES PRIGENT, ET LEUR VIERGE DE PITIÉ.
D'après E. LE SEAC'H PAGES 166-170.
Outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve de l'atelier des Prigent 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier.
Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré d'une Vierge à l'Enfant ou d'une Pietà.
-Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
Le Tréhou, croix de l'ouest du bourg
Guimiliau, croix de Laguen de 1572, signée des Prigent. Le sculpteur est Bastien, la Vierge à l'Enfant est tout à fait remarquable.
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages C, V, J.. Le Christ crucifié est entouré de la Vierge et Jean sur le croisillon.
Calvaire du sud du bourg de Saint-Servais.
2°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages (statues géminées du croisillon) ou 6 personnages (toutes les statues sont géminées, y compris celles du centre ).
Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
Pleyben, chapelle Saint-Laurent, 6 personnages : Crucifié/Christ ressuscité, Vierge / Laurent, Jean/évêque. On reconnaît ici le style de Bastien Prigent.
Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 personnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous, attribué à Henri Prigent.
3°) Calvaire à deux croisillons.
Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
Les 17 vestiges de croix et calvaires :
Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : le Crucifié et l'ange orant, attribués à Henry Prigent Dans la chapelle elle-même, d'autres statues de Prigent, qui faisaient partie du calvaire, sont représentées dos à dos : celles de Saint Paul Aurélien et d'un saint non identifié, ainsi que de saint Nicolas une pietà et un "Christ ressuscité" .
Dinéault, Calvaire de l'église Sainte Marie Madeleine. les Prigent ont travaillé sur le piédestal supportant le calvaire, Bastien Prigent a sculpté Marie-Madeleine, la tête levée vers Jésus sur la croix et Jean-l'Évangéliste debout, la tête baissée et le front plissé, tandis que François d'Assise est représenté et, à l’avant du piédestal, un bas-relief représentant un moine tenant un tissu sur lequel est gravé un visage sacré. Ces œuvres datent de 1550. Les statues sur la traverse ne sont pas de l'atelier des Prigent, mais datent de 1696 et représentent des statues géminées de la Vierge jumelées à Saint Sébastien, un évêque soutenu par un pietà, Marie-Madeleine agenouillée soulève le couvercle de son pot à onguents et Jean l'évangéliste s'associe à Saint Pierre, tandis que la sculpture de Jésus crucifié renversé avec un "Christ aux liens" est attribuée à l'atelier de Roland Doré. Ce calvaire a une hauteur de 6,00 mètres. D'autres sculptures de Prigent peuvent être vues dans l'église Sainte Marie Madeleine elle-même
Guiclan, calvaires de la Croix-Neuve et de Kersaingilly. Il y a deux calvaires dans la région de Guiclan. Parmi les sculptures impliquées dans le calvaire de la Croix-Neuve, seules la statue de Sainte Véronique et la Vierge Marie avec son enfant sont de l'atelier Prigent. Le calvaire est simple et contient des statues de Sainte Véronique et de la Vierge Marie avec un enfant placé de chaque côté de la représentation du Christ crucifié. Le calvaire de Kersaingilly présente des représentations de Saint Yves, le Christ crucifié inversé avec la Vierge Marie avec son enfant et Saint Gilles. L'atelier des Prigent ne travaillait que sur la statue de Saint Yves. Bastien Prigent est attribué au travail. Saint Yves est représenté dans la robe d'un avocat. Cette statue venait de La Roche-Maurice et a été ajoutée au calvaire lors de sa restauration en 1889 par Yan Larhantec.
Guissény calvaire du cimetière de l'église. Il est inscrit "J. Habasc gouver (neur) 1555" et les statues sont attribuées à Henry Prigent. Le calvaire était à l'origine situé à la chapelle Saint-Yves à Kervézennec, mais après le pèlerinage de 1920 ("mission"), il a été érigé à Guissény par le restaurateur Donnart. Le calvaire a une représentation de la Vierge Marie adossée à une représentation de saint Yves, du Christ crucifié inversé avec un "Christ lié" et de Jean l'évangéliste soutenu d'une représentation d'un évêque. La tête de Jean l'évangéliste a disparu et la tête de l'évêque n'est pas la tête d'origine.
Kerlouan : Croix Saint-Sauveur : Trinité de Bastien Prigent.
La Forest-Landerneau : cimetière haut, statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes.
La Forest-Landerneau : cimetière bas : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix.
Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge. Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681.
Lanneufret : Calvaire de l'église Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle.
Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
Le Folgoët, musée : vestige d'un Crucifié par Bastien Prigent.
Plonevez-Porzay : Calvaire de l'église Le Crucifié et d'un ange portant un titulus est attribuée à l'atelier de Prigent.
Ploudaniel, calvaire de l'église : Dans la chapelle Saint-Éloi se trouvent les restes de deux calvaires. Il y a une statue géminée de Jean/un autre saint et un "Christ aux outrages".
Ploudaniel : calvaire de la chapelle Saint-Pétronille de attribué à l'atelier de Prigent avec les statues de Saint-Pétronille et de Jean l'évangéliste de Bastien Prigent et près du corps de la croix, une Marie-Madeleine attribuée à l'atelier.
Quimper, jardin du cloître de l'église Notre-Dame de Locmaria de Quimper, restes d'un calvaire et l'atelier Prigent est attribué à une statue géminée de la Vierge/Saint-Pierre.
Plouider, calvaire à Brondusval : Il ne reste plus grand chose du calvaire mais les statues de saint Yves, de saint Fiacre et d'un saint non identifié sont attribuées à l'atelier de Prigent.
Plouhinec, calvaire de la "Maison du sculpteur Quillivic" Il s’agit d’un calvaire contemporain où l’image du Christ crucifié est remplacée par la partie supérieure du cadre d’une fenêtre gothique. Le calvaire a des statues géminée de la Vierge /saint Yves et Jean
Plouvorn, calvaire de la chapelle de Lambader : des statues de la Vierge Marie et de Marie Madeleine sont de l'atelier des Prigent qui ont également sculpté le blason d'Audren de Kerdrel et l'emblème des "Cinq-Plaies" .
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A cette liste, on peut ajouter les calvaires de Fayet, un compagnon des Prigent au style « si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de le différencier », s'il n'avait signé de son nom le calvaire de Lopérec avec la date de 1552.
Celui-ci rentrerait dans la liste des calvaires à deux croisillons avec la Vierge/Pierre et Jean/Marie-Madeleine en bas, les deux cavaliers de la Passion sur le 2ème croisillon et le Crucifié au dessus, avec le Christ aux liens au revers et deux anges au calice sous le Crucifié. Marie-Madeleine est au pied de la croix.
E. Le Seac'h lui attribue aussi :
Le haut du calvaire du cimetière du calvaire de Laz : le Crucifié, les anges au calice, et l'Ecce Homo au revers.
Le Christ mutilé de Coat-Nant en Irvillac.
Le vestige du Crucifié du jardin du Doyenné au Folgoët.
Le vestige du Crucifié du pignon de l'école Notre-Dame du Tromeur de Landerneau
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Les Pietà de l'atelier des Prigent (selon E. Le Seac'h)
Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge, rue de la Tour d'Auvergne. Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681. http://croix.du-finistere.org/commune/landerneau.html
Lanneufret : Calvaire de l'église. Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle. http://croix.du-finistere.org/commune/lanneuffret.html
Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame. La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
La Vierge et Jean en larmes, calvaire de l'église de Saint-Derrien, atelier Prigent. Photo lavieb-aile.
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Pietà de l'atelier Prigent de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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Pietà (détail) de l'atelier Prigent de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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Pietà du calvaire de l'église de Saint-Servais par l'atelier Prigent. Photo lavieb-aile.
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Pietà (détail) du calvaire de l'église de Saint-Servais par l'atelier Prigent. Photo lavieb-aile.
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Pietà par B. Prigent, Le Folgoët, calvaire. Photo lavieb-aile.
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Lopérec, par Fayet.
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Pietà du calvaire de Lopérec par Fayet. Photo Bernard Bègne copyright Inventaire
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Enfin, il faut ajouter les Déplorations, souvent nommées "pietà" : celle de l'église Saint-Budoc de Plourin-Ploudalmézeau et celle de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic.
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Déploration par l'atelier Prigent de l'église de Plourin. Copyright cf. lien
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Calvaire monumental de Plougonven (Prigent, 1554). Photo lavieb-aile.
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Calvaire monumental de Pleyben (1555) par Bastien Prigent. Photo lavieb-aile
LA STYLISTIQUE « RÉALISTE » DE L'ATELIER PRIGENT.
Henri (frère ou fils de Bastien) est le moins habile. Bastien, par sa manières plus souple, qui produit un effet expressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme , la raideur des réalisations d' Henri.
a) Le Crucifié :
Les yeux en amande à l'arcade sourcilière cassée
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide = un espace ajouré entre les mèches de cheveu et le visage.
La couronne tressée
Les yeux clos
Les grandes narines
La bouche charnue aux lèvres entrouvertes.
Une barbe étagée ou bifide
un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril en forme de bouton
Un pagne volant, noué sur le coté par une grande boucle
b) La Vierge
Elle porte une guimpe montant jusqu'au menton et un voile coqué.
Trois ou cinq larmes coulent sur la joue , en forme de patte d'oiseau avec une larme plus grande au milieu
b') Vierge de pietà :
agenouillée, se tenant bien droite, le visage impassible, elle tient son Fils dans ses bras, le corps de celui-ci renversé en diagonale, en appui sur le genou de sa mère.
c) Marie-Madeleine agenouillée (Pleyben et Plougonven, Bastien Prigent) : tête inclinée en arrière, elle porte une robe aux plis lourds et harmonieux. Son voile a glissé sur son dos.
Par ailleurs
Les visages sont rectangulaires ou ovales, aux arcades sourcilières « aiguisées ». Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides.
Les trois larmes.
« Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, leurs Vierges de Pitié , de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés. L'appartenance au même atelier se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus."
l'association de la statuaire gothique et d'un décor renaissance, avec les fleurons godronnés entourés d'un galon décoratif, des consoles moulurées et des feuilles d'acanthe sur les culots.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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PRESENTATION.
Entre presqu'île de Crozon, Pays du Porzay et Pays des bords de l'Aulne, la chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom, siège jadis de foires très fréquentées, est l'une des perles touristiques d'une région qui n'en manque pas (la chapelle Saint-Côme et saint-Damien de Saint-Nic est toute proche).
Les sculptures sur pierre de kersanton du calvaire de l'enclos possèdent autant d'intérêt que les trésors de sculpture sur bois de l'intérieur de la chapelle, notamment par la participation du meilleur sculpteur de Basse-Bretagne au XVIIe siècle, Roland Doré, qui a complété par une superbe Vierge à l'Enfant les réalisations datant de 1544.
_Les fûts des croix des larrons sont cylindriques, posés sur un socle cubique chanfreiné de kersanton lui-même placé sur un massif de pierre et un emmarchement de granite à un degré.
_Le fût de la croix centrale est octogonal, posé sur un socle cubique chanfreiné de kersanton sur un emmarchement en granite à trois degrés. Les chanfreins du socle portent une inscription qui sera détaillée ensuite. Le fût reçoit les deux croisillons, le premier supportant les statues géminées de Jean opposé à Pierre et de Marie-Madeleine [et non la Vierge comme l'indique le Père Castel] opposée à saint Yves. Une Pietà centre ce croisillon du coté ouest, tandis que le coté opposé reçoit une Vierge à l'Enfant. Le second croisillon porte les deux cavaliers de la Passion entourant, à l'ouest, le Christ en croix dont deux anges recueille le sang, avec, à l'est, le Christ aux liens.
Lorsque Y-P. Castel a examiné le calvaire en 1980, les vestiges des cavaliers et des larrons étaient conservés dans la chapelle. Le calvaire a donc été restauré par la suite.
Les calvaires à deux croisillons ( à un ou trois fûts).
Le calvaire de Sainte-Marie-du Ménez-Hom, daté de 1544 est édifié au cœur de la période pendant laquelle on voit éclore, en Finistère à la limite du Léon et de la Cornouaille, notamment dans les enclos paroissiaux, des calvaires à deux croisillons, en kersanton dont la majorité répondent à la même organisation donnant place à deux statues géminées (avec la Vierge et Jean sur la face occidentale), les deux cavaliers de la Passion, une Pietà ou Déploration au centre et un Christ au lien sur l'autre face, et enfin Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix . Il y a donc reprise par les ateliers de sculptures d'un modèle, jamais copié mais toujours développé.
Dans quelques cas, trois fûts ont été érigés, pour le Christ et les deux larrons, alors que ces derniers occupent dansd'autres cas le croisillon supérieur.
La liste chronologique suivante peut être proposée :
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Pencran nord, (1521 par inscription). Trois fûts. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Deux cavaliers, Madeleine/ Yves, Jean/Pierre. Pietà, Vierge à l'Enfant .
Saint-Ségal, chapelle Saint-Sébastien (vers 1541-1554), par les frères Prigent.
Lopérec (1552) par Fayet, compagnon des Prigent. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Trois fûts . Deux cavaliers, Christ aux liens, Jean ?/Marie-Madeleine / et Vierge/Pierre, Christ ressuscité.
Plougonven, (1554), Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. les larrons sur des croix séparées (mais depuis le XIXe), saint Yves,
Pleyben (1555) par Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
Cléden-Poher (1575)
Loqueffret (1576?)
Plounéventer (1578)
Guimiliau (1581-1588)
Locmélar (vers 1600), par le Maître de Plougastel
Plougastel (1602-1604) par le Maître de Plougastel.
Saint-Thégonnec (1610). Trois fûts. Deux cavaliers, Pietà, Christ aux liens, Yves.
Les calvaires à deux croisillons.
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La mace et son inscription de 1544.
L'inscription en lettres romaines perlées est sculpté en réserve sur le chanfrein du socle, sur deux de ses bords. On admirera ses lettres conjointes (fusionnées, EH), ses empattements par élargissements des fûts (L, A, V), ses O et D en deux (), les X dont la patte antérieure fait un retour enjoué, le tilde remplaçant le N d'ALONDER, les lettres jamais mécaniques, et toujours différentes, les deux sortes de E, l'élision de [AN] avant la date, etc.
Elle indique :
JEHAN LE ALONDER FABRICQVE FEIST CESTE C / ROIX FAIRE L M VCC XLIIII
soit Jehan Le Alonder fabrique a fait faire cette croix en l'an 1544.
Le patronyme ALONDER a disparu en France depuis 1915, mais il est attesté, non à Plomodiern, mais dans la proximité du Ménez-Hom à Argol, (39), Dinéault, (20), Trégarvan, (8), Dinéault, Saint-Nic, Cast, 29025 (2), Chateaulin (2). La forme LALLONDER est toujours attestée, en Finistère essentiellement, surtout à Crozon mais aussi à Telgruc-sur-mer et Trégarvan. Albert Deshayes qui en donne en variante les graphies ALLONDER, LALONDER et LALLONDER, "ces deux dernières par agglutination de l'article LE", en signale l'origine française bourguignonne ARONDEL, diminutif de aronde, "hirondelle"., exprimant l'agilité du porteur de ce surnom. Il rappelle les liens entre la Bretagne et la Bourgogne, et le fait que le duc de Bretagne Jean V (1389-1442) avait passé sa minorité à la cour de Philippe Le Hardi.
La date de 1544 est remarquable, puisque c'est la plus précoce de toutes les dates inscrites dans le sanctuaire. En effet, si la chapelle d'origine date de la première moitié du XVIe siècle, les dates les plus anciennes portées sur le corps du bâtiment indiquent 1570, 1572, 1573 et 1574.
Elle situe ce calvaire chronologiquement après celui de Pencran, mais avant ceux de Lopérec, Plougonven, Pleyben et Saint-Sébastien en Saint-Ségal,et en pleine période d'activité des Prigent de Landerneau.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINTE MARIE-MADELEINE AU PIED DE LA CROIX.
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La statue est indépendante du socle et elle a pu être déplacée. Elle est aujourd'hui positionnée de telle sorte qu'elle accolée au fût, auquel la sainte fait face. Marie-Madeleine est agenouillée, le visage levée vers le Christ en croix. Les bras aux coudes fléchis ont été brisés, mais pouvaient être légèrement écartés paumes tournés vers le haut en geste d'adoration autour du fût. Les cheveux longs sont un élément d'identification, ils descendent jusqu'aux reins. La sainte est vêtue d'une robe assez complexe, serrée par une ceinture fine, aux manches évasées, et dont l'arrière se relève en corolle dans un mouvement ondé spectaculaire et opulent avant de descendre vers le sol en plis serrés.
Cette posture et cette robe la rapprochent de la statue de Marie-Madeleine au pied du calvaire nord de Pencran, dont elle ne diffère principalement que par l'absence de foulard.
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calvaire nord de Pencran. Photo lavieb-aile
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Mais on retrouve ce type de statues également à Pencran, par Bastien Prigent sur la pelouse du placître, à Lopérec par Fayet, compagnon de Prigent, au Tréhou, à Commana, et à Saint-Ségal au pied du calvaire du bourg et de celui de la chapelle Saint-Sébastien. Ou sur les calvaires monumentaux de Plougonven et de Pleyben par les Prigent.
La place très particulière qui est réservée à Marie-Madeleine au pied de la Croix sur ces œuvres d'art dès le XIVe et XVe siècle a été bien analysée par les historiens de l'art (qui sont de plus en plus des historiennes) et mise en rapport avec sa place privilégiée dans les évangiles, soit comme modèle de contemplation silencieuse de Jésus avec la fameuse phrase "elle a choisi la meilleure part" (Luc 10:42) face à l'activisme ménager de sa sœur Marthe, soit comme modèle de compassion lors de la Passion ou de la Mise au Tombeau, soit comme premier témoin du Christ ressuscité prenant l'apparence d'un jardinier. Pendant tout le Moyen-Âge, Marie de Magdala a été assimilée à Marie de Bethanie, qui se livre à l'onction des pieds de Jésus par du parfum. Dans l'iconographie, elle est toujours placée aux pieds du Christ (Vermeer, 1655), notamment dans les Mises au Tombeau, où elle est souvent mise à part des autres saints personnages, agenouillée en avant du tombeau .
Ce simple lien avec les pieds du Christ pourrait justifier qu'elle embrasse le pied de la Croix, mais ce serait sous-estimer le culte qui lui fut rendue par les Ordres religieux qui en ont fait la figure du chagrin de compassion, de la contemplation silencieuse, du repentir et de l'humilité.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LA FACE OCCIDENTALE : CRUCIFIX, CAVALIERS, PIETÀ, JEAN ET MARIE-MADELEINE.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE CROISILLON INFÉRIEUR : JEAN ET MARIE-MADELEINE AUTOUR DE LA PIETÀ.
Cette composition réalise une Déploration à trois personnages où Jean et Marie-Madeleine entourent la Vierge autour du Christ mort.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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La Pietà.
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La Vierge porte le corps de son Fils par sa main droite posée sur son genou, tandis que le genou gauche est posé au sol.
La tête de Marie est coupée. Seule cette tête est attribuée par E. Le Seac'h au sculpteur Roland Doré. Le grain de la kersantite y est bien différent et ponctué de multiples trous.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Saint Jean.
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Sa main droite est brisée ; la main gauche est posée sur la poitrine. Il est tourné vers l'extérieur du calvaire, ce qui est incohérent et témoigne d'une modification lors du remontage . Nous pouvons supposer qu'à l'origine, il se tenait à gauche, et Marie-Madeleine à droite (ce qui inverse aussi les statues de Pierre et d'Yves orientées vers l'est), ou que le groupe ait été pivoté à l'envers : nous aurions alors à l'ouest Pierre et Marie-Madeleine, et à l'est Jean et Yves. Mais cette dernière possibilité doit être écartée car seuls Jean et Marie-Madeleine ont leur place autour de la Vierge de Pitié.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Marie-Madeleine.
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Elle est identifiée par sa longue chevelure et par le flacon d'aromate dont elle soulève le couvercle. Elle est vêtue d'une cape, d'une robe à plis tuyautés, et aux manches bouffantes et plissées puis resserrées aux poignets, sans dentelle.
Le visage de facture assez malhabile frappe surtout par la petitesse de la bouche.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE CROISILLON SUPÉRIEUR : LES DEUX CAVALIERS AUTOUR DU CRUCIFIÉ.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Le Crucifié.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les anges hématophores au pied de la Croix.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les cavaliers de la Passion.
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Sur le croisillon supérieur sont installés deux cavaliers tournés vers le calvaire. Celui de gauche pointe son index vers son œil gauche : c'est Longin, celui qui perça de sa lance le flanc droit du Christ (il est donc normal qu'il soit à sa droite). En face de lui, c'est le Centenier, ou Bon Centurion, qui, sur les enluminures les peintures et les vitraux, est accompagné d'un phylactère énonçant son acte de foi rapporté par Matthieu 27:54 : Vere filius Dei erat iste. Celui-là était vraiment le Fils de Dieu
Ce sont les mêmes qui figurent sur le calvaire nord de Pencran, ou sur celui de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, où je les ai décrits en détail.
Ici comme ailleurs, ils ont perdu (s'ils ont jamais existé) les objets qu'ils tenaient en main : la lance pour Longin, un étendard (ou un insigne de commandement) pour le Centenier.
Emmanuelle Le Seac'h les nomment Longin et Stéphaton, mais ce dernier est celui qui tend au bout d'une perche l'éponge imbibée de vinaigre : ce dernier nom est a priori inapproprié, car le binôme constant dans l'iconographie est celui de Longin et du Centenier, mais l'absence d'inscription ne permet pas d'être formel.
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1. Le cavalier Longin guéri de son trouble de vision par le sang du Christ.
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Il porte l'index vers sa paupière gauche, la tête levée. Il est vêtu d'une cape d'officier à large col arrondi, à 4 boutons ronds dans leur boutonnière et à ceinturon (cette attention aux détails d'habillement évoque l'atelier des Prigent), mais il est coiffé sur un bonnet à oreillettes d'un chapeau conique ceint par un turban et s'achevant (après un anneau) par une houppe, comme les Juifs de l'iconographie chrétienne du XVIe . Sa main droite est fermée en creux mais la lance est absente .
La barbe est courte, tendue vers l'avant, et dotée d'une moustache en épaisses virgules débutant sur le coté des narines.
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Il diffère peu du Longin du calvaire nord de Pencran, dont le manteau est long.
Calvaire nord de Pencran. Photo lavieb-aile.
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Il diffère par quelques détails du Longin de Saint-Sébastien de Saint-Ségal (qui portait une cuirasse sous une cape et dont le bonnet juif s'ornait de franges)
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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J'illustrerai le thème de la guérison du trouble de vision par le sang qui jaillit du flanc du Christ sous l'effet de la lance par une enluminure du Missel de François d'Albon, abbé de Savigny, un manuscrit lyonnais, daté par F. Avril vers 1492-1500 et appartenant aux collections du Trinity College de Cambridge sous la côte ms. R. 17.22, folio 148 v : la Crucifixion.
L'artiste a représenté le sang qui longe la lance et atteint l'œil et la bouche du cavalier par de fins traits rouges. On remarquera aussi Marie-Madeleine au pied de la Croix, et le Centenier avec son phylactère. Et on s'amusera au passage du choix de l'artiste de remplacer les chevaux par des chameaux, plus exotiques.
Il associe comme son vis-à-vis une coiffure hébraïsante et des éléments vestimentaires propres aux officiers. Un manteau est porté enroulé sur les deux épaules. Le pourpoint n'est pas boutonné. La barbe taillée drue s'affirme avec vigueur.
La main gauche tient la rêne, alors que le bras droit s'élève, soit parce qu'il tenait un accessoire, soit parce qu'il appuie une élocution. Mais la tête et le regard ne sont pas dirigés, comme on s'y attendrait, vers le Christ.
Il est également représenté à Pencran ou à Saint-Sébastien de Saint-Ségal, mais aussi, seul, sur l'arc de triomphe d'Argol (paroisse voisine) où, depuis le XIXe siècle, on a choisi de le faire passer pour "le roi Gradlon", tout démenti de cette alléchante allégation étant vouée à l'échec. Il se distingue de ses collègues par une épée, et par une plume à son bonnet.
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Arc de triomphe d'Argol. Photographie lavieb-aile
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Harnachement.
Le harnachement des deux chevaux est finement détaillé. La bride associe la têtière, le frontal, les montants, la sous-gorge, la muserolle et le filet. Celui-ci est remarquable par les longues et épaisses branches en S actionnées par les rênes, et par les bossettes en forme de fleur, qu'on imagine en métal doré.
Les sangles de poitrail (fleurie par un médaillon central) et d'avaloir sont ornées de piécettes rondes (Longin) ou plus larges (Centenier). Les queues sont tenues soulevées par une croupière.
Les étrivières soutiennent les étriers ; les cavaliers portent des éperons à molettes.
La Vierge est couronnée, et ses longs cheveux non attachés descendent librement dans son dos. Elle est vêtue d'un manteau dont elle reprend le pan droit par la main gauche, et une robe comportant un corsage ajusté et lisse et, séparée par une ceinture, une jupe plissée. Le pied et la jambe droite sont en avant, faisant pointer une chaussure à bout rond.
Elle tient dans sa main droite une sphère, que j'interprète comme une pomme, fruit auquel répond, dans la main gauche de l'Enfant, une sphère plus petite qui correspond à un globe terrestre.
On retrouve sur le visage très rond de Marie la vivacité du regard suscité par le creusement des pupilles, et la bouche en mi-sourire sur un petit menton volontaire : ce sont là les caractères par lesquels une Vierge de Roland Doré se reconnaît immédiatement.
Mais c'est l'Enfant qui exerce un charme exceptionnel, par son franc sourire teinté de malice qui fait rayonner son regard. Ce charme est accentué par le geste très tendre du bras droit passé autour du cou maternel.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Saint Yves.
Statue de droite, géminée avec Marie-Madeleine.
L'Official (juge des affaires ecclésiastiques) de Tréguier est identifié par sa barrette, par sa cotte talaire recouverte d'un camail à capuchon, par le sac à procès (ou le livre dans sa couverte) tenue en main droite et le rouleau de parchemin de sa plaidoirie.
Il est présent entre autres sur le calvaire de Pencran (également géminé avec Marie-Madeleine), de Saint-Sébastien en Saint-Ségal, du bourg de Saint-Ségal, de Saint-Thégonnec (géminé avec Jean), etc.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Saint Pierre.
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Il tient la clef et le livre (Livre des Apôtres).
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE CROISILLON SUPÉRIEUR : LE CHRIST AUX LIENS ENTRE LES CAVALIERS.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LES DEUX LARRONS.
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Malgré les nombreux points de convergence de ce calvaire avec celui de Pencran, ces Larrons sont bien différents de ceux du calvaire nord de Pencran, mais aussi de celui de Lopérec, Locmélar, etc.
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1. Le Bon Larron.
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Ses bras sont liés à la traverse, son pied droit est lié au fût. Il a le visage tourné vers le Christ, en signe de sa conversion. Il est coiffé d'un bonnet entouré d'un turban fait de deux cordes, et vêtu, non d'un pagne, mais d'une culotte à taillades, comme celle d'un soldat Renaissance. Sa barbe taillée en pointe prolonge l'axe de son cou tendu vers le haut. Sa jambe gauche est fléchie, pour illustrer que, selon l'Évangile et comme son compagnon d'infortune, il a eu les jambes brisées.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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2. Le Mauvais Larron.
Il se détourne du Christ et il tire la langue.
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Calvaire (kersanton, 1544 et milieu XVIIe siècle) de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie), Inscriptions gravées ...
Arc de triomphe: 1739 Joli calvaire, un peu endommagé : JEHAN . LE . ALONDER . FABRICQVE . FElST • CESTE; . CROIX . FAlRE . L· M . Vc- XL . lIII
Un joli arc-de-triomphe, composé d'une grande porte centrale et de deux petites arcades latérales, forme l'entrée du cimetière. Sur la face ouest, tournée vers la route, on lit la date : 1739. Dans la niche est une statue de la Sainte- Vierge, et du côté opposé se trouve un Saint-Hervé guidé par Guic'haran, mais sans loup cette fois.
A Telgruc et à Argol, paroisses voisines, se trouvent aussi des arcs-de-triomphe à peu près semblables, mais de moindre importance ; celui d'Argol porte la date de 1659.
Calvaire.
Un calvaire, ayant beaucoup de rapport avec ceux de Loc-Mélar et de Lopérec, se trouve dans le cimetière, entre l'arc-de-triomphe et l'église. A la croix principale, sous les pieds de N.-S., sont deux anges recueillant le Précieux-sang dans un calice. Sur le croisillon supérieur est Saint-Longin, à cheval, coiffé d'une sorte de turban ou de bonnet pointu. La lance dont il perce le côté à N.-S. a disparu. Le centurion à cheval, qui lui faisait pendant de l'autre côté, est tombé aussi et se trouve tout mutilé dans le réduit de la vieille sacristie avec les débris des larrons.
Sur le croisillon inférieur sont les statues de Saint-Jean l'évangéliste et de l'une des trois Marie, portant un vase de parfums. Au milieu est N.-D. de pitié. Derrière, et sculptés dans les mêmes blocs de pierre que les statues précédentes, on voit Saint-Pierre et Saint-Yves qui porte un parchemin et son sac à procès. Il est coiffé du bonnet carré et a les épaules couvertes d'un camail avec chaperon. Saint-Yves, était, semble-t-il, très honoré dans ce pays, car nous retrouvons son image sur une autre croix à l'entrée du bourg de Plomodiern.
Au milieu, entre ces deux statues, se trouve celle de N.-D. debout, portant l'Enfant-Jésus. Au pied de la croix, la Madeleine est à genoux, les mains jointes, les yeux levés vers N.-S.
En haut du socle carré, qui sert de base à la croix, on lit cette inscription sculptée en jolies lettres gothiques fleuries : JEHAN. JE. ALONDER. FABRICQUE. FEIST. GESTE CROIX. FAIRE. L. M. V« XL. IIII (1544).
Deux autres bases et deux autres fûts restent seuls de ce qui constituait autrefois les croix des larrons.
Décembre 1891. J.-M. ABGRALL, prêtre.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère
1613. Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, g. k. 7,50 m. 1544, vers 1630. Le soubassement se compose de trois emmarchements séparés, trois degrés pour celui du centre, un pour ceux des larrons. Socle cubique. Socle de la croix centrale: JEHAN LE ALONDER FABRICQVE FEIST CESTE CROIX FAIRE L M VCC XLIIII, statue de Madeleine à genoux. Fût à pans.
Croisillon bas, de facture lourde (restauration), statues géminées: Jean-Pierre, Vierge-Yves, au centre Vierge de Pitié (atelier Doré), au revers Vierge à l’Enfant (atelier Doré).
Croisillon haut, culots feuillagés, cavalier, le doigt à la paupière.
Croix à branches rondes, fleurons, crucifix, anges au calice, Christ attendant le supplice.
Dans la chapelle, vestige: cavalier, larron. [YPC 1980]
Arc de triomphe à grand fronton cintré et deux ouvertures secondaires (C.). Il porte l'inscription : "HERVE. LASTENNET. FABRICQVE. 1739 (ou 1759 ?)." Statues de la Vierge et du groupe de saint Hervé. Sur le placitre, calvaire à trois socles disposés en diagonale (C.). Les croix des larrons sont mutilées. La croix du Christ est à double traverse : sur le croisillon inférieur, statues géminées encadrant une Pietà et, au revers, une Vierge à l'Enfant. Sur le croisillon supérieur, cavaliers, anges au calice et, au revers, Christ attendant le supplice. Au pied de la croix, la Madeleine à genoux. Sur le socle, inscription : "IEHAN. LE. ALONDER. FABRICQVE. /FEIST. CESTE. CROIX. FAIRE. L. MVccXLIIII." Fontaine dans une prairie en contrebas, en ruines.
CHAPELLE SAINTE-MARIE DU MENEZ-HOM (C.) Edifice de plan irrégulier par suite d'adjonctions : il comprend une première travée accostée d'une ancienne sacristie au nord et de la tour au sud, - deux travées à bas-côté simple au sud et bas-côté double au nord, - puis deux travées à doubles bas-côtés, un vaste choeur occupant la cinquième et dernière travée. Le chevet plat est peu débordant. La chapelle remonte au XVIe siècle ainsi que l'indiquent les inscriptions de la nef : "I. MAVGVEN. FAB. LAN. 1574." et "AV. MOREAV. FAB. LAN 1597 (ou 1591 ?).", et celles du pignon ouest : "THO. MOREAV. F. EN. LAN. 1570." et : "H. OLIER. FA. EN. LAN. 1572." Mais elle a été modifiée au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, d'après d'autres inscriptions. Sur l'un des pignons, au sud, on lit : "MISSIRE. M. CRAVEC. RECTR /DE. PLOMODIERN. GVILL. LE / DOARE. PRETRE. VICAIRE/ C. ROIGNANT. F. 1766." Autre inscription, sur un pignon aveugle, au nord : "GVILLAVME. DHERVE. FAB." Le clocher, à deux galeries et un beffroi amorti par un dôme et deux lanternons, porte sur sa face sud des dates et des inscriptions : "IACQVES. NICOLAS / 1668." au-dessus du portail ; - "GERMAIN. HILI. F. 1773." sous la première galerie ; - "MISSIRE. MATHIAS / PLASSART. RECTEVR." et "IEAN. LE. QVINQVIS / FABRICQVE. 1772" sur le linteau de la chambre des cloches. Du type à nef obscure, la chapelle est lambrissée. Les voussures des grandes arcades, les unes en tierspoint, les autres en plein cintre, pénètrent directement dans les piliers. Plusieurs des sablières sculptées sont remarquables, particulièrement celles qui représentent une scène de labourage, une Fuite en Egypte (bas-côté nord de la quatrième travée). Ces sablières sont très proches de celles de Pleyben, seconde moitié du XVIe siècle. Mobilier : Le maître-autel et les deux autels latéraux en bois sculpté et peint s'apparentent à ceux de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal dus à l'atelier Cévaër. Le maître-autel porte les inscriptions ; "VE. DI. ME. OL. BOVRDOVLOVS. R.", - "M. L. GVILLERMOV/ CVRE. 1710." et "NOEL. MOROS. F. 1703" - Et l'autel sud : "GVILLAVME. NICOLAS. F. 1715." et "V & D. MRE. OL. BOVRDOVLOVS. R." Les retables des trois autels (C.) recouvrent tout le mur est. Leur structure est celle des grands retables baroques de Bretagne : soubassement avec portes ornées, colonnes torses encadrant les statues, puissant entablement, mais ici pas de tableau central à cause des trois fenêtres. Le programme iconographique est ordonné : la Vierge et la Sainte Famille au maître-autel, les saints au retable du nord, les Apôtres au retable du sud. Statues des retables, toutes en bois polychrome : au maître-autel, Vierge à l'Enfant, un pied sur le globe, dite Ste Marie de Menez-Hom, saint Joseph, sainte Anne, saint Joachim. - A l'autel nord : saint Jean-Baptiste, saint Laurent, saint Louis et sainte Marie-Madeleine. - A l'autel sud : saint Jacques Le Majeur, saint Pierre, saint Paul et saint André. Nombreux bas-reliefs, dont : saint Louis portant la Couronne d'épines, saintes femmes au tombeau, sous les statues correspondantes de l'autel nord ; - Sacrifice d'Abraham sur la porte supérieure du tabernacle double, l'Annonciation, la Visitation, la Nativité et l'Assomption, au maître-autel ; - Pierre marchant sur les eaux et Pierre pleurant son reniement (sous des statues), Apparition de Jésus à Madeleine et les Pèlerins d'Emma³s (de part et d'autre du tabernacle), à l'autel sud. Autres statues anciennes - en pierre : Pietà (tour) ; - en pierre polychrome : saint Maudez, saint Laurent, groupe de saint Hervé et Guic'haran, saint abbé ; - en bois polychrome : Christ en croix, XVIIe siècle (C.), Ange de l'Eden, sainte Barbe, XVe siècle, saint Eloi. La balustrade et les stalles du choeur sont dues au sculpteur Toularc'hoat, de Landerneau. Inscriptions : "G. GOURLAN. F. 1891." sur la balustrade, - "1892" et les initiales "J. L. D. - M. A. P." (Jean Le Doaré - Marie Anne Péron, donateurs) sur les stalles. Le vitrail de la fenêtre axiale consacré à Sainte Marie du Ménez-Hom et signé "J.-L. NICOLAS père et fils, MORLAIX, 1872" n'existe plus. Cloche portant l'inscription : "... A BREST. EN. AVRIL. 1810. M. LEBEURRIER. MA. FAIT."
« Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, de leurs Vierges de Pitié, et de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés. L'appartenance au même atelier de Bastien et Henri Prigent se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus." (Le Seac'h p. 140)
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PRÉSENTATION.
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Parmi les 24 croix et calvaires repérés à Pleyben, (y compris ceux dont ne subsistent que les socles, à Guénily (1577 et 1821) et à Keryunet (1633), 19 sont des croix, cinq des calvaires. Ils sont répartis de manière à peu près uniforme sur l'ensemble du territoire communal, à l'exception du quart nord-ouest et de la frange centrale est qui en sont dépourvus.
Les cinq calvaires datent du 16e siècle. Quatre d'entre eux sont composés de plusieurs personnages sur croisillon, ceux des chapelles de Garz Maria, de Lannélec et et de la chapelle Saint-Laurent à Rozalghen, et celui de Kerflouz. Quant au calvaire monumental de l´ enclos paroissial, réalisé par l'atelier Prigent en 1555, une trentaine de scènes de l´Évangile couronnent et surplombent le grand massif architecturé reposant sur quatre imposants contreforts.
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La chapelle Saint-Laurent (autrefois consacrée à saint Pabu et à Saint Tugdual) est située à 1,5 km du bourg de Pleyben. On ne connaît rien de sa fondation, mais elle doit remonter au-delà du XVIème siècle, puisqu’en l'an 1500, il était question de faire d’importantes réparation, comme en fait foi une bulle d’indulgences découverte aux Archives départementales et signée de 22 cardinaux, diacres et évêques. Elle est mentionnée dès 1550, restaurée en 1662 et reconstruite en 1731.
Le calvaire est certainement le principal témoin encore visible de la construction du XVIe siècle, plus spectaculaires que la niche crédence nord, ou les portes nord, sud et est qui sont conservés dans la chapelle.
Il est attribué à un atelier de sculpture de la pierre de Kersanton, établi à Landerneau et actif entre 1522 et 1577, celui de Bastien Prigent, et de son fils (ou frère) Henri. L'un des critères les plus sûrs de cette attribution est la présence des larmes qui s'écoulent des joues de la Vierge et de Jean au pied du Crucifix. Si on se base sur le fait, bien documenté, que cet atelier a construit le calvaire monumental de l'église de Pleyben en 1555, après avoir fait celui de Plougonven en 1554, ou encore que leur compagnon Fayet, qui partage les mêmes caractéristiques stylistiques, a fait celui de Lopérec (à 10 km de Pleyben) en 1552, il est raisonnable de dater celui de la chapelle Saint-Laurent des années 1550-1560.
Il se trouve que ces trois larmes figurent aussi sur les deux calvaires de Saint-Ségal (une ancienne trève de Pleyben), celui du bourg et celui de la chapelle Saint-Sébastien daté entre 1541 et 1554. Ces larmes forment donc un motif récurrent, un fil rouge de reconnaissance d'un artiste dont il faut savoir examiner de près la production.
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DESCRIPTION
Sur un emmarchement en moellon de schiste à trois degrés hauts, puis sur un socle cubique, un fût rond à écots en granite porte le croisillon aux deux statues géminées (Vierge - saint Laurent et saint Jean - saint évêque) entourant le Christ en croix avec au revers le Christ ressuscité ; ces parties figurées sont en kersantite, dont la couleur sombre se repère aisément. Le calvaire atteint 6 m de haut.
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LA FACE OCCIDENTALE DU CALVAIRE : LA VIERGE ET JEAN AUTOUR DU CRUCIFIÉ.
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Le Crucifié est au centre sous le titulus (le panonceau portant les lettres INRI) et au dessus de deux anges recueillant le sang s'écoulant des pieds dans un calice qu'ils tiennent ensemble.
Un autre ange est agenouillé mains jointes au sommet de la croix, comme un gentil oiseau venu se poser là ; hélas, il a perdu la tête, et des lichens foliacés grisâtres tentent maladroitement de le consoler. On remarquera la façon dont il a fait bouffer sa robe au dessus de la ceinture, en plis godronnés charmants.
Du Christ, nous remarquons tous les détails qui font le style de Bastien Prigent, et dont il faut énumérer à chaque fois la litanie. La couronne est tressée en brins parallèles et non croisés ; la barbe est peignée drue avec des mèches radiantes ; les cheveux tombent sur les épaules (devant les épaules de chaque coté, et non en avant à droite et en arrière à gauche comme chez Doré) en laissant un espace entre le cou et les grosses baguettes des mèches ; les yeux sont clos, la bouche entrouverte, la tête inclinée à droite, mais ce n'est guère spécifique ; les côtes sont étirés horizontalement par le supplice des bras crucifiés ; le nombril est un petit bouton ; le pagne forme trois plis horizontaux en vague qui se nouent sur le coté gauche ; et les jambes à peine fléchies sont fixées par un seul clou, pied droit au dessus.
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Le bras de la croix s'achève par des cylindres bien frustes, sans fleuron ni boule à godrons.
Rien oublié ? On continue.
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La Vierge.
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Avant tout (mais il faut parfois l'observer aux jumelles), il faut remarquer les fameuses trois larmes, en pendeloque, celle du milieu plus longue que les deux autres.
Puis, le voile bien reconnaissable, mais qu'Emmanuelle Le Seac'h ne décrit que par l'adjectif "coqué" que le CNRTL ou l'Académie ignorent. Je ne sais pas ce qu'est un "voile coqué", j'imagine une coque de noisette coupée en deux, le Wiktionnaire renvoie au renfort de l'extrémité d'une chaussure, mais avec un peu d'intuition et la confrontation aux images qu'elle commentent, je comprends que Le Seac'h souligne le coté rigide, et la forme en boite presque carrée du voile.
Mon repère stylistique est plutôt le repli de l'étoffe au dessus de la tête.
On peut passer rapidement sur les yeux "en amande" (guère significatif) ou la bouche entrouverte. Le visage est figé, peu expressif, ce qui, paradoxalement, est bien expressif de la déréliction et de l'anéantissement émotionnel de Marie.
Il faut ensuite remarquer la guimpe, cette pièce de toile cachant la poitrine et remontant sur le cou jusqu'à la gorge.
Sous le manteau à étoffe épaisse mais animé à droite de plis en courbes, la robe est très simple, juste serrée à la taille par une ceinture d'étoffe nouée. Le pied droit qui s'avance compense par son mouvement timide l'allure sévère et triste de la Vierge.
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Saint Jean.
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Il contraste avec Marie par sa posture redressée, la tête levée et tournée vers le visage du Christ, et par ses deux bras écartés.
De même, son costume attire le regard par ses accessoires.
Mais à tout seigneur... les trois larmes, bien-sûr !
Et puis l'arcade sourcilière découpée comme par un tranchet sur de l'argile, les yeux en pruneaux, les narines qui hument le vent, la bouche entrouverte, les cheveux mi-longs qui moutonnent sur le front, le visage rectangulaire au dessus d'un petit menton pointu.
Prigent aime les boutons et les boutonnières en S. Il s'en prive ici au profit de l'attache du manteau, et du plumier d'écrivain glissé dans la ceinture avec son encrier au bout de deux cordons. C'est l'attribut du rédacteur de l'évangile (et de l'Apocalypse). Il remplace ici, et c'est mieux choisi, le livre que Jean tient sous son aisselle à Plougonven.
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Bastien Prigent a donné ici la même statue que pour le calvaire de Pleyben : un autre indice pour dater ce calvaire de 1555 environ.
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Calvaire de Pleyben (B. Prigent, 1555). Photo lavieb-aile
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LA FACE ORIENTALE DU CALVAIRE : LE CHRIST, SAINT LAURENT ET SAINT GERMAIN/PABU.
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1°) Le Christ ressuscité montrant ses plaies.
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On trouve beaucoup plus souvent au revers du Crucifié de l'atelier Prigent le Christ aux liens, ou la Vierge à l'Enfant, ou une pietà. Cette sculpture est originale car si le Christ montre sa plaie du flanc et celle de sa paume gauche (comme dans les Apparitions, notamment à Thomas), ce n'est pas un Christ Ressuscité, au nimbe crucifère, vêtu du manteau, portant l'étendard de sa victoire, ou enjambant le tombeau. Il porte encore le pagne ou perizonium de la Croix, (exactement le même qu'au verso).
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Saint Laurent.
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Le seul indice affirmant qu'il s'agit bien de lui est sa tenue de diacre (la dalmatique). Que ne tient-il pas son grill, ou du moins la palme, plutôt que ce chapelet ! Et pourquoi se tenir les coudes, laissant croire que ses bras sont liés ? Tels sont les mystères qui donnent à l'iconographe tout le charme de sa tâche : point de routine !
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[Saint Germain ou] saint Pabu .
C'est, objectivement, un évêque ou un abbé, et même, puisqu'il accède au croisillon d'un calvaire, un saint évêque ou un saint abbé. Guénolé ? Corentin ?
Mais nous sommes à 1,5 km à vol d'ange du calvaire de l'église de Pleyben, dédiée à saint Germain. Je serai prêt à parier ma souris ou mon clavier (j'ai jeté le plumier et l'encrier aux orties) qu'il s'agit donc ici du patron de la paroisse, au coté du patron de la chapelle. Celui dont Bastien Prigent a sculpté la statue (aujourd'hui au dessus du porche de l'église).
Oui, mais sitôt entré dans la chapelle, nous trouvons, dans le chœur, les statues de saint Laurent à droite et de saint Pabu à gauche : ce dernier y est représenté en évêque, et son nom est clairement inscrit sur la niche qui l'abrite.
Tout réfléchi, je vote pour saint Pabu, premier titulaire de la chapelle.
Il est mitré (les fanons de la mitre couvrent ses épaules), il porte la chape, et tient la crosse, brisée au dessus du nœud. Il bénit le bon peuple.
Les yeux ovales et vides de pupilles, l'arcade sourcilière bien franche, le visage carré au dessus du triangle du menton qui s'affirme, la petite bouche charnue nous permettent de réciter encore une fois le vocabulaire des Prigent.
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Les sculptures du croisillon.
Les faces latérales des croisillons sont sculptés, et, de loin, on parlerait volontiers rapidement de feuillages. Mais en s'y attardant, on découvre de véritables dragons, ailés, ou un masque humain crachant sa tige d'une large feuille, ou le motif — qu'on voit à foison sur les sablières de Pleyben— de deux dragons dont les cous sont attachés par un collier commun.
Ces dragons, ces masques, si on les voit sur les sablières, se trouvent surtout , pour notre propos, dans les porches décorés par Henri et Bastien Prigent : ceux de Landivisiau, de Pencran, de Guipavas que j'ai déjà eu l'occasion de décrire dans ce blog.
C'est le moment d'ouvrir l'œil !
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ANNEXE. L'ART DE SCULPTER LE KERSANTON DE L'ATELIER PRIGENT.
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Outre les porches de Pencran (1553), de Landivisiau (1554-1565), de Guipavas (1563), outre les statues isolées de divers porches ou sanctuaires, outre le gisant de Laurent Richard à Plouvien , outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve de l'atelier des Prigent 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier.
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Les 10 croix et calvaires complets :
Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré. Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
-Le Tréhou, croix de l'ouest du bourg
-Guimiliau, croix de Laguen de 1572, signée des Prigent, avec le Crucifié avec une pietà :
-Lanhouarneau, croix de Kerlaouérat, attrib.Henri Prigent.
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages. Le Christ crucifié est entouré de la Vierge et Jean sur le croisillon.
- Saint-Servais, calvaire du sud du bourg.
2°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages (statues géminées du croisillon) ou 6 personnages (toutes les statues sont géminées, y compris celles du centre ).
-Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
-Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
-Pleyben, chapelle Saint-Laurent, 6 personnages : Crucifié/Christ ressuscité, Vierge / Laurent, Jean/évêque. On reconnaît ici le style de Bastien Prigent.
-Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 peronnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
-Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous., attribué à Henri Prigent.
3°) Calvaire à deux croisillons.
-Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
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Les 17 vestiges de croix et calvaires :
-Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : le Crucifié et l'ange orant, attribués à Henry Prigent Dans la chapelle elle-même, d'autres statues de Prigent, qui faisaient partie du calvaire, sont représentées dos à dos : cellesde Saint Paul Aurélien et d'un saint non identifié, ainsi que de saint Nicolas une pietà et un "Christ ressuscité" .
-Dinéault, Calvaire de l'église Sainte Marie Madeleine. les Prigents ont travaillé sur le piédestal supportant le calvaire, Bastien Prigent a sculpté Marie-Madeleine, la tête levée vers Jésus sur la croix et Jean-l'Évangéliste debout, la tête baissée et le front plissé, tandis que François d'Assise est représenté et, à l’avant du piédestal, un bas-relief représentant un moine tenant un tissu sur lequel est gravé un visage sacré. Ces œuvres datent de 1550. Les statues sur la traverse ne sont pas de l'atelier des Prigent, mais datent de 1696 et représentent géminées des statues de la Vierge jumelées à Saint Sébastien, un évêque soutenu par un pietà, Marie-Madeleine agenouillée soulève le couvercle de son pot à onguents et Jean l'évangéliste s'associe à Saint Pierre, tandis que la sculpture de Jésus crucifié renversé avec un "Christ aux liens" est attribuée à l'atelier de Roland Doré. Ce calvaire a une hauteur de 6,00 mètres. D'autres sculptures de Prigent peuvent être vues dans l'église Sainte Marie Madeleine elle-même
-Guiclan, calvaires de la Croix-Neuve et de Kersaingilly. Il y a deux calvaires dans la région de Guiclan. Parmi les sculptures impliquées dans le calvaire de la Croix-Neuve, seules la statue de Sainte Véronique et la Vierge Marie avec bébé sont de l'atelier Prigent. Le calvaire est simple et contient des statues de Sainte Véronique et de la Vierge Marie avec un enfant placé de chaque côté de la représentation du Christ crucifié. Le calvaire de Kersaingilly présente des représentations de Saint Yves, le Christ crucifié inversé avec la Vierge Marie avec son enfant et Saint Gilles. L'atelier des Prigent ne travaillait que sur la statue de Saint Yves. Bastien Prigent est attribué au travail. Saint Yves est représenté dans la robe d'un avocat. Cette statue venait de La Roche-Maurice et a été ajoutée au calvaire lors de sa restauration en 1889 par Yan Larhantec.
-Guissény calvaire du cimetière de l'église. Il est inscrit "J. Habasc gouver (neur) 1555" et les statues sont attribuées à Henry Prigent. Le calvaire était à l'origine situé à la chapelle Saint-Yves à Kervézennec, mais après le pèlerinage de 1920 ("mission"), il a été érigé à Guissény par le restaurateur Donnart. Le calvaire a une représentation de la Vierge Marie adossée à une représentation de saint Yves, du Christ crucifié inversé avec un "Christ lié" et de Jean l'évangéliste soutenu d'une représentation d'un évêque. La tête de Jean l'évangéliste a disparu et la tête de l'évêque n'est pas la tête d'origine.
-Kerlouan : Croix Saint-Sauveur : Trinité de Bastien Prigent.
-La Forest-Landerneau : cimetière haut statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes.
-La Forest-Landerneau : cimetière bas : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix.
-Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681.
-Lanneufret : Calvaire de l'église Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle.
-Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
-Le Folgoët, musée : vestige d'un Crucifié par Bastien Prigent.
-Plonevez-Porzay : Calvaire de l'église Le Crucifié et d'un ange portant un titulus est attribuée à l'atelier de Prigent.
-Ploudaniel, calvaire de l'église : Dans la chapelle Saint-Éloi se trouvent les restes de deux calvaires. Il y a une statue géminée de Jean/un autre saint et un "Christ aux outrages".
-Ploudaniel : calvaire de la chapelle Saint-Pétronille de attribué à l'atelier de Prigent avec les statues de Saint-Pétronille et de Jean l'évangéliste de Bastien Prigent et près du corps de la croix, une Marie-Madeleine attribuée à l'atelier.
-Quimper, jardin du cloître de l'église Notre-Dame de Locmaria de Quimper, restes d'un calvaire et l'atelier Prigent est attribué à une statue géminée de la Vierge/Saint-Pierre.
-Plouider, calvaire à Brondusval : Il ne reste plus grand chose du calvaire mais les statues de saint Yves, de saint Fiacre et d'un saint non identifié sont attribuées à l'atelier de Prigent.
-Plouhinec, calvaire de la "Maison du sculpteur Quillivic" Il s’agit d’un calvaire contemporain où l’image du Christ crucifié est remplacée par la partie supérieure du cadre d’une fenêtre gothique. Le calvaire a des statues géminée de la Vierge /saint Yves et Jean
-Plouvorn, calvaire de la chapelle de Lambader : des statues de la Vierge Marie et de Marie Madeleine sont de l'atelier des Prigent qui ont également sculpté le blason d'Audren de Kerdrel et l'emblème des "Cinq-Plaies" .
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Les croix et calvaires de Fayet :
A cette liste, on peut ajouter les calvaires de Fayet, un compagnon des Prigent au style « si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de le différencier », s'il n'avait signé de son nom le calvaire de Lopérec avec la date de 1552.
Il rentre dans la liste des calvaires à deux croisillons avec la Vierge/Pierre et Jean/Marie-Madeleine en bas, les deux cavaliers de la Passion sur le 2ème croisillon et le Crucifié au dessus, avec le Christ aux liens au revers et deux anges au calice sous le Crucifié. Marie-Madeleine est au pied de la croix.
E. Le Seac'h lui attribue aussi :
-Le haut du calvaire du cimetière du calvaire de Laz : le Crucifié, les anges au calice, et l'Ecce Homo au revers.
-Le Christ mutilé de Coat-Nant en Irvillac.
-Le vestige du Crucifié du jardin du Doyenné au Folgoët.
-Le vestige du Crucifié du pignon de l'école Notre-Dame du Tromeur de Landerneau
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LA STYLISTIQUE « REALISTE » DE L'ATELIER PRIGENT.
Henri (frère ou fils de Bastien) est le moins habile. Bastien, par sa manières plus souple, qui produit un effet expressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme , la raideur des réalisations d' Henri.
a) Le Crucifié :
Les yeux en amande à l'arcade sourcilière cassée
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide = un espace ajouré entre les mèches de cheveu et le visage.
La couronne tressée
Les yeux clos
Les grandes narines
La bouche charnue aux lèvres entrouvertes.
Une barbe étagée ou bifide
un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril en forme de bouton
Un pagne volant, noué sur le coté par une brande boucle
b) La Vierge
Elle porte une guimpe montant jusqu'au menton et un voile coqué.
Trois ou cinq larmes coulent sur la joue , en forme de patte d'oiseau avec une larme plus grande au milieu
Vierge de pietà : agenouillée, se tenant bien droite, le visage impassible, elle tient son Fils dans ses bras, le corps de celui-ci renversé en diagonale, en appui sur le genou de sa mère.
Marie-Madeleine agenouillée (Pleyben et Plougonven, Bastien Prigent) : tête inclinée en arrière, elle porte une robe aux plis lourds et harmonieux. Son voile a glissé sur son dos.
Par ailleurs
Visages rectangulaires ou ovales. Arcades sourcilières « aiguisées ». Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides.
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Fayet se distingue par :
un style sévère avec des Crucifiés raides
l'association de la statuaire gothique et d'un décor renaissance, avec les fleurons godronnés entourés d'un galon décoratif, des consoles moulurées et des feuilles d'acanthe sur les culots.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
La commune de Saint-Ségal, paroisse réunie à celle de Pleyben jusqu'au XVIIe siècle, et qui n'a perdu que tardivement son territoire de Port-Launay (en 1840) et de Pont-de-Buis (en 1949), compte quatre croix et trois calvaires. Parmi ces derniers, le calvaire de la chapelle Saint-Sébastien a été décrit dans l'article précédent, avec sa datation vers 1541-1554 et ses caractéristiques (bandeau occipital, trois larmes des Éplorés, visage) évoquant l'atelier des Prigent.
Le bourg possède deux calvaires, dont le principal, devant l'église du XIXe siècle, en est séparé par un carrefour.
Désigné dans l'Atlas des croix et calvaires du Finistère comme Saint-Ségal n°2814 bourg n°1, il occupe un territoire étriqué et remanié, presque adossé à un mur , son emmarchement débordant sur le trottoir. Il n'est sans doute plus exactement orienté, et le crucifix normalement tourné vers l'ouest s'oriente plutôt au nord-ouest, face au carrefour.
Les cartes montrent qu'il est proche du cimetière, dont il est séparé par un jardin privé.
Le nœud routier est ancien et figure sur les cartes de 1820-1866, les routes se dirigeant au nord vers Pont-de-Buis, Lopérec, ou Port-Launay et Châteaulin au sud, se modelant sur le réseau hydrographique des rivières se jetant dans l'Aulne. L'étude du cadastre et des archives préciserait sans doute l'emplacement initial de ce qui est aujourd'hui une marque de carrefour.
On appréciera mieux cette fonction si on considère que le croisement routier n'est pas imposé par la modernisation, mais remonte à l'époque où se dressait sur le haut-bourg un oppidum romain relié à des voies militaires. Ou à celle des pèlerinages de St Jacques du VIIe au XIIe siècle, ou des axes Le Faou-Pleyben et Châteaulin-Carhaix, etc:
C'est un calvaire composite, associant, sans beaucoup d'unité, les œuvres de plusieurs sculpteurs, avec en haut les statues géminées du croisillon (Sébastien-Vierge, Pierre-Jean) et un saint-François agenouillé derrière le crucifix du XIXe, et, plus bas, un Christ au lien, (tout cela vers 1550) avec deux statues de Roland Doré (vers 1630) de la Vierge et de Jean, puis encore sur le socle cubique une statue en haut-relief de saint Yves, et, enfin autour du socle une Marie-Madeleine agenouillée à droite, et une Déploration à gauche.
L'ensemble, en kersantite, avec sa succession d'emmargement, de socle, de fût hexagonal puis cylindrique, et sa croix fleuronnée, atteint 7,80 m.
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Pourtant, il faudra surmonter ce manque de cohérence, et l'envahissement par les lichens camouflant les traits des visages, et enfin l'impossibilité d'accéder à la face sud-est, pour découvrir les œuvres remarquables des meilleurs ateliers de sculpture sur pierre de kersanton, et, surtout peut-être, de les situer dans un réseau de correspondance avec des œuvres analogues.
Castel attribue les statues du XVIe au Maître de Saint-Thégonnec (comme le calvaire de Saint-Sébastien), pourtant, il date ces statues de 1550 alors que le calvaire de Saint-Thégonnec date de 1610.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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SAINT YVES ET LE GESTE D'ÉNUMÉRATION DES ARGUMENTS.
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Kersanton, vers 1550.
a) La statue est sculptée en demi-relief dans le socle cubique. Ce procédé est employé à la même époque sur le calvaire de Saint-Sébastien pour le soldat endormi de la Résurrection, mais il est également fréquent entre Aulne et Elorn comme à Dinéault, Argol, Plomodiern, Châteaulin, Roscanvel etc. Voir la répartition de cet usage ici :
b) Le saint est représenté coiffé de la barrette de docteur , qu'il porte au dessus du capuchon qui protège aussi ses épaules. Il est vêtu de la cotte "talaire" (qui recouvre ses talons) et du surcot à plis tubulaires. Les manches sont nettement élargies.
c) Il tient deux accessoires : le livre de droit (son Livre des Décrets) — ou les pièces du procès —, dans son étui suspendu au poignet, et un rouleau de parchemin en diagonale dans le creux de sa main gauche.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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d) Le plus intéressant pour moi est d'y trouver, clairement figuré, le geste de plaidoirie : d'une part car c'est un document attestant du statut emblématique de ce geste professionnel, d'autre part par les liens qu'il entraîne vers d'autres sculptures du saint.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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COMPARAISON.
En premier lieu, c'est sur l'arc de triomphe (vers 1541-1554) de la chapelle Saint-Sébastien que se trouve une sculpture en kersanton très proche de celle-ci, avec le mêmes accessoires, la même tenue et le même geste.
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Arc de triomphe de la chapelle Saint-Sébastien. Photo lavieb-aile.
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Ensuite (ou auparavant ?), c'est sur le calvaire de Pencran que le saint, de visage différent, montre le même geste. Il y est mieux observable, la pulpe de l'index droit placée sur celle du pouce gauche, comme pour énoncer le "premièrement".
N.B : les statues (1553-1555) et le porche (1553) de Pencran sont attribués aux frères Prigent .
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Calvaire de Pencran. Photo lavieb-aile.
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À Plougonven, le calvaire des frères Prigent (1554) comporte un saint Yves entre les plaideurs, mais sans ce geste.
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Calvaire de Plougonven (frères Prigent, 1554). Photo lavieb-aile)
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Enfin on ne trouve pas ce geste sur le calvaire (1610) de Saint-Thégonnec :
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Calvaire (1610) de Saint-Thégonnec. Photo lavieb-aile.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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MARIE-MADELEINE AGENOUILLÉE AU PIED DE LA CROIX.
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Elle est prosternée au pied de la croix, à genoux, bras écartés, visage tourné vers le Christ du crucifix. Le pot d'aromates ou de parfum qui est son attribut est posé près de son genou droit. .
Trois larmes s'écoulent de chacun de ses yeux.
Elle porte un manteau, au dessus d' une robe à décolleté carré, serrées par une ceinture d'étoffe nouée , puis une chemise au ras du cou.
Ses cheveux tombent en nattes devant ses épaules et sa poitrine, mais ils sont retenus par ce bandeau occipital si caractéristique par sa façon de passer derrière la nuque et autour des cheveux comme un chouchou.
On peut penser que les bras écartés enserraient la croix (du moins, une croix), comme c'est encore le cas ailleurs.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Elle est proche de la Marie-Madeleine agenouillée au pied du calvaire de la chapelle Saint-Sébastien (nouveau rapprochement après le cas de saint Yves), qui présente globalement les mêmes caractéristiques (le même bandeau, le même costume) mais avec plusieurs différences pour la ceinture, les manches plissées, le coté où se trouve le pot, la position de la main droite, le visage plus rond, et surtout l'absence des trois larmes.
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Calvaire (1541-1554, Prigent ?) de la chapelle Saint-Sébastien. Photo lavieb-aile.
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Par contre, il n'existe pratiquement pas de différence avec la même Marie-Madeleine de l'église Notre-Dame de Pencran, placée sur un socle sur la pelouse nord, et attribuée par E. Le Seac'h à Bastien Prigent (vers 1553-1555). Le bandeau, la ceinture nouée, les bras ouverts, les trois larmes sont communes aux deux œuvres. Il me paraît donc légitime d'attribuer cette statue de Saint-Ségal à Bastien Prigent.
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Marie-Madeleine, (1553-1555, B. Prigent), église de Pencran. Photo lavieb-aile.
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Il faut donc rappeler que l'atelier de Henri et Bastien Prigent, installé à Landerneau, a été actif dans la sculpture de la kersantite entre 1527 et 1577, notamment dans la paroisse de Pleyben où il réalisa le calvaire monumental en 1555, mais aussi à Châteaulin, Lothey, Qunéménéven, Plogonnec, Plonévez-Porzay, Saint-Nic, Dinéault, (donc le Pays Porzay et le Pays de l'Aulne), tandis que leur compagnon Fayet réalisa le calvaire de Lopérec.
Une autre Marie-Madeleine agenouillée se trouve au pied du calvaire nord de Pencran. Sa posture est la même, elle porte le bandeau (derrière les cheveux et non derrière la nuque) mais les larmes sont absentes. La robe forme une grande poche à la hauteur de la ceinture.
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Calvaire nord de Pencran. Photographie lavieb-aile.
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Une autre Marie-Madeleine se trouve au pied du calvaire du cimetière de l'église de Pencran, avec bandeau, sans les 3 larmes et avec moins de finesse d'exécution.
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Calvaire sud de Pencran. Photo lavieb-aile
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À la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom de Plomodiern, la sainte est face à la Croix ; elle ne porte pas de bandeau. Sa robe vient former une vaste corolle à l'arrière, comme à Pencran 2.
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Calvaire de Sainte-Marie-du Ménez-Hom. Photo lavieb-aile.
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À Lopérec, le compagnon des Prigent, Fayet, a réalisé pour le calvaire une statue identique aux précédentes. Il a doté des 3 larmes de l'atelier la Marie-Madeleine du croisillon.
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Revenons à notre calvaire :
Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La Déploration à quatre personnages.
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On comparera d'abord avec la Déploration du calvaire de la chapelle Saint-Sébastien :
Jean, Marie et Marie-Madeleine sont serrés debout, l'un à coté de l'autre, devant le corps du Christ qui s'adosse sur le genou fléchi de Jean. La ligne diagonale du cadavre est brisée par la posture de la tête, en extension, et d'avantage par les jambes qui sont croisées. Le bras droit pend et expose la plaie de la paume, le bras gauche est posé sur la hanche.
Jean, à peine penché, place la main gauche sur sa poitrine, tandis qu'il soutient de l'autre main la tête du Christ. Il est vêtu d'une cape et d'une robe.
Marie, voilée dans son manteau, joint les mains.
Marie-Madeleine, qui tient des deux mains le flacon d'onguent aux flancs cannelés, brille par son élégance, avec ses manches ballons doubles ou triples au dessus d'une robe dont les poignets s'ornent de dentelle en accordéon. La chemise se ferme sous le cou par un col en V. On retrouve ici le bandeau occipital placé exactement de la même façon que sur Marie-Madeleine agenouillée au Calvaire., et les deux statues sont très proches, malgré l'absence ici des trois larmes.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Marie-Madeleine.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La Vierge.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Jean.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Le Christ.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LE CHRIST AUX LIENS.
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Là encore, les éléments de comparaisons partent en réseau soit dans le périmètre de l'ancienne paroisse de Pleyben — à commencer par la chapelle Saint-Sébastien—, soit sur les calvaires contemporains à celui-ci.
Le Christ tient le roseau, la couronne d'épines et le manteau écarlate qui se moquent de sa prétention à la royauté pour les soldats qui ne comprennent pas que "son royaume n'est pas de ce monde".
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LES STATUES GÉMINÉES : SÉBASTIEN/VIERGE.
Les statues géminées ont été mal orientées lors de leur remontage, puisqu'il est de règle que la Vierge et saint Jean entourent le Crucifié et soient donc tournés vers l'occident.
La prolifération des lichens en rend l'examen ingrat. D'autre part, la Vierge et Jean ne sont visibles que depuis la haie du pied du mur, sans recul.
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1. Saint Sébastien.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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2. La Vierge.
Mains jointes, tête baissée recouverte du voile.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LES STATUES GÉMINÉES : PIERRE : JEAN.
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1. Saint Pierre.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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2. Saint Jean.
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Main droite sur la poitrine, un livre tenu du coté gauche. Robe serrée par une ceinture à boucle.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint François recevant les stigmates.
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Saint François est également présent sur l'arc de triomphe de la chapelle Saint-Sébastien.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LES STATUES DE KERSANTON PAR ROLAND DORÉ (1618-1663; pour Castel vers 1630).
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Yves-Pascal Castel attribue en 1980 à Roland Doré trois statues, celles de Marie, de Jean et de Marie-Madeleine. Emmanuelle Le Seac'h reprend cela pour sa thèse et son catalogue raisonné de 2014 (page 351).
C'est étonnant, car si on reconnait immédiatement le style de Roland Doré dans les statues de Jean et Marie, il est évident que la Marie-Madeleine agenouillée ne peut venir de cet atelier. Ces auteurs parlent-ils d'une autre statue de Marie-Madeleine (qui aurait disparu), tout en passant sous silence la première ? C'est peu probable.
C'est d'autant plus étonnant que c'est E. Le Seac'h qui a attribué la Marie-Madeleine de Pencran (jumelle de celle de Saint-Ségal) à Bastien Prigent.
La Vierge et Jean rappellent le couple de statues habituellement placés sur un croisillon dans les 15 calvaires intacts de Roland Doré, de part et d'autre du Crucifix . Mais ici, les statues ne sont pas géminées.
Dans un périmètre proche de Saint-Ségal, Roland Doré a réalisé ses œuvres à Pleyben, Port-Launay, Châteaulin, Dinéault, Cast, et à peine plus loin en Pays de Porzay à Plomodiern, Ploéven, Plonévez-Porzay, Saint-Nic, Locronan, Plogonnec.
Ce virtuose de la taille du kersanton, qui a repris vers 1621 l'atelier du Maître de Plougastel établi à Landerneau, est célèbre par la grande maîtrise technique d'un style délié et fin qui se reconnaît immédiatement. Même sur Jean et Marie éplorés au pied du calvaire, les visages sont avenants, animés d'un léger sourire entre les coins des lèvres soulignés par un sillon, les joues sont rondes, le regard est vivifié par des pupilles creusées. On reconnaît aussi un drapé qui tombe verticalement en plis de serviette.
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1. La Vierge.
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Mains jointes, elle est voilée et enveloppée dans son manteau dont les deux pans s'ouvrent en un étroit couloir central.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Jean.
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On peut distinguer plusieurs types de Jean au Calvaire par Roland Doré, selon la position des bras, et selon la coiffure. Celui-ci a les deux bras croisés sur la poitrine, main droite au dessus, les plis du manteau sont verticaux et symétriques, et les cheveux qui forment un triangle comme une perruque sont bouclés.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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CONCLUSIONS.
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Comme on le voit, dans ce calvaire composite, des correspondances multiples s'établissent, fondées soit un un thème iconographique, soit sur un détail (geste de saint Yves, bandeau, 3 larmes), soit sur la reconnaissance du style d'un sculpteur.
La correspondance la plus étroite est sans doute celle qui rapproche ce calvaire et celui de la chapelle Saint-Sébastien, suggérant qu'ils ont été édifiés à la même époque.
J'ai favorisé les rapprochements avec le calvaire et la statuaire de Pencran, et d'autre part avec les œuvres sculptés par Henri et Bastien Prigen, ou leur compagnon Fayet. Mais l'analyse des styles et des thèmes des sculpteurs de Basse-Bretagne, et notamment des pays de l'Aulne et du Porzay, est inépuisable. L'essentiel était de montrer combien ces trésors patrimoniaux, si accessibles, réservaient de satisfaction aux amateurs.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré
— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988. p. 418-419
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm
— INVENTAIRE GENERAL Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel), enquête 2009.
Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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PRÉSENTATION.
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Les façades orientales de la chapelle (celles du chevet et du transept) se prolongent, à leur gauche, par la porte monumentale autrefois fermée par une grille, puis par un calvaire dont le haut soubassement, parce qu'il s'encadre de deux échaliers, participe à fermer l'enclos. Ces échaliers, des plaques de pierre placées verticalement sur tranche, se laissent enjamber, mais s'opposent à la pénétration des vaches ou autres animaux.
Par cette situation, c'est donc un calvaire de seuil, comme ceux de Pencran, de La Roche-Maurice ou de Saint-Divy, alors que beaucoup d'autres sont placés au centre du placître, et du cimetière.
Ce soubassement est un massif rectangulaire en pierre de taille. Il reçoit un premier socle, dont la pierre blonde (microdiorite quartzite) d'une vingtaine de centimètres de haut est chanfreinée en partie haute. On y remarque immédiatement une série de masques en pleine lune, au nombre de quatre par faces.
Puis vient un deuxième socle, cubique, dont la teinte sombre révèle qu'il est fait de kersantite. Ses angles sont biaisés. Il reçoit déjà un premier personnage, un soldat allongé.
Le fût s'élève alors, cylindrique mais régulièrement marqué d'écots, pour rappeler que la croix est, symboliquement ou selon la légende de la Vraie Croix, un arbre née de la tombe d'Adam. Les bretons nomment ces fûts Kroaziou ar Vossen, "croix de la peste" en associant les branches coupées à des bubons ; et cette tradition trouve facilement écho ici, en la chapelle du principal saint invoqué contre la peste.
La hauteur totale du calvaire est de 7 mètres, autant que celui de Saint-Thégonnec : cela permet d'y étager deux croisillons.
Nous trouverons donc :
— Sur le socle : Sortie du Tombeau à l'est. Marie-Madeleine et un homme agenouillé à l'ouest.
— Croisillon inférieur : Déploration à 4 personnages à l'est. Deux cavaliers de la Passion à l'ouest. Armoiries des Kergoët.
— Croisillon supérieur : Saint Sébastien entre deux archers et armoiries des Kergoët. à l'est. Le Crucifié entre Marie et Jean et armoiries Kergoët/Kerpaen à l'ouest. (statues latérales géminées Jean/archer et Vierge/archer) .
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Matériau.
Kersantite ou "[pierre de] kersanton"
Microdiorite quartzite ou "pierre de Logonna".
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Datation : 1541-1567, ou 1541-1554.
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Elle est apportée par le blason des Kergoët, seigneurs prééminenciers (et fondateurs) de la chapelle, car ils possédaient un manoir à Lezaon en Saint-Ségal, terre toute proche d'ici. Sur la face ouest, ces armes sont associées à celle de Kerpaen. Jean de Kergoët, fils cadet de Pierre de Kergoët a épousé Perrine de Kerpaen en 1541. Son frère aîné n'a pas eu d'héritiers mâles (malgré le mariage en 1554 de sa fille Gilette avec Michel Du Bot), ce qui permit à Jean de Kergoët, tuteur de Gilette, de prétendre à la prééminence de la chapelle. Ce qui fut définitivement reconnu en 1567 lors du mariage de son fils Alain avec Julienne de Trégain. Cette date forme un terminus ante quem, car ce couple aurait placé là ses propres armes.
Les auteurs adoptent en général la date de 1550, sous le roi Henri II.
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Nota bene : il existe une marge d' imprécision. La date du mariage Kergoët/Le Bot est donnée en 1554 sur le site de l'Inventaire Général, en 1562 par Pol de Courcy, elle n'est pas précisée sur la généalogie de Jean-Claude Bourgeois. Elle est obligatoirement postérieure au décès du premier mari de Gilette de Kergoët, René de Saint-Alouarn le jour de Noël 1553. Elle est donnée comme 1554 sur la Monographie de Lothey. En 1558, Michel du Bot est encore dit seigneur du Guilly en Lothey lors d'un achat d'une partie du Parc au Duc de Châteaulin. ( Voir Monog. Lothey page 91). Il est présent à la Montre de l'Évêché faite à Quimper en mai 1562, parmi les nobles de Lothea, avec le titre de sieur du Guilly, où il paraît "en état d'arquebusier à cheval et a dit être exempt de servir, en raison de son office de procureur de Châteaulin. Il n'y est pas à titre personnel, mais en représentation de Gilette de Kergoët, dame du Guilly, qui fait défaut.
Ce couple n'avait pas renoncé à leurs droits dans la chapelle puisqu'il a placé ses armoiries sur le mur est du bras nord du transept, et sur la charpente à la croisée du transept. René Lisch 1957 les dataient "probablement du troisième quart du XVIe siècle" et "avant 1567".
Si on suppose que Gilette a commencé par laisser la prééminence à son tuteur Jean de Kergoët et son épouse après 1541, puis a repris ses droits à partir de son second mariage (au plus tôt en 1554), avant d' admettre son absence d'héritiers et de les céder à Alain de Kergoët en 1567, la datation déduite des armoiries Kergoët/Kerpaen devient : entre 1541 et (?) 1554.
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Attribution : Bastien et Henri Prigent.
J'attribue ce calvaire où prédomine le kersanton à l'atelier des frères Prigent (1527-1577) de Landerneau alors que Castel et Le Seac'h l'attribuent au Maître de Saint-Thégonnec, auteur du calvaire de cet enclos en 1610.
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Contexte : les calvaires à deux croisillons ( à un ou trois fûts).
Le calvaire de Saint-Sébastien est édifié au cœur de la période pendant laquelle on voit éclore, en Finistère, notamment dans les enclos paroissiaux, des calvaires à deux croisillons, dont la majorité répondent à la même organisation donnant place à deux statues géminées (avec la Vierge et Jean sur la face occidentale), les deux cavaliers de la Passion, une Pietà ou Déploration au centre et un Christ au lien sur l'autre face, et enfin Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix . Il y a donc reprises par les ateliers de sculptures d'un modèle, jamais copié mais toujours développé.
Plougastel (1602-1604) par le Maître de Plougastel.
Plougonven, (1554), Henri et Bastien Prigent.
Loqueffret (1576?)
Plounéventer (1578)
Saint-Thégonnec (1610)
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DESCRIPTION.
Je décrirai le soubassement, puis la face orientale du calvaire, puis sa face occidentale, comme cela se présente pour le visiteur qui vient de l'extérieur de l'enclos.
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Le soubassement :
les quatre faces du bloc de microdiorite quartzite sont ornés de masques circulaires lunaires ou solaires aux faces humaines grimaçantes ou souriantes.
Ce motif des "faces plates" , initié sur le bas de la tour commencée en 1548 de l'église Saint-Matthieu de Morlaix, se répète à la fin du XVIe siècle sur le chevet de l'église de Bodilis daté de 1564, à la chapelle Sainte-Anne du cimetière de Landivisiau, à la Maison des treize Lunes (5, place Saint-Thomas) de Landerneau (XVIe) et sur les piles d'entrée du portail du château du Chef-du-Bois de Pencran , qui sont en pierre de Logonna également.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LA FACE ORIENTALE.
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Tout le calvaire est en kersantite au dessus du soubassement.
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LA SORTIE DU TOMBEAU.
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Elle est singulière car elle n'est pas faite de statues individuelles, mais sculptée dans le support cubique et dans le second bloc. Celui-ci forme le tombeau, qu'enjambe le Christ portant l'étendard (ici une croix) de sa victoire sur la Mort et vêtu de la cape glorieuse. Le fût de la croix est taillé dans le même bloc que le tombeau, et le Christ n'est pas sculpté en ronde-bosse, mais en haut-relief sur cette croix. La symbolique religieuse de cette unité de la Croix et de la Résurrection est forte.
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Les soldats endormis pendant leur veille sont seulement deux : l'un est allongé, taillé dans le support, et l' autre est assis à gauche. Ils portent l'armure complète, le casque et son gorgerin. Il y avait, selon Le Seac'h, un troisième soldat, qui a été volé : c'est fort probable.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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L'atelier Prigent a réalisé une Sortie du Tombeau pour les deux calvaires monumentaux de Pleyben et de Plougonven (tous les deux restaurés). La cuirasse des soldats est à deux facettes formant un angle sternal, comme pour le soldat assis de Saint-Sébastien.
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Sortie du Tombeau, calvaire de Pleyben (1555, Prigent). Photographie lavieb-aile.
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Sortie du Tombeau, calvaire de Plougonven (Prigent, 1554). Photographie lavieb-aile.
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Voici maintenant la Sortie du Tombeau du calvaire de Saint-Thégonnec : le Christ est très proche de celui de Saint-Sébastien.
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Sortie du tombeau (1610, Maître de St-Thégonnec), calvaire de St-Thégonnec. Photo lavieb-aile
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LE CROISILLON INFÉRIEUR : LA DÉPLORATION.
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Une Déploration à quatre personnages (nommée aussi "pietà" par Castel) occupe la face de ce croisillon. La Vierge portant sur ses genoux le corps du Christ est entourée de Jean et de Marie-Madeleine.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La Vierge.
Mains jointes, tête à peine fléchie et inclinée, elle porte un manteau attaché par une languette à deux boutons, et un voile formant un pli en Z sur le front. Elle ne maintient donc pas le corps de son Fils, qui repose à la fois sur son genou droit et sur les genoux de Jean. Le bras droit du Christ pend en diagonal, montrant la plaie de la paume.
Le visage de la Vierge est carré, au dessus d'un petit menton pointu. La bouche, fermée, est triste, la lèvre supérieure charnue en léger surplomb sur la lèvre inférieure. Le nez est droit, aux narines pleines, entre des joues rondes.
Les yeux ont la forme d'amandes en saillie, dessinés par deux traits pour tracer les paupières. L'orbite est un arc convexe en auvent.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Jean.
Sa main droite soutient la tête de son Maître sur un coussin ou un linge plié, tandis que la main gauche est placée sur la poitrine. Son visage incliné vers la gauche est levé vers le ciel. La chevelure bouclée forme une couronne de boules.
Son visage a les mêmes caractéristiques que celui de la Vierge, notamment le menton très court.
Il porte un manteau serré sous le cou.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Marie-Madeleine.
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Elle tient de la main gauche le flacon d'aromates, tandis que sa main droite se pose sur sa poitrine, dans une symétrie avec saint Jean dont elle adopte la même posture, tête levée.
Ses cheveux qui forment deux nattes devant les épaules sont regroupées derrière la nuque par le fameux bandeau occipital, déjà noté sur la Vierge à la démone du bras nord du transept, et qui est assez spécifique de la deuxième moitié du XVIe siècle. Il est présent sur la chevelure de Marie-Madeleine de la Déploration du calvaire de Pleyben (Prigent 1555), et de la Déploration du calvaire de Plougonven (Prigent 1554), de la Déploration du calvaire de Saint-Ségal, du pied de la croix du calvaire de Saint-Ségal, ou sur la Vierge de l'Annonciation de Pleyben.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Les masques du croisillon.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LE CROISILLON SUPÉRIEUR. LE MARTYRE DE SAINT-SÉBASTIEN.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Sébastien.
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L'Athleta Christi est beau comme un Apollon, bien musclé, à peine couvert par un pagne. Ses cheveux bouclés font, comme le saint Jean de la Déploration, une couronne de boules.
Il importe que les trous des flèches soient bien visibles.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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COMPARAISON.
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Arc de triomphe de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile.
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Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile
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église de Ploudiry. Statue en kersanton par l'atelier Prigent. Photo lavieb-aile.
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L'archer de droite .
Beaucoup plus fruste d'allure que son collègue, il a les traits typiques du bourreau, grimaçant et tirant la langue hors d'une bouche mal dentée, et inclinant la tête. Il porte barbe et moustache et est coiffé d'un morion. Il est vêtu d'une tunique boutonnée, aux manches bouffantes et à taillades, des hauts-de-chausse extrêmement plissés, et des bottes à revers. Un couteau pend à son coté. On n'oublie pas, bien-sûr, la braguette hypertrophiée car rembourrée : elle resta à la mode jusqu'en 1580.
Il tient la flèche empennelée entre index et majeur au dessus de la corde, tandis que les deux autres doigts passent derrière.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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L'archer de gauche.
Il a la noblesse d'un officier ;
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Le blason.
De ce coté-ci, il ne porte que les cinq fusées et les quatre roses des Kergoët, sans alliances. Il est présenté par un masque qui le tient entre ses dents, tandis que deux autres masques l'encadrent.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LA FACE OCCIDENTALE.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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AU PIED DE LA CROIX. MARIE-MADELEINE.
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Cette statue de Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix, et tenant son pot d'onguent rappelle immédiatement celles qu'on observe à Pencran (en deux versions), à Dinéault, à Sainte-Marie-du Ménez-Hom, ou à Lopérec, ou celles qui sont incluses dans les calvaires monumentaux de Pleyben et Plougonven. Elles sont parfois tournées vers la croix, mais celle-ci fait face à l'ouest, une main sur la poitrine. Elle porte un costume aux manches ballonnées et resserrées au coude, se continuant en plis cannelés et se terminant en plis tuyautés au niveau des poignets. Sa robe est serrée à la taille par une ceinture au motif imitant une succession de perles. Le décolleté carré laisse voir une chemise qui monte par une série de plis convergents jusqu'au cou, qu'elle entoure d'un épais bourrelet. Le pot d'aromates est décoré de godrons et fermé par un couvercle à boules.
Les cheveux aux longues nattes descendants devant les épaules sont réunis derrière la nuque par le bandeau occipital propre à l'époque et à la région (Basse-Bretagne, 2ème moitié XVIe), et qu'on observe, à l'intérieur de la chapelle, sur la Vierge à la Démone du transept nord.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La sainte animée par un élan mystique lève la face et semble humer l'atmosphère. Son visage est particulièrement rond, puis on retrouve les éléments stylistiques déjà mentionnés, le menton court dont la pointe est accentuée, la bouche petite aux lèvres tendues vers l'avant, les yeux globuleux et le front épilé.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Un homme agenouillé. Donateur ?
Placé en symétrie de la sainte, cet homme en robe longue lève les deux bras aux mains brisées dans un geste d'adoration. On a pu y voir le commanditaire, le seigneur de Kergoët . Sa coiffure mi-longue aux pointes bouclées est bien celle des seigneurs du XVIe siècle.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Le croisillon inférieur : les deux cavaliers de la Passion, le Christ aux liens.
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1°) Le blason Kergoët/Kerpaen.
Il est présenté par un masque moustachu entre deux enfants nus.
Ces armoiries ont quatre quartiers : en 1, Kergoët, en 2 Kerguiliou, en 3 du Launay, en 4 Kerpaen .
-En 1 : Kergoët : d'argent, à cinq fusées de gueules, accolées et surmontées de quatre roses de même .
-En 2 : trois têtes animales de profil (loup ?lévriers ? aigles ? oiseaux?) , on peut attendre ici les armes des Kerguiliou
-En 3 : armes de Catherine du Launay d'orà trois rocs d'échiquier d'azur
-En 4 : armes de François de Kerpaen : d'argent au chêne arraché de sinople, au sanglier de sable, brochant sur le fût de l'arbre.
Ces armoiries sont celles de Jean de Kergoët (fils de Pierre de Kergoët et de Catherine de Launay) et de son épouse Perrine de Kerpaen (fille de François de Kerpaen et de Jeanne Kerguiliou), mariés en 1541, et parents d'Alain de Kergoët (qui épousera en 1567 Julienne de Trégain).
Jeanne de Kerpaen devint veuve en 1550 et tutrice de son fils Alain.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Au centre : le Christ aux liens (Ecce homo, Christ de dérision).
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Il est paré par dérision de substituts de la royauté, pour s'être déclaré Roi, et, pour Pilate et le peuple, "roi des Juifs" devant Pilate (Jean 18:33-38). Après avoir été couronné d'épines et flagellé, il est alors revêtu par les soldats d'un manteau de pourpre (Jn 19:3) et salué par les cris "Salut, roi des Juifs !". Il est alors présenté ainsi au peuple en dehors du prétoire par Pilate qui déclare "Voici l'homme" (Ecce Homo).
Le roseau (arundo dans la Vulgate, kalamos dans le texte original) qui lui est donné en guise de sceptre est cité par Matthieu 27:27-31 "Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d’un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, s’agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant : Salut, roi des Juifs ! Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête. Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier."
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Le Christ, vêtu d'un pagne et du manteau écarlate, est debout, genou flêchis, mains liées, tenant le roseau. Il est barbu, tête légèrement tournée vers la droite.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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COMPARAISON.
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De nombreux Christ aux liens peuvent être placés en comparaison.
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Calvaire de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile 2019.
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calvaire de Pleyben (Prigent, 1555). Photographie lavieb-aile 2019.
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Les deux cavaliers. Longin et le Centenier converti.
Au XVIe siècle se développa dans les représentations de la Passion l'habitude de placer deux cavaliers aux gestes caractéristiques. L'un montre son œil du doigt, tandis que l'autre lève l'index vers le Christ. On retrouve ce couple dès le XIe siècle dans les enluminures et peintures, dans les Maîtresse-vitres finistériennes, et en sculpture.
Si, en peinture ou peinture sur verre, le nombre et la posture des cavaliers sont variés, ils sont bien plus fixés sur les calvaires bretons.
Le premier est souvent identifié à Longin, le soldat qui donna un coup de lance dans le flanc droit du Christ pour s'assurer de son décès. La scène représente Longin guéri de sa cécité . J'ai étudié ce motif à Landerneau :
Ce buste en pierre de kersanton est très vraisemblablement issu d'un calvaire, car il représente un personnage régulièrement représenté autour du Christ crucifié des grandes Passions finistériennes, et dont il est parfois difficile de comprendre la signification. Il regarde le Christ en croix tout en plaçant son index sous sa paupière gauche. C'est bien le cas ici, et, de plus, notre homme porte bonnet conique ceint d'un turban, et la coiffe à longues "oreillettes" se terminant en pointes par des franges rituelles, qui désigne les dignitaires hébreux dans l'iconographie du XVIe siècle.
Ce personnage illustre la scène de la Guérison de Longin. Longin est le nom qui fut donné dans l'Évangile de Nicodème chap. X au soldat romain, plus tard assimilé au centurion converti de Marc 15:39, qui perça le flanc droit du Christ de sa lance selon Jean 19:34 . Au IXe siècle, Adon archevêque de Vienne, dans son Martyrologe au 1er septembre, en fait un saint martyr. Les martyrologes suivants fixent la date du 15 mars pour son martyre. Au Xe siècle, Syméon Métaphraste dans son Ménologue en grec, (si la traduction en français est fidèle) en fait non plus un Romain, mais un homme "de la Synagogue des Juifs" mais établi capitaine de cent hommes d'armes (donc centenier) pour garder la Croix. Au XIIIe siècle, dans sa Légende Dorée, Jacques de Voragine, reprenant des récits antérieurs, écrit :
"Longin fut le centurion qui, debout avec les soldats près de la croix, par l’ordre de Pilate, perça le côté du Sauveur avec une lance. En voyant les miracles qui s'opéraient, le soleil obscurci et le tremblement de terre, il crut en surtout depuis l’instant où, selon le dire de certains auteurs, ayant la vue obscurcie par maladie ou par vieillesse, il se frotta les yeux avec du sang: de N.-S., coulant le long de sa lance, car il vit plus clair tout aussitôt. Renonçant donc à l’état militaire, et instruit par les apôtres, il passa vingt-huit. ans dans la vie monastique à Césarée de Cappadoce, et convertit beaucoup de monde à la foi par sa parole et ses exemples".
La fusion en un même personnage du soldat romain, du centenier converti, du nom de la lance (Longin = Lance), et de la guérison d'une cécité s'expliquerait par la rapprochement du centurion s'exclamant "Vere filius dei" ("Matth 27, 54), du lancier de Jn 19:34, de la guérison de saint Paul (des écailles lui tombent des yeux, et des mots latins "et qui vidit testimonium" qui suivent, en Jn 19:35, le verset Jn 19:34. (Quand ils s'approchèrent de lui, ils virent qu'il était déjà mort. Ils ne lui brisèrent pas les jambes, 34 mais un des soldats lui transperça le côté avec une lance et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. 35 Celui qui a vu ces choses en rend témoignage et son témoignage est vrai. )
Le cavalier à la droite de la croix (à notre gauche) : Longin.
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Il a bien les caractères décrits à Landerneau : il porte l'index vers sa paupière gauche, la tête levée. Il est vêtu d'une cape d'officier, mais il est coiffé d'un bonnet à glands, comme les Juifs de l'iconographie chrétienne du XVIe (cette couronne de glands ou pompons est mieux visible vue d'arrière). Sa main droite est posée sur la hampe de sa lance, dont le reste est brisé (ou n'a pas été représenté en pierre) et qui débute par une longue poignée ampulaire.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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L'harnachement des chevaux est figuré avec minutie, ce qui permet une comparaison avec les peintures contemporaines, avec les vitraux finistériens (où la concordance est franche), et entre les calvaires eux-mêmes.
Le frontal, qui descend sur le front par une pièce en T ou en O, la muserolle ou plutôt le filet (simple, ou fleuri d'une boucle), le portail avec son médaillon ou sa boucle, le sous-gorge, l'étrivière : tout est en place.
Le mors à balancier est bien visible : une ferrure en S sert d'intermédiaire entre le mors et les rênes.
Le cavalier à la gauche du Christ : le Bon Centenier.
Son casque ou bonnet à plumet est posé les cheveux longs qui tombent sur les épaules en rouleaux qui peuvent aussi correspondent à une étoffe. Il est barbu.
On y reconnaît souvent Stéphaton, ou le centurion Stéphane "de la Posca", qui, selon la tradition, tendit au Christ au bout d'une tige d'hysope (roseau) une éponge imbibée de posca, cette boisson rafraîchissante des soldats romains. En effet, les doigts de la main droite s'enroulaient peut-être jadis autour d'un manche (en bois). Mais l'homme lève la tête d'un air inspiré et son index est tendu (il serait fléchi avec les autres doigts s'il tenait l'hysope). Il s'agit plutôt du "bon centenier", qui s'exclama au pied de la croix Vere filius dei erat iste .
D'ailleurs, aucun calvaire n'a conservé la trace de l'éponge ou du roseau qui soutiendrait l'hypothèse de Stéphaton.
Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Le croisillon supérieur. Le Crucifié entre Marie et Jean.
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Le Christ incline la tête à droite, ses yeux sont clos, sa bouche entrouverte. Il est barbu, la couronne d'épines est fait de brins parallèles. La chevelure longue tombe devant l'épaule droite et derrière l'épaule gauche.
Les clous sont gros et pyramidaux.
La plaie du flanc est bien marquée ; le nombril est large.
Le Crucifié a un pagne noué par un gros nœud sur son coté gauche.
Le sang de ses plaies est recueilli dans des calices par trois anges "hématophores", deux aux pieds et un sous la main gauche (le support de l'ange de droite est visible). Ces anges se retrouvent à Ploéven bourg, Ploéven Sainte-Barbe, Saint-Thégonnec, Cleden-Poher, Lopérec, Locmélar, Pleyben, Guimiliau, etc.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La Vierge a les bras croisés sur la poitrine. Sa tête est couverte du voile "coqué" (globalement carré et replié sur le dessus) propre aux Prigent .
L'élément le plus remarquable est la présence des trois larmes sous chaque œil, que nous allons retrouver aussi sur la statue de saint Jean. Selon E. Le Seac'h, ces trois larmes sont une des caractéristiques les plus nettes du style des frères Prigent, mais pourtant, elle ne les remarque pas dans sa description (page 290) et elle attribue ce calvaire au Maître de Saint-Thégonnec.
Ces trois larmes sont présentes sur les statues de la Vierge et de Jean (et souvent de Marie-Madeleine) , de Pencran, de Plougonven (Prigent, 1554), sur la Déploration de Saint-Nic et de Plourin-Ploudalmézeau , sur la Pietà de Lothey, (tous de Prigent), etc..
Dans la paroisse de Pleyben ( à laquelle appartenait Saint-Ségal), on les retrouve sur trois autres calvaires : celui de l'église de Pleyben (Prigent, 1555), celui de sa chapelle Saint Laurent et celui du bourg de Saint-Ségal.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Jean.
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Saint Jean a la main droite posée sur la poitrine, tandis que la main gauche tient un livre.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Au total, le calvaire de Saint-Sébastien est parfaitement représentatif des calvaires érigés en Basse-Bretagne dans la seconde moitié du XVIe siècle, autour de l'Elorn et de l'Aulne et il en reprend les caractères principaux : croisillons doubles, prévalence du kersanton associé à la pierre de Logonna, statues géminées sur les croisillons, Déploration, Christ aux liens, anges hématophores.
Des marqueurs iconographiques suffisamment spécifiques permettent de les relier plus précisément avec d'autres calvaires soit de la même paroisse, soit du même atelier, soit du moins de la même région : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix ; bandeau occipital ; trois larmes sous les yeux de Marie et/ou de Jean et/ou de Marie-Madeleine, couple des cavaliers Longin et Centenier converti.
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Enfin, la sagittation de saint Sébastien introduit ici l'élément local propre au culte du grand intercesseur contre les épidémies, en écho à la même scène représentée sur l'arc de triomphe, et à l'intérieur sur les sablières et sur le retable du chœur. Elle offre la truculence des expressions et la diversité des costumes qui ne se trouvent d'habitude que sur les calvaires monumentaux (Pleyben, Plougonven, Plougastel, Guimiliau, Saint-Thégonnec).
— CASTEL (Yves-Pascal), LECLERC, (Guy), s.d, La chapelle Saint-Sébastien , son calvaire, ses retables, ed. Commune de Saint-Ségal.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988. p. 418-419
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, page 289-290.
— LISCH, (René) , 1957, Saint-Ségal, chapelle Saint-Sébastien."Congrès archéologique de France", CXV session, 1957, Cornouaille. - pp. 178-187 : ill. Éditeur(s) : Paris; Société francaise d'archéologie; 1957
— MADEC (Yves), 1915, Saint-Sébastien en Saint-Ségal
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)